vendredi 28 juillet 2023

A Bordeaux, Hynaero veut développer un avion bombardier d'eau européen


Soutenu par Bordeaux Technowest, un nouveau projet aéronautique d'envergure vient de naître en Nouvelle Aquitaine, puisqu'il s'agit pour Hynaero de développer une solution européenne d'avion amphibie bombardier d'eau. 

Illustrations & vues d'artiste: Hynaero


La question des avions bombardiers d'eau est (re)devenue un sujet prioritaire depuis la prise de conscience et la constatation (on peut inverser ces deux formules) du fait que le réchauffement climatique allait largement aggraver le risque d'incendie dans nos contrées. 
En Aquitaine, le choc remonte évidemment à l'été 2022, avec les épisodes de "méga-feux" qui ont frappé la Région, et fait dire dans la foulée à son Président, Alain Rousset, qu'il faudrait dorénavant plus de moyens aériens d'intervention, et mieux encore, plus de moyens souverains (voir les articles dédiés déjà parus sur le blog).



Bref rappel de la situation: un double contexte d'aggravation des crises et de vieillissement des flottes de Canadair -et autres bombardiers d'eau- amène la France, l'Europe, et probablement un grand nombre de pays nouvellement concernés dans le monde à penser leur future flotte d'appareils d'intervention. Le marché devrait donc exploser. 
La France et l'Union Européenne se sont déjà tournées vers les Canadiens -qui produisent la nouvelle itération du Canadair, le De Havilland Canada DH-515- pour négocier le renouvellement de leurs flottes (on parle par exemple d'une commande de 16 appareils pour la Sécurité Civile française), mais des solutions "souveraines", ou du moins continentales, pourraient émerger. On pense aux Belges de "Seagle". On pensera aussi désormais aux Bordelais d'Hynaero, avec son "Fregate-F100".


Hynaero est une start-up qui émerge à Bordeaux. Incubée par Bordeaux Technowest, elle compte profiter du richissime écosystème aéronautique et industriel local. 

Son projet d'avion amphibie bombardier d'eau "Fregate F-100" a l'apparence du vénérable Canadair (biturbine, plan haut), mais possède sur le papier des capacités plus importantes, de l'ordre de 10 tonnes d'eau pour ce qui concerne l'emport. 
Et si un avion de nouvelle génération permet également d'aller plus vite et plus loin (ici pour des missions de 2h30 à 400km de sa base), c'est bien du côté de la conception que les gains principaux sont à trouver, avec en particulier une avionique dernier cri  -enfin- en accord avec la structure de l'appareil, by design.
Un effet qui doit aussi et surtout se faire ressentir au niveau de la maintenance, problématique qui handicape lourdement les flottes vieillissantes de Canadair. 

Cette conception moderne devrait donc permettre d'obtenir une série d'avantages face au leader du marché, et notamment un prix d'achat moins important. 



Comme le Seagle en Belgique, Hynaero doit encore attiser l'intérêt. Si le projet semble bien avoir obtenu le(s) soutien(s) institutionnel(s) du territoire, il faudra générer des coopérations avec les entités privées à même de pouvoir le faciliter, en premier lieu les géants de l'aéronautique. 
Faire naître un nouvel avion de mission est une tâche qui n'est pas mince et demandera énormément de fonds: autour du milliard d'euros probablement, si l'on compare avec les autres programmes similaires.  

En Belgique, si le Seagle arrive à son terme, il est prévu que l'avion vole en 2028 pour une commercialisation en 2030. A Bordeaux, Hynaero devra donc s'inscrire dans un calendrier similaire, visant la fin de décennie. Bataille à venir du côté de Bruxelles et de la course aux financements européens ? 

Même si ce calendrier ne correspond pas au besoin français de renouvellement des Canadair, renouvellement qui aura déjà débuté (avantage clair et net aux Canadiens de DHC), on peut conclure au moins deux choses:
  • la France aura besoin d'autres appareils. Il y a d'ailleurs une vraie volonté politique de se diversifier et de ne pas compter que sur un seul fournisseur. 
  • le marché mondial devrait lui largement exploser, sur les deux hémisphères… 

Il est peut-être temps que la France, pays pionnier de l'aéronautique disposant par ailleurs d'une grande histoire sur le segment des avions amphibies, se relance dans cette course dont les enjeux sont bien plus qu'économiques (sécuritaires, touristiques, et bien sûr environnementaux).  


1 commentaire:

  1. Des nouvelles des Canadair français... vers 2030:
    https://twitter.com/SignalementFdf/status/1669752165575929874

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