vendredi 1 décembre 2023

Texelis lance sa solution de mobilité CELERIS


Le spécialiste du terrestre Texelis a dévoilé ce 28 novembre CELERIS. Pas un simple châssis, mais une véritable solution de mobilité qui doit permettre aux industriels développant un véhicule militaire 4X4 de bénéficier de l'expérience de Texelis en s'épargnant de couteux investissements.


Toute entreprise désirant aujourd'hui proposer un véhicule terrestre au monde militaire doit se poser les deux mêmes questions: la première consiste à développer son propre châssis de standard militaire, processus généralement long, complexe et donc couteux (et pas non plus rentable). La seconde solution consiste à se procurer un équipement déjà disponible en masse sur le marché, ce qui revient souvent à s'adresser au monde civil, où les performances ne sont pas toujours optimales compte tenu des spécifications demandées par les forces armées. 

Texelis propose donc "le meilleur des deux mondes" avec CELERIS une solution de mobilité de 4,5 tonnes (pour véhicule de 13 à 18 tonnes), modulaire puisqu'une douzaine de kits de base est disponible, assortie d'une trentaine de kits d'options, en accord avec les divers besoins. Plus qu'un châssis donc, un véritable environnement. 

Rappelons que Texelis, entreprise basée à Limoges, joue un rôle important d'équipementier dans le programme Scorpion,  collaborant très activement sur le véhicule Serval depuis six ans.

Avec CELERIS, Texelis tente de confirmer sa position sur le marché du terrestre de défense, grâce à une solution "sur étagère" qui pourrait lui permettre de s'imposer à l'export, ou même en France chez de nouveaux venus (comprendre du monde civil) désirant proposer un véhicule militaire. L'entreprise aurait déjà un premier client. 

Aussi, il est intéressant de voir que cette proposition contribue peut-être à un début de mouvement massif de recomposition de l'écosystème terrestre national, dont l'avenir est empli de doutes. 
Quel futur -en tant qu'intégrateur- pour le géant Nexter face à l'ogre allemand (lire l'article de Marc Chassillian dans le dernier numéro de RAIDS), tandis qu'Arquus -qui tend également à devenir plus équipementier qu'intégrateur- serait sur le point d'être racheté par John Cockerill (Belgique), ce qui, nécessairement, entrainera des fermetures de sites, Cockerill étant d'ailleurs très présent en France. 
Texelis semble ici, avec CELERIS, anticiper un nouveau monde, alors que la France ne devrait plus lancer de programme terrestre avant un certain temps, si ce n'est le VBAE (véhicule blindé d'aide à l'engagement). 


mercredi 29 novembre 2023

La Belgique annonce qu'elle rejoindra le programme SCAF en 2025

Après avoir s'être vu promis le statut d'observateur, la Belgique devrait pleinement rejoindre le programme SCAF en juin 2025. Mais dans quel but ?


Malgré les remous, voire petites tempêtes, médiatiques plus que politiques, industrielles plus que militaires, le SCAF (système de combat aérien futur) avance. 

Dernière nouvelle, d'ordre "architecturale": nous devrions connaître le choix définitif du chasseur de nouvelle génération au printemps 2025 (avec design révélé au Bourget ?), quatre concepts d'appareil -ou cinq, selon les sources- étant étudiés au sein du programme.

Mais le printemps 2025 serait aussi la date à laquelle un quatrième partenaire européen, la Belgique, pourrait officiellement rejoindre la France, l'Allemagne, et l'Espagne. C'est en effet ce qu'a annoncé la ministre de la Défense Ludivine Dedonder de façon très informelle -sur le réseau social Linkedin- après un discours devant les industriels belges de l'aéronautique durant un événement consacré au combat aérien futur.  
Rappelons que depuis juin 2023, la Belgique a obtenu le statut d'observateur du SCAF, statut qui n'a pas encore été formalisé d'ailleurs. Il devrait l'être d'ici la fin de l'année.
 

Mais établissons un double constat:

  • Tout d'abord, cela semble très unilatéral, et politique. 
La déclaration, tout à fait prématurée puisque le processus d'évaluation n'est pas achevé, a été faite presque en catimini avant que la presse nationale n'enquête et ne la reprenne, et elle n'est depuis globalement commentée qu'en Belgique, où Flamands et Wallons continuent de disserter sur leur destin stratégique.
Rien, pour le moment, du côté des partenaires européens. On sait que l'arrivée de la Belgique dans le SCAF plaît à l'Elysée, pour des raisons politiques évidentes, mais qu'elle est moins bien accueillie chez les industriels des trois pays, qui négocient déjà assez difficilement calendrier et charge de travail.

Mais soit, la Belgique deviendra a priori membre à part entière du programme SCAF en juin 2025, alors qu'il s'agira de lancer la phase 2 du programme, menant à la conception du démonstrateur dont le design aura été tout juste défini. 

  • Mais la Belgique dans le SCAF, pour y faire quoi ?
Deuxièmement, se pose la question de l'intégration concrète d'un -petit- partenaire à ce stade du programme, que les participants se refusent publiquement d'élargir. D'autant plus que l'on connait déjà l'enveloppe disponible: 360 millions d'euros, ce qui est bien faible quand les autres partenaires parlent en milliards.
Il parait clair que la Belgique tente un coup politique en "candidatant" au SCAF, elle qui a pourtant opté pour le F-35. Les retombées économiques tant promises avec ce marché américain seront à n'en pas douter finalement en deçà des attentes (sans même évoquer les coûts cachés générés par l'emploi du F-35) et Bruxelles se cherche un grand programme européen, un "contrat du siècle" (l'expression a véritablement été employée), pour satisfaire ses entreprises et contribuables. A cette étape du discours politique, c'est surtout le mot "emplois" qui transpire, tandis que les industriels espèrent accéder à des informations critiques sur le programme.
On sait que l'industrie belge a des compétences à offrir, la proposition commerciale française autour du Rafale existait pour le prouver en 2017-18. Elle ne fut pas suivie. Reste à savoir si les places à prendre à l'époque ont été pourvues depuis.    

Enfin, sur un plan purement opérationnel, l'armée de l'Air belge prend possession de ses premiers F-35 (il faudra encore des années avant la mise en service), dont la carrière pourrait s'étendre sur au moins 30 ans. On n'image donc pas, à ce stade, Bruxelles commander l'avion européen de nouvelle génération, ou même intégrer le système de combat futur puisque le F-35 ne collabore qu'avec lui-même.


Pour plus de clarté, attendons donc les discours et sorties médiatiques qui ne sauraient tarder puisque le mois de décembre sera l'occasion de concrétiser ce fameux statut d'observateur. Un statut pas vraiment anticipé avant notre histoire belge, et qui pourrait éventuellement permettre d'accueillir d'autres pays… s'ils ont quelque chose à offrir ?


mercredi 22 novembre 2023

HyprSpace testera bientôt son moteur "Terminator" à Bordeaux



HyprSpace testera au tournant de l'année 2024 son démonstrateur de moteur pour micro-lanceur à échelle réelle. La start-up bénéficie pour cela du soutien de la DGA à Bordeaux.  

Ci-dessus: rendu 3D de 'Terminator' sur son banc d’essai - HyprSpace.


Alors que le Sommet de l'Espace de l'ESA qui se tenait à Séville début novembre, bien que considéré comme une réussite (puisqu'il y a eu accord entre Etats membres, et que la "coopération", c'est justement l'ADN de l'ESA), a sonné le début des hostilités entre Européens sur la question des lanceurs.
Avec un marché libéralisé, sur le modèle NASA post-2000, les principaux acteurs que sont la France, l'Italie et l'Allemagne n'ont plus à se cacher. Les manœuvres étaient, de toute manière, déjà bien engagées…  

En France, outre le géant ArianeGroup, nous avons plusieurs acteurs qui lorgnent sur le(s) marché(s) du lancement à bas coût. Nous citerons ici seulement le trio de tête: Latitude, qui ne cesse de croître (encore de nouvelles annonces cette semaine), Maïa Space, spin-off d'Ariane, qui grâce à la R&D de sa maison mère devrait pouvoir contester relativement rapidement le marché sur le segment de la tonne de charge utile, et donc à Bordeaux, HyprSpace, qui mise elle sur une technologie révolutionnaire (propulsion hybride solide/liquide) pour gagner en fiabilité, performances, et bien entendu réduction des coûts (par deux comparativement aux technologies "classiques"). 

Lire aussi sur le blog: Un nouveau projet de micro-lanceur à Bordeaux, avec l'implantation de Dark


Sur ce blog, on suit l'entreprise née en 2019 depuis plus de trois ans déjà. Et justement, HyprSpace annonce ce 22 novembre que le banc d'essai de la DGA à Saint-Médard en Jalles, près de Bordeaux accueillera prochainement le démonstrateur grandeur nature du moteur "Terminator".
Elle testera son moteur en configuration étage de 6m de haut et délivrant jusqu’à 100kN de poussée, grâce au tout premier système d’avitaillement développé par SpaceDreamS, entreprise basée en Île-de-France avec qui elle a conclu un partenariat stratégique cet automne. 


Les essais se poursuivront en 2024, tandis qu'un premier vol du lanceur OB-1 est attendu pour 2026 (charge utile 250 kg). C'était l'objectif annoncé par le Président de la République lors de la présentation du plan France 2030.

Pour rappel, HyprSpace, qui a également réalisé plusieurs levées de fonds dans le privé, est lauréate du plan France 2030 dans la catégorie micro-lanceur. L'Etat doit normalement injecter 200 millions d'euros dans cette filière. Un marche pied qui aura été déterminant dans le développement de l'entreprise. 
J'insiste d'ailleurs sur le fait que malgré les idées reçues, le soutien institutionnel (développement, mais aussi marché) reste le principal moteur des programmes spatiaux. Dans ce contexte, la défense est notamment une cible de choix pour la pérennisation des activités.

HyprSpace reçoit le support technique de la DGA et de l'AID (ce qui n'est pas donné à tout le monde, et permet de réaliser plus facilement les tests en France), sans que l'on sache à ce jour précisément si l'armée -de l'Air en l'occurrence- est intéressée par l'emploi de micro-lanceurs, pour des capacités de lancement réactif par exemple.

Aparté: moteur toujours, Ariane réalisera un test primordial ce jeudi 23 novembre à Kourou, avec l'essai du moteur Vulcain de la future Ariane 6. L'ESA le diffusera en direct à 21h30.  


lundi 20 novembre 2023

Premier tir réussi à Biscarrosse pour le missile intercontinental M-51.3

Le douzième tir d'un missile M51 s'est déroulé samedi 18 novembre 2023, à 19h, depuis le centre d'essais des Landes à Biscarrosse. Visible dans le ciel du sud ouest, cet essai permet de valider la dernière itération du missile stratégique français, la version M51.3.


Immanquable. Une fois n'est pas coutume, on aura beaucoup parlé de ce tir d'essai de M51, de nombreux Français ayant pu l'admirer dans la nuit d'un début de samedi soir. Effectué depuis le site DGA Essais de missiles, le lancement de ce missile stratégique M51 -dépourvu de charge nucléaire- s'est déroulé de façon nominale, avant sa retombée au large des côtes nord-américaines.

La Direction générale de l’armement précise que ce premier M51 dans sa version ".3"(mise à jour qui lui ajoute de l'allonge, pour plus de 10 000 km de portée, et quelques spécifications confidentielles) a été « suivi tout au long de sa phase de vol par le centre d’expertise DGA Essais de missiles, les stations d’Hourtin et de Quimper, le bâtiment d’essais et de mesures Monge »

Une nouvelle réussite pour la DGA et ArianeGroup, après l'essai du démonstrateur de planeur hypersonique VMAX en juin dernier. On s'attendait en effet à des tirs importants en 2023, voilà qui semble clore ce calendrier si stratégique. Ne doutons pas que le message de crédibilité est reçu au sein du club nucléaire. 


Comme souvent, l'événement avait été anticipé par ceux qui surveillent les publications administratives au sujet de l'activité en Atlantique nord, mais la date exacte restait inconnue. Surprise, le tir aura été effectué un samedi, de nuit, étant par conséquent visible dans toute la moitié sud du pays, ou même en Espagne. 
Et bonne surprise, la conséquence directe aura été la réaction très intriguée du public et la Une des journaux, notamment régionaux, le dimanche. Alors qu'il est finalement plutôt rare que le sujet de la dissuasion -bien trop méconnu du citoyen- soit traité dans nos sphères médiatiques, sauf quand il s'agit de parler de Russie… 

Et puisqu'on parle de dissuasion, sachez que le chantier de la tête de série des SNLE de 3ème génération s'apprête à débuter. Entrée en service en 2035 pour cette nouvelle classe de sous-marins. 

Le missile M51.3 sera lui opérationnel dès 2025.