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mercredi 20 novembre 2024

Dark va mener une étude de simulation d'interception en orbite pour les Armées

L'Agence de l'innovation de défense et la start-up Dark ont annoncé lundi 18 novembre avoir passé un contrat d'étude préliminaire pour la simulation d'interception d'objets spatiaux dangereux en orbite basse. Les deux acteurs se positionnent ainsi sur une question absolument préoccupante. 

Ci-dessus : vue d'artiste du concept de lanceur aérolarguée de Dark - source Dark.


Alors même, ce 18 novembre, que le commandant de l'espace, le général Philippe Adam, nous apprenait dans une longue et riche interview à La Tribune que parmi les acteurs provocateurs en orbite, il fallait désormais compter sur l'Iran, l'Agence de l'innovation de défense (AID) annonçait l'étude "Salazar". 

Salazar est une étude qui consiste à simuler via un ensemble de modèles numériques développés par la start-up Dark -à qui l'étude est donc notifiée- des missions de capture d’objets spatiaux dangereux en orbite basse (LEO).
L'AID précise qu'elle évaluera le potentiel des moyens développées par Dark pour répondre aux exigences des opérations en orbite basse (LEO) à l'horizon post-2030. Cette étude permettra aussi de tester la faisabilité du transfert et de la manœuvre de charges utiles en orbite, contribuant ainsi aux missions de caractérisation des situations critiques ainsi qu'aux opérations de surveillance et de réponse face à d'éventuelles tentatives d'ingérence spatiale. Dans le cadre de cette étude préliminaire, l’Agence de l’innovation de défense proposera à DARK une cible fictive dotée de systèmes d’évasion ou d’alerte qui, en retour, présentera plusieurs scénarios possibles.

Ce faisant, les armées françaises se positionnent publiquement sur une problématique que toutes les puissances spatiales jugent extrêmement préoccupante. Avant donc d'être active, la solution technologique n'étant clairement pas encore mature, la France se veut d'ores et déjà dissuasive. Et ce n'est pas un hasard si l'AID fait appel à Dark... 

Sur le blog: Dark achève la campagne de tirs de son moteur-fusée "Sheitan"



En effet, on connait Dark depuis sa fondation en 2021 à Paris, puis l'annonce en 2023 de son installation sur l'aéroport de Bordeaux, prévue pour 2025 (à confirmer). Aux dernières nouvelles, l'entreprise qui s'est dès le départ positionnée avec une solution réactive de micro lanceur aérolargué -via un Airbus commercial- pour des missions de désorbitation ou "nettoyage" de l'orbite basse*, a mené avec succès des essais moteur en Allemagne durant l'été 2024. 

Rappelons également qu'il s'agit d'une solution complète, qui ne se limite pas au lanceur, puisque Dark travaille tous les aspects de la missions, avec le développement de logiciels ou encore d'un bras robotisé. 

Dans le cas de l'étude Salazar, l'AID semble avoir été séduite par la solution de simulation développée par Dark, qui, basée sur les paramètres orbitaux d’une cible, propose "le meilleur scénario d’interception, en prenant en compte la stratégie, les performances et la temporalité de la mission". Dark profite également de son expérience de simulation d'interception d'urgence d'un débris spatial (un étage d'Ariane 5), menée auprès du CNES en 2023. 

On retiendra enfin notre attention sur un des modèles de simulation présenté par Dark le mois dernier, baptisé RAVEN et réalisé avec… des drones ! (source photo LinkedIn de Dark)



* dans ce domaine, deux types de mission évidents se dégagent : l'espace durable (ou dit autrement, "dépolluer" l'orbite), et bien sûr, la défense. 

vendredi 12 juillet 2024

Dark achève la campagne de tirs de son moteur-fusée "Sheitan"

Dark, société parisienne qui doit s'installer sur l'aéroport de Bordeaux-Mérignac pour y développer ses activités de lancement orbital, a récemment communiqué sur le succès de la campagne de tirs de son moteur-fusée "Sheitan". L'affaire fait peu de bruit en France, probablement car les essais se sont déroulés… en Allemagne. 


Parmi la petite myriade de start-up françaises et européennes qui affichent des ambitions dans le lancement spatial, Dark ne passe pas inaperçue. L'entreprise se définit en effet comme un société de défense orbitale, son micro-lanceurs aéroportés constituant la base d'un système complet visant à assurant des lancements réactifs dans le but de désorbiter des objets hors de contrôle, et cela, non pas dans un but stratégique (lire mon précédent billet sur le sujet, en lien ci-dessous), mais bien afin d'assurer la sacro-sainte "durabilité" des orbites.
 

La première étape passe donc par le développement d'un micro-lanceur aéroporté. Pas une mince affaire quand on connaît les déboires d'autres acteurs célèbres sur ce segment précis. 

Mais so far so good… puisque Dark a annoncé sur son compte Linkedin avoir achevé une première campagne de tests de la chambre de combustion de son moteur-fusée Sheitan (a-t-on vraiment besoin de traduire ?), moteur qui équipera le lanceur Interceptor.
La campagne de tests, qui a duré deux semaines, a été réalisée dans les installations de l'agence spatiale allemande, le DLR, à Lampoldshausen. 

Une vidéo a été diffusée. Et pour les détails techniques, je vous invite à suivre ce lien



Dark précise que six essais de combustion à chaud ont été effectués. Au premier essai, la chambre de combustion a tout simplement été détruite. Mais lors du sixième essai, l’entreprise a réussi à atteindre un rendement de combustion de 99,4 % à une pression de 80 bars.

Comme je le disais en préambule, on a peu parlé de ces essais en France, probablement car ils se sont déroulés en Allemagne (et la confiance n'est pas au beau fixe, surtout dans le spatial). Toutefois, Dark n'est pas la première à réaliser sa campagne d'essais moteur à l'étranger, puisque Latitude, par exemple, l'a fait en Ecosse. Il faut aussi reconnaître que la start-up est un peu plus discrète que ses congénères, ce qui est en soi une qualité… et un défaut, car bien des observateurs me font régulièrement part de leurs interrogations sur le projet. Elle a tout de même levé 11 millions de dollars depuis sa création en 2021. 

A noter que si Dark ne fait pas partie -à ce jour- des lauréats "micro-lanceurs" du plan France 2030 (Latitude, HyprSpace, Maïa Space, Sirius), l'Elysée et autres institutions la mentionnent régulièrement dans leur communication sur l'avenir du spatial français. 


lundi 22 avril 2024

Dark lève 6 millions de dollars aux USA, avant son arrivée à Bordeaux


Après cinq premiers millions en 2021, la start-up Dark réussit une seconde levée, aux Etats-Unis, à hauteur d'environ 6 millions de dollars. Les choses s'accélèrent pour celle qui s'installera cet été à Bordeaux, et qui entend développer une solution intégrée de défense orbitale face aux débris spatiaux.  

Ci-dessus: vu d'artiste du futur lanceur aéroporté de Dark.


Nous en parlions à l'automne dernier, la start-up parisienne du new space Dark sera accueillie à partir de l'été 2024 par l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, qui lui offrira du foncier (jusqu'à 10 hectares) et surtout l'accès aux pistes !
Car en effet, Dark a pour ambitieux projet, non seulement de se faire une place dans le paysage -global- des micro-lanceurs, mais aussi et surtout de développer un système de lanceur aérolargué pour une mission bien précise: l'intervention en orbite sous court préavis. 


« Défense orbitale » : tout est dit, ou presque. Pas de guerre des étoiles ici, ou du moins pas tout de suite*. Ce que Dark développe, c'est une solution réactive (comprendre sous faible préavis, et flexible) d'intervention dans l'espace, « Interceptor », qui s'appuie sur un ensemble de systèmes intégrés allant de l'avion porteur, au lanceur aérolargué, en passant par le radar et un module terminal doté de capacités robotisées et de guidage algorithmique pour capturer les débris.

Dark compte aujourd'hui 22 salariés, puis 50 à court terme. Elle en espère 500 en 2030. Dès cet été, les opérations, y compris de R&D, se dérouleront depuis Bordeaux, qui a été choisie pour son écosystème. Un joli coup aussi disons le, pour l'aéroport de Bordeaux-Mérignac et son projet économique.  

La start-up s'appuie sur des contrats de coopération déjà signés avec le CNES, participe aux réunions New Space organisées par l'Elysée et les ministères, et a d'ailleurs été récemment citée par le Président de la République lors du dévoilement des lauréats du plan France 2030 sur les micro et petits lanceurs (Dark n'en fait pas partie mais a reçu des "encouragements"). 



Cette nouvelle levée de fonds suit une première levée de 5 millions réalisée en France en 2021. Mais celle de 2024, à hauteur de 6 millions (portant donc le total à 11M$) possède le parfum du new space américain, puisque le fonds Long Journey a investi dans des réussites telles que SpaceX, ou plus proches du Pentagone, Anduril.
Le financement soutiendra  la deuxième phase du développement durant laquelle Dark exploitera de nouvelles technologies internes, notamment des capacités radar avancées pour la détection spatiale et une propulsion orbitale optimisée pour la manœuvre de gros objets et le re-contrôle.

A ce stade, pas davantage d'emphases, puisque la route est encore longue pour un projet qui nécessitera de mobiliser "des centaines de millions d'euros", comme le reconnaissent les dirigeants (deux ingénieurs trentenaires) de Dark.

Le calendrier est toutefois extrêmement ambitieux, puisqu'une première démonstration de validation de la solution d'interception est annoncée pour 2026.  


*Je profite de ce sujet pour désamorcer un peu les enjeux. La proposition de Dark visant à "nettoyer" l'orbite basse face à un risque imminent (chute incontrôlée ou collision en orbite) s'inscrit dans le cadre d'une thématique qui agite beaucoup le monde du spatial: celle de la durabilité des activités dans l'espace face au risque grimpant des collisions dévastatrices. Plusieurs acteurs, notamment français, se sont positionnés sur ce segment politiquement porteur (commercialement aussi ? il faudra le démontrer), que ce soit sur les technologies de surveillance comme sur l'intervention. Dark entend rassembler une grande partie des briques de cette mission, qui dans le contexte international de développement des conflictualités que l'on connait, revêt forcément une dimension duale. Mais laissons donc ce sujet de côté, puisqu'à ce stade, la doctrine française ne se positionne pas en faveur (et le condamne même) de tout acte hostile envers un satellite adverse. Il n'est aujourd'hui question, pour la France et sa stratégie spatiale de défense, que de défense passive.  


mercredi 20 septembre 2023

Un nouveau projet de micro-lanceur à Bordeaux, avec l'implantation de Dark !


Une nouvelle entreprise dédiée à l'accès à l'espace s'implantera à Bordeaux en 2024. Il s'agit de Dark, que l'on connait déjà depuis sa fondation en 2021. La start-up est la seule en France, et l'une des rares au monde à proposer une solution de micro-lanceur aérolargué, avec pour premier objectif des missions de nettoyage de l'orbite basse. 500 emplois pourraient être créés. 

Ci-dessus: vue d'artiste du lanceur aérolarguée de Dark, lorsqu'il sera opérationnel. 


Nouvelle grosse info sur le spatial (décidemment le thème de la rentrée ici) avec l'annonce -via communiqué de presse & dépêche AFP- de l'implantation à Bordeaux d'une nouvelle start-up du New Space, et non des moindres puisqu'il s'agit de Dark, l'une des rares à se lancer sur le marché des micro-lanceurs. Une arrivée qui s'ajoute à la présence d'HyprSpace, déjà bien implantée, et fait de l'agglomération bordelaise, déjà très marquée "Ariane", un poumon industriel de l'accès à l'espace européen.

L'entreprise s’implantera sur l’aéroport de Bordeaux-Mérignac l'an prochain, en 2024. L'aéroport en effet, car Dark, fondée par des anciens du missilier MBDA, compte s'appuyer sur une solution aérolarguée: son micro-lanceur sera transporté en haute altitude par un avion-porteur, avant d'être lancé vers l'orbite basse.  
Le premier vol d'essai est prévu en 2028. Et attention, ce n'est pas un "sport de masse" comme en témoigne la cessation d'activité récente de Virgin Orbit sur ce segment (au grand dam du gouvernement britannique). Nous verrons notamment si l'expérience d'ex-missiliers fera pencher la balance dans le bon sens. 

Dark compte aujourd'hui 23 employés, et des recrutements, jusqu'à 500, sont envisagés dès 2024 dans la R&D, la production, la maintenance et les opérations spatiales.

Il faut noter que l'arrivée de Dark à Bordeaux (elle a été fondée à Paris) est le fruit d'un bel activisme des acteurs régionaux, qui se concrétise aujourd'hui par la signature d'un partenariat avec l'aéroport de Bordeaux pour préparer l’implantation des activités de l’entreprise.  Nous verrons donc ainsi peut-être un jour à Mérignac l'avion porteur de Dark côtoyer l'Airbus Zero G de Novespace


Jouer la carte de la durabilité des activités en orbite

Dark se positionne sur le segment du lancement réactif (cela pourrait-il intéresser la défense ?), et même plus précisément sur la problématique de la désorbitation des objets incontrôlés. Car on le sait, l'activité sur les orbites basses ne va faire que croître dans les années qui viennent, accroissement qui concernera bien entendu l'économie du spatial, mais aussi les risques ! Disposer de solutions, souveraines si possible, destinées à favoriser la durabilité des activités spatiales revêt donc un intérêt tout particulier. 

L'entreprise propose donc "Interceptor", « un système permettant d'accéder à n'importe quel point de l'orbite basse en moins de 24 heures, pour en retirer les objets dangereux ». Le système s'annonce comme complet, puisque l'on parle du lanceur -et de son porteur, un avion de ligne modifié- comme du module orbital robotisé qui doit permettre de capturer les objets dangereux.
Le micro lanceur pourrait aussi être utilisé pour le lancement de charges utiles allant jusqu'à 300 kg.

La start up a accumulé 7 millions d'euros depuis 2021, et des partenariats avec le CNES ou Ariane Group. Elle se lancera dès les prochains mois dans des phases de développement plus concrètes pour ses systèmes: mise à feu de son moteur cryogénique, repérage et capture des débris, rentrées atmosphériques contrôlées…