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lundi 7 avril 2025

SOFINS 2025 - Milton dévoile son drone tactique Sky Watcher


Le droniste bordelais MILTON, racheté et intégré au groupe Etienne Lacroix depuis l'automne 2023, présentait au salon SOFINS la dernier né de sa gamme de drones tactiques, le Sky Watcher. Voulu aussi polyvalent que modulaire, le système prouve que la filière française est enfin en mesure de répondre aux besoins d'un marché bouleversé depuis la guerre en Ukraine.


Projet dévoilé, mais pas vraiment montré (phase de prototypage) à Eurosatory en juin 2024, le mini-drone Sky Watcher de Milton a été présenté au salon des forces spéciales SOFINS 2025, début avril. Il s'agit du troisième drone tactique pour la PME bordelaise d'une trentaine de salariés -dont 15 ingénieurs- qui a été rachetée en 2023 par le groupe de défense Etienne Lacroix.


Bien que considéré comme un drone tactique, le quadrirotor Sky Watcher se veut avant tout compact (ses rotors sont pliables, ses patins démontables), et capable d'être opéré par un seul homme muni d'un sac à dos, en quelques minutes. 

Pour développer son nouveau produit, Milton a bien évidemment pris en compte le retour d'expérience du conflit ukrainien, avec un appareil qui se veut à la fois robuste (électroniquement parlant) et ultra fiable, tout en étant extrêmement modulaire et facile à produire. Son autonomie est d'une heure jusqu'à 10 kilomètres, avec une capacité d'emport de "plusieurs kilos" (autour de 3 a priori, en plus de la boule optronique). 

Niveau emport justement, c'est sa modularité qui doit faire sa force en termes de charges utiles tactiques : boule optronique (le catalogue est varié), charge ROEM (renseignement d'origine électromagnétique), et le fameux DLC, un dispositif de libération de cartouches capable de délivrer différents types de grenades de 40 ou 56mm, fumigènes, incapacitantes, ou même pyrotechniques.

A noter que Milton travaille d'arrache bien sur la robustesse de ses liaisons de données. Il n'est à ce stade pas envisagé de doter le drone d'un système filaire à fibre optique comme on peut le voir sur le front ukrainien, un des seuls moyens infaillibles face au brouillage.  

Des efforts de R&D, au niveau de la miniaturisation notamment, ont spécifiquement été fournis par l'entreprise afin d'intégrer des capteurs & antennes GNSS. Les équipes ont également développé un nouveau système de “batterie intelligente” avec un partenaire français (tout le système est naturellement ITAR FREE).

Comme tous les drones de Milton (LRO, SkyKeeper) le Sky Watcher sera opéré à partir de l’une des trois stations sol de la gamme GCS Milton. Les logiciels (opérations, simulation, formation) sont aussi développés par l'entreprise. Ils intègrent d'ores et déjà les cas de figure de pilotage en essaims.

Le Sky Watcher sera commercialisable dès la fin de cette année 2025. 


Une filière drones française enfin structurée ? 

Dans les allées du SOFINS, il y avait un certain nombre de drones, mais pas autant qu'on pourrait le penser, d'autant plus que finalement, ils sont peu parmi les Français à avoir atteint la maturité nécessaire en termes de R&D comme d'offre commerciale sur ce segment. Surprenant, quand on sait que la filière drones a eu plus d'une décennie pour se développer après les terrifiants constats d'échec du début des années 2010. Au tournant de 2020, elle [la filière] semblait pourtant encore se chercher, et c'est le grand bouleversement apporté par l'invasion de l'Ukraine en 2022 qui a changé la donne. 

Désormais, les objectifs, ou plutôt devrais je dire les exigences, ont changé, alors que l'Etat entend expérimenter à tout va. Les produits (et cela concerne en particulier les drones, soudainement devenus la nouvelle AK-47 du combat futur) doivent non seulement répondre à des besoins, des missions prioritaires sur le terrain des opérations, mais aussi offrir des capacités de modularités, d'évolution rapides (une technologie peut aujourd'hui être obsolète en un mois sur le front ukrainien), et bien entendu de production de masse sans précédent. S'agissant de cette dernière question, le prix devient de facto un argument clé à l'heure du low cost et du "consommable". Chez Milton, on assure ne pas être très éloigné des prix pratiqués par les Chinois. 

Et tandis que les grands de l'aéronautique, comme Thales, Safran ou Airbus ont dû s'adapter, voire se réinventer (certains d'entre eux n'ont d'ailleurs pas du tout terminé ce cheminement), des acteurs comme Milton avec Eugène Lacroix, ou tout dernièrement Hexadrone avec Rivolier, ont eu la chance d'intégrer de solides projets au sein d'ETI qui cherchaient à mettre un pied dans ce domaine forcément porteur, car stratégique, ce qui leur apporte enfin la colonne vertébrale nécessaire à un développement plus serein, centré sur l'innovation permanente.   

On pensera également à d'autres entreprises, comme EOS ou Delair, qui ont su convaincre et embarquer dans des programmes structurants de l'Agence de l'Innovation de Défense, sous la tutelle de grands comme MBDA et KNDS. La preuve avec ce dernier point que ce segment du ciel est désormais mieux appréhendé par les spécialistes du combat (aéro)terrestre que par ceux de l'aéronautique ? Nous aurons l'occasion de nous reposer la question au prochain salon du Bourget. 

Pour ce qui nous concerne sur le blog, les drones continueront de rester un sujet tout au long de cette année, puisque se déroule à la rentrée prochaine à Bordeaux une nouvelle édition du salon UAV Show, où le militaire prendra une place certaine, et même inédite pour cet événement. Nous y retrouverons quelques locaux, dont la prometteuse start-up Aeryx Systems


Ci dessous en image sur le salon, le Sky Watcher de Milton, ici replié et équipé  : 



Autre exemple de système prometteur, chez Hexadrone (source Mars Attaque blog): 



Mais aussi, la munition rodeuse Toutatis de Thales, qui se tire depuis un mortier :


mercredi 2 avril 2025

SOFINS 2025 - Le NH90 Standard 2 "FS" en star du salon

Airbus Helicopters exposait pour cette 7ème édition du salon des forces spéciales SOFINS le prototype du futur hélicoptère de manœuvre des forces spéciales françaises, le NH90 Standard 2. Ce modèle, ici en livrée noire, augure d'un appareil suréquipé qui arrivera au sein du COS dans un peu plus d'un an, venant remplacer Cougar et Caracal.  

Images: Pax Aquitania.


Parlons peu mais parlons bien, avec l'exclusivité du salon SOFINS 2025, à savoir le prototype de l'Airbus NH90 Standard 2 (ou autrement appelé standard FS). Malheureusement en statique, bien que l'appareil ait passé une bonne partie de l'année 2024 à Pau, au sein du Régiment (4ème RHFS) qui accueillera la flotte de 18 appareils à partir de l'été 2026 (un an de retard sur le dernier calendrier connu, si mes comptes sont bons). 
Son arrivée permettra, non pas de retirer, mais bien de transférer les anciens appareils vers d'autres régiments. C'est ainsi que -vieux dossier- les H225M Caracal des forces spéciales Terre, basés à Pau, rejoindront leurs semblables à Cazaux, dans l'armée de l'Air.  


Le NH90 FS, 10,5 tonnes maximum au décollage, présente des modifications structurelles de la cellule évidentes (son nez !), qui lui permettent d'emporter un nombre impressionnant de capteurs (en premier lieu la boule optronique Euroflir 410 de Safran), ainsi que du carburant supplémentaire, améliorant ses capacité d'élongation. 
Il sera doté d'une liaison satellite, et son équipage pourra opérer des drones déportés. 

Côté armement, on devrait se limiter pour le moment à deux mitrailleuses de sabord MAG 58 (pas de M134 ?) aux fenêtres arrières (qui sont là encore une nouveauté), et un potentiel plus gros calibre en position centrale (mais toujours de sabord), tel le canon SH 20.

Notez à sa droite, la maquette initiale du standard 2, "Cléo", qui conserve sa perche de ravitaillement, alors que l'on voit que le modèle final pour la France sera lui équipé de bidons, ce qui semble davantage coller avec l'esprit "nomade" des forces spéciales Terre.  










Bonus : le nouveau véhicule ravitailleur d'hélicoptères du 4ème RHFS, par Scania.


lundi 31 mars 2025

SOFINS 2025 - Thales dévoile sa JVN quadritube PANORAMIC

Thalès dévoile au SOFINS 2025 la JVN PANORAMIC, une jumelle de vision nocturne à quatre tubes qui permet aux soldats d’obtenir une perception rapide de l’intégralité de leur environnement, sans le mouvement de tête nécessaire lors de l’utilisation de JVN à deux tubes. Un bijou technologique ITAR FREE. ​


Cette semaine se déroule près de Bordeaux, sur le camp de Souge (l'antre du 13ème RDP), la 7ème édition du SOFINS, salon professionnel de la défense dédié aux forces spéciales. Un événement souvent passionnant, que nous suivrons sur place, comme à l'accoutumée. 

Et ce soir, veille d'ouverture, c'est Thales Group qui ouvre le bal, en communiquant sur sa jumelle de vision de nuit PANORAMIC, qui sera donc présentée au monde pour la première fois sur le salon. 

Avec ce produit, que l'industriel annonce "révolutionnaire" car compact, robuste, évolutif, offrant un FOV de 120°; et accompagné d’une solution de maintenance "appropriée", Thales semble avoir gommé les quelques défauts généralement reprochés à cette technologique quadritube (rendue célèbre par les Navy Seals), en particulier le poids et l'encombrement. 
PANORAMIC ne pèse en effet que  740 grammes et ne dépasse pas la largeur du casque du combattant. En plus d’un relevage classique sur casque, elle permet de relever indépendamment chacun de ses deux corps latéraux. Les différents relevages sont accompagnés d’une coupure automatique des tubes, afin de ne pas compromettre la discrétion. Frugale en matière de consommation d’énergie, cette jumelle révolutionnaire est alimentée grâce à des piles ; un boîtier piles extérieur peut être ajouté pour une utilisation de longue durée.

Enfin, contexte géopolitique oblige, Thales précise dans son annonce que ses JVN sont destinées aux forces spéciales et spécialisées françaises -qui l'évaluent d'ores et déjà- et internationales, et que, surtout, l'ensemble du système est 100% français, et donc sans aucune contrainte d’exportation ITAR (relative aux composants américains).


lundi 5 juillet 2021

Robots, drones, essaims… les tendances s'affirment au SOFINS 2021

Comme avant. Une virée dans les allées du salon SOFINS 2021 sur le camp de Souge (33) n'a rien de dépaysant si on la compare à la dernière édition de 2019. Pourtant, en y regardant de plus près…

Photos: Pax Aquitania/privé - Equipementiers - Organisation


"Ça repart. Et ça repart même fort". C'est une phrase que l'on a pu souvent entendre lors du SOFINS (Special Operations Forces Innovation Network Seminar), signe que le retour en Europe d'un grand événement touchant à la défense sonne le retour aux affaires courantes.

SOFINS est plus un salon d'équipementiers qu'un salon de grands maîtres d'œuvre. Aussi y avait-il moins de "surprises" cette année: pas de Hawkei chez Thalès, pas de Scarabee, Areg ou de Sherpa chez Arquus, moins de démo FS... moins de ministres aussi avec l'absence de Florence Parly (mais la présence de Geneviève Darrieussecq).

Il y avait néanmoins une star sur le salon, la maquette chez Airbus Helicopters du NH90 au standard 2: tout y est, de la perche de ravitaillement au bras d'emport avec pods canon & roquettes; la boule optronique; une rampe à l'arrière; en passant par les mitrailleuses de sabord (des deux côtés, à l'arrière grâce à de larges fenêtres, dont une M134); jusqu'aux mécanismes d'aérocordage (ou nacelle d'extraction).
Bien sûr, on doute très très fortement que le NH90 "FS" tel qu'il équipera le 4ème RHFS en 2025 emporte tous ces équipements (on privilégiera par exemple les bidons à la perche à mon sens) et même qu'il en soit capable structurellement, mais Airbus montre ici aux potentiels clients que toutes les options sont sur la table.

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Une idée du NH90fs avec toutes ses options - Pax Aquitania

Au sol ou sur l'eau, malgré les absents on retrouvait quelques classiques comme la gamme Masstech, des fardiers dont le RIDER d'Unac, le superbe EFLyCO de SEAir avec ses 4 hydrofoils faisant de cet ETRACO un bateau "volant".
Les buggys étaient en vogue il y a 2 ans, mais absents cette année, laissant de la place à une gamme étendue de quads (ou motoneige, ou hybride), notamment chez Polaris.

Parmi les nouveauté marquantes, le Venpyr NG de Soframe, qui à ma connaissance se montrait pour la première fois au SOFINS 21.

Le Venpyr NG de Soframe affiche une belle hauteur et une ligne... agressive - Pax Aquitania

Un détour sur le stand Arquus où le constructeur n'exhibait certes pas de véhicules (hors maquettes du Scarabee et du Fortress), mais son TTO Hornet pour la première fois en France, pilotable au joystick de surcroît.
Ce tourelleau téléopéré affiche une masse à nue de 260 kg, suffisamment réduite pour l'imaginer sur des missions spéciales nécessitant autonomie et empreinte réduite. Quant à savoir si un TTO est adapté à des véhicules PATSAS, l'industriel répond que le Hornet est "incomparablement" plus précis qu'une arme montée sur circulaire, en raison du fait qu'il est gyrostabilisé à partir du bloc optronique.

Tirant les enseignements de son expérience sur les tourelleaux du programme Scorpion (sur Griffon, Jaguar et Serval), la Business Unit Hornet travaille même sur un TTO plus léger, le Hornet Lite. L'optronique est la même, mais le calibre change. 

TTO (tourelleau téléopéré) Hornet - Arquus

Concernant le fameux Scarabee, candidat potentiel au programme VBAE, on sait maintenant qu'il faudra passer par la case "Europe". C'est la volonté du ministère. 
Des pistes sont explorées… et mes discussions avec des industriels étrangers sur le SOFINS laissent penser que certains Etats pourraient être tentés par l'option de départ Scarabee.

Quoiqu'il en soit, dans un contexte stratégique tirant vers la haute intensité, une version forces spéciales est toujours prévue en parallèle au catalogue Arquus. 

Le véhicule (exemplaire unique à ce jour), qui va être testé par les forces dans les mois qui viennent, arrive bientôt à maturité, avec des choix, des priorités, qui ont été tranchés. Et au rythme où vont les choses, il pourrait d'abord passer par la case export avant même que le programme VBAE ne soit initié. Plus d'infos à la rentrée en septembre, où un événement lui sera dédié.

Enfin, qu'en est-il des programmes PLFS et VLFS (poids lourds et véhicule léger des forces spéciales) ? On sait que les programmes ont connu des tumultes - et même disons-le un reboot - dus à un défaut de coordination entre les 3 acteurs: COS, DGA, industriel (une leçon pour l'avenir). Les livraisons devaient débuter en 2018... ce sera 2023. Pire encore, la cible des commandes devrait être fortement réduite. C'est une réalité, il est en effet souvent plus facile de couper dans les programmes terrestres que dans l'aéronautique.
Mais les choses avancent de nouveau dans le bon sens, et les deux véhicules (standard 2 pour le PLFS) viennent d'effectuer avec succès des campagnes d'essais. La DGA prend désormais le relais. 
 
Le VLFS, dans sa version export "Areg" était absent du SOFINS - Arquus


Des drones, des robots, encore des drones

Enfin, comment ne pas évoquer les ruptures ? Comme je le disais précédemment, le SOFINS est un salon d'équipementiers, faisant la part belle aux petites structures, PME voire start-up. Et mis à part les équipementiers spécialistes en armes à feu, optique, équipements pour opérateurs (ou opérateurs canins !), on a pu sentir un incroyable engouement pour la robotique, les drones, et par affiliations les domaines associés de l'IA, des capteurs... la cybersécurité.

Drones et anti-drones ont évidemment la part belle, avec toujours plus de solutions, de variété, de miniaturisation aussi.
Mais quelques retex tactiques comme stratégiques étant passés par là, la question des essaims (drones ou munitions rodeuses) a fait l'objet d'une attention toute particulière, et ce notamment lors de passionnantes tables rondes. 
A noter qu'un rapport sénatorial sera présenté ce 7 juillet sur la question de ce qu'on appelle désormais "la nouvelle guerre des drones". 

Le SOFINS fut l'occasion aussi pour la société bordelaise Dronisos, spécialiste des spectacles de drones, de montrer sa maitrise lors d'un show déployé en nocturne avec 400 micro-drones (photo en Une de ce billet). Dronisos collabore d'ailleurs à tester grâce à ses essaims les solutions anti-drones de divers fabricants et centres de recherches sur le terrain du CESA Drones en Gironde. 

On ne peut plus manquer ces quadripodes hyper-mobiles.

Pour terminer, venons-en enfin aux robots, qui étaient véritablement les immanquables de cette édition. Les plus gros modèles ne sont pas toujours adaptés à l'idée que l'on se fait des opérations spéciales (le châssis du Thémis, à vide, affiche déjà plus de 1,5 tonne), mais ils témoignent d'une évolution du champ de bataille, vers le durcissement.

Derrière les exemplaires de Thémis armés, présentés en France par Nexter, on retrouvait un bon nombre de mules, chenillés, à roues, ou possiblement une hybridation des deux comme sur le ROBOPEX.

Il y a enfin ceux qui attirent toute l'attention dans les allées, les robots miniatures, avec les émules quadripodes ultra-agiles du célébrissime SPOT de Boston Dynamics.

En matière de robotique, toute la problématique va désormais être de définir quel degré d'autonomie attribuer à ces machines. Débat éthique tout autant que technique.
Pour certains, nous allons vers une prolifération désinhibée. Pour d'autres, comme chez Shark Robotics, l'homme, et la robustesse des matériels comme des liaisons, doivent rester la priorité des développements à court terme. Le milieu terrestre offre en effet un certain nombre de défis que n'ont pas à surmonter les systèmes aériens (pour le naval c'est encore différent). Les retours désastreux sur la robotique de combat russe en Syrie tendent à valider le scénario selon lequel la marge de progression est encore immense en matière d'autonomisation. 

C'est donc toute une doctrine qu'il s'agira de bâtir durant la décennie 2020. D'ici 10 ans en effet, la plupart de ces systèmes devraient avoir atteint un tout autre niveau de maturité opérationnelle. L'AID lance d'ailleurs un appel à projets ASTRID cet été.

La mule ROBOPEX (Gaci/Roboteam) a été testée au Mali par l'armée française - Pax Aquitania

Le panel Nexter avec en star le robot Optio-X20, monté sur châssis Themis de l'estonien Milrem - Nexter

Le Multiscope Rescue chez Milrem paraît un peu disproportionné par la mission anti-incendie - Pax Aquitania

La mule civière de l'Institut franco-allemand de recherche Saint-Louis - Pax Aquitania

lundi 28 juin 2021

5ème édition du SOFINS, salon des forces spéciales


Le salon des forces spéciales, le SOFINS, se tient cette semaine sur le camp de Souge près de Bordeaux. Décalé en ce début d'été après un report de la date initiale (mars 2021), il marque le grand retour du monde de la défense sur la scène événementielle. On l'aborde donc avec une certaine excitation !


Eurosatory, Euronaval, Farnborough, le Bourget... rares sont les salons qui ont maintenu leur organisation, et ce même alors que l'étreinte de la pandémie se desserre largement.  
L'édition 2021 du SOFINS (Special Operations Forces Innovation Network Seminar) devait se tenir du 23 au 25 mars, mais fort logiquement (nouveau confinement), le salon est finalement décalé à l'été, et se tient du 29 juin au 1er juillet, toujours à Martignas (33) près de Bordeaux, dans l'antre des "Dragons du 13".

D'ampleur bien moindre qu'un Paris Air Show, le SOFINS (autour de 3500 visiteurs essentiellement professionnels) s'adapte donc aux mesures sanitaires, pouvant s'appuyer par exemple sur ses expérimentations et zones de test, en extérieur et groupes réduits.

La partie "salon couvert" est adaptée, se divisant cette année en deux chapiteaux distincts, qui se partageront les thèmes suivants: C2 (command & control), combat terrestre, action à la mer, aéronautique, équipements. 

La situation sanitaire s'éclaircit, la météo aussi 

Le salon est essentiellement dédié à l'innovation et aux petites structures, mais dans ce contexte de reprise, les industriels devraient se faire une belle place. On découvrira notamment chez Airbus la maquette 1:1 du Standard 2 du NH90, autrement dit sa version dédiée aux opérations spéciales, attendue au 4ème RHFS prochainement. 

Derrière un beau panel de PME, il y aura aussi 34 startups (le "SOFLAB" de 2019 en comptait moitié moins), dont les domaines de recherche sont les suivants: intelligence artificielle, data, robotique, équipement de l’opérateur, environnement de l’opérateur.

L'organisateur, le Cercle de l'Arbalète, annonce plus de 250 exposants et plus de 40 délégations étrangères, soit des chiffres quasiment identiques à la dernière édition. Le nombre de délégations étrangères était, ne nous le cachons pas, l'une des inquiétudes majeures pour des exposants dont le chiffre d'affaires dépend en grande partie de l'export, sur un marché de niche. 

La ministre visitera le salon jeudi 1er juillet, et aura l'occasion de découvrir la toujours très attendue démo des unités du COS. 


Nous débrieferons tout ça sur le blog dans les prochains jours !


mercredi 20 janvier 2021

Le SOFINS 2021 décalé au mois de juin (modifié le 27/01)


Le salon des forces spéciales, le SOFINS, devait se tenir sur le camp de Souge près de Bordeaux fin mars 2021. Il est décalé à de nouvelles dates que sont les 8,9 et 10 juin 29 et 30 juin et 1er juillet, en raison de la pandémie. 

L'édition 2021 du SOFINS (Special Operations Forces Innovation Network Seminar) devait se tenir du 23 et 25 mars, malgré la crise sanitaire. Fort logiquement, il n'en sera rien, et le salon est finalement décalé, du 8 au 10 du 29 juin au 1er juillet, toujours à Martignas (33).

Ce décalage sera t'il suffisant ? On sait que le Paris Air Show (salon du Bourget) devait se tenir mi-juin mais que l'organisation a préféré annuler.
Cependant, le SOFINS est d'ampleur bien moindre (autour de 5000 visiteurs essentiellement professionnels) et sa force réside notamment dans ses expérimentations et zones de test, en extérieur et groupes réduits.

SI jamais la situation au plan national ne devait pas s'améliorer assez suffisamment d'ici la fin du printemps, un autre créneau serait prévu, pour début novembre.

Au final le SOFINS semble devenir le pionnier - ou le cobaye - qui marquera la reprise dans l'événementiel professionnel. 


lundi 7 décembre 2020

Le salon du Bourget 2021 annulé... reste le SOFINS

Après Eurosatory, le salon aéronautique britannique de Farnborough, Euronaval et tant d'autres, l'événementiel poursuit sa crise historique. Le Paris Air Show 2021, plus connu comme "Salon du Bourget", n'aura finalement pas lieu en raison de l'évolution toujours incertaine de la crise sanitaire mondiale.

Décidemment… pas d'éclaircie à l'horizon pour le monde aéronautique. Les passionnés regardaient avec espoir vers le mois de juin 2021, et son salon du Bourget qui aurait pu, et même dû, donner un signal de reprise.

Malheureusement il n'en sera donc rien, puisque devant le manque de visibilité, la fatidique sentence est tombée ce matin:

Compte tenu de l’incertitude liée à la crise sanitaire de la COVID-19, la SIAE (Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace de Paris - Le Bourget) a pris la décision d’annuler l’édition 2021 du Salon aéronautique du Bourget, prévue du 21 au 27 juin 2021.

La décision est compréhensible, le Bourget étant un salon très (très) grand public, mais plus qu'un crève cœur pour les amateurs, il s'agit d'une catastrophe pour les professionnels, et particulièrement les petites et moyennes structures (qui n'ont pas la com des grands groupes), pour qui ces rassemblements offrent une visibilité tout à fait unique en terme de business.

 Allez... maigre consolation, Dassault Aviation dévoilera demain en live son nouveau Falcon, le 6X:


Subsiste encore le salon des forces spéciales 

D'ampleur bien moindre (autour de 5000 visiteurs essentiellement professionnels), le salon des forces spéciales, le SOFINS, est toujours prévu pour se dérouler du 23 au 25 mars sur le camp de Souge, près de Bordeaux.

Mais jusqu'à maintenant, la plupart des petits salons à Paris comme en province, comme l'UAV Show en septembre, n'ont jamais pu être maintenus. Sa faible taille, et son éloignement des grandes infrastructures de transport - ce qui a pu être considéré comme une faiblesse à l'origine - pourraient néanmoins le sauver. A moins d'un déplacement au mois de juin, désormais déserté.

Alors 2021, nouvelle année blanche pour les salons de défense ?


mercredi 16 octobre 2019

Le drone (français) Condor refait parler de lui !


Via le quotidien Sud Ouest, des nouvelles d'un projet qu'on avait découvert lors du séminaire SOFINS 2015 : le drone Condor de la PME Demonfort Airborne Engineering, basée au Pays Basque et fondée par un ancien des forces spéciales.

Illustrations: DAE pour Sud Ouest


Apres le Fly Board de Francky Zapata, une nouvelle innovation française stupéfiante qui pourrait un jour changer la façon de mener les opérations spéciales ?

Le drone Condor, 3 mètres de long pour 3 mètres d’envergure, est un appareil aérolargué destiné à améliorer le rayon d’action des forces spéciales dans le domaine de l'infiltration d'espace aérien.
Autrement dit, là où un parachutiste largué à haute altitude peut s'infiltrer sur 30 km, grâce à ce drone, la distance parcourue à grande vitesse atteint les 170 km ! 

Véritable prolongement de l'avion de transport militaire, le Condor peut accueillir un opérateur des forces spéciales, qui sera largué en parachute une fois la zone visée atteinte. Mais les images ci-dessous parlent d'elles mêmes.
Si nous n'avions plus de nouvelles du concept depuis près de 4 ans (on parlait alors de tests à réaliser en soufflerie en France, et avec une maquette à l'étranger), voici donc avec cette simulation vidéo une démonstration de ce que pourrait réaliser concrètement le drone.

Vidéo. © DAE - Demonfort Airborne Engineering pour Sud Ouest :



Pour l'homme à l'intérieur (qui même si l'appareil suit un trajet prédéfini, peut en prendre le contrôle pour des manœuvres d'évitement), le trajet s'avère toutefois assez "remuant" puisque le Condor peut en théorie atteindre les 600 km/h grâce à ses deux moteurs !

La conception de l'appareil est une prouesse technologique. Le retournement du drone notamment, phase délicate, a fait l'objet de brevets industriels très spécifiques et protégés.

On imagine donc le largage d'une petite équipe des forces spéciales, avec plusieurs de ces engins embarqués dans un C-130 Hercules ou un A400M Atlas. Les Condor "transportent" les parachutistes sur zone à grande vitesse, avant de revenir en zone sûre, vides, et être récupérés.

Le projet est à l'étude depuis 2010, avec l'appui de la DGA, et après la parution de cette vidéo de démonstration, on devrait donc en apprendre d'avantage très vite. 
Et même si le vol habité s'impose comme un défi immense à surmonter, des applications sont déjà prévues avec des charges utiles de 300 kg, comme par exemple du matériel de sauvetage en mer. On pense ici aux embarcations et éléments de survie largués par la trappe des Falcon de la Marine Nationale.

Mais ne serait-ce que pour des applications de transports de matériel d'urgence (civil et/ou militaire), un marché qui risque d'exploser, notamment en zones de crise, la vitesse et la charge utile toutes deux conséquentes pourraient offrir bien des perspectives au Condor. C'est tout le bien que l'on souhaite à la société DAE.

A suivre de près donc...




vendredi 26 avril 2019

Au SOFINS, Saab présente son radar mobile Giraffe 1X


Au milieu des 250 exposants, pour la plupart des PME et start-up, on pouvait voir aux SOFINS quelques rares stands de grands industriels, présentant des innovations "tactiques". Le suédois SAAB en faisait partie, présentant le radar Giraffe 1X.

Images: Saab


Un dernier regard en arrière sur le SOFINS 2019, qui se tenait au début du mois près de Bordeaux. En effet, sur le "séminaire des forces spéciales", on pouvait croiser quelques grands industriels comme Thalès, Airbus, Nexter, Arquus (sans doute le plus impliqué chez les forces spéciales niveau chiffre d'affaires), et Saab

Si l'industriel suédois, peu connu du grand public pour la conception d'armements (et pourtant !), était présent au SOFINS, c'était notamment pour présenter un radar 3D remarquablement petit et léger: le Giraffe 1X.

Avec ce produit, le constructeur entend proposer un instrument proposant une flexibilité et une redondance uniques, répondant aux exigences d'une zone de combat, potentiellement loin en arrière des lignes ennemies. Il peut être manœuvré par deux personnes seulement.

La mission de ce système de surveillance radar 3D à courte portée est de protéger les ressources mobiles contre les menaces aériennes, offrant les capacités nécessaires pour maintenir une connaissance de la situation aérienne continue et précise, tout en s'intégrant dans le dispositif de Command & Control.


Essentiellement défensif, le système est capable d'identifier les cibles aériennes, localise et met en garde simultanément contre les tirs de roquettes, d'artillerie et de mortier.
Parmi ces fonctions, une intéressera particulièrement les forces spéciales, la lutte anti-drone. Saab annonce disposer d'une fonction unique pour la détection améliorée des cibles basses, lentes et petites (ELSS), à même de différencier un "drone d'un oiseau". La fourchette de détection pour ce type d'aéronefs se situe au dessus de 10 km.

On notera enfin que si les schémas présentés ici ou sur les documents officiels de communication montrent parfois le radar monté sur un véhicule de type Humwee, sur le salon SOFINS, le radar était affiché équipant un véhicule 4x4 Scarabee d'Arquus*, concept qui devrait concourir aux futurs programmes de véhicules de reconnaissance pour l'Armée de terre (VBAE: Véhicule blindé d'aide à l'engagement). Simple vue d'artiste m'a-t-on dit... 


*Saab et Arquus partageaient quasiment un stand commun sur le SOFINS. De plus, les plus chanceux présents lors du gala qui s'est tenu dans un château du Médoc auront pu découvrir un prototype assez impressionnant du concept Scarabee.


mercredi 24 avril 2019

Deux "Squale" supplémentaires pour le 13ème RDP


La ministre des Armées Florence Parly a annoncé lors d'une visite à Quimper ce 19 avril, que deux nouvelles embarcations tactiques rapides "SQUALE" ont été commandées au profit des forces spéciales, en l'occurence le 13ème régiment de dragons parachutistes. Le Squale, qui équipe déjà le régiment depuis l'année dernière, pouvait être vu au SOFINS, parmi d'autres innovations.

L'actualité nous a un peu éloigné de notre débriefing du salon des forces spéciales "SOFINS" (qui se tenait du 2 au 4 avril), salon durant lequel le domaine nautique fut à l'honneur avec plusieurs matériels.

On avait notamment pu y voir, en dynamique sur la "lagune" du camp de Souge une démonstration de kayak à moteur électrique de Nautiraid, qui permet à l'opérateur d'avoir les deux mains libres tout en se déplaçant en silence, ou encore sur le stand d'Alseamarle tracteur sous-marin (SLV) "Murene" (voir l'article du site FOB, dont l'image ci-dessous est extraite).


Du côté des embarcations rapides, on pouvait voir sous la bâche du SOFINS le Air Shark, presque un bateau volant grâce à ses foils rétractables qui permettent de largement améliorer la stabilité en soulevant le navire au fur et à mesure que la vitesse augmente, limitant ainsi la traumatologie des hommes à bord.
Sur cette innovation, SEAir s'est associé à Sillinger pour proposer une solution qui, raconte t-on, intéresse fortement les FS de la Marine.


A l’extérieur sur le SOFINS, on pouvait également admirer au milieu des véhicules à 4 roues (ou même 6) plusieurs embarcations tactiques, dont le SQUALE de UFAST.

Le « SQUALE » équipe déjà les équipes du 2e escadron du 13ème RDP depuis plus d'un an. Et on apprend justement lors de la visite de la ministre des Armées Florence Parly à Quimper, chez le fabricant UFAST, que deux autres exemplaires ont été commandés ce 19 avril.

Lire sur le blog: Le SQUALE arrive chez les forces spéciales du 13ème RDP


Le SQUALE est présenté comme une embarcation capable d'évoluer à 40 noeuds, longue de  9m 40 et pesant 5 tonnes environ. Elle peut embarquer 15 personnels en ordre de combat dont 5 membres d'équipage ( 3 servants d'armes, 1 pilote, 1 chef de raid et/ou chef d'embarcation). Son tirant d'eau de seulement 70 cm en pleine charge lui autorise une manœuvrabilité en eau peu profonde.
Surtout, disposant d'environ 350km d'autonomie, elle convient parfaitement aux missions d'infiltration/exfiltration en toute discrétion sur une grande élongation et en toute autonomie qui caractérisent le 13ème Dragon.

Financée par l'EMAT sur son budget de fonctionnement et contractualisée par le service exécutant de la STAT, cette embarcation aux aptitudes peu communes a été selon l'Armée de Terre "conçue et développée par une équipe de programme regroupant U FAST, la STAT et le CFST. La DGA a été sollicitée pour apporter son expertise sur des segments très particuliers. Ce processus vertueux a abouti, dans un délai particulièrement contraint (1 an) à la satisfaction du besoin opérationnel. L'utilisateur a été associé à toutes les étapes de conception du projet, ce qui a permis d'avoir un produit fini correspondant pleinement au besoin de l'utilisateur."


vendredi 12 avril 2019

"Elles du Dragon" s'envolent pour le Vietnam au service d'Entraide Parachutiste


Ce blog, il fut un temps, avait beaucoup évoqué la question des blessés de guerre et du stress post-traumatique (époque Sangaris notamment). Aujourd'hui, retour sur projet qui a illuminé le salon des forces spéciales SOFINS, et qui m'a particulièrement marqué: Elles du Dragon.

Ces trois t-shirt roses étaient immanquables sur le salon SOFINS, attirant même l'attention de la ministre des Armées.
En formant l'équipe "Elles du Dragon", Cyrielle, Dorothée et Axelle, se lancent dans une grande aventure qui les mènera jusqu'au Raid Amazones au Vietnam en octobre prochain. Elles y représenteront l'association "Entraide Parachutiste" et contribueront ainsi au soutien des militaires des troupes aéroportées touchés par les épreuves de la vie et des familles endeuillées. 

A l'origine du projet, la perte d'un être cher. Fin 2017, Cyrielle, a perdu son mari et le père de sa fille, Stéphane Grenier, adjudant-chef au 13e Régiment de Dragons Parachutistes, mort pour la France en zone irako-syrienne. 
Brisée par ce drame, le sport a été un moyen pour elle de se reconstruire. Aujourd’hui, elle veut faire de ce qu’elle traverse le moteur d’un défi sportif personnel et solidaire : participer au Raid Amazones pour rendre hommage aux militaires partis trop tôt ou blessés et marquer son profond soutien à leurs proches.
Dorothée et Axelle, animées par l’envie commune de se battre à ses côtés, choisissent, elles aussi, de s’engager dans cette grande aventure humaine et d’y représenter l’association Entraide Parachutiste. 

Les Elles du Dragon représentent l'Entraide Parachutiste et concourent ainsi au soutien des militaires blessés, des veuves et orphelins de guerre. 


Le Raid Amazones : par équipes de 2 ou 3, plus de 280 amazones se surpasseront du 11 au 20 octobre 2019 pour soutenir une cause qui leur tient à cœur. Durant 6 jours consécutifs, elles enchaîneront des épreuves sportives (trail, VTT, canoë, tir à l'arc, run and bike, et course d'orientation), dans les plus beaux paysages du Viêtnam.
L’organisation ZBO permettra également la construction d’une école dans un village proche de Danang grâce aux participations des équipières. 

Elles du Dragon cherche actuellement des soutiens/sponsors dans la préparation de ce projet. A quoi servira l'argent collecté ? Votre contribution - petite ou grande –  aidera à financer la participation au Raid Amazones 2019 (inscription, transport, équipements obligatoires) et à promouvoir et soutenir financièrement l’association Entraide Parachutiste. 
Vos dons sont déductibles des impôts, 66% pour les particuliers, 60% pour les entreprises qui souhaiteraient sponsoriser le projet.

Au travers de cette initiative, c'est d'abord la famille soudée des forces spéciales qui est à l'oeuvre, mais également l'ensemble de la communauté militaire, au sens large. Une initiative que soutient avec ferveur Pax Aquitania.

Les membres d'Elles du Dragon peuvent être soutenues ICI (page Facebook), ou pour les dons, ICI.

“ Telle la devise des parachutistes du 13e RDP, les Elles du Dragon iront "au-delà du possible" pour cette belle cause ; avec votre soutien et grâce à vos dons, nous parviendrons à faire de ce projet une réalité. “



lundi 8 avril 2019

Du deux roues à la chenille, un panel de véhicule très varié sur le SOFINS


Le salon SOFINS 2019 qui se tenait du 2 au 4 avril près de Bordeaux a vu défiler un nombre conséquent de véhicules. Mais ce qui impressionne avant tout, c'est leur variété !

Ci-dessus: à droite, le Hawkei de Thalès. A gauche, la mule autonome de Shark Robotics - images Albane Photographe


Il faut dire que sur le SOFINS, on pouvait voir ce qui roule, ce qui vole, ce qui va sur l'eau, et même sous l'eau. Mais contentons nous aujourd’hui du terrestre, tant il y a à dire sur le sujet. 
Si les personnels du COS présentaient chaque jour lors de leur démonstration dynamique une partie de la gamme de véhicules employés en opérations spéciales, comme les nouveaux VPS2 de Technamm désormais bien connus, les constructeurs se sont déplacés sur le salon avec une quantité impressionnante de véhicules. Tentons de dresser une liste succincte, en partant du plus léger.

Le COS emploie aujourd'hui une gamme variée de véhicules tout-terrain - photo Pax Aquitania

Des deux roues pour la reconnaissance

En bas de notre échelle, il y a les vélos, ou plutôt les VTT. Particulièrement adaptés à la reconnaissance, discrète par nature, on en entend peu ou trop rarement parler. Pragma Fuel Cells exposait notamment son modèle électrique "Alpha", doté d'une pile à combustible offrant 100 km d'autonomie.

Ensuite vient la moto. On découvre d'ailleurs dans le dernier numéro de RAIDS (n°393 - Avril 2019) que le 13ème RDP emploie déjà des Yamaha 250 WRR afin de gagner en mobilité et flexibilité.


La tendance "buggy"

Passons aux 4 roues, qui constituent bien entendu le cœur des matériels exposés. Pour preuve, le CEMA a du s'arrêter sur quasiment chaque stand.

ACMAT, filiale d'Arquus, présentait son blindé Bastion qui est un véritable succès en Afrique (grâce notamment aux programmes de soutien américains).

Sur ce même stand, la maison mère Arquus, alignait un "Sabre" (un Sherpa version forces spéciales conçu pour l'export, globalement similaire au premier abord au VLFS tant attendu par le COS) et un "Trigger", pick-up militaire tactique misant clairement sur sa rusticité, et qui devrait par la même occasion intéresser des pays aux moyens moins "conséquents" qu'en occident.

Rusticité toujours, Technamm, qui a le vent en poupe, exposait son "Masstech", ainsi que son très léger 4x4 aérolargable "FenneC".

Vous l'aurez peut-être compris, la tendance est bien à l'ultra mobilité confondue à la rusticité, et ce en raison des missions actuelles. C'est pourquoi on pouvait voir également le grand retour des buggys, y compris sur les zones d'essais dynamiques.
Dans le genre poids lourd du buggy, Haulotte montré son HUTP-R (les images sont rares mais la presse anglo-saxonne en a diffusé). L'américain Polaris exposait lui son Dagor A1 conçu en étroite collaboration avec l’US SOCOM.

Mais l'un des coups de cœur du SOFINS 2019 selon moi, est à trouver chez le français Booxt. Le constructeur troyen développe des buggys dans le civil mais a récemment collaboré avec le COS sur le développement d'un modèle "Assaut", version militarisée de son Scorpik SRK4. Evidemment aérotransportable, la bête, que l'on croisait sur les pistes du camp de Souge, peut transporter 2 à 4 commandos (poids maximum à bord de 700 kg) à la vitesse maximale de 160 km/h. Son autonomie est annoncée à 800 km, pour un prix très abordable... si l'on compare aux standards militaires bien sûr.
Les visiteurs du salon avaient l'occasion de faire un tour pour le moins décoiffant à bord. Émotions garanties !

Le buggy "Assaut" de Booxt, une petite bombe ! - Pax Aquitania

A noter qu'un avantage de ces véhicules légers est qu'on peut les emmener partout ou presque. Ce qui n'est pas le cas des véhicules lourds, même conçus spécifiquement pour les forces spéciales, qui doivent parfois être abandonnés dans le désert pendant plusieurs jours. Et dans ces cas il faut les camoufler. Je vous invite d'ailleurs à aller voir du côté du blog FOB une des solutions exposée au SOFINS.


Le futur est-il plus lourd ?

Les gros véhicules ont marqué les esprits, forcément, sur ce SOFINS 2019. Le Titus de Nexter et ses 27 tonnes, déjà présent il y a 2 ans en version "police", était présent cette année pour emmener les visiteurs sur les terrains accidentés. Certaines délégations étrangères - y compris de forces spéciales -ont passé de longs moments à bord ce qui tombe bien, puisque l'avenir du blindé semble plutôt se trouver à l'étranger.

Aussi, le véhicule était présenté de façon plus classique lors d'une démonstration "guerre du futur", où le blindé faisait face à une menace d'IED, et déployait deux drones terrestres pour assurer la levée de doutes, dont le petit Nerva.

Le Titus était l'une des stars du SOFINS, Nexter proposant des virées sur terrain accidenté - MINARM
Un des drones de Nexter Robotics pilotés depuis de le Titus - Pax Aquitania

Outre Nexter, Centigon était de retour avec son 4x4 tactique blindé estampillé "GIGN", adapté aux zones de risque.

Avec le Titus, un autre véhicule attirait les projecteurs: il s'agit du Hawkei de Thalès. L'industriel français était venu avec 2 exemplaires, un statique, équipé pour le combat, et un autre "nu" pour les essais dynamiques (qui encore une fois ont attiré du monde).
En version armée, le Hawkei est équipé d'un lance-roquettes Thalès de 68 mm (4 roquettes) et d'une tourelle FN Herstal téléopérée de calibre 12.7 mm.

Le Hawkei de Thalès, avec le CEMA à bord ! - Pax Aquitania

Le Hawkei, qui tire son nom d'un serpent venimeux, est assemblé en Australie, premier pays à l'avoir acheté en binôme avec le Bushmaster. Thalès compte le proposer en France, mais il faudra assurément pour cela que l'industriel français propose une chaîne de montage.

Quand à la question de savoir ce que font ces matériels lourds (6 tonnes à vide pour le Hawkey, quasiment 10 en version tactique) sur un salon des forces spéciales ? La réponse est simple: tout dépend de la mission, et les constructeurs tenaient à confirmer qu'il s'agissait bien de la clientèle visée. 
Rappelons tout de même que les forces spéciales françaises (tout comme britanniques et américaines) ont dû se doter en urgence de blindés tactiques sur le théâtre irako-syrien. Pour la France en l'occurence, il s'agissait - et c'est toujours le cas - de l'Aravis. Adieu l'empreinte légère !
Et comme me confiait un opérateur, "quand on a besoin de ce type de véhicule, c'est déjà que ce n'est plus la même guerre".



Des chenillés ? Oui ! Mais dans le domaine du drone ou du véhicule autonome

Un mot pour citer la mule de Shark Robotics. Le constructeur basé à La Rochelle s'était spécialisé dans le robot terrestre de soutien aux pompiers. Il dévoilait au SOFINS "Barakuda", une mule téléopérée que l'on pouvait voir déambuler dans les allées. Pesant 350 kilos, silencieuse car électrique, cette mule dispose d'une autonomie de 10 à 12 heures. Pas plus grosse qu'un quad, elle peut justement embarquer dans un hélicoptère NH90 Caïman.
Enfin une solution française dans ce marché qui s'apprête à exploser et où l'Armée de terre s'apprête à réaliser les premières expériences.

La mule "Barakuda'" de Shark Robotics - Photo constructeur

Concluons avec (pour les puristes) du chenillé. Toujours chez Shark Robotics (ne pas confondre avec Sharks Dynamics !), on pouvait voir une surprenante version du robot Colossus équipée d'une mitrailleuse légère. La machine fut jusque ici réservée aux pompiers, mais pourrait donc connaître un destin plus militaire. 

Technamm (encore) présentait lui un 4x4 chenillé idéal pour les terrains enneigés (il n'y a pas à dire, le constructeur dispose pour le coup d'un catalogue riche, accessible et innovant).

Enfin, on ne pouvait manquer l'impressionnant Themis, monstrueux châssis de l'estonien Milrem, sur lequel était montée au SOFINS la tourelle "Impact" de MBDA. L'Estonie devrait d'ailleurs bientôt déployer ce drone de combat terrestre au Mali.



BONUS : les invités triés sur le volet lors du gala SOFINS qui se tenait dans un château du Médoc ont pu être parmi les premiers chanceux à découvrir dans une douce atmosphère tamisée le prototype du Scarabee d'Arquus (ce blog en parlait en juin 2018 durant Eurosatory). La bête, qui devrait participer à l'appel d'offres français VBAE (Véhicule blindé d’aide à l’engagement) pour remplacer les VBL, arbore en l'état un design tout à fait splendide, et incroyablement compact, capable d'entrer dans un container de taille standard. Aérolargable, le Scarabee doit encore cependant subir l'épreuve de l'intégration des systèmes, d'armes notamment, tout en n'y sacrifiant pas sa "félinité". 

Ci-dessous, le Arquus Scarabee - Photo : constructeur
(Toute photo était bien entendu proscrite !)