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mercredi 21 mai 2025

Les splendides images de l'exercice Athena 2025 au Pyla

Du 12 au 23 mai se déroule sur la côte aquitaine le grand exercice des forces spéciales Air, Athena. L'occasion de découvrir des images exceptionnelles impliquant A400M, hélicoptères Caracal, et Rafale de l'armée de l'Air et de l'Espace.

Images : armée de l'Air et de l'Espace.


Alors que les premières qualifications de pilotes concernant le ravitaillement en vol des hélicoptères Caracal des forces spéciales (régiment basé à Cazaux) par l'Airbus A400M ne datent que de la fin de cet hiver 2025, l'armée de l'Air et de l'Espace nous offre de splendides images provenant de l'exercice "Athena", dont la dernière édition se déroule du 13 ou 23.

Athena, exercice sur-mesure -et même un "entraînement qualifiant"- pensé par et pour les forces spéciales Air, voit la conduite d'une dizaine de missions aux scénarios variés: contre-terrorisme, action dans la profondeur, renseignement et activité en zone grise militarisée. Ceux-ci impliquent la base aérienne 120 de Cazaux, la base aérienne 126 de Solenzara (Corse), la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan et le champ de tir de Captieux (Landes).

L'armée de l'Air y aligne les hélicoptères Caracal de Cazaux, l’escadron de transport (ET) 3/61 “Poitou” venu d'Orléans, les commandos parachutistes de l’air n° 10 et n° 30, ainsi que les Rafale de l’escadron de chasse (EC) 2/30 “Normandie-Niémen”, depuis Mont-de-Marsan. Sans oublier de mentionner les modules d’appui aux opérations spéciales (sapeurs du génie de l’air, spécialistes du renseignement, des systèmes d’information et communication).

Mais encore, de façon plus générale, le COS, dans son sens large, ainsi que les alliées, étaient aussi présents aux côtés de l'armée de l'Air: 1er RPIMa, 4e régiment d’hélicoptères forces spéciales (RHFS), commandos et équipages d’hélicoptères espagnols de l’Ejercito del aire, et enfin des C-130J américains de l’Air Force.






mercredi 12 mars 2025

Premier ravitaillement en vol pour le Caracal et l’A400M des forces spéciales air

L'armée de l'Air annonce ce 12 mars la réussite de la première campagne de ravitaillement en vol pour le Caracal et l’ A400M des forces spéciales air. L'opération a été réalisée le 5 février 2025 au large du bassin d'Arcachon.

Images: Armée de l'Air et de l'Espace. 


Ceux qui ont connu ce blog à ses grandes heures se rappelleront que le ravitaillement en vol des hélicoptères Caracal français est une problématique de longue date. On se souvient en effet qu'il y a une dizaine d'années, l'A400M, pour diverses raisons techniques sur lesquelles nous ne reviendrons pas/plus- était incapable de mener à bien la mission de ravitaillement des hélicoptères. 

Au Sahel comme lors d'exercices en France, les forces spéciales Air, qui opèrent depuis Cazaux avec les hélicoptères Caracal de l’escadron 1/67 « Pyrénées », ont donc longtemps opéré avec les C-130J américains (ou plus rarement, italiens et espagnols), avant que la France ne reçoive finalement ses propres appareils (toujours pour compenser les manques de l'A400M). 

Durant cette période, Airbus a travaillé dur pour adapter la solution à l'A400M, jusqu'à ce que des essais soient entamés à partir de 2020 par l'avionneur.   

Nous voici cinq ans plus tard, et un avion de transport A400M Atlas de l’escadron de transport 3/61 « Poitou » a donc enfin ravitaillé en vol un hélicoptère Caracal à Cazaux.

L'armée de l'Air et de l'Espace nous précise dans un communiqué qu'avant la validation de l'opération, une première semaine d’entraînement a eu lieu pour la formation des Aviatrices et Aviateurs de l’armée de l’Air et de l’Espace à cette nouvelle capacité : deux pilotes d’A400M Atlas ainsi que quatre chefs de soute ont été formés pour le « Poitou ». Du côté du « Pyrénées », ce sont sept pilotes qui sont désormais qualifiés au ravitaillement et ce, de jour comme de nuit.

L'armée de l'Air se permet ainsi aujourd'hui de célébrer la "naissance d’un nouveau tandem 100 % « forces spéciales air » : A400M - Caracal."

Un peu d'autonomie stratégique qui tombe à point nommé. 



vendredi 4 août 2023

La France, puissance européenne dans l'IndoPacifique ?


Le déploiement PEGASE 2023 de l'armée de l'Air et de l'Espace vient de s'achever avec le retour des derniers avions en métropole ce vendredi 3 août. Une projection historique d'une vingtaine d'appareils de la Nouvelle Calédonie jusqu'en Corée du Sud. Dans le même temps, le Président de la République faisait une visite remarquée dans les Etats Insulaires.

Images: © Forces françaises, américaines, coréennes, japonaises.


Alors que la politique sahélienne -et pour ne pas dire tout simplement la politique africaine- de la France semble s'effondrer comme une suite de dominos avec la crise actuelle au Niger, et cela dans le désintérêt le plus complet de la part des Français et de la majorité de leur classe politique, ce mois de juillet était, comme presque tous les étés désormais, animé par un remarquable déploiement de l'armée de l'Air en zone indopacifique.

Ainsi, le 25 juin, une force de 19 appareils quittait la France pour l'Asie et l'Océanie, en transitant par les Emirats Arabes Unis (photo ci-dessous) : 10 Rafale, 5 MRTT Phénix, 4 A40MM Atlas.
Ce déploiement de "l’équivalent d’une base aérienne projetée" (mais tout de même en dessous de l'objectif initial de 20 Rafale et 10 ravitailleurs) à plus de 11 000 kilomètres de la France n'est réalisé qu'en seulement 30 heures.


Il s'agit de la 4ème projection de ce type depuis 2018 (3ème Pegase + Heiphara-Wakea en 2021), mais l'édition 2023 est de loin la plus ambitieuse. En un peu plus d'un mois -et pendant que la marine indienne confirmait le choix du Rafale pour son aéronavale- la mission PEGASE se déployait tour à tour, au gré de la division de ses forces, en Malaisie et à Singapour, puis en Nouvelle Calédonie et sur la très stratégique île de Guam (USA), pour enfin pousser jusqu'en Corée du Sud (images ci-dessous) et au Japon (image en Une de l'article). 



Des passages, souvent inédits, voire absolument inédits pour le Rafale, qui ont permis de réaliser des vols et exercices conjoints avec les forces aériennes des puissances régionales d'Extrême-Orient, la plupart du temps équipées d'appareils américains comme le F-16 ou le F-15, le F-18 ou le F-35 (une seule exception avec les SU-30 malaisiens).
Le passage remarquable et remarqué sur la base aérienne d'Andersen à Guam -où les Canadiens nous ont d'ailleurs endommagé un A400M !- a également confirmé la proximité de l'armée de l'Air avec l'US Air Force, et indirectement appuyé la politique américaine dans la région. Des Américains qui n'ont pas manqué de s'afficher avec leurs alliés canadiens, australiens, japonais, britanniques et donc français (deux puissances européennes donc) réunis pour une de leurs fameuses "elephant walk".


A noter également que l'A400M a permis des liaisons entre la Nouvelle Calédonie et la Polynésie Française, ou encore qu'un MRTT a convoyé à Hawaï des militaires du Rima-P pour un exercice avec l'US Army et les Marines.


La France, puissance de l'Indo-Pacifique ? Une qualification contestable


Mais venons en donc à une question plus politique, puisque ce mois de juillet a également été marqué par un déplacement du Président Macron en Nouvelle Calédonie, au Vanuatu, ainsi qu'en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Dès son arrivée, il profitait d'ailleurs de la présence à Nouméa d'éléments de la mission Pégase, à savoir 2 Rafale, un A400M et un MRTT, pour rappeler dans un tweet le rôle de la France comme "puissance de l'Indo-Pacifique". Une affirmation très largement contestée par les spécialistes de la région, ici comme là bas

La notion de puissance de l'IndoPacifique mérite d'être clarifiée: la France en est effectivement une, de par l'existence même de ses territoires, et la taille très importante de ses ZEE en mer. Elle l'est également en raison du nombre assez considérable de ses ressortissants (plusieurs millions) qui résident dans cet espace géographique.
Sur le plan militaire en revanche, cela est nettement plus contestable en effet. Ces projections à la fois récentes et ponctuelles servent à prouver que la France a les moyens de protéger ses intérêts. Elles permettent aussi de nouer des partenariats, renforcer l'interopérabilité quand elle existe, éventuellement favoriser l'export… et de se montrer. L'armée de l'Air et de l'Espace vient ainsi appuyer la présence -un peu- plus récurrente de la Marine Nationale.

La modernité d'un Rafale ou d'un MRTT venu de métropole tranche en revanche avec l'âge parfois canonique des équipements dont sont encore dotées les forces de souveraineté, de la Réunion à Tahiti.


Soyons clair, sans grave escalade des tensions dans la région (Taïwan), la France n'augmentera pas fondamentalement son format, qui s'y articulerait très probablement autour des bases de nos partenaires, en premier lieu américains (rappel des missions Heiphara-Wakea en 2021). 
La LPM prévoit cependant que les moyens permanents y seront en revanche largement modernisés avec l'arrivée massive du blindé Serval, la rénovation d'infrastructures, le renouvellement des Falcon de surveillance maritime (accompagnés de drones ?), une couverture satellitaire de plus en plus optimisée, et en point d'orgue dans les années 2030, le programme de corvettes pour la Marine, qui mènera au remplacement des frégates Floréal.

Mais en fin de compte, les choses progressent aussi lorsque la France prend des initiatives politiques (puissance d'initiatives plutôt que "puissance d'équilibres" ?), comme le montre ci-dessous cette infographie publiée par l'ambassadeur français au Vanuatu, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer. 



En ce sens, la visite du Président auprès d'Etats insulaires particulièrement convoités par les puissances, Chine en tête, est tout aussi, voire plus importante sur le plan stratégique qu'un affichage auprès des grandes forces armées de la zone. C'est possiblement dans ce cadre précis que la collaboration avec les petits Etats pourrait bénéficier d'une meilleure structuration des forces militaires françaises dans la région, dans le but de renforcer notre influence tout en limitant celle de nos compétiteurs.


vendredi 5 mai 2023

Opération Sagittaire: l'image de la France dans le monde


L'opération d'évacuation de ressortissants menée au Soudan par les forces françaises a été un véritable succès. Revenons ce jour sur cette opération RESEVAC nommée "Sagittaire", afin de compléter le billet publié le 24 avril, lendemain du lancement de l'opération, mais aussi afin d'en analyser les retombées. 

Ci-dessus: la frégate Lorraine à Port-Soudan le 26 avril, évacuant 398 personnes de 63 nationalités vers l'Arabie Saoudite. Notamment le personnel de l'ONU. 


Alors que le Soudan s'enfonce dans la guerre civile depuis bientôt un mois, les pays de la communauté internationale ont pris la décision durant la semaine du 17 avril d'évacuer leurs ressortissants, la plupart étant bloqués dans la capitale Khartoum, au cœur des combats. Après le prépositionnement de forces, à Djibouti notamment, pour ceux comme la France ou les USA qui peuvent jouir d'une implantation militaire sur zone, les opérations sont lancées le dimanche 23 avril. Américains et Britanniques sont les premiers à évacuer leur personnel diplomatique… et à remballer ! Après quelques dangereuses complications (voir l'autre billet) qui amèneront notamment à la blessure grave d'un opérateur des forces spéciales, l'opération française "Sagittaire" prend sa pleine mesure ce même dimanche, un C130 et trois A400M de l'armée de l'Air réalisant un pont aérien entre un aérodrome de la banlieue de Khartoum (l'aéroport international est lui pris dans les combats) et Djibouti. Plus de 500 personnes de toutes nationalités sont évacuées en l'espace de 24h, via 5 rotations. 
C'est ensuite la FREMM de défense aérienne Lorraine, qui vient d'entrer en service dans la Marine, qui se charge de recueillir un convoi routier de l'ONU à Port-Soudan, sur la Mer Rouge. 400 personnes supplémentaires seront acheminées vers Djeddah en Arabie Saoudite. Mission accomplie.

Bien entendu, l'ensemble des opérations a été suivi chez nous, mais le sujet a été relativement vite relégué au troisième plan. Dans la sphère francophone en effet, pour trouver un maximum d'infos, il fallait regarder vers l'excellent Bruxelles2, ou se tourner vers les plus généralistes RFI et France24. Des médias malheureusement peu suivis en métropole, pendant que les rédactions championnes de l'audimat se concentraient elles, au mieux sur l'Ukraine (préparatifs de la contre-offensive ukrainienne, donc des prédictions), au pire sur les concerts de casseroles. 
Du côté des spécialistes, il semble y a voir de moins en moins d'intérêt pour l'Afrique (il faut dire que par les temps qui courent, le contexte devient tendu pour un journaliste de nationalité française), en particulier l'Afrique de l'est, anglophone, ignorée de longue date dans nos médias. J'en veux pour preuve le traitement quasi inexistant en France du conflit du Tigré en Ethiopie. Il faut également noter que tout ce que les rédactions comportent comme journalistes de défense a été "mobilisé" ailleurs, pour suivre les armées sur le grand exercice Orion. 

Et c'est bien là un problème, car pour s'informer sur l'opération, il vaut mieux parler l'anglais.


L'opération Sagittaire, un modèle d'action internationale (et notamment européenne)

Au Soudan les armées françaises ont en quelques sortes accompli ce pourquoi elles s'entrainent si souvent: une entrée en premier, sur le terrain où elles font la démonstration de leurs compétences depuis plus d'un demi-siècle, le théâtre africain. A la différence que le Soudan, bien que voisin du Tchad ou de Djibouti, était un peu une terra incognita, avec tous les dangers que cela représente (on se rappellera d'ailleurs, dans la même région, l'intervention chaotique de 2013 en Somalie, mais dans un contexte très différent). Et à la manière de Serval en 2013 au Mali, la communauté internationale applaudit.

Il faut lire en effet les divers témoignages de remerciement provenant, en particulier, de fonctionnaires de l'ONU. Des témoignages louant le professionnalisme et l'accueil impeccable fourni par les militaires français. Il n'y avait que 200 ressortissants français à Khartoum. Les 7 ou 800 autres évacués étaient des Européens, des Africains, ou autre. Le contraste est saisissant quand on observe la polémique britannique sur ce qui constitue chez eu un ratage*. 

D'ailleurs, c'est aujourd'hui la presse britannique -toujours prompte à faire des comparaisons avec le voisin français- qui nous détaille le mieux l'opération française, comme en témoigne un nouvel article paru dans The Economist ce 3 mai. Intitulé "How France led the evacuation of foreigners from Khartoum", il nous décrit comment l'Elysée et le Quai d'Orsay ont négocié avec les belligérants l'utilisation d'un aérodrome, des sauf-conduits, et comment les militaires français ont sécurisé cette piste, de nuit, puis pris en charge les ressortissants, britanniques notamment, alors que leur propre gouvernement les avait laissé en arrière. “The French did everything.”

D'autant plus que cette "entrée en premier" française, instant clé de la mise en œuvre de la doctrine d'évacuation de ressortissants, la fameuse RESEVAC (votre serviteur l'a un peu étudiée lors d'un passage comme stagiaire à l'EMA), a permis d'ouvrir la voie aux forces européennes (et d'autres), présentes en nombre. Un modèle de coordination, tout étant terminé le mercredi.
Notons que sur le plan matériel, Airbus s'est offert une belle publicité, l'A400M, déployé par les Français, les Espagnols ou encore les Allemands apparaissant comme un étendard de l'action humanitaire européenne.  

L'opération Sagittaire a été menée dans un esprit tout à fait universaliste, et rendue possible par un professionnalisme de tout premier ordre, ce qu'ont salué chancelleries, diplomates, ou simples ressortissants du monde entier. Une image noble de la France et de ses armées, qui tranche radicalement avec les couacs diplomatiques entourant la communication hasardeuse sur les sujets du dialogue France/Russie et France/Chine, quelques jours plus tôt. Preuve que nous sommes décidemment meilleurs dans l'action que dans les calculs… appelons ça le french flair.

Il s'agit peut-être enfin de reconnaitre que contrairement au discours officiel, la France n'est pas une puissance d'équilibre. Elle est bien une puissance d'initiative. 


*Tandis que les Américains, qu'on sent toujours traumatisés par Mogadiscio (1993), et sûrement aussi Kaboul, ont mené une opération héliportée (3x Chinook) tôt le dimanche 23 avril pour évacuer leur ambassade, les Britanniques faisaient de même… laissant à leur sort plus de 2000 de leurs ressortissants qui désiraient quitter le Soudan. Le rétropédalage ne s'effectue que le surlendemain, mardi 25, avec des rotations par C-130 et A400M depuis Chypre. Un couac qui laisse des traces. 

lundi 21 février 2022

Chez Airbus, premier largage en vol d'un "remote carrier" depuis un A400M


Airbus Defence & Space a mené un essai en vol fondamental dans le cadre du programme de système de combat aérien futur. Un A400M a largué un drone avec succès, préfigurant de l'avenir du combat collaboratif. 

Source: Airbus Defence & Space


Les équipes d'Airbus DS en Allemagne viennent de mener un test déterminant pour les futurs capacités du FCAS (Future Combat Air System, ou SCAF chez nous). En effet, après plusieurs mois de préparation, un gros porteur militaire A400M a déployé un drone depuis sa rampe de chargement arrière. Tout cela bien sûr, en vol. 

Sur le papier, il n'existe pas de moyens infinis de lancer un effecteur déporté (ou remote carrier dans le jargon): soit l'aéronef dispose des éléments nécessaires pour être autonome sur piste - voire catapulte - tant pour le décollage que pour l'atterrissage, soit il peut être déployé directement en vol par un chasseur, à condition bien sûr que son gabarit n'excède pas celui d'un missile de croisière comme le SCALP. Dernière solution, le larguer, possiblement en essaim, depuis un plus gros avion, comme le C-130 ou l'A400M, qui deviendrait littéralement un "porte-drones".  


Pour cette démonstration depuis l'A400M, Airbus DS a collaboré avec la Luftwaffe. Le nouveau Modular Airborne Combat Cloud Services (MACCS), également un produit d'Airbus, a permis une connectivité complète entre l'avion de transport et le drone. Tout au long du test, le drone était connecté et transmettait des données à « l'avion mère ». 
Ce transfert de données illustre comment les effecteurs déportés peuvent être connectés à un cloud de combat, jouant le rôle de senseurs/capteurs sur le champ de bataille, tout en leur permettant d'être commandés par les opérateurs des avions pilotés pendant leurs missions. Il faudra voir quel niveau d'autonomie attribuer à ces appareils, mais le champ est large.


L'essai en vol réalisé par l'avionneur européen impliquait un drone Airbus Do-DT25. Le drone a fini son vol en parachute, et n'a pas subi de dommage à l'atterrissage. Nous avions déjà pu voir ces démonstrateurs lors de précédents essais, notamment en 2018 pour un vol en essaim de 5 drones (voir lien ci-dessous). Ils ont également volé aux cotés d'un Eurofighter des forces allemandes. 



Airbus, qui est responsable des remote carriers dans le cadre du programme FCAS, a désormais de grands projets pour l'A400M dans ce domaine, expliquant que la soute pourrait emporter jusqu'à 40 drones (!) largables en essaims. Les années qui viennent seront le cadre de diverses expérimentations. 
De surcroit, l'A400M ne joue pas ici le simple rôle de "mule", mais collectant un grand nombre de données, il s'intègre à part entière dans le dispositif de combat.

Les prochain essais en vol sont prévus pour cette année.



Vidéos précédentes sur les préparatifs de l'essai en vol : 


vendredi 25 juin 2021

Un déploiement historique pour l'armée de l'Air en Polynésie

En réalisant pour l'occasion un record de vol de 12h sur Rafale, l'armée de l'Air et de l'Espace mène cette semaine la mission Heiphara en Polynésie Française. Une projection de forces aux antipodes qui doit donner des garanties sur la présence française sur le théâtre Pacifique.

Images: armée de l'Air et de l'Espace


Projeter une force de 20 chasseurs dans le Pacifique dans un délai de 48H. C'est l'objectif que s'est donné l'armée de l'Air française pour 2023 dans le cadre de sa stratégie pour l'Indo-Pacifique. Un objectif surtout rendu possible par la montée en puissance de la flotte de ravitailleurs MRTT.

Nous sommes en 2021 et avec la (double-)mission "Heiphara-Wakea", une première étape est aujourd'hui validée.
Elle a consisté à faire transiter une petite flotte (3 Rafale, 2 ravitailleurs A330 Phénix, et 2 A400M pour la logistique) par la Californie, destination Tahiti, soit à 17 000 km des bases aériennes en métropole.

Le voyage qui avait débuté dimanche 20 juin s'est achevé moins de 40h après, mardi 22 à Papeete. Ce sont les équipages des 4ème (Saint-Dizier) et 30ème (Mont-de-Marsan) escadres de chasse, ainsi que de la 31ème Escadre de transport stratégique et ravitaillement (Istres) et de l'escadron de transport "Touraine" sur A400M (Orléans) qui ont mené cette mission éprouvante.

Une des particularités de cette mission est que le record de temps de vol sur Rafale a été battu, avec 12h continues. Ce qui a nécessité sept ravitaillements en vol. Le précédent record était relativement récent (2019) et avait consisté en une mission de retour en France sans escale depuis l'île de la Réunion.


Réassurance dans l'IndoPacifique

Avec Heiphara (et tout autant avec Wakéa nous le verrons), les forces aériennes viennent dans un premier temps montrer aux populations françaises du Pacifique qu'elles sont véritablement à portée de protection de la métropole.
La Nouvelle Calédonie comme les îles de Polynésie, en plus de concentrer une partie majeure des ZEE nationales (dont il faut garantir la souveraineté, ce qui n'est pas seulement le rôle de la Marine), sont de véritables "porte-avions" pour l'armée française. Stratégique quand on sait tous les enjeux qui pèsent sur le théâtre. La France n'y déploie à temps plein que des CASA. 

On notera que contrairement aux déplacements précédents en Australie ou Nouvelle Calédonie, l'armée de l'Air a cette fois-ci choisi de prendre par l'ouest, via l'étape américaine. La Californie est d'ailleurs ouvertement citée par les officiers comme un point d'appui logistique français dans le cas d'une montée des tensions entre Chine et USA dans le Pacifique. 

La mission est relativement courte, puisque dès la fin du week-end, la petite flotte repartira en direction d'Hawaï où elle participera à la mission Wakea avec les Américains. Ce sera enfin l'heure du retour avec une escale à Langley en Virginie pour la commémoration de la bataille de Yorktown. 

On en reparle rapidement, avec plus d'images, et le compte rendu de l'exercice avec les F-22 de l'US Air Force à Hawaï !












lundi 5 octobre 2020

Premier test de ravitaillement en vol d'un Caracal par A400M


Nous profitons de ce lundi pour rattraper une actualité importante du mois de juillet, à savoir le premier vol d’essai de ravitaillement avec transfert de carburant entre un avion de transport A400M Atlas et un hélicoptère Caracal.

Image et source : DGA


C'est un dossier que nous aurons suivi quasiment depuis l'entrée en service de l'A400M (et de ses lacunes de développement) dans l'armée de l'Air. Enfin, le 22 juillet 2020, la Direction générale de l’armement (DGA) et Airbus Helicopters ont réalisé le premier test de ravitaillement en vol, avec transfert de carburant, d'un A400M vers un Caracal.

On se rappelle qu'il y a un an, seuls des essais de contact « sec »  avaient été réalisés, afin d’évaluer le comportement aérodynamique des appareils et de vérifier la faisabilité des contacts entre la perche de ravitaillement de l’hélicoptère et le panier du tuyau de ravitaillement de l’A400M.

Menée du 20 au 31 juillet avec un A400M d’Airbus et un Caracal de l’escadron d’hélicoptères EH 1/67 « Pyrénées » de Cazaux mis à disposition par l’armée de l’Air, la campagne avait pour objectif "de transférer du carburant entre les deux appareils afin d’évaluer le domaine de vol et les performances de ravitaillement".

Le ravitaillement en vol des hélicoptères Caracal de l'armée de l'Air était une capacité longtemps espérée, qui a même provoqué l'achat de KC-130J pour pallier aux manques initiaux de l'A400M Atlas, et la recherche de nouvelles solutions pour adapter les perches de ravitaillement de l'Airbus.

Avec la qualification prévue en 2021, les armées vont donc désormais disposer de plusieurs outils pour cette mission chère aux forces spéciales.

Outre les hélicoptères, l'A400M peut ravitailler des chasseurs (Rafale, Typhoon, F-18), ou des C-130 et A400M. C'est d'ailleurs ces dernières semaines un A400M allemand qui a "biberonné" des Rafale sur l'opération Chammal.



mercredi 3 juin 2020

Au pied des Pyrénées, l'A400M largue 116 parachutistes simultanément


Airbus communique enfin sur une capacité attendue fermement depuis des années par l'armée française. Un A400M a en effet réussi la certification de la capacité de "répartition parachutiste simultanée", achevant le développement industriel complet de la capacité de déploiement de parachutisme, doit dans les faits une répartition maximale de 116 parachutistes utilisant les deux portes latérales (58 + 58 ).

Sources: Airbus Defence & Space - Photo prise sur la zone de Ger Azet en septembre 2019


Enfin ! C'est donc en mai 2020 que s'achève le test de combat de certification, en coordination avec la Direction générale de l'armement (DGA) et soutenu par les forces armées françaises et belges. Il aura selon le communiqué d'Airbus combiné une vaste campagne de parachutisme de plus de 1000 sauts avec la mise en œuvre de nouvelles méthodologies de développement des capacités basées sur sur l'enregistrement et la modélisation 3D des trajectoires de saut des parachutistes.

Les tests ont été, au moins pour partie, menés depuis Pau, avec un A400M "de nouvelle génération" sur la zone de largage de Ger Azet (1er RHP) au pied des Pyrénées.

Selon Dirk Hoke, président-directeur général d'Airbus Defence and Space: «Cette certification complète un parcours difficile pour atteindre cette capacité de nouvelle génération. Cette réalisation renforce la valeur stratégique que l'A400M offre déjà aux exploitants des forces aériennes et à la société, comme démontré pendant la crise du Covid-19».
 
En parlant d'A400M "de nouvelle génération", l'avionneur européen fait d'ailleurs référence au fait que l'A400M valide, après plusieurs années, de nombreuses nouvelles capacités, qui lui firent défaut initialement. On pense bien sûr au ravitaillement en vol des hélicoptères, mais pas seulement.

Désormais, l'A400M répond à un vœu français très cher: celui de transporter un nombre significatif de parachutistes. 116 para, qui peuvent donc sauter 2 par 2 de la rampe en chute libre, ou via les portes latérales avec ouverture automatique du parachute.
Une capacité historique qui tend à disparaître, mais que quelques grandes nations s'évertuent à perpétuer pour les éventuels engagements du futur.


Annonce en vidéo ci-dessous:

 

lundi 27 avril 2020

Un Atlas pour la Polynésie


L'armée de l'Air vient de recevoir son 17ème Airbus A400M "Atlas". Un appareil, qui outre sa vocation militaire, s'avère être un instrument humanitaire précieux. Il l'avait déjà démontré en 2017 après l'ouragan Irma, et cela est de nouveau le cas aujourd'hui durant la crise du COVID-19 alors qu'un A400M a ravitaillé Mayotte et qu'un autre appareil est désormais basé en Polynésie pour une durée d'un mois.

Ci-dessus: l'A400M lors de son arrivée à Tahiti dimanche 26 avril - Armée de l'Air


Dans le cadre de l’opération « Résilience », un avion de transport A400M de l'armée de l'Air est déployé en Polynésie française depuis ce week-end, et ce pour une durée d'un mois.
Pour faire face à la crise du Covid-19, l'EMA renforce les moyens à  l 'Outre-Mer. Le ministère précise d'ailleurs que la quasi-totalité des pays riverains et îles du Pacifique ayant fermé leurs accès aériens civils, le chef d’état-major des armées a  ordonné, de placer cet appareil sous le contrôle opérationnel des Forces armées en Polynésie française (FAPF).

Plutôt habituée aux petits (mais très polyvalents) CASA, l’A400M va faire du bien avec ses capacités de transport supérieures à 30 tonnes.
Ce détachement de la 61e Escadre de transport (Orléans) est d'ailleurs arrivé à Tahiti Faa'a dimanche soir (après 3 escales: 2 au Canada, 1 à Honolulu) avec du matériel: 10 respirateurs ainsi qu'une partie du fret qui n'avait pas pu être embarqué lors du dernier vol de continuité territoriale, du gel hydroalcoolique, des gants chirurgicaux pour l’hôpital... mais également des billets de banques pour l'IEOM et du matériel pour différentes administrations.

Sur réquisition du haut-commissaire en Polynésie française, il pourra ainsi acheminer ou aller récupérer du fret, ou contribuer aux évacuations sanitaires, au même titre que les autres aéronefs des FAPF, et en complément des avions civils polynésiens.
Il pourra prendre en charge les évasans (évacuations sanitaires) en Nouvelle Zélande et intervenir au besoin pour la Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna.

A noter que l'ensemble des personnels (2 équipages + le personnel de maintenance) a été mis en quatorzaine avant le départ, puis testé, 2 fois. Il est de plus placé en isolement sur place, en application des mesures de prévention appliquées à toutes les unités des FAPF pour limiter les risques de contamination au maximum. Il ne sortira de cet isolement que pour effectuer les missions qui lui seront assignées.



La LPM prévoit que 25 A400M soient en service dans l'armée de l'Air en 2025, mais la France s'était engagée à en commander une cinquantaine sur la durée de vie du programme.

Nous restons enfin convaincus sur ce blog que l'avenir passera par un renfort plus régulier des Outre-mer, notamment en moyens lourds dans la zone Indo-Pacifique.
D'ores et déjà l'arrivée des ravitailleurs MRTT fait dire à l'armée de l'Air qu'elle pourra temporairement déployer une force de 20 Rafale dans la zone d'ici 2023.

Y maintenir ce type de moyens, comme l'A400M ou le Rafale, de façon permanente demandera cependant un effort bien plus important, ne serait-ce que pour gérer les problématiques de maintien en condition opérationnelle.


mercredi 25 septembre 2019

L'A400M biberonne enfin le Caracal... et un jour le Guépard ?



Lors d'une campagne de tests réalisés à Istres, l'avion de transport Airbus A400M "Atlas" a réalisé avec succès ses premiers contacts de ravitaillement en vol d'un hélicoptère avec un H225M "Caracal". Initialement prévu dans les spécifications techniques de l'appareil, le ravitaillement en vol des hélicoptères avait été par la suite jugé quasiment impossible à réaliser en raison des turbulences provoquées à l'arrière de l'A400M.

Images: DGA


Formidable - et opportun - hasard du calendrier, Airbus Defence s'est largement félicité ce 24 septembre du succès de la campagne de test réalisée par la Direction Général de l'Armement. En effet, l'Armée de l'air venait à peine de recevoir son premier KC-130J la semaine passée, une acquisition justement décidée en 2015 pour pallier aux manquements du programme A400M...


Effectivement, lorsqu'il y a quelques années, l'A400M connu une période de turbulences particulièrement difficile, certains n'hésitèrent pas en France à faire une croix sur la capacité tant attendue de ravitaillement des hélicoptères, si chère aux opérations spéciales de l'escadron "Pyrénées" et de ses Caracal. Car le H225M Caracal, du moins les 10 appareils en service dans l'Armée de l'air (+8 au 4ème RHFS, mais sans perche de ravitaillement) est le seul hélicoptère européen ravitaillable en vol, en attendant, éventuellement, que cette capacité arrive sur les prochains standards du NH90 Caïman. 
Cependant, et comme on arrête pas l'innovation, une solution fut recherchée, par l'ONERA notamment en allongeant les perches de ravitaillement, afin de passer outre les difficultés causées par le turbulences qui rendaient le positionnement des hélicoptères derrière l'A400M bien trop périlleux. 

Et enfin, en septembre 2019, au cours de 4 vols opérés de jour, l’A400M a effectué 51 contacts (sans transfert de carburant), marquant une étape décisive vers sa pleine capacité de ravitailleur. Ces tests ont été réalisés sous la coordination du centre d’essais en vol français «DGA Essais en vol».


Les essais ont été effectués entre 1 000 et 10 000 pieds à une vitesse de vol, très basse, de 105 nœuds (soit 194 km/h), et ont confirmé les résultats positifs des précédents vols de proximité effectués au début de l'année. La prochaine étape du programme d'essais en vol consistera en un contact avec transfert de carburant. 

Ces prochaines opérations sont planifiées pour cette fin d'année, tandis que la certification finale pourrait intervenir en 2021.


Mais, cerise sur le gâteau, les clichés dévoilés montrent également que la campagne d'essais en vol comprenait également les premiers essais de proximité entre l'A400M et un hélicoptère H-160, dernier né de la gamme Airbus Helicopter. Le H160 a été choisi pour incarner, via une version "H-160M Guépard", le futur hélicoptère léger interarmées.  

Ces essais ont été demandés par la DGA selon Airbus, dans le cadre de l'étude de faisabilité du Guépard. Les tests ont été effectués avec succès.

A terme, l’A400M, vrai couteau suisse, pourra en plus de ses missions de transport stratégique, ET tactique, assurer en cas de besoin la mission de ravitaillement en vol des chasseurs (Eurofighter, Rafale, Tornado ou F / A-18) et transporteurs militaires (C295, C-130, et.. A400M !).
L'A400M transporte jusqu'à 50,8 tonnes de carburant. Deux citernes supplémentaires peuvent également être installées, fournissant chacune 5,7 tonnes de carburant supplémentaires. Le carburant transporté dans les réservoirs supplémentaires peut être de nature différente de celui des réservoirs principaux. Cela permet à l’A400M de répondre aux besoins de différents types d’aéronefs.



lundi 26 novembre 2018

En images, l'exercice VOLFA 18-2 à Mont-de-Marsan


Pour son édition 18-2, VOLFA ne déroge pas à sa réputation en nous fournissant de nouvelles superbes images. Cet exercice majeur dirigé par l'Armée de l'air se tenait sur et autour de la Base Aérienne 118 de Mont-de-Marsan la semaine dernière.

©️ Loïc Marzin, Arnaud Chamberlin, Bernard Hennequin / Défense / Armée de l'air


Chaque année, ce blog a le plaisir de vous relayer les superbes images de l'exercice VOLFA.

VOLFA est un exercice "semestriel" consacré à l’entrée en premier, cette capacité que les armées françaises s'évertuent à conserver. L'Armée de l'air notamment, permettant à la France de siéger au sein du club fermé des pays "Entry Force Capable".

L'exercice, qui réunit de nombreuses unités d'élites, se déroule le plus souvent à Mont-de-Marsan.