vendredi 28 février 2025

Vers un rachat américain du corrézien LMB Aerospace


Le sous-traitant corrézien LMB Aerospace, qui fabrique principalement des ventilateurs électriques pour l’aéronautique, la défense, ou encore le ferroviaire, devrait être racheté par le groupe américain Loar. Une nouvelle qui interroge dans le contexte géopolitique actuel, mais qui rappelle encore une fois les limites de développement dont pâtissent les petites entreprises en France.

Installée en Corrèze depuis 1956, LMB Aerospace est une PME d'environ 75 collaborateurs réalisant 40 millions d'euros de chiffres d'affaires. Elle fabrique moteurs et systèmes de refroidissement (ventilateurs) pour des industries stratégiques. C'est ainsi que l'on retrouve ses équipements sur des avions de combat partout dans le monde, des hélicoptères, trains à grande vitesse, chars… et même le porte-avions Charles de Gaulle.

Or, LMB réalise aujourd'hui le tiers de son CA en Amérique du Nord, où ses perspectives de croissance sont les plus prometteuses. 

C'est donc dans ce contexte que le groupe new yorkais Loar Group (fabricant de composants sur le même segment, mais 10x plus important que LMB) est entré en négociations avec les différents groupes actionnaires de LMB (principalement Tikehau Capital) pour un rachat de cette dernière. Le montant de la vente serait de 365 millions d’euros, soit une rentabilité de 100% pour Tikehau Capital qui avait acquis LMB en 2022. 

Alors est ce une nouvelle affaire Photonis (qui a changé de nom en 2023 pour devenir Exosens), ce spécialiste français de l'optique militaire qui était il y a quelques années au cœur d'un imbroglio politique suite à sa tentative de rachat par un groupe américain ?

Dans un contexte transatlantique tendu comme jamais, l'affaire ne devrait cependant pas prendre trop d'ampleur, malgré quelques signes d'irritation aperçus dans la presse depuis une semaine. Etant donné son implication dans la défense nationale, comme "actif stratégique", la vente devra dans tous les cas être approuvée à la fois par le ministère des Armées et par Bercy. Afin d'être complet, il faut aussi rappeler que LMB a déjà appartenu à un groupe américain, de 2000 à 2012.

Enfin, cette nouvelle vente est aussi et surtout le symptôme des manques criants de mobilisation financière "made in France" pour soutenir l'industrie, en particulier les PME et ETI sous-traitantes aux finances fragiles et clientèles en nette position de domination (l'exemple le plus connu étant celui d'Airbus face à ses sous-traitants), laissant ces entreprises à la merci de la première belle opportunité venue du monde anglo-saxon ou d'Asie. 

Mais avec le bouleversement stratégique en cours, et le sommet à venir sur le financement de la défense, annoncé pour le 20 mars au ministère de l'Economie, nous sommes enfin en droit d'espérer une libération -de leurs chaînes- des capitaux nationaux, au profit des activités stratégiques.  

Liste des matériels comportant des équipement LMB, et exemple avec le NH90 : 



1 commentaire:

  1. Bonjour.
    Même si LMB Aerospace ne relève pas d’une activité stratégique, elle est une composante de l’industrie de défense nationale. Elle doit donc rester dans le giron français. Le financement d’une solution française n’est pas à ce point exorbitant qu’il soit impossible.
    Et les USA s’éloignent d’eux même à pas de géant du périmètre de nos alliés.

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