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mercredi 23 avril 2025

Aerix Systems dévoile son nouveau drone d'intervention AXS-µ1


La start-up AERIX SYSTEMS dévoile officiellement le 22 avril son drone AXS-µ1, un produit dont les caractéristiques ne laissent aucun doute quant à sa finalité: les interventions tactiques militaires. 

Source & images : Aerix Systems.


Nous en parlions il y a tout juste un an, Aerix Systems développe au sein de l'incubateur de Bordeaux Technowest, à Mérignac, une technologie de propulsion omnidirectionnelle pour les drones. Ces derniers deviennent ainsi plus agiles que jamais, et surtout plus robustes dans certaines conditions climatiques (en particulier face au vent). La jeune entreprise, qui continue de viser certains marchés comme l'inspection des hautes structures exposées (éoliennes, lignes haute-tension...), vise également le secteur très porteur de la défense et de la sécurité, dans lequel les drones connaissent une véritable révolution des usages dans le domaine tactique. Y compris lorsqu'il s'agit de chasser le drone adverse...  


Aerix Systems dévoile donc son nouveau produit (il existe déjà une première plateforme, l'AXS-M1) : l’AXS-µ1, une plateforme d'intervention compacte développée, assemblée et testée en France. Conçue pour s’adapter aux contraintes opérationnelles, l’AXS-µ1 combine propulsions omnidirectionnelles, architecture modulaire et interopérabilité multi-supports. Le résultat est selon la start-up une agilité tactique optimale, même en environnements complexes, pour des déploiements rapides sur tous types de théâtres d’opérations.



Les caractéristiques principales du drone, selon le communiqué, sont les suivantes :

• Vitesse : jusqu’à 200 km/h.

• Endurance : jusqu’à 20 km.

• Résistance au vent : jusqu’à 100 km/h.

• Dimensions : 40 cm x 40 cm.

• Charge utile : jusqu’à 1,5 kg (reco.750g).

• Autonomie (chargée) : 15 min.

L'appareil, seul ou en essaim, peut être contrôlé via tablette ou directement avec la vision intégrée dans un casque FPV (first personn view).  



Surtout, Aerix annonce être opérationnelle, avec des premières unités qui sont prêtes à être livrées. Elle lance donc un appel aux "intégrateurs, opérateurs, ou acteurs de la défense et de la sécurité, en France ou à l’international", se déclarant disposée à procéder à des démonstrations, PoC (preuve de concept) ou précommandes.



lundi 17 mars 2025

Airbus apporte son soutien au bombardier d'eau d'Hynaero


La division Defence & Space du groupe Airbus a annoncé son soutien technique au programme de bombardier d'eau amphibie Fregate-F100 de la société Hynaero. Un coup de pouce bienvenue au moment décisif où la start-up bordelaise entame d'importantes campagnes de levées de fonds. 

Ci-dessus: vue d'artiste du Fregate-F100 - Hynaero.


Airbus Defence and Space et Hynaero ont annoncé en fin de semaine dernière la conclusion d'un mémorandum d'accord, vrai partenariat stratégique, couvrant "l’ensemble du déroulement du programme Fregate-F100 et de sa vie opérationnelle avec notamment le support à la conception, à la certification et la maintenabilité de l'aéronef, ainsi que sa promotion auprès de clients potentiels dans le monde entier"

Airbus, qui continue de mener régulièrement des tests de lutte anti-incendie, sur ses avions militaires A400M (le groupe est aussi actif dans ce domaine avec les hélicoptères et les satellites de surveillance), voit en effet le programme Fregate-F-100 comme complémentaire à ses activités. Un soutien technique sera donc apporté durant le développement de l'appareil. 

Hynaero a multiplié les annonces de partenariats ces deux dernières années (privés et publics), et l'ajout d'Airbus est assurément une marque de prestige et de confiance. Le Fregate-F-100, grâce aux technologies modernes, doit littéralement écraser les capacités de l'antique Canadair, avec notamment une capacité d'écopage de 10 tonnes d'eau contre 6. 

Mais comme tout programme de conception d'un nouvel avion, le budget nécessaire est impressionnant : un milliard d'euros. 

Coup de pression sur la région bordelaise ? 

Dans l'immédiat, Hynaero doit d'abord trouver les 15 millions d'euros qui lui permettront de vraiment débuter le développement de l'appareil (la phase de conception détaillée), dont le design a légèrement évolué à la suite des études de faisabilité. Un moteur sera aussi choisi prochainement. Les partenaires financiers sont là, et Hynaero dispose d'ailleurs de trois lettres d'intention pour des commandes. Les investisseurs seraient cependant dans l'attente d'un engagement ferme de l'Etat, alors que ce sont toujours les Canadiens de DHC, avec leur emblématique mais vieillissant Canadair, qui tiennent la corde à Paris comme à Bruxelles pour les nouveaux contrats de renouvellement de flotte(s). 

L'objectif demeure de disposer d'un prototype en 2029, afin de lancer la commercialisation en 2031.

Une interview donnée dans le journal Sud Ouest ce dimanche nous apprend par ailleurs que la start up est fortement sollicitée par d'autres collectivités (Rochefort, Pau, Nîmes, Saint-Nazaire) pour l'implantation de son futur site, qui générera selon elle 500 emplois directs et 2 000 indirects. Elle attend donc un geste de la Région Nouvelle Aquitaine, qui a été, rappelons-le, la première à lui faire confiance (300 000 euros de subvention). Un petit coup de pression -qui vise surtout la métropole bordelaise a priori- que l'on tentera tout de même de désamorcer : les autres sites évoqués ne semblent disposer, ni de l'écosystème (notamment les sous traitants), ni, surtout, de la masse mobilisable de ressources humaines qualifiées pour faire vraiment le poids avec Bordeaux sur un projet d'une telle envergure. 

Pour rappel, Hynaero dispose aujourd'hui d'un petit bureau à Mérignac, dans les locaux du "Cockpit" de Bordeaux Technowest. 


mercredi 20 novembre 2024

Dark va mener une étude de simulation d'interception en orbite pour les Armées

L'Agence de l'innovation de défense et la start-up Dark ont annoncé lundi 18 novembre avoir passé un contrat d'étude préliminaire pour la simulation d'interception d'objets spatiaux dangereux en orbite basse. Les deux acteurs se positionnent ainsi sur une question absolument préoccupante. 

Ci-dessus : vue d'artiste du concept de lanceur aérolarguée de Dark - source Dark.


Alors même, ce 18 novembre, que le commandant de l'espace, le général Philippe Adam, nous apprenait dans une longue et riche interview à La Tribune que parmi les acteurs provocateurs en orbite, il fallait désormais compter sur l'Iran, l'Agence de l'innovation de défense (AID) annonçait l'étude "Salazar". 

Salazar est une étude qui consiste à simuler via un ensemble de modèles numériques développés par la start-up Dark -à qui l'étude est donc notifiée- des missions de capture d’objets spatiaux dangereux en orbite basse (LEO).
L'AID précise qu'elle évaluera le potentiel des moyens développées par Dark pour répondre aux exigences des opérations en orbite basse (LEO) à l'horizon post-2030. Cette étude permettra aussi de tester la faisabilité du transfert et de la manœuvre de charges utiles en orbite, contribuant ainsi aux missions de caractérisation des situations critiques ainsi qu'aux opérations de surveillance et de réponse face à d'éventuelles tentatives d'ingérence spatiale. Dans le cadre de cette étude préliminaire, l’Agence de l’innovation de défense proposera à DARK une cible fictive dotée de systèmes d’évasion ou d’alerte qui, en retour, présentera plusieurs scénarios possibles.

Ce faisant, les armées françaises se positionnent publiquement sur une problématique que toutes les puissances spatiales jugent extrêmement préoccupante. Avant donc d'être active, la solution technologique n'étant clairement pas encore mature, la France se veut d'ores et déjà dissuasive. Et ce n'est pas un hasard si l'AID fait appel à Dark... 

Sur le blog: Dark achève la campagne de tirs de son moteur-fusée "Sheitan"



En effet, on connait Dark depuis sa fondation en 2021 à Paris, puis l'annonce en 2023 de son installation sur l'aéroport de Bordeaux, prévue pour 2025 (à confirmer). Aux dernières nouvelles, l'entreprise qui s'est dès le départ positionnée avec une solution réactive de micro lanceur aérolargué -via un Airbus commercial- pour des missions de désorbitation ou "nettoyage" de l'orbite basse*, a mené avec succès des essais moteur en Allemagne durant l'été 2024. 

Rappelons également qu'il s'agit d'une solution complète, qui ne se limite pas au lanceur, puisque Dark travaille tous les aspects de la missions, avec le développement de logiciels ou encore d'un bras robotisé. 

Dans le cas de l'étude Salazar, l'AID semble avoir été séduite par la solution de simulation développée par Dark, qui, basée sur les paramètres orbitaux d’une cible, propose "le meilleur scénario d’interception, en prenant en compte la stratégie, les performances et la temporalité de la mission". Dark profite également de son expérience de simulation d'interception d'urgence d'un débris spatial (un étage d'Ariane 5), menée auprès du CNES en 2023. 

On retiendra enfin notre attention sur un des modèles de simulation présenté par Dark le mois dernier, baptisé RAVEN et réalisé avec… des drones ! (source photo LinkedIn de Dark)



* dans ce domaine, deux types de mission évidents se dégagent : l'espace durable (ou dit autrement, "dépolluer" l'orbite), et bien sûr, la défense. 

lundi 18 novembre 2024

The Exploration Compagny lève 150 millions d'euros pour financer sa capsule Nyx


The Exploration Company a annoncé ce 17 novembre une nouvelle levée de fonds d'environ 150 millions d'euros. Une somme qui servira à financer son programme de cargo réutilisable Nyx. Au total, la start-up franco-allemande, basée à Mérignac, Munich, et désormais aussi implantée en Italie, a levé environ 200 millions d'euros, avec un carnet de commande qui dépasserait déjà les 700 millions.

Ci-dessus: la futur capsule réutilisable Nyx. Vue d'artiste The Exploration Company. 


Disposant d'un triple ancrage (puisque désormais installée aussi en Italie) intelligent jouant sur les forces de l'Europe plutôt que les divisions, la start-up -encore jeune- The Exploration Company (ou TEC) continue de réussir à convaincre. Elle accumule ainsi des partenariats solides qui lui permettent en conséquence d'attirer les financeurs. Ce succès dans la construction du projet est bâti sur un discours -largement incarné par sa PDG Hélène Huby- à la fois ambitieux et mesuré, avec un vrai "narratif". 
Cela dans une étonnante discrétion, presque timidité par rapport à d'autres plus… extravagants (et pas loin de disparaître pour certains). Il manque -donc- encore la communication grand public mais il ne fait guère de doute que cela viendra quand il s'agira d'entrer dans les phases opérationnelles (donc commerciales). Mais il est vrai qu'une capsule fait moins tape à l'œil qu'un lanceur ! 
En bref, la trajectoire est pour l'instant nominale, même s'il y a bien eu un échec, non imputable à l'entreprise, lorsque le démonstrateur de rentrée atmosphérique "Bikini" présent à bord du vol inaugural d'Ariane 6 en juillet dernier n'a pas pu être déployé comme prévu par l'étage défaillant du lanceur européen. 

Voici pour le recap', mais venons en donc à la grosse actualité de ce début de semaine, le financement de série B, d'un montant de 160 millions de dollars (151 M€), visant à financer le développement du vaisseau spatial Nyx.

Nyx, une capsule agnostique (de lanceur) de 8 tonnes, a été présentée dès son annonce comme pouvant évoluer, jusqu'à pouvoir mener des missions habitées, ou même lunaires. Elle sera dans un premier temps capable de transporter plus de 3 tonnes de fret sur orbite, et d'en revenir, chose que l'Europe ne propose pas aujourd'hui. 

Pour commencer, il s'agit de viser les stations spatiales, son marché privilégié. Première mission déjà prévue en 2028 pour Nyx "Earth", vers l'ISS.  

Ces 150 millions, absolument nécessaires, doivent contribuer à financer Nyx, ce qui inclut le recrutement de personnels. La grande réussite vient ici de la diversité et du prestige des financeurs impliqués, dont notamment deux fonds souverains européens, French Tech Souveraineté (France) et DeepTech & Climate Fonds (Allemagne). TEC continue d'ailleurs de se vanter qu'elle est la première entreprise spatiale au monde à s'être appuyée, et ce dès le départ, sur un financement majoritairement privé. Et à 98% européen ! 

Cela est imputable bien sûr au réseau (exemple emblématique, l'Elysée croit fort en ce projet), mais aussi nous l'avons dit, à la vision.  


Pour le moment, TEC convainc, et mène la cadence à la bonne mesure. L'ESA, qui devrait être un -bon- client, lui a confié un contrat d'étude, France 2030 la soutient, et surtout, elle a obtenu un pré-contrat majeur avec Axiom Space pour le ravitaillement de sa future station privée en orbite basse (si et seulement si le projet aboutit). Il y a aussi, dans le même domaine, des accords avec Vast et Starlab.  

Sur un plan plus concret, signalons enfin que l'équipe de conception de véhicules de TEC a récemment mené à bien la première campagne d’essais plasmatiques sur le site d'Ariane Group à Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux. Ce test visait à soutenir le compromis pour le choix du matériau de protection thermique pour Nyx Earth. En soumettant différents matériaux à des niveaux de flux de chaleur représentatifs d’une rentrée depuis l’orbite terrestre basse, le comportement des matériaux a pu être observé afin de mesurer les niveaux d’ablation.

Rappelons que des essais moteur sont aussi réalisés à Mérignac par TEC, avec un banc d'essai actif depuis cet été, et un autre, plus volumineux, prévu pour être installé en 2025 (voir le précédent article du blog). 

Capture de la vidéo de démonstration - The Exploration Company 



lundi 4 novembre 2024

AndroMach et son projet d'avion spatial s'installeront à Bordeaux en 2025


La start-up AndroMach s’installera à Mérignac au printemps 2025. Dans ses cartons, un projet d'avion spatial inédit en France. Une capacité réutilisable d'emport, et de retour, qui pourrait intéresser le monde de la recherche en microgravité, ainsi que la défense. 

Ci-dessus: vue d'artiste du drone spatial suborbital d'AndroMach. 


C'était un secret de polichinelle, puisque la start-up AndroMach disposait d'un stand bien visible -avec maquette !- sur les événements bordelais de la rentrée aérospatiale, mais c'est dans un article de La Tribune Bordeaux en date du 30 octobre que l'information a finalement été rendue publique: le premier avion spatial français devrait être conçu à Bordeaux, ou plutôt à Mérignac, puisque c'est la technopole Bordeaux Technowest qui accueillera la start-up courant mars 2025 dans les murs de son nouveau QG, le "Cockpit". 

AndroMach, qui réunit aujourd'hui en région parisienne un peu moins d'une dizaine d'employés, a pour ambition de développer un avion suborbital (200 km d'altitude) de 4 mètres de long pour 1,2 mètre d'envergure, capable d'embarquer en soute une charge utile de 10 kilos dès 2026. Pour commencer… car en cas de succès, des évolutions importantes sont d'ores et déjà prévues au sein d'une roadmap comprenant les dates de 2028 (150 kg en orbite, avec l'aide d'un microlanceur "partenaire") et 2031 pour des développements itératifs, avec notamment un aéronef plus imposant (18m) capable d'emporter 600 kg sur orbite héliosynchrone

Pour la start-up qui a mené depuis un an ses études de faisabilité, et qui vient de réaliser sa première levée de fonds, les essais de propulsion et d'aérodynamique auront lieu début 2025. Son installation au Cockpit pourrait ensuite s'accompagner de quelques recrutements. 

L'avion spatial est un sujet qui fascine autant qu'il peut décourager. La technologie intéresse un nombre assez important de start-up, mais n'est réellement maitrisée qu'au sein des armées américaine et chinoise. En France, le ministère des Armée a pu évoquer il y a deux ans la volonté de mener des études sur le sujet, qui auraient pu aboutir à ce que l'armée de l'Air et de l'Espace se dote un jour de son propre "X-37B" (le fameux drone spatial de l'US Space Force). Il semble cependant que le sujet soit au point mort. 
Ajoutons enfin, bien sûr, qu'il est de notoriété publique que Dassault Aviation est activement concerné par la question, pour des usages ambitieux qui iraient jusqu'au vol commercial habité. 

Car l'avion spatial a, sur le papier, des avantages évidents en termes de réutilisabilité, de besoins réduits d'infrastructures (une mission suborbitale pourrait être entièrement menée depuis une base aérienne), ou encore d'emport -et de retour intact- de charges utiles. 
Concernant les missions justement, AndroMach communique sur le fait que le premier véhicule suborbital pourrait trouver des usages dans le domaine des recherches en microgravité, un domaine également visé par la luxembourgeoise Space Cargo Unlimited. Quelques minutes à 200 km d'altitude et l'opportunité de développements pour le secteur pharmaceutique, biologique, ou même informatique. 

A échéance plus lointaine, sur orbite basse, et pour des missions de plusieurs jours ou mois cette fois, s'ouvrent les marchés de l'intervention sur des satellites, vaisseaux spatiaux, ou débris (maintenance, réparation, désorbitation…). Ceci dit, est ce vraiment un marché porteur ? 

Et il y a, bien entendu, la défense qui faute d'un grand programme national de drone spatial, pourrait trouver dans les projets de cette start-up une solution souveraine estampillée "new space". Ce domaine est explicitement évoqué par les fondateurs d'AndroMach.

Mais pour en arriver là, de nombreux défis techniques, qui touchent à la structure de l'aéronef comme à sa propulsion, seront à surmonter, le drone devant évoluer dans des milieux (la haute atmosphère et l'espace) où les contraintes sont intenses. Le design exposé à ce jour présente en tout cas des aspects très intéressants, tout comme la démarche itérative. 

Les centres d'essais, la pièce maîtresse du territoire Bordelais 

A ce stade, il s'agit là d'un nouveau joli coup pour l'agglomération (avec encore le travail remarquable de Bordeaux Technowest et de l'agence Invest in Bordeaux) qui attire un projet que l'on pourrait qualifier "de rupture". Après Hynaéro (projet de "Canadair" français), The Exploration CompanyHyprSpace ou encore Dark… ce ne sont pas les ambitions qui manquent.

Ce qui a convaincu AndroMach ? La proximité des sites disponibles pour mener des essais de propulsion: « Pour les essais opérationnels, propulsion et essais en vol, toutes les infrastructures sont disponibles sur le territoire », peut-on lire dans La Tribune. Outre la proximité, pratique, de l'océan, il faut dire en effet que l'ouest bordelais dispose d'un sacré héritage en matière de structures dédiées à la pyrotechnie.

Cet argument, on le retrouve d'ailleurs partout chez les pépites du spatial ces derniers mois sur le territoire. Récemment, c'est d'ailleurs The Exploration Company qui a montré son nouveau banc d'essai de Mérignac (images ci-dessous), mis en place durant l'été sur un ancien site à Mérignac. Déjà impressionnant de maîtrise, et destiné à grossir dès l'an prochain.
 


vendredi 27 septembre 2024

Hynaero célèbre son premier anniversaire et trouve des partenaires de poids


Hynaero fête le premier anniversaire de sa création et profite du salon AD2S à Mérignac pour annoncer de nouveaux partenariats qui lui serviront dans le développement de son programme d'avion bombardier d'eau européen. 

Ci-dessus: le Frégate F-100, vue d'artiste - Hynaéro. 
 

Alors que la crise climatique rend le besoin en appareils d'intervention toujours plus prégnant (et que les autorités tout autour du monde semblent tarder à vraiment comprendre ce besoin), la start-up Hynaero, fondée à Bordeaux en 2023 par d'ex officiers généraux de l'armée de l'Air et de la Sécurité Civile, ainsi que d'anciens industriels, a pour ambition de développer un avion amphibie bombardier d’eau  moderne (avec donc des capacités plus importantes et optimisés que le Canadair, même dans sa version modernisée), et surtout européen. L'Europe dépend en effet quasi totalement des moyens de production -au ralenti voire carrément à l'arrêt- du canadien DHC, qui produit le Canadair, plateforme aussi emblématique que vieillissante (conception initiale datant des années 1960). 

Pour attaquer à horizon 2030 ce marché que l'entreprise jauge à 300 appareils, Hynaero doit trouver les quelques 900 millions d'euros qui lui permettront de mettre au point son Frégate F-100. Or, les choses avancent, puisque depuis ce printemps, « le Fregate-F100 n’est plus un projet, c’est devenu un programme.», 800 000 euros ayant été apportés pour débuter les études de faisabilité, dont 300 000 par la Région Nouvelle-Aquitaine. 
Il faut noter que le projet gagne chaque jour en popularité, un concept certes flou quand on a besoin de lever autant de fonds, mais qui se traduit par une donnée concrète: les partenariat se multiplient et ce sont une trentaine d'investisseurs privés qui sont déjà engagés.  

De plus, après l'ONERA en juin, la PME annonce lors du salon AD2S qui se tenait cette semaine sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac, qu'elle vient de signer un nouveau protocole d'accord avec une structure d'importance: Cs Group , concepteur, intégrateur et opérateur de systèmes critiques (défense, spatial, aéronautique, énergie), filiale du géant français des services du numérique Sopra Steria. La coopération portera notamment sur les systèmes de commandement et de contrôle CRIMSON de CS GROUP, les systèmes de formation immersive INSCAPE de CS GROUP, et "d’autres technologies de communication et de sécurisation des systèmes".

Passé l'étude de faisabilité, les études de conception couvriront toute l'année 2025, pour se terminer au printemps 2026. Il est aujourd'hui prévu que l'avion vole en 2029 et soit commercialisé en 2031. Durant cette période l'entreprise va grandir dans ses nouveaux locaux de l'aéroport de Mérignac. Elle est actuellement hébergée par Bordeaux Technowest. 


jeudi 20 juin 2024

#Eurosatory2024 - Aerix Systems remporte le challenge start-up du GICAT


On les avait découverts sur ce blog début mars, et voilà qu'Aerix Systems, droniste incubé à Mérignac chez Bordeaux Technowest, se dinstingue déjà en remportant au grand salon de l'armement Eurosatory 2024 le Trophée du prix innovation du GICAT !

Ci-dessus: vue d'artiste du drone hypermanoeuvrable d'Aerix Systems


Si le drone est très à la mode sur les salons de l'armement, encore faut-il pouvoir se démarquer au milieu de la mêlée. Cela semble déjà chose faite pour la start-up Aerix Systems, qui mercredi 19 juin s'est vue remettre par le Président du GICAT (le groupement industriel de l'armement terrestre), Marc Darmon, et par le directeur de l’Agence de l'innovation de défense (AID), le Trophée du prix innovation du GICAT à Eurosatory. 

Ce concours réunissait les jeunes entreprises présentant des innovations duales dans la Défense et la Sécurité. Pour cette édition, Aerix Systems "a conquis le jury avec sa technologie disruptive de propulsion de drone omnidirectionnelle". 

L'innovation autour de la solution baptisée "AXS-M1" est la suivante: une nouvelle propulsion, inspirée d’un gyroscope, dite omnidirectionnelle, permettant de décupler les performances des drones avec des caractéristiques de vol spécifiques. Selon ses concepteurs, la plateforme omnidirectionnelle facilite le contrôle et l’intervention de part sa grande résistance aux intempéries tout en réalisant des mesures de contact de précision via sa stabilité et manœuvrabilité à 360°. La plateforme induit de nouveaux moyens d’observations et de mesures (coque de bateau, aile d’avion ou bâtiments) par l’utilisation d’une technologie passive et active insensible aux prises d’air et effets de bord.
Il est donc ainsi permis d’accroitre les méthodes d’intervention civile et/ou militaire par l’optimisation des déplacements en fonction des caractéristiques environnementales (par exemple, le mauvais temps qui limite aujourd'hui grandement le vol des drones), de terrains et de missions.

Le même jour, Aerix Systems annonçait la signature d’un MoU avec SBG Systemsfournisseur de solutions d’orientation, de stabilisation et de navigation permettant à l’AXS-M1 un haut niveau de précision et de fiabilité.


vendredi 1 mars 2024

A Mérignac, le droniste Aerix Systems lève 1,6 million d'euros


La start up Aerix Systems, implantée à Mérignac au sein du "Cockpit" de l'incubateur Bordeaux Technowest, vient de finaliser une première levée de fonds de 1,6 million d'euros. La petite équipe avance ainsi dans son ambition de développer un système révolutionnaire pour la propulsion des drones. 

Images: Aerix Systems


On avait pu les voir en 2023 au SOFINS (salon des forces spéciales), au Bourget ou encore au salon UAV Show (salon des drones à Bordeaux), Aerix Systems, qui développe son innovant système de propulsion de drones à Mérignac depuis deux ans et demi, lève son premier million d'euros.
 
1,6 M€, pour être exact, rassemblés grâce au soutien conjoint de fonds d’amorçage et de business Angels du secteur comprenant: BACS-Innov (fonds regroupant des associés des communautés Centraliennes/Supélec), Techno’Start (fonds de la Technopole Bordeaux Technowest), Défense Angels (spécialisé dans le financement des entreprises innovantes des secteurs stratégiques et de souveraineté nationale), INSEAD Angels (réseau des alumni de l’INSEAD), et BADGE (Business Angels Des Grandes Ecoles). 
L’entrée de ces investisseurs au capital de la société est complétée par les financements de la Région Nouvelle-Aquitaine, de BPI France, de partenaires bancaires (BNP et CIC SudOuest), ainsi que de Starburst France (accélérateur Aéronautique, Spatial et Défense).


Propulsion multidirectionnelle & hyper-manoeuvrabilité des drones

L'innovation d'Aerix est la suivante: une nouvelle propulsion, inspirée d’un gyroscope, dite omnidirectionnelle, permettant de décupler les performances des drones avec des caractéristiques de vol spécifiques.

Selon ses concepteurs, la plateforme omnidirectionnelle facilite le contrôle et l’intervention de part sa grande résistance aux intempéries tout en réalisant des mesures de contact de précision via sa stabilité et manœuvrabilité à 360°. La plateforme induit de nouveaux moyens d’observations et de mesures (coque de bateau, aile d’avion ou bâtiments) par l’utilisation d’une technologie passive et active insensible aux prises d’air et effets de bord.

Il est donc ainsi permis d’accroitre les méthodes d’intervention civile et/ou militaire par l’optimisation des déplacements en fonction des caractéristiques environnementales (par exemple, le mauvais temps qui limite aujourd'hui grandement le vol des drones), de terrains et de missions.

Si les applications possibles sont bien duales, il n'est pas passé inaperçu à l'entreprise que "depuis les premières analyses, le durcissement du contexte international et les besoins croissants de surveillance des infrastructures n’ont fait que renforcer cette conviction."
Et sur ce point précis de l'usage militaire, sont avancés des atouts -et superlatifs- comme l'ultra-rapidité, l'ultra-manœuvrablibiltié,  le caractère inarrêtable et indétectable, ainsi qu'une précision "décimétrique".

Avec cette levée de fonds, l'objectif de la société est maintenant de passer d’un démonstrateur technologique à un démonstrateur client permettant de mener des essais et expérimentations avec les bêta-testeurs sur de nombreux cas d’usages industriels et de sécurité. 
12 personnes travaillent aujourd'hui sur le démonstrateur au sein des murs du Cockpit (le nouveau QQ de Bordeaux Technowest à Mérignac), avec l'appui de partenaires industriels. 

La start-up indique que sa feuille de route intègre désormais deux échéances majeures : Eurosatory 2024 et le Salon du Bourget 2025. 



mercredi 28 février 2024

Etienne Lacroix Group acquiert le droniste bordelais Milton

Etienne Lacroix, spécialiste des systèmes pyrotechniques, notamment pour la défense, a procédé au rachat du droniste Milton, créé à Mérignac en 2017. Il s'agit d'une belle opération stratégique, pour la PME comme pour l'acquéreur. 

Ci-dessus: un drone VTOL de Milton - source: Milton


Le groupe Etienne Lacroix ne fait pas partie des entreprises les plus connues de la BITD, mais elle n'en est pas moins une des plus importantes, fournissant par exemple les systèmes de leurrage des véhicules militaires français (et internationaux, dont quelques prestigieux clients). Nous parlons ici de leurres, mais aussi de fumigènes.  

Lacroix, dont le chiffre d'affaires progresse (150M€ en 2023), procède donc au rachat du droniste Milton, installée à Mérignac depuis sa création par un ancien membre des forces spéciales en 2017 (3M€ de CA en 2023) au sein de l'incubateur Bordeaux Technowest. 

Ce rachat, qui vise à diversifier les activités du groupe, permettra à Lacroix de pouvoir intégrer des solutions pyrotechniques sur des plateformes aux capacités importantes, certaines éprouvées (par le COS), et d'autres en développement (dans le cadre du soutien à l'Ukraine). 

Les activités possibles ne concernent pas que la défense, puisqu'il y a également dans le portefeuille du groupe le domaine du spectacle, et de la sécurité, avec par exemple, les déclenchements d'avalanche. 


vendredi 19 janvier 2024

Sylphaero récompensée au Forum économique mondial de Davos

La toute jeune start up bordelaise Sylphaero, qui entend révolutionner la motorisation électrique dans l'aviation à réaction, fait partie des vainqueurs du Sustainable Aviation Challenge au Forum Economique Mondial de Davos. Ce prix récompense au plan mondial les innovations qui permettront d'accélèrer la décarbonation de l'aviation. 

Ci-dessus: vue d'artiste - ©Sylphaero

L'aviation représente selon les méthodes de calculs entre 2% et 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si peu… et pourtant déjà trop dans ce contexte climatique dégradé. Mais des entreprises, petites ou grandes, tout autour du globe travaillent désormais très activement sur les solutions qui permettront la décarbonation du secteur aéronautique. 


Tout autour du monde, et notamment en France. Sylphaero (dont le nom fait référence à une forme de foudre générant du plasma) en fait partie, avec une technologie de rupture qui permettra non seulement d'électrifier des designs de réacteur existants, tout en améliorant largement leurs performances. 


Sylphaero est une toute jeune start-up basée à Mérignac, et accompagnée par Bordeaux Technowest. Ici, nous l'avions découverte cet automne 2023 lors du Forum Aéronautique et spatial de Bordeaux organisé par La Tribune (lien vidéo, où tout est dit, ci-dessous) et du Salon "Bordeaux Défense Aéronautique" de l'Armée de l'air. Elle était également présente au Forum Innovation Défense à Paris en fin d'année. 

Sylphaero travaille donc depuis plus de deux ans maintenant sur une solution d'électrification des réacteurs déjà disponibles sur le marché, en chauffant l'air dans les moteurs de façon électrique, en lieu et place de la combustion classique. Une batterie ou pile à combustible produit un arc électrique allant de 15 à 30 000°C qui chauffe l'air pénétrant dans le réacteur à une température modulable entre 3 000 et 30 000°C, générant un plasma qui fournit la puissance du moteur. Le grand avantage avec cette transformation est qu'elle permettrait d'éviter le remplacement de tous les appareils, ces derniers passant par une phase de rétrofitage de leurs moteurs. L'autre avantage est bien sûr le coût d'utilisation, qui diminue largement par rapport à l'utilisation de combustible fossile, ou même de biocarburants. Enfin, dernier avantage, et non des moindre: un plasma n'émet pas de CO2 ! 

Le potentiel de rupture technologique -si ce n'est pas stratégique- est là, d'autant plus que les projections laissent entendre un accroissement de performances très, très prometteur (jusqu'à Mach 12 théoriquement, sous réserve des limites structurelles des moteurs ou de la puissance que pourront fournir les batteries ou piles à combustibles dans le futur). De quoi oublier les idées reçues sur les limites de l'aviation électrique telle qu'imaginée à ce jour. 
Si des applications dans des domaines comme la défense ou même le spatial sont possibles, la cible commerciale est d'abord l'aviation d'affaire à horizon 2030, avant possiblement d'envisager le marché de l'aviation de ligne. Parallèlement, un record de vitesse sera tenté sur drone électrique en 2026, année où devrait voir le jour le premier prototype de moteur de l'entreprise. En théorie, le record actuel de 555 km/h pour un aéronef électrique, établi par Rolls Royce en 2021, sera très largement dépassé.  

La start-up, qui est la seule entreprise au monde sur cette innovation (l'Université Georgia Tech. mène également des recherches), reçoit le soutien de plusieurs acteurs publics (comme l'ONERA), écosystèmes (Technowest, Aerospace Valley, Blast...), tout comme de géants du secteurs comme Airbus, ou Dassault Systems (avec son 3D Experience Lab). Elle cherche actuellement à lever des fonds pour poursuivre ses développements. Plus précisément 15 millions d'euros en 2024.

Cela nous amène à Davos, où la French Tech s'est faite remarquer cette semaine autour du Président de la République, qui a une nouvelle fois appelé à investir en France. Davos, où Sylphaero s'est donc distinguée en faisant partie des 16 lauréats, sur 129 dossiers déposés, du Sustainable Aviation Challenge organisé par Uplink. Ce prix vient récompenser les jeunes entreprises proposant des solutions innovantes pour décarboner l’aviation et accélérer les nouvelles voies technologiques, notamment les carburants durables, les technologies de propulsion et les innovations de la chaîne de valeur telles que les matières premières, l’ingénierie, les infrastructures et le développement des marchés.

Ces 16 innovateurs sont désormais connectés à la programmation formelle du Forum économique mondial et à un écosystème de soutien composé de partenaires industriels et d'investisseurs pour développer leurs projets grâce à des collaborations commerciales et technologiques. Nul doute que cela devrait conforter Sylphaero dans sa quête des financeurs. 


Et voici donc les 16 lauréats du challenge Uplink à Davos. Notez également la présence des Toulousains de Beyond Aero: 


vendredi 22 décembre 2023

Hynaéro va s'implanter sur l'aéroport de Bordeaux-Mérignac

La jeune entreprise Hynaéro, porteuse d'un projet d'avion bombardier d'eau européen, a signé avec l'aéroport de Bordeaux-Mérignac un partenariat visant à préparer l'implantation de la société en bord de pistes. 

Ci-dessus: vie d'artiste du Frégate-F100 - Hynaéro.

On connaissait le potentiel de l'aéroport international bordelais à devenir un "port spatial", avec la présence déjà, de Novespace et de son Airbus "ZéroG", ainsi que la venue en 2024 de la très ambitieuse Dark comptant développer un microlanceur aérolargué… mais c'est un autre type d'aventure qui pourrait également bientôt décoller de Mérignac.

Sur le blog: Un nouveau projet de micro-lanceur à Bordeaux, avec Dark



En effet, Hynaéro SAS, qui rêve de développer ce qu'on nomme parfois à tort "un Canadair européen" à l'horizon 2030, a signé le 18 décembre avec Aéroport de Bordeaux un partenariat pour définir les modalités d’implantation des bureaux et de l’usine d’assemblage du Fregate-F100 en bord de pistes. Selon la jeune PME, il s'agit là d' "un pas supplémentaire vers le lancement du programme Fregate-F100."

Avec ce projet d'avion annoncé comme bien plus performant que les vénérables Canadair nord américains, même modernisés (DHC-515), Hynaéro a entrouvert la porte à la possibilité que l'Europe (l'UE compte doubler la flotte d'avion bombardier d'eau sur le continent d'ici 10 ans) puisse se doter d'un appareil conçu et produit localement. 
A ce stade, les quelques projets émergents (France, Italie, Belgique) n'existent que sur planche à dessin, ou ne concernent que l'adaptation d'appareils civils (Falcon) ou militaires (A400M) qui ne sont pas nativement conçus pour cette mission. 

Il reste désormais à trouver les financements, plutôt conséquents, pour ce programme Frégate-F100. Marché mondial potentiel estimé à 300 appareils. 

A noter enfin qu'Hynaéro, qui est incubée chez Bordeaux Technowest, rejoint également les rangs du pôle de compétitivité Aerospace Valley. L'annonce a été faite cette semaine.


mercredi 13 décembre 2023

[France 2030] Le spatial français est en ordre de bataille


Pour le second anniversaire du plan d'investissements France 2030, le discours d'Emmanuel Macron prononcé à Toulouse lundi 11 décembre a eu une forte résonnance, en particulier pour ce qui concerne le volet spatial. Le président a en effet évoqué la division européenne et les ambitions françaises dans ce qu'on appelle déjà une "guerre". Dans la foulée, HyPrSpace annonçait à Bordeaux le déblocage de 35 millions d'euros pour son programme de micro-lanceurs. Toujours à Bordeaux, dans le transport spatial, c'est The Exploration Company qui se démarque une nouvelle fois.

Ci-dessus: vue d'artiste du futur micro-lanceur des bordelais d'HyPrSpace.

Le secteur spatial fait partie de ces rares milieux où l'on s'offre encore le luxe de tout faire pour garder des rapports cordiaux entre acteurs (Etats, Agences, grands groupes, start-up, labo…), du dirigeant à l'ingénieur, jusqu'au chercheur. Un constat qui n'est jamais aussi vrai que dans la sphère européenne, ou l'Agence spatiale européenne fait tout ce qu'elle peut pour maintenir les liens. C'est ainsi qu'un sommet comme celui de Séville en novembre dernier, qui sifflait pourtant le départ de la mise en concurrence des acteurs français, allemands et -surtout- italiens (sortie de Vega du catalogue Arianespace), et de facto la fin de l'union sacrée, fut considéré comme un "succès" puisque les membres se sont accordés sur leur(s) désaccord(s). 

Mais comme le rappelle souvent l'illustre Isabelle Sourbès-Verger, l'Europe stratégique du spatial n'existe que par la collaboration. Il s'agit de son ADN, à la fois sa plus grande force et sa plus grande faiblesse. Un accord, même mauvais, reste un accord, et donc un succès. Il y a ceci dit, encore une chance que de la désunion naisse une émulation économique et industrielle qui in fine, profitera à l'Europe. C'est en tout cas ce sur quoi table aujourd'hui l'ESA: une vraie "révolution copernicienne". 

Le secteur spatial fait partie de ces rares milieux où l'on s'offre encore le luxe de tout faire pour garder des rapports cordiaux (oui je me répète). Mais ça, c'était donc jusqu'à maintenant. Cela fait des mois, peut-être même deux ou trois ans, que les dirigeants d'entreprises françaises ne sont plus dupes, et qu'ils annoncent les volontés allemandes et italiennes de faire cavalier seul, attirées par des perspectives de marché que l'on annonce gargantuesques (cela reste à préciser). En réalité la volonté de contester le leadership industriel français, avec en premier lieu Ariane.

Des alertes que l'Elysée, Matignon ou Berçy, qui tentent à tout prix de préserver l'unité européenne (conformément à leur projet politique), refusaient publiquement de valider. Et c'est bien pourquoi ce lundi 11 décembre 2023 fera date. Le jour où le Président de la République française a confirmé les divisions, et a annoncé que la France relèverait ce défi: « On s'est battu pendant des mois et des mois pour dire que la souveraineté européenne c'est l'unité (face aux acteurs internationaux. EM cite l'Inde, la Chine, les USA). Malheureusement, certains de nos partenaires historiques ont dit préférer être des compétiteurs. Dont acte, on va se battre et au carré ». (…) « On va se battre, on sera les meilleurs et on reconsolidera autour de nous. Sur les lanceurs comme les constellations. Autant être clair. » 

C'est une vraie rupture, les tabous semblent avoir sauté, et il sera très intéressant de voir comment nos compétiteurs européens, dont le pouvoir est nettement moins centralisé rappelons le, pourront répondre à cette mise en ordre de bataille. Les Italiens ont de grandes ambitions, mais moins de ressources. Ils sont surtout englués dans de graves difficultés techniques, avec assez de fierté pour repousser les propositions d'aide française (Avio vs Ariane Group/Maïa Space), si l'on en croît les déclarations du DG de Safran Olivier Andriès. Les Allemands eux, visent avant tout la rentabilité, et leurs entreprises -dans les lanceurs- ne se sont pas vues signer de chèque en blanc. Elles devront prouver, ou disparaitre. 

Ce qui nous ramène à France 2030, un plan d'investissement très bien reçu par l'industrie nationale dans son ensemble, et qui doit pousser au développement de solutions de rupture. La plan consacrera en tout 1,5 milliards d'euros au spatial. C'est à la fois beaucoup, et bien peu. Nous sommes loin des chiffres nécessaires au développement de programmes stratégiques (une petite station spatiale couterait aujourd'hui 10 milliards selon le Directeur du CNES), mais premièrement, ce n'est pas le but, et deuxièmement, ces dizaines de millions d'euros que peuvent tenter de toucher chaque start-up demeurent un formidable marchepied avant d'aborder le marché. Dans la bataille qui s'annonce, France 2030 constitue donc un atout non négligeable. Après deux ans, 163 millions d'euros ont été distribués à 340 projets dans le secteur spatial, lanceurs et satellites compris.


Avec HyPrSpace et The Exploration Company, Bordeaux en profite très largement

Venons y donc, au marché, et au développement de nos entreprises. Sélectionnée dès la première phase du plan d'investissements sur le segment micro-lanceurs (l'objectif France 2030 et d'avoir au moins un micro-lanceur national en 2026. Il y a 6 à 8 projets crédibles en France), HyPrSpace est une startup bordelaise qui a été créée en 2019 sur la base d'une innovation de rupture brevetée, la propulsion hybride solide-liquide. Elle profite donc des deux ans de France 2030 pour confirmer sa campagne d'essais qui s'étendra jusqu'au printemps 2026 avec le démonstrateur suborbital "Baguette One" (tiré depuis DGA Biscarrosse ?), puis le lanceur "Orbital Baguette 1": OB-1 (à prononcer Obi Wan).

Sur le blog: HyPrSpace testera bientôt son moteur "Terminator" à Bordeaux


HyPrSpace dirige pour cela un consortium avec Telespazio France (très présente à Toulouse ainsi que Bordeaux) et CT Ingénierie qui obtient un financement de 35 millions d’euros, soit 60% du coût total des développements, pour le projet Projet Agile de Développement d’Accès à l’espace 1: "PADA1" (à prononcer Padawan, vous avez saisis !). Les entreprises partenaires fourniront un support à la start up, Telespazio gérant le segment terrestre et les opérations, tandis que CT Ingénierie aura à charge l'ingénierie système et la conception des lanceurs.


Notons que si HyPrSpace sort pour l'instant grand vainqueur du plan France 2030, la compétition reste ouverte à d'autres entreprises concevant un micro-lanceur. En vérité, la quasi totalité ont candidaté pour les prochaines étapes, y compris la plus avancée en France sur le sujet, Latitude
Mais un avertissement a néanmoins été donné par l'administration: la compétition est certes ouverte, mais tout échec technique, notamment moteur, peut entrainer un retrait des financements de départ. Il y aura des échecs, probablement bien d'avantage que de succès, mais c'est la méthode vantée par l'Elysée. Startup nation. 

Un sujet qui nous amène précisément à l'autre annonce majeure faite par le président à Toulouse lundi: « On ne peut pas se satisfaire d'un monde où toutes les sociétés de demain pour s'attaquer à l'aventure spatiale sont américaines ou chinoises. Nous devons nous lancer dans cette compétition des cargos spatiaux ». Il y a en effet deux sujets majeurs, avant même d'évoquer l'exploration spatiale ou même l'économie en orbite. Ces sujets sont l'accès à l'espace, garanti par une famille de lanceurs dits "souverains", avec à leur tête Ariane 6, et le transport spatial. Ce dernier ouvrira peut-être un jour la porte au vol habité européen, via une politique "des petits pas" prônée par tous les acteurs (The Exploration Company, ArianeGroup, et même Dassault Aviation !) lors du récent Forum Innovation Défense à Paris, mais il s'agira d'abord de disposer d'une capacité de cargo, propice à diverses utilisations.  


C'est dans cette optique que l'Etat va apporter son support à la florissante start up The Exploration company, basée à Munich et Bordeaux (Mérignac en fait, chez Technowest), qui développe un programme de capsules pour la deuxième partie de cette décennie. Pas plus de détails sur ce soutien (le développement d'un moteur ?) a priori, mais jusqu'à maintenant, Hélène Huby, la fondatrice, pouvait se targuer d'avoir entièrement bâti son projet sur fonds privés, tout en s'imposant déjà sur le marché (lire ci-dessous). 



Mais pour la France, l'intérêt semble de pouvoir préparer au mieux la compétition qui démarre au sein de l'ESA pour l'élection et le vol en 2028 d'un cargo commercial. Sur ce sujet précis, il faudra notamment regarder de près quelle stratégie décident d'adopter les grands groupes qui regardent vers le transport spatial, tel qu'Ariane et Dassault. 

Se battre, s'imposer, et reconsolider autour de nous. Tel est le mantra désormais. 


vendredi 20 octobre 2023

Premier salon Bordeaux Défense Aéronautique sur la base aérienne 106

Mercredi 18 octobre s'est déroulé sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac le premier salon BDA: Bordeaux Défense Aéronautique. Plus de 600 personnes, professionnels ou scolaires, jeunes et moins jeunes, étaient réunis afin de fédérer l'écosystème ASD territorial.

Images: communication de la BA 106 et du CTAAE.


On termine à Bordeaux un marathon événementiel débuté en septembre et qui aura vu se dérouler un nombre assez important de manifestations touchant à l'aéronautique (drones compris), à l'espace, et à la Défense (ce n'est d'ailleurs pas tout à fait fini, puisque vous pourrez aborder quelques sujets géopolitiques ou sociétaux aux Tribunes de la Presse du 15 au 18 novembre).

Mercredi 18 octobre se tenait donc sur la base aérienne 106 la première édition du salon "Bordeaux Défense Aéronautique". Près de 650 entrepreneurs, élèves ou membres du ministère des Armées étaient attendus pour cet événement coorganisé par l’armée de l’Air et de l’Espace et le secrétariat général pour l’administration (SGA), dont l'objectif est de fédérer les multiples acteurs de l’aéronautique en Nouvelle-Aquitaine. L'institution entend ainsi montrer son soutien aux PME et start up tout en immergeant les visiteurs dans l'atmosphère d'une enceinte militaire. 

A noter que le CFA (commandement des forces aériennes) est récemment devenu le CTAEE (commandement territorial de l'armée de l'Air et de l'Espace). Toujours basé à Bordeaux, il gagne un nouveau logo !


Fait remarquable, sous ses airs de mini salon professionnel -à taille humaine pourrait on dire, mais tout de même 280 entreprises représentées- le salon BDA laissait une large part de lumière à la jeunesse, un bon tiers des personnes présentes sur la base 106 ce jour là étant constitué de collégiens, lycéens, et étudiants (écoles d'ingénieurs). 


C'est la colonel Nathalie Picot (commandant de la base aérienne 106), accompagnée du général Michel Rouat (commandant en second du commandement territorial de l’armée de l’Air et de l’Espace - CTAAE), qui a accueilli exposants et visiteurs, en plus de quelques personnalités comme Mme Geneviève Darrieussecq, ministre (2012-2017), députée des Landes et membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, M. Eric Giraud (directeur général d’Aerospace Valley), ou encore M. Eric Pouillat, député de la 6ème circonscription de la Gironde.

Sur le salon nous pouvions donc voir et interroger des opérationnels de la DGA essais en vol (avec la présence du superbe Mirage 2000 banc d'essais Rafale venu de Cazaux), de l'escadron 1/67 "Pyrénées" (avec un Caracal, de Cazaux également), de la 33ème escadre de renseignement (sur drones Reaper) venue de Cognac, le Commandement de l'Espace, ou encore les locaux de l'EAAO, formidable escadre aérienne d'appui aux opérations.

Et du côté des exposants extérieurs aux Armées, les institutionnels, pôles de compétitivité, incubateurs, associations, étaient présents dans leur grande majorité.
Les diverses entreprises présentaient elles un panel très varié de solutions, souvent numériques, à grands renfort parfois d'algorithmes ou de robotique. Mais qui y échappe désormais ?   

On notera la présence de nombreux dronistes, certains "anciens" comme Delair ou Reflets du Monde, dont les machines ne cessent de gagner en performances (désormais plusieurs dizaines de kilogrammes de charge utile ou de transport, pour le traitement précoce de départ de feu par exemple), mais aussi d'acteurs plus récents tel qu'EOS Technologie, vainqueur récent de l'appel à projets LARINAE de la DGA et de l'AID. 
La PME, qui est implantée à Mérignac, y présentait, entre autres, son imposant drone "Endurance 1200" (photo ci dessous), que l'on avait pu découvrir en juin dernier au salon du Bourget. Nous devrions pouvoir en reparler plus en détails d'ici la fin de l'année. 


Une autre start-up a également attiré mon attention (elle mérite d'ailleurs que l'on en reparle plus longuement sur le blog). Il s'agit de SYLPHAERO.  

Hébergée chez l'incubateur Bordeaux Technowest, Sylphaéro entend "électrifier" les moteurs à réaction qui sont déjà sur le marché, en chauffant l'air dans les moteurs de façon électrique, en lieu et place de la combustion classique. Alors que le travail de R&D est mené depuis maintenant 2 ans, cette solution pourrait en théorie permettre d'atteindre des performances en terme de rendement dignes de la rupture technologique. D'envergure stratégique donc. 
La cible commerciale est d'abord l'aviation d'affaire à horizon 2030 (pour des raisons détaillées dans vidéo ci-dessous), avant possiblement d'envisager le marché de l'aviation de ligne. Parallèlement, un record de vitesse sera tenté sur drone électrique en 2026.  Un projet extrêmement prometteur.  

Pour une meilleure compréhension je vous invite à visionner le court pitch du jeune PDG de l'entreprise, Damien Engemann, dispensé cette semaine même, le 17 octobre, lors du Sommet Aéronautique et Spatial de Bordeaux organisé par le média La Tribune :

Quelques images du salon BDA :





mercredi 13 septembre 2023

The Exploration Company remporte un premier contrat absolument historique


The Exploration Compagny, la toute jeune entreprise franco-allemande basée à Munich et Bordeaux, a signé avec Axiom Space un pré-contrat de plus de 100 millions de dollars pour le ravitaillement de la future station privée américaine dès la fin de 2027.

Ci-dessus: La capsule Nyx - © The Exploration Company.


"Historique". Une nouvelle étape -et quelle étape, digne des plus grands mastodontes du secteur !- de franchie dans ce pari osé qu'est The Exploration Company. La start-up franco-allemande, hébergée à Mérignac chez Bordeaux Technowest, emploie désormais une centaine de personnes, et enchaine surtout les jalons qui la portent vers l'aboutissement de son projet : la première capsule ("Nyx") européenne issue du monde privé. Une capsule réutilisable qui pourrait bien être habitée un jour. 

Après avoir réalisé la plus importante levée de fonds du New Space européen en début d'année (40 millions d'euros), voilà que The Exploration Company a conclu en cette rentrée 2023 un accord de pré-réservation avec la société américaine Axiom Space, elle-même pionnière dans le domaine des stations orbitales privées. Si la coopération aboutit (plusieurs étapes techniques doivent être validées, notamment en 2025), avec dit-on plus de 100 millions de dollars en jeu, la capsule Nyx livrera à parti de fin 2027 près de 4 tonnes de fret en orbite basse lors de chaque voyage. Les premiers éléments de la station d'Axiom, fabriqués par Thalès Alenia Space, seront normalement lancés en 2026.

Hélène Huby, qui dirige la start-up, aime à répéter dans les médias qu'elle se verrait bien en "CMA-CGM de l'espace", le marché du fret en orbite -et vers la Lune- devant selon les prévisions littéralement exploser au cours de la décennie 2030-40, atteignant possiblement les 100 milliards de dollars annuels.
Avec ce partenariat, qui représente un vrai succès pour le spatial européen, et ce à plusieurs titres, The Exploration Company s'inscrit donc déjà dans le nouvel écosystème logistique qui se prépare pour l'orbite basse, alors que la vénérable Station Spatiale Internationale entre quasiment en pré-retraite (fin de service prévue pour 2030). Cela lui permet surtout, elle qui prévoit de nouvelles entrées de financements dans les prochains mois, de continuer sereinement le développement de son système "agnostique" capable d'être lancé par tous les lanceurs lourds du marché

Notons aussi un élément important. L'aspect "low carbon" de la capsule Nyx (procédés de fabrication, ou carburant utilisé) semble avoir joué dans le choix final d'Axiom. Un élément qu'il est désormais bon de prendre en compte dès les phases de design des systèmes. 

Ce succès, qui fait de The Exploration Company la première entreprise du New Space en Europe, évoluant sur le territoire de cadors comme Thalès Alenia Space et Airbus, doit nous rappeler que le futur de l'économie spatiale se joue en bonne partie chez les acteurs privés. Mais alors, où est l'Europe institutionnelle ? Où est l'ESA ? 
En effet, si The Exploration Company est allée remporter une victoire sur les terre du géant SpaceX, elle peine encore à voir des opportunités en Europe, où le volet exploration spatiale semble désormais dans le brouillard le plus complet. Les différentes déclarations lors du Salon du Bourget ne sont d'ailleurs pas là pour rassurer : les entreprises sont ainsi encouragées à investir sur fonds propres, en particulier sur des projets de station orbitale privée. Ou si l'on traduit, les agences spatiales du vieux continent sont prêtes culturellement pour l'achat de service, mais ne financeront pas de développement. Un pari très risqué qui pourrait principalement mettre en danger les mastodontes du secteur.

The Exploration Company, qui s'inspire non seulement des réussites américaines récentes dans le spatial, mais également des grands explorateurs et pionniers qui ont fait l'Histoire de l'humanité, n'a elle pas attendu pour prendre l'initiative. Il est presque dommage que son premier grand succès vienne des Etats-Unis.