lundi 13 janvier 2025

Toujours plus de Pilatus !

Avec l'attribution du marché MENTOR 2 prend fin le processus de modernisation de la formation des pilotes de l'armée de l'Air et de l'Espace et de la Marine Nationale. C'est Babcock France qui remporte ce contrat. L'entreprise déploiera 22 Pilatus PC-7 à Salon-de-Provence. 


Sans grande surprise (à mon sens), la DGA a notifié le marché “Mentor 2 ce 31 décembre 2024 à Babcock International France Aviation

Dans les faits, cette prestation de formation se matérialisera par le déploiement de 22 aéronefs Pilatus PC-7 MKX et 12 simulateurs de vol au sein de l'École de l’air et de l’espace, sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence. Ces Pilatus, d'origine suisse, viendront remplacer les flottes de Grob 120A de Cognac et de Cirrus SR20 de Salon.

Avec Mentor 2, l'idée était qu'outre la modernisation, l'effort soit porté via un unique aéronef pour la phase élémentaire de formation. Naturellement, le Pilatus PC-7 MKX permet une filiation directe en termes de performances et de caractéristiques avec les très appréciés -et très gracieux, pour le voir voler plusieurs fois par semaine-  PC-21 basés à Cognac depuis 2018, qui eux sont pilotés plus tard durant la formation des pilotes, au sein de l'École de l’aviation de chasse.

Si le PC-7 a pour moi toujours semblé favori, l'institution ne donne aucune indication sur les concurrents. On pense notamment au Grob TPX "Cobra" dévoilé en juin dernier lors d'un curieux exercice de communication centré autour du made in France, et qui ressemble plus à un pari politique qu'à un véritable programme. 

A noter que la Marine Nationale est aussi concernée par Mentor 2.


mercredi 8 janvier 2025

Le groupe MBDA s'est emparé de la totalité de Roxel


MBDA a annoncé le 6 janvier 2025 l'acquisition totale de Roxel, spécialiste de la propulsion solide des missiles. Cette opération de consolidation est réalisée dans un but d'optimisation des cycles industriels et de montée en cadence. 


C'est l'aboutissement d'un épisode qui débutait avec une information révélée septembre dernier: le missilier européen MBDA (Matra BAE Dynamics Alenia), acteur phare de l'armement continental, a acquis le 19 décembre les 50% de parts qui possédaient encore Safran dans l'entreprise Roxel. MBDA en est désormais actionnaire à 100%. 

Avec cette prise de contrôle, MBDA affirme son leadership sur la filière et se prépare à des années qui s'annoncent aussi fastueuses que risquées pour le groupe, alors que la demande de munitions explose partout dans le monde, et en premier lieu en Europe.  

Pour rappel, Roxel est une société franco-britannique issue de la fusion des sociétés Celerg et Royal Ordnance Rocket Motors, en 2003. Leader européen et acteur majeur au niveau mondial dans son domaine, Roxel conçoit, développe, fabrique et fournit des systèmes de propulsion solide et les équipements associés pour tous les types de roquettes et missiles tactiques et de croisière, au profit des forces aériennes, navales et terrestres. 

Elle compte quatre sites de production (un au Royaume-Uni, un en région Nouvelle-Aquitaine et deux en région Centre-Val de Loire), ainsi que des bureaux en région parisienne.

Roxel, dont le siège français est à Saint-Médard-en-Jalles près de Bordeaux, emploie 800 salariés et réalise un chiffre d'affaires annuel d'environ 200 millions d'euros, en nette augmentation dans le contexte de réarmement de l'Europe. L'entreprise propulse la grande majorité des munitions utilisées par l'armée française. 

"Roxel conserve son autonomie dans la gestion de ses activités et continuera d’honorer ses contrats avec d’autres systémiers et de développer de nouveaux marchés, notamment à l’export.", précise le communiqué publié par MBDA le 6 janvier 2025.


mercredi 1 janvier 2025

Des nouvelles des drones Reaper de l'armée de l'Air

Alors que la Syrie connait enfin, on l'espère, le dénouement de sa guerre civile, appelée désormais révolution, la France a rappelé le 31 décembre 2024 qu'elle maintenait la pression militaire sur le groupe Etat islamique. Des frappes aériennes ont en effet été réalisées par l'armée de l'Air à l'aide de Rafale et d'un drone Reaper. 


C'est le type d'exercice de communication auquel on s'était largement habitué durant ce premier quart de siècle, mais qui se faisait beaucoup plus rare dernièrement, notamment depuis le retrait partiel (et bientôt total) des forces françaises de leurs bases africaines. Le -toujours- ministre des Armées, Sebastien Lecornu, a annoncé mardi 31 décembre, vidéo à l'appui, que l'armée de l'Air et de l'Espace avait frappé deux positions du groupe Etat islamique (EI) en Syrie dans le cadre de la coalition anti-jihadiste internationale. Il s'agit de la première opération de ce type depuis deux ans.

Ce sont des Rafale et un (des) drone(s) Reaper qui ont participé à l'opération, depuis la Jordanie, où la France dispose d'une base aérienne projetée depuis une décennie. 600 hommes et femmes sont toujours impliqués sur Chammal, essentiellement depuis la Jordanie, les Emirats Arabes Unis, et plus confidentiellement, l'Irak. Le dispositif est aussi renforcé par la Marine lors des passages dans la région du groupe aéronaval. 

Malgré l'actualité brulante sur la zone (Syrie, Liban, Israël/Palestine, Iran… Yémen), il est vrai que l'on parle moins de l'activité aérienne française sur zone. Elle demeure importante et parfois intense, puisque même si la France n'avait pas frappé Daesh depuis deux ans, des appareils français avaient participé au printemps 2024 à la défense d'Israël face aux salves de missiles et drones tirées depuis l'Iran.  

Et voilà donc que l'on a enfin des nouvelles officielles de la flotte de drones MQ-9 Reaper en opérations. Après le départ -ou même l'expulsion- du Niger à l'été 2023, il se murmurait que l'activité opérationnelle des Reaper se concentrerait désormais sur le Moyen-Orient, avec comme base la Jordanie. Or, ayant personnellement tenté de me renseigner auprès de l'escadre concernée, ses représentants n'avaient à l'époque pas souhaité commenter l'actualité. La preuve est désormais établie qu'une partie des drones opèrent bien désormais depuis la Jordanie. 

A noter qu'en France, le standard Block 5 vient d'être qualifié pour les vols au dessus du territoire métropolitain. Les Reaper sont basés au sein de la 33ème escadre à Cognac, qui comptabilise 12 de ces appareils. 


Au fait, j'en profite pour vous souhaiter, chères lecteurs et lectrices, une excellente année 2025 ! En espérant que certaines situations très chaudes le soient nettement moins à la fin de l'année qui débute. 


lundi 2 décembre 2024

Des moteurs M-88 à 9 tonnes de poussée sur Rafale F5 ? Il faudra le financer


Le motoriste français Safran aurait dans ses cartons un projet "T-Rex" de remotorisation du Rafale, pour son standard F5 prévu pour entrer en service dans les années 2030. Or, il faudra non seulement adapter cette évolution à la structure de l'appareil, mais surtout la financer.


C'est le retour d'un marronnier vieux de 15 ans. Le Rafale aura t-il droit un jour à plus de poussée moteur ? Même si l'appareil, "combat proven/export proven", se défend très honorablement avec ses deux moteurs M88 et leur poussée de 50 kn, ou 7,5 tonnes, dont la maintenance est facilitée et qui ont d'ailleurs passé en 2022 le chiffre symbolique du million d'heures de vol, la question s'est régulièrement posée de savoir s'il fallait lui offrir plus de puissance.  

D'emblée, évacuons la question de l'avion du futur, quel qu'il soit. Le "NGF" -européen ou pas- sera un avion de nouvelle génération, avec un tout nouveau moteur. Aujourd'hui il est question du Rafale et seulement du Rafale… à moins que, peut-être aussi du futur drone de combat ? Peu probable à mon humble avis, puisqu'un drone furtif n'est généralement pas supersonique. Mais nous verrons en temps voulu. 

Safran a toujours défendu l'évolutivité de son moteur, et étudierait donc avec le programme "T-REX" un moteur M88 d'une poussée de 9 tonnes. Le motoriste défend publiquement le projet depuis une décennie (avec de précédentes études très concrètes), mais se présente aujourd'hui devant le politique et militaire avec trois arguments : l'avion de nouvelle génération ne sera pas opérationnel avant 2045 ou 2050 d'une part, et il faut donc s'appuyer sur la capacité Rafale, vouée à équiper à 100% nos forces aériennes à horizon 2035. D'autre part, des clients importants comme l'Inde ou les Emirats Arabes Unis seraient demandeurs. Enfin, Safran doit maintenir ses savoir-faire avec un programme majeur et intermédiaire avant le SCAF.   

Ces trois argument se valent, et surtout sont vrais. D'autant plus que le Rafale F5 s'annonce comme une belle révolution "à mi-vie" pour le fleuron de Dassault Aviation, avec cependant une prise de poids que l'arrivée d'une nouvelle motorisation pourrait compenser. 


Problème: il faudra le financer, ce qui n'est absolument pas prévu à ce jour dans la Loi de programmation militaire 2024-30. Et l'on parle tout de même ici d'environ 600 millions d'euros… [Mise à jour 3 décembre : l'armée de l'Air en ferait une priorité]  

De plus, du peu d'informations dont je dispose, je pense pouvoir confirmer que Rafale F5 ne connaitra pas d'augmentation de cellule (il faudra aussi arrêter avec ce mythe du Super Rafale). Il s'agit d'une ligne rouge. Si nouveaux moteurs il y a, ils devront faire avec la place qu'il reste. Et il en reste. Le challenge apparaît surmontable sur ce point. 

Attention donc, car contrairement à ce qu'annoncent certains médias, il n'y a absolument rien d'acté. Le dossier, et l'opportunité, sont néanmoins sur la table.  


De l'IA sur le pod Talios dès 2026

Un mot supplémentaire pour parler de concret, avec la confirmation que Thales va intégrer des logiciels d'intelligence artificielle (dont deep learning) à son module de ciblage Talios dès 2026. C'est une première pour un avion de combat français.  


Le Rafale sera alors au standard F4.3, et l'arrivée de l'IA permettra de délester la charge de travail de l'équipage en matière de ciblage, le module étant à même de détecter et de classer automatiquement et en temps réel les objets d'intérêt, tels que les véhicules et les bâtiments. Les algorithmes de reconnaissance d'image ont été entrainés pour cela grâce à des banques de données enrichies en matériels miltiaires. Ils devraient même pouvoir distinguer des détails invisibles à l'oeil humain.

Détail importantissime qu'il est nécessaire de toujours rappeler. Il s'agit seulement d'aide à la décision, et c'est l'humain, in fine, qui décidera de délivrer la munition ou non.  


vendredi 29 novembre 2024

Milrem Robotics choisit le français Texelis comme fournisseur stratégique

Le champion de la robotique terrestre militaire, l'estonien Milrem Robotics, a sélectionné le français Texelis comme fournisseur stratégique pour le développement de véhicules de combat robotisés de nouvelle génération.

Ci-dessus: le char de combat robotisé Type X - © Milrem Robotics.


C'est un très joli coup que vient de réaliser Texelis. Milrem Robotics a annoncé dans un communiqué du 21 novembre avoir sélectionné le groupe limougeaud, spécialiste en systèmes de mobilité avancés pour la défense et la sécurité (notamment sur certains véhicules du programme Scorpion), comme fournisseur stratégique pour fabriquer des sous-systèmes de mobilité pour une nouvelle génération de véhicules de combat robotisés (RCV) que Milrem Robotics développe.

Texelis fournira à Milrem un système de transmission électrique pour chars d'assaut afin de contribuer à la création de plateformes robotisées modulaires de plus de 12 tonnes.

Les deux entreprises se réjouissent naturellement de ce partenariat stratégique qui met à l'honneur, non seulement la coopération européenne, mais l'innovation et la réflexion sur le champ de bataille du futur. 

Pour le PDG de Milrem, Kuldar Väärsi, « le choix de Texelis comme fournisseur stratégique de sous-systèmes de mobilité est une étape cruciale dans le développement de nos véhicules de combat robotisés de nouvelle génération. Leur expertise éprouvée dans la fourniture de systèmes de mobilité avancés garantira que nos plateformes sont inégalées dans leur capacité à traverser des terrains complexes et à opérer dans les scénarios de champ de bataille les plus difficiles » (...),« Milrem entretient déjà une excellente coopération avec l'industrie de défense française, et la coopération avec Texelis renforcera encore cette coopération. »

Quand à Jean Vandel, PDG de Texelis, il déclare que « Texelis est ravi d’avoir été sélectionné par une société telle que Milrem Robotics, leader mondial incontesté de la robotique et des solutions autonomes. Travailler sur leur nouvelle génération de systèmes de combat est une fantastique opportunité pour nous de continuer à grandir en tant que partenaire de choix pour la mobilité. Embarquer à bord est une étape stratégique majeure pour nous permettre d’entrer sur le marché des véhicules à chenilles, un nouvel univers à ajouter à notre expertise de base. Aux côtés d’un client comme Milrem, la mobilité n’a pas de limite ! » 

Cette annonce n'aura pas fait grand bruit dans nos médias, mais elle me semble pourtant relever du type de synergie dont l'Europe a cruellement besoin pour son industrie de défense, en particulier sur un axe "est-ouest" où intérêts industriels et préoccupations stratégiques se rejoignent naturellement. 

Un dernier mot pour signaler, justement, que Texelis recevait le Premier Ministre Michel Barnier à Limoges ce 29 novembre.