vendredi 6 juin 2025

Premiers éléments sur la production du Rafale hors de France

Pour la première fois, des éléments du chasseur Rafale vont être produits hors de France. Et plus précisément en Inde, dans le cadre du partenariat stratégique qui unit les deux pays et leurs industriels. C'est en effet ce qu'ont annoncé Dassault Aviation et Tata Advanced Systems ce 5 juin. 

Ci-dessus: un Rafale dans l'usine de Mérignac (33) - Dassault Aviation


Après des années de spéculations, en raison des offsets négociés dans le cadre du premier contrat Rafale de 2015, Dassault Aviation et Tata Advanced Systems ont annoncé jeudi 5 juin par communiqué la signature de quatre accords de transfert de production pour la fabrication du fuselage du Rafale pour l'Inde "et d'autres marchés internationaux".

Plus précisément, Tata Advanced Systems mettra en place un site de production à Hyderabad pour fabriquer des sections clés du Rafale, dont les corps latéraux du tronçon arrière, le tronçon arrière complet, le fuselage central et la section avant. Les premières sections de fuselage devraient sortir de la chaîne d'assemblage en 2028, avec l'objectif de long terme de produire jusqu'à deux fuselages complets par mois.

Rappelons que l'ouverture d'une seconde chaîne de production, au moins partielle (certains éléments ne pouvant pas être fabriqués hors de France pour des raisons de sécurité nationale), est nécessaire pour atteindre l'objectif, non officiel mais potentiellement nécessaire en cas de nouvelle crise internationale, de cinq Rafale par mois. 

Etant donné l'actuel carnet de commande de Dassault, et l'évolution du marché, l'usine de Mérignac elle, peut voir venir pour quasiment une décennie. 

L'Inde, qui vient de commander 26 Rafale pour sa Marine au mois d'avril, est cliente de l'appareil depuis 2015, lorsqu'elle avait opté pour 36 appareils pour son armée de l'air. Il y a quelques semaines, au cours d'un affrontement historique avec le Pakistan, elle a perdu son premier Rafale au combat.  


mercredi 21 mai 2025

Les splendides images de l'exercice Athena 2025 au Pyla

Du 12 au 23 mai se déroule sur la côte aquitaine le grand exercice des forces spéciales Air, Athena. L'occasion de découvrir des images exceptionnelles impliquant A400M, hélicoptères Caracal, et Rafale de l'armée de l'Air et de l'Espace.

Images : armée de l'Air et de l'Espace.


Alors que les premières qualifications de pilotes concernant le ravitaillement en vol des hélicoptères Caracal des forces spéciales (régiment basé à Cazaux) par l'Airbus A400M ne datent que de la fin de cet hiver 2025, l'armée de l'Air et de l'Espace nous offre de splendides images provenant de l'exercice "Athena", dont la dernière édition se déroule du 13 ou 23.

Athena, exercice sur-mesure -et même un "entraînement qualifiant"- pensé par et pour les forces spéciales Air, voit la conduite d'une dizaine de missions aux scénarios variés: contre-terrorisme, action dans la profondeur, renseignement et activité en zone grise militarisée. Ceux-ci impliquent la base aérienne 120 de Cazaux, la base aérienne 126 de Solenzara (Corse), la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan et le champ de tir de Captieux (Landes).

L'armée de l'Air y aligne les hélicoptères Caracal de Cazaux, l’escadron de transport (ET) 3/61 “Poitou” venu d'Orléans, les commandos parachutistes de l’air n° 10 et n° 30, ainsi que les Rafale de l’escadron de chasse (EC) 2/30 “Normandie-Niémen”, depuis Mont-de-Marsan. Sans oublier de mentionner les modules d’appui aux opérations spéciales (sapeurs du génie de l’air, spécialistes du renseignement, des systèmes d’information et communication).

Mais encore, de façon plus générale, le COS, dans son sens large, ainsi que les alliées, étaient aussi présents aux côtés de l'armée de l'Air: 1er RPIMa, 4e régiment d’hélicoptères forces spéciales (RHFS), commandos et équipages d’hélicoptères espagnols de l’Ejercito del aire, et enfin des C-130J américains de l’Air Force.






mercredi 14 mai 2025

Une base Canadair à Mont-de-Marsan, c'est non


Le Président du Conseil Départemental des Landes, Xavier Fortinon, a révélé le 5 mai sa déception quant au choix du Ministère de l'Intérieur de clôturer le dossier d'études sur l'établissement d'une seconde base aérienne pour les avions de la Sécurité Civile. Celle-ci était annoncée depuis 2023 sur la BA118 de Mont-de-Marsan.


Pour les archives : on se souvient qu'en août 2023, un an après les terribles mégafeux qui avaient touché la Gironde et les Landes, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Gérald Darmanin, avait annoncé l'implantation d'une base de la Sécurité Civile à Libourne (33), ainsi que l'étude pour la constitution d'une base aérienne permanente de Canadair et autres appareils de lutte anti-incendie, du côté de Mont-de-Marsan (40). 

Si la base de Libourne est bel et bien existante aujourd'hui, il semble que tout cela n'était que politique et communication concernant Mont-de-Marsan (question que l'on se posait déjà en 2023). Trop cher ? Trop complexe ? Inutile ? Quelques éléments de réponse dans cette vidéo des toujours excellents experts d'Aerobuzz : 


vendredi 2 mai 2025

Turgis & Gaillard dévoile son "HIMARS français"

Surprise ! Le débat parlementaire sur les systèmes d'artillerie, qui a lieu cette semaine en commission à l'Assemblée Nationale, semble avoir poussé Turgis & Gaillard  à dévoiler son jeu. Et quel jeu ! L'ETI s'apprête à présenter au salon du Bourget un prototype de lance-roquettes 100% français, avec pour but d'éviter à la France un grave trou capacitaire. 

Images : Turgis & Gaillard.


Turgis et Gaillard Groupe avait déjà boulversé le paysage -un peu trop tranquille ?- de l'industrie de défense française en 2023, lorsque le drone Aarok fut dévoilé au Bourget. Même phénomène deux ans plus tard, et toujours au Bourget en juin (où décidemment, l'aérobalistique va faire concurrence à l'aéronautique, sur son propre terrain), avec la présentation annoncée du prototype de lance-roquette national, baptisé "Foudre", dont l'allure semble largement inspirée du célèbre M142 Himars américain. 

Selon les médias informés par l'ETI, et ce alors que l'information sur l'existence du programme a publiquement été dévoilée à l'Assemblée Nationale mercredi 30 avril, Foudre est développé en secret depuis deux ans, en parallèle des efforts nationaux sur FLP-T (frappe longue portée terrestre), qui interessent officiellement MBDA (maquette MBDA ci-dessous) et ArianeGroup

Le prototype de lanceur Foudre a ainsi été présenté à l’armée de Terre et à la Direction générale de l’armement (DGA). Il est annoncé comme compatible avec les munitions du marché, y compris coréennes et indiennes. Si tout va bien en termes de collaboration avec les autorités, des essais de tir pourraient être menés dès 2026. Largement de quoi prendre de court la "concurrence" en France. Hormis la munition, tout, du châssis au système de ciblage, est développé par l'entreprise. Le véhicule, garanti NRBC, est aérotransportable par les C-130 et les A400M en service dans l'armée française.

Sa production se ferait via les installations duales des filiales SEFIAM (Lozère) et Graffeuille (Charente), que le groupe annonce comme capables de passer "en mode haute cadence".    

Pour rappel, afin de remplacer ses antiques LRU, la France attend une douzaine de systèmes en 2030, avec quelques 300 roquettes disponibles à cette date Une ambition qui mérite d'être réévaluée. L'appel d'offres est attendu à la fin de cette année. 
S'agissant des effecteurs, la tranche de portée pour le ciblage allant de 200 à 2 000 km, j'invite à consulter les données sur ELSA: European Long-Range Strike Approach, le programme dans lequel Foudre a bien l'intention de s'inscrire. 


Si la compétition qui semblait s'ouvrir entre Ariane et MBDA pouvait laisser craindre une certaine inertie, familièrement déraisonnable en ces temps troublés, la proposition de Turgis & Gaillard vient bien évidemment rebattre les cartes, d'autant plus que l'on devine que personnalités politiques, officiers supérieurs, médias, et même le grand public se montrent ouvertement séduits par chacune de ces solutions laissant espérer -comme le drone Aarok- des coûts maitrisés, une agilité opérationnelle et une modularité des systèmes, ainsi que des livraisons rapides, tout en étant garantie 100% souveraine.

Rendez-vous le 16 juin au salon du Bourget pour découvrir la bête. La seconde édition successive où Turgis & Gaillard risque bien de voler la vedette aux géants de l'armement français.