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mercredi 1 janvier 2025

Des nouvelles des drones Reaper de l'armée de l'Air

Alors que la Syrie connait enfin, on l'espère, le dénouement de sa guerre civile, appelée désormais révolution, la France a rappelé le 31 décembre 2024 qu'elle maintenait la pression militaire sur le groupe Etat islamique. Des frappes aériennes ont en effet été réalisées par l'armée de l'Air à l'aide de Rafale et d'un drone Reaper. 


C'est le type d'exercice de communication auquel on s'était largement habitué durant ce premier quart de siècle, mais qui se faisait beaucoup plus rare dernièrement, notamment depuis le retrait partiel (et bientôt total) des forces françaises de leurs bases africaines. Le -toujours- ministre des Armées, Sebastien Lecornu, a annoncé mardi 31 décembre, vidéo à l'appui, que l'armée de l'Air et de l'Espace avait frappé deux positions du groupe Etat islamique (EI) en Syrie dans le cadre de la coalition anti-jihadiste internationale. Il s'agit de la première opération de ce type depuis deux ans.

Ce sont des Rafale et un (des) drone(s) Reaper qui ont participé à l'opération, depuis la Jordanie, où la France dispose d'une base aérienne projetée depuis une décennie. 600 hommes et femmes sont toujours impliqués sur Chammal, essentiellement depuis la Jordanie, les Emirats Arabes Unis, et plus confidentiellement, l'Irak. Le dispositif est aussi renforcé par la Marine lors des passages dans la région du groupe aéronaval. 

Malgré l'actualité brulante sur la zone (Syrie, Liban, Israël/Palestine, Iran… Yémen), il est vrai que l'on parle moins de l'activité aérienne française sur zone. Elle demeure importante et parfois intense, puisque même si la France n'avait pas frappé Daesh depuis deux ans, des appareils français avaient participé au printemps 2024 à la défense d'Israël face aux salves de missiles et drones tirées depuis l'Iran.  

Et voilà donc que l'on a enfin des nouvelles officielles de la flotte de drones MQ-9 Reaper en opérations. Après le départ -ou même l'expulsion- du Niger à l'été 2023, il se murmurait que l'activité opérationnelle des Reaper se concentrerait désormais sur le Moyen-Orient, avec comme base la Jordanie. Or, ayant personnellement tenté de me renseigner auprès de l'escadre concernée, ses représentants n'avaient à l'époque pas souhaité commenter l'actualité. La preuve est désormais établie qu'une partie des drones opèrent bien désormais depuis la Jordanie. 

A noter qu'en France, le standard Block 5 vient d'être qualifié pour les vols au dessus du territoire métropolitain. Les Reaper sont basés au sein de la 33ème escadre à Cognac, qui comptabilise 12 de ces appareils. 


Au fait, j'en profite pour vous souhaiter, chères lecteurs et lectrices, une excellente année 2025 ! En espérant que certaines situations très chaudes le soient nettement moins à la fin de l'année qui débute. 


lundi 25 septembre 2023

La France quitte le Niger, fin de la mission des drones Reaper en Afrique

Emmanuel Macron a annoncé dimanche 24 septembre lors d'une interview à la télévision que la France retirerait ses troupes du Niger avant la fin de l'année 2023. Niamey était une base aérienne stratégique pour l'armée de l'Air, qui y déployait notamment ses seuls drones Reaper opérant à l'étranger. 

Ci-dessus: une vieille photo déjà, datant de 2015 lors de l'arrivée du 3ème Reaper à Niamey - EMA.

C'est donc terminé. De façon assez prévisible, l'un des derniers grands dominos de la présence armée française au Sahel est tombé, à l'issue d'un bras de fer qui aura duré près de deux mois après le coup d'Etat qui a frappé le Niger. Après le Mali, après le Burkina… le Niger donc.

Emmanuel Macron a finalement tranché dans le sens du retrait total (ambassadeur + les 1 500 militaires français présents au Niger), la situation étant de toute manière devenue intenable, et surtout précaire. Les représentants de l'Etat n'étaient en effet plus ravitaillés. Ce retrait militaire des éléments de coopération -qui cesse de facto- français au Niger, reliquat de l'opération Barkhane se fera "en bon ordre" d'ici la fin de l'année. 

L'armée de l'Air  perd là une base aérienne très importante en Afrique, le cœur de ses opérations aériennes au Sahel, le lieu d'où elle faisait notamment décoller ses drones Reaper. Il faudra voir dans quelle mesure nos alliés, allemands notamment, qui s'appuient sur cette structure pour le retrait du Mali, bénéficieront de marges de manœuvre suffisantes.
Les Américains eux - qui ont pu compter sur le support de l'aviation française dans des moments tragiques au Niger-  décident de rester. Pour le moment. Il faut dire qu'ils ne subissent pas la pression anti-française mise en place par le régime putschiste et ses alliés… 

Certains diront que ce retrait français, un de plus en Afrique, va dans le sens de l'histoire, car nos préoccupations stratégiques, ou plutôt militaires, sont désormais ailleurs: en Europe, en Méditerranée, en IndoPacifique...
Surtout, l'Afrique dispose aujourd'hui d'un embryon d'architecture de sécurité qui doit lui permettre de régler ses crises par elle-même, avec un rôle (si rôle il doit y avoir) français/européen largement rénové. Cela, nous aurons l'occasion de l'apprécier à relativement court terme, le contexte sécuritaire n'étant pas vraiment appelé à s'améliorer au Sahel. Il faudra aussi voir qui vient combler le vide laissé par les Français sur le terrain. Là encore, peu de doutes sur le devenir de la situation, même si la présence américaine est un facteur à prendre en compte. 


Retour en France pour les drones Reaper ?

Si la chasse (sur Mirage 2000D) garde un plot opérationnel sur la base aérienne de N'Djaména, il y a fort à parier que l'on ne fasse pas peser d'avantage de poids sur le Tchad après le retrait du Niger. Le démantèlement du HUB de Niamey signerait donc la fin de la mission des drones MQ-9 Reaper de l'armée de l'Air en Afrique. Là où tout a commencé il y a bientôt 10 ans quand le ministère faisait enfin le choix de se doter de ces drones MALE américains.
Quoiqu'on en dise, ces appareils, finalement peu nombreux (12 commandés, jamais plus de 6 déployés) auront constitué un vrai game changer pour les Français, qui, disposant d'une doctrine propre (ah les débats de l'époque 2013-2017 sur l'armement des drones), ont pu profiter d'un bond phénoménal en matière de renseignement et de soutien aux opérations. 

Or, l'armée de l'Air a semble-t-il déjà des projets pour la flotte de Reaper, qui rappelons le, doit être entièrement rétrofitée au Block 5, standard qui n'est pas encore certifié pour voler en France (ils sont basés au sein de l'escadron Belfort, à Cognac). 
Déjà cet été, le Chef d'Etat-Major de l'armée de l'Air et de l'Espace évoquait des réflexions sur un éventuel déploiement de drones Reaper en zone IndoPacifique pour soutenir les missions de la… Marine Nationale. Une idée réitérée en commission parlementaire ces derniers jours. Il est question de "déploiements ponctuels" cette fois.   

Sur le blog: Les ALSR "VADOR" avec les Reaper à Cognac, avant l'IndoPacifique



Mais plutôt que l'IndoPacifique, certains médias (lire le dernier numéro de Raids Aviation) évoquent un basculement des Reaper vers la base arienne projetée en Jordanie, d'où la France mène ses opérations de soutien à l'Irak contre Daesh. Le transfert des drones serait déjà en cours. 
Un théâtre adapté au drone MQ-9, et une option qui semble valider le solide soutien politique et technique apporté par Paris à Bagdad. Trois soldats français sont morts en Irak il y a un mois. 


lundi 22 mai 2023

Deux événements au profit des blessés de guerre les 25 mai et 7 juin

Un mot pour signaler deux événements importants qui se dérouleront à Mérignac et Pessac, respectivement ces 25 mai et 7 juin. Ils concernent tous deux le support aux blessés de guerre et à leur famille. Les organisateurs ont besoin de votre soutien ! 

Concert de solidarité au profit des soldats blessés :

Le 25 mai 2023 à 20 h 00, un concert de solidarité sur invitation uniquement, aura lieu à l’Espace culturel du Pin Galant à Mérignac, au profit des soldats blessés. Ce concert caritatif est organisé conjointement par la zone de Défense et de sécurité Sud-Ouest et les Forces aériennes et en partenariat avec la ville de Mérignac.

Pour l’occasion la Musique des Forces aériennes et la Musique des parachutistes de Toulouse se produiront l’une après l’autre puis ensemble.

Cet événement s’inscrit dans la politique durable et résolue de soutien des blessés et de leur famille développée par le ministère des armées.

Les spectateurs pourront, s’ils le souhaitent, effectuer des dons qui seront reversés aux œuvres sociales.

Les dons récoltés permettent de progresser dans la prise en charge et l’accompagnement des soldats blessés en opération (notamment l’achat de prothèses extrêmement coûteuses afin qu’ils puissent reprendre un semblant de vie et se reconstruire tant physiquement que moralement, notamment par une pratique adaptée du sport) et de mieux assister les veuves et orphelins avec un accompagnement personnalisé ainsi que des aides financières.

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Mercredi 7 juin 2023 de 19h00 à 23h00:

Le groupe Implic'Action de la Gironde organise le mercredi 7 juin 2023 à partir de 19h une rencontre sur le thème des blessés des Armées. Cet événement se déroulera à la salle polyvalente SORTIE 13 à Pessac (33).

Au cours de cette soirée, Aziz Taouzari présentera son projet de raid en Mongolie qu'il organise au profit de blessés des Armées afin de les aider à se reconstruire, un projet magnifique pour lequel il recherche encore des soutiens.

D'autres interventions seront programmées autour de ce même thème de soutien aux blessés.

Cette soirée, placée sous le signe de l'entraide et de la camaraderie, se clôturera autour d'un verre afin de permettre de poursuivre les échanges.

Réservation ICI 


vendredi 5 mai 2023

Opération Sagittaire: l'image de la France dans le monde


L'opération d'évacuation de ressortissants menée au Soudan par les forces françaises a été un véritable succès. Revenons ce jour sur cette opération RESEVAC nommée "Sagittaire", afin de compléter le billet publié le 24 avril, lendemain du lancement de l'opération, mais aussi afin d'en analyser les retombées. 

Ci-dessus: la frégate Lorraine à Port-Soudan le 26 avril, évacuant 398 personnes de 63 nationalités vers l'Arabie Saoudite. Notamment le personnel de l'ONU. 


Alors que le Soudan s'enfonce dans la guerre civile depuis bientôt un mois, les pays de la communauté internationale ont pris la décision durant la semaine du 17 avril d'évacuer leurs ressortissants, la plupart étant bloqués dans la capitale Khartoum, au cœur des combats. Après le prépositionnement de forces, à Djibouti notamment, pour ceux comme la France ou les USA qui peuvent jouir d'une implantation militaire sur zone, les opérations sont lancées le dimanche 23 avril. Américains et Britanniques sont les premiers à évacuer leur personnel diplomatique… et à remballer ! Après quelques dangereuses complications (voir l'autre billet) qui amèneront notamment à la blessure grave d'un opérateur des forces spéciales, l'opération française "Sagittaire" prend sa pleine mesure ce même dimanche, un C130 et trois A400M de l'armée de l'Air réalisant un pont aérien entre un aérodrome de la banlieue de Khartoum (l'aéroport international est lui pris dans les combats) et Djibouti. Plus de 500 personnes de toutes nationalités sont évacuées en l'espace de 24h, via 5 rotations. 
C'est ensuite la FREMM de défense aérienne Lorraine, qui vient d'entrer en service dans la Marine, qui se charge de recueillir un convoi routier de l'ONU à Port-Soudan, sur la Mer Rouge. 400 personnes supplémentaires seront acheminées vers Djeddah en Arabie Saoudite. Mission accomplie.

Bien entendu, l'ensemble des opérations a été suivi chez nous, mais le sujet a été relativement vite relégué au troisième plan. Dans la sphère francophone en effet, pour trouver un maximum d'infos, il fallait regarder vers l'excellent Bruxelles2, ou se tourner vers les plus généralistes RFI et France24. Des médias malheureusement peu suivis en métropole, pendant que les rédactions championnes de l'audimat se concentraient elles, au mieux sur l'Ukraine (préparatifs de la contre-offensive ukrainienne, donc des prédictions), au pire sur les concerts de casseroles. 
Du côté des spécialistes, il semble y a voir de moins en moins d'intérêt pour l'Afrique (il faut dire que par les temps qui courent, le contexte devient tendu pour un journaliste de nationalité française), en particulier l'Afrique de l'est, anglophone, ignorée de longue date dans nos médias. J'en veux pour preuve le traitement quasi inexistant en France du conflit du Tigré en Ethiopie. Il faut également noter que tout ce que les rédactions comportent comme journalistes de défense a été "mobilisé" ailleurs, pour suivre les armées sur le grand exercice Orion. 

Et c'est bien là un problème, car pour s'informer sur l'opération, il vaut mieux parler l'anglais.


L'opération Sagittaire, un modèle d'action internationale (et notamment européenne)

Au Soudan les armées françaises ont en quelques sortes accompli ce pourquoi elles s'entrainent si souvent: une entrée en premier, sur le terrain où elles font la démonstration de leurs compétences depuis plus d'un demi-siècle, le théâtre africain. A la différence que le Soudan, bien que voisin du Tchad ou de Djibouti, était un peu une terra incognita, avec tous les dangers que cela représente (on se rappellera d'ailleurs, dans la même région, l'intervention chaotique de 2013 en Somalie, mais dans un contexte très différent). Et à la manière de Serval en 2013 au Mali, la communauté internationale applaudit.

Il faut lire en effet les divers témoignages de remerciement provenant, en particulier, de fonctionnaires de l'ONU. Des témoignages louant le professionnalisme et l'accueil impeccable fourni par les militaires français. Il n'y avait que 200 ressortissants français à Khartoum. Les 7 ou 800 autres évacués étaient des Européens, des Africains, ou autre. Le contraste est saisissant quand on observe la polémique britannique sur ce qui constitue chez eu un ratage*. 

D'ailleurs, c'est aujourd'hui la presse britannique -toujours prompte à faire des comparaisons avec le voisin français- qui nous détaille le mieux l'opération française, comme en témoigne un nouvel article paru dans The Economist ce 3 mai. Intitulé "How France led the evacuation of foreigners from Khartoum", il nous décrit comment l'Elysée et le Quai d'Orsay ont négocié avec les belligérants l'utilisation d'un aérodrome, des sauf-conduits, et comment les militaires français ont sécurisé cette piste, de nuit, puis pris en charge les ressortissants, britanniques notamment, alors que leur propre gouvernement les avait laissé en arrière. “The French did everything.”

D'autant plus que cette "entrée en premier" française, instant clé de la mise en œuvre de la doctrine d'évacuation de ressortissants, la fameuse RESEVAC (votre serviteur l'a un peu étudiée lors d'un passage comme stagiaire à l'EMA), a permis d'ouvrir la voie aux forces européennes (et d'autres), présentes en nombre. Un modèle de coordination, tout étant terminé le mercredi.
Notons que sur le plan matériel, Airbus s'est offert une belle publicité, l'A400M, déployé par les Français, les Espagnols ou encore les Allemands apparaissant comme un étendard de l'action humanitaire européenne.  

L'opération Sagittaire a été menée dans un esprit tout à fait universaliste, et rendue possible par un professionnalisme de tout premier ordre, ce qu'ont salué chancelleries, diplomates, ou simples ressortissants du monde entier. Une image noble de la France et de ses armées, qui tranche radicalement avec les couacs diplomatiques entourant la communication hasardeuse sur les sujets du dialogue France/Russie et France/Chine, quelques jours plus tôt. Preuve que nous sommes décidemment meilleurs dans l'action que dans les calculs… appelons ça le french flair.

Il s'agit peut-être enfin de reconnaitre que contrairement au discours officiel, la France n'est pas une puissance d'équilibre. Elle est bien une puissance d'initiative. 


*Tandis que les Américains, qu'on sent toujours traumatisés par Mogadiscio (1993), et sûrement aussi Kaboul, ont mené une opération héliportée (3x Chinook) tôt le dimanche 23 avril pour évacuer leur ambassade, les Britanniques faisaient de même… laissant à leur sort plus de 2000 de leurs ressortissants qui désiraient quitter le Soudan. Le rétropédalage ne s'effectue que le surlendemain, mardi 25, avec des rotations par C-130 et A400M depuis Chypre. Un couac qui laisse des traces. 

lundi 24 avril 2023

Entre Djibouti et Khartoum, l'opération française Sagittaire est lancée


Après 10 jours d'affrontements armés qui ont secoué la capitale du Soudan, Khartoum, plusieurs pays de la communauté internationale jugent désormais que la situation est hors de contrôle, et ont donc déclenché les opérations d'évacuation de leurs ressortissants. La France y participe en lançant l'opération "Sagittaire". 

Images: EMA


La France a beau vouloir s'y mettre en retrait relatif sur la plan des opérations militaires, l'Afrique reste un continent instable, comme le prouve la situation extrêmement tendue à Khartoum, capitale du Soudan, ces derniers jours.
Nous y revoilà donc, plus d'un an et demi à peine après le traumatisme des évacuations de Kaboul par la communauté internationale (Amérique en tête), une nouvelle opération "resevac" est en cours, dans un pays qui sombre dans la guerre civile sous nos yeux.  

L'opération "Sagittaire" a été lancée sur ordre du Président de la République et en coordination avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, nous apprend l'armée de l'Air et de l'Espace. La France avait bien sûr anticipé cette situation en prépositionnant dès le 18 avril (mardi) trois porteurs A400M et un C130 depuis la Base aérienne 123 Orléans-Bricy, et ce afin de renforcer les Forces Françaises stationnées à Djibouti et déployées au Tchad. Des unités spéciales -ou moins spéciales- sont également mobilisées afin d'assurer la protection du dispositif.

Ces mouvements qui préfiguraient du lancement des évacuations, au moins par les occidentaux, furent largement ignorés des médias, mais très suivis par la sphère spécialisée. Ce qui nous a notamment permis d'assister à la marche arrière des Allemands, qui en milieu de semaine faisaient rebrousser chemin à trois de leurs A400M en raison des ruptures de cessez-le-feu entre belligérants. La situation n'a fait que se détériorer depuis, même si les camps qui s'affrontent ont communiqué sur leur bonne volonté de laisser les opérations d'évacuation se dérouler. 


La communication de l'Elysée… puis du Quai d'Orsay… puis de l'Etat-Major des armées est arrivée un peu tard dimanche 23 avril, dans l'attente probable que la première rotation ait été effectuée entre Khartoum et Djibouti. D'autant plus que dans la journée, les convois allant de l'ambassade jusqu'à l'aéroport choisi pour les évacuations auraient été pris dans des feux croisés, ce qui les aurait fortement retardés. 

Une rotation (par A400M, deux sont à l'œuvre) en fin d'après midi, puis une seconde en début de soirée, ont donc permis de ramener près de 200 personnes, dont des familles (de nombreux enfants sont présents sur les images qui nous arrivent ce dimanche soir). Les opérations devraient se poursuivre, au moins pendant quelques jours. Chaque évacué a droit à un accompagnement médical avant d'être rapatrié vers la métropole. Un A330 MRTT "Phénix" de l'armée de l'Air est d'ailleurs à Djibouti.

A noter que la France évacuera également des ressortissants d'autres pays, européens et africains principalement, en ayant reçu la demande de la part de ces derniers. D'autres appareils européens (essentiellement des Airbus A400M d'ailleurs !) sont à l'œuvre. Les Allemands par exemple, ont eux réalisé dimanche trois rotations par A400M entre le Soudan et la Jordanie, leur hub de repli. 


Tôt ce dimanche, les Américains, puis les Britanniques, par la voix de leur dirigeant, annonçaient avoir mené avec succès des opérations visant à extraire leur personnel diplomatique. Et c'est tout ! Il n'est donc pas exclu que des ressortissants britanniques doivent désormais être pris en charge par les forces françaises ou européennes si la Royal Air Force, qui a pourtant mobilisé 1200 personnels pour cette mission, ne mène pas d'avantage d'opérations. 

En dehors des occidentaux, l'action des puissances du Golfe et de la Turquie a été remarquée. Japon et Chine sont aussi attendus. 

Cette résevac nous rappelle enfin à quel point il est utile de disposer de bases permanentes non loin des arcs de crise. Les forces françaises sont également présentes à l'ouest du Soudan, au Tchad, mais Djibouti constitue évidemment un hub international plus "solide", même si les autorités locales regrettent que leurs installations ne puissent prendre un charge qu'un nombre limité d'évacués à la fois. 

Souhaitons bon courage aux hommes et femmes engagés dans cette opération particulièrement tendue, ainsi qu'aux civils qui subissent une nouvelles fois les affres de la guerre. 


 

vendredi 24 mars 2023

A Cognac, première Croix de la valeur militaire pour les pilotes de drones Reaper


Pour la première fois, une Croix de la valeur militaire a été remise au sein d'un escadron de drones de l'armée de l'Air et de l'Espace. La cérémonie s'est tenue ce 21 mars sur la base aérienne 709 de Cognac, qui abrite la 33ème Escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque et ses drones Reaper.

Image ci-dessus: un drone Reaper des forces françaises - Armée de l'Air et de l'Espace.


Comme un symbole, près de 10 ans après que le pas ait enfin été franchi (la décision politique de commander sur étagère, le plus célèbre des drones MALE américains) par l'armée française, le régiment qui opère les Reaper dans l'armée de l'Air et de l'Espace est décoré de la Croix de la valeur militaire pour son action au Sahel durant l'opération Barkhane. 

La flotte de Reaper française est active depuis seulement deux bases: Cognac pour la formation et les expérimentations essentiellement, ainsi que quelques missions (surveillance d'événements, surveillance en Méditerranée). Et Niamey au Niger, pour les opérations. 
Théoriquement, les équipages peuvent opérer les drones au Niger depuis la France, grâce à la liaison satellite permise par ces appareils, mais l'armée française a toujours voulu privilégier la mise en condition des pilotes en les déployant sur le théâtre. Un parti pris que nous défendions sur ce blog en 2015, déjà. 

Donnée supplémentaire, et importante, ce n'est qu'en 2017 que le politique décide de faire du Reaper un drone armé, et non plus seulement un vecteur de renseignement. La flotte recevra ses premières munitions (d'abord des bombes guidées, avant bien plus tard, des missiles) en 2019... pour des résultats très vite obtenus sur le terrain.

Devenu indispensables, les Reaper français ont ainsi volé près de 55 000 heures au Sahel, pour des gains opérationnels considérables, d'autant plus que les systèmes n'ont jamais cessé d'être upgradés depuis. Ils continuent d'y œuvrer malgré la fin des opérations au Mali. 

Ils sont opérés par la 33ème Escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque, unité de l'armée de l'Air qui est également référente auprès du Commandement des opérations spéciales. Chaque équipage contient quatre membre: pilote, opérateur capteur, coordinateur tactique, et opérateur images.

Ce 21 mars 2023 donc, sur la base aérienne 709 de Cognac, trois membres d’équipages de Reaper se sont enfin vus remettre la Croix de la valeur militaire par le général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’AAE, au titre de leurs actions durant l’opération Barkhane.

Une belle reconnaissance pour un métier qui a assurément de l'avenir, et dont la France aura mis un certain temps à admettre le besoin.  


La France dispose actuellement de 10 MQ-9 Reaper opérationnels. Sur les 12 reçus, elle en a effectivement perdu 2 dans les opérations au Sahel. Ils seront en service au moins jusqu'à 2030.

mercredi 16 mars 2022

Florence Parly effectue une dernière visite sur la BA 118


Alors que les Rafale de la 30ème escadre de chasse effectuent des patrouilles au dessus de la Pologne depuis les premières heures du conflit ukrainien, la ministre des Armées Florence Parly était lundi sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan.


A quelques semaines de la fin de leur mandat, la ministre des Armées Florence Parly et la ministre déléguée Geneviève Darrieussecq se sont rendues lundi 14 mars sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, devenue durant les dernières années l'une des principales plateformes des opérations aériennes françaises.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les Rafale de Mont-de-Marsan ont été les premiers à assurer, quotidiennement, des missions de police du ciel aux frontières orientales de l'OTAN, en l'occurrence au dessus de la Pologne. Une mission à l'autre bout de l'Europe menée directement depuis la base aérienne 118.

350H de vol (7 à 8h par mission) ont déjà été assurées par la 30ème escadre de chasse, à bord de leurs Rafale F3-R dont c'est le premier engagement opérationnel sur ce standard (on remarque notamment qu'ils sont équipés du missile METEOR). Depuis ce lundi, des Mirage 2000-5 sont aussi déployés de façon permanente en Estonie, ce qui renforce la posture "puissance aérienne" de l'OTAN dans la région. 

Car Mont-de-Marsan -qui abrite également l'Air Warfare Center du CEAM- est bien l'une des implantations métropolitaines les plus mises sous tension par l'étirement du contrat opérationnel. Spécialistes de l'entrée en premier, ses Rafale sont sur tous les fronts, et constituent généralement la pointe des dispositifs français. 

C'est donc un bel hommage aux équipages et mécaniciens, et un signe fort, que cette visite ministérielle. L'occasion aussi de rappeler que la base a fait l'objet de nombreux investissements: une crèche a d'ailleurs été inaugurée ce lundi. 

 

vendredi 25 février 2022

Réveil stratégique

La guerre fait donc une fois de plus son retour en Europe. Et la sidération a fait son temps. La situation est extrêmement préoccupante et les premières mesures d'ordre militaire sont annoncées par les alliés de l'OTAN. Elles concernent bien entendu la France, actuellement nation-cadre de la Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation, autrement surnommée VJTF. 

 

En raison de l'évolution très rapide, et surtout très incertaine des combats en Ukraine, il sera difficile de suivre les évènements sur ce blog. Cependant, pour tous ceux que cela intéresse, tout se passe sur Twitter où la communauté défense - francophone ou non - réalise un travail remarquable de recoupement de l'information, minute par minute. 


Nous n'allons évoquer ici que les mesures de réassurance OTAN, alliance qui va devoir montrer les muscles comme jamais cela n'a été fait depuis 1990. 

D'ici deux semaines donc, la France enverra un sous-groupement de 200 hommes en Estonie (a priori des "troupes de montagne"), qui iront renforcer les Danois et Britanniques. Ces derniers ont d'ailleurs réceptionné aujourd'hui plusieurs de leurs chars Challenger 2. 

Pour rappel, la France s'entrainait encore il y a quelques semaines en Estonie dans le cadre de la mission Lynx, avec des moyens lourds comme le Leclerc et des VBCI.

Surtout, en Estonie toujours, 100 hommes supplémentaires viendront constituer un plot chasse, avec 4 Mirage 2000-5.

L'armée de l'Air et de l'Espace déploie en fait déjà des Rafale pour des patrouilles au dessus de la Pologne depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine. Ces appareils opèrent depuis la France.

Roumanie. C'était l'un des grands sujets français de la réassurance, un déploiement assez important prévu cette année en Europe de l'est, en même temps que la pression se desserre en Afrique. Attention cependant à l'Afrique, où plus aucune marge de manœuvre ne doit être laissée à la Russie (même si dans la précipitation, Wagner semble ces dernières heures se dégarnir en Afrique pour se renforcer en Ukraine)

Un GTIA français constitué de 500 hommes de l'armée de Terre va donc se déployer en Roumanie avec des moyens blindés, dans le cadre d'un calendrier largement accéléré qui risque de mettre en exergue nos lacunes en matière de projection. On parle même de 1 000 hommes à terme. Nous ne devrions pas y aller seuls (Italiens ?) puisque tout cela se déroule dans le cadre du bataillon de l'OTAN "Sparhead", dont la France est leader. La France commande en effet depuis le 1er janvier la VJTF, force opérationnelle interarmées à très haut niveau de réactivité. 

Concernant l'Ukraine enfin, elle est militairement livrée à elle-même, même si l'OTAN livre encore à l'heure qu'il est des équipements individuels performants. Il faut aussi noter que la France dispose d'une grosse douzaine de membres du GIGN à son ambassade de Kiev. Des hommes qui pourraient jouer un rôle tout à fait décisif s'il fallait protéger ou extraire le président Zelenski. C'est ce qu'ont très judicieusement laissé entendre des officiels français. 


Un dernier mot: surprise stratégique ? Non, le discours sur la haute intensité, tout comme celui sur les puissances révisionnistes, ont été rabâchés encore et encore ces dernières années. Ils ont même justifié les hausses en cours du budget de la défense. Il faudra toutefois aller encore plus loin, probablement à un budget autour de 60 milliards d'euros d'ici 10 ans (consensus autour de ce palier), pour un format opérationnel largement réévalué. 

Dans l'immédiat, nous, européens, sommes clairement pris de cours, et un nouveau processus s'entame à tous les niveaux, à commencer par les mentalités. 

C'est désormais notre grand défi pour la décennie. Un défi existentiel.

 

vendredi 18 février 2022

Une semaine charnière


Un post un peu inhabituel de rattrapage de l'actualité ce vendredi, à la fin d'une semaine encore une fois éprouvante sur le plan diplomatico-stratégique. C'est notamment la présence française au Mali qui vit son crépuscule.  


Ukraine

Commençons par l'Ukraine où tout à peu près été annoncé pour cette semaine, à commencer par la guerre. Les anglo-saxons parlent d'invasion russe imminente, les Russes de retrait sans néanmoins se retirer. Les Européens jouent la carte de l'apaisement, dans un camp occidental qui a au moins le mérite de faire front commun.

Les experts les plus sérieux préfèrent encore parler d'un bras de fer mais à ce stade, vendredi 18 février, les nouvelles ne sont pas franchement rassurantes, et les acteurs semblent toujours lancés dans une dangereuse surenchère. 

Mali

Car c'est bien sûr, après l'Ukraine, l'autre grand sujet qui nous intéresse: la situation sécuritaire au Sahel.

L'armée française au Mali, c'est donc terminé. Takuba avec (annonce effectuée en plein somme UE-Afrique)La raison pour laquelle nous ne étendrons pas d'avantage sur cette question est que ce retrait est en vérité "prophétisé" depuis deux ans (y compris sur ce blog), la situation politique malienne ne garantissant plus le niveau de confiance et de coopération nécessaire au maintien de Barkhane sur place. La pandémie, ou encore la chute de Kaboul, ont de surcroit fini de convaincre les opinions publiques comme les décideurs politiques, que la page de l'interventionnisme occidental avait été tournée.

De toute manière, 9 ans de présence, c'est déjà trop. Il était déjà planifié que Barkhane évoluerait vers une empreinte plus légère, et les annonces de cette semaine nous ramènent à l'époque pré-Serval. Est bien malin celui qui pourra prédire l'avenir des OPEX. Mais sur ces sujets lisez plutôt le dernier Michel Goya ! 

Lire sur le blog: Une rentrée tête basse


Spatial

Mais changeons de domaine, pour aborder le spatial. J'attendais, comme bien d'autres, beaucoup du discours d'Emmanuel Macron au CNES mercredi. Mais les annonces à Toulouse n'ont finalement fait que reporter à l'automne toute discussion sur l'avenir du vol habité européen. Le Président a tout de même posé quelques bases de réflexions pour les prochaines échéances (robotique spatiale, station orbitale européenne pour l'après ISS...). 

En matière militaire, on reste dans le cadre de la stratégie spatiale de défense 2019, avec d'ailleurs, l'annonce par l'armée de l'Air et de l'Espace de l'exercice AsterX 2022 pour le mois de mars. Il s'agit de la seconde édition de cet exercice du Commandement de l'Espace, qui est donc annuel. 

Au final, l'Europe a avancé cette semaine, concrétisant sa volonté de mettre un place une constellation "souveraine" pour l'internet par satellite. Une offre de connexion qu'elle entend partager avec l'hémisphère sud, et notamment l'Afrique. 


BITD

Un point armement avec la validation par le Parlement grec de la commande des frégates Belharra auprès de Naval Group, mais aussi de 6 Rafale supplémentaires, comme annoncé en septembre dernier (total de Rafale donc porté à 24: 12 neufs, 12 de seconde main). 

De son côté, le constructeur Arquus a présenté des résultats en hausse cette semaine, dans un contexte de reprise post-COVID. Le marché export est néanmoins en berne. Arquus compte aussi faire feu de tout bois sur le futur marché des camions de l'armée (9 4000 véhicules, pour l'armée de Terre principalement), et se positionner dans la robotique avec le futur appel d'offres ROBIN pour des engins  d'ouverture de convoi d'une masse de 3 tonnes. Tout cela passera par des alliances industrielles. 
En revanche, pas de programme VBAE avant plusieurs années selon la firme. Dommage pour le Scarabée…

On termine enfin avec une nouvelle qu'on n'attendait plus ! Elle est pourtant importantissime: il s'agit de la remise en marche des accords franco-britanniques de Lancaster House, ce qui se traduit concrètement par une avancée dans les travaux communs chez MBDA

 

vendredi 21 janvier 2022

Quatre blessés du COS au Burkina Faso après une explosion d'IED



En début de semaine au Burkina Faso, l'explosion d'un engin explosif improvisé au passage d'un véhicule des forces françaises a fait plusieurs blessés graves. Le flou du communiqué de l'Etat Major des armées, ainsi que le témoignage de plusieurs sources constituent un faisceau permettant de conclure qu'il s'agit bien d'une patrouille des forces spéciales qui a été touchée.

Ci-dessus: au premier plan, un Polaris MRZR du 1er RPIMa lors du SOFINS - photo Pax Aquitania


Alors que tous les feux sont tournés vers l'est de l'Europe, la situation politique et diplomatique se dégrade de jour en jour au Sahel, où la force Barkhane (tout comme Takuba, tout comme la MINUSMA...) est dans une situation de plus en plus intenable face à la junte militaire qui dirige le Mali.

C'est dans ce contexte au futur plus qu'incertain que des soldats français ont été grièvement blessés cette semaine au Burkina lors d'une patrouille motorisée, nous apprenait l'EMA via l'AFP. Chose rare, la communication fait état d'un véhicule tout-terrain de la force Barkhane, sans préciser l'unité. Cela trahit généralement une chose: il est question des forces spéciales.

Dans la foulée, les rumeurs font rapidement mention d'un buggy Polaris MRZR, effectivement employé par le 1er RPIMa.

Fort heureusement, on peut en apprendre plus grâce aux spécialistes du domaine, comme Jean-Marc Tanguy.

C'est donc bien le CFST (les forces spéciales Terre) qui est concerné par cette explosion d'IED. Les blessés dont certains très grièvement ont été rapatriés en France, via plusieurs vols de Falcon médicalisés. Le véhicule, un buggy, donc tout l'inverse d'un standard MRAP (Mine Resistant Ambush Protected), est lui complétement détruit.

Si l'on se dirige bien vers un retrait anticipé de Barkhane dans les prochains mois (Emmanuel Macron a volontairement évité le sujet dans ses vœux aux Armées), la TF Sabre constitue toujours la pointe de la lutte anti-terroriste française en BSS. Elle était là avant Serval/Barkhane, et elle lui survivra assurément.

Autre sujet, ou presque: faudra t'il doter le COS d'un véhicule blindé à court terme dans le cadre de la doctrine de haute intensité ? La question mérite d'être posée sérieusement.


Mise à jour le 23 janvier: un soldat français a été tué et neuf autres légèrement blessés dans une attaque au mortier contre la base de Gao au Mali samedi 22 janvier. Le brigadier Alexandre Martin est le 53e militaire français tué au combat au Sahel depuis 2013.


lundi 3 janvier 2022

Voeux stratégiques 2022 !

Commençons cette nouvelle année par les traditionnels vœux de réussite, que l'on souhaitera bien entendu à vous tous lectrices et lecteurs, mais aussi et surtout aux forces armées sur tous les terrains. 2022 s'annonce riche et sera, pour ce qui nous concerne en France, dans un premier temps rythmée par l'élection présidentielle.


La Présidentielle donc. A ce stade, en janvier 2022, les programmes défense des candidats déclarés s'alignent sur l'ambition d'un retour de la France en tant que grande puissance, tout en dénonçant le fameux "déclassement". Il est donc question de second porte-avions de nouvelle génération (une question aujourd'hui pas forcément tranchée), et bien sûr d'augmentation drastique des matériels comme des effectifs. Problème: tout cela fait fi du contexte non pas économique, mais bien sociétal, qui fait que les ressources humaines ne sont pas une variable si facilement ajustable. Au format actuel, même minimum, les armées peinent en effet toujours à maintenir le seuil de recrutement. Pour les candidats, garantir les objectifs budgétaires engagés en 2017 seraient déjà un bon début. 

Un recrutement qui justement nous amène à parler des OPEX, dont le volume va considérablement s'alléger (sauf nouvelle crise évidemment). Au Sahel, Barkhane, dont les heures sont comptées, a déjà commencé sa grande transformation, et ses effectifs auront fondu durant le premier semestre 2022. L'armée de Terre est la principale concernée dans cette "relâche" prévue pour durer encore l'année suivante, et pourra se concentrer sur son grand programme d'entraînement à la haute intensité.

Qui dit haute-intensité dit matériels modernes, et en nombre. La modernisation se poursuit donc, les blindés Griffon continuent d'affluer, et le très attendu Jaguar rejoindra ses premières unités opérationnelles au printemps. En revanche, on ne verra pas le drone Patroller avant, au mieux, la fin de l'année. 

Mais la "haute intensité" concerne tout le monde, sur tous les terrains (même immatériels, ou en orbite) s'inscrivant dans un contexte international incertain où les agissements russes et chinois sont particulièrement scrutés à la loupe, heure par heure, dès aujourd'hui (hier en fait). Après la baffe AUKUS, il faudra aussi réévaluer notre stratégie indopacifique, d'autant plus que la question calédonienne est désormais réglée. 
Cela tombe bien, la France vient de prendre la présidence du Conseil de l'UE et aura à charge de dicter quelques grandes idées censées contribuer à l'indépendance stratégique du continent.   

Après une année 2021 exceptionnelle, le Rafale aura encore de beaux défis à relever sur les marchés export. Nous regarderons surtout vers l'Indonésie et l'Inde (encore cet axe indopacifique). Tout récemment, la Serbie a évoqué un curieux intérêt pour le chasseur de Dassault. Une réponse probable à l'acquisition de l'appareil par les Croates. 

Dans le spatial enfin, Ariane 5 venant de célébrer sa "presque-fin" de carrière par l'un de ses plus beaux lancements, celui du télescope James Webb, 2022 marquera l'avènement d'Ariane 6. Le nouveau lanceur lourd européen sera tiré dans sa première première version… première version car il s'agit d'une fusée qui sera largement amenée à évoluer durant sa vie opérationnelle, intégrant diverses innovations comme les moteurs ou étages réutilisables. Objectif réduction des coûts !

Et dans le quasi-spatial, on attend avec hâte en ce début d'année le premier test d'un démonstrateur de planeur hypersonique français, le V-MAX. 


Tout cela est bien entendu non-exhaustif et nous prendrons plaisir à suivre l'actualité stratégique tout au long de cette nouvelle année. La priorité comme dans tous vœux de nouvelle année, est toutefois la santé, avec on l'espère la sortie de cette crise sanitaire débutée il y a 2 ans maintenant.


vendredi 3 septembre 2021

Une rentrée tête basse


L'été stratégique rime rarement avec vacances. C'est même souvent la saison des tensions, des grandes campagnes militaires. L'an passé par exemple, nous faisions le bilan d'un été très agité en Méditerranée Orientale, nouvelle preuve du "retour des Etats-puissance". Tout ceci est lié sans tout à fait l'être.. mais la rentrée 2021 marque bien une nouvelle étape dans le processus: la fin de cette "Guerre de 20 ans" entamée par l'Occident en 2001.

Ci-dessus: la France a contribué lors de l'opération Apagan à l'évacuation de 3000 personnes.


Nous aurions presque pu - ou dû - attendre la date du 11 septembre et son triste anniversaire pour publier ce billet. C'était en réalité le projet, mais cela a t-il encore du sens maintenant que Kaboul est tombée… depuis le 15 août déjà ?

Le retrait américain d'Afghanistan, prévu de longue date, s'est finalement - et comme on pouvait le redouter - déroulé dans une atmosphère de panique absolument historique, le pouvoir mis en place depuis 20 ans s'étant complétement désagrégé en plein cœur de l'été (en suivant de son armée), ouvrant aux Talibans, d'abord les principales provinces du pays, ensuite sa capitale et donc, le pouvoir.
La cohue qui s'en est suivie, les images de l'aéroport de Kaboul, s'inscrivent bien malheureusement dans l'Histoire. D'une RESEVAC, nous sommes passés à l'une des plus vastes entreprises d'évacuation humanitaire jamais vues.


Certes la France avait officiellement quitté l'Afghanistan depuis 2014, les combats depuis 2012. Certes nos services de renseignement et notre diplomatie alertaient depuis des mois sur le fait qu'il était préférable de quitter le pays avant la fin du retrait US (dès le printemps en vérité, ce qui attira à Paris les critiques des alliés et surtout des ONG). Certes… enfin… le travail d'évacuation mené par la communauté internationale, pays de l'OTAN en tête, a été exemplaire de professionnalisme comme de courage. 
Mais au final, le bilan est dramatique. Il n'y a qu'à lire les témoignages des vétérans, qu'ils soient Français, Américains, Australiens… tous sont aujourd'hui touchés au cœur, car c'est quelque part leur héritage qui s'évapore. Tous consentent aussi à reconnaître que l'issue était dramatiquement prévisible.

Pour ceux qui comme moi ont littéralement été forgés intellectuellement par la Global War on Terror* décrétée par l'administration Bush Jr (dont le SecDef Donald Rumsfeld est décédé cette année, comme un symbole), ayant vécu le 11 septembre et ses conséquences à l'adolescence, ce qui impactera directement sur le contenu des programmes universitaires dans les années 2000, le retour des Talibans au pouvoir marque bien la fin d'un ère.

Pour le Président Biden, c'est une humiliation choisie et assumée. Pas besoin d'être cynique pour deviner que dans quelques semaines, son opinion publique lui aura pardonné cet affront, et cela même si le pire était à craindre, et que le pire est arrivé: dans le chaos, un double attentat qui causa la mort de 85 personnes dont 13 Marines. Le moment est dur pour l'Amérique, mais Kaboul n'est pas Saïgon.  



La fin des grandes OPEX ?

Kaboul est le cimetière du "Nation Building" peut-on lire ici et là. Très franchement, qui peut le contredire ? L'épisode libyen marquait déjà un ultime avertissement.
La chute du pouvoir afghan rappelle une autre débandade, évitée de justesse, qui est celle de l'Irak face à l'EEI. L'Irak, justement l'autre grand symbole des années Bush.

Mais d'un point de vue militaire, cet échec doit être relativisé. Comme souvent sur ces théâtres de COIN (contre-insurrection), il n'y a pas eu de défaite militaire pour les nations occidentales, mais une guerre longue et coûteuse, dont le crédit politique s'est naturellement épuisé au cours de deux décennies. En réalité, le trait était tiré sur ces déploiements dès 2008 et l'élection de Barack Obama. 

Et comme tous les ans depuis 2016 (et l'élection de Donald Trump), l'Europe se pose la question de son indépendance stratégique. Pour quels résultats ? Réussir Takuba au Sahel - dans un cadre nettement moins "intensif" que l'Afghanistan - serait déjà un accomplissement. Ayons l'honnêteté de viser des objectifs à notre portée.
Il semble aussi que le sentiment d'abandon, de trahison même, soit le plus fort à Londres, où les commentaires sur la faillite afghane sont les plus véhéments. Le Royaume-Uni, démontrant un comportement exemplaire sur le terrain jusqu'aux dernières heures, a été pris de court par le retrait US, et réalise que sans confiance dans sa special relationship avec Washington, l'ambitieuse stratégie post-Brexit du "Global Britain" sera bien complexe à mettre en œuvre.

Les Britanniques ont été exemplaires jusqu'au bout à Kaboul. Une valeur sûre.

Et l'on reparle donc de déclin américain, ou occidental. A tort. La Maison Blanche a choisi un autre chemin. Elle lègue la question afghane aux acteurs régionaux (Turquie, Qatar, Iran, Pakistan… Inde, Chine).
En réalité, rien ne déraille véritablement du cadre prédéfini, car la fin de ces aventures militaires au Moyen-Orient vient clore un chapitre stratégique, tandis qu'un autre a déjà débuté. Ce dernier est présent dans tous les discours, et concerne bien sûr le renouveau du jeu des puissances, avec en fond la préparation à un hypothétique conflit de haute intensité. 

C'est pourquoi, et c'est un avis personnel pas forcément partagé dans le milieu, il me semble que l'on voit aujourd'hui la fin de l'ère des OPEX. Pas par manque de moyens, mais parce qu'il faudra peut-être une génération pour que le pouvoir politique d'une démocratie occidentale se risque à déployer des troupes sur le long terme loin de son territoire. 
Pour la France, la fin de l'opération Barkane - en vérité transformation - anticipée par le Président Macron en est un signal supplémentaire. L'avenir des interventions fait place nette à l'empreinte légère, aux drones, aux forces spéciales… à la formation et au soutien de forces locales quand cela est possible (oui sur ce point, le Mali est malheureusement le plus grand des défis). Il n'est pas impossible non plus que les "proxies" se multiplient, comme durant... la Guerre Froide. 

Un mal pour un bien ? C'est envisageable. D'une part car nos armées doivent entamer un nouveau cycle consacré à la haute intensité, tout en gardant une importante capacité de projection, surtout dans le cas français (Afrique où résident nombre de nos ressortissants, zone Indo-Pacifique).

D'autre part car contrairement aux idées reçues, les mécanismes de sécurité collective de la communauté internationale montrent des signes de réussite. Oui, depuis 1991, c'est d'abord l'ONU avec ses OMP, puis ici l'OTAN (bien loin de son ancre européenne), dont l'action tombe en disgrâce. Pendant que d'autres jubilent devant ces échecs. 
Pourtant au global, malgré les blocages, la corruption, les attentats… cela fonctionne. Un continent comme l'Afrique est plus que jamais en mesure de gérer une crise via l'intervention d'acteurs régionaux, à condition cependant que la communauté internationale assure un soutien logistique et financier adéquat.

Avec la chute de Kaboul, l'Amérique, l'OTAN et la communauté internationale tournent une page difficile, payant le prix de mauvaises décisions prises il y a maintenant 20 ans. Le terrorisme lui n'a pas disparu, mais ses sanctuaires subissent une pression appuyée et continue. Passé la honte, il convient désormais de se remettre en ordre de marche, car la boussole stratégique indique un nouvel horizon. 


*Le terme est abandonné par l'administration Obama, qui tout en multipliant très largement l'emploi des drones contre les groupes terroristes, préfèrera inscrire comme héritage stratégique son fameux pivot-Pacifique qui doit repositionner les USA face au défi chinois.

mercredi 28 juillet 2021

Evolution(s) de la flotte de Reaper dans l'armée de l'Air


Alors que l'armée de l'Air et de l'Espace voit ses premiers MQ-9A Reaper au Block 5 entrer en action au Sahel, on en apprend plus sur les évolutions que vont connaitre la flotte. Début juillet, un contrat pour 6 drones et le rétrofit de 6 autres a été notifié aux Américains.

Ci-dessus: un des six Reaper block 1 de la 33ème escadre à Cognac.


L'armée de l'Air et de l'Espace dispose au sein de la 33ème escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque de la base aérienne 709 de Cognac de 4 systèmes de drone MALE Reaper, soit 12 appareils. Et plus exactement 6 block 1, et 6 block 5, un standard largement plus adapté aux missions menées pour l'opération Barkane et au profit des forces spéciales.


Début juillet, via procédure FMS (foreign military sales), la France a passé commande - en catimini - à General Atomics Aeronautical Systems Inc (GA-ASI) pour 4 nouveaux systèmes, ce qui comprendrait en réalité le rétrofit des 6 Reaper Block 1 actuellement en flotte vers le standard Block 5 (une décision qu'on savait prise).

Les deux autres systèmes seraient des MQ-9 Block 5 dont la livraison serait prévue en 2024. Il pourrait de plus s'agir de "Long Range" dont l'endurance s'étend à 40h.


12 ou 18 ?

Si nous faisons les comptes, l'armée de l'air disposerait donc de 18 Reaper en 2024 ? Afin de mieux attendre la toujours hypothétique arrivée de l'Eurodrone en 2028. Ce n'est pas clair, puisque le chiffre de 12 aéronefs est encore et toujours cité par les sources publiques. Il s'agirait que l'institution communique plus clairement à ce sujet. 

On se rappelle que l'an passé, à la veille du 14 juillet, une erreur de communication avait fait croire au doublement de la flotte qui serait passée de 12 à 24.


Le Reaper et ses limites

Avec ces évolutions, n'atteint-on pas les limites de ce que peut espérer l'armée de l'Air avec le Reaper ? 

Un Reaper Block 5 qui n’est toujours pas qualifié pour voler en France, et qui aux dernières nouvelles n'a l'autorisation américaine que pour mener des opérations extérieures en BSS (grand inconvénient du fait de ne pouvoir disposer d'un système non-souverain même si les Français ont désormais la main sur la maintenance et la totalité du cycle opératif). 

Pour d'autres missions, sur d'autres théâtres, comme la PATMAR, il faut noter que le Reaper n'aime pas du tout l'humidité (et donc les nuages), lui qui est habitué aux climats arides. General Atomics, son fabricant, prépare sur ce point, et à destination des Européens, une grande opération séduction pour la version maritime du système.


lundi 26 juillet 2021

Le Griffon s'en va en guerre


C'est depuis le port de La Pallice à La Rochelle que le 519e régiment du Train a fait embarquer jeudi 22 juillet les 32 véhicules Griffon du 3e RIMa, direction le Sahel et l'opération Barkhane où ils armeront le premier GTIA Scorpion.

Ci-dessus: les Griffon du 3ème RIMa, tous équipés d'un TTO Hornet et du camo "Terre de France".


On avait eu droit à un très remarqué débarquement américain en juillet 2020 à La Rochelle, ce sera cette année un embarquement de l'Armée de Terre !

Alors que l'opération Barkhane entame sa grande transformation, qui passera par la fermeture des bases du nord du Mali dès cette année, puis la réduction d'au moins la moitié de son format (passage d'environ 5000 à 2500 hommes et femmes),32 véhicules Griffon, dignes remplaçants du légendaire VAB, ont pris la semaine dernière la route de l'Afrique.

Jeudi 22 juillet en effet, le 519e régiment du Train a fait embarquer les 32 blindés du 3e RIMa de Vannes sur roulier direction Dakar au Sénégal, d'où ils rejoindront le Mali.

L'arrivée des Griffon devrait largement contribuer au remodelage de la force Barkane et de ses actions, offrant plus de blindage, de confort, d'info-valorisation (c'est le premier déploiement d'un Groupement tactique interarmées Scorpion), mais aussi plus de mobilité malgré ses 25 tonnes, donc un potentiel de "nomadisation" renforcé. 

A noter également cet été, l'arrivée des 5 premiers Griffon chez les "Bisons" du 126ème Régiment d'infanterie à Brive, en Corrèze.


lundi 14 juin 2021

Nouveau CEMA pour de nouveaux défis


Le général François Lecointre, Chef d’Etat-Major des Armées, quittera officiellement ses fonctions au cœur de l'été. Et alors que le Président de la République vient d'annoncer la fin de l'opération Barkhane, son successeur, le général Thierry Burkhard, devra gérer une vraie phase de transition stratégique. 

Ci-dessus: Général d’armée Thierry Burkhard, actuel CEMAT et futur CEMA.

La nouvelle est largement traitée dans les médias, donc faisons concis ! En poste depuis 2017, le général Lecointre vient d'annoncer qu'il quitterait ses fonctions de Chef d'Etat-Major des Armées après la fête nationale du 14 juillet (qui verra, après la pandémie, le retour du traditionnel défilé sur les Champs Elysées).

Avec un "mandat" de presque 4 ans, marqué par une remontée en puissance budgétaire au MINARM, le général Lecointre est dans la moyenne des CEMA sous la Vème République. Même si on a pu le sentir fatigué des récentes polémiques (fameuses tribunes des "généraux"), ce dernier assure que son départ - non souhaité par le Président - n'est lié à aucune conflictualité d'ordre stratégique ou politique, mais à une volonté personnelle d'éviter la politisation de sa fonction. 

Dans le milieu défense, ce départ à l'été n'était d'ailleurs pas un secret, et ce depuis plusieurs mois.

Sans surprise, son successeur sera la général Burkhard, actuel CEMAT, qui semble faire l'objet d'une absolue unanimité.


Désengagement de Barkhane, trajectoire budgétaire, haute intensité. 

Dans ce mercato des officiers, c'est maintenant la coutume, un général Terre devient le CEMA. A noter que celui-ci, Thierry Burckhard, est issu des rangs de la Légion. Par ailleurs, coutume toujours, le général (Air) Lavigne, CEMAAE, prendra bientôt la direction de Norfolk, comme SACT (commandant suprême allié Transformation) de l'OTAN où il remplacera le général Lanata.

Extrêmement apprécié dans le milieu pour sa personnalité et ses idées, le général Burckhard s'apprête à débarquer en terrain conquis. Plusieurs défis se présentent à lui:

  • maintenir la trajectoire budgétaire ambitieuse (remontée en puissance prévue par la LPM jusqu'en 2025) et la stabiliser pour faire face au nouveau contexte stratégique;
  • réussir la transformation de l'opération Barkhane, qui verra le dispositif français fondre de moitié (a minima) d'ici deux ans. L'entrée en service opérationnel du programme Scorpion et de ses véhicules dès cet été en OPEX au Sahel devraient commencer à y contribuer;
  • c'est enfin un leitmotiv chez le nouveau CEMA, les armées françaises réalisent leur "pivot" stratégique vers la haute intensité. Cela se concrétisera notamment à travers les retour des grands exercices en milieu centre-Europe.

lundi 7 juin 2021

Nouvelles -et rares- images des Caracal du COS en action au Levant


De nouvelles images circulent sur les réseaux sociaux et viennent nous rappeler que les forces spéciales françaises sont encore très actives sur le front irako-syrien, contre Daesh. Plus encore, elles nous montrent une vraie synergie entre forces occidentales et kurdes.

Ci-dessus: opération menée par un Caracal français - images diffusées le 2 juin par Kurdistan24


Alors que les opérations au Sahel ont actuellement toute notre attention en raison de divers tumultes politiques et sécuritaires, loin des caméras, au Levant, les opérations se poursuivent. Discrètement.

En effet, la traque des cellules du groupe Etat Islamique continue, comme en témoignent de nouvelles images révélées par un média kurde le 2 juin. On y distingue clairement un hélicoptère français opéré par les forces spéciales (les Français sont les seuls à déployer des Caracal dans la région).

Sur ces images (il y a plusieurs vidéos), largement dégradées, on peut apercevoir des opérations appuyées par un hélicoptère H225M "Caracal" des forces spéciales françaises. Une analyse plus fine peut nous amener à conclure que cette action date de quelques mois, le Caracal ne disposant pas de perche de ravitaillement. Or, des Caracal Air, dotés de perche, ont relevé en février dernier les Caracal Terre présents sur place.

Lire aussi: Les Caracal du «Pyrénées» relèvent ceux du 4ème RHFS au Levant


Cela fait environ 3 ans que les Français ont fait le choix de disposer d'un plot d'hélicoptères du COS sur ce théâtre, chose révélée l'année dernière en audition parlementaire. Et l'on sait désormais que les opérateurs français agissent de concert avec les forces spéciales kurdes, à qui elles apportent formation et soutien direct au combat.

Ce qui justifie aussi le maintien d'une flotte conséquente de Rafale sur la base aérienne projetée H5 de Jordanie. 

De telles images, aussi rares soient elles, sont extrêmement précieuses, nous rappelant l'engagement, la plupart du temps dans l'ombre, de ces unités d'exception. Un engagement que nous n'oublions pas.