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vendredi 25 juillet 2025

Futur avion espion français, le Falcon Archange déploie enfin ses ailes


Le premier des trois Falcon Archange, futurs avions espions de l'armée de l'Air et de l'Espace, a pris son envol. Les images nous montrent un appareil très largement modifié pour le programme de Capacité Universelle de Guerre Électronique (CUGE). 

Images : le premier vol de l'Archange - © Dassault Aviation / V. Almansa


La Direction Générale de l’Armement (DGA) et le ministre des Armées Sébastien Lecornu ont communiqué ce vendredi 25 juillet sur le premier vol du très très attendu remplaçant des Transall Gabriel (retirés en 2022 déjà), à savoir l'avion développé dans le cadre du programme Archange (Avions de renseignement à charge utile de nouvelle génération), sur la base du nouveau Falcon 8X de Dassault Aviation

Archange, qui découle de CUGE (Capacité Universelle de Guerre Électronique), est inscrit dans l'actuelle Loi de programmation militaire 2024-2030, qui prévoit que trois appareils seront livrés entre 2028 et 2030.

Ils rejoindront l’armée de l’Air et de l’Espace où ils seront opérés depuis la Base aérienne 105 d'Evreux. Equipés par Thales, ils contribueront à la capacité de la France à collecter et analyser des informations stratégiques grâce "au plus haut standard pour la détection de signaux de communication et d'émissions radar", selon le ministre. 

Ce premier vol, qui arrive un peu en retard (lors de l'annonce en 2019 en effet, on les attendait pour 2025-2027), tombe surtout à point nommé à l'heure où l'Europe n'est plus certaine de pouvoir compter sur le puissant réseau de renseignement américain. Du moins à son bénéfice. 
Cet envol nous montre également que le 8X, avion que l'on connait relativement encore mal, a subi des modifications très importantes de sa cellule… 

Le programme CUGE prévoit une flotte de trois Falcon Archange seulement. Le contexte géostratégique ayant évolué en Europe, et la France se positionnant comme leader dans le domaine aéro(&)spatial, on se dit que finalement, cinq ou six de ces avions de renseignement ITAR FREE ne seraient pas du luxe. 



lundi 23 juin 2025

Salon du Bourget 2025, l'édition du signalement stratégique ?


L'édition 2025 du Salon international de l'aéronautique et de l'espace, mieux connu sous le nom de Salon du Bourget (le 55ème), aura été marquée par une curieuse sensation. Celle d'être devenu un salon de défense.

Images - Thomas Schumacher / @paxaquitania, MINARM, industriels.   


Le pesant parfum de la poudre flottait -ou plutôt soufflait vu la puissance nécessaire pour climatiser cette chaude semaine- dans les larges allées du Salon du Bourget 2025. Etonnant ? Oui en fait, car même en 2023, lors de l'édition qui suivait le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine un an plus tôt, et bien que les sujets défense soient dans toutes les discussions à l'époque déjà, nous n'avions d'une part, pas le même niveau de maturation des systèmes, et d'autre part, pas ce constat d'isolement stratégique de l'Europe résultant de l'élection de Donald Trump. 

Certains parmi les 300 000 visiteurs (record absolu) l'auront d'ailleurs amèrement regretté ce climat, y compris chez les professionnels, et en particulier dans le Paris Space Hub, espace géant exclusivement dédié au spatial, mais c'est tout simplement le signe des temps (ajoutons l'ambiance délétère qui régnait autour de la présence d'armes "offensives" [sic] sur les stands israéliens).  

Cette année, les projets (je n'ai pas dit programmes, mais on sent tout de même de la maturité) se présentent également de façon différente, avec une propension à l'auto-financement qui, de façon limitée attention (d'autant plus que ce n'est pas possible pour tout le monde), semble inaugurer un retour à la prise d'initiatives, et donc de risques. Ou au coup politique, on peut le voir comme ça. 

Problème, même en ces temps de crises et de promesses de budget géant pour la défense, l'Etat reste avare… et se contente souvent d'observer avec une prétendue bienveillance. Il faudra bien enclencher un jour attention, sous peine de casser la machine à innover, et de voir certaines idées partir à l'étranger. Cela serait bien dommage à l'heure où le catalogue à notre disposition se remplit considérablement, et de façon parfois étonnante. Il y avait en effet sur cette édition du Bourget des propositions dont les forces françaises n'auraient pas imaginé rêver il y a quelques années à peine.  


Un tour en quelques grands points 👇

  • Dassault Aviation maître en sa demeure (sauf pour le futur AWACS)
Pour ce Bourget 2025, l'avionneur de Saint-Cloud, qui à en constater la longue file d'attente pour monter à bord des Rafale ou Falcon, reste sans conteste la star du salon, et a choisi ses priorités. Ces dernières sont énumérés dans les sorties presse du PDG Eric Trappier, et se ressentent sur les exhibitions. Pour le court terme donc, c'est le Rafale F5 (2030+). Pour le moyen terme, le drone UCAS (héritier du Neuron en 2035), et pour le long terme un appareil de combat de sixième génération un avion spatial : VORTEX !

Dassault Aviation est enfin sorti du bois sur ce sujet. L'avion spatial habité, ici en héritage direct de feu la navette européenne Hermes, c'est le grand -et prestigieux- rêve du groupe à horizon 2050, mais l'Etat (CNES, DGA, armée de l'Air), qui manque de moyens, ne semble pas totalement convaincu par cet appareil à tout faire qu'il juge très complexe, bien qu'injectant symboliquement 30 millions d'euros dans les études de développement. Dassault devrait donc aussi aller chercher du soutien du côté de l'Agence spatiale européenne, et tenter de fonctionner par étapes (la fameuse méthode itérative du new space ?!?), avec à court terme plusieurs démonstrateurs de taille réduite, puis un drone. Nous aurons l'occasion d'en reparler, car quoiqu'on en pense, le dossier est relancé !

L'Etat apporte un soutien au projet Vortex de Dassault Aviation - Photo MINARM


Concernant le Rafale, nous avons déjà un peu tout dit sur le standard F5, mais le motoriste Safran confirme s'engager dans la remotorisation de l'avion avec le M88 T-REX (9 tonnes de poussée), et Thales prépare un pod de guerre électronique. Les réservoir conformes de 1 200 litres qui donnent un look différent au Rafale étaient visibles, non pas chez Dassault Aviation, mais sur le stand du ministère des Armées, ce qui est une nuance importante. Il n'est pas dit, que pour des questions de maintenance, cette idée n'aille beaucoup plus loin que le bricolage pour la photo. 

Le Rafale avec réservoirs conformes sur le stand MINARM, et la bombe AASM XLR - Photo TS.


Mais le standard F5, c'est aussi un drone de combat partenaire de mission, l'UCAS, qui selon la maquette 1:1 dévoilée est une évolution parfaite du démonstrateur Neuron. Un Neuron "durci", "lourd", si l'on veut. Ce drone furtif fera approximativement la taille d'un Mirage 2000, et sera doté d'un seul moteur, le M88 du Rafale, ainsi que du train d'atterrissage de ce dernier. Il pourra être navalisé, mais seulement à bord du porte-avions de nouvelle génération, qui disposera de catapultes électromagnétiques.

Pour la France qui manque clairement de capacités furtives, ce programme apparaît comme structurant pour nos forces aériennes et leur capacité d'entrée en premier, notamment après les démonstrations réalisées en Iran par Israël, puis par les USA.

UCAS : unmanned combat air system - photo TS 


Un mot également sur le futur des AWACS de l'armée de l'Air et de l'Espace. Comme pressenti, cela se fera bien avec le système Global Eye de Saab (sur avion porteur Bombardier), la déclaration d'intention est signée depuis le 18 juin pour quatre appareils, dont deux fermes. Probablement davantage au cours de la LPM suivante
Je plaidais ici même il y a deux ans pour une intégration de la solution Saab sur le Falcon 10X, et il semble bien que Dassault ait eu son mot à dire avant le choix définitif de la DGA. Cette dernière n'a toutefois pas été convaincue par la proposition, car les E3 Sentry de l'armée de l'Air épuisent leur potentiel à vu d'œil. Bref, il ne fallait pas tergiverser, et l'industrie française a tergiversé. Il en ressort un beau geste de la France envers l'Europe, et pour la Suède, qui fournit en capacité d'alerte avancée une puissance nucléaire, c'est un coup absolument magnifique. 


Communication politique, en France puis la réponse suédoise. 


  • L'espace en force, et la force dans l'espace
Au delà du Vortex de Dassault, l'espace était assurément l'un des grands points du Bourget 2025, avec pour la première fois, l'imposant Space Hub, mais pas seulement puisque l'armée de l'Air et de l'Espace avait aussi son showroom dédié. Le Space Hub réunissait bien sûr le CNES et l'ESA (pour son cinquantième anniversaire), ains que les start-up qui y bénéficiaient d'une visibilité accrue. Un lieu où tout ce que le spatial européen a de personnalités est venu faire un coucou. Sauf l'astronaute française Sophie Adenot, en formation à Houston, qui assisté en visio à la révélation du nom et du logo de sa mission de 2026 ("Epsilon"), lors de la venue d'Emmanuel Macron le vendredi 20 juin, visite durant laquelle le Président de la République a tenu, au sein du Space Hub, son seul discours officiel du salon, entièrement consacré au spatial donc, et à la teneur très stratégique. S'il faudra finalement attendre octobre pour avoir la nouvelle stratégie spatiale nationale (résolument orientée vers une convergence avec les alliés que sont l'Allemagne, l'Italie, l'Inde, les Emirats, et le Royaume-Uni), le sujet central sera resté celui du spatial comme "jauge de puissance". Une formule présidentielle qui restera.   



Au Paris Space Hub, derrière les Agences, on pouvait trouver le stand très central d'ArianeGroup, où en plus du produit emblématique Ariane 6, l'industriel ne se gênait pas pour promouvoir sa filiale MaïaSpace bien sûr, mais aussi de façon beaucoup plus surprenante, son futur missile balistique conventionnel MBT, sa fusée sonde Sylex capable d'emporter le planeur hypersonique V-MAX, ainsi que… le missile stratégique M-51. On ne se cache plus donc. 

Mais les start-up de micro-lanceurs (qui comptent bientôt quasiment 100 employés chacune) n'étaient pas en reste, la bordelaise Hyprspace présentant même une maquette de son lanceur suborbital OB-1 adaptée à la flexibilité des missions de défense. Mais nous en reparlerons.  

A deux pas, Eutelsat pouvait se targuer d'avoir été complètement rattrapé dans sa chute financière par l'Etat français, qui monte à 30% au capital afin de sanctuariser la constellation de connectivité One Web, que Paris considère comme la seule alternative souveraine au Starlink d'Elon Musk. Eutelsat se voit d'ailleurs offrir 10 ans de contrat militaire avec les forces françaises.  

A noter également que le Commandement de l'Espace lançait au Bourget le 19 juin le "cercle de confiance Espace", cadre de discussion privilégié avec les entreprises du secteur, avec l'idée que l'offre et la demande se rencontrent plus directement, pour ne plus perdre de temps. 

Emmanuel Macron a enfin annoncé que la France organiserait début 2026 son premier "Space Summit", afin de mobiliser, dans son sens on le devine, les partenaires internationaux. 
  
  • Le salon de l'aéronautique aérobalistique
Présenter une munition a pour avantage que l'on peut se déplacer indifféremment tous les ans à un grand salon français: le Bourget ou Eurosatory (le salon de l'armement terrestre). Et les munitions ne manquaient pas cette année, à commencer par la Hammer 250 XLR de Safran (photo plus haut), une AASM turbopropulsée par microréacteur Roxel, ce qui permettra à la célèbre bombe de précision française de porter jusqu'à 150 km en 2028 quand elle sera tirée depuis un Rafale, contre 50 à 70 aujourd'hui avec son booster à poudre. 

Très médiatisée, mais difficilement accessible sur stand, la fameuse munition de saturation One Way Effector (OWE) de MBDA, était présentée comme le Shahed français, ce drone iranien désormais utilisé par les Russes et qui terrorise la population ukrainienne.
OWE, développée avec un droniste, devra être produite en masse (1 000 exemplaires par mois, grâce à l'industrie automobile ?), n'être pas trop chère, et agir en essaim pour découvrir, saturer, et si possible traiter les capacités de défense aérienne adverses jusqu'à 500 km de distance grâce à une charge explosive de 40 kg. Tout cela sans être brouillée grâce au savoir faire de MBDA dans la navigation et le ciblage dynamique.  

Sur le même segment ou presque des munitions téléopérées, Eos Technologie (qu'on a autrefois connu chez nous à Mérignac) montrait sa gamme à microréacteur Veloce, qui est désormais intégrée au catalogue de KNDS. La Veloce 330 va entrer en phase de test au sein des forces françaises, tandis qu'Eos travaille sur "Rodeur" pour plus de portée (500 km) et d'autonomie (8h). 



MBDA dévoilait aussi une maquette de lanceur à 4 silos pour la version terrestre de son missile de croisière naval, le MDCN devenu MDCT. On parle ici de longue portée pour ce missile de 2 tonnes capable de parcourir 1 000 km en subsonique. Campagne de tir prévue à Biscarrosse chez DGA EM d'ici 2 ans et demi. 



Et puisque l'on parle de lanceur, Turgis & Gaillard , qui avait fait sensation avec le drone Aarok en 2023, est de retour pour combler les trous de la raquette française avec un véhicule lanceur de roquettes, dont le démonstrateur a une fois de plus été financé sur fonds propres, sur la base d'un châssis 6x6 Renault Trucks. Le système se veut rustique, aérotransportable, et surtout agnostique de missiles. Un rapport parlementaire récent préconise l'achat de 48 lanceurs

Le lanceur Foudre de Turgis & Gaillard - Photo TS. 


Je le mentionnais avec ArianeGroup, c'est le retour potentiel des capacités balistiques conventionnelles. Ariane se différencie là de l'offre MBDA, que l'on parle de missiles de croisière ou drones comme le OWE. Chez Ariane, on mise en effet avec MBT (missile balistique tactique) sur l'extra atmosphérique comme facteur différentiant, afin de ne pas être interceptée. Cela vient donc compléter l'offre des munitions endoatmosphériques de très longue portée… où Ariane développe son démonstrateur stratosphérique V-MAX, qui lui aussi est théoriquement impossible à abattre en raison de sa vitesse et de sa manœuvrabilité. Complémentaire, ou alternatif ? Cela dépendra du portefeuille, forcément conséquent, que l'Etat décidera d'allouer à ces capacités de frappe dans la profondeur. 


Pour conclure, l'on notera quelques éléments, en retrait, voire carrément absents : 
  • le SCAF bien sûr, avec une maquette de NGF -déjà vieille de 6 ans- placée en retrait, chose remarquée avec un certain étonnement par les Européens présents (je vous le traduis : cela veut dire "pas en bien"). Dassault Aviation et son PDG Eric Trappier veulent imposer une pression monstre à Airbus Defence & Space au moment de négocier la phase de développement d'un démonstrateur de futur avion de combat dont la date du premier vol semble une nouvelle fois avoir glissé (2030 aujourd'hui). Un pari osé, très critiqué par les observateurs, mais qui je l'imagine, pourrait s'avérer payant si Airbus se retrouve poussé dans les cordes. D'autant plus qu'en Allemagne, le géant Rheinmettal multiplie les coups de couteau dans le dos, enchainant les accords de production sous licence avec les Américains de Lockheed Martin (fuselage F-35 entre autres) et Anduril (drone de combat Fury). Airbus serait désormais en quête d'alliances. 

Combat collaboratif. Et le NGF, en retrait… symboliquement - Photo Thomas Schumacher  

  • Les commandes !?! Où sont les commandes ??? Chez Embraer ! Plus sérieusement, on pouvait espérer a minima 20 Rafale Air et 10 Marine pour les forces françaises, comme cela avait été suggéré dans la presse ce printemps. Et l'accord avec la Suède et Saab pour le Global Eye n'est pas encore au stade de la commande ferme (cela viendra dans les prochains mois). Sur les drones et munitions terrestres, il s'agira aussi de vraiment accélérer, afin que l'armée de Terre s'exerce. 
  • Concernant les retards, comme je le disais plus haut, la publication de la stratégie spatiale nationale est décalée, ce sera pour octobre à Toulouse lors de l'inauguration des nouvelles installations du Commandement de l'Espace. Et si la stratégie pour la THA (très haute altitude) a bien été présentée par le ministre Sébastien Lecornu, le fameux tir sur ballon atmosphérique qui devait se dérouler en ce mois de juin n'avait toujours pas été réalisé au moment du salon. [MISE A JOUR : succès de plusieurs tirs sur ballons en THA annoncé ce lundi 23 juin !]
  • Eté toujours, où l'on attend le premier vol du drone Aarok de Turgis & Gaillard. Cela s'est joué à peu pour une annonce au Bourget, mais la météo en a décidé autrement à la date prévue début juin. Une question de semaines désormais, le temps de tout remettre en place. Là encore, j'attends plus d'engagement de la part de l'Etat, T&G ne pourra pas tout faire sur fonds propres. Mais le Aarok continue bien de surfer sur la hype générée en 2023, pendant que l'Eurodrone (Airbus) et le Patroller (Safran) se montraient bien timides une fois de plus. A juste titre…   
  • Les "territoires" : difficile en effet d'exister pour la province quand les questions qui dominent concernent la géopolitique, et donc Paris, ses centres de décisions et ses sièges sociaux. On notera d'ailleurs que les start-up ou PME qui font le plus parler sont celles qui ont été prises sous l'aile du ministère des Armées ou d'un grand groupe. Difficile également sans argent public disponible au niveau régional. Difficile enfin quand on a subi la désindustrialisation, et que ce sont des capacités de production dont on a désormais besoin (par exemple : on ne parle pas cette année de faire financer et construire des usines, mais plutôt d'utiliser celles des géants de l'automobile). A oui au fait… l'Aquitaine et Bordeaux-Mérignac ont perdu Hynaero et son projet de bombardier d'eau Fregate F-100, qui filent à Istres. Mais comme dirait l'autre: "Ce n'est pas grave on va faire des dirigeables !". Heureusement il y a Eurenco, qui signe des accords structurants avec Saab en Suède, et FN Herstal en Belgique.  
  • L'envie d'ajouter tout le secteur civil, où le choses vont bien, très bien même, mais clairement pas sous le feu des projecteurs médiatiquement parlant, surtout quand on connait la chute vertigineuse d'attention (ou pire, d'intérêt ?) que connaissent les problématiques de RSE, en premier lieu la décarbonation. Mais dans ce dernier domaine, les choses vont tout de même bon train, en particulier chez Safran. Quant aux taxis volants, il y en a peut-être deux fois moins qu'en 2023. 
  • Les absents: les Falcon de mission dont on parle vraiment trop peu (ce qui a laissé la place au Global Eye, sur Bombardier G6000). Pas de Mirage non plus, mais les verra-t-on encore ? Tout comme les appareils d'ancienne génération comme l'ATL-2 ? Plus étonnant, l'A330 MRTT n'était pas là non plus. Quand à l'actualité hélicoptère, elle était surtout contemplative avec les vols quotidiens du magnifique démonstrateur Racer d'Airbus, que l'on voit tout de même mal trouver un marché…

Le -magnifique- Racer d'Airbus Helicopters - Photo TS

vendredi 6 juin 2025

Premiers éléments sur la production du Rafale hors de France

Pour la première fois, des éléments du chasseur Rafale vont être produits hors de France. Et plus précisément en Inde, dans le cadre du partenariat stratégique qui unit les deux pays et leurs industriels. C'est en effet ce qu'ont annoncé Dassault Aviation et Tata Advanced Systems ce 5 juin. 

Ci-dessus: un Rafale dans l'usine de Mérignac (33) - Dassault Aviation


Après des années de spéculations, en raison des offsets négociés dans le cadre du premier contrat Rafale de 2015, Dassault Aviation et Tata Advanced Systems ont annoncé jeudi 5 juin par communiqué la signature de quatre accords de transfert de production pour la fabrication du fuselage du Rafale pour l'Inde "et d'autres marchés internationaux".

Plus précisément, Tata Advanced Systems mettra en place un site de production à Hyderabad pour fabriquer des sections clés du Rafale, dont les corps latéraux du tronçon arrière, le tronçon arrière complet, le fuselage central et la section avant. Les premières sections de fuselage devraient sortir de la chaîne d'assemblage en 2028, avec l'objectif de long terme de produire jusqu'à deux fuselages complets par mois.

Rappelons que l'ouverture d'une seconde chaîne de production, au moins partielle (certains éléments ne pouvant pas être fabriqués hors de France pour des raisons de sécurité nationale), est nécessaire pour atteindre l'objectif, non officiel mais potentiellement nécessaire en cas de nouvelle crise internationale, de cinq Rafale par mois. 

Etant donné l'actuel carnet de commande de Dassault, et l'évolution du marché, l'usine de Mérignac elle, peut voir venir pour quasiment une décennie. 

L'Inde, qui vient de commander 26 Rafale pour sa Marine au mois d'avril, est cliente de l'appareil depuis 2015, lorsqu'elle avait opté pour 36 appareils pour son armée de l'air. Il y a quelques semaines, au cours d'un affrontement historique avec le Pakistan, elle a perdu son premier Rafale au combat.  


mercredi 21 mai 2025

Les splendides images de l'exercice Athena 2025 au Pyla

Du 12 au 23 mai se déroule sur la côte aquitaine le grand exercice des forces spéciales Air, Athena. L'occasion de découvrir des images exceptionnelles impliquant A400M, hélicoptères Caracal, et Rafale de l'armée de l'Air et de l'Espace.

Images : armée de l'Air et de l'Espace.


Alors que les premières qualifications de pilotes concernant le ravitaillement en vol des hélicoptères Caracal des forces spéciales (régiment basé à Cazaux) par l'Airbus A400M ne datent que de la fin de cet hiver 2025, l'armée de l'Air et de l'Espace nous offre de splendides images provenant de l'exercice "Athena", dont la dernière édition se déroule du 13 ou 23.

Athena, exercice sur-mesure -et même un "entraînement qualifiant"- pensé par et pour les forces spéciales Air, voit la conduite d'une dizaine de missions aux scénarios variés: contre-terrorisme, action dans la profondeur, renseignement et activité en zone grise militarisée. Ceux-ci impliquent la base aérienne 120 de Cazaux, la base aérienne 126 de Solenzara (Corse), la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan et le champ de tir de Captieux (Landes).

L'armée de l'Air y aligne les hélicoptères Caracal de Cazaux, l’escadron de transport (ET) 3/61 “Poitou” venu d'Orléans, les commandos parachutistes de l’air n° 10 et n° 30, ainsi que les Rafale de l’escadron de chasse (EC) 2/30 “Normandie-Niémen”, depuis Mont-de-Marsan. Sans oublier de mentionner les modules d’appui aux opérations spéciales (sapeurs du génie de l’air, spécialistes du renseignement, des systèmes d’information et communication).

Mais encore, de façon plus générale, le COS, dans son sens large, ainsi que les alliées, étaient aussi présents aux côtés de l'armée de l'Air: 1er RPIMa, 4e régiment d’hélicoptères forces spéciales (RHFS), commandos et équipages d’hélicoptères espagnols de l’Ejercito del aire, et enfin des C-130J américains de l’Air Force.






mercredi 14 mai 2025

Une base Canadair à Mont-de-Marsan, c'est non


Le Président du Conseil Départemental des Landes, Xavier Fortinon, a révélé le 5 mai sa déception quant au choix du Ministère de l'Intérieur de clôturer le dossier d'études sur l'établissement d'une seconde base aérienne pour les avions de la Sécurité Civile. Celle-ci était annoncée depuis 2023 sur la BA118 de Mont-de-Marsan.


Pour les archives : on se souvient qu'en août 2023, un an après les terribles mégafeux qui avaient touché la Gironde et les Landes, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Gérald Darmanin, avait annoncé l'implantation d'une base de la Sécurité Civile à Libourne (33), ainsi que l'étude pour la constitution d'une base aérienne permanente de Canadair et autres appareils de lutte anti-incendie, du côté de Mont-de-Marsan (40). 

Si la base de Libourne est bel et bien existante aujourd'hui, il semble que tout cela n'était que politique et communication concernant Mont-de-Marsan (question que l'on se posait déjà en 2023). Trop cher ? Trop complexe ? Inutile ? Quelques éléments de réponse dans cette vidéo des toujours excellents experts d'Aerobuzz : 


lundi 28 avril 2025

L'Inde signe le contrat des 26 Rafale destinés à son aéronavale


Ce lundi 28 avril, l'Inde a signé avec la France un accord pour l'acquisition de 26 avions de combat Rafale, produits par le groupe Dassault Aviation. Alors que l'Indian Air Force possède déjà 36 Rafale, il s'agit ici plus spécifiquement d'appareils destinés à son aéronavale. Et donc, du premier succès à l'export pour le Rafale Marine.

Ci-dessus: des Rafale M français sur le pont du porte-avions Charles de Gaulle. 


Via communiqué officiel, Dassault Aviation confirme que l’Accord Intergouvernemental entre la France et l'Inde a été signé ce jour permettant la signature, en présence d’Éric Trappier, Président-Directeur général de Dassault Aviation, du contrat d’acquisition par l'Inde de 26 Rafale Marine pour équiper la marine indienne (Indian Navy).

Le montant du contrat est de 6,5 milliards d'euros, pour 26 Rafale (22 Rafale M, et 4 Rafale B pour la formation). Livraisons entre 2029 et 2031. 

Le Rafale avait été choisi par l'Inde en juillet 2023 pour équiper son nouveau porte-avions, l'INS Vikrant, en remplacement d'antiques Mig-29 de fabrication soviétique. Durant le processus de sélection le Rafale faisait face au F-18 Super Hornet de l'américain Boeing

Notons que dans le cas très précis de l'Inde, l'appareil français a dû être qualifié pour décoller avec tremplin, et non catapulte comme sur le Charles de Gaulle. 

Outre le fait que ce contrat renforce encore (et ce n'est pas fini) le partenariat stratégique entre l'Inde et la France, celui-ci est historique puisque l'Indian Navy devient  la première force aéronavale à se doter du Rafale, après la Marine Nationale française donc.

Pour rappel, l'Indian Air Force dispose déjà de 36 Rafale -qu'elle pourrait aligner face au Pakistan ces prochaines semaines- et attend encore au moins 114 appareils de combat multirôle dans les prochaines années (nouvelle compétition). 

Pour Dassault, c'est la confirmation que New Delhi est son meilleur client. De là à planifier l'ouverture d'une hypothétique seconde chaine d'assemblage en Inde, alors que celle de Mérignac a un plan de charge pour 10 ans…

Pour la France, qui pourrait/devrait passer une commande d'une trentaine d'appareils au mois de juin afin de se renforcer dans le nouveau contexte stratégique européen (et pas seulement européen), le retour du Rafale M sur la ligne d'assemblage est l'occasion de recompléter une flotte qui stagne depuis 2016 et la livraison du 46ème appareil de ce type à la Marine Nationale. 4 appareils ayant été perdus depuis 2001, cette dernière n'en dispose dont que de 42 aujourd'hui, dont un est réservé aux essais. 


lundi 17 mars 2025

Airbus apporte son soutien au bombardier d'eau d'Hynaero


La division Defence & Space du groupe Airbus a annoncé son soutien technique au programme de bombardier d'eau amphibie Fregate-F100 de la société Hynaero. Un coup de pouce bienvenue au moment décisif où la start-up bordelaise entame d'importantes campagnes de levées de fonds. 

Ci-dessus: vue d'artiste du Fregate-F100 - Hynaero.


Airbus Defence and Space et Hynaero ont annoncé en fin de semaine dernière la conclusion d'un mémorandum d'accord, vrai partenariat stratégique, couvrant "l’ensemble du déroulement du programme Fregate-F100 et de sa vie opérationnelle avec notamment le support à la conception, à la certification et la maintenabilité de l'aéronef, ainsi que sa promotion auprès de clients potentiels dans le monde entier"

Airbus, qui continue de mener régulièrement des tests de lutte anti-incendie, sur ses avions militaires A400M (le groupe est aussi actif dans ce domaine avec les hélicoptères et les satellites de surveillance), voit en effet le programme Fregate-F-100 comme complémentaire à ses activités. Un soutien technique sera donc apporté durant le développement de l'appareil. 

Hynaero a multiplié les annonces de partenariats ces deux dernières années (privés et publics), et l'ajout d'Airbus est assurément une marque de prestige et de confiance. Le Fregate-F-100, grâce aux technologies modernes, doit littéralement écraser les capacités de l'antique Canadair, avec notamment une capacité d'écopage de 10 tonnes d'eau contre 6. 

Mais comme tout programme de conception d'un nouvel avion, le budget nécessaire est impressionnant : un milliard d'euros. 

Coup de pression sur la région bordelaise ? 

Dans l'immédiat, Hynaero doit d'abord trouver les 15 millions d'euros qui lui permettront de vraiment débuter le développement de l'appareil (la phase de conception détaillée), dont le design a légèrement évolué à la suite des études de faisabilité. Un moteur sera aussi choisi prochainement. Les partenaires financiers sont là, et Hynaero dispose d'ailleurs de trois lettres d'intention pour des commandes. Les investisseurs seraient cependant dans l'attente d'un engagement ferme de l'Etat, alors que ce sont toujours les Canadiens de DHC, avec leur emblématique mais vieillissant Canadair, qui tiennent la corde à Paris comme à Bruxelles pour les nouveaux contrats de renouvellement de flotte(s). 

L'objectif demeure de disposer d'un prototype en 2029, afin de lancer la commercialisation en 2031.

Une interview donnée dans le journal Sud Ouest ce dimanche nous apprend par ailleurs que la start up est fortement sollicitée par d'autres collectivités (Rochefort, Pau, Nîmes, Saint-Nazaire) pour l'implantation de son futur site, qui générera selon elle 500 emplois directs et 2 000 indirects. Elle attend donc un geste de la Région Nouvelle Aquitaine, qui a été, rappelons-le, la première à lui faire confiance (300 000 euros de subvention). Un petit coup de pression -qui vise surtout la métropole bordelaise a priori- que l'on tentera tout de même de désamorcer : les autres sites évoqués ne semblent disposer, ni de l'écosystème (notamment les sous traitants), ni, surtout, de la masse mobilisable de ressources humaines qualifiées pour faire vraiment le poids avec Bordeaux sur un projet d'une telle envergure. 

Pour rappel, Hynaero dispose aujourd'hui d'un petit bureau à Mérignac, dans les locaux du "Cockpit" de Bordeaux Technowest. 


vendredi 14 mars 2025

Marche arrière toute sur le F-35 au Portugal, une chance pour le Rafale ?


La piste du F-35 se refroidit très largement au Portugal, après les déclarations dans la presse du ministre de la défense jeudi 13 mars. Le pays avait pourtant ouvertement privilégié cet avion pour le futur remplacement de ses F-16. Désormais, dans un contexte géopolitique historique, la porte est ouverte pour les avions de combat européens, dont le Rafale. 

Ci-dessus: Emmanuel Macron au Portugal fin février 2025 - photo Elysée.


Cela devait arriver, commencer quelque part en Europe. Conséquence directe de la nouvelle politique diplomatique américaine, brutale, le Portugal annonce par la voix de son ministre de la défense (jeudi 13 mars dans la presse locale) qu'il ne prévoit plus de se doter du chasseur F-35 de Lockheed Martin. Le choix se fera donc en faveur de matériels fabriqués par des alliés "qui seront à nos côtés en toute circonstances". "La position récente des États-Unis, au sein de l'OTAN et sur la scène géostratégique internationale, doit nous inciter à réfléchir aux meilleures options, car la prévisibilité de nos alliés est un atout majeur à prendre en compte". Les mots sont forts.

Si le Portugal n'a encore rien signé avec les Etats-Unis pour le remplacement de ses 28 F-16, l'armée de l'air avait indiqué au printemps 2024 que le choix se porterait sur l'avion furtif américain, en raison de l'interopérabilité que ce dernier offrait avec les pays de l'OTAN. Lisbonne préparait donc cette transition sur "deux décennies", menant des ateliers sur la "cinquième génération". Le montant du renouvellement avait été chiffré à 5,5 milliards d'euros. 

L'élection de Donald Trump, et surtout la conduite de son administration depuis, constituent donc évidemment un bouleversement qui mène à ce revirement majeur. Ironique, quand on sait comment un tel marché aurait pu être retourné par les Américains par le passé, au hasard, en Suisse… 

Et alors que le schisme transatlantique se porte visiblement sur le terrain industriel et commercial, avec pour ce qui concerne la défense un véritable mouvement de défiance des Européens qui s'inquiètent ENFIN de leurs dépendances technologiques, en particulier s'agissant du F-35 et de ses restrictions d'utilisation, plusieurs pays dans le monde (et donc, aussi en Asie) doutent désormais du fournisseur historique. Au grand dam du complexe militaro industriel américain, dont les valeurs s'effondrent en bourse.

Le Portugal n'est certes pas la plus grande armée d'Europe, mais une trentaine de Rafale ne serait pas de trop sur le flan sud européen, d'autant plus que ces derniers seraient projetables vers l'est aux côtés des appareils et ravitailleurs français. Ce serait une façon pertinente pour Lisbonne de participer à la défense de l'Europe.     

J'ajouterai enfin trois éléments: 

  • attention, il s'agit de la décision d'un gouvernement démissionnaire. De nouvelles élections législatives sont prévues en avril. Il faudra donc voir le point de vue des partis politiques;
  • la compétition (non datée) sera probablement ouverte aux trois appareils européens. Sur ce point, l'Eurofighter offre une interopérabilité avec les Espagnols, et le Gripen suédois fait sens (prix et capacités);
  • Emmanuel Macron était en visite d'Etat au Portugal il y a deux semaines, pour évoquer notamment les sujets défense, avec par exemple la vente de canons Caesar. Hasard ? 

vendredi 28 février 2025

Vers un rachat américain du corrézien LMB Aerospace


Le sous-traitant corrézien LMB Aerospace, qui fabrique principalement des ventilateurs électriques pour l’aéronautique, la défense, ou encore le ferroviaire, devrait être racheté par le groupe américain Loar. Une nouvelle qui interroge dans le contexte géopolitique actuel, mais qui rappelle encore une fois les limites de développement dont pâtissent les petites entreprises en France.

Installée en Corrèze depuis 1956, LMB Aerospace est une PME d'environ 75 collaborateurs réalisant 40 millions d'euros de chiffres d'affaires. Elle fabrique moteurs et systèmes de refroidissement (ventilateurs) pour des industries stratégiques. C'est ainsi que l'on retrouve ses équipements sur des avions de combat partout dans le monde, des hélicoptères, trains à grande vitesse, chars… et même le porte-avions Charles de Gaulle.

Or, LMB réalise aujourd'hui le tiers de son CA en Amérique du Nord, où ses perspectives de croissance sont les plus prometteuses. 

C'est donc dans ce contexte que le groupe new yorkais Loar Group (fabricant de composants sur le même segment, mais 10x plus important que LMB) est entré en négociations avec les différents groupes actionnaires de LMB (principalement Tikehau Capital) pour un rachat de cette dernière. Le montant de la vente serait de 365 millions d’euros, soit une rentabilité de 100% pour Tikehau Capital qui avait acquis LMB en 2022. 

Alors est ce une nouvelle affaire Photonis (qui a changé de nom en 2023 pour devenir Exosens), ce spécialiste français de l'optique militaire qui était il y a quelques années au cœur d'un imbroglio politique suite à sa tentative de rachat par un groupe américain ?

Dans un contexte transatlantique tendu comme jamais, l'affaire ne devrait cependant pas prendre trop d'ampleur, malgré quelques signes d'irritation aperçus dans la presse depuis une semaine. Etant donné son implication dans la défense nationale, comme "actif stratégique", la vente devra dans tous les cas être approuvée à la fois par le ministère des Armées et par Bercy. Afin d'être complet, il faut aussi rappeler que LMB a déjà appartenu à un groupe américain, de 2000 à 2012.

Enfin, cette nouvelle vente est aussi et surtout le symptôme des manques criants de mobilisation financière "made in France" pour soutenir l'industrie, en particulier les PME et ETI sous-traitantes aux finances fragiles et clientèles en nette position de domination (l'exemple le plus connu étant celui d'Airbus face à ses sous-traitants), laissant ces entreprises à la merci de la première belle opportunité venue du monde anglo-saxon ou d'Asie. 

Mais avec le bouleversement stratégique en cours, et le sommet à venir sur le financement de la défense, annoncé pour le 20 mars au ministère de l'Economie, nous sommes enfin en droit d'espérer une libération -de leurs chaînes- des capitaux nationaux, au profit des activités stratégiques.  

Liste des matériels comportant des équipement LMB, et exemple avec le NH90 : 



vendredi 14 février 2025

Etude de l'IFRI sur l'avenir de la supériorité aérienne & blog synthèse


Un mot rapide pour signaler une double parution: d'une part cette étude de l'IFRI particulièrement interessante, datant de la fin du mois de janvier. Et d'autre part la synthèse de cette dernière que j'ai réalisé sur un blog secondaire, pour ceux qui n'auraient pas le temps de digérer les 116 pages du document. Suivre CE LIEN ! 

Bonne lecture ! 


vendredi 7 février 2025

Le premier Falcon Albatros de la Marine a volé à Mérignac


Le premier des douze nouveaux Falcon 2000 du programme AVSIMAR commandés en 2020 a effectué son premier vol à Mérignac le 24 janvier dernier. Il entrera en service dans la Marine Nationale en 2026. 

Ci-dessus: le premier Falcon a volé le 24 janvier à Mérignac. C. Cosmao - Dassault Aviation


L'information a mis un peu de temps a émerger mais le premier Falcon 2000 LXS du programme des futurs avions de surveillance et d’intervention maritime (AVSIMAR) s'est envolé le 24 janvier depuis Bordeaux/Mérignac, et les usines de Dassault Aviation.

Pour rappel, ces appareils, commandés en 2020 pour 1,3 milliard d’euros (en réalité seulement les 7 premiers, les 5 autres avions devant faire l'objet d'un marché en 2025), sont attendus dans la Marine Nationale, où ils remplaceront des Falcon 200 et Falcon 50 -beaucoup- plus anciens. Ce premier Albatros, qui n'arbore pas encore sa livrée finale, intégrera les forces l'an prochain, en 2026, après une campagne d'essais et de qualifications. Les livraisons doivent s'étaler de 2025 à 2030. 

De plus, on évoquait à l'époque, en 2020, l'assemblage de 9 appareils sur 12 en Inde dans le cadre des contreparties liées au contrat Rafale de 2016 ! Il serait intéressant d'avoir une mise à jour sur le sujet (ce dont je ne dispose pas à cette heure). Mais c'est bien en France que leur transformation militaire était prévue quoiqu'il advienne, Naval Group fournissant le système de missions, Thales les radars Searchmaster, et Safran la boule optronique Euroflir.

Un autre programme est également en cours pour les Falcon, 8X cette fois, de Dassault: celui des avions de surveillance "Archange" qui équiperont l'armée de l'Air à horizon 2028/29. 



lundi 13 janvier 2025

Toujours plus de Pilatus !

Avec l'attribution du marché MENTOR 2 prend fin le processus de modernisation de la formation des pilotes de l'armée de l'Air et de l'Espace et de la Marine Nationale. C'est Babcock France qui remporte ce contrat. L'entreprise déploiera 22 Pilatus PC-7 à Salon-de-Provence. 


Sans grande surprise (à mon sens), la DGA a notifié le marché “Mentor 2 ce 31 décembre 2024 à Babcock International France Aviation

Dans les faits, cette prestation de formation se matérialisera par le déploiement de 22 aéronefs Pilatus PC-7 MKX et 12 simulateurs de vol au sein de l'École de l’air et de l’espace, sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence. Ces Pilatus, d'origine suisse, viendront remplacer les flottes de Grob 120A de Cognac et de Cirrus SR20 de Salon.

Avec Mentor 2, l'idée était qu'outre la modernisation, l'effort soit porté via un unique aéronef pour la phase élémentaire de formation. Naturellement, le Pilatus PC-7 MKX permet une filiation directe en termes de performances et de caractéristiques avec les très appréciés -et très gracieux, pour le voir voler plusieurs fois par semaine-  PC-21 basés à Cognac depuis 2018, qui eux sont pilotés plus tard durant la formation des pilotes, au sein de l'École de l’aviation de chasse.

Si le PC-7 a pour moi toujours semblé favori, l'institution ne donne aucune indication sur les concurrents. On pense notamment au Grob TPX "Cobra" dévoilé en juin dernier lors d'un curieux exercice de communication centré autour du made in France, et qui ressemble plus à un pari politique qu'à un véritable programme. 

A noter que la Marine Nationale est aussi concernée par Mentor 2.


lundi 2 décembre 2024

Des moteurs M-88 à 9 tonnes de poussée sur Rafale F5 ? Il faudra le financer


Le motoriste français Safran aurait dans ses cartons un projet "T-Rex" de remotorisation du Rafale, pour son standard F5 prévu pour entrer en service dans les années 2030. Or, il faudra non seulement adapter cette évolution à la structure de l'appareil, mais surtout la financer.


C'est le retour d'un marronnier vieux de 15 ans. Le Rafale aura t-il droit un jour à plus de poussée moteur ? Même si l'appareil, "combat proven/export proven", se défend très honorablement avec ses deux moteurs M88 et leur poussée de 50 kn, ou 7,5 tonnes, dont la maintenance est facilitée et qui ont d'ailleurs passé en 2022 le chiffre symbolique du million d'heures de vol, la question s'est régulièrement posée de savoir s'il fallait lui offrir plus de puissance.  

D'emblée, évacuons la question de l'avion du futur, quel qu'il soit. Le "NGF" -européen ou pas- sera un avion de nouvelle génération, avec un tout nouveau moteur. Aujourd'hui il est question du Rafale et seulement du Rafale… à moins que, peut-être aussi du futur drone de combat ? Peu probable à mon humble avis, puisqu'un drone furtif n'est généralement pas supersonique. Mais nous verrons en temps voulu. 

Safran a toujours défendu l'évolutivité de son moteur, et étudierait donc avec le programme "T-REX" un moteur M88 d'une poussée de 9 tonnes. Le motoriste défend publiquement le projet depuis une décennie (avec de précédentes études très concrètes), mais se présente aujourd'hui devant le politique et militaire avec trois arguments : l'avion de nouvelle génération ne sera pas opérationnel avant 2045 ou 2050 d'une part, et il faut donc s'appuyer sur la capacité Rafale, vouée à équiper à 100% nos forces aériennes à horizon 2035. D'autre part, des clients importants comme l'Inde ou les Emirats Arabes Unis seraient demandeurs. Enfin, Safran doit maintenir ses savoir-faire avec un programme majeur et intermédiaire avant le SCAF.   

Ces trois argument se valent, et surtout sont vrais. D'autant plus que le Rafale F5 s'annonce comme une belle révolution "à mi-vie" pour le fleuron de Dassault Aviation, avec cependant une prise de poids que l'arrivée d'une nouvelle motorisation pourrait compenser. 


Problème: il faudra le financer, ce qui n'est absolument pas prévu à ce jour dans la Loi de programmation militaire 2024-30. Et l'on parle tout de même ici d'environ 600 millions d'euros… [Mise à jour 3 décembre : l'armée de l'Air en ferait une priorité]  

De plus, du peu d'informations dont je dispose, je pense pouvoir confirmer que Rafale F5 ne connaitra pas d'augmentation de cellule (il faudra aussi arrêter avec ce mythe du Super Rafale). Il s'agit d'une ligne rouge. Si nouveaux moteurs il y a, ils devront faire avec la place qu'il reste. Et il en reste. Le challenge apparaît surmontable sur ce point. 

Attention donc, car contrairement à ce qu'annoncent certains médias, il n'y a absolument rien d'acté. Le dossier, et l'opportunité, sont néanmoins sur la table.  


De l'IA sur le pod Talios dès 2026

Un mot supplémentaire pour parler de concret, avec la confirmation que Thales va intégrer des logiciels d'intelligence artificielle (dont deep learning) à son module de ciblage Talios dès 2026. C'est une première pour un avion de combat français.  


Le Rafale sera alors au standard F4.3, et l'arrivée de l'IA permettra de délester la charge de travail de l'équipage en matière de ciblage, le module étant à même de détecter et de classer automatiquement et en temps réel les objets d'intérêt, tels que les véhicules et les bâtiments. Les algorithmes de reconnaissance d'image ont été entrainés pour cela grâce à des banques de données enrichies en matériels miltiaires. Ils devraient même pouvoir distinguer des détails invisibles à l'oeil humain.

Détail importantissime qu'il est nécessaire de toujours rappeler. Il s'agit seulement d'aide à la décision, et c'est l'humain, in fine, qui décidera de délivrer la munition ou non.  


lundi 4 novembre 2024

AndroMach et son projet d'avion spatial s'installeront à Bordeaux en 2025


La start-up AndroMach s’installera à Mérignac au printemps 2025. Dans ses cartons, un projet d'avion spatial inédit en France. Une capacité réutilisable d'emport, et de retour, qui pourrait intéresser le monde de la recherche en microgravité, ainsi que la défense. 

Ci-dessus: vue d'artiste du drone spatial suborbital d'AndroMach. 


C'était un secret de polichinelle, puisque la start-up AndroMach disposait d'un stand bien visible -avec maquette !- sur les événements bordelais de la rentrée aérospatiale, mais c'est dans un article de La Tribune Bordeaux en date du 30 octobre que l'information a finalement été rendue publique: le premier avion spatial français devrait être conçu à Bordeaux, ou plutôt à Mérignac, puisque c'est la technopole Bordeaux Technowest qui accueillera la start-up courant mars 2025 dans les murs de son nouveau QG, le "Cockpit". 

AndroMach, qui réunit aujourd'hui en région parisienne un peu moins d'une dizaine d'employés, a pour ambition de développer un avion suborbital (200 km d'altitude) de 4 mètres de long pour 1,2 mètre d'envergure, capable d'embarquer en soute une charge utile de 10 kilos dès 2026. Pour commencer… car en cas de succès, des évolutions importantes sont d'ores et déjà prévues au sein d'une roadmap comprenant les dates de 2028 (150 kg en orbite, avec l'aide d'un microlanceur "partenaire") et 2031 pour des développements itératifs, avec notamment un aéronef plus imposant (18m) capable d'emporter 600 kg sur orbite héliosynchrone

Pour la start-up qui a mené depuis un an ses études de faisabilité, et qui vient de réaliser sa première levée de fonds, les essais de propulsion et d'aérodynamique auront lieu début 2025. Son installation au Cockpit pourrait ensuite s'accompagner de quelques recrutements. 

L'avion spatial est un sujet qui fascine autant qu'il peut décourager. La technologie intéresse un nombre assez important de start-up, mais n'est réellement maitrisée qu'au sein des armées américaine et chinoise. En France, le ministère des Armée a pu évoquer il y a deux ans la volonté de mener des études sur le sujet, qui auraient pu aboutir à ce que l'armée de l'Air et de l'Espace se dote un jour de son propre "X-37B" (le fameux drone spatial de l'US Space Force). Il semble cependant que le sujet soit au point mort. 
Ajoutons enfin, bien sûr, qu'il est de notoriété publique que Dassault Aviation est activement concerné par la question, pour des usages ambitieux qui iraient jusqu'au vol commercial habité. 

Car l'avion spatial a, sur le papier, des avantages évidents en termes de réutilisabilité, de besoins réduits d'infrastructures (une mission suborbitale pourrait être entièrement menée depuis une base aérienne), ou encore d'emport -et de retour intact- de charges utiles. 
Concernant les missions justement, AndroMach communique sur le fait que le premier véhicule suborbital pourrait trouver des usages dans le domaine des recherches en microgravité, un domaine également visé par la luxembourgeoise Space Cargo Unlimited. Quelques minutes à 200 km d'altitude et l'opportunité de développements pour le secteur pharmaceutique, biologique, ou même informatique. 

A échéance plus lointaine, sur orbite basse, et pour des missions de plusieurs jours ou mois cette fois, s'ouvrent les marchés de l'intervention sur des satellites, vaisseaux spatiaux, ou débris (maintenance, réparation, désorbitation…). Ceci dit, est ce vraiment un marché porteur ? 

Et il y a, bien entendu, la défense qui faute d'un grand programme national de drone spatial, pourrait trouver dans les projets de cette start-up une solution souveraine estampillée "new space". Ce domaine est explicitement évoqué par les fondateurs d'AndroMach.

Mais pour en arriver là, de nombreux défis techniques, qui touchent à la structure de l'aéronef comme à sa propulsion, seront à surmonter, le drone devant évoluer dans des milieux (la haute atmosphère et l'espace) où les contraintes sont intenses. Le design exposé à ce jour présente en tout cas des aspects très intéressants, tout comme la démarche itérative. 

Les centres d'essais, la pièce maîtresse du territoire Bordelais 

A ce stade, il s'agit là d'un nouveau joli coup pour l'agglomération (avec encore le travail remarquable de Bordeaux Technowest et de l'agence Invest in Bordeaux) qui attire un projet que l'on pourrait qualifier "de rupture". Après Hynaéro (projet de "Canadair" français), The Exploration CompanyHyprSpace ou encore Dark… ce ne sont pas les ambitions qui manquent.

Ce qui a convaincu AndroMach ? La proximité des sites disponibles pour mener des essais de propulsion: « Pour les essais opérationnels, propulsion et essais en vol, toutes les infrastructures sont disponibles sur le territoire », peut-on lire dans La Tribune. Outre la proximité, pratique, de l'océan, il faut dire en effet que l'ouest bordelais dispose d'un sacré héritage en matière de structures dédiées à la pyrotechnie.

Cet argument, on le retrouve d'ailleurs partout chez les pépites du spatial ces derniers mois sur le territoire. Récemment, c'est d'ailleurs The Exploration Company qui a montré son nouveau banc d'essai de Mérignac (images ci-dessous), mis en place durant l'été sur un ancien site à Mérignac. Déjà impressionnant de maîtrise, et destiné à grossir dès l'an prochain.
 


mercredi 9 octobre 2024

Rafale F5, drone de combat furtif, SAMP-T NG... un mardi qui fera date

Plusieurs annonces importantes sont tombées ce mardi 8 octobre, et elles concernent en particulier l'armée de l'Air et de l'Espace, et ses systèmes futurs. Hasard du calendrier, les technologies en question sont toutes au cœur de l'actualité stratégique brulante. 


Sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier pour les 60 ans des Forces aériennes stratégiques (c'est en effet le 8 octobre 1964 qu'un Mirage IV décollait pour la première alerte des forces aériennes stratégiques depuis la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan), le -toujours- ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé une "évolution majeure pour la dissuasion nucléaire aéroportée française".

Cette évolution, c'est le nouveau standard du Rafale, le F5, qui emportera le futur missile nucléaire ASN4G. Et si l'annonce n'arrive que ce 8 octobre, cela fait en réalité "plusieurs mois" que Dassault Aviation s'est vu confier le premier contrat de développement par la DGA. Le Rafale F5 est attendu dans une dizaine d'années. 

Cette annonce ne vient pas seule, puisque le ministre a également confirmé le lancement du programme de drone de combat furtif, "qui sera opéré directement depuis le cockpit du Rafale". Ce drone constituera l'héritage du programme de démonstrateur nEUROn, mais l'appareil qui en résultera devrait être largement différent. Ce drone est attendu pour 2035, si l'on se réfère aux propos tenus lors du salon du Bourget en 2023.  

C'est probablement un pur hasard du calendrier, ce partenariat Rafale-Drone étant imaginé de longue date, mais ce programme 100% français débute officiellement alors que la Russie a perdu en Ukraine le 5 octobre l'un de ses rares drones de combat furtif Soukhoï S-70 Okhotnik-B. Le drone a visiblement été abattu à courte portée -via l'usage d'un missile IR- par l'appareil qui l'accompagnait (un SU-57 ?) car il était devenu hors de contrôle et se dirigeait de l'autre côté de la ligne de front. Trop tard puisque ses restes ont néanmoins été récupérés en zone ukrainienne... 


Premier tir réussi pour l'Aster 30 B1 à Biscarrosse 

Avant de se rendre à Saint-Dizier, le ministre était présent sur une autre implantation mardi matin, le Centre d'essais militaires des Landes (DGA essais de missiles).

Il y assistait en effet au premier tir du système franco-italien de nouvelle génération, le SAMPT-NG avec son missile Aster 30 B1 "Nouvelle technologie" (NT). La grande particularité de l'évolution du "Mamba" sera sa capacité à pouvoir intercepter les missiles hypersoniques. Une question devenue essentielle dans le contexte stratégique actuel, alors qu'Israël vient de subir deux attaques balistiques massives venues d'Iran, et que la défense sol-air ukrainienne est mise à l'épreuve quotidiennement depuis février 2022. 

Et c'est en tout début de soirée que l'on a appris (via le communiqué et la vidéo ci-dessous) que l'essai avait été mené avec succès. A ce stade, aucune information sur la cible qui a été utilisée, mais pour un premier tir, il s'agissait probablement d'un drone-cible standard. Loin de la gamme hypersonique donc… 

 

Un dernier mot sur une autre mission de la DGA, confirmée par le ministre ce mardi. Il s'agit de la modification à Cazaux chez DGA Essais en vol des Mirage 2000-5F que la France va céder à l'Ukraine au premier semestre 2025. Ils y seront équipés d'armements air-sol et d'une suite de guerre électronique renforcée.