Le GIFAS présentait les résultats 2020 de la filière aérospatiale nationale. Comme attendu, la crise est là et seul le secteur défense semble tenir le choc.
Ci-dessus: le salon du Bourget 2021 a été annulé. La prochaine édition aura lieu en juin 2023
La crise sanitaire mondiale a sinistré l'ensemble des activités aéronautiques et spatiales, ce n'est un secret pour personne. Mais les chiffres font mal, tout de même. Une chute d'activité de 36% (ou 28% du CA des 400 membres du GIFAS) pour un secteur clé de l'économie française, habitué à performer.
Surtout, les prises de commandes se sont, elles, effondrées de 53 %, à 28,2 milliards d’euros.
Les activités de défense, essentiellement dépendantes de la commande publique, ne baissent que de 3%, à 16,5 milliards d’euros, mais le spatial français, déjà en plein questionnement sur sa stratégie, encaisse dur, avec 25% de chute de CA (,3,2 milliards).
L'emploi a tenu (-4%, 8000 postes quand même), en grande partie grâce au soutien de l'Etat, mais également car les entreprises ont dû bâtir une stratégie pour ne pas laisser filer les compétences. Toutefois, la perte représente l'effacement de 10 années fastes de recrutement. Terrible symbole.
Comme souvent dans des cas de crise, les grands donneurs d'ordres ont contracté leur activité, se sont repliés sur eux-mêmes, et les premières victimes furent les sous-traitants les plus fragiles, en vérité les plus dépendants et moins diversifiés.
Il s'agit pourtant d'un mantra répété depuis des années, mais pas assez suivi. Le manque de clients export, le manque de catalogue et d'activité duale, devient dangereusement fatal au moment où la crise frappe.
Deux grandes régions sont naturellement concernées: Aquitaine et Occitanie. Pas assez d'ETI, trop de PME. Une politique de regroupement pourrait rapidement revenir sur la table avec les élections régionales.
La crise, jusqu'à quand ?
Telle que se présente la situation sanitaire, et l'on se basera essentiellement sur les campagnes de vaccination, il ne fait aucun doute, qu'au mieux, les pays industrialisés (USA, Europe et une partie de l'Asie, + les Etats insulaires à faible population) vivront un certain temps en circuit fermé, eux seuls ayant atteint d'ici l'automne une immunité suffisante.
Soyons donc clair, il n'y a aucune perspective d'amélioration pour l'aviation commerciale avant la fin de cette année. Une remontée en puissance du trafic peut être envisagée durant l'année 2022, pour un retour à la normale en 2023... au mieux.
Dans ce contexte, il y a, encore, un écueil : cette tendance - politique - désagréable qu'est l'avion-bashing. Un comble quand on connait les prouesses d'innovation du secteur aérospatial, et ce particulièrement quand il s'agit de réduire la consommation de carburant. La crise aura néanmoins permis de lancer des plans sur l'hydrogène et les batteries, en espérant des percées et ruptures technologiques.
Mais c'est peut-être bien selon moi sur le plan de l'emploi qu'il va falloir programmer un plan de relance pour la reprise à horizon 2023/24. Paradoxe, alors que la filière surperformait durant la dernière décennie, elle avait déjà du mal à recruter. Car la France ne manque certes pas d'ingénieurs non, mais elle manque en revanche d'ouvriers. Et ce massivement.
C'est pourquoi il apparait désormais absolument stratégique de planifier une politique de recrutement et surtout de rayonnement d'envergure - a minima - régionale pour la filière.