lundi 9 septembre 2024

MBDA s'apprêterait à acquérir la totalité de Roxel auprès de Safran


Le journal La Tribune révèle ce lundi que l'industriel de l'armement MBDA serait en négociation depuis plus d'un an pour racheter l'autre moitié des parts de la société spécialiste de la propulsion des missiles, Roxel.

Ci-dessus: la gamme d'armement équipé en propulsion solide par Roxel.


Consolidation en vue dans l'armement français. Le missilier européen MBDA (France, Royaume-Uni, Italie) serait en passe de racheter à Safran l'ensemble des parts de Roxel, leader européen de la propulsion tactique pour missiles et roquettes. Les deux groupes possèdent en effet chacun 50% de l'entreprise franco-britannique issue en 2003 de la fusion de Celerg et Royal Ordnance Rocket Motors (BAE Systems).

Selon le média La Tribune en effet, MBDA souhaiterait réaliser cette intégration dite "verticale" dans le but d'optimiser la production, en se facilitant notamment l'accélération des cadences et la réduction des cycles de développement.

Roxel, dont le siège français est à Saint-Médard-en-Jalles près de Bordeaux, emploie 800 salariés (sur ses différents sites) et réalise un chiffre d'affaires annuel d'environ 200 millions d'euros, en nette augmentation dans le contexte de réarmement de l'Europe. 

Un dossier stratégique à suivre dans les semaines qui viennent donc… 


lundi 2 septembre 2024

Couach et Sirehna (Naval Group) vont développer des drones de surface


Le chantier naval girondin Couach annonce un partenariat avec la filiale de Naval Group, Sirehna, dans le domaine des drones de surface de petite taille. Le prototype de son premier USV doit être mis à l'eau prochainement. 

Ci-dessus: vue d'artiste du drone de surface "Magellan" - Couach


L'annonce officielle n'est arrivée que ce 29 août via la communication des entreprises, mais c'est bien depuis le mois d'avril que le partenariat entre Sirehna et Couach (qui travaillent ensemble depuis 2 ans déjà) a été conclu, avec l’ambition de développer pour les marines une offre complète intégrant drones et systèmes autonomes, afin d’accroître la capacité opérationnelle des forces navales par des solutions innovantes, éprouvées et compétitives.

Signalons qu'outre cette filiale Sirehna, Naval Group, qui constate "un accroissement du nombre de conflits de haute intensité", a également crée début 2023 unedirection Drones, Systèmes autonomes et Armes sous-marines (DSA) au sein de l'entreprise.

Le partenariat annoncé, lui, repose sur l'expertise approfondie de Sirehna et Couach dans leurs domaines respectifs: "Sirehna apporte 40 ans d’expérience dans la dynamique des plateformes navales, dont plus d’une décennie sur les technologies de téléopération de navires", tandis que "Couach apporte son expertise historique de la conception et la construction de navires sur mesure et en série, civils comme militaires." 

Ensemble, le duo français veut offrir des produits prêts au combat, rapidement déployables mais aussi ultra-compétitifs.

Sur ce blog, cela fait bien des années que nous n'avions plus traité l'actualité du chantier naval Couach, basé sur le Bassin d'Arcachon, et spécialiste des yatchs, mais aussi des petits navires militaires comme les patrouilleurs. 
Or, il se trouve que la PME développe depuis plusieurs années un drone de surface, le "Magellan", dont elle doit prochainement mettre à l’eau le prototype. L'engin (en photo) mesure 6 mètres de long et est construit en kevlar et carbone.


vendredi 30 août 2024

La Serbie aura sa flotte de 12 Rafale en 2029


Après des années d'intérêt affirmé, et des mois de négociations confidentielles, le contrat Rafale entre la France et la Serbie a enfin été officialisé jeudi 29 août lors de la visite d'Emmanuel Macron à Belgrade. La Serbie se dotera donc de 12 Rafale à horizon 2028-29. Un marché éminemment politique. 

Ci-dessus:  un Rafale des forces françaises -© R. Nicolas-Nelson, Armée de l'air.


Dans la région des Balkans, après la Grèce, après la Croatie (rivale des Serbes), la Serbie se dote à son tour d'une flotte d'avions de combat Rafale, devenant le 8ème client export pour cet appareil conçus et fabriqué par Dassault Aviation. Le Rafale dépasse ainsi son aîné le Mirage 2000 avec quasiment 300 appareils commandés à l'étranger.

Les forces aériennes serbes, qui doivent remplacer d'antédiluviens Mig-29 et Soko J-22 Orao, recevront donc 12 Rafale au standard F3 à horizon 2028-29 (il faudra d'abord en effet fournir les Emirats, l'Indonésie ou encore la Marine indienne). Le standard des appareils serait le F-3 (-R ?), comme en Croatie. Si certains médias évoquent le standard F4.1, je me fie pour l'instant -faute de détails officiels dans le communiqué de l'Elysée ou de Dassault- aux confirmations de Michel Cabirol de La Tribune, qui fait office de référence. 

La valeur du marché est de 2,7 milliards d'euros, ce qui est assez important pour Belgrade. Le contrat concerne aussi des radars de Thalès et des batteries de missiles Mistral de défense anti-aérienne. Aucun armement pour le Rafale ne semble en revanche avoir été négocié, même si le médias Air&Cosmos évoque une sous-traitance israélienne via Elbit Systems. Elbit ayant pénétré la BITD de tous les pays du continent européen sauf le nôtre, l'information est jugée crédible tout en restant à vérifier. 

Mais les appareils n'arriveront que dans cinq ans. En fin de décennie donc. De quoi restreindre les fortes inquiétudes émises par certains observateurs (avant tout quelques diplomates, des universitaires et des think tankers) ? 

Car en effet, outre le fait que la Serbie fasse un bon capacitaire indéniable (mais dans 5 ans je le rappelle), que la Russie perde, une fois encore face à la France, un client historique pour ses avions de combat, et que Paris s'engage dans un partenariat stratégique via ce qu'on appelle désormais très officiellement le "club Rafale"... ce marché est critiqué. Critiqué car la Serbie est une "amie" de la Russie sur le plan international (quoique cela est à nuancer car elle soutient matériellement l'Ukraine), et que sur le plan intérieur, la dérive autoritaire est palpable, à grand coup d'instrumentalisation explosive de la diplomatie régionale.
Si l'industriel se félicite naturellement, le politique lui, assume (voir la vidéo ci-dessous). Ce contrat, exercice de realpolitik, est censé arrimer la Serbie, non pas à l'Occident, mais à l'Europe. Evidemment, l'affaire des navires Mistral russes est dans toutes les têtes.   


Mais revenons dans le concret, avec côté production, désormais 300 Rafale à assembler à Mérignac, soit dix ans d'activité. La cadence de trois appareils produits par mois, malgré les difficultés multiples (recrutement, matières premières, supply chain...), devrait être atteinte en 2025, tandis qu'un total de 20 Rafale aura été sorti en 2024. 

Le Rafale représente aujourd'hui près de 65% de l'activité de Dassault Aviation par rapport à l'activité Falcon, soit un inversement total par rapport à il y a dix ans, époque où fut créé ce blog et où aucun Rafale n'avait encore été vendu à l'export.  


lundi 19 août 2024

Hommage aux pilotes de Rafale disparus jeudi 22 août à Mont-de-Marsan


Les honneurs funèbres militaires seront rendus au capitaine Sébastien Mabire et au lieutenant Matthis Laurens ce jeudi 22 août sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan.

Ci-dessus: le capitaine Sébastien Mabire et le lieutenant Matthis Laurens - ©Armée de l'Air


Comme annoncé par l'armée de l'Air de l'Espace il y a trois jours, le ministre des Armées Sébastien Lecornu confirme ce 19 août que la cérémonie d'hommage aux deux jeunes pilotes de Rafale disparus mercredi 14 août dans l'Eure lors de la collision de leur appareil biplace avec un autre Rafale (monoplace, dont le pilote s'est éjecté et est sain et sauf), se tiendra bien sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan jeudi 22 août, en présence de leur famille et de leurs frères d'armes. 

Le capitaine Sébastien Mabire, 36 ans, et le lieutenant Matthis Laurent, 29 ans, ont tous les deux perdu la vie à bord du même appareil, à bord duquel ils étaient équipiers.  
Le premier, après avoir appartenu au régiment de chasse 2/30 "Normandie-Niémen" à Mont-de-Marsan, occupait désormais le poste d'instructeur au sein de l'escadron de transformation Rafale 3/4 "Aquitaine" basé à Saint-Dizier. Il était un pilote chevronné (2000 heures de vol et 47 missions de combat).
Le lieutenant Matthis Laurens suivait les mêmes traces (déjà 800h de vol) puisqu'affecté au "Normandie-Niémen" depuis la fin de l'année dernière. Il était toutefois encore en formation sur Rafale, poursuivant son instruction au sein de l'escadron de transformation Rafale de Saint-Dizier.

Les deux hommes étant tous les deux passés par le prestigieux "neu-neu" (surnom du Normandie-Niemen), escadron au grand prestige dans la chasse française et même mondiale, il était donc naturel que ce soit à Mont-de-Marsan que prenne place ce dernier hommage. 

Une enquête est en cours. Elle devra déterminer les raisons de cet accident tragique. L'armée de l'Air n'avait pas connu de tel incident sur Rafale depuis 2007. La Marine Nationale a de son côté perdu quatre appareils, tous en mer, entre 2009 et 2012, dont deux dans des conditions a priori similaires à la semaine dernière: une collision aérienne au large de Perpignan en 2009, qui causa la mort d'un des deux pilotes. 

Un mot également pour saluer la mémoire de Didier Berger, ancien pilote de Jaguar disparu tragiquement vendredi 16 août au Lavandou lors du crash de son Fouga Magister, dont il assurait la démonstration dynamique lors d'un show aérien. Il avait 65 ans.