La start-up bordelaise HyPrSpace, qui développe un lanceur basé sur une motorisation hybride, a annoncé au Bourget que son tir inaugural, qui aura lieu en 2026, se fera depuis un site de la DGA Essais missiles en France métropolitaine. Ce qui laisse deux options: Biscarrosse, ou Toulon.
Ci-dessus: vue d'artiste de Baguette-One - crédit HyPrSpace.
La belle histoire continue entre HyPrSpace et la DGA, qui travaillent ensemble depuis quelques années maintenant (la DGA EM accueillant les essais moteur de la start-up à Bordeaux).
HyPrSpace a en effet annoncé lors du Salon du Bourget la semaine dernière, qu'avant d'envisager les lancements orbitaux depuis la Guyane Française, la première étape passerait par la France métropolitaine grâce à un accord passé avec la DGA EM. Le vol inaugural du démonstrateur Baguette-One, suborbital, se fera donc soit depuis Biscarrosse dans les Landes, soit depuis Toulon. Cet essai est toujours prévu pour 2026.
Dans le même temps, HyPrSpace, qui se définit désormais comme une entreprise à vocation duale, une entreprise du New Defense (nous reviendrons sur cette thématique en juillet) commence à imaginer des applications militaires pour sa future gamme de lanceurs, à commencer par le lanceur suborbital Baguette-One, dont la flexibilité offerte par l'hybridité de sa motorisation offre des perspectives intéressantes en terme d'emploi (réactivité), de coûts (production, carburants), et même de mobilité (stockage, préparation).
Au Bourget, la start-up -de 90 salariés aujourd'hui tout de même- affichait même des vues d'artistes et des maquettes, illustrant par exemple un lancement de charges militaires (en image ci-dessous avec un planeur hypersonique) depuis la remorque d'un TEL, un tracteur-érecteur-lanceur. Une solution a qui attiré tout l'intérêt du ministre des Armées en personne.
Des lancements réactifs pour la défense un jour chez HyPrSpace ? Photo Thomas Schumacher au Bourget 2025.
Sebastien Lecornu devant le stand HyPrSpace au Bourget 2025 - crédit HyPrSpace
L'édition 2025 du Salon international de l'aéronautique et de l'espace, mieux connu sous le nom de Salon du Bourget (le 55ème), aura été marquée par une curieuse sensation. Celle d'être devenu un salon de défense.
Images - Thomas Schumacher / @paxaquitania, MINARM, industriels.
Le pesant parfum de la poudre flottait -ou plutôt soufflait vu la puissance nécessaire pour climatiser cette chaude semaine- dans les larges allées du Salon du Bourget 2025. Etonnant ? Oui en fait, car même en 2023, lors de l'édition qui suivait le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine un an plus tôt, et bien que les sujets défense soient dans toutes les discussions à l'époque déjà, nous n'avions d'une part, pas le même niveau de maturation des systèmes, et d'autre part, pas ce constat d'isolement stratégique de l'Europe résultant de l'élection de Donald Trump.
Certains parmi les 300 000 visiteurs (record absolu) l'auront d'ailleurs amèrement regretté ce climat, y compris chez les professionnels, et en particulier dans le Paris Space Hub, espace géant exclusivement dédié au spatial, mais c'est tout simplement le signe des temps (ajoutons l'ambiance délétère qui régnait autour de la présence d'armes "offensives" [sic] sur les stands israéliens).
Cette année, les projets (je n'ai pas dit programmes, mais on sent tout de même de la maturité) se présentent également de façon différente, avec une propension à l'auto-financement qui, de façon limitée attention (d'autant plus que ce n'est pas possible pour tout le monde), semble inaugurer un retour à la prise d'initiatives, et donc de risques. Ou au coup politique, on peut le voir comme ça.
Problème, même en ces temps de crises et de promesses de budget géant pour la défense, l'Etat reste avare… et se contente souvent d'observer avec une prétendue bienveillance. Il faudra bien enclencher un jour attention, sous peine de casser la machine à innover, et de voir certaines idées partir à l'étranger. Cela serait bien dommage à l'heure où le catalogue à notre disposition se remplit considérablement, et de façon parfois étonnante. Il y avait en effet sur cette édition du Bourget des propositions dont les forces françaises n'auraient pas imaginé rêver il y a quelques années à peine.
Un tour en quelques grands points 👇
Dassault Aviation maître en sa demeure (sauf pour le futur AWACS)
Pour ce Bourget 2025, l'avionneur de Saint-Cloud, qui à en constater la longue file d'attente pour monter à bord des Rafale ou Falcon, reste sans conteste la star du salon, et a choisi ses priorités. Ces dernières sont énumérés dans les sorties presse du PDG Eric Trappier, et se ressentent sur les exhibitions. Pour le court terme donc, c'est le Rafale F5 (2030+). Pour le moyen terme, le drone UCAS (héritier du Neuron en 2035), et pour le long terme un appareil de combat de sixième générationun avion spatial : VORTEX !
Dassault Aviation est enfin sorti du bois sur ce sujet. L'avion spatial habité, ici en héritage direct de feu la navette européenne Hermes, c'est le grand -et prestigieux- rêve du groupe à horizon 2050, mais l'Etat (CNES, DGA, armée de l'Air), qui manque de moyens, ne semble pas totalement convaincu par cet appareil à tout faire qu'il juge très complexe, bien qu'injectant symboliquement 30 millions d'euros dans les études de développement. Dassault devrait donc aussi aller chercher du soutien du côté de l'Agence spatiale européenne, et tenter de fonctionner par étapes (la fameuse méthode itérative du new space ?!?), avec à court terme plusieurs démonstrateurs de taille réduite, puis un drone. Nous aurons l'occasion d'en reparler, car quoiqu'on en pense, le dossier est relancé !
L'Etat apporte un soutien au projet Vortex de Dassault Aviation - Photo MINARM
Concernant le Rafale, nous avons déjà un peu tout dit sur le standard F5, mais le motoriste Safran confirme s'engager dans la remotorisation de l'avion avec le M88 T-REX (9 tonnes de poussée), et Thales prépare un pod de guerre électronique. Les réservoir conformes de 1 200 litres qui donnent un look différent au Rafale étaient visibles, non pas chez Dassault Aviation, mais sur le stand du ministère des Armées, ce qui est une nuance importante. Il n'est pas dit, que pour des questions de maintenance, cette idée n'aille beaucoup plus loin que le bricolage pour la photo.
Le Rafale avec réservoirs conformes sur le stand MINARM, et la bombe AASM XLR - Photo TS.
Mais le standard F5, c'est aussi un drone de combat partenaire de mission, l'UCAS, qui selon la maquette 1:1 dévoilée est une évolution parfaite du démonstrateur Neuron. Un Neuron "durci", "lourd", si l'on veut. Ce drone furtif fera approximativement la taille d'un Mirage 2000, et sera doté d'un seul moteur, le M88 du Rafale, ainsi que du train d'atterrissage de ce dernier. Il pourra être navalisé, mais seulement à bord du porte-avions de nouvelle génération, qui disposera de catapultes électromagnétiques.
Pour la France qui manque clairement de capacités furtives, ce programme apparaît comme structurant pour nos forces aériennes et leur capacité d'entrée en premier, notamment après les démonstrations réalisées en Iran par Israël, puis par les USA.
UCAS : unmanned combat air system - photo TS
Un mot également sur le futur des AWACS de l'armée de l'Air et de l'Espace. Comme pressenti, cela se fera bien avec le système Global Eye de Saab (sur avion porteur Bombardier), la déclaration d'intention est signée depuis le 18 juin pour quatre appareils, dont deux fermes. Probablement davantage au cours de la LPM suivante.
Je plaidais ici même il y a deux ans pour une intégration de la solution Saab sur le Falcon 10X, et il semble bien que Dassault ait eu son mot à dire avant le choix définitif de la DGA. Cette dernière n'a toutefois pas été convaincue par la proposition, car les E3 Sentry de l'armée de l'Air épuisent leur potentiel à vu d'œil. Bref, il ne fallait pas tergiverser, et l'industrie française a tergiversé. Il en ressort un beau geste de la France envers l'Europe, et pour la Suède, qui fournit en capacité d'alerte avancée une puissance nucléaire, c'est un coup absolument magnifique.
Communication politique, en France puis la réponse suédoise.
L'espace en force, et la force dans l'espace
Au delà du Vortex de Dassault, l'espace était assurément l'un des grands points du Bourget 2025, avec pour la première fois, l'imposant Space Hub, mais pas seulement puisque l'armée de l'Air et de l'Espace avait aussi son showroom dédié. Le Space Hub réunissait bien sûr le CNES et l'ESA (pour son cinquantième anniversaire), ains que les start-up qui y bénéficiaient d'une visibilité accrue. Un lieu où tout ce que le spatial européen a de personnalités est venu faire un coucou. Sauf l'astronaute française Sophie Adenot, en formation à Houston, qui assisté en visio à la révélation du nom et du logo de sa mission de 2026 ("Epsilon"), lors de la venue d'Emmanuel Macron le vendredi 20 juin, visite durant laquelle le Président de la République a tenu, au sein du Space Hub, son seul discours officiel du salon, entièrement consacré au spatial donc, et à la teneur très stratégique. S'il faudra finalement attendre octobre pour avoir la nouvelle stratégie spatiale nationale (résolument orientée vers une convergence avec les alliés que sont l'Allemagne, l'Italie, l'Inde, les Emirats, et le Royaume-Uni), le sujet central sera resté celui du spatial comme "jauge de puissance". Une formule présidentielle qui restera.
Au Paris Space Hub, derrière les Agences, on pouvait trouver le stand très central d'ArianeGroup, où en plus du produit emblématique Ariane 6, l'industriel ne se gênait pas pour promouvoir sa filiale MaïaSpace bien sûr, mais aussi de façon beaucoup plus surprenante, son futur missile balistique conventionnel MBT, sa fusée sonde Sylex capable d'emporter le planeur hypersonique V-MAX, ainsi que… le missile stratégique M-51. On ne se cache plus donc.
Mais les start-up de micro-lanceurs (qui comptent bientôt quasiment 100 employés chacune) n'étaient pas en reste, la bordelaise Hyprspace présentant même une maquette de son lanceur suborbital OB-1 adaptée à la flexibilité des missions de défense. Mais nous en reparlerons.
A deux pas, Eutelsat pouvait se targuer d'avoir été complètement rattrapé dans sa chute financière par l'Etat français, qui monte à 30% au capital afin de sanctuariser la constellation de connectivité One Web, que Paris considère comme la seule alternative souveraine au Starlink d'Elon Musk. Eutelsat se voit d'ailleurs offrir 10 ans de contrat militaire avec les forces françaises.
A noter également que le Commandement de l'Espace lançait au Bourget le 19 juin le "cercle de confiance Espace", cadre de discussion privilégié avec les entreprises du secteur, avec l'idée que l'offre et la demande se rencontrent plus directement, pour ne plus perdre de temps.
Emmanuel Macron a enfin annoncé que la France organiserait début 2026 son premier "Space Summit", afin de mobiliser, dans son sens on le devine, les partenaires internationaux.
Le salon de l'aéronautique aérobalistique
Présenter une munition a pour avantage que l'on peut se déplacer indifféremment tous les ans à un grand salon français: le Bourget ou Eurosatory (le salon de l'armement terrestre). Et les munitions ne manquaient pas cette année, à commencer par la Hammer 250 XLR de Safran (photo plus haut), une AASM turbopropulsée par microréacteur Roxel, ce qui permettra à la célèbre bombe de précision française de porter jusqu'à 150 km en 2028 quand elle sera tirée depuis un Rafale, contre 50 à 70 aujourd'hui avec son booster à poudre.
Très médiatisée, mais difficilement accessible sur stand, la fameuse munition de saturation One Way Effector (OWE) de MBDA, était présentée comme le Shahed français, ce drone iranien désormais utilisé par les Russes et qui terrorise la population ukrainienne.
OWE, développée avec un droniste, devra être produite en masse (1 000 exemplaires par mois, grâce à l'industrie automobile ?), n'être pas trop chère, et agir en essaim pour découvrir, saturer, et si possible traiter les capacités de défense aérienne adverses jusqu'à 500 km de distance grâce à une charge explosive de 40 kg. Tout cela sans être brouillée grâce au savoir faire de MBDA dans la navigation et le ciblage dynamique.
Sur le même segment ou presque des munitions téléopérées, Eos Technologie (qu'on a autrefois connu chez nous à Mérignac) montrait sa gamme à microréacteur Veloce, qui est désormais intégrée au catalogue de KNDS. La Veloce 330 va entrer en phase de test au sein des forces françaises, tandis qu'Eos travaille sur "Rodeur" pour plus de portée (500 km) et d'autonomie (8h).
MBDA dévoilait aussi une maquette de lanceur à 4 silos pour la version terrestre de son missile de croisière naval, le MDCN devenu MDCT. On parle ici de longue portée pour ce missile de 2 tonnes capable de parcourir 1 000 km en subsonique. Campagne de tir prévue à Biscarrosse chez DGA EM d'ici 2 ans et demi.
Et puisque l'on parle de lanceur, Turgis & Gaillard , qui avait fait sensation avec le drone Aarok en 2023, est de retour pour combler les trous de la raquette française avec un véhicule lanceur de roquettes, dont le démonstrateur a une fois de plus été financé sur fonds propres, sur la base d'un châssis 6x6 Renault Trucks. Le système se veut rustique, aérotransportable, et surtout agnostique de missiles. Un rapport parlementaire récent préconise l'achat de 48 lanceurs.
Le lanceur Foudre de Turgis & Gaillard - Photo TS.
Je le mentionnais avec ArianeGroup, c'est le retour potentiel des capacités balistiques conventionnelles. Ariane se différencie là de l'offre MBDA, que l'on parle de missiles de croisière ou drones comme le OWE. Chez Ariane, on mise en effet avec MBT (missile balistique tactique) sur l'extra atmosphérique comme facteur différentiant, afin de ne pas être interceptée. Cela vient donc compléter l'offre des munitions endoatmosphériques de très longue portée… où Ariane développe son démonstrateur stratosphérique V-MAX, qui lui aussi est théoriquement impossible à abattre en raison de sa vitesse et de sa manœuvrabilité. Complémentaire, ou alternatif ? Cela dépendra du portefeuille, forcément conséquent, que l'Etat décidera d'allouer à ces capacités de frappe dans la profondeur.
Pour conclure, l'on notera quelques éléments, en retrait, voire carrément absents :
le SCAF bien sûr, avec une maquette de NGF -déjà vieille de 6 ans- placée en retrait, chose remarquée avec un certain étonnement par les Européens présents (je vous le traduis : cela veut dire "pas en bien"). Dassault Aviation et son PDG Eric Trappier veulent imposer une pression monstre à Airbus Defence & Space au moment de négocier la phase de développement d'un démonstrateur de futur avion de combat dont la date du premier vol semble une nouvelle fois avoir glissé (2030 aujourd'hui). Un pari osé, très critiqué par les observateurs, mais qui je l'imagine, pourrait s'avérer payant si Airbus se retrouve poussé dans les cordes. D'autant plus qu'en Allemagne, le géant Rheinmettal multiplie les coups de couteau dans le dos, enchainant les accords de production sous licence avec les Américains de Lockheed Martin (fuselage F-35 entre autres) et Anduril (drone de combat Fury). Airbus serait désormais en quête d'alliances.
Combat collaboratif. Et le NGF, en retrait… symboliquement - Photo Thomas Schumacher
Les commandes !?! Où sont les commandes ??? Chez Embraer ! Plus sérieusement, on pouvait espérer a minima 20 Rafale Air et 10 Marine pour les forces françaises, comme cela avait été suggéré dans la presse ce printemps. Et l'accord avec la Suède et Saab pour le Global Eye n'est pas encore au stade de la commande ferme (cela viendra dans les prochains mois). Sur les drones et munitions terrestres, il s'agira aussi de vraiment accélérer, afin que l'armée de Terre s'exerce.
Concernant les retards, comme je le disais plus haut, la publication de la stratégie spatiale nationale est décalée, ce sera pour octobre à Toulouse lors de l'inauguration des nouvelles installations du Commandement de l'Espace. Et si la stratégie pour la THA (très haute altitude) a bien été présentée par le ministre Sébastien Lecornu, le fameux tir sur ballon atmosphérique qui devait se dérouler en ce mois de juin n'avait toujours pas été réalisé au moment du salon. [MISE A JOUR : succès de plusieurs tirs sur ballons en THA annoncé ce lundi 23 juin !]
Eté toujours, où l'on attend le premier vol du drone Aarok de Turgis & Gaillard. Cela s'est joué à peu pour une annonce au Bourget, mais la météo en a décidé autrement à la date prévue début juin. Une question de semaines désormais, le temps de tout remettre en place. Là encore, j'attends plus d'engagement de la part de l'Etat, T&G ne pourra pas tout faire sur fonds propres. Mais le Aarok continue bien de surfer sur la hype générée en 2023, pendant que l'Eurodrone (Airbus) et le Patroller (Safran) se montraient bien timides une fois de plus. A juste titre…
Les "territoires" : difficile en effet d'exister pour la province quand les questions qui dominent concernent la géopolitique, et donc Paris, ses centres de décisions et ses sièges sociaux. On notera d'ailleurs que les start-up ou PME qui font le plus parler sont celles qui ont été prises sous l'aile du ministère des Armées ou d'un grand groupe. Difficile également sans argent public disponible au niveau régional. Difficile enfin quand on a subi la désindustrialisation, et que ce sont des capacités de production dont on a désormais besoin (par exemple : on ne parle pas cette année de faire financer et construire des usines, mais plutôt d'utiliser celles des géants de l'automobile). A oui au fait… l'Aquitaine et Bordeaux-Mérignac ont perdu Hynaero et son projet de bombardier d'eau Fregate F-100, qui filent à Istres. Mais comme dirait l'autre: "Ce n'est pas grave on va faire des dirigeables !". Heureusement il y a Eurenco, qui signe des accords structurants avec Saab en Suède, et FN Herstal en Belgique.
L'envie d'ajouter tout le secteur civil, où le choses vont bien, très bien même, mais clairement pas sous le feu des projecteurs médiatiquement parlant, surtout quand on connait la chute vertigineuse d'attention (ou pire, d'intérêt ?) que connaissent les problématiques de RSE, en premier lieu la décarbonation. Mais dans ce dernier domaine, les choses vont tout de même bon train, en particulier chez Safran. Quant aux taxis volants, il y en a peut-être deux fois moins qu'en 2023.
Les absents: les Falcon de mission dont on parle vraiment trop peu (ce qui a laissé la place au Global Eye, sur Bombardier G6000). Pas de Mirage non plus, mais les verra-t-on encore ? Tout comme les appareils d'ancienne génération comme l'ATL-2 ? Plus étonnant, l'A330 MRTT n'était pas là non plus. Quand à l'actualité hélicoptère, elle était surtout contemplative avec les vols quotidiens du magnifique démonstrateur Racer d'Airbus, que l'on voit tout de même mal trouver un marché…
Le -magnifique- Racer d'Airbus Helicopters - Photo TS
Pour la première fois, des éléments du chasseur Rafale vont être produits hors de France. Et plus précisément en Inde, dans le cadre du partenariat stratégique qui unit les deux pays et leurs industriels. C'est en effet ce qu'ont annoncé Dassault Aviation et Tata Advanced Systems ce 5 juin.
Ci-dessus: un Rafale dans l'usine de Mérignac (33) - Dassault Aviation
Après des années de spéculations, en raison des offsets négociés dans le cadre du premier contrat Rafale de 2015, Dassault Aviation et Tata Advanced Systems ont annoncé jeudi 5 juin par communiqué la signature de quatre accords de transfert de production pour la fabrication du fuselage du Rafale pour l'Inde "et d'autres marchés internationaux".
Plus précisément, Tata Advanced Systems mettra en place un site de production à Hyderabad pour fabriquer des sections clés du Rafale, dont les corps latéraux du tronçon arrière, le tronçon arrière complet, le fuselage central et la section avant. Les premières sections de fuselage devraient sortir de la chaîne d'assemblage en 2028, avec l'objectif de long terme de produire jusqu'à deux fuselages complets par mois.
Rappelons que l'ouverture d'une seconde chaîne de production, au moins partielle (certains éléments ne pouvant pas être fabriqués hors de France pour des raisons de sécurité nationale), est nécessaire pour atteindre l'objectif, non officiel mais potentiellement nécessaire en cas de nouvelle crise internationale, de cinq Rafale par mois.
Etant donné l'actuel carnet de commande de Dassault, et l'évolution du marché, l'usine de Mérignac elle, peut voir venir pour quasiment une décennie.
L'Inde, qui vient de commander 26 Rafale pour sa Marine au mois d'avril, est cliente de l'appareil depuis 2015, lorsqu'elle avait opté pour 36 appareils pour son armée de l'air. Il y a quelques semaines, au cours d'un affrontement historique avec le Pakistan, elle a perdu son premier Rafale au combat.
Du 12 au 23 mai se déroule sur la côte aquitaine le grand exercice des forces spéciales Air, Athena. L'occasion de découvrir des images exceptionnelles impliquant A400M, hélicoptères Caracal, et Rafale de l'armée de l'Air et de l'Espace.
Images : armée de l'Air et de l'Espace.
Alors que les premières qualifications de pilotes concernant le ravitaillement en vol des hélicoptères Caracal des forces spéciales (régiment basé à Cazaux) par l'Airbus A400M ne datent que de la fin de cet hiver 2025, l'armée de l'Air et de l'Espace nous offre de splendides images provenant de l'exercice "Athena", dont la dernière édition se déroule du 13 ou 23.
Athena, exercice sur-mesure -et même un "entraînement qualifiant"- pensé par et pour les forces spéciales Air, voit la conduite d'une dizaine de missions aux scénarios variés: contre-terrorisme, action dans la profondeur, renseignement et activité en zone grise militarisée. Ceux-ci impliquent la base aérienne 120 de Cazaux, la base aérienne 126 de Solenzara (Corse), la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan et le champ de tir de Captieux (Landes).
L'armée de l'Air y aligne les hélicoptères Caracal de Cazaux, l’escadron de transport (ET) 3/61 “Poitou” venu d'Orléans, les commandos parachutistes de l’air n° 10 et n° 30, ainsi que les Rafale de l’escadron de chasse (EC) 2/30 “Normandie-Niémen”, depuis Mont-de-Marsan. Sans oublier de mentionner les modules d’appui aux opérations spéciales (sapeurs du génie de l’air, spécialistes du renseignement, des systèmes d’information et communication).
Mais encore, de façon plus générale, le COS, dans son sens large, ainsi que les alliées, étaient aussi présents aux côtés de l'armée de l'Air: 1er RPIMa, 4e régiment d’hélicoptères forces spéciales (RHFS), commandos et équipages d’hélicoptères espagnols de l’Ejercito del aire, et enfin des C-130J américains de l’Air Force.
Le Président du Conseil Départemental des Landes, Xavier Fortinon, a révélé le 5 mai sa déception quant au choix du Ministère de l'Intérieur de clôturer le dossier d'études sur l'établissement d'une seconde base aérienne pour les avions de la Sécurité Civile. Celle-ci était annoncée depuis 2023 sur la BA118 de Mont-de-Marsan.
Pour les archives : on se souvient qu'en août 2023, un an après les terribles mégafeux qui avaient touché la Gironde et les Landes, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Gérald Darmanin, avait annoncé l'implantation d'une base de la Sécurité Civile à Libourne (33), ainsi que l'étude pour la constitution d'une base aérienne permanente de Canadair et autres appareils de lutte anti-incendie, du côté de Mont-de-Marsan (40).
Si la base de Libourne est bel et bien existante aujourd'hui, il semble que tout cela n'était que politique et communication concernant Mont-de-Marsan (question que l'on se posait déjà en 2023). Trop cher ? Trop complexe ? Inutile ? Quelques éléments de réponse dans cette vidéo des toujours excellents experts d'Aerobuzz :
La start-up AERIX SYSTEMS dévoile officiellement le 22 avril son drone AXS-µ1, un produit dont les caractéristiques ne laissent aucun doute quant à sa finalité: les interventions tactiques militaires.
Source & images : Aerix Systems.
Nous en parlions il y a tout juste un an, Aerix Systems développe au sein de l'incubateur de Bordeaux Technowest, à Mérignac, une technologie de propulsion omnidirectionnelle pour les drones. Ces derniers deviennent ainsi plus agiles que jamais, et surtout plus robustes dans certaines conditions climatiques (en particulier face au vent). La jeune entreprise, qui continue de viser certains marchés comme l'inspection des hautes structures exposées (éoliennes, lignes haute-tension...), vise également le secteur très porteur de la défense et de la sécurité, dans lequel les drones connaissent une véritable révolution des usages dans le domaine tactique. Y compris lorsqu'il s'agit de chasser le drone adverse...
Aerix Systems dévoile donc son nouveau produit (il existe déjà une première plateforme, l'AXS-M1) : l’AXS-µ1, une plateforme d'intervention compacte développée, assemblée et testée en France. Conçue pour s’adapter aux contraintes opérationnelles, l’AXS-µ1 combine propulsions omnidirectionnelles, architecture modulaire et interopérabilité multi-supports. Le résultat est selon la start-up une agilité tactique optimale, même en environnements complexes, pour des déploiements rapides sur tous types de théâtres d’opérations.
Les caractéristiques principales du drone, selon le communiqué, sont les suivantes :
• Vitesse : jusqu’à 200 km/h.
• Endurance : jusqu’à 20 km.
• Résistance au vent : jusqu’à 100 km/h.
• Dimensions : 40 cm x 40 cm.
• Charge utile : jusqu’à 1,5 kg (reco.750g).
• Autonomie (chargée) : 15 min.
L'appareil, seul ou en essaim, peut être contrôlé via tablette ou directement avec la vision intégrée dans un casque FPV (first personn view).
Surtout, Aerix annonce être opérationnelle, avec des premières unités qui sont prêtes à être livrées. Elle lance donc un appel aux "intégrateurs, opérateurs, ou acteurs de la défense et de la sécurité, en France ou à l’international", se déclarant disposée à procéder à des démonstrations, PoC (preuve de concept) ou précommandes.
Le droniste bordelais MILTON, racheté et intégré au groupe Etienne Lacroix depuis l'automne 2023, présentait au salon SOFINS la dernier né de sa gamme de drones tactiques, le Sky Watcher. Voulu aussi polyvalent que modulaire, le système prouve que la filière française est enfin en mesure de répondre aux besoins d'un marché bouleversé depuis la guerre en Ukraine.
Projet dévoilé, mais pas vraiment montré (phase de prototypage) à Eurosatory en juin 2024, le mini-drone Sky Watcher de Milton a été présenté au salon des forces spéciales SOFINS 2025, début avril. Il s'agit du troisième drone tactique pour la PME bordelaise d'une trentaine de salariés -dont 15 ingénieurs- qui a été rachetée en 2023 par le groupe de défense Etienne Lacroix.
Bien que considéré comme un drone tactique, le quadrirotor Sky Watcher se veut avant tout compact (ses rotors sont pliables, ses patins démontables), et capable d'être opéré par un seul homme muni d'un sac à dos, en quelques minutes.
Pour développer son nouveau produit, Milton a bien évidemment pris en compte le retour d'expérience du conflit ukrainien, avec un appareil qui se veut à la fois robuste (électroniquement parlant) et ultra fiable, tout en étant extrêmement modulaire et facile à produire. Son autonomie est d'une heure jusqu'à 10 kilomètres, avec une capacité d'emport de "plusieurs kilos" (autour de 3 a priori, en plus de la boule optronique).
Niveau emport justement, c'est sa modularité qui doit faire sa force en termes de charges utiles tactiques : boule optronique (le catalogue est varié), charge ROEM (renseignement d'origine électromagnétique), et le fameux DLC, un dispositif de libération de cartouches capable de délivrer différents types de grenades de 40 ou 56mm, fumigènes, incapacitantes, ou même pyrotechniques.
A noter que Milton travaille d'arrache bien sur la robustesse de ses liaisons de données. Il n'est à ce stade pas envisagé de doter le drone d'un système filaire à fibre optique comme on peut le voir sur le front ukrainien, un des seuls moyens infaillibles face au brouillage.
Des efforts de R&D, au niveau de la miniaturisation notamment, ont spécifiquement été fournis par l'entreprise afin d'intégrer des capteurs & antennes GNSS. Les équipes ont également développé un nouveau système de “batterie intelligente” avec un partenaire français (tout le système est naturellement ITAR FREE).
Comme tous les drones de Milton (LRO, SkyKeeper) le Sky Watcher sera opéré à partir de l’une des trois stations sol de la gamme GCS Milton. Les logiciels (opérations, simulation, formation) sont aussi développés par l'entreprise. Ils intègrent d'ores et déjà les cas de figure de pilotage en essaims.
Le Sky Watcher sera commercialisable dès la fin de cette année 2025.
Une filière drones française enfin structurée ?
Dans les allées du SOFINS, il y avait un certain nombre de drones, mais pas autant qu'on pourrait le penser, d'autant plus que finalement, ils sont peu parmi les Français à avoir atteint la maturité nécessaire en termes de R&D comme d'offre commerciale sur ce segment. Surprenant, quand on sait que la filière drones a eu plus d'une décennie pour se développer après les terrifiants constats d'échec du début des années 2010. Au tournant de 2020, elle [la filière] semblait pourtant encore se chercher, et c'est le grand bouleversement apporté par l'invasion de l'Ukraine en 2022 qui a changé la donne.
Désormais, les objectifs, ou plutôt devrais je dire les exigences, ont changé, alors que l'Etat entend expérimenter à tout va. Les produits (et cela concerne en particulier les drones, soudainement devenus la nouvelle AK-47 du combat futur) doivent non seulement répondre à des besoins, des missions prioritaires sur le terrain des opérations, mais aussi offrir des capacités de modularités, d'évolution rapides (une technologie peut aujourd'hui être obsolète en un mois sur le front ukrainien), et bien entendu de production de masse sans précédent. S'agissant de cette dernière question, le prix devient de facto un argument clé à l'heure du low cost et du "consommable". Chez Milton, on assure ne pas être très éloigné des prix pratiqués par les Chinois.
Et tandis que les grands de l'aéronautique, comme Thales, Safran ou Airbus ont dû s'adapter, voire se réinventer (certains d'entre eux n'ont d'ailleurs pas du tout terminé ce cheminement), des acteurs comme Milton avec Eugène Lacroix, ou tout dernièrement Hexadrone avec Rivolier, ont eu la chance d'intégrer de solides projets au sein d'ETI qui cherchaient à mettre un pied dans ce domaine forcément porteur, car stratégique, ce qui leur apporte enfin la colonne vertébrale nécessaire à un développement plus serein, centré sur l'innovation permanente.
On pensera également à d'autres entreprises, comme EOS ou Delair, qui ont su convaincre et embarquer dans des programmes structurants de l'Agence de l'Innovation de Défense, sous la tutelle de grands comme MBDA et KNDS. La preuve avec ce dernier point que ce segment du ciel est désormais mieux appréhendé par les spécialistes du combat (aéro)terrestre que par ceux de l'aéronautique ? Nous aurons l'occasion de nous reposer la question au prochain salon du Bourget.
Pour ce qui nous concerne sur le blog, les drones continueront de rester un sujet tout au long de cette année, puisque se déroule à la rentrée prochaine à Bordeaux une nouvelle édition du salon UAV Show, où le militaire prendra une place certaine, et même inédite pour cet événement. Nous y retrouverons quelques locaux, dont la prometteuse start-up Aeryx Systems.
Ci dessous en image sur le salon, le Sky Watcher de Milton, ici replié et équipé :
Autre exemple de système prometteur, chez Hexadrone (source Mars Attaque blog):
Mais aussi, la munition rodeuse Toutatis de Thales, qui se tire depuis un mortier :
Les ministres des Armées Sébastien Lecornu et de l'Économie Eric Lombard étaient jeudi dernier à Bergerac pour l'inauguration de la première ligne de production de poudre gros calibre pour système d'artillerie de l'usine Eurenco de Bergerac. Un dossier emblématique du réarmement européen initié depuis 2022.
Source photo : ministre des Armées.
Je ne reviendrai pas ici sur le dossier Eurenco, société passée en trois ans du statut de petite entreprise de province inconnue à l'un des fers de lance du réarmement du continent européen. Car oui, c'est toute l'Europe qui semblait avoir oublié que, bien malheureusement, faire parler la poudre est l'apanage des puissances, ce que l'on a tous fait mine de (re)découvrir quand la pléthorique artillerie russe s'est mise à tonner sur le front ukrainien.
Le contexte étant ce qu'il est, Eurenco peut voir venir, avec une décennie de commandes au carnet. L'entreprise prévoit de produire jusqu'à 1 800 tonnes de poudre par an, afin d'alimenter jusqu'à 1,2 million de charges modulaires (il faut généralement 5 charges pour tirer un obus avec un canon Caesar). L'export constitue déjà la majorité des commandes (70%), même si les clients prioritaires sont bien évidemment l'Ukraine, et la France.
Associé à d'autres capacités françaises (comme les corps d'obus des Forges de Tarbes où la production va quadrupler, mais aussi européennes (les investissement absolument faramineux de Rheinmetall), on peut réellement dire que les choses sérieuses commencent maintenant.
D'autres chiffres concernant les munitions et l'artillerie ? Safran a produit 600 bombes AASM en 2024, et vise le triplement. KNDS France sortait 2 canons Caesar par mois en 2022, c'est - désormais, et ce sera 8 courant 2024, l'objectif étant 12 finalement. MBDA a augmenté sa production de missiles Aster de 50% depuis 2022 (France, Royaume-Uni et Italie viennent de commander plus de 200 nouveaux missiles). Quant à Thales, qui a par ailleurs augmenté la production de radars, ce sont 80 000 roquettes qui sortiront des chaînes en 2026, contre 20 000 en 2023. Et l'on commence désormais aussi à évoquer les munitions de petits calibres…
Mais il y avait, jeudi 20 mars, un élément tout aussi important et structurant à signaler, que nos deux ministres ont d'ailleurs largement commenté. Ces derniers arrivaient en effet tout droit de Paris, où s'était tenue une grande et inédite conférence sur le financement de la défense (et on le précise au cas où: le financement des entreprises, pas du budget des Armées).
Une initiative, semble-t-il, couronnée de succès et qui ne devrait pas accoucher d'une souris, au moins si l'on en croit les différences annonces (l'arrivée à la BPI et dans les banques des fameux plans d'épargne fléchés), et surtout les retours de plusieurs personnalités du monde économique, qu'ils soient entrepreneurs ou financiers. D'un coup d'un seul, la crainte mutuelle entre ces deux mondes, voire le ressentiment parfois, a disparu. Pour un temps du moins.
Le fait est que si les grands groupes n'ont pas de problème pour investir ou emprunter, ce n'est pas le cas des start-up, ou surtout des PME & ETI, notamment quand celles-ci sont sous-traitantes et ne peuvent suivre la montée en cadence demandée par les géants sans dangereusement mettre leur trésorerie en danger. L'arrivée des financeurs, soudain dévergondés (ne nous cachons pas que cela se fera probablement au détriment du "verdissement" de l'économie, le secteur des RSE risquant de tomber en décrépitude), constitue en soit bien plus qu'une bulle d'air. Une vraie rupture.
La société bordelaise Icarus Swarm a testé aux côtés de l'armée de Terre la mise en oeuvre d'essaims de drones depuis des véhicules blindés.
Images : armée de Terre / Icarus Swarm.
Icarus Swarm est une PME bordelaise à la notoriété plutôt confidentielle, mais vous les connaissez peut-être sous le nom de leur société sœur -ou plutôt mère- Dronisos, spécialiste des spectacles géants impliquant des milliers de drones. Depuis la déclenchement de la guerre en Ukraine en effet, et l'impact que constitue la révolution des drones sur le champ de bataille, Dronisos a fondé Icarus pour mettre à profit son expérience des essaims de drones dans une collaboration avec le monde de la défense.
Présente en Californie pour l'exercice multinational "Capstone 5" (Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande), consacré à la robotique et à ses ruptures, Icarus Swarm et la 13e DBLE (demi-brigade de blindés légers) ont mené des essais grandeur nature en installant des "ruches" directement sur le toit d'un blindé Griffon de l'armée de Terre. Le test incluait aussi un 4x4 Masstech.
Ouverte, planifiée, participative … Zoom en vidéo sur quelques innovations de l’Armée de Terre.
— Commandement du combat futur (@CombatsFuturs) March 19, 2025
Même si l'exercice impliquait une zone plutôt réduite (quoique, les opérations drones vs drones en Ukraine se limitent à une bande de quelques kilomètres d'épaisseur), on comprend ici tout l'intérêt de s'exercer au déploiement et à l'action rapide (environ 20 minutes tout compris) pour une équipe d'opérateurs à bord de deux véhicules seulement.
La campagne touchait au domaine du C2, le Command & Control. Dans cas d'espèce en effet, pas de drone suicide, ou du moins pas encore, mais un essaim qui durant le survol d'une zone, permet sa modélisation en trois dimensions, au service des planificateurs.
Plus généralement, la maîtrise de cette capacité à déployer des essaims, qui va bien au delà de l'utilisation faite aujourd'hui (1 opérateur pour 1 drone), est évidemment urgente.
L'armée de l'Air annonce ce 12 mars la réussite de la première campagne de ravitaillement en vol pour le Caracal et l’ A400M des forces spéciales air. L'opération a été réalisée le 5 février 2025 au large du bassin d'Arcachon.
Images: Armée de l'Air et de l'Espace.
Ceux qui ont connu ce blog à ses grandes heures se rappelleront que le ravitaillement en vol des hélicoptères Caracal français est une problématique de longue date. On se souvient en effet qu'il y a une dizaine d'années, l'A400M, pour diverses raisons techniques sur lesquelles nous ne reviendrons pas/plus- était incapable de mener à bien la mission de ravitaillement des hélicoptères.
Au Sahel comme lors d'exercices en France, les forces spéciales Air, qui opèrent depuis Cazaux avec les hélicoptères Caracal de l’escadron 1/67 « Pyrénées », ont donc longtemps opéré avec les C-130J américains (ou plus rarement, italiens et espagnols), avant que la France ne reçoive finalement ses propres appareils (toujours pour compenser les manques de l'A400M).
Durant cette période, Airbus a travaillé dur pour adapter la solution à l'A400M, jusqu'à ce que des essais soient entamés à partir de 2020 par l'avionneur.
Nous voici cinq ans plus tard, et un avion de transport A400M Atlas de l’escadron de transport 3/61 « Poitou » a donc enfin ravitaillé en vol un hélicoptère Caracal à Cazaux.
L'armée de l'Air et de l'Espace nous précise dans un communiqué qu'avant la validation de l'opération, une première semaine d’entraînement a eu lieu pour la formation des Aviatrices et Aviateurs de l’armée de l’Air et de l’Espace à cette nouvelle capacité : deux pilotes d’A400M Atlas ainsi que quatre chefs de soute ont été formés pour le « Poitou ». Du côté du « Pyrénées », ce sont sept pilotes qui sont désormais qualifiés au ravitaillement et ce, de jour comme de nuit.
L'armée de l'Air se permet ainsi aujourd'hui de célébrer la "naissance d’un nouveau tandem 100 % « forces spéciales air » : A400M - Caracal."
Un peu d'autonomie stratégique qui tombe à point nommé.
HyprSpace (lanceurs) et SpaceDreamS (infrastructures sol) poursuivent leur partenariat et annoncent que le lanceur OB-1 sera tiré depuis la plate-forme mobile NuPad.
Il était normalement prévu ce soir de parler du lancement d'Ariane 6 et du satellite militaire CSO-3, mais celui-ci est une nouvelle fois reporté. Cela commence à faire… depuis 2021 (le média La Tribune évalue à 30 millions d'euros le surcoût du aux retards pour le ministère des Armées).
Ce sera donc du new space avec HyPrSpace ! Les bordelais, pionniers dans la conception de micro-lanceurs à propulsion hybride, se sont associés depuis octobre 2023 à SpaceDreamS (Paris & Toulouse), spécialiste des infrastructures sol, pour la qualification des moteurs de leurs futurs lanceurs. Jusqu'à ce 24 février 2025, où les deux entreprises annoncent une nouvelle étape dans leur collaboration. Cette alliance, déjà couronnée par les succès des essais moteur Terminator, les avancées du projet PADA11 et la signature du contrat R2D22, entre dans sa seconde phase et accélère avec le développement du « NuPad » : premier pas de tir modulaire et multisite de lancement.
Les deux entreprises, qui vont jusqu'à parler de « symbiose industrielle », veulent afficher une vision commune ouvrant la voie vers un accès à l’espace véritablement rentable, pérenne et interopérable. Et c'est dans ce contexte que l'on découvre le NuPad, un pas de tir mobile à déploiement rapide, transportable via conteneurs maritimes. Doté d'interfaces universelles pour intégrer des lanceurs de dimensions variables (pour de l'orbital ou du suborbital), il est annoncé comme compatible avec tous types de propulsion et mises en œuvre standardisées.
Il sera ainsi en capacité de tirer, depuis la Guyane Française, les lanceurs d'HyprSpace, à savoir Baguette One le lanceur suborbital monoétage de 10 mètres dont le premier vol inaugural est prévu pour 2026, et OB-1 (Orbital Baguette One), le lanceur orbital qui volera lui fin 2027.
Le sous-traitant corrézien LMB Aerospace, qui fabrique principalement des ventilateurs électriques pour l’aéronautique, la défense, ou encore le ferroviaire, devrait être racheté par le groupe américain Loar. Une nouvelle qui interroge dans le contexte géopolitique actuel, mais qui rappelle encore une fois les limites de développement dont pâtissent les petites entreprises en France.
Installée en Corrèze depuis 1956, LMB Aerospace est une PME d'environ 75 collaborateurs réalisant 40 millions d'euros de chiffres d'affaires. Elle fabrique moteurs et systèmes de refroidissement (ventilateurs) pour des industries stratégiques. C'est ainsi que l'on retrouve ses équipements sur des avions de combat partout dans le monde, des hélicoptères, trains à grande vitesse, chars… et même le porte-avions Charles de Gaulle.
Or, LMB réalise aujourd'hui le tiers de son CA en Amérique du Nord, où ses perspectives de croissance sont les plus prometteuses.
C'est donc dans ce contexte que le groupe new yorkais Loar Group (fabricant de composants sur le même segment, mais 10x plus important que LMB) est entré en négociations avec les différents groupes actionnaires de LMB (principalement Tikehau Capital) pour un rachat de cette dernière. Le montant de la vente serait de 365 millions d’euros, soit une rentabilité de 100% pour Tikehau Capital qui avait acquis LMB en 2022.
Alors est ce une nouvelle affaire Photonis (qui a changé de nom en 2023 pour devenir Exosens), ce spécialiste français de l'optique militaire qui était il y a quelques années au cœur d'un imbroglio politique suite à sa tentative de rachat par un groupe américain ?
Dans un contexte transatlantique tendu comme jamais, l'affaire ne devrait cependant pas prendre trop d'ampleur, malgré quelques signes d'irritation aperçus dans la presse depuis une semaine. Etant donné son implication dans la défense nationale, comme "actif stratégique", la vente devra dans tous les cas être approuvée à la fois par le ministère des Armées et par Bercy. Afin d'être complet, il faut aussi rappeler que LMB a déjà appartenu à un groupe américain, de 2000 à 2012.
Enfin, cette nouvelle vente est aussi et surtout le symptôme des manques criants de mobilisation financière "made in France" pour soutenir l'industrie, en particulier les PME et ETI sous-traitantes aux finances fragiles et clientèles en nette position de domination (l'exemple le plus connu étant celui d'Airbus face à ses sous-traitants), laissant ces entreprises à la merci de la première belle opportunité venue du monde anglo-saxon ou d'Asie.
Mais avec le bouleversement stratégique en cours, et le sommet à venir sur le financement de la défense, annoncé pour le 20 mars au ministère de l'Economie, nous sommes enfin en droit d'espérer une libération -de leurs chaînes- des capitaux nationaux, au profit des activités stratégiques.
Liste des matériels comportant des équipement LMB, et exemple avec le NH90 :
Des images rares (mais la campagne l'est également) ont été révélées au début du mois par la Direction générale de l'armement. Il s'agit de l'impressionnant essai, à Biscarosse sur le site du centre d'expertise et d'essais DGA Essais de missiles, d'une bombe de 1000 kg propulsée sur un rail de 2km à la vitesse qu'elle atteindrait lors de son largage par un avion de combat en opération. Ce test permet de reproduire et analyser au sol les caractéristiques de vitesse et d’accélération des systèmes d’armes.