L'édition 2025 du Salon international de l'aéronautique et de l'espace, mieux connu sous le nom de Salon du Bourget (le 55ème), aura été marquée par une curieuse sensation. Celle d'être devenu un salon de défense.
Images - Thomas Schumacher / @paxaquitania, MINARM, industriels.
Le pesant parfum de la poudre flottait -ou plutôt soufflait vu la puissance nécessaire pour climatiser cette chaude semaine- dans les larges allées du Salon du Bourget 2025. Etonnant ? Oui en fait, car même en 2023, lors de l'édition qui suivait le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine un an plus tôt, et bien que les sujets défense soient dans toutes les discussions à l'époque déjà, nous n'avions d'une part, pas le même niveau de maturation des systèmes, et d'autre part, pas ce constat d'isolement stratégique de l'Europe résultant de l'élection de Donald Trump.
Certains parmi les 300 000 visiteurs (record absolu) l'auront d'ailleurs amèrement regretté ce climat, y compris chez les professionnels, et en particulier dans le Paris Space Hub, espace géant exclusivement dédié au spatial, mais c'est tout simplement le signe des temps (ajoutons l'ambiance délétère qui régnait autour de la présence d'armes "offensives" [sic] sur les stands israéliens).
Cette année, les projets (je n'ai pas dit programmes, mais on sent tout de même de la maturité) se présentent également de façon différente, avec une propension à l'auto-financement qui, de façon limitée attention (d'autant plus que ce n'est pas possible pour tout le monde), semble inaugurer un retour à la prise d'initiatives, et donc de risques. Ou au coup politique, on peut le voir comme ça.
Problème, même en ces temps de crises et de promesses de budget géant pour la défense, l'Etat reste avare… et se contente souvent d'observer avec une prétendue bienveillance. Il faudra bien enclencher un jour attention, sous peine de casser la machine à innover, et de voir certaines idées partir à l'étranger. Cela serait bien dommage à l'heure où le catalogue à notre disposition se remplit considérablement, et de façon parfois étonnante. Il y avait en effet sur cette édition du Bourget des propositions dont les forces françaises n'auraient pas imaginé rêver il y a quelques années à peine.
Un tour en quelques grands points 👇
Dassault Aviation maître en sa demeure (sauf pour le futur AWACS)
Pour ce Bourget 2025, l'avionneur de Saint-Cloud, qui à en constater la longue file d'attente pour monter à bord des Rafale ou Falcon, reste sans conteste la star du salon, et a choisi ses priorités. Ces dernières sont énumérés dans les sorties presse du PDG Eric Trappier, et se ressentent sur les exhibitions. Pour le court terme donc, c'est le Rafale F5 (2030+). Pour le moyen terme, le drone UCAS (héritier du Neuron en 2035), et pour le long terme un appareil de combat de sixième générationun avion spatial : VORTEX !
Dassault Aviation est enfin sorti du bois sur ce sujet. L'avion spatial habité, ici en héritage direct de feu la navette européenne Hermes, c'est le grand -et prestigieux- rêve du groupe à horizon 2050, mais l'Etat (CNES, DGA, armée de l'Air), qui manque de moyens, ne semble pas totalement convaincu par cet appareil à tout faire qu'il juge très complexe, bien qu'injectant symboliquement 30 millions d'euros dans les études de développement. Dassault devrait donc aussi aller chercher du soutien du côté de l'Agence spatiale européenne, et tenter de fonctionner par étapes (la fameuse méthode itérative du new space ?!?), avec à court terme plusieurs démonstrateurs de taille réduite, puis un drone. Nous aurons l'occasion d'en reparler, car quoiqu'on en pense, le dossier est relancé !
L'Etat apporte un soutien au projet Vortex de Dassault Aviation - Photo MINARM
Concernant le Rafale, nous avons déjà un peu tout dit sur le standard F5, mais le motoriste Safran confirme s'engager dans la remotorisation de l'avion avec le M88 T-REX (9 tonnes de poussée), et Thales prépare un pod de guerre électronique. Les réservoir conformes de 1 200 litres qui donnent un look différent au Rafale étaient visibles, non pas chez Dassault Aviation, mais sur le stand du ministère des Armées, ce qui est une nuance importante. Il n'est pas dit, que pour des questions de maintenance, cette idée n'aille beaucoup plus loin que le bricolage pour la photo.
Le Rafale avec réservoirs conformes sur le stand MINARM, et la bombe AASM XLR - Photo TS.
Mais le standard F5, c'est aussi un drone de combat partenaire de mission, l'UCAS, qui selon la maquette 1:1 dévoilée est une évolution parfaite du démonstrateur Neuron. Un Neuron "durci", "lourd", si l'on veut. Ce drone furtif fera approximativement la taille d'un Mirage 2000, et sera doté d'un seul moteur, le M88 du Rafale, ainsi que du train d'atterrissage de ce dernier. Il pourra être navalisé, mais seulement à bord du porte-avions de nouvelle génération, qui disposera de catapultes électromagnétiques.
Pour la France qui manque clairement de capacités furtives, ce programme apparaît comme structurant pour nos forces aériennes et leur capacité d'entrée en premier, notamment après les démonstrations réalisées en Iran par Israël, puis par les USA.
UCAS : unmanned combat air system - photo TS
Un mot également sur le futur des AWACS de l'armée de l'Air et de l'Espace. Comme pressenti, cela se fera bien avec le système Global Eye de Saab (sur avion porteur Bombardier), la déclaration d'intention est signée depuis le 18 juin pour quatre appareils, dont deux fermes. Probablement davantage au cours de la LPM suivante.
Je plaidais ici même il y a deux ans pour une intégration de la solution Saab sur le Falcon 10X, et il semble bien que Dassault ait eu son mot à dire avant le choix définitif de la DGA. Cette dernière n'a toutefois pas été convaincue par la proposition, car les E3 Sentry de l'armée de l'Air épuisent leur potentiel à vu d'œil. Bref, il ne fallait pas tergiverser, et l'industrie française a tergiversé. Il en ressort un beau geste de la France envers l'Europe, et pour la Suède, qui fournit en capacité d'alerte avancée une puissance nucléaire, c'est un coup absolument magnifique.
Communication politique, en France puis la réponse suédoise.
L'espace en force, et la force dans l'espace
Au delà du Vortex de Dassault, l'espace était assurément l'un des grands points du Bourget 2025, avec pour la première fois, l'imposant Space Hub, mais pas seulement puisque l'armée de l'Air et de l'Espace avait aussi son showroom dédié. Le Space Hub réunissait bien sûr le CNES et l'ESA (pour son cinquantième anniversaire), ains que les start-up qui y bénéficiaient d'une visibilité accrue. Un lieu où tout ce que le spatial européen a de personnalités est venu faire un coucou. Sauf l'astronaute française Sophie Adenot, en formation à Houston, qui assisté en visio à la révélation du nom et du logo de sa mission de 2026 ("Epsilon"), lors de la venue d'Emmanuel Macron le vendredi 20 juin, visite durant laquelle le Président de la République a tenu, au sein du Space Hub, son seul discours officiel du salon, entièrement consacré au spatial donc, et à la teneur très stratégique. S'il faudra finalement attendre octobre pour avoir la nouvelle stratégie spatiale nationale (résolument orientée vers une convergence avec les alliés que sont l'Allemagne, l'Italie, l'Inde, les Emirats, et le Royaume-Uni), le sujet central sera resté celui du spatial comme "jauge de puissance". Une formule présidentielle qui restera.
Au Paris Space Hub, derrière les Agences, on pouvait trouver le stand très central d'ArianeGroup, où en plus du produit emblématique Ariane 6, l'industriel ne se gênait pas pour promouvoir sa filiale MaïaSpace bien sûr, mais aussi de façon beaucoup plus surprenante, son futur missile balistique conventionnel MBT, sa fusée sonde Sylex capable d'emporter le planeur hypersonique V-MAX, ainsi que… le missile stratégique M-51. On ne se cache plus donc.
Mais les start-up de micro-lanceurs (qui comptent bientôt quasiment 100 employés chacune) n'étaient pas en reste, la bordelaise Hyprspace présentant même une maquette de son lanceur suborbital OB-1 adaptée à la flexibilité des missions de défense. Mais nous en reparlerons.
A deux pas, Eutelsat pouvait se targuer d'avoir été complètement rattrapé dans sa chute financière par l'Etat français, qui monte à 30% au capital afin de sanctuariser la constellation de connectivité One Web, que Paris considère comme la seule alternative souveraine au Starlink d'Elon Musk. Eutelsat se voit d'ailleurs offrir 10 ans de contrat militaire avec les forces françaises.
A noter également que le Commandement de l'Espace lançait au Bourget le 19 juin le "cercle de confiance Espace", cadre de discussion privilégié avec les entreprises du secteur, avec l'idée que l'offre et la demande se rencontrent plus directement, pour ne plus perdre de temps.
Emmanuel Macron a enfin annoncé que la France organiserait début 2026 son premier "Space Summit", afin de mobiliser, dans son sens on le devine, les partenaires internationaux.
Le salon de l'aéronautique aérobalistique
Présenter une munition a pour avantage que l'on peut se déplacer indifféremment tous les ans à un grand salon français: le Bourget ou Eurosatory (le salon de l'armement terrestre). Et les munitions ne manquaient pas cette année, à commencer par la Hammer 250 XLR de Safran (photo plus haut), une AASM turbopropulsée par microréacteur Roxel, ce qui permettra à la célèbre bombe de précision française de porter jusqu'à 150 km en 2028 quand elle sera tirée depuis un Rafale, contre 50 à 70 aujourd'hui avec son booster à poudre.
Très médiatisée, mais difficilement accessible sur stand, la fameuse munition de saturation One Way Effector (OWE) de MBDA, était présentée comme le Shahed français, ce drone iranien désormais utilisé par les Russes et qui terrorise la population ukrainienne.
OWE, développée avec un droniste, devra être produite en masse (1 000 exemplaires par mois, grâce à l'industrie automobile ?), n'être pas trop chère, et agir en essaim pour découvrir, saturer, et si possible traiter les capacités de défense aérienne adverses jusqu'à 500 km de distance grâce à une charge explosive de 40 kg. Tout cela sans être brouillée grâce au savoir faire de MBDA dans la navigation et le ciblage dynamique.
Sur le même segment ou presque des munitions téléopérées, Eos Technologie (qu'on a autrefois connu chez nous à Mérignac) montrait sa gamme à microréacteur Veloce, qui est désormais intégrée au catalogue de KNDS. La Veloce 330 va entrer en phase de test au sein des forces françaises, tandis qu'Eos travaille sur "Rodeur" pour plus de portée (500 km) et d'autonomie (8h).
MBDA dévoilait aussi une maquette de lanceur à 4 silos pour la version terrestre de son missile de croisière naval, le MDCN devenu MDCT. On parle ici de longue portée pour ce missile de 2 tonnes capable de parcourir 1 000 km en subsonique. Campagne de tir prévue à Biscarrosse chez DGA EM d'ici 2 ans et demi.
Et puisque l'on parle de lanceur, Turgis & Gaillard , qui avait fait sensation avec le drone Aarok en 2023, est de retour pour combler les trous de la raquette française avec un véhicule lanceur de roquettes, dont le démonstrateur a une fois de plus été financé sur fonds propres, sur la base d'un châssis 6x6 Renault Trucks. Le système se veut rustique, aérotransportable, et surtout agnostique de missiles. Un rapport parlementaire récent préconise l'achat de 48 lanceurs.
Le lanceur Foudre de Turgis & Gaillard - Photo TS.
Je le mentionnais avec ArianeGroup, c'est le retour potentiel des capacités balistiques conventionnelles. Ariane se différencie là de l'offre MBDA, que l'on parle de missiles de croisière ou drones comme le OWE. Chez Ariane, on mise en effet avec MBT (missile balistique tactique) sur l'extra atmosphérique comme facteur différentiant, afin de ne pas être interceptée. Cela vient donc compléter l'offre des munitions endoatmosphériques de très longue portée… où Ariane développe son démonstrateur stratosphérique V-MAX, qui lui aussi est théoriquement impossible à abattre en raison de sa vitesse et de sa manœuvrabilité. Complémentaire, ou alternatif ? Cela dépendra du portefeuille, forcément conséquent, que l'Etat décidera d'allouer à ces capacités de frappe dans la profondeur.
Pour conclure, l'on notera quelques éléments, en retrait, voire carrément absents :
le SCAF bien sûr, avec une maquette de NGF -déjà vieille de 6 ans- placée en retrait, chose remarquée avec un certain étonnement par les Européens présents (je vous le traduis : cela veut dire "pas en bien"). Dassault Aviation et son PDG Eric Trappier veulent imposer une pression monstre à Airbus Defence & Space au moment de négocier la phase de développement d'un démonstrateur de futur avion de combat dont la date du premier vol semble une nouvelle fois avoir glissé (2030 aujourd'hui). Un pari osé, très critiqué par les observateurs, mais qui je l'imagine, pourrait s'avérer payant si Airbus se retrouve poussé dans les cordes. D'autant plus qu'en Allemagne, le géant Rheinmettal multiplie les coups de couteau dans le dos, enchainant les accords de production sous licence avec les Américains de Lockheed Martin (fuselage F-35 entre autres) et Anduril (drone de combat Fury). Airbus serait désormais en quête d'alliances.
Combat collaboratif. Et le NGF, en retrait… symboliquement - Photo Thomas Schumacher
Les commandes !?! Où sont les commandes ??? Chez Embraer ! Plus sérieusement, on pouvait espérer a minima 20 Rafale Air et 10 Marine pour les forces françaises, comme cela avait été suggéré dans la presse ce printemps. Et l'accord avec la Suède et Saab pour le Global Eye n'est pas encore au stade de la commande ferme (cela viendra dans les prochains mois). Sur les drones et munitions terrestres, il s'agira aussi de vraiment accélérer, afin que l'armée de Terre s'exerce.
Concernant les retards, comme je le disais plus haut, la publication de la stratégie spatiale nationale est décalée, ce sera pour octobre à Toulouse lors de l'inauguration des nouvelles installations du Commandement de l'Espace. Et si la stratégie pour la THA (très haute altitude) a bien été présentée par le ministre Sébastien Lecornu, le fameux tir sur ballon atmosphérique qui devait se dérouler en ce mois de juin n'avait toujours pas été réalisé au moment du salon. [MISE A JOUR : succès de plusieurs tirs sur ballons en THA annoncé ce lundi 23 juin !]
Eté toujours, où l'on attend le premier vol du drone Aarok de Turgis & Gaillard. Cela s'est joué à peu pour une annonce au Bourget, mais la météo en a décidé autrement à la date prévue début juin. Une question de semaines désormais, le temps de tout remettre en place. Là encore, j'attends plus d'engagement de la part de l'Etat, T&G ne pourra pas tout faire sur fonds propres. Mais le Aarok continue bien de surfer sur la hype générée en 2023, pendant que l'Eurodrone (Airbus) et le Patroller (Safran) se montraient bien timides une fois de plus. A juste titre…
Les "territoires" : difficile en effet d'exister pour la province quand les questions qui dominent concernent la géopolitique, et donc Paris, ses centres de décisions et ses sièges sociaux. On notera d'ailleurs que les start-up ou PME qui font le plus parler sont celles qui ont été prises sous l'aile du ministère des Armées ou d'un grand groupe. Difficile également sans argent public disponible au niveau régional. Difficile enfin quand on a subi la désindustrialisation, et que ce sont des capacités de production dont on a désormais besoin (par exemple : on ne parle pas cette année de faire financer et construire des usines, mais plutôt d'utiliser celles des géants de l'automobile). A oui au fait… l'Aquitaine et Bordeaux-Mérignac ont perdu Hynaero et son projet de bombardier d'eau Fregate F-100, qui filent à Istres. Mais comme dirait l'autre: "Ce n'est pas grave on va faire des dirigeables !". Heureusement il y a Eurenco, qui signe des accords structurants avec Saab en Suède, et FN Herstal en Belgique.
L'envie d'ajouter tout le secteur civil, où le choses vont bien, très bien même, mais clairement pas sous le feu des projecteurs médiatiquement parlant, surtout quand on connait la chute vertigineuse d'attention (ou pire, d'intérêt ?) que connaissent les problématiques de RSE, en premier lieu la décarbonation. Mais dans ce dernier domaine, les choses vont tout de même bon train, en particulier chez Safran. Quant aux taxis volants, il y en a peut-être deux fois moins qu'en 2023.
Les absents: les Falcon de mission dont on parle vraiment trop peu (ce qui a laissé la place au Global Eye, sur Bombardier G6000). Pas de Mirage non plus, mais les verra-t-on encore ? Tout comme les appareils d'ancienne génération comme l'ATL-2 ? Plus étonnant, l'A330 MRTT n'était pas là non plus. Quand à l'actualité hélicoptère, elle était surtout contemplative avec les vols quotidiens du magnifique démonstrateur Racer d'Airbus, que l'on voit tout de même mal trouver un marché…
Le -magnifique- Racer d'Airbus Helicopters - Photo TS
Un bref message pour mentionner l'élection d'une nouvelle Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées à l'Assemblée Nationale. C'est un spécialiste du genre, Jean-Michel Jacques (Ensemble), fort de ses 23 ans dans les commandos marine, qui en prend la présidence pour cette législature issue des Législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet 2024.
Et ce message aussi et surtout, pour répondre à un vieil article du blog datant de… plus de sept ans déjà ! Message pour regretter à l'époque que le 6ème circonscription de la Gironde, l'une, si ce n'est la circonscription la plus "défense" du pays (1 base aérienne à Mérignac, 1 base des forces spéciales, 2 salons de défense, un poumon industriel de la BITD avec Dassault Aviation, Ariane, Thalès, Sabéna.. et la multitude de PME, une activité académique, etc.), ne soit plus représentée en Commission Défense, le vainqueur de l'époque, Eric Pouillat, transfuge du PS vers LREM (nom du parti dominant la majorité présidentielle en 2017), s'étant en effet ouvertement inscrit en rupture de la "tradition" locale, pour des raisons assumées et expliquées dans l'article que je vous place en lien (disponible ici).
Or, les cartes ont été rebattues avec la dissolution, et Marie Récalde (PS/NFP) a fait son retour sur les bancs de l'Assemblée, avec sa victoire du 7 juillet (élue avec 39,78% des voix, contre 32,58 pour Eric Pouillat, et 27,64 pour le RN Jimmy Bourlieux). La Députée s'était faite remarquée entre 2012 et 2017 pour l'intensité de son activité auprès des forces -avec quelques sauts en parachute avec les unités du "13"- et en particulier, avec un rapport parlementaire sur le MCO aéronautique qui allait précéder une grande réforme en la matière dans les armées.
Au soir de sa victoire, Marie Récalde avait glissé aux journalistes de Sud Ouest qu'elle ferait, si possible, son retour en Commission Défense. C'est désormais chose faite.
Pour revenir au général, et concernant les travaux de ladite commission, il s'agira avant tout de tenir la ligne budgétaire de la Loi de Programmation Militaire 2024-2030 votée l'année dernière… Et pour le reste, le blocage politique en France laisse penser que peu de décisions stratégiques seront actées d'ici 2027 et la nouvelle Election Présidentielle.
Ci-dessous la composition de la nouvelle Commission Défense à l'Assemblée. Il y a quand même quelques "noms"... mais ce ne sont généralement pas eux que l'on voit le plus lors des auditions. A voir désormais combien de temps survit cette législature. Ce sera au pire un an. Au mieux 3 ans.
Le 1er Régiment d'infanterie de marine a reçu jeudi 20 juin à Angoulême le premier de ses nouveaux engins blindés: le Jaguar. Ce 6x6 ultramoderne doté d'un canon de 40mm et de missiles antichars remplacera chez les "marsouins" les vénérables AMX-10RC.
Images: 1er RIMa / armée de Terre
Des traditions vieilles de plusieurs siècles, sur plusieurs continents… et l'ouverture vers l'avenir. Basé à Angoulême depuis les années 1980, le plus vieux régiment des Troupes de Marine, le 1er RiMa, est une des unités phares de la projection des armées françaises. Il est l'un des deux régiments blindés de la 9ème Brigade d'Infanterie de Marine (Poitiers) et a été de toutes les OPEX. Sa vocation opérationnelle est tournée vers la projection d’urgence et l’engagement outre-mer.
Le 1er RIMA dispose d'un parc de 18 "chars légers" AMX-10RCR, ainsi que 55* blindés dont les nouveaux Griffon (arrivés depuis le 15 mars pour remplacer les VAB) et surtout les 4x4 VBL spécialisés dans la reconnaissance (eux ne seront remplacés qu'à partir de 2030, avec le programme VBAE).
L'arrivée de l'ERBC (Engin blindé de reconnaissance et de combat) Jaguar devrait permettre progressivement de retirer les AMX et de probablement les céder à l'Ukraine. Ce puissant 6x6 dispose d'un canon à tir rapide 40 CTC de calibre 40 mm (jusqu'à 200 coups par minute), de quatre missiles MMP Akeron, et d'une mitrailleuse téléopéré de 7.62 mm. Le véhicule est parfaitement intégré dans la bulle numérique Scorpion et son équipage est de trois membres.
La France a commandé 300 Jaguar à Nexter et Arquus. 60 avait été livrés fin 2023. 120 l'auront été en 2025, dont 33 en 2024. Le Jaguar équipe également le Régiment d'infanterie chars de marine (RICM) de Poitiers.
Aboutissement ou presque d'un long dossier, la DGA a commandé, dans le cadre de la Loi de programmation militaire 2019-25, huit hélicoptères NH90 auprès du consortium NH Industries. Les appareils sont destinés au 4ème Régiment d'hélicoptères des forces spéciales.
Ci-dessus: le NH90 au standard 2 "FS", vue d'artiste. NH Industries.
Après le Rafale, c'est une autre commande qui a été passée in extremis par l'Etat dans les derniers jours de 2023. Elle concerne les fameux nouveaux hélicoptères des forces spéciales, des NH90 au "standard 2". Pour rappel, il y déjà eu un épisode sur ce dossier en 2020, à savoir l'amendement d'un marché concernant 74 NH90 pour l'aviation légère de l'armée de Terre, qui devait voir 10 d'entre eux faire l'objet d'une transformation au standard 2. Les choses ont évolué depuis, puisqu'il est maintenant question de 18 appareils réservés aux forces spéciales. Huit de plus, donc.
Pour consulter la liste des évolutions et équipements retenus (suite optronique, armement, aérocordage, bidons…), un petit tour chez FOB.
Conséquence directe, l'arrivée du NH90 au 4ème RHFS à partir de l'année prochaine permettra in fine de transférer les 8 Caracal "Terre" aux forces spéciales "Air", en l'occurrence à l'escadron "Pyrénées" de Cazaux, qui concentrera la quasi totalité de la flotte de Caracal.
A noter que le commandement des forces spéciales Terre change de nom, pour adopter celui de "Commandement des actions spéciales", formule plus adaptée à la guerre hybride et autres formes de conflictualités. Dans l'ère du temps…
Après
sa promulgation le 14 juillet dernier, la Loi de programmation militaire 2024-2030, inédite dans son ampleur, va
connaitre une mise en application dès l'an prochain. Dans le cadre du projet
de Loi de finances actuellement débattue à Paris, nous en connaissons
désormais les détails.
Ci-dessus: Un Rafale sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan - Armée de
l'Air et de l'Espace.
En 2024 donc, le budget du ministère des Armées s'établira à 47,2 milliards
d'euros, soit une augmentation de 7,5%. Il s'agit de la première marche d'une
montée en puissance qui s'étalonnera jusqu'en 2030. Des chiffres qui
choqueront les anciens lecteurs de ce blog (créé en 2013, période de vaches
maigres historique). Plus qu'une révolution de temps de guerre, l'enjeu, c'est
bien entendu de pouvoir renforcer la cohérence du modèle d'armée français -
que l'on soit d'accord avec cette doctrine ou non- en soignant son ossature.
Pour le muscle, il faudra patienter.
Voici donc un billet de blog très "liste au père Noël", puisque nous nous
contenterons surtout ce soir de regarder en détails les livraisons prévues pour
2024, qui représentent 13,6 milliards d'euros sur un budget équipements de 28
milliards tout de même.
Fait marquant, le Rafale revient en force dans l'armée de l'Air après des
années de disette (les livraisons pour la France n'ont repris qu'en 2023,
"faute" à l'export): 13 appareils atterriront non loin de leur site
d'assemblage de Mérignac puisqu'ils prendront ainsi la route de Mont-de-Marsan
et sa base aérienne 118, si j'en crois la documentation du ministère des
Armées.
Ces appareils viendront en partie combler le prélèvement effectué suite aux
commandes grecques (12 Rafale d'occasion sur une commande 24 avions) et croates (6
transférés cette année, 6 l'an prochain). Nous sommes donc toujours dans le
creux de la vague.
L'armée de l'Air et de l'Espace recevra également deux nouveaux A400M, 10
Mirage 2000D rénovés (à Nancy), 1 hélicoptère Caracal pour la Guyane, ainsi
qu'une dizaine de pods de désignation Talios pour ses Rafale. N'oublions pas
le satellite d'observation CSO 3, qui nécessitera cependant la mise en service
du très attendu lanceur Ariane 6.
La Marine vivra elle une année marquante car outre la livraison de plusieurs
(4?) avions de patrouille maritime Atlantique 2 rétrofités, elle admettra au service un
nouveau sous-marin nucléaire d'attaque Barracuda (à Toulon), la première frégate
de défense et d'intervention (à Brest), et des patrouilleurs pour l'Outre-mer
qui prendront la direction de La Réunion et Tahiti.
Du coté de l'armée de Terre, ce sont, entre autres, 138 Griffon (+8 Griffons
MEPAC avec mortier), 33 Jaguar, 12 Caesar, 103 Serval, 103 ambulances, 21 chars Leclerc XLR (modernisation), 2 hélicoptères NH90, ou encore 10 Tigre
passés au standard HAD qui rejoindront les forces.
Concernant toujours les livraisons, le sujet absolument majeur des munitions
se verra attribuer 1,5 milliard d'euros: sur la liste, des torpilles lourdes
ARTEMIS, des missiles (mer) EXOCET, des missiles (sol-sol) MMP, des missiles
(air-air) MICA remotorisés… ainsi bien sûr que des munitions de petits
calibres.
Enfin, les forces spéciales sont choyées avec 170 millions et l'arrivée,
enfin, de véhicules terrestres trop longtemps attendus, que nous verrons dans les régiments du sud-ouest:
Innovation, maintenance et ressources humaines
Pour le reste de l'enveloppe (d'ailleurs, là comme partout, il faut faire avec
l'inflation), la modernisation de la composante de dissuasion nucléaire
prélève son tribut, en hausse de 750 millions. Loin d'être négligeable dans
l'addition finale.
Le renseignement obtient 500 millions, très largement à l'avantage de la DGSE,
tandis que le budget dédié à l'innovation continue doucement de grimper,
atteignant désormais 1,2 milliard d'euros, comprenant les travaux sur le SCAF (300M),
le MGCS (22M), les drones & les robots (400M cumulés)…
Le volet "Espace" obtient lui 600 millions d'euros.
Bien sûr, il y a le MCO, la maintenance: 5,7 milliards, soit une hausse de 15%
! Gros point noir : les chiffres de la disponibilité des matériels sont désormais classifiés, au prétexte que nos "compétiteurs" ne doivent pas pouvoir quantifier nos faiblesses… Il faudra donc croire l'institution sur parole désormais.
Coté RH, l'effort est portée sur la fidélisation (sujet de plus en plus
complexe) alors que semble se terminer l'ère des OPEX africaines*… jusqu'à
preuve du contraire. Il s'agira de recruter 28 300 personnels (23 000
militaires et 5 000 civils). Des augmentations salariales sont prévues.
*et mécaniquement, le budget opex s'effondre, passant de 1,2 milliard à 800
millions d'euros.
La Loi de programmation militaire pour la période 2024-30, en débat depuis environ 2 mois au sein des deux assemblées, est votée cette semaine. Le Président de la République la promulguera dans la foulée, pour le 14 juillet. Le parcours parlementaire aura été quasiment sans embuche, et une fois n'est pas coutume, parsemé de débats souvent très intéressants. La France affronte ainsi avec une certaine assurance (assurance à 413 milliards d'euros) la décennie 2020, tout en préparant la suivante.
Ci-dessus: à l'Assemblée Nationale, ça passe largement ce 12 juillet. Le Sénat vote le 13.
Au cœur d'une semaine tout à fait stratégique, qui voit notamment se dérouler un Sommet de l'OTAN historique à Vilnius, ainsi qu'un 14 Juillet où l'Inde, invitée d'honneur, doit annoncer la commande de 26 Rafale M et 3 sous-marins Scorpène, voilà que la structurante Loi de programmation militaire pour la période de 2024-30 va être adoptée parfaitement dans les temps, comme l'espérait l'exécutif.
D'un montant de 413 milliards d'euros (en fait 400, plus des ressources exceptionnelles à dégager), un record, elle place la France dans la tendance globale qui anime le continent - et le monde. A noter que cet effort avait été initié par la France dès 2017, nous partions alors de très loin, très bas. A noter également que si ce chiffre de 400 milliards est impressionnant sur le papier, la somme s'étale sur une période assez longue de six ans. De quoi relativiser donc.
Nous ne reviendrons pas trop longuement aujourd'hui sur le contenu, et les listes (!), mais rappellerons simplement que le ministère semble avoir travaillé sa copie afin de combler des trous dans la raquette bien identifiés (la défense anti aérienne, l'artillerie longue portée, les drones..), tout en choyant quelques domaines qui ne sont pas les plus visibles, que l'on parle du spatial ou du champ immatériel avec le cyber.
Aussi, il y a les choses, très importantes, dont on parle peu, et qui ponctionnent les budgets de façon conséquente. Il y a l'inflation bien sûr, mais aussi la rénovation d'une multitude d'infrastructures, la hausse des pensions, la maintenance, l'attention primordiale qui doit être apportée à la réserve opérationnelle…
Les partisans de la "masse" -cause perdue ?- feront la mou certes, mais l'analyse en profondeur de la LPM et de ses objectifs montre une volonté claire de renforcer le squelette plutôt que le muscle. Autrement dit, on ne change pas de modèle, malgré la guerre en Ukraine, mais au contraire, on le soigne.
On prépare également l'avenir avec les études sur le porte-avions de nouvelle génération (1 exemplaire acté, un second à l'étude), le Rafale F5 et sa collaboration avec un héritier du drone furtif nEUROn, et autres programmes plus ou moins connus qui progressent (SCAF, MGCS, EPC…).
Du côté du format des armées, il n'y aura donc pas de rupture. Si la haute intensité reste le mantra du moment, la projection demeure la clé de voute, avec au sommet de la pyramide doctrinale, une dissuasion modernisée à grand frais.
Les livraisons vont elles s'étaler au delà de 2030, ce que ne se cache pas de regretter l'industrie de l'armement terrestre, peut-être la plus lésée ici. Dans l'aéronautique en revanche, qui en doutait ? Heureusement les commandes exports viennent combler les trous (oui pour le Rafale, moins certain pour les hélicoptères).
Les Sénateurs -de droite- ont bien tenté, en vain, d'ajouter des équipements à la liste, de compresser les calendriers de livraisons, mais la commission mixte paritaire du 10 juillet réunissant Députés et Sénateurs a finalement donné lieu, après plusieurs jours d'intenses négociations, à un accord qui fait essentiellement la part belle au lissage budgétaire dans l'exécution de la LPM. Le budget du ministère des Armées (43,9 milliards € en 2023) augmentera finalement à hauteur de 3,3 milliards d'euros par an en 2024 et en 2025, de 3,2 milliards en 2026 et en 2027, puis de 3,5 milliards par an entre 2028 et 2030. Il était en effet reproché au gouvernement actuel de reporter le plus gros de l'effort après 2027.
Plusieurs questions, comme celle, épineuse, d'un fonds d'investissement pour la défense, restent en suspens et reviendront sur le devant de la scène à court ou moyen terme. Cela nous donnera donc l'occasion de les évoquer.
En bref, et pour ne pas s'éterniser: disons que l'essentiel est là. Un effort budgétaire ambitieux (faire plus était probablement impossible) dont la trajectoire apparait maitrisée, une classe politique rassemblée - miracle !- et des débats relativement sains dans les hémicycles, ainsi que des opérationnels qui semblent avoir obtenu ce qu'ils désiraient.
Reste désormais à tenir la ligne, car dehors, il y a tempête.
Un amendement de la Loi de programmation militaire précise que dans les années 2030, le Rafale porté au standard F5 pourra être accompagné d'un drone issu du démonstrateur Neuron. Le temps de capitaliser sur les enseignements de ce superbe programme débuté il y a 20 ans serait-il enfin venu ?
Ci-dessus: un Rafale Marine rejoint le Neuron en patrouille lors d'un vol au dessus du groupe aéronaval en 2016 - Dassault Aviation.
La nouvelle Loi de programmation militaire qui couvrira la période 2024-2030 (pour un montant record de 413 milliards d'euros) est actuellement en cours d'examen parlementaire. Des débats qui nous permettent de découvrir plusieurs amendements des plus élégants: on pensera ici d'abord à l'ajout d'une étude de faisabilité pour doter le porte-avions de nouvelle génération d'un sister ship (très strictement, un second porte-avions, sans groupe aéronoval), mais aussi et surtout à cette possibilité de voir un jour le Rafale accompagné d'un drone issu du programme nEUROn.
C'est le gouvernement lui-même qui a déposécet amendement N°292 le 16 mai: « Le standard F5 du Rafale sera développé pendant cette loi de programmation militaire. Il comprend notamment le développement d’un drone accompagnateur du Rafale, issu des travaux du démonstrateur Neuron ». Un amendement validé le 25 mai.
On a déjà beaucoup écrit sur le Neuron sur Pax Aquitania, et sans trop s'étendre aujourd'hui concernant ce démonstrateur de drone de combat furtif européen, je vous invite plutôt à consulter le billet ci-dessous, qui incitait dès 2019 à poursuivre l'option d'un duo Rafale F5/drone furtif. Tout est encore valable !
Si le tout récent standard F4 du Rafale (2023) fait entrer l'appareil dans l'ère du combat collaboratif (au sens numérique du terme) grâce à des capacités de fusion de données, c'est avec le standard F5, d'ores et déjà annoncé pour les années 2030, que se fera la vraie révolution du système de combat aérien futur. Le Rafale pourra alors être accompagné de systèmes dronisés, autonomes ou semi-autonomes, avec lequel le chasseur "habité", au cœur du cloud de combat, pourra interagir.
Au vu de cet amendement gouvernemental dans la LPM 2024-30, deux questions peuvent être posées ?
qui a intérêt à pousser pour le développement d'un drone de combat furtif "accompagnateur" du Rafale F5 dès les années 2030 ?
parle t-on bien ici d'un drone furtif strictement issu du programme nEUROn, ou bien des fameux effecteurs déportés, les "remote carriers" qui doivent accompagner en masse le chasseur du futur au sein du programme SCAF, prévu pour les années 2040 ?
A la première question, nous pouvons répondre en rappelant que nEUROn fut bel et bien un exemple réussi de collaboration européenne entre 6 pays, chacun apportant une expertise spécifique -ainsi qu'un financement- au sein d'un environnement de collaboration innovant. Point essentiel, il n'y avait qu'un seul décideur, la DGA française, et un seul maitre d'œuvre, Dassault Aviation. Et alors que l'on a pas évoqué le programme depuis 2019, date de la dernière campagne de vol, il semble donc que la partie française (les armées ? la DGA ? l'industriel ?) n'ait pas oublié le nEUROn et ses enseignements.
Reste à savoir avec quel œil cette nouvelle évolution sera regardée par les autres pays concernés à l'époque (Italie, Suède, Espagne, Suisse, Grèce), et si cela peut augurer d'une nouvelle collaboration fructueuse. Car quoiqu'on en dise, la taille du marché potentiel importe.
A la seconde question, il n'y pas vraiment de réponse à ce stade, en tout cas sans clarification. En commission comme dans les médias, Eric Trappier le PDG de Dassault Aviation a néanmoins donné un indice en précisant que ce serait à l'Etat de choisir quel accompagnateur il veut pour le Rafale F5, différenciant bien les « petits remote carrier, comme pour le Scaf, ou des drones de type Neuron. C'est quasiment un avion de combat qui opère en liaison avec le Rafale ». Il faut donc croire que sémantiquement, "Neuron" signifie bien drone de combat furtif.
Cela a son importance, non seulement sur le plan opérationnel (on ne fait pas la même chose avec des effecteurs déportés qu'avec un drone armé furtif), mais également en terme de partage industriel. Les remote carriers du SCAF ayant été confiés à MBDA et Airbus DS , un véritable héritier du nEUROn restera lui plutôt dans le giron de Dassault Aviation, et plus largement de la "Team Rafale" (Safran et Thales).
Pour finir je me contenterai de reprendre mes propres mots, publiés en 2019 (déjà) : c'est sur le couple Rafale/nEUROn que doit dès aujourd'hui se construire la première itération du SCAF. Opérationnels et industriels disposent d'une occasion unique de capitaliser sur un programme de démonstrateur à succès.
Alors, verra t-on un jour un ligne d'assemblage Neuron apparaître à Mérignac aux côtés du Rafale* ? D'aucuns se rappelleront même que c'est ainsi qu'on imaginait le SCAF il y a encore une quinzaine d'années !
Le projet de Loi de programmation militaire, après arbitrages réalisés au sein de l'exécutif, entame sa vie parlementaire. Il prévoit l'octroi de 413 milliards d'euros aux armées pour la période 2024-2030. C'est néanmoins durant la décennie suivante que ses effets se feront pleinement sentir.
Alors que l'on fête bientôt les 10 ans de ce blog, nous nous remémorerons avec une certaine émotion que ces débuts se faisaient durant les douloureux débats touchant à la publication du Livre Blanc de 2013 (puis à la LPM 2014-19, qui suivra). C'était le temps du déclassement, pourrait on dire.
Autre temps, autre contexte surtout… autres ambitions ? La nouvelle Loi de programmation militaire pour la période 2024-2030, dont le montant a été annoncé par le Président Macron en janvier (413 milliards d'euros, si tout va bien, donc sûrement un peu moins) s'inscrit dans la logique de remontée en puissance initiée en 2017. Elle doit être celle de la "transformation", et dans certains domaines celle de la "réparation", qui permettra aux forces françaises d'affronter les défis stratégiques de cette décennie et, probablement des deux suivantes: modernisation de la dissuasion, haute intensité et guerre hybride en tête.
Nous avions déjà décrypté les annonces au mois de janvier (lire ci-dessous), mais nous disposons désormais des détails, alors que le projet de loi, qui a subi divers arbitrages, est présenté en Conseil des ministres, avant de se diriger vers les deux chambres parlementaires.
Il est possible de lire diverses appréciations sur cette LPM. La presse généraliste a par exemple tendance à mettre l'accent sur le montant "historique" ou la validation d'un programme de nouveau porte-avions, quand les spécialistes dénonceront eux les étalements touchant de nombreux programmes, voire les "renoncements".
En tout état de cause, il s'agit bien d'une décennie charnière pour les armées, et cette LPM ne peut et ne doit pas être analysée sous l'angle purement capacitaire.
En effet attention, la liste jointe ci-dessous ne prend en compte ici que des matériels. La LPM comprendra par ailleurs une très forte dimension ressources humaines (transferts et renforcements de certaines compétences, comme le cyber; doublement de la réserve; abandon du SNU obligatoire), ainsi que des travaux de modernisation des infrastructures, notamment à l'Outre-mer.
La liste n'est pas non plus exhaustive. Et pour rappel, il s'agit d'une programmation pluriannuelle d'un budget qui doit lui être validé exercice par exercice. Rien n'est réellement figé dans le marbre.
Mais comme nous avons la chance de pouvoir bénéficier de données publiques et chiffrées, profitons donc des tableaux issus du rapport annexé au projet de loi.
Sans trop entrer dans le détail, nous y voyons l'ensemble des renforcements et modernisations, mais aussi les fameux arbitrages. Par exemple, un satellite de communication Syracuse IV qui disparait, au profit d'une solution basée sur une constellation. Nous y voyons surtout qu'un grande partie des décisions actées durant cette décennie, comme le tout Rafale ou le programme HIL, n'auront qu'un plein effet dans les parcs à l'horizon 2035. Le nouveau porte-avions n'arrivera lui qu'en 2038, mais il s'agit d'une information connue depuis longtemps déjà.
Liste ci-dessous, cliquer pour agrandir. Source: Légifrance.
Dans un discours qui, mine de rien, fera date, le Président Macron a annoncé les grandes lignes de la future Loi de programmation militaire qui couvrira la période 2024-2030. Une LPM dont le montant s'élève à 413 milliards d'euros. Le budget annuel de la Défense sera donc en hausse moyenne de 30% jusqu'en 2030.
Avec à sa droite un Rafale de la 30ème escadre, et à sa gauche un système SAMP/T, le Président de la République était entouré de quelques instruments d'exception ce vendredi 20 janvier sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan.
Ce déplacement qui s'inscrivait dans le cadre des vœux aux Armées a pris une toute autre ampleur puisque l'agenda législatif français (nous arrivons à la fin de la Loi de programmation militaire précédente) rencontre le contexte géopolitique de la guerre en Ukraine. Signe de l'importance de ce déplacement, le public était particulièrement fourni, et les ministres présents en nombre.
Il y avait quelque chose de presque attendu dans ce discours, qui arrive quasiment un an après le déclenchement, par la Russie, de la guerre. Fini les conjectures sur la haute intensité. Depuis l'invasion russe, nous y sommes. Le temps de la réflexion est passé, les enseignements ont pu être digérés, et finalement des arbitrages décidés (ou pas comme nous allons le voir). Mais la Revue stratégique de sécurité parue cet automne avait été si peu claire et avare en… stratégie que c'était vers cette Loi de programmation militaire 2024-2030 que tous les regards se sont tournés depuis des semaines.
A Mont-de-Marsan donc, Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes d'une LPM de "transformation". Premier enseignement, et non des moindres, elle s'élève à 413 milliards d'euros (400 milliards + 13 de recettes exceptionnelles issues de ventes immobilières ou de fréquences) ! C'est historique puisque la précédente LPM était d'un montant de 295 milliards. On peut également apprendre dans la presse que Bercy (jamais l'allié de l'Armée) souhaitait plutôt 350 milliards, quand l'Etat-major espérait lui atteindre les 460.
Dans les faits le budget de la défense s'établira jusqu'à la fin de la décennie à environ 59 milliards d'euros, soit une hausse de quasiment 30% par rapport à aujourd'hui. Le Président Macron laissera donc sur ce plan là, un certain héritage puisque c'est depuis son élection en 2017 que les budgets sont repartis à la hause après un bas niveau historique sous les mandats Sarkozy puis Hollande (moins de 30 milliards d'euros annuels et une destructuration massive de l'outil de défense). Cette fois, enfin, le fameux standard OTAN des 2% du PIB est atteint.
Nuance : il faut néanmoins tempérer ces chiffres car le coût de l'énergie ou l'inflation viendront rogner cette marge nouvelle. Des programmes comme celui de la modernisation de la dissuasion nucléaire en prendront également une part importante.
Nous n'allons pas aujourd'hui faire la "shopping list", car l'exécutif n'a en réalité pas donné d'éléments très précis. La lecture de quelques entretiens donnés à la presse ce jour nous offre néanmoins plusieurs indices et pistes sérieuses:
un format de projection à 20 000H
le passage au "tout Rafale" (MAJ 23/01 : il s'agit bien d'un retrait prématuré des Mirage 2000D)
doublement des moyens de la DRM et de la DRSD
renforcement des forces spéciales
augmentation de 50% des moyens de la défense aérienne multicouche
des stocks de munitions
priorité au cyber et au spatial (avec rôle important pour le secteur privé)
une stratégie ultramarine (avec de nouveaux moyens comme les drones) que le Président en personne déclinera prochainement
un réseau d'alliances qui s'étend jusqu'au Pacifique (le Président cite l'Indonésie)
le respect de l'intégralité des commandes planifiées (frégates, corvettes, Falcon, A400M...)
… et des nouveautés: d'avantage de drones, de l'artillerie longue portée (HIMARS ?)
un porte-avions de nouvelle génération (en service en 2040)
poursuite de grands programmes structurants comme le SCAF (avec intérêt de nouveaux partenaires européens)
un MCO optimisé (donc moins cher)
des matériels moins complexes (donc moins chers), produits plus vite.
Oui la liste des "indices" est déjà longue mais des inconnues demeurent, comme ce qui entoure l'arme de cavalerie blindée lourde. Il ne s'agit pas non plus de trop espérer, de surcroît si le format global de l'armée de Terre n'évolue pas. Et nous avons été prévenus en amont, "la France n'est pas l'Ukraine".
Le Président comme le Ministre Sébastien Lecornu ont été clairs, il n'y pas de révolution mais bien une transformation. Le chef des armées a d'ailleurs beaucoup fait usage du mot "pivot". Il semble donc, et c'est mon analyse, que l'on entende miser sur nos actuels points forts, à commencer par celui de la dissuasion nucléaire, ou des forces spéciales, tout en faisant quelques "paris" comme sur le cyber, et le spatial.
Sur le plan des ressources humaines, le format ne change pas, mais un renforcement assez important de la réserve est annoncé.
Nous aurons le loisir de décliner et d'analyser le contenu de cette LPM lorsque les débats parlementaires débuteront, au printemps. En attendant, il faut constater que nous avons bien changer d'ère le 24 février 2022.
Le discours est à découvrir en intégralité ci-dessous:
L'invasion de l'Ukraine rebat les cartes en Europe. Le format des armées françaises pourrait en être bouleversé à court terme. Et cela pourrait commencer par l'augmentation majeure de la flotte de ravitailleurs dans les forces aériennes.
Ci-dessus: un MRTT et deux Rafale de la 30ème escadre en patrouille au
dessus de la Pologne. Notez que les Rafale sont en configuration Air/Air et
équipés de 2 missiles METEOR chacun.
La Lettre A révélait ce mardi 1er mars
que la France envisage sérieusement de commander 5 avions ravitailleurs Airbus
A330 MRTT pour l'armée de l'Air et de l'Espace. Cette commande deviendrait de
surcroît impérative en raison du nouveau contexte stratégique qui frappe
l'Europe. La commande de MRTT était déjà passée en 2020 de 12 à 15 appareils. 6 "Phénix" sont à ce jour en service dans l'armée de l'Air et de l'Espace.
Autre dossier, l'accroissement de la flotte de transport, qui se ferait sur A400M, voire un nouvel appareil médian (la rumeur "A200M" revient souvent mais n'aurait pas les faveurs d'Airbus).
Dans le même registre de la projection, sachez que la France se déploie en Roumanie grâce au MRTT, pour les hommes et femmes, au C-130 pour les munitions, mais aussi et surtout grâce à deux Antonov qui étaient à l'extérieur de l'Ukraine au moment de l'invasion. Les appareils convoient actuellement des blindés (AMX-10 RCR, VAB, VBL).
— Armée française - Opérations militaires (@EtatMajorFR) March 2, 2022
Concernant les opérations et le volet chasse cela se passe dans le ciel polonais pour l'instant, avant l'Estonie mi-mars (pour les Mirage 2000-5). Des Rafale de la 30ème escadre de chasse décollent quotidiennement de la base de Mont-de-Marsan, rejoints par un ravitailleur (Istres) et un E3-F Awacs (Avord).
La question de l'augmentation de la flotte de Rafale va inévitablement se poser. Elle est déjà préconisée dans un récent rapport parlementaire.
En bref les temps sont exceptionnels et sitôt l'élection Présidentielle passée, nous devrions en apprendre d'avantage.
Le général François Lecointre, Chef d’Etat-Major des Armées, quittera officiellement ses fonctions au cœur de l'été. Et alors que le Président de la République vient d'annoncer la fin de l'opération Barkhane, son successeur, le général Thierry Burkhard, devra gérer une vraie phase de transition stratégique.
Ci-dessus: Général d’armée Thierry Burkhard, actuel CEMAT et futur CEMA.
La nouvelle est largement traitée dans les médias, donc faisons concis ! En poste depuis 2017, le général Lecointre vient d'annoncer qu'il quitterait ses fonctions de Chef d'Etat-Major des Armées après la fête nationale du 14 juillet (qui verra, après la pandémie, le retour du traditionnel défilé sur les Champs Elysées).
Avec un "mandat" de presque 4 ans, marqué par une remontée en puissance budgétaire au MINARM, le général Lecointre est dans la moyenne des CEMA sous la Vème République. Même si on a pu le sentir fatigué des récentes polémiques (fameuses tribunes des "généraux"), ce dernier assure que son départ - non souhaité par le Président - n'est lié à aucune conflictualité d'ordre stratégique ou politique, mais à une volonté personnelle d'éviter la politisation de sa fonction.
Dans le milieu défense, ce départ à l'été n'était d'ailleurs pas un secret, et ce depuis plusieurs mois.
Sans surprise, son successeur sera la général Burkhard, actuel CEMAT, qui semble faire l'objet d'une absolue unanimité.
Désengagement de Barkhane, trajectoire budgétaire, haute intensité.
Dans ce mercato des officiers, c'est maintenant la coutume, un général Terre devient le CEMA. A noter que celui-ci, Thierry Burckhard, est issu des rangs de la Légion. Par ailleurs, coutume toujours, le général (Air) Lavigne, CEMAAE, prendra bientôt la direction de Norfolk, comme SACT (commandant suprême allié Transformation) de l'OTAN où il remplacera le général Lanata.
Extrêmement apprécié dans le milieu pour sa personnalité et ses idées, le général Burckhard s'apprête à débarquer en terrain conquis. Plusieurs défis se présentent à lui:
maintenir la trajectoire budgétaire ambitieuse (remontée en puissance prévue par la LPM jusqu'en 2025) et la stabiliser pour faire face au nouveau contexte stratégique;
réussir la transformation de l'opération Barkhane, qui verra le dispositif français fondre de moitié (a minima) d'ici deux ans. L'entrée en service opérationnel du programme Scorpion et de ses véhicules dès cet été en OPEX au Sahel devraient commencer à y contribuer;
c'est enfin un leitmotiv chez le nouveau CEMA, les armées françaises réalisent leur "pivot" stratégique vers la haute intensité. Cela se concrétisera notamment à travers les retour des grands exercices en milieu centre-Europe.
Le ministère des Armées a confirmé la commande de 8 hélicoptères Caracal auprès d'Airbus vendredi à Marignane. Il s'agit d'un achat financé par le plan de relance aéronautique, qui voit un avancement des opérations de la Loi de Programmation Militaire.
Ci-dessus: dernière campagne de certification pour le ravitaillement des Caracal par A400M - Airbus
Attention, aucune annonce fracassante ici ! Il s'agit de la commande ferme effectuée par le MINARM ce 16 avril à Marignane chez Airbus Helicopters, où la ministre Florence Parly se rendait. Commande qui avait été annoncée l'été dernier dans le cadre du plan de relance aéronautique (décidé en raison de la crise sanitaire).
Pour un montant de 300 millions d'euros, l'armée de l'Air et de l'Espace va pouvoir envisager le retrait de ses Puma, notamment ceux basés à l'Outre-Mer. Ils seront remplacés par des H225M "Caracal", avec des capacités autrement plus performantes.
A noter que 2 appareils viennent combler des Caracal perdus en opération. 12 autres seront probablement commandés par la suite, possiblement en location auprès d'Airbus Helicopters.
Les appareils seront livrés en 2024 et 2025, et leur commande permet de pérenniser 960 emplois chez Airbus, Thalès, Safran et les sous-traitants.
Ce n'est pas tout puisque la DGA va également avoir droit à un deuxième prototype de drone SDAM, futur vecteur de la Marine Nationale doté d'un rayon d'action de 185km et de 10h d'autonomie.
Le ravitaillement en vol c'est pour bientôt !
✅ The Airbus #A400M new generation airlifter has conducted a major helicopter air-to-air refuelling certification campaign in coordination with the @DGA, completing the majority of its development and certification objectives.@AirbusHeli 🔗 https://t.co/Zu4OatlrzYpic.twitter.com/bTkdaZNPmy
Airbus a annoncé ce lundi 19 avril avoir bouclé la plus grande partie de la campagne française de certification de l'A400M concernant la capacité de ravitaillement en vol des hélicoptères. 81 contacts ont été réalisés avec deux hélicoptères H225M Caracal de l'armée de l'Air, permettant le transfert de quelques 6,5 tonnes de carburant.
La capacité est attendue en fin d'année dans les forces.
En visite sur le site de Dassault Aviation à Seclin, la ministre des Armées Florence Parly a annonce jeudi 19 novembre une commande de douze Falcon 2000 de surveillance maritime à Dassault Aviation. Le programme AVSIMAR est lancé, pour 1,3 milliards d'euros.
Ci-dessus: Florence Parly, avec Eric Trappier le PDG de Dassault Aviation - image DA
Le 9 novembre 2018, la DGA avait notifié à Dassault Aviation une étude de définition d'un concernant cet appareil et la mission de surveillance maritime. Quelques mois plus tard, lors du salon du Bourget 2019, la confirmation d'une commande de Falcon 2000 "Albatros" était tombée.
Après la rencontre d'hier sur le site Dassault Aviation de Seclin dans les Hauts de France, on sait désormais que cette commande sera réalisée en deux fois avec un premier lot de 7 appareils cette année et un second de 5 avions en 2025.
Ces Falcon viendront remplacer une flotte vieillissante (ou honorable, comme on aime à dire dans les armées !) de 13 appareils, constituée de Falcon 200 (5 ) et de huit Falcon 50 (8).
La commande sera notifiée prochainement. Elle représente une valeur de 1,3 milliard d’euros. Le Falcon "Albatros" est en réalité un Falcon 2000 LXS de surveillance maritime. Naval Group fournira le système de missions, Thales les radars Searchmaster, et Safran, la boule optronique Euroflir.
Les 3 premiers sont attendus en 2025, et les livraisons des 12 appareils devraient être achevées en 2030.
Ces Falcon seront opérés par la Marine Nationale en métropole et sur les bases à l'Outre-Mer. Leur autonomie sera de 8h. On sait aussi qu'ils seront capables d'agir de concert avec des drones (l'EuroMale... ou autre ?). Ce qui semble justifier que la cible soit passé de 13 appareils initialement, à 12.
Assemblage... en Inde !
Ce contrat devrait générer 150 emplois chez Dassault Aviation (100 pour le développement, en production) en France... précisons en France oui, car seuls les 3 premiers appareils seront fabriqués dans les usines historiques de l'avionneur français.
En effet, dans le cadre des contreparties liées au contrat Rafale de 2016, les autres Falcon Albatros seront assemblés à Nagpur, en Inde, avant leur "transformation" en France.
Finalement, le salon EuroNaval aura lui aussi été annulé, laissant la filière défense bien orpheline d'événements cette année. Cependant, l'événement, qui se tient en "digital", aura permis quelques annonces importantes pour le futur de la Marine Nationale. Dans le même temps, le Suffren a réalisé une première.
Ci-dessus: le Suffren, SNA de classe Barracuda, continue ses essais à la mer - Marine Nationale
La ministre des Armées a dans son intervention d’ouverture du salon "Euronaval-Online", confirmé que le porte-avions de nouvelle génération (PANG) arriverait en 2038: « Je confirme que ce programme sera lancé pour donner un successeur au Charles de Gaulle en 2038. Ce futur porte-avions fédèrera l’excellence de notre industrie navale dans les prochaines décennies et, par sa dimension stratégique, offrira un cadre d’emploi parfaitement adapté dès sa conception au futur avion de combat de nos armées, connu sous le nom de SCAF ».
Dans le même temps, LA LETTRE A révélait qu'Emmanuel Macron avait tranché: il s'agira - et c'est sans surprise - d'un porte-avions à propulsion nucléaire. Un seul pour le moment, la décision sur un sistership serait prise plus tard, vers 2028...
S'agissant du programme des patrouilleurs océaniques, l'Etat a pris la décision de se passer d'appel d'offres et d'impliquer non pas un, ou deux industriels, mais quatre des principaux chantiers navals. Naval Group bien sûr, mais également CMN, Piriou et Socarenam. L'objectif est de 10 patrouilleurs océaniques (90m, tonnage de 2000t, pouvant opérer hélicoptère et drones) équipés pour la lutte ASM, et de d'un canon de 40mm Rapid Fire de Thalès.
L'Etat soutient donc assez activement une filière stratégique (et nous n'évoquons pas ici les nombreux autres programmes) qui jusqu'ici s'en sort honorablement sur le plan mondial.
Les Patrouilleurs Outre-Mer, autre programme de modernisation, arriveront dès 2022
Le SNA Suffren réalise son premier tir de missile de croisière naval
Sur le plan opérationnel, la semaine est marquée par une première historique. En effet, le Suffren, premier des six sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) de la classe Barracuda, a tiré avec succès son premier MDCN (missile de croisière naval de MBDA).
L'essai a été réalisé ce 20 octobre au large du centre DGA essais de missiles de Biscarosse.
On se rappelle que le MDCN a déjà été utilisé au combat durant l'opération Hamilton en Syrie, mais par des frégates multimissions. Il s'agit d'une première pour un sous-marin nucléaire d'attaque français. Il s'agit - là encore - d'une capacité dont bien peu sont à même de disposer dans le monde.
Ce tir semble clore les essais du Suffren, qui sera livré à la Marine en fin d'année, avant une entrée en service l'an prochain.
Le Suffren vient de réussir un tir d’essai de missile de croisière naval (MdCN). Une véritable rupture stratégique. Fière de nos marins, de la DGA et de notre industrie.