vendredi 26 avril 2024

LARINAE - EOS Technologie propulse sa munition rodeuse à 400 km//h !


Dans un communiqué tardif ce vendredi 26 avril, la PME EOS Technologie, basée à Mérignac et lauréate du marché LARINAE pour l'Agence pour l'Innovation de Défense, a dévoilé en  images les performances impressionnantes de sa munition rodeuse "Veloce 330". 

Images : EOS Technologie


Le "Veloce 330", MTO (commande sur mesure de la DGA) à réaction 100% conçue et fabriquée dans les locaux du droniste spécialisée dans la défense d'EOS Technologie, vient d'effectuer avec succès une 3ème phase de vols de tests, images tout à fait impressionnantes à l'appui. 

Et l'entreprise de préciser : "Avec plusieurs pointes à plus de 400 km/h et 50 km parcourus en seulement 16 minutes (avec la moitié du réservoir), la conception aérodynamique et les processus de fabrication sont désormais validés pour ce mini-Shahed 238 français."



Il faudra le dire et répéter, copier -pour rattraper- ce que nous voyons depuis deux ans en Ukraine (ou même bientôt 4 ans au Haut-Karabakh) ne suffira pas, en particulier dans le domaine des drones de petites tailles. Au sein de la BITD française, des entreprises, en particulier à Bordeaux (EOS... AERYX et son drone hypermanoeuvrable, Icarus Swarm et son alliance avec KNDS pour des saturations en essaim) anticipent déjà la nouvelle génération de drones et munitions rodeuses. Afin de cette fois-ci, tenter de prendre un temps d'avance sur un secteur ou la France a tant fait défaut. 


lundi 22 avril 2024

Dark lève 6 millions de dollars aux USA, avant son arrivée à Bordeaux


Après cinq premiers millions en 2021, la start-up Dark réussit une seconde levée, aux Etats-Unis, à hauteur d'environ 6 millions de dollars. Les choses s'accélèrent pour celle qui s'installera cet été à Bordeaux, et qui entend développer une solution intégrée de défense orbitale face aux débris spatiaux.  

Ci-dessus: vu d'artiste du futur lanceur aéroporté de Dark.


Nous en parlions à l'automne dernier, la start-up parisienne du new space Dark sera accueillie à partir de l'été 2024 par l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, qui lui offrira du foncier (jusqu'à 10 hectares) et surtout l'accès aux pistes !
Car en effet, Dark a pour ambitieux projet, non seulement de se faire une place dans le paysage -global- des micro-lanceurs, mais aussi et surtout de développer un système de lanceur aérolargué pour une mission bien précise: l'intervention en orbite sous court préavis. 


« Défense orbitale » : tout est dit, ou presque. Pas de guerre des étoiles ici, ou du moins pas tout de suite*. Ce que Dark développe, c'est une solution réactive (comprendre sous faible préavis, et flexible) d'intervention dans l'espace, « Interceptor », qui s'appuie sur un ensemble de systèmes intégrés allant de l'avion porteur, au lanceur aérolargué, en passant par le radar et un module terminal doté de capacités robotisées et de guidage algorithmique pour capturer les débris.

Dark compte aujourd'hui 22 salariés, puis 50 à court terme. Elle en espère 500 en 2030. Dès cet été, les opérations, y compris de R&D, se dérouleront depuis Bordeaux, qui a été choisie pour son écosystème. Un joli coup aussi disons le, pour l'aéroport de Bordeaux-Mérignac et son projet économique.  

La start-up s'appuie sur des contrats de coopération déjà signés avec le CNES, participe aux réunions New Space organisées par l'Elysée et les ministères, et a d'ailleurs été récemment citée par le Président de la République lors du dévoilement des lauréats du plan France 2030 sur les micro et petits lanceurs (Dark n'en fait pas partie mais a reçu des "encouragements"). 



Cette nouvelle levée de fonds suit une première levée de 5 millions réalisée en France en 2021. Mais celle de 2024, à hauteur de 6 millions (portant donc le total à 11M$) possède le parfum du new space américain, puisque le fonds Long Journey a investi dans des réussites telles que SpaceX, ou plus proches du Pentagone, Anduril.
Le financement soutiendra  la deuxième phase du développement durant laquelle Dark exploitera de nouvelles technologies internes, notamment des capacités radar avancées pour la détection spatiale et une propulsion orbitale optimisée pour la manœuvre de gros objets et le re-contrôle.

A ce stade, pas davantage d'emphases, puisque la route est encore longue pour un projet qui nécessitera de mobiliser "des centaines de millions d'euros", comme le reconnaissent les dirigeants (deux ingénieurs trentenaires) de Dark.

Le calendrier est toutefois extrêmement ambitieux, puisqu'une première démonstration de validation de la solution d'interception est annoncée pour 2026.  


*Je profite de ce sujet pour désamorcer un peu les enjeux. La proposition de Dark visant à "nettoyer" l'orbite basse face à un risque imminent (chute incontrôlée ou collision en orbite) s'inscrit dans le cadre d'une thématique qui agite beaucoup le monde du spatial: celle de la durabilité des activités dans l'espace face au risque grimpant des collisions dévastatrices. Plusieurs acteurs, notamment français, se sont positionnés sur ce segment politiquement porteur (commercialement aussi ? il faudra le démontrer), que ce soit sur les technologies de surveillance comme sur l'intervention. Dark entend rassembler une grande partie des briques de cette mission, qui dans le contexte international de développement des conflictualités que l'on connait, revêt forcément une dimension duale. Mais laissons donc ce sujet de côté, puisqu'à ce stade, la doctrine française ne se positionne pas en faveur (et le condamne même) de tout acte hostile envers un satellite adverse. Il n'est aujourd'hui question, pour la France et sa stratégie spatiale de défense, que de défense passive.  


vendredi 19 avril 2024

Signalement stratégique dans le Golfe de Gascogne


La frégate multimissions Aquitaine et un sous-marin nucléaire d'attaque de classe Suffren de la Marine Nationale ont mené, avec succès, une double frappe vers la terre ce jeudi 18 avril. Cet exercice de tir, inédit, a été réalisé au centre d'essais des Landes 

📸 Marine Nationale / DGA


Les exercices de tir au large des Landes étant notifiés à l'avance, et largement surveillés par les passionnés (et vous le devinez, par d'autres..), nous savions qu'il fallait s'attendre à une annonce en cette fin de semaine.
Chose faite, ce jeudi 18 avril en milieu d'après-midi, quand la Marine Nationale et la Direction générale de l'armement (DGA) ont communiqué, de façon conjointe et parallèle, sur un tir de missiles de la mer… vers la terre. Au centre DGA "Essais de missiles" des Landes, c'est souvent le contraire !  

Mais le caractère inédit de ce tir vient du fait qu'il s'agit en fait d'un double tir, en effet réalisé d'une part par la FREMM Aquitaine, et d'autre part par un SNA de type Suffren (désormais deux en service). La côte Atlantique a ainsi vu le premier double tir simultané d’entraînement du missile de croisière naval MdCN.

La cible a été atteinte simultanément par les deux missiles, comme le prouve une des superbes -et rares- photos diffusées. Profitons en, ce n'est pas si souvent que la communication est si rapide et généreuse en images !

La Marine précise que les deux équipages ont mené une séquence de tir coordonnée particulièrement complexe, dans des conditions matérielles et humaines identiques à celles qui peuvent être rencontrées en opérations : ils confirment ainsi la capacité pour la Marine de synchroniser des frappes terrestres dans la profondeur et ce, dans un contexte opérationnel.
Le MdCN du fabriquant MBDA est mis en œuvre depuis une FREMM ou un SNA de type Suffren, le missile de croisière naval permet d’atteindre depuis la mer et avec une précision métrique, des cibles situées en profondeur sur un territoire adverse (portée estimée >1000 km). Il permet ainsi aux forces navales de soutenir une action aéroterrestre.

En cette période de bouleversement(s) stratégique(s), où jamais autant de missiles n'auront été tirés, et cela sur plusieurs théâtres simultanément, la Marine engrange à toute vitesse une précieuse expérience opérationnelle. Je fais évidemment mention ici de la mission de protection du trafic maritime en Mer Rouge, face la menace des drones et missiles houthis, ou des missiles Aster de défense aérienne sont tirés en conditions bien réelles de combat.
Mais dans le cas de notre exercice mer-terre du 18 avril dans le Golfe de Gascogne, et surtout dans ce contexte de tensions internationales extrêmes, il faut également ajouter le "signalement stratégique" que cela représente, la France faisant partie de ces rares puissances à pouvoir mener de telles opérations combinées, loin de ses bases. 

Un bémol cependant: il faudrait plus de navires (et donc davantage de tubes de lancement), et plus de missiles. 







mercredi 17 avril 2024

Spécialiste de l'action en orbite, Aerospace Lab France devient Agena Space


Implantée à Mérignac depuis 2022, la start up du new space Aerospace Lab devient Agena Space. Elle entend profiter de l'écosystème aquitain pour s'imposer sur un segment très particulier qu'est celui de l'action dans l'espace, au profit de la défense. 

Aerospace Lab, start-up belge spécialiste -civil- du satellite, s'était faite remarquer à l'automne 2022, lorsque l'entreprise, s'entourant de quelques fortes têtes du spatial français (Ex-OTAN, armée de l'Air, Arianespace, Ariane Group), implantait son centre R&D à Bordeaux dans le but d'y développer le volet militaire de son activité.

Nous voilà donc au printemps 2024, et Aerospace Lab France (20 salariés) affirme son identité en changeant de nom, pour prendre celui d'Agena Space. Un changement qui intervient dans un moment où l'entreprise, qui vise deux activités, l'observation de la Terre et la mobilité dans l'espace (pour la protection des satellites "européens"), va débuter les tests en orbite.

Dans une démarche très "new space" américain, Agena Space vise des développements rapides (18 mois), et une réduction des coûts drastique (par 10 !), entendant miser sur des solutions, innovantes et développées en interne, touchant à la propulsion chimique des satellites, à base de peroxyde d’hydrogène (H2O2). 

Agena Space collabore aussi pour ses essais moteur avec Isae-Ensma, l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace de Poitiers, ainsi qu'avec le LaBRI (Laboratoire bordelais de recherche en informatique) pour la partie robotique spatiale.

Il est question d'une production de quelques satellites à court terme à Bordeaux (moins d'une dizaine). Le premier client pourrait être, on le suppose, le Commandement de l'Espace.


Communiqué:

AGENA SPACE SAS : Une nouvelle ère pour la propulsion chimique en France. 
Un nouveau chapitre s'ouvre avec l'évolution d'AEROSPACELAB SAS. 
Bordeaux, le 16 avril 2024 : AEROSPACELAB SAS devient AGENA SPACE SAS et annonce un tournant majeur dans son engagement dans la propulsion chimique. Dirigée par Pierre Guy AMAND et le Général (2S) Jean-Daniel Testé , cette entreprise française innovante accélère son développement au cœur de la Nouvelle Aquitaine. 
Propulsion orbitale chimique, opérations spatiales et services orbitaux au cœur de l'innovation. 
AGENA SPACE oriente sa vision vers l'avenir avec un portefeuille de produits axé sur la propulsion chimique, l'action dans l'espace et les services orbitaux. Le général (2S) Jean-Daniel Testé souligne l'importance cruciale de la propulsion chimique : "C'est une composante essentielle des nouvelles activités spatiales, qu'elles soient civiles comme les services orbitaux ou militaires comme les manœuvres d'approche et de proximité. Forts de ce constat, nous sont fiers d'accompagner les développements exceptionnels menés en région Nouvelle Aquitaine depuis près d'un an avec l'aide d'une équipe jeune et innovante, composée d'architectes, d'experts de premier plan et d'ingénieurs." 
AGENA SPACE constitue le pôle d'excellence européen en propulsion chimique, services orbitaux. et l'action dans l'espace. Pierre-Guy Amand évoque une ambition essentielle à la souveraineté nationale dans ce domaine. Il souligne : « Depuis près d'un an, notre équipe travaille sur la propulsion liquide et a franchi des étapes de développement records dans le but de commercialiser à court terme notre première famille de produits. Notre ambition est essentielle à la souveraineté nationale dans ce domaine. dans ce domaine, nous allons donc redoubler d'efforts avec le soutien de la Région Nouvelle Aquitaine et du CNES pour atteindre nos objectifs." 
AGENA SPACE marque ainsi le début d’une nouvelle ère prometteuse pour l’industrie spatiale française, avec un engagement sans faille en faveur de l’innovation, de la souveraineté nationale et de l’exploration spatiale.

Le lien ci-dessous permet d'accéder à une intervention de 20 minutes du Président d'Agena Space, Pierre-Guy Amand :