lundi 20 mars 2023

A Cazaux, fin de la formation des pilotes de chasse sur Alpha Jet

C'est la fin de la formation des pilotes de chasse de l'armée de l'Air et de l'Espace sur Alpha Jet à Cazaux. Dorénavant, l'essentiel de la formation se fera à Cognac, sur Pilatus PC-21 (et simulateur).


Une cérémonie a eu lieu sur la base aérienne 120 de Cazaux (photo ci-dessus) ce 16 mars afin de célébrer le « macaronage » de l'ultime promotion formée sur Alpha Jet. Sur Alpha Jet certes, mais aussi sur la base de Cazaux, puisque tout se fera à Cognac désormais. La fin de 59 ans de formation sur le bassin d'Arcachon.

Cette dernière promotion est constituée de six officiers issus de l’École de l’air et de l’espace, et est donc la dernière à recevoir ses ailes sur Alphajet, ainsi que la seule à avoir été formée entièrement au sein de l’escadron de chasse 3/8 ‘Côte d’Or’ à qui la mission de formation avait été attribuée temporairement, précise l'institution.

Ce n'est cependant pas tout à fait la fin pour les appareils, qui devront encore assurer quelques missions comme celles de plastron ou de "red air" (toujours à Cazaux au sein du 3/8 « Côte d’Or »), et bien sûr rayonner avec la Patrouille de France. 

Un précédent CEMAA avait évoqué leur retrait pour 2035, mais on me glisse que cela se fera probablement avant cette date.

Pour la suite, lire le billet en lien ci-dessous, dans lequel j'évoquais les quelques scénarios de succession…





mercredi 8 mars 2023

Le premier Rafale F4 est arrivé au CEAM de Mont-de-Marsan


Le Centre d'expertise aérienne militaire a reçu à Mont-de-Marsan le premier exemplaire du chasseur Rafale au standard F4. Cette dernière évolution conforte la place de l'appareil français au sommet de sa génération. 

Images: armée de l'Air & de l'Espace.


Le voilà enfin, le tant attendu Rafale F4 qui fait entrer l'armée de l'Air française, tout comme l'aéronavale, dans l'ère de l'hyperconnectivité. 
Dassault Aviation a livré début mars le premier appareil à ce standard au CEAM (Centre d'expertise aérienne militaire) sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. C'est en effet au sein de la 30ème escadre de chasse que se fera la formation initiale. Un second appareil arrivera dans les prochaines semaines, précise l'armée de l'Air et de l'Espace.

Après le F3-R qui avait déjà fait faire un bon technologique au Rafale en 2018 (première mission en 2020), le plaçant au sommet de sa classe d'appareil, la fameuse "4ème génération", le standard F4, ou plus exactement 4.1, apporte avec lui toute une gamme de nouvelles capacités.

Citons ici l'intégration -enfin !- d'un viseur de casque (Thalès), et de nouveaux armements comme le Mica NG (MBDA) et la bombe guidée de 1 000 kilos (Safran).
Mais c'est surtout, bien sûr, sur le plan des logiciels que le Rafale fait un bon spectaculaire, avec des capacités de fusion de données au service du combat collaboratif qui rapprochent l'avion de combat français d'un appareil de "5ème génération" comme le F-35 américain. Ajoutons à cela des options de maintenance prédictive qui devraient -encore- améliorer la disponibilité de l'appareil.


Le développement du standard F4 a couté 2 milliards d'euros. Pour une pleine capacité opérationnelle, il faudra attendre 2025. L'ensemble de la flotte française (Marine comprise), soit plus de 150 appareils à ce jour, sera rétrofité au nouveau standard F4. C'est également cette version qui est désormais proposée à l'export.

Et les regards sont déjà tournés vers le prochain standard, "F5", que l'on nous promet comme largement différent (comprendre supérieur). Celui-ci devrait régner dans les années 2030, et intégrer des capacités encore plus abouties, avec comme armement majeur le futur missile hypersonique SN4G destiné aux forces aériennes stratégiques. 
Nous serons alors face à un appareil SCAF-compatible... en attendant le chasseur qui lui succèdera. 

Il est prévu que le Rafale vole jusqu'en 2060.

 

lundi 6 mars 2023

Planeur hypersonique: une base de lancement au centre d’essais des Landes

Annoncé en 2019, le développement d'un planeur hypersonique français devrait franchir une étape majeure cette année, avec un premier vol. Le programme a pris un léger retard, d'autant plus qu'il a fallu bâtir de nouvelles installations au Centre d'essais des Landes de la DGA à Biscarrosse. 

Ci-dessus: vu d'artiste du planeur HTV-2 de la DARPA (USA).


Enfin des nouvelles du démonstrateur de planeur hypersonique "V-MAX" ! La France devrait en effet, si tout va bien, faire son entrée dans le club très fermé des puissances dotées de vecteurs hypersoniques dès cette année, avec plus ou moins deux ans de retard sur le calendrier communiqué par l'ancienne ministre des Armées, Florence Parly, en 2019 (déclaration qu'elle réitèrera au printemps 2021, avec un vol prévu à l'époque "dans les mois qui viennent"). 

Le développement du V-MAX, pour "véhicule manœuvrant expérimental", a été confié à ArianeGroup. La planeur, qui devra évoluer dans les couches de la haute-atmosphère à des vitesses dépassant largement les 6 000 km/h, bénéficie de travaux réalisés en France depuis des décennies, notamment à l'ONERA. D'autant plus que depuis 2014, les armes hypersoniques sont officiellement devenues un sujet dans les armées, avec des études produites.

Face à des défenses antiaériennes de plus en plus efficaces, les armes hypersoniques sont en effet vues comme l'évolution, non plus de rupture, mais bien nécessaire pour rester dans la course stratégique. Le retex ukrainien l'a montré, ce sont aujourd'hui les armements les plus véloces, même "rustiques" (comprendre ici véloces, mais peu manœuvrants), qui passent à travers les mailles de la défense antiaérienne ukrainienne, pourtant désormais largement renforcée par les Occidentaux. 

Mais attention, avec les planeurs hypersoniques, vecteurs capables de franchir des distances considérables en peu de temps, tout en manœuvrant pour chercher la faille, nous ne parlons pas encore de dissuasion nucléaire (et ce pour diverses raisons que nous ne détaillerons pas aujourd'hui). Il s'agit bien ici de capacités dites "tactiques" qui préfigurent du missile de croisière de demain. 

En matière de dissuasion nucléaire, il faudra voir du côté de l’ASN4G, qui sera porté sur Rafale, puis son successeur le NGF, vers 2035. 


Construction d'une base de lancement à Biscarrosse

Pour atteindre l'altitude optimale où son superstatoréacteur prend le relais, le planeur a néanmoins besoin d'un premier étage lanceur, ce qui explique le rôle d'Ariane dans ce programme. La société apporte également son expertise en matière de rentrée atmosphérique. 

Le test à venir du V-MAX va donc demander une installation très spécifique. C'est pourquoi une toute nouvelle base de lancement de fusées-sondes a dû être construite au sein du centre d’essais des Landes de la DGA, à Biscarosse. C'est ce qu'a révélé le Délégué général pour l'armement, Emmanuel Chiva, en audition parlementaire à l'Assemblée Nationale.


La différence majeure entre un lancement dit "spatial" et celui d'une fusée-sonde est que ce dernier demeure suborbital, restant limité aux hautes couches de l'atmosphère. 

En opération, et bien que la France n'ait précisé aucune doctrine en la matière, cela sera transposable aux silos d'un sous-marin ou d'un navire, comme l'envisagent l'US Navy ou désormais la marine australienne.

Mais en ce qui concerne le démonstrateur V-MAX, nous surveillerons donc particulièrement les NOTAM publiés pour la côte atlantique !


A noter que pour les Bordelais, une conférence sur ce thème aura lieu le 31 mars :



mercredi 22 février 2023

Nouvelle montée en puissance du site d'Eurenco à Bergerac



Le ministre des Armées Sebastien Lecornu a révélé mercredi 22 février que la France allait "relocaliser" la production de poudre pour obus. Dans les faits, il s'agit d'un investissement de 60 millions d'euros sur le site d'Eurenco Bergerac. L'objectif est de produire 1 200 tonnes de poudre par an, à l'horizon 2025, soit l'équivalent de 95 000 obus.

Ci-dessus: un artilleur français transportant un obus de canon Caesar - © Etat-Major des Armées.


Choyé depuis quelques années, notamment par la Région Nouvelle Aquitaine, le site d'Eurenco à Bergerac (24) se retrouve aujourd'hui au centre des attentions… et ce en raison bien sûr du "retour" de la guerre en Europe.

On ne l'a que trop dit, la fonte continue des budgets de la défense depuis 1990, fruit des dividendes de la paix, a eu des effets catastrophiques sur l'état des stocks. Dans tous les domaines, mais en premier lieu celui des munitions. 

Dans le cadre de la malnommée "économie de guerre", le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, tout comme le Président de la République d'ailleurs, ont érigé en priorité l'augmentation et l'accélération des productions d'armements. 

C'est ainsi que ce 22 février, le ministre a annoncé lors d'un point presse un investissement de 60 millions d'euros dans le site du spécialiste Eurenco, à Bergerac. Une "relocalisation" -depuis la Suède- dont l’objectif est d’atteindre 1 200 tonnes de poudre par an, soit 500 000 charges modulaires… soit 95 000 "coups complets". 

Eurenco produit notamment, en partenariat avec Nexter, les munitions du canon Caesar. 


Signalons que l'Etat n'apporte ici "que" 10 millions d'euros, le reste étant assumé par l'entreprise, qui peut s'enorgueillir d'avoir un carnet de commandes rempli jusqu'en 2027. A quoi devraient s'ajouter de nouvelles commandes export, et des commandes pour l'armée française dans le cadre de la prochaine Loi de programmation militaire 2024-2030 (15 000 obus et leurs 6 charges modulaires chacun, par an).

Cet investissement devrait livrer ses effets sur la production dès 2025 à Bergerac.