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vendredi 25 juillet 2025

Futur avion espion français, le Falcon Archange déploie enfin ses ailes


Le premier des trois Falcon Archange, futurs avions espions de l'armée de l'Air et de l'Espace, a pris son envol. Les images nous montrent un appareil très largement modifié pour le programme de Capacité Universelle de Guerre Électronique (CUGE). 

Images : le premier vol de l'Archange - © Dassault Aviation / V. Almansa


La Direction Générale de l’Armement (DGA) et le ministre des Armées Sébastien Lecornu ont communiqué ce vendredi 25 juillet sur le premier vol du très très attendu remplaçant des Transall Gabriel (retirés en 2022 déjà), à savoir l'avion développé dans le cadre du programme Archange (Avions de renseignement à charge utile de nouvelle génération), sur la base du nouveau Falcon 8X de Dassault Aviation

Archange, qui découle de CUGE (Capacité Universelle de Guerre Électronique), est inscrit dans l'actuelle Loi de programmation militaire 2024-2030, qui prévoit que trois appareils seront livrés entre 2028 et 2030.

Ils rejoindront l’armée de l’Air et de l’Espace où ils seront opérés depuis la Base aérienne 105 d'Evreux. Equipés par Thales, ils contribueront à la capacité de la France à collecter et analyser des informations stratégiques grâce "au plus haut standard pour la détection de signaux de communication et d'émissions radar", selon le ministre. 

Ce premier vol, qui arrive un peu en retard (lors de l'annonce en 2019 en effet, on les attendait pour 2025-2027), tombe surtout à point nommé à l'heure où l'Europe n'est plus certaine de pouvoir compter sur le puissant réseau de renseignement américain. Du moins à son bénéfice. 
Cet envol nous montre également que le 8X, avion que l'on connait relativement encore mal, a subi des modifications très importantes de sa cellule… 

Le programme CUGE prévoit une flotte de trois Falcon Archange seulement. Le contexte géostratégique ayant évolué en Europe, et la France se positionnant comme leader dans le domaine aéro(&)spatial, on se dit que finalement, cinq ou six de ces avions de renseignement ITAR FREE ne seraient pas du luxe. 



vendredi 7 mars 2025

Succès total pour Ariane 6 et CSO-3


Pour son second lancement depuis juillet 2024, et son premier tir dit "commercial", Ariane 6 a placé le satellite militaire français CSO-3 en orbite basse. Un succès aussi déterminant que rassurant, alors que l'Europe n'a jamais été aussi seule. 

Images : Arianespace, Ariane Group, CNES, arrmée de l'Air et de l'Espace.


 
Tout est bien qui finit bien. Mais cela aura presque été interminable ! Avec plusieurs années de retard (pandémie, retards Ariane 6, guerre en Ukraine) d'abord, et deux reports ces derniers jours (pour raison technique, sur le segment sol), le satellite de renseignement français CSO-3 (composante spatiale optique) a enfin été placé sur orbite basse ce jeudi 6 mars lors du premier lancement commercial d'Ariane 6. 

Une superbe réussite pour les équipes en Guyane et en Europe, notamment à Bordeaux, qui met sur de bons rails la carrière de notre lanceur de souveraineté. En théorie, il y aura cinq nouveaux lancements d'Ariane 6 en 2025, tous au second semestre, et le double en 2026. Un calendrier de montée en puissance très (trop ?) ambitieux. 

Ci-dessous, présentation des capacités CSO du programme MUSIS : 



Inutile de préciser que dans le bouleversement géopolitique des dernières semaines, cette nouvelle capacité française, souveraine, arrive à point nommé. Elle contribuera assurément aux objectifs d'indépendance stratégique de l'Europe (tout comme Ariane 6), à commencer, très probablement, par la contribution au soutien à l'Ukraine. 

Passé au sommet des priorités suite au basculement stratégiquement américain, le renseignement spatial européen devrait largement bénéficier des mobilisations financières engagées sur le continent. 

J'ajoute même un avis personnel : la "trahison" américaine pourrait même bénéficier aux Européens sur le marché international. Sur ordre du président Trump, l'Ukraine a en effet été coupée du renseignement spatial des forces américaines, mais aussi des services commerciaux comme ceux de l'entreprise Maxar... 







lundi 30 septembre 2024

Asman Technology présente sa solution de services ISR sur P.68 Observer


La PME charentaise Asman Technology, spécialisée dans les services de renseignement aérien, a présenté lors du salon AD2S sa solution de mission sur avion italien Vulcanair P.68.

Ci-dessus: le P.68 d'Asman Aero Services à Mérignac, le 25 septembre - photo Pax Aquitania
  

Parce qu'il n'y pas que les drones dans la vie… et qu'opérer un petit avion civil demandera généralement moins de ressources en matériel (sans parler du coût d'un drone tactique) et surtout en hommes, la discrète PME Asman Technology, basée près de Jonzac en Charente-Maritime depuis huit ans, entretient une flotte mixte dont elle loue les services pour des missions de surveillance ou renseignement.   

Présente la semaine dernière sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mériganc pour le salon AD2S, dédié aux "activités technico-opérationnelles" dans l'aéronautique de défense, l'entreprise en a profité pour présenter le tout nouvel appareil qui a rejoint ses opérations en septembre, un bimoteur six places P.68 "Observer" de la marque italienne Vulcanair (autrefois Partenavia). 

Visible sur les photos, un panel d'équipements ISR, dont une boule optronique, a été intégré sur l'avion, qui dispose encore d'emports disponibles sous les ailes. Il permet notamment la retransmission vidéo en direct vers le sol. 


Il complète une flotte constituée de drones et d'un ULM. Ces appareils sont tous consacrés aux capacités fournies par la section services d'Asman, "pour des missions stratégiques comme l'ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance), les expérimentations de nouvelles technologies embarquées, et les opérations de travail aérien".

Asman Technology dispose d'une base sur l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry, une pépinière d'entreprises située sur l'aérodrome Jonzac-Neulles.


lundi 25 septembre 2023

La France quitte le Niger, fin de la mission des drones Reaper en Afrique

Emmanuel Macron a annoncé dimanche 24 septembre lors d'une interview à la télévision que la France retirerait ses troupes du Niger avant la fin de l'année 2023. Niamey était une base aérienne stratégique pour l'armée de l'Air, qui y déployait notamment ses seuls drones Reaper opérant à l'étranger. 

Ci-dessus: une vieille photo déjà, datant de 2015 lors de l'arrivée du 3ème Reaper à Niamey - EMA.

C'est donc terminé. De façon assez prévisible, l'un des derniers grands dominos de la présence armée française au Sahel est tombé, à l'issue d'un bras de fer qui aura duré près de deux mois après le coup d'Etat qui a frappé le Niger. Après le Mali, après le Burkina… le Niger donc.

Emmanuel Macron a finalement tranché dans le sens du retrait total (ambassadeur + les 1 500 militaires français présents au Niger), la situation étant de toute manière devenue intenable, et surtout précaire. Les représentants de l'Etat n'étaient en effet plus ravitaillés. Ce retrait militaire des éléments de coopération -qui cesse de facto- français au Niger, reliquat de l'opération Barkhane se fera "en bon ordre" d'ici la fin de l'année. 

L'armée de l'Air  perd là une base aérienne très importante en Afrique, le cœur de ses opérations aériennes au Sahel, le lieu d'où elle faisait notamment décoller ses drones Reaper. Il faudra voir dans quelle mesure nos alliés, allemands notamment, qui s'appuient sur cette structure pour le retrait du Mali, bénéficieront de marges de manœuvre suffisantes.
Les Américains eux - qui ont pu compter sur le support de l'aviation française dans des moments tragiques au Niger-  décident de rester. Pour le moment. Il faut dire qu'ils ne subissent pas la pression anti-française mise en place par le régime putschiste et ses alliés… 

Certains diront que ce retrait français, un de plus en Afrique, va dans le sens de l'histoire, car nos préoccupations stratégiques, ou plutôt militaires, sont désormais ailleurs: en Europe, en Méditerranée, en IndoPacifique...
Surtout, l'Afrique dispose aujourd'hui d'un embryon d'architecture de sécurité qui doit lui permettre de régler ses crises par elle-même, avec un rôle (si rôle il doit y avoir) français/européen largement rénové. Cela, nous aurons l'occasion de l'apprécier à relativement court terme, le contexte sécuritaire n'étant pas vraiment appelé à s'améliorer au Sahel. Il faudra aussi voir qui vient combler le vide laissé par les Français sur le terrain. Là encore, peu de doutes sur le devenir de la situation, même si la présence américaine est un facteur à prendre en compte. 


Retour en France pour les drones Reaper ?

Si la chasse (sur Mirage 2000D) garde un plot opérationnel sur la base aérienne de N'Djaména, il y a fort à parier que l'on ne fasse pas peser d'avantage de poids sur le Tchad après le retrait du Niger. Le démantèlement du HUB de Niamey signerait donc la fin de la mission des drones MQ-9 Reaper de l'armée de l'Air en Afrique. Là où tout a commencé il y a bientôt 10 ans quand le ministère faisait enfin le choix de se doter de ces drones MALE américains.
Quoiqu'on en dise, ces appareils, finalement peu nombreux (12 commandés, jamais plus de 6 déployés) auront constitué un vrai game changer pour les Français, qui, disposant d'une doctrine propre (ah les débats de l'époque 2013-2017 sur l'armement des drones), ont pu profiter d'un bond phénoménal en matière de renseignement et de soutien aux opérations. 

Or, l'armée de l'Air a semble-t-il déjà des projets pour la flotte de Reaper, qui rappelons le, doit être entièrement rétrofitée au Block 5, standard qui n'est pas encore certifié pour voler en France (ils sont basés au sein de l'escadron Belfort, à Cognac). 
Déjà cet été, le Chef d'Etat-Major de l'armée de l'Air et de l'Espace évoquait des réflexions sur un éventuel déploiement de drones Reaper en zone IndoPacifique pour soutenir les missions de la… Marine Nationale. Une idée réitérée en commission parlementaire ces derniers jours. Il est question de "déploiements ponctuels" cette fois.   

Sur le blog: Les ALSR "VADOR" avec les Reaper à Cognac, avant l'IndoPacifique



Mais plutôt que l'IndoPacifique, certains médias (lire le dernier numéro de Raids Aviation) évoquent un basculement des Reaper vers la base arienne projetée en Jordanie, d'où la France mène ses opérations de soutien à l'Irak contre Daesh. Le transfert des drones serait déjà en cours. 
Un théâtre adapté au drone MQ-9, et une option qui semble valider le solide soutien politique et technique apporté par Paris à Bagdad. Trois soldats français sont morts en Irak il y a un mois. 


jeudi 6 février 2020

L'avion léger de surveillance et de reconnaissance bientôt livré à l'Armée de l'air ?


Un premier "ALSR" de l'Armée de l'air a été aperçu début février au départ de Bordeaux. Cet avion espion à l’apparence civile est un King Air 350 équipé de capteurs pour les besoins des services de renseignement français. Le contrat avait été passé en 2016 auprès de Thales et Sabena Technics, pour deux appareils.

Ci-dessus: le premier ALSR de l'Armée de l'air vu le 3 février 2020 à Mérignac ? - Crédits photo Cédric Guere / Bordeaux Mérignac Spotters


On avait pu apercevoir un de ces modèles en mai 2017 lors de son arrivée à Bordeaux-Mérignac, encore "nu", c'est à dire non équipé de ses moyens de renseignement militaires intégrés par Thalès et Sabena Technics à Mérignac.
Avec plus d'un an de retard (livraison initiale prévue en 2018, puis fin 2019), voilà qu'un premier ALSR - pour avion léger de surveillance et de reconnaissance - a été aperçu décollant de Mérignac ce 3 février. Le signe d'une livraison prochaine aux forces aériennes ?

Arborant une livrée civile, discrétion oblige, il porte néanmoins la cocarde de l'Armée de l'air.

Au printemps 2016, un contrat de 50 millions d'euros avait été passé par la DGA concernant l'achat de deux avions légers de surveillance et de reconnaissance. Une option était incluse pour un troisième appareil. Les appareils en question sont de très polyvalents King Air 350 du fabricant américain Beechcraft.

C'est l'Armée de l'air qui doit réceptionner les ALSR, mais les avions serviront les missions de la DRM et possiblement d'autres services, des entités qui en utilisent déjà, mais loués dans le privé.

Disposant d'une suite de capteurs allant de la boule optronique capable d'observer dans tous les spectres, de jour comme de nuit, aux équipements d’écoute, les ALSR sont prévus pour un équipage de 4 personnes. 
Bien moins endurant qu'un drone MALE, un avion léger a néanmoins pour principale qualité sa facilité d'emploi. Il est parfaitement adapté à des théâtres comme celui du Sahel.

Ces deux appareils (l'option pour un 3ème n'ayant jamais été levée) sont loin de pouvoir répondre aux nécessités de la réalité opérationnelle. c'est pourquoi l'Armée de l'air a exprimé un besoin allant jusqu'à 8 appareils à l'horizon 2030.

Dans le même temps, le programme Archange est lui lancé, programme d' « Avions de Renseignement à CHArge utile de Nouvelle GEnération » qui verra le remplacement des 2 Transall Gabriel par 3 Falcon 8X "Epicure". Dassault Aviation fournira les Falcon, et Thalès les équipera pour le renseignement. 

Enfin, et surtout, les armées verront d'un bon œil la dotation prochaine de la flotte de drones MQ-9 Reaper d'une charge ROEM (renseignement d'origine electro-magnétique).


mercredi 8 janvier 2020

Thales Alenia Space et la DGA signent un contrat d'étude sur le Stratobus


Thales Alenia Space annonce ce 8 janvier la signature avec la Direction générale de l'armement d'un contrat d'étude de concept  portant sur les applications ISR (Intelligence, Surveillance et Reconnaissance) à partir de la plateforme StratobusTM et destinées à répondre aux besoins opérationnels des armées françaises.

Source: Thales Alenia Space


Ce contrat est en réalité tripartite puisqu'il concerne non seulement TAS, société conjointe entre Thales (67%) et Leonardo (33 %) mais aussi Thales Group. Ainsi donc que la DGA.
Ce contrat vise selon le communiqué du groupe à étudier l'apport des plateformes stratosphériques persistantes pour compléter et améliorer la capacité de défense de la France. 

Il porte sur :
  • L'étude d'un concept opérationnel d'une mission ISR, incluant des exercices de simulation de son fonctionnement sur des théâtres d'opération.
  • L'étude d'un concept de démonstrateur échelle 1 capable de voler dans la stratosphère afin de démontrer les performances en vol d'une mission ISR.

Toujours selon l'industriel, l'intérêt des solutions stratosphériques de type Stratobus est double : il accroît notablement la zone surveillée depuis un unique porteur, notamment en permettant de s'abstraire des masques de terrain. Il offre de plus une persistance sur zone qui complète et améliore la résilience vis-à-vis des solutions existantes, navales, aéroportées, terrestres et spatiales.

« Ce contrat a pour objet d'évaluer la pertinence des solutions stratosphériques persistantes de type StratobusTM, pour les besoins de défense et marque une étape clé vers la définition d'une éventuelle solution opérationnelle en lien avec les utilisateurs. Il permettra de préparer les entrées nécessaires au développement de la solution complète incluant l'avionique dronisée et fiabilisée ainsi que l'ensemble des segments de contrôle, l'objectif étant d'aboutir à une démonstration en vol pour fin 2023 », déclare Jean-Philippe Chessel, Directeur de la Ligne de Produit StratobusTM. « Le projet StratobusTM avait été soutenu dès l'origine par la France dans le cadre du Plan d'Investissement d'Avenir et du FEDER de la région PACA » rappelle-t-il.



L’avènement des pseudo-satellites

Si les dirigeables s'apprêtent à revenir à la mode dans le transport de marchandises (principalement en raison de leur nature écologique), ne parlez pas de ballons dans le domaine militaire (ils existent, mais dans un autre domaine de la surveillance. Par exemple les ballons captifs), mais de pseudo-satellites.

Ces solutions conçues pour évoluer à très haute altitude - 20 000m pour le Stratobus - pourront offrir de nouvelles capacités parfaitement adaptées à des missions de renseignement précises. Plus endurantes qu'un drone, plus permanentes qu'un satellite, elles sont aujourd'hui principalement incarnées par les ballons stratosphériques ou les drones HAPS.
L'Europe a de surcroît le mérite de disposer de deux projets bien avancés que sont le Stratobus chez Thales, et le drone Zéphyr chez Airbus. Des solutions qui intéressent déjà les forces françaises ou britanniques.

Pour revenir précisément au Stratobus, il s'agit d'un ballon stratosphérique dirigeable autonome de la famille des HAPS [High Altitude Platform System] et positionné à 20 km d'altitude. Avec une couverture régionale permanente, il est le complément idéal d'une solution par satellite. Stratobus pourra embarquer des missions de type surveillance des frontières, de sites critiques sur terre comme sur mer (vidéo protection des plates-formes off-shore), de la sécurité militaire (lutte contre le terrorisme, les trafics de stupéfiant), mais aussi de contrôle environnemental (feux de forêts, érosion des plages, pollutions …) et télécommunications (internet, 5G).

Si on pense avant tout au rôle que pourraient jouer ces aéronefs sur un théâtre comme le Sahel, c'est la Marine Nationale qui a récemment fait part de son intérêt pour ce type de moyen, par la voix de son chef d'Etat-Major, l'Amiral Prazuck, lors d'une audition parlementaire: « Un pseudo-satellite vole à 30.000 mètres d’altitude et peut rester des semaines en l’air. Il avance assez lentement, sa charge utile est assez faible, mais il va à la vitesse d’un bateau : il pourrait donc suivre une force navale, me servir, de façon assez discrète, de relais de télécommunications, mais aussi, de point d’observation afin de relever tous les transpondeurs, en voyant plus loin ». (...) « Ce peut être un outil moins onéreux, plus mobile et peut-être plus discret qu’un satellite ». (...) « J’espère donc que nous pourrons assez rapidement tester ce type d’engins ».

Il était donc temps que cette étude auprès de la DGA soit lancée, alors que le calendrier prévoit un premier vol du Stratobus fin 2023.


lundi 25 novembre 2019

Trois Falcon 8X pour le programme « Archange »


Le programme Archange est lancé ! En effet, le 18 novembre, un comité ministériel d'investissement a entériné la validation du programme « Avions de Renseignement à CHArge utile de Nouvelle GEnération », d'où le très symbolique acronyme Archange. Matérialisé par le développent et l'achat de 3 Falcon 8X, Archange est au cœur de CUGE: la Capacité universelle de guerre électronique.

Ci-dessus: vue d'artiste du Falcon destiné au renseignement - MINARM/Dassault Aviation


Annoncé début 2018 pour être intégré dans la Loi de programmation militaire (2019-25), le programme CUGE (capacité universelle de guerre électronique) doit moderniser et renforcer les vecteurs de guerre électronique de l'Armée de l'air, et par là même remplacer les deux C-160 Transall "Gabriel" (un exemplaire encore à l'honneur récemment sur l'exercice Volfa).

Ce qu'on prédisait déjà à l'époque a été confirmé au Bourget 2019, et cela se matérialisera bien par l'achat de non pas 2, mais bien 3 Falcon 8X de Dassault Aviation.
Le plus gros jet de Dassault, triréacteur, offre en effet les performances nécessaires, voire idéales pour ce type de mission, et notamment l'endurance et l'allonge qui lui permettent de parcourir 12 000 km. Sa vitesse et sa maniabilité sont également des atouts non-négligeables.

Comme prévu à l'origine toujours, c'est Thales qui équipera le 8X pour ce qui est sa première "militarisation".  

Les 3 Falcon, un temps désignés « Épicure », devraient arriver en 2025, 2026, 2027 à Evreux, et équiperont l'escadron électronique aéroporté 1/54 « Dunkerque ».


vendredi 21 juin 2019

Dix nouveaux Falcon pour les armées


Si le Rafale, et désormais le futur chasseur européen attirent souvent toutes les lumières, la gamme Falcon demeure d'une importance vitale dans les forces armées. Au Bourget, la ministre Florence Parly a confirmé le choix du Falcon 8X "Archange" pour remplacer les C-160 Gabriel dans les missions de renseignement et guerre électronique. Dans le même temps, sept Falcon 2000 LXS "Albatros" seront commandés au profit de la Marine Nationale.

Illustration: vue d'artiste d'un Falcon 2000 MSA de surveillance maritime


Ces deux programmes avaient été abordés sur ce blog, ils ont été confirmés au salon du Bourget. Florence Parly ministre des Armées a confirmé d'une part le remplacement des avions de guerre électronique C-160 Transall Gabriel par trois Falcon 8X (triréacteurs). Au départ surnommés "EPICURE", ces Falcon prendront finalement le nom d' "Archange"
Comme nous l'avions supposé ici dès mars 2018, c'est bien le 8X qui a été préféré au 7X, assez logiquement. Ils embarqueront une charge utile de guerre électronique (CUGE) développée par Thales ces dix dernières années.

Les trois Falcon Archange viendront donc remplacer les Transall Gabriel entre 2025 et 2030.


D'autre part, la Marine Nationale va renouveler dans le cadre de la loi de programmation militaire 2019-2025 une première partie de sa flotte de Falcon de surveillance maritime avec sept Falcon 2000 LXS baptisés pour occasion "Albatros". Ils remplaceront les Falcon 50 et Gardian.

Le 9 novembre dernier, la DGA avait notifié à Dassault Aviation une étude de définition d'un concernant cet appareil et la mission de surveillance maritime.


lundi 25 mars 2019

L'armement des drones Reaper français se précise pour fin 2019


Comme prévu, les drones Reaper de l'Armée de l'air appartenant à l'escadron 1/33 Belfort de Cognac  seront dotés d'armements d'ici la fin de l'année. D'abord, des bombes guidées, puis des missiles en 2020. 

Cela aura pris du temps: 6 ans depuis que la France a choisi de se doter de drones MALE américains, capacité qui manquait cruellement, notamment sur les grands espaces de l'opération Barkhane.

Il avait alors été décidé de se doter au plus vite de 4 systèmes (4x3 drones) de drones MQ-9 Reaper de l'américain General Atomics
Deux premiers systèmes ont été livrés au standard "Block 1", tous directement au Sahel où les contractors américains assistent les militaires français sur la base de Niamey. Sur ces 6 drones, 1 fut perdu à l'automne dernier. Aucune information ne semble avoir fuitée sur son éventuel remplacement. 

Les prochains systèmes qui seront livrés cette année sont eux au standard "Block 5", dotés de capacités de renseignement d'origine électromagnétique (ROEM) renforcées, et surtout capables d'emporter de l'armement.
Les 5 Reaper Block 1 de l'Armée de l'air seront eux ensuite rétrofités par l'industriel américain pour passer au standard Block 5, afin que toute la flotte soit armée fin 2020. Le  ministère des Armées a en ce sens passé un marché d’environ 7.9 millions d’euros.

Concernant l'armement, on sait désormais que dans un premier temps, en 2019, les drones seront à même d'emporter des bombes à guidage GPS GBU-12 et GBU-38. Dans un second temps, fin 2020 donc, ils emporteront des missiles antichars américains Hellfire (avant peut-être, le missile britannique Brimstone de MBDA ?).

Si la capacité est attendue par beaucoup en opérations extérieures, il faudra passer par des campagnes de tir qui auront lieu depuis Cognac (Cazaux ? Captieux ?).

S'agissant de l'éthique, puisque la question des drones armés a pu susciter une grande méfiance dans les opinions publiques, il faut savoir que les forces françaises travaillent le sujet, la doctrine d'emploi, depuis plusieurs années maintenant, étudiant notamment les méfaits issus de la pratique américaine. C'est ainsi par exemple qu'aucun opérateur français sur une mission réelle ne sera amené à tirer une munition depuis le sol français. Les pilotes sont en effet "immergés" sur une base du théâtre. 

Aujourd'hui les Reaper français œuvrent déjà pour guider les armements des chasseurs Mirage ou Rafale.


mercredi 19 décembre 2018

#CSO Le renouvellement des capacités spatiales stratégiques est lancé !


Le premier satellite de la Composante spatiale optique (CSO) a été lancé avec succès ce mercredi 19 décembre depuis le Centre spatial guyanais de Kourou. Il s'agit de la première pièce du grand renouvellement des capacités spatiales stratégiques.

Images & illustrations - Etat Major des Armées


Alors que l'on attend à l'Elysée la nouvelle "stratégie spatiale" qui devra définir les ambitions et réponses à apporter dans un contexte de renouveau de la compétition extra-atmosphérique et orbitale, la date du 19 décembre (18 en réalité, mais les vents en altitude ont entraîné un report de 24H) était à marquer au fer rouge.

En effet, le lanceur russe Soyouz a mis sur orbite haute (800 km) avec succès depuis le Centre spatial guyanais le premier satellite de la Composante spatiale optique (CSO).


Fabriqué par Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space, CSO-1 (pour composante spatiale optique) vient suppléer Helios II au service des capacités d'imagerie à destination du renseignement militaire. C'est surtout la première pièce du renouvellement de l'ensemble des capacités spatiales de défense pour la prochaine décennie.
A moyen terme, ce sont 3 satellites CSO, 3 satellites CERES (capacité d'écoute et de renseignement électromagnétique spatiale) et 2 satellites SYRACUSE IV (système de radiocommunication satellitaire) qui seront mis en orbite. 

La charge utile de ces satellites CSO permet l’acquisition d’images à très haute résolution dans les domaines visible et infrarouge (de jour et de nuit) et dans une variété de modes de prise de vue permettant de répondre à un large spectre de besoins. Les satellites sont de conception identique. Il s’agit de satellites manœuvrants, basés sur une architecture plateforme en partie héritée de Pléiades et leur conférant une autonomie et une agilité élevées malgré une masse portée à 3,5 tonnes. Les satellites CSO disposeront d’une capacité inédite de contrôle d’orbite autonome à bord pour les fonctions de maintien à poste.


Programme à 1,3 milliards d'euros; CSO à plein régime, pourra fournir presque 800 images et 9 To de données confidentiel défense et secret défense par jour, quadruplant les capacités offertes par le système actuel Helios.
CSO-2 sera lui placé en 2020, toujours par Soyouz, à 480 km d’altitude (contre 800 km pour CSO-1) et fournira de l’image en EHR (Extrêmement Haute Résolution). CSO-3 suivra en 2021, sur Ariane 6-2.

CSO, un des programmes "les plus performants au monde", fait partie du programme MUSIS (Multinational Space-based Imaging System) mettant l'accent sur les coopérations européennes, notamment les allemands et les italiens. MUSIS comprendra à terme CSO, la composante radar italienne COSMO-Skymed seconde génération, la composante radar allemande SARah et la composante spatiale optique champ large espagnole INGENIO. La Suède est également partenaire sur CSO, offrant une station sol sur le cercle polaire, et l'Allemagne dispose d'un droit à l'image, après avoir contribué à hauteur de 210 M€ à la construction du troisième satellite.

CLIQUER POUR AGRANDIR

Avec le retour de la compétition entre les puissances, l'espace est brusquement redevenu un enjeu politique. Stratégique, il l'a toujours été.
Et dans ce contexte, la France, puissance spatiale, compte bien sûr, en comptant également sur l'Europe et ses coopérations, tirer son épingle du jeu et garantir ses capacités souveraines. Voire les augmenter grâce à Galileo, le GPS européen.

Pas étonnant dans ce contexte donc, que le ministère des Armées se soit lancée dans une généreuse campagne de communication, avec notamment un webdocumentaire:
Instrument de la puissance nationale, l’espace est un domaine stratégique essentiel à nos opérations. Au regard de l’évolution des menaces, des risques et des technologies, ce milieu particulier nécessite une vigilance accrue. Observation, écoute, communication, navigation, sont les principales applications spatiales qui contribuent chaque jour à notre sécurité et au succès de nos opérations. Les satellites militaires sont des capacités indispensables qui permettent aux forces armées d’opérer plus précisément en toute indépendance et en sécurité. 
Pour comprendre les enjeux de l'espace pour la défense, mais aussi connaitre les besoins et les moyens dont dispose la France, la rédaction a préparé un webdocumentaire :

« Espace et défense, les satellites militaires »


L'ensemble du lancement était à suivre en direct grâce au CNES et Ariane Group, entièrement commenté, avec pour clôture le discours de félicitations de la ministre Florence Parly en personne.


Replay du lancement (discours des responsables à partir de 1h25)



Sécurité maximale et coopération russe

Évidemment, la réussite du lancement d'un satellite comme CSO est déterminante pour la nation. C'est pourquoi l'Armée de l'air engage le dispositif BUBO.

Le Centre spatial guyanais de Kourou est ainsi renforcé par un dispositif aérien provenant de la métropole et articulé autour de deux Rafale de l’escadron de chasse 2/4 «Lafayette», un Boeing C-135 du 2/91 «Bretagne», et un E-3F «Awacs» de la 36ème escadre de commandement et de conduite aéroportée, ont donc fait le déplacement depuis la métropole. Ils viennent renforcer les hélicoptères et unités habituellement présents sur place. 
115 aviateurs et 48 tonnes de matériel ont également été acheminés. Un Antonov An-124 et un A400M ont été mobilisés pour ce convoyage.

Nombre d'entre vous auront remarqué que CSO est lancé par un lanceur russe Soyouz, et non par Ariane (CSO-3 sera lancé par Ariane 6, quand ce dernier sera opérationnel).
Faut-il s'en plaindre ? Dépendre d'un lanceur russe pour déployer des capacités souveraines semblera paradoxal... Mais en voyant le verre à moitié plein, on se félicitera plutôt de la traditionnelle et fructueuse coopération entre européens et russes dans le domaine spatial. C'était le 48ème lancement Soyouz de Roscosmos au profit d'Arianespace.








jeudi 31 mai 2018

Le Japon commande un cinquième Falcon de surveillance maritime


Et de cinq ! Un nouveau Falcon MRA pour le Japon. Cet achat souligne la demande croissante pour les avions multi-missions. Un créneau porteur pour la gamme Falcon de Dassault.



Un mois après le 4ème exemplaire, voilà que les gardes-côtes japonais commandent un autre avion de surveillance maritime (MSA ou MRA) Falcon 2000 pour renforcer sa capacité de patrouille maritime. 
La Garde côtière japonaise avait déjà commandé quatre avions exemplaire de cet appareil, basé sur le Falcon 2000LXS. Le premier sera livré en 2019. 
Le MSA Falcon 2000 est conçu pour un large éventail de missions, y compris la surveillance maritime, le contrôle de la piraterie, l'interdiction des trafics, la patrouille de pêche, la recherche et le sauvetage, le renseignement et la reconnaissance. Il offre selon Dassault la meilleure combinaison de taille, de charge utile, de vitesse, de portée et de coûts d'acquisition et d'exploitation sur le marché.

Pour le Japon, la surveillance maritime est devenue, pour de multiples raisons d'ordre stratégique et touchant à l'ordre régional, une haute priorité.  

Ces Falcon sont d'abord assemblés à Mérignac avant de rejoindre les installations américaines du groupe, où ils reçoivent leurs équipements de mission par L3 Communications et le radar Searchmaster de Thales.

L'acquisition japonaise fait suite à une décision de la DGA française d'acheter trois (ou plus ?) avions d'intelligence électronique Falcon EPICURE à longue portée pour le nouveau programme CUGE: Capacité Universelle de Guerre Electronique.
L'avion, qui remplacera deux Transall C160 Gabriel, sera livré à partir de 2025. Il embarquera un nouveau capteur Thales dérivé de l'expérience de guerre électronique intégrée au Rafale, capable d'intercepter une large gamme de signaux radio et radar simultanément. 
Dassault est également engagé dans un programme semblable avec la République de Corée du Sud basée sur deux Falcon 2000, qui devraient bientôt entrer en service opérationnel. 


Un troisième accord récent concerne le Centre allemand de recherche aéronautique et spatiale (un équivalent de notre ONERA), qui a acheté un Falcon 2000LX pour l'utiliser comme véhicule de recherche en vol sur les systèmes et la technologie aéroportée (iSTAR). 
iSTAR permet de simuler de nouveaux modèles d'aéronefs, réels ou virtuels, pilotés ou non, dans des conditions d'exploitation réelles. 

Environ 6% de la flotte Falcon mondiale opère dans des applications multi-missions et gouvernementales, ce dont se félicite Eric Trappier, Président Directeur Général de Dassault Aviation: «Notre succès dans le secteur multimissions est un parfait exemple des avantages que nous retirons de notre double héritage de conception militaire et civile, en particulier de notre chasseur multirôle Rafale. »


mardi 24 avril 2018

Cognac monte en puissance avec ses drones


En audition au Sénat, le chef d'état major de l'armée de l'Air, le Général André Lanata, a donné plusieurs précisions sur la montée en puissance des drones MALE au sein de l'Armée de l'air. Dès 2019, une escadre de surveillance sera créée à Cognac.  

Dans le cadre des travaux parlementaires sur la prochaine Loi de programmation militaire, le CEMAA André Lanata était récemment en audition au Sénat. Il s'y est notamment exprimé sur les capacités drones de l'Armée de l'air.

6 drones MQ-9 Reaper sont actuellement en service au sein de l'escadron 1/33 Belfort, 5 au Sahel, et 1 sur la base de Cognac pour la formation. Ces 6 drones représentent 2 systèmes, sur les 4 systèmes commandés, donc au total, 12 drones. 
Le Reaper du fabricant américain General Atomics est, rappelons le, un drone MALE (moyenne altitude, longue endurance) conçu pour la surveillance et la collecte de renseignement, et s'il dispose d'armement, capable de frappes aériennes. 

Les 6 drones encore attendus seront livrés en 2019 et 2020, et seront au standard Block 5 (contre Block 2 pour ceux déjà en service chez nous). Ils seront surtout armés, puisque la décision au niveau politique fut prise à Paris en septembre dernier. Est aussi prévue l'emploi d'une charge utile ROEM pour "Renseignement d'origine électomagnétique" à l'horizon 2020. Enfin, un simulateur de mission sera également livré à Cognac, lui dès cette année 2018. La formation reste une priorité. 

Au final, cette montée en puissance des drones à partir de 2019 amènera la création au sein de l'Armée de l'air d'une escadre de surveillance à Cognac.



Avec 12 drones Reaper potentiellement armés ou dotés d'une charge ROEM, l'Armée de l'air sera donc en 2020 remarquablement bien pourvue avec son escadre de surveillance.

L'arrivée des Reaper, décision hautement symbolique (et franche) de Jean-Yves Le Drian en 2013, a changé la façon de mener les opérations pour l'armée française. Ils viennent de dépasser le cap des 20 000 heures de vol, essentiellement sur théâtre extérieur. 


L'Eurodrone pour 2025

Et ce n'est pas tout, puisque du côté de l'Eurodrone (ou EUROMALE), les choses pourraient vite avancer. Airbus présente sur le salon aéronautique de Berlin une maquette de son futur drone MALE. Comme prévu, selon la volonté du maître d'oeuvre, c'est un bimoteur. Reste à savoir ensuite s'il sera armé, car certains pays européens, l'Allemagne en tête (surtout en fait), pourraient bloquer sur ce sujet.



Le projet associe pour le moment la France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, et probablement les Pays-Bas. 
L'EuroMale est attendu pour 2025. La France se serait engagée à commander 12 à 16 exemplaires.


jeudi 5 avril 2018

Déjà 20 000 heures de vol pour les drones Reaper de l'Armée de l'air


En appui des opérations françaises menées dans la bande sahélo-saharienne, le détachement de drones Reaper de l'escadron 1/33 Belfort vient de passer la barre symbolique des 20 000 heures de vol. Arrivés en 2014 dans l'Armée de l'air, les MQ-9 sont de véritables bêtes de somme !

Sources : État-major des armées - Ministère de la Défense


L'Etat Major de Armées annonce fièrement le dépassement du cap symbolique des 20 000 heures de vol pour ses drones de renseignement MQ-9 Reaper. 
Ce sont 25 aviateurs qui mettent en œuvre ces cinq drones Reaper (le 6ème est à Cognac, base de l'escadron Belfort) sur la base aérienne projetée de Niamey, au Niger. "Pilotes, opérateurs capteurs, coordinateurs tactiques, opérateurs images et mécaniciens se relaient 24h/24 afin d’apporter le renseignement nécessaire aux différents postes de commandement et aux autorités décisionnaires pour conduire et planifier les opérations", nous raconte l'EMA.

"L’expertise des équipages et la qualité des capteurs font du système Reaper un élément souvent décisif. Après plusieurs années de montée en puissance soutenue de cette nouvelle capacité ISR (Intelligence, surveillance & reconnaissance) dans l'Armée de l'Air, le détachement drone de la force Barkhane est aujourd’hui un élément essentiel du dispositif militaire français au Sahel."


Aussi, le chef du détachement déclare: « Face à l’immensité du théâtre sahélo-saharien, la capacité ISR des drones Reaper s’inscrit au cœur de la manœuvre aérienne et complète les autres capteurs. Les précieuses informations qu’ils fournissent permettent un renseignement très précis et offrent une capacité unique dans les armées françaises d’analyser les informations immédiatement. Cet avantage permet aux autorités décisionnaires de réorienter l'action en temps réel. » Il conclut : « Le Reaper a définitivement remplacé son prédécesseur, le drone Harfang, et s’impose désormais comme un élément clé et incontournable des opérations en BSS. »

Ces 20 000 de vol ont été atteintes bien rapidement, et pour cause, il y a quasiment toujours un Reaper de l'Armée de l'air en vol aujourd'hui, et ce alors qu'elle n'en possède que six exemplaires. Six autres sont attendus dans les prochaines années, et ceux-ci devraient être armés.


vendredi 2 mars 2018

Voici venir le Falcon "EPICURE" destiné au renseignement



Dans le cadre de la nouvelle loi de programmation militaire, le Ministère des armées a lancé le programme CUGE, pour Capacité universelle de guerre électronique. Mission est ainsi confiée à Dassault Aviation et Thalès de livrer après 2025 trois avions de la gamme Falcon, dotés d'une charge utile de renseignement électromagnétique, dite EPICURE. Ils remplaceront les deux avions de guerre électronique Transall Gabriel.

Illustration ci-dessus: un Falcon "EPICURE", au design largement inspiré du Falcon de surveillance maritime "MRA" - Dassault Aviation


La rumeur courait depuis quelques jours, les deux très mystérieux C-160G Transall "Gabriel" mis en oeuvre par l'Escadron Electronique Aéroporté 54 «Dunkerque» depuis la base aérienne 105 d'Evreux pour des missions de collecte de renseignement d'origine électromagnétique (ROEM), seront remplacés à l'horizon 2027. Etaient évoqués une plateforme Airbus ou un business jet Dassault Aviation de la gamme Falcon.

Et alors que ce mercredi 28 février en audition à l'Assemblée Nationale, le PDG de Dassaut Eric Trappier passait rapidement sur le sujet,  évoquant un résultat de l'appel d'offres "d'ici quelques jours ou quelques semaines", on apprenait de la ministre de la Défense le soir même que c'est bien Dassault qui a été sélectionné pour ce programme CUGE: Capacité universelle de guerre électronique.



Le jour du Falcon

Dans la foulée, Dassault Aviation publiait un communiqué annonçant que le ministère des Armées lui confiait l’intégration sur trois Falcon de la Capacité Universelle de Guerre Electronique (CUGE) développée par Thales (programme Epicure):
« Je suis fier et heureux de la décision du ministère des Armées. Le Falcon Epicure servira les Forces françaises comme le font déjà les Falcon 10, 200, 50, 900, 2000 et 7X, déclare Eric Trappier, P-DG de Dassault Aviation. Les Falcon de mission sont la parfaite illustration des compétences duales de Dassault Aviation : nos avions civils bénéficient des technologies de pointe développées pour nos avions de combat qui tirent profit en retour des processus industriels mis en œuvre pour la production très concurrentielle des Falcon ».
Le matin même au Bourget, la firme avait présenté son nouveau né, le Falcon 6X.



Trois Falcon, sur une base 7X ou 8X (parions sur ce dernier), des triréacteurs, seront donc équipés par Thalès, le spécialiste du genre, en équipements de guerre électronique. Selon le MinArm, "Epicure" est un capteur inédit pour les Armées françaises, permettant simultanément les interceptions des émissions radio et radar, et le résultat de près de 10 années d'études sur des technologies de pointe.

Evidemment tout cela se passe principalement dans le bordelais.

Et ce n'est pas fini pour le Falcon, car cette loi de programmation militaire 2019-2025 devrait dès cette année permettre la désignation d'un nouvel avion de PATSIMAR (surveillance maritime). Dans cette catégorie, où plusieurs modèles de Falcon opèrent déjà, notamment à l'outre-mer, le Falcon MRA fait figure de favori. Dassault Aviation l'a déjà vendu aux gardes-côtes japonais, et propose même une version armée de missiles (visible en maquette sur les salons aéronautiques), qui selon moi, finira par avoir les faveurs de l'Etat Major. L'ATL2 est bien devenu un bombardier dans le désert...

Dassault Falcon 2000 MRA - Maquette ©Aermech

Le renseignement, priorité des priorités

Pilier stratégique pour la Défense Nationale, élément de garantie de souveraineté, il n'est pas un secret que de dire que le renseignement fait depuis des années maintenant l'objet d'un souci certain, que l'on parle de satellites, d'un navire de combat (ou pas forcément de combat d'ailleurs), ou des plus petits drones tactiques.

Dans ce domaine, les Transall Gabriel sont de sacrés baroudeurs. Œuvrant pour les diverses services de renseignement français, on a pu les apercevoir sur divers théâtres en 30 ans. Ils en ont probablement parcouru bien d'autres dans la discrétion.

Programme lancé en 1984, deux Transall C.160 sont alors transformés en avions de guerre électronique. Dotés d'équipements visibles de l'extérieur, les Gabriel sont la "licorne" des spotters ! Ils disposent d'un radôme sous le ventre de l’avion, de pods en bouts d’ailes ou encore de quatre antennes sur le haut du cockpit.

Les actuels et très discrets Transall Gabriel - Armée de l'air

Les trois Falcon Epicure viendront donc les remplacer entre 2025 et 2030. Les forces françaises recevront normalement aussi huit nouveaux avions légers de surveillance et de reconnaissance (ALSR), des Beechcraft King Air 350 militarisés par Thales et Sabena Technics. Deux ont été formellement commandés et sont en cours de modification.

De plus, le six drones Reaper encore à livrer par les USA à l'Armée de l'air seront équipés d’une charge utile de renseignement électromagnétique. Inversement, dans l'Armée de terre, le futurs drones tactiques Patroller pourraient finalement être armés d'ici 2020 (ce qui pose plusieurs questions).


Nous le voyons donc, les moyens ISR (intelligence, surveillance, renseignement) sont modernisés et multipliés dans les armées. Et cela sans compter sur des vecteurs de haute altitude qui pourraient voir le jour prochainement, comme le ballon dirigeable Stratobus de Thalès Alenia Space, ou l'avion solaire "pseudo satellite" Zéphyr d'Airbus. 
Ajoutons y la fusion des données entre tous ces systèmes... et nous percevons l'ampleur de cette révolution des capteurs, qui dépassera largement le cadre des moyens de renseignement, pour s'étendre au SCAF ou à SCORPION.


mercredi 6 septembre 2017

#UED2017 La France va officiellement armer ses drones MALE


C'est donc décidé, la France, par la voix de la Ministre des Armées Florence Parly, a annoncé ce mardi 5 septembre qu'elle allait se doter de drones armés à l'horizon 2019. Après un cheminement doctrinal très raisonnable, c'est une certaine logique opérationnelle qui l'emporte.

Photo: un MQ-9 Reaper de l'US Air Force tire un missile Hellfire



"Enfin" diront certains, là où d'autres redouteront l'ouverture d'un boîte de Pandore. La ministre de des Armées Florence Parly s'adressait ce mardi 5 septembre à une audience d'opérationnels et de spécialistes de la défense réunis lors de l'Université d'été de la Défense qui se tenait à Toulon. Celle-ci a confirmé que la France se lançait dans le processus d'armement de ses drones de surveillance.

Les six drones MALE Reaper en service dans l'Armée de l'air, puis à terme la douzaine, devraient être ainsi équipés d'un armement, probablement des missiles Hellfire, d'ici 2019. 

Pas de surprise, cette décision était fermement attendue depuis des mois, et même mûrement réfléchie depuis des années. On se souvient même qu'en mai dernier, un groupe de travail co-présidé par les sénateurs Cédric Perrin et Gilbert Roger préconisait ce passage aux drones armés. Avant cela, chefs d'Etat-Major, et même le précédent ministre, Jean-Yves Le Drian, avait évoqué cette solution. Ce n'était donc juste qu'une question de temps.
Sur le plan opérationnel, on ne voyait pas en effet, comment la France pouvait continuer ses missions en se privant d'une telle capacité. Les drones de surveillance (ou MALE, pour moyenne altitude, longue endurance) offrent par exemple la permanence qui nous a longtemps manqué sur des théâtres, certes de basse intensité, mais néanmoins immenses sur le plan géographique, comme le Sahel.

De plus, argument maître en ce temps difficile pour les matériels des armées, les forces aériennes françaises disposeront désormais de vecteurs capables de fournir à la fois une capacité de renseignement, de frappe sur le même objectif, sans avoir besoin de demander l'intervention de chasseurs: "Les drones de surveillance apportent au combat moderne leur discrétion et leur capacité à durer sur les zones d'action (...) À l'avenir, avec la décision que j'annonce aujourd'hui, les drones armés permettront d'allier en permanence la surveillance, l'endurance dans la discrétion et la capacité de frappe, au moment le plus opportun. Ainsi, nous gagnons en efficacité et nous limitons le risque de dégâts collatéraux", a déclaré Florence Parly.


Bref, nous ne nous étendrons pas - de nouveau - sur les divers apports tactiques que représentent l'emploi de drones armés. Nous avons pris, en France, le temps de la réflexion, et la société semble prête sur le plan moral. Sur celui du droit, on assure au Ministère des Armées que rien ne différenciera cette méthode d'une frappe aérienne conventionnelle.


Tout de même, et le contraire aurait été étonnant, les JT de 20h titraient hier soir sur les grandes chaînes que la France s'engageait sur le chemin des USA, en particulier de l'administration Obama et ses milliers de frappes effectuées dans les zones tribales afghano/pakistanaises, en Irak, en Somalie, au Yémen... Ce qui n'est pas tout à fait vrai, et ce pour plusieurs raisons. Nous en citerons deux ici:
  • d'une part, la France n'aura en 2019 que 12 drones Reaper aptes à être armés (sachant qu'ils ne le seront pas forcément tous) là où les américains en possèdent des centaines. En terme d'usage, ce n'est donc pas vraiment comparable. Les (faibles) moyens français nous obligeront comme souvent, et c'est parfois pour le mieux, à bien délimiter nos actions. Cela sans compter sur le fait que l'Armée de l'air tient au pré-positionnement des opérateurs sur le théâtre, et non au pays, chose qui pourrait favoriser un syndrome de détachement vis à vis de la guerre en tant que telle, avec les troubles psychologiques que cela peut engendrer chez les pilotes.
  • D'autres part, le débat éthique et juridique autour de l'emploi des drones armés tourne principalement autour de leur utilisation par un service de renseignement - en l’occurrence la CIA - dans des opérations d'assassinat ciblé, et pas forcément sur des théâtres d'opération déclarés. 


Dès maintenant, il restera donc à définir avec le fournisseur américain la procédure qui mènera à l'armement de ces drones, par des missiles Hellfire* vraisemblablement. Et avant de pouvoir bénéficier d'une réelle autonomie s'agissant de ces aéronefs, nous devrons attendre l’émergence du MALE européen, attendu d'ici 2025.


* d'ailleurs, un drone armé, fatalement, pèse plus lourd. Son autonomie peut être réduite de moitié, de 24h à 12h pour le Reaper. A l'Armée de l'air de trouver la bonne formule.