lundi 4 novembre 2024

AndroMach et son projet d'avion spatial s'installeront à Bordeaux en 2025


La start-up AndroMach s’installera à Mérignac au printemps 2025. Dans ses cartons, un projet d'avion spatial inédit en France. Une capacité réutilisable d'emport, et de retour, qui pourrait intéresser le monde de la recherche en microgravité, ainsi que la défense. 

Ci-dessus: vue d'artiste du drone spatial suborbital d'AndroMach. 


C'était un secret de polichinelle, puisque la start-up AndroMach disposait d'un stand bien visible -avec maquette !- sur les événements bordelais de la rentrée aérospatiale, mais c'est dans un article de La Tribune Bordeaux en date du 30 octobre que l'information a finalement été rendue publique: le premier avion spatial français devrait être conçu à Bordeaux, ou plutôt à Mérignac, puisque c'est la technopole Bordeaux Technowest qui accueillera la start-up courant mars 2025 dans les murs de son nouveau QG, le "Cockpit". 

AndroMach, qui réunit aujourd'hui en région parisienne un peu moins d'une dizaine d'employés, a pour ambition de développer un avion suborbital (200 km d'altitude) de 4 mètres de long pour 1,2 mètre d'envergure, capable d'embarquer en soute une charge utile de 10 kilos dès 2026. Pour commencer… car en cas de succès, des évolutions importantes sont d'ores et déjà prévues au sein d'une roadmap comprenant les dates de 2028 (150 kg en orbite, avec l'aide d'un microlanceur "partenaire") et 2031 pour des développements itératifs, avec notamment un aéronef plus imposant (18m) capable d'emporter 600 kg sur orbite héliosynchrone

Pour la start-up qui a mené depuis un an ses études de faisabilité, et qui vient de réaliser sa première levée de fonds, les essais de propulsion et d'aérodynamique auront lieu début 2025. Son installation au Cockpit pourrait ensuite s'accompagner de quelques recrutements. 

L'avion spatial est un sujet qui fascine autant qu'il peut décourager. La technologie intéresse un nombre assez important de start-up, mais n'est réellement maitrisée qu'au sein des armées américaine et chinoise. En France, le ministère des Armée a pu évoquer il y a deux ans la volonté de mener des études sur le sujet, qui auraient pu aboutir à ce que l'armée de l'Air et de l'Espace se dote un jour de son propre "X-37B" (le fameux drone spatial de l'US Space Force). Il semble cependant que le sujet soit au point mort. 
Ajoutons enfin, bien sûr, qu'il est de notoriété publique que Dassault Aviation est activement concerné par la question, pour des usages ambitieux qui iraient jusqu'au vol commercial habité. 

Car l'avion spatial a, sur le papier, des avantages évidents en termes de réutilisabilité, de besoins réduits d'infrastructures (une mission suborbitale pourrait être entièrement menée depuis une base aérienne), ou encore d'emport -et de retour intact- de charges utiles. 
Concernant les missions justement, AndroMach communique sur le fait que le premier véhicule suborbital pourrait trouver des usages dans le domaine des recherches en microgravité, un domaine également visé par la luxembourgeoise Space Cargo Unlimited. Quelques minutes à 200 km d'altitude et l'opportunité de développements pour le secteur pharmaceutique, biologique, ou même informatique. 

A échéance plus lointaine, sur orbite basse, et pour des missions de plusieurs jours ou mois cette fois, s'ouvrent les marchés de l'intervention sur des satellites, vaisseaux spatiaux, ou débris (maintenance, réparation, désorbitation…). Ceci dit, est ce vraiment un marché porteur ? 

Et il y a, bien entendu, la défense qui faute d'un grand programme national de drone spatial, pourrait trouver dans les projets de cette start-up une solution souveraine estampillée "new space". Ce domaine est explicitement évoqué par les fondateurs d'AndroMach.

Mais pour en arriver là, de nombreux défis techniques, qui touchent à la structure de l'aéronef comme à sa propulsion, seront à surmonter, le drone devant évoluer dans des milieux (la haute atmosphère et l'espace) où les contraintes sont intenses. Le design exposé à ce jour présente en tout cas des aspects très intéressants, tout comme la démarche itérative. 

Les centres d'essais, la pièce maîtresse du territoire Bordelais 

A ce stade, il s'agit là d'un nouveau joli coup pour l'agglomération (avec encore le travail remarquable de Bordeaux Technowest et de l'agence Invest in Bordeaux) qui attire un projet que l'on pourrait qualifier "de rupture". Après Hynaéro (projet de "Canadair" français), The Exploration CompanyHyprSpace ou encore Dark… ce ne sont pas les ambitions qui manquent.

Ce qui a convaincu AndroMach ? La proximité des sites disponibles pour mener des essais de propulsion: « Pour les essais opérationnels, propulsion et essais en vol, toutes les infrastructures sont disponibles sur le territoire », peut-on lire dans La Tribune. Outre la proximité, pratique, de l'océan, il faut dire en effet que l'ouest bordelais dispose d'un sacré héritage en matière de structures dédiées à la pyrotechnie.

Cet argument, on le retrouve d'ailleurs partout chez les pépites du spatial ces derniers mois sur le territoire. Récemment, c'est d'ailleurs The Exploration Company qui a montré son nouveau banc d'essai de Mérignac (images ci-dessous), mis en place durant l'été sur un ancien site à Mérignac. Déjà impressionnant de maîtrise, et destiné à grossir dès l'an prochain.
 


mercredi 9 octobre 2024

Rafale F5, drone de combat furtif, SAMP-T NG... un mardi qui fera date

Plusieurs annonces importantes sont tombées ce mardi 8 octobre, et elles concernent en particulier l'armée de l'Air et de l'Espace, et ses systèmes futurs. Hasard du calendrier, les technologies en question sont toutes au cœur de l'actualité stratégique brulante. 


Sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier pour les 60 ans des Forces aériennes stratégiques (c'est en effet le 8 octobre 1964 qu'un Mirage IV décollait pour la première alerte des forces aériennes stratégiques depuis la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan), le -toujours- ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé une "évolution majeure pour la dissuasion nucléaire aéroportée française".

Cette évolution, c'est le nouveau standard du Rafale, le F5, qui emportera le futur missile nucléaire ASN4G. Et si l'annonce n'arrive que ce 8 octobre, cela fait en réalité "plusieurs mois" que Dassault Aviation s'est vu confier le premier contrat de développement par la DGA. Le Rafale F5 est attendu dans une dizaine d'années. 

Cette annonce ne vient pas seule, puisque le ministre a également confirmé le lancement du programme de drone de combat furtif, "qui sera opéré directement depuis le cockpit du Rafale". Ce drone constituera l'héritage du programme de démonstrateur nEUROn, mais l'appareil qui en résultera devrait être largement différent. Ce drone est attendu pour 2035, si l'on se réfère aux propos tenus lors du salon du Bourget en 2023.  

C'est probablement un pur hasard du calendrier, ce partenariat Rafale-Drone étant imaginé de longue date, mais ce programme 100% français débute officiellement alors que la Russie a perdu en Ukraine le 5 octobre l'un de ses rares drones de combat furtif Soukhoï S-70 Okhotnik-B. Le drone a visiblement été abattu à courte portée -via l'usage d'un missile IR- par l'appareil qui l'accompagnait (un SU-57 ?) car il était devenu hors de contrôle et se dirigeait de l'autre côté de la ligne de front. Trop tard puisque ses restes ont néanmoins été récupérés en zone ukrainienne... 


Premier tir réussi pour l'Aster 30 B1 à Biscarrosse 

Avant de se rendre à Saint-Dizier, le ministre était présent sur une autre implantation mardi matin, le Centre d'essais militaires des Landes (DGA essais de missiles).

Il y assistait en effet au premier tir du système franco-italien de nouvelle génération, le SAMPT-NG avec son missile Aster 30 B1 "Nouvelle technologie" (NT). La grande particularité de l'évolution du "Mamba" sera sa capacité à pouvoir intercepter les missiles hypersoniques. Une question devenue essentielle dans le contexte stratégique actuel, alors qu'Israël vient de subir deux attaques balistiques massives venues d'Iran, et que la défense sol-air ukrainienne est mise à l'épreuve quotidiennement depuis février 2022. 

Et c'est en tout début de soirée que l'on a appris (via le communiqué et la vidéo ci-dessous) que l'essai avait été mené avec succès. A ce stade, aucune information sur la cible qui a été utilisée, mais pour un premier tir, il s'agissait probablement d'un drone-cible standard. Loin de la gamme hypersonique donc… 

 

Un dernier mot sur une autre mission de la DGA, confirmée par le ministre ce mardi. Il s'agit de la modification à Cazaux chez DGA Essais en vol des Mirage 2000-5F que la France va céder à l'Ukraine au premier semestre 2025. Ils y seront équipés d'armements air-sol et d'une suite de guerre électronique renforcée. 


lundi 30 septembre 2024

Asman Technology présente sa solution de services ISR sur P.68 Observer


La PME charentaise Asman Technology, spécialisée dans les services de renseignement aérien, a présenté lors du salon AD2S sa solution de mission sur avion italien Vulcanair P.68.

Ci-dessus: le P.68 d'Asman Aero Services à Mérignac, le 25 septembre - photo Pax Aquitania
  

Parce qu'il n'y pas que les drones dans la vie… et qu'opérer un petit avion civil demandera généralement moins de ressources en matériel (sans parler du coût d'un drone tactique) et surtout en hommes, la discrète PME Asman Technology, basée près de Jonzac en Charente-Maritime depuis huit ans, entretient une flotte mixte dont elle loue les services pour des missions de surveillance ou renseignement.   

Présente la semaine dernière sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mériganc pour le salon AD2S, dédié aux "activités technico-opérationnelles" dans l'aéronautique de défense, l'entreprise en a profité pour présenter le tout nouvel appareil qui a rejoint ses opérations en septembre, un bimoteur six places P.68 "Observer" de la marque italienne Vulcanair (autrefois Partenavia). 

Visible sur les photos, un panel d'équipements ISR, dont une boule optronique, a été intégré sur l'avion, qui dispose encore d'emports disponibles sous les ailes. Il permet notamment la retransmission vidéo en direct vers le sol. 


Il complète une flotte constituée de drones et d'un ULM. Ces appareils sont tous consacrés aux capacités fournies par la section services d'Asman, "pour des missions stratégiques comme l'ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance), les expérimentations de nouvelles technologies embarquées, et les opérations de travail aérien".

Asman Technology dispose d'une base sur l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry, une pépinière d'entreprises située sur l'aérodrome Jonzac-Neulles.