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mercredi 12 juillet 2023

La Loi de programmation militaire 2024-30 votée et promulguée pour le 14 juillet


La Loi de programmation militaire pour la période 2024-30, en débat depuis environ 2 mois au sein des deux assemblées, est votée cette semaine. Le Président de la République la promulguera dans la foulée, pour le 14 juillet. Le parcours 
parlementaire aura été quasiment sans embuche, et une fois n'est pas coutume, parsemé de débats souvent très intéressants. La France affronte ainsi avec une certaine assurance (assurance à 413 milliards d'euros) la décennie 2020, tout en préparant la suivante.

Ci-dessus: à l'Assemblée Nationale, ça passe largement ce 12 juillet. Le Sénat vote le 13.


Au cœur d'une semaine tout à fait stratégique, qui voit notamment se dérouler un Sommet de l'OTAN historique à Vilnius, ainsi qu'un 14 Juillet où l'Inde, invitée d'honneur, doit annoncer la commande de 26 Rafale M et 3 sous-marins Scorpène, voilà que la structurante Loi de programmation militaire pour la période de 2024-30 va être adoptée parfaitement dans les temps, comme l'espérait l'exécutif. 

D'un montant de 413 milliards d'euros (en fait 400, plus des ressources exceptionnelles à dégager), un record, elle place la France dans la tendance globale qui anime le continent - et le monde. A noter que cet effort avait été initié par la France dès 2017, nous partions alors de très loin, très bas. A noter également que si ce chiffre de 400 milliards est impressionnant sur le papier, la somme s'étale sur une période assez longue de six ans. De quoi relativiser donc.    

Sur le blog: La France engage son "pivot" à 413 milliards d'euros



Nous ne reviendrons pas trop longuement aujourd'hui sur le contenu, et les listes (!), mais rappellerons simplement que le ministère semble avoir travaillé sa copie afin de combler des trous dans la raquette bien identifiés (la défense anti aérienne, l'artillerie longue portée, les drones..), tout en choyant quelques domaines qui ne sont pas les plus visibles, que l'on parle du spatial ou du champ immatériel avec le cyber.

Aussi, il y a les choses, très importantes, dont on parle peu, et qui ponctionnent les budgets de façon conséquente. Il y a l'inflation bien sûr, mais aussi la rénovation d'une multitude d'infrastructures, la hausse des pensions, la maintenance, l'attention primordiale qui doit être apportée à la réserve opérationnelle…

Les partisans de la "masse" -cause perdue ?- feront la mou certes, mais l'analyse en profondeur de la LPM et de ses objectifs montre une volonté claire de renforcer le squelette plutôt que le muscle. Autrement dit, on ne change pas de modèle, malgré la guerre en Ukraine, mais au contraire, on le soigne. 

On prépare également l'avenir avec les études sur le porte-avions de nouvelle génération (1 exemplaire acté, un second à l'étude), le Rafale F5 et sa collaboration avec un héritier du drone furtif nEUROn, et autres programmes plus ou moins connus qui progressent (SCAF, MGCS, EPC…).


Du côté du format des armées, il n'y aura donc pas de rupture. Si la haute intensité reste le mantra du moment, la projection demeure la clé de voute, avec au sommet de la pyramide doctrinale, une dissuasion modernisée à grand frais.

Les livraisons vont elles s'étaler au delà de 2030, ce que ne se cache pas de regretter l'industrie de l'armement terrestre, peut-être la plus lésée ici. Dans l'aéronautique en revanche, qui en doutait ? Heureusement les commandes exports viennent combler les trous (oui pour le Rafale, moins certain pour les hélicoptères). 
Les Sénateurs -de droite- ont bien tenté, en vain, d'ajouter des équipements à la liste, de compresser les calendriers de livraisons, mais la commission mixte paritaire du 10 juillet réunissant Députés et Sénateurs a finalement donné lieu, après plusieurs jours d'intenses négociations, à un accord qui fait essentiellement la part belle au lissage budgétaire dans l'exécution de la LPM. Le budget du ministère des Armées (43,9 milliards € en 2023) augmentera finalement à hauteur de 3,3 milliards d'euros par an en 2024 et en 2025, de 3,2 milliards en 2026 et en 2027, puis de 3,5 milliards par an entre 2028 et 2030. Il était en effet reproché au gouvernement actuel de reporter le plus gros de l'effort après 2027.

Plusieurs questions, comme celle, épineuse, d'un fonds d'investissement pour la défense, restent en suspens et reviendront sur le devant de la scène à court ou moyen terme. Cela nous donnera donc l'occasion de les évoquer.


En bref, et pour ne pas s'éterniser: disons que l'essentiel est là. Un effort budgétaire ambitieux (faire plus était probablement impossible) dont la trajectoire apparait maitrisée, une classe politique rassemblée - miracle !- et des débats relativement sains dans les hémicycles, ainsi que des opérationnels qui semblent avoir obtenu ce qu'ils désiraient. 

Reste désormais à tenir la ligne, car dehors, il y a tempête. 


mercredi 12 avril 2023

6ème Congrès de l'AEGES du 7 au 9 juin 2023 à Bordeaux


L’Association pour les études sur la guerre et la stratégie (AEGES) organisera la 6ème édition de son congrès bisannuel les 7, 8 et 9 juin 2023 à Bordeaux. Cet événement se veut un espace de socialisation et de discussion scientifiques permettant de rassembler très largement la communauté des chercheur.e.s travaillant sur la guerre et la stratégie, quel que soit leur encrage disciplinaire.

Tous les détails disponibles sur le site de l'événement. 

 




lundi 6 février 2023

L'affaire du ballon espion chinois dévoile l'enjeu de la très haute altitude


En l'espace de trois jours, l'affaire du ballon stratosphérique chinois qui a traversé les Etats-Unis et le Canada avant de finalement être abattu par un F-22 de l'US Air Force, aura installé un climat de psychose rappelant à certains le début de la guerre froide. 

Ci-dessus: le drone HAPS "Zephyr" d'Airbus - photo Airbus.


Hasard du calendrier, ou véritable conjonction stratégique ? La très haute altitude fait partie de ces sujets qui occupent les réflexions des forces aériennes et/ou spatiales depuis maintenant quelques années. L'armée de l'Air et de l'Espace y consacrait même son grand colloque annuel début janvier à Paris (lien vidéo à la fin de ce blog), et devrait proposer une stratégie en la matière dans le courant de l'année. 
Le sujet occupe de surcroît de plus en plus de chercheurs, et est même au cœur des travaux de la Chaire "Défense & Aérospatial" à Sciences Po Bordeaux, pour ne citer qu'elle.

Cette affaire du ballon "espion" chinois aurait pu ne jamais faire la une des médias. En effet, ces ballons sont connus (autrement que pour leur vocation plus courante, qui est scientifique), vus, répertoriés, depuis des années dans la zone indopacifique, de Taïwan bien sûr, en passant par le Japon ou l'Inde, et même jusque Hawaï. Des événements durant lesquels ces ballons ont d'ailleurs assez clairement été décrits comme des aéronefs différents des traditionnels ballons météorologiques (excuse affichée encore aujourd'hui par Pékin). 
Il s'agirait donc en effet de ballons stratosphériques emportant une charge utile capable de récolter du renseignement. Ils seraient légèrement manœuvrables (mais toujours dépendants des courants), et des panneaux solaires leur permettent de conserver de l'énergie électrique sur le temps long. Les Chinois en ont produit toute une flotte. 

Certes, nous sommes loin d'un potentiel Pearl Harbor (expression souvent reprise par les dirigeants américains), mais les Américains acceptent mal d'être challengés au dessus de leur propre territoire, avec quasiment les mêmes méthodes qu'ils employaient contre l'URSS dans les années 1950. Des ballons d'abord en effet, avant l'ère des U2 (le "Dragon Lady" reste maître en son royaume), et SR-71... avant que ne triomphe le satellite. 

L'USAF aurait utilisé un avion U2 pour survoler le ballon chinois - source The Drive.


Il y a bien une zone grise (appelons ça ainsi) en droit international sur l'extension de la souveraineté étatique à cette altitude, supérieure à 20 km, mais dans les faits la réaction américaine est logique, presque légitime. L'Air Force a les moyens d'abattre cet intrus. Elle le fait donc. Il ne pouvait, au fond, en être autrement. Question de prestige, de suprématie.
Car c'est bien sur ce point selon moi qu'il faut analyser cet aventureux geste chinois: aller tester politiquement l'Amérique sur son terrain, alors que celle-ci multiplie les efforts militaires et diplomatiques pour contenir la Chine dans un espace réduit de la zone indopacifique. 

Il est difficile de dire si l'opération est une réussite, ou non. Washington a géré la situation à sa manière, avec fermeté, le Président Biden s'exprimant même devant les caméras quelques minutes après la mission du F-22, afin d'illustrer toute l'efficacité de la chaîne de commandement. 
La Chine surjoue désormais l'outrage, mais c'est bien dans l'opinion américaine que cet épisode pourrait laisser des traces, avec une psychose non-contrôlée qui rappelle un autre temps. Au point d'obstruer les voies diplomatiques ? 


Les opérations à très haute altitude : pas un sport de masse, mais un risque de prolifération

Les opérations "THA" comme on dit chez nous, ou plus communément dans le monde les HAO pour Higher Airspace Operations, se déroulent entre 20 et 100 kilomètres d'altitude. Ou autrement dit, entre le ciel, espace aérien de souveraineté au sens de la Convention de Chicago, et l'espace. On donne un nom à ce milieu: l'interespace.

Comme nous l'avons vu, cela n'a rien de nouveau, notamment car les Etats-Unis en ont usé et abusé durant la guerre froide. Mais le triomphe des technologies spatiales, et plus spécifiquement satellitaires, ont rendu cet espace moins… "utile" aux opérations de surveillance. Il est néanmoins resté bien sûr, un espace obligatoire de transition (pour les lanceurs). Il redevient aujourd'hui un espace d'opérations, comme l'a anticipé l'armée de l'Air et de l'Espace française. C'est par exemple l'avènement des technologies hypersoniques, mais également le renouveau des HAPS: High-altitude platform stations.

Alors qu'en est-il ? Quels sont les types de vecteurs pour ces "pseudosatellites" ?  En Europe, Airbus avec son drone solaire Zephyr, et Thales Alenia Space avec le dirigeable Stratobus, se positionnent depuis des années. Le premier devrait entrer en phase de commercialisation (Airbus illustre d'ailleurs son utilisation pour le SCAF) via une filiale spécialement créée, tandis que le second est pour l'instant maintenu en vie par des fonds européens (programme EuroHAPS). L'armée de l'Air, qui s'est un temps intéressée au projet, a semblé depuis plus hésitante.

Airbus intègre le Zephyr (en haut à droite) comme un élément du cloud de combat du SCAF.

Les ballons eux, solutions un peu plus "low cost", pourraient rencontrer un intérêt grandissant, notamment pour des pays qui n'ont pas de programme spatial. 
En France Hemeria développe à Toulouse ses solutions pour des usages civils ou militaires (observation, relai de communications), tandis que Zephalto vise le tourisme stratosphérique, pour un "voyage bas carbone dans l'espace".


Un espace contesté supplémentaire

Après les eaux internationales (et les grands fonds), l'espace, ou même le cyberespace… voilà donc la haute atmosphère oui, mais pour quels avantages sur le plan stratégique ? Outre la permanence (défaut d'un satellite en orbite basse, mais défaut réglé par les mégaconstellations), la plus-value par rapport à un système satellitaire est incertaine. D'autant plus que si la trajectoire d'un satellite de surveillance est prédictible, un ballon n'est pas plus discret, surtout quand toutes les caméras du monde sont braqués dessus. Il sera intéressant d'ailleurs, de savoir avec quelle efficacité le NORAD américain a pu suivre l'aéronef au radar. 

[MAJ: le NORAD a reconnu le 6 février des lacunes dans la surveillance du ciel nord-américain.]

S'agissant des moyens de réponse, l'occident est relativement démuni, ne disposant pas, ou plus, de moyens d'interception à cette altitude… sans avoir à recourir à la chasse. On sait au moins désormais qu'un chasseur F-22, l'appareil le plus perfectionné du monde, peut mener ce type de mission, à l'aide d'un missile infrarouge dans notre cas d'espèce. Cela n'aurait peut-être pas été le cas d'un Rafale, dont le plafond opérationnel se situe plus bas. 

La problématique reste vaste, et nous aurons l'occasion d'en reparler cette année. Pour en apprendre plus je recommande fortement le visionnage des échanges ci-dessous !


Ci-dessous, le colloque du CESA du "Du ciel à l'espace : nouveaux enjeux opérationnels à très haute altitude" qui se déroulait à Paris ce 9 janvier 2023: 


mercredi 25 janvier 2023

[Replay] NextSpace, le symposium annuel de Way4Space à Bordeaux


Alors que la date du prochain symposium européen NextSpace de Way4Space a été révélée (ce sera donc les 5&6 octobre 2023), retour en vidéo sur une édition 2022 particulièrement réussie. Pour rappel, une partie du monde spatial s'était réunie à Bordeaux pour débattre d'une utilisation éthique et responsable de l'espace. Une vraie vision européenne. 


Vous êtes encore très très nombreux à venir consulter le programme (ICI) du symposium NextSpace consacré à une activité spatiale éthique et responsable, qui s'est déroulé à Bordeaux en octobre dernier. Sachez donc que l'intégralité des débats (discours, keynotes, tables rondes) est désormais disponible en vidéo sur la chaîne Youtube du think tank aquitain.


Visionner ci-dessous l'intégralité des débats de NextSpace 2022 :

 


lundi 14 novembre 2022

Les Tribunes de la presse 2022 du 23 au 26 novembre à Bordeaux

 

Un message (oui ils se font un peu plus rares cet automne) pour signaler le retour d'un grand événement annuel bordelais, les Tribunes de la presse. Cette édition 2022 se déroule du 23 au 26 novembre, et sera consacrée à la "guerre des identités".

Comme chaque année, l'événement, qui en est déjà à sa 12ème édition, questionnera du mercredi 23 au samedi 26 novembre 2022 « La guerre des identités », lors de débats, d’ateliers, et de rencontres dans quatre lieux de la ville.

Comme d'habitude également, des personnalités de renoms, qui viendront partager leur analyse sur des sujets comme la guerre en Ukraine. Le programme est en ligne.  

Inscription gratuite mais obligatoire sur le site de l'événement (attention, les plénières sont rapidement complètes !) : www.tribunesdelapresse.org


lundi 26 septembre 2022

Nextspace 2022 - Une utilisation éthique et responsable de l'Espace est possible


Pour la seconde année consécutive, Way4Space organise un grand rendez-vous consacré aux problématiques qui animent un secteur spatial en plein bouleversement. 
Le Symposium européen NextSpace 2022 se déroulera ainsi à Bordeaux dans le cadre du prestigieux Institut culturel Bernard Magrez les 6 & 7 octobre. Il s'agit d'un événement gratuit, sur inscription.


Dans sa fonction « Think Tank », le Centre d’innovation spatial Way4Space organise annuellement un événement inspirant qui rassemble des responsables et experts français, européens et internationaux autour d’un thème d’intérêt pour son activité de recherche. En 2022, celui-ci cherchera à répondre à l’enjeu suivant :

« Vers une approche éthique et responsable des activités spatiales ».



Pour garantir la durabilité des activités spatiales, il est en effet indispensable de réfléchir à un développement « responsable et éthique » des fonctions à vocation spatiale. 

Pour cela, le symposium, qui se déroulera les 6 et 7 octobre prochains à l’Institut Magrez à Bordeaux, s’organisera en 4 séquences principales qui se donnent pour but de :
  1. Comprendre le milieu spatial pour en tirer parti de façon éthique et responsable;
  2. Définir la durabilité des activités spatiales, sur Terre et dans l’espace voisin;
  3. Imaginer un projet spatial global responsable et éthique;
  4. Présenter des démarches spatiales responsables et éthiques.
Les travaux démarreront le jeudi 6 octobre à 14h et se poursuivront dans la journée du 7 (9h-17h).


Pour venir écouter les débats (j'aurai moi-même le plaisir de vous y retrouver), et participer aux travaux, les inscriptions sont ouvertes et disponibles en suivant le lien ci-dessous: 



Programme et intervenants (cliquer pour agrandir) :









vendredi 29 juillet 2022

Le symposium annuel de Way4Space se déroulera les 6 & 7 octobre à Bordeaux


Après une édition 2021 (la première de l'histoire de cette jeune structure) consacrée justement au "Next Space", Way4Space, le centre européen d’inspiration spatiale basé à Saint-Médard-en-Jalles, organise cet automne la seconde édition de son symposium. Un événement qui sert avant tout à susciter l'échange.


Intitulé Nextspace 2022, il sera consacré à la question de la durabilité dans le spatial, et prendra pour cadre général de réflexion une « une approche éthique et responsable des activités spatiales ».

Le symposium s’organisera en 4 séquences :
  1. Comprendre avec justesse la notion « d’environnement spatial »;
  2. Définir des principes de « durabilité » des activités spatiales;
  3. Réfléchir à un modèle « responsable et éthique » des activités spatiales;
  4. Proposer quelques solutions étudiées par Way4Space ou d’intérêt pour sa réflexion.


Rendez-vous donc les 6 et 7 octobre dans un lieu de prestige à Bordeaux, pour une événement très riche en réflexions de haut niveau. Plus de détails (dont le programme et les intervenants), et inscriptions, dès la rentrée de septembre ! On en reparlera très activement ici.


vendredi 19 novembre 2021

[VIDEO] Qu'est ce que l'arms control ?


Nous saluons aujourd'hui le travail du groupe de recherche de l'Université de Bordeaux sur l'Arms Control. Après la tenue du dernier colloque ce 10 novembre, une vidéo à caractère pédagogique a été rendue publique. Ce petit documentaire d'une dizaine de minutes est à découvrir directement ci-dessous !


Un projet de l'université de Bordeaux.

L'arms control est de retour au cœur de l'actualité internationale, dans un contexte de tensions croissantes entre grandes puissances militaires et de déploiement de nouveaux systèmes d'armes (missiles hypersoniques, armes spatiales, etc.). Mais qu'est-ce que l'arms control ? Quelle est son histoire ? Quelles sont les raisons qui poussent les États à consentir à limiter la taille ou la nature de leur arsenal militaire ? Et quels sont les défis auxquels il est aujourd'hui confronté ?



lundi 22 juin 2020

Le secteur européen des blindés à l'aube de sa révolution


Le monde des blindés lourds vit-il l'amorce de sa grande révolution ? Une question légitime quand on observe les projets émergents dans le monde et notamment en Europe, où ces dernières semaines ont été marquées par des annonces significatives. 

Ci-dessus: l'estonien Milrem a brièvement révélé son Robotic Combat Vehicle Type X de 12 tonnes.


Pas de salon Eurosatory cette année pour cause de Covid, mais tout de même des informations intéressantes. 
L'Estonien Milrem Robotics a diffusé - puis retiré - une image qui a fait grand bruit: celle d'une robot de combat terrestre, le "RCV" (Robotic Combat Vehicule) Type X équipé d'une tourelle CPWS 25 gen 2 de John Cockerill Defense dotée d'un d'un canon de 25 ou 30mm et de missiles antichars.

Si ce prototype tient probablement plus aujourd'hui de la maquette que du démonstrateur, il s'agit là d'un pas supplémentaire vers la robotisation du champ de bataille. 

Des acteurs comme la Russie sont déjà passés par une large expérimentation au combat (en Syrie), mais l'Europe avance de sérieux arguments. Milrem vient en effet de recevoir 30,6 millions d'euros de la Commission Européenne pour développer un système terrestre sans pilote normalisé européen:


En à peine 5 ans, cette entreprise estonienne se sera inscrite comme innovateur de classe mondiale dans le paysage de l'armement, concluant des partenariats avec les grands groupes européens, y compris français. Sa mule THeMIS (Tracked Hybrid Modular Infantry System), capable de recevoir une tourelle, être aérotransportée par hélicoptère Chinook, ou encore de remorquer un VBCI  (vidéo ci-dessous), vient de fêter ses 1 an d'expérimentations au Mali.


Mais de façon générale, autour des projets touchant à la fois à la robotique, l'IA, la collaboration homme/machine.... nous abordons une ère d'expérimentations majeures qui déterminera nos capacités de combat multidomaines dans un futur relativement proche. 
La France devrait tester des systèmes dès cet été au Mali, avec un choix de matériel israélien qui fait cependant polémique alors que des solutions françaises reconnues émergent.

Comme dans de nombreux domaines, c'est une nouvelle page qui s'écrit, et il s'agira de faire partie de ceux qui écrivent l'histoire. 



Et si enfin, la question éthique oblige aujourd'hui à avancer très prudemment dans nos démocraties - car oui, d'autres ne se gênent/eront pas - sur la problématique des robots terrestres armés, nous en voyons là apparaître les premières briques technologiques.


En parallèle du SCAF, le Main Ground Combat System (MGCS) franco-allemand avance

Justement, les lecteurs de ce blog connaissent le fil rouge du SCAF, ce système de combat aérien futur associant Français, Allemands et Espagnols (et soyons honnête, ayant vocation à s'étendre, voire englober certains projets concurrents) dans le développement d'un système de systèmes conçu autour d'un produit phare: l'avion de combat futur, dont le maître d'oeuvre est Dassault Aviation.

Dans le même temps, le naval cherche son grand programme qui pourrait être l'European Patrol Corvette, tandis que le terrestre possède le sien. Main Ground Combat System.

Vue d'artiste MGCS - Nexter

Pour rester concis, MGCS, ou en vulgarisant, le programme franco-allemand de remplacement des chars Leclerc et Léopard (un succès incroyable pour ce dernier, donc un marché potentiel faramineux pour son successeur), associe industriels des deux côtés du Rhin dans le but de concevoir un système lourd de combat terrestre à horizon 2035/40.

Sous lead allemand, sa feuille de route, éminemment politique, ressemble peu ou prou à celle du SCAF, et est plus ou moins directement liée aux avancées de celui-ci, pour des raisons qui tiennent plus à l'équilibre des forces (direction française sur l'aéro, allemande sur le terrestre) qu'à une quelconque logique touchant aux opérations militaires. 

Dernièrement donc, alors que Airbus et Dassault avançaient au niveau politique sur la validation d'un programme de démonstrateur(s), le programme MGCS rattrapait son léger retard avec la signature, après validation par le Bundestag, d'un accord-cadre, puis d'un accord de mise en œuvre, pour un contrat d'étude de définition de l'architecture du futur système. Le premier contrat d'études d'architecture durera 18 mois pour un montant de 30 millions d'euros, répartis à part égale entre les deux pays. Suivront les contrats des démonstrateurs.

Mais ce programme mérite des développements d'une expertise supérieure, et c'est pourquoi je vous invite à consulter l'excellentissime dossier paru sur Mars Attaque et Forces Operations Blog ces derniers jours, en 3 parties, dont les liens se trouvent ci-dessous:

« MGCS : derrière l’armure, la poursuite d’un système de combat terrestre complet »

Alors, le retour en grâce de la chenille en France ? Bonne lecture !



lundi 10 février 2020

Discours du Président sur la dissuasion, le 7 février 2020 à l'Ecole de Guerre


De la diffusion aujourd'hui, avec le traditionnel discours quinquennal du Président de la République sur la politique de dissuasion. Un discours très regardé et commenté depuis l'étranger (plus que chez nous), puisqu'il contribue véritablement à affirmer la position de la France, désormais seule et unique puissance nucléaire de l'UE, sur l'échiquier mondial.

Ci-dessus: Emmanuel Macron à l'Ecole de Guerre, le 7 février 2020. Photo Francois Mori/AFP.


Il faut dire qu'outre le rappel des grands principes de la dissuasion nucléaire française, et également l'assurance que la France, fidèle à ses engagements, n'y renoncera pas, Emmanuel Macron, dressant le tableau d'une géopolitique incertaine où la souveraineté nationale demeure le principe clé, y appelle ses partenaires européens à participer à un grand dialogue stratégique.

Un exercice traditionnel pour les Présidents de la 5ème République (à potasser si vous préparez des concours !).


Intégralité du discours du 7 février 2020 à l'Ecole de Guerre en vidéo ci-dessous (1h30):


La retranscription écrite de ce discours est disponible sur le site de l'Elysée (suivre ce lien).

La Tribune propose également de bonnes synthèses du discours, ICI et ICI.


vendredi 24 janvier 2020

Policer les quartier populaires ? Conférence le 30 janvier à Bordeaux


>>> Rencontre dans le cadre de la Semaine des Afriques #5 <<<


Comment comprendre que la demande de police soit si forte dans ces quartiers ? Pourquoi, comment et à quelle conditions les gouvernements délèguent ou déchargent leurs fonctions régaliennes à des organisations ? Quel est le rôle de ces organisations dans l’identification des menaces dans le quartier ? Le recours à la violence se manifeste-t-il de la même manière lorsqu'elle est autorisée et interdite ? Les formes de planification urbaine façonnent-elles les pratiques policières ?

Toutes ces questions seront abordées par l'historien et politiste Laurent Fourchard, enseignant-chercheur à Sciences Po Bordeaux / LAM - Les Afriques dans le Monde. A cette occasion, il nous présentera son dernier ouvrage "Trier, exclure et policer. Vies urbaines en Afrique du Sud et au Nigeria" (Presses de Sciences Po, 2018), dans lequel il montre combien les quartiers populaires de Johannesburg, du Cap et de Lagos sont délaissés par la police occupée à des taches jugées plus importantes, et déchargées à des organisations légitimes aux yeux des résidents. L’autonomie et l’hétérogénéité de ces groupes qui font la police ont cependant des effets considérables sur la construction des menaces criminelles et délinquantes, sur les usages de la violence et sur la circulation des résidents.

Virginie Malochet, sociologue à L'Institut Paris Region, sera invitée à réagir à son propos sur la base de ses enquêtes franciliennes sur la participation citoyenne en matière de sécurité en Ile-de-France et dans les quartiers HLM. Le sociologue Thierry Oblet, enseignant-chercheur à l'Université de Bordeaux / Centre Emile Durkheim, spécialiste de la sécurité urbaine en France, sera chargé d'animer cette rencontre.

> Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles ; inscription souhaitée via ce lien : http://bit.ly/2QCT1yr

+ infos sur le site : http://bit.ly/2QWjZjG

Partenaires : Institut des Afriques, Bordeaux Métropole, Ville de Bordeaux, Musée d'Aquitaine.


Source: page Facebook de l'événement.


lundi 30 septembre 2019

Un budget 2020 des Armées toujours sur les bons rails


Le projet de loi de finances 2020 prévoit, comme planifié, une hausse du budget de la défense de 1,7 milliard d'euros, soit la plus forte de tous les ministères (4,5%). Le budget du ministère des Armées s'établira donc à 37,5 milliards d’euros.

Ci-dessus: les nouveaux matériels changent la donne en opérations. Ici un A400M réalise en septembre 2019 un largage de 30t de matériel au Sahel - Armée de l'air


Pour l'instant, la progression se déroule comme prévu. Engagement présidentiel en 2017, le budget des Armées est sur les rails des 2% du PIB (objectif 2025), qui est la norme "de performance" OTAN, mais également reconnue assez unanimement par les spécialistes du secteur stratégique.

Pour revoir un tel budget que celui de 2020, il faut remonter presque 30 années en arrière, dans un contexte de fin de Guerre Froide. Un budget qui s'explique aujourd'hui par un regain des tensions (ou du moins, de concurrence) entre les grandes puissances de la planète, tout cela dans un contexte de ruptures technologiques. La rupture stratégique elle, notamment en zone Pacifique, n'est donc pas à exclure.

Quoiqu'il en soit, avec cette hausse de 1,7 milliard d’euros du budget de la défense, le gouvernement français tient jusque là ses engagements. Des engagements que la conjoncture économique ou politique pourra mettre en péril avant 2025 (la crise des gilets jaunes n'aura d'ailleurs eu aucun impact sur la défense, pour le moment sanctuarisée).

Commentons brièvement ce budget 2019 grâce aux éléments de communication du MINARM:

Il s'agit de rappeler que cette augmentation était demandée depuis des années, en raison notamment de l'état de vieillissement des équipements. 
Cette Loi de Programmation Militaire permet dans l'Armée de terre d’accélérer le programme SCORPION et le renouvellement du matériel. 2019 et 2020 voient arriver les premiers Griffon (depuis cet été), et le blindé léger Jaguar. 
Dans la Marine, comme pressenti depuis quelques semaines, le ministère a annoncé la commande prochaine de trois avions de surveillance américains Grumman E-2D Hawkeye. 


Le Suffren, sous-marin nucléaire d'attaque dernier cri dévoilé en juillet, entrera en service l'an prochain. L'Armée de l'air recevra des Mirage 2000D rénovés qui verront donc 2030, ainsi qu'un troisième ravitailleur MRTT, et deux nouveaux A400M. Des avions si précieux pour garantir nos ambitions.

Au total, les crédits équipements, les plus importants tous ministères confondus (l'information est mal connue, mais le MINARM est le premier acheteur du pays !), augmentent de 1,7 milliard d'euros.

Comme d'habitude, le budget OPEX est régulièrement mis en avant, et tous les ans, à l'été, remis en cause par Bercy en raison du coût forcément fluctuant des opérations. Avec 1,2 milliard d'euros, il est en théorie à l'abri... jusqu'à l'été prochain.
Cependant, 2020 pourrait voir la fin du déploiement sur l'opération Chammal au Levant (lutte contre Daesh et soutien à l’armée irakienne). Pour Barkhane au Sahel il parait aujourd'hui impossible de prédire l'avenir, même à court terme, tant l'instabilité sembler régner en BSS.

Un mot sur le plan famille, qui semble tenir à cœur pour la ministre Florence Parly. Il bénéficiera de 80 millions d'euros. Dans l'ensemble, cette LPM doit largement améliorer les conditions de vie des militaires.
Enfin, l'innovation et le spatial sont à l'honneur ! L'AID, agence de l'innovation de défense, se dirige vers un budget à 1 milliard d'euros. Ses résultats ne se font pas attendre et à peine un an après sa création, l'agence dirigée par Emmanuel Chiva est déjà un modèle qui intéresse nos voisins européens.

S'agissant de l'espace, nous évoquons régulièrement le sujet sur ce blog. Le secteur est devenu une grande priorité stratégique nationale.
Pour le modèle, il en va de même, le Commandement de l'Espace créé en ce mois de septembre à Toulouse pourrait bien rapidement faire des petits chez nos partenaires européens.