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vendredi 25 juillet 2025

Futur avion espion français, le Falcon Archange déploie enfin ses ailes


Le premier des trois Falcon Archange, futurs avions espions de l'armée de l'Air et de l'Espace, a pris son envol. Les images nous montrent un appareil très largement modifié pour le programme de Capacité Universelle de Guerre Électronique (CUGE). 

Images : le premier vol de l'Archange - © Dassault Aviation / V. Almansa


La Direction Générale de l’Armement (DGA) et le ministre des Armées Sébastien Lecornu ont communiqué ce vendredi 25 juillet sur le premier vol du très très attendu remplaçant des Transall Gabriel (retirés en 2022 déjà), à savoir l'avion développé dans le cadre du programme Archange (Avions de renseignement à charge utile de nouvelle génération), sur la base du nouveau Falcon 8X de Dassault Aviation

Archange, qui découle de CUGE (Capacité Universelle de Guerre Électronique), est inscrit dans l'actuelle Loi de programmation militaire 2024-2030, qui prévoit que trois appareils seront livrés entre 2028 et 2030.

Ils rejoindront l’armée de l’Air et de l’Espace où ils seront opérés depuis la Base aérienne 105 d'Evreux. Equipés par Thales, ils contribueront à la capacité de la France à collecter et analyser des informations stratégiques grâce "au plus haut standard pour la détection de signaux de communication et d'émissions radar", selon le ministre. 

Ce premier vol, qui arrive un peu en retard (lors de l'annonce en 2019 en effet, on les attendait pour 2025-2027), tombe surtout à point nommé à l'heure où l'Europe n'est plus certaine de pouvoir compter sur le puissant réseau de renseignement américain. Du moins à son bénéfice. 
Cet envol nous montre également que le 8X, avion que l'on connait relativement encore mal, a subi des modifications très importantes de sa cellule… 

Le programme CUGE prévoit une flotte de trois Falcon Archange seulement. Le contexte géostratégique ayant évolué en Europe, et la France se positionnant comme leader dans le domaine aéro(&)spatial, on se dit que finalement, cinq ou six de ces avions de renseignement ITAR FREE ne seraient pas du luxe. 



vendredi 6 juin 2025

Premiers éléments sur la production du Rafale hors de France

Pour la première fois, des éléments du chasseur Rafale vont être produits hors de France. Et plus précisément en Inde, dans le cadre du partenariat stratégique qui unit les deux pays et leurs industriels. C'est en effet ce qu'ont annoncé Dassault Aviation et Tata Advanced Systems ce 5 juin. 

Ci-dessus: un Rafale dans l'usine de Mérignac (33) - Dassault Aviation


Après des années de spéculations, en raison des offsets négociés dans le cadre du premier contrat Rafale de 2015, Dassault Aviation et Tata Advanced Systems ont annoncé jeudi 5 juin par communiqué la signature de quatre accords de transfert de production pour la fabrication du fuselage du Rafale pour l'Inde "et d'autres marchés internationaux".

Plus précisément, Tata Advanced Systems mettra en place un site de production à Hyderabad pour fabriquer des sections clés du Rafale, dont les corps latéraux du tronçon arrière, le tronçon arrière complet, le fuselage central et la section avant. Les premières sections de fuselage devraient sortir de la chaîne d'assemblage en 2028, avec l'objectif de long terme de produire jusqu'à deux fuselages complets par mois.

Rappelons que l'ouverture d'une seconde chaîne de production, au moins partielle (certains éléments ne pouvant pas être fabriqués hors de France pour des raisons de sécurité nationale), est nécessaire pour atteindre l'objectif, non officiel mais potentiellement nécessaire en cas de nouvelle crise internationale, de cinq Rafale par mois. 

Etant donné l'actuel carnet de commande de Dassault, et l'évolution du marché, l'usine de Mérignac elle, peut voir venir pour quasiment une décennie. 

L'Inde, qui vient de commander 26 Rafale pour sa Marine au mois d'avril, est cliente de l'appareil depuis 2015, lorsqu'elle avait opté pour 36 appareils pour son armée de l'air. Il y a quelques semaines, au cours d'un affrontement historique avec le Pakistan, elle a perdu son premier Rafale au combat.  


mercredi 23 avril 2025

Aerix Systems dévoile son nouveau drone d'intervention AXS-µ1


La start-up AERIX SYSTEMS dévoile officiellement le 22 avril son drone AXS-µ1, un produit dont les caractéristiques ne laissent aucun doute quant à sa finalité: les interventions tactiques militaires. 

Source & images : Aerix Systems.


Nous en parlions il y a tout juste un an, Aerix Systems développe au sein de l'incubateur de Bordeaux Technowest, à Mérignac, une technologie de propulsion omnidirectionnelle pour les drones. Ces derniers deviennent ainsi plus agiles que jamais, et surtout plus robustes dans certaines conditions climatiques (en particulier face au vent). La jeune entreprise, qui continue de viser certains marchés comme l'inspection des hautes structures exposées (éoliennes, lignes haute-tension...), vise également le secteur très porteur de la défense et de la sécurité, dans lequel les drones connaissent une véritable révolution des usages dans le domaine tactique. Y compris lorsqu'il s'agit de chasser le drone adverse...  


Aerix Systems dévoile donc son nouveau produit (il existe déjà une première plateforme, l'AXS-M1) : l’AXS-µ1, une plateforme d'intervention compacte développée, assemblée et testée en France. Conçue pour s’adapter aux contraintes opérationnelles, l’AXS-µ1 combine propulsions omnidirectionnelles, architecture modulaire et interopérabilité multi-supports. Le résultat est selon la start-up une agilité tactique optimale, même en environnements complexes, pour des déploiements rapides sur tous types de théâtres d’opérations.



Les caractéristiques principales du drone, selon le communiqué, sont les suivantes :

• Vitesse : jusqu’à 200 km/h.

• Endurance : jusqu’à 20 km.

• Résistance au vent : jusqu’à 100 km/h.

• Dimensions : 40 cm x 40 cm.

• Charge utile : jusqu’à 1,5 kg (reco.750g).

• Autonomie (chargée) : 15 min.

L'appareil, seul ou en essaim, peut être contrôlé via tablette ou directement avec la vision intégrée dans un casque FPV (first personn view).  



Surtout, Aerix annonce être opérationnelle, avec des premières unités qui sont prêtes à être livrées. Elle lance donc un appel aux "intégrateurs, opérateurs, ou acteurs de la défense et de la sécurité, en France ou à l’international", se déclarant disposée à procéder à des démonstrations, PoC (preuve de concept) ou précommandes.



vendredi 11 avril 2025

L'écosystème bordelais se prépare t-il a accueillir le Global Eye de Saab ?

En regrettant publiquement l'installation d'un concurrent à Bordeaux, le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a attiré l'attention sur un dossier très stratégique, qui fait dernièrement l'objet d'un flot croissant de rumeurs. Ce dossier, c'est le remplacement des AWACS de l'armée de l'Air et de l'Espace. 

Image ci-dessus: l'avion d'alerte avancée GlobalEye - Saab. 


Résumons notre affaire. Auditionné ce mercredi 9 avril en Commission Défense de l'Assemblée Nationale, au sujet de l’Europe de la défense et des coopérations européennes, le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier, a répondu de la sorte à une question sur le possible choix par l'armée de l'Air et de l'Espace de la solution GlobalEye de Saab sur appareil Bombardier canadien: 

« Ça m’embêterait quand même que mon concurrent canadien, même si j’ai beaucoup de respect pour mes concurrents, rentre dans le domaine de la défense. En plus, si j’ai bien compris, il vient s’installer dans la région bordelaise où je me mobilise dans un contexte difficile, sur les droits de douane avec les Falcon ». 

(…) 

« Cela m’embêterait que Saab, qui n’est pas une société particulièrement française mais que j’apprécie, vienne faire du travail sur un Bombardier. Je pense qu’il serait beaucoup plus intelligent de faire travailler les gens qui travaillent déjà sur les Falcon en région Aquitaine et ailleurs plutôt que de travailler sur un avion canadien ».


Pour être plus précis, il s'agit de mentionner qu'Eric Trappier répondait ici à la question de madame Marie Recalde, Députée (PS) de la 6ème circonscription, de la Gironde, la même qui héberge le très stratégique aéroparc bordelais (Mérignac, Saint-Médard, Martignas…), un des poumons de la BITD nationale (armée de l'Air, ArianeGroup, Thales, Safran, Dassault Aviation, Sabena… sans parler des PME). Madame Recalde faisant allusion a des "rumeurs" selon lesquelles l'armée de l'Air et de l'Espace aurait d'ores et déjà choisi le GlobalEye de Saab , un système d'alerte avancée intégré sur un Global 6000 du canadien Bombardier, pour le remplacement de sa flotte d'AWACS quasiment en fin de vie. 

Et effectivement, c'est plus qu'une rumeur qui circule à Bordeaux. Plusieurs postes de professionnels sur Linkedin nous prouvent que des rencontres ont effectivement eu lieu, dans le cadre notamment d'une tournée nationale des officiels (Etat & industrie) suédois à Bordeaux… mais pas qu'à Bordeaux. Rien de très confidentiel ici, il y avait même foule.



Le contenu de ces publications ne laisse aucun doute sur le fait qu'il a été question du Global Eye, et en particulier de son soutien industriel. Saab, d'avantage que Bombardier donc, malgré les propos d'Eric Trappier, semble bien préparer le développement de ses partenariats avec la France. 

Le remplacement des AWACS pas encore acté

Nous n'allons donc pas faire de mystère, il y a en effet de fortes chance que Saab emporte la mise sur le dossier de futurs avions d'alerte avancée, tant les solutions sont limitées sur le marché. Le Boeing E-7 Wedgetail est américain, cher, et ne fait pas l'unanimité chez ses acquéreurs. Saab, qui a le mérite d'être européen (mais pas ITAR Free) multiplie les gestes de bienséance vis à vis des forces françaises. Et réciproquement…. sur plusieurs dossiers. 

Ajoutons même qu'à haut niveau politique, les relations sont au beau fixe depuis la visite très médiatisée d'Emmanuel Macron à Stockholm en janvier 2024, qui donna lieu à un renforcement des liens stratégiques entre les deux pays. 

Pour les Suédois et leur GlobalEye, doter les principales forces aériennes du continent -qui plus est porteuses de dissuasion nucléaire- serait une victoire de prestige absolument sans précédent. 

Côté français, outre le fait de se procurer une solution moderne, éprouvée, agile, et surtout disponible maintenant, ce serait également montrer un signe encourageant au reste de l'Europe, dans un contexte nouveau de coopération.  

Car la solution française, elle, n'existe pas. Ou du moins, il y avait deux possibilités : équiper un Falcon avec le système de Saab, ce que je suggérais au sortir de l'édition 2023 du salon du Bourget, ou repartir de zéro au sein de la BITD française avec une solution complète (Dassault, Thales, etc.). Dans les deux cas de figure, la note s'avère salée, les temps de développement allongés, et la volonté de mainmise des industriels français visiblement trop ferme du point de vue de l'Etat pour faire avancer le dossier. D'autant plus que l'argument du 100% français reste difficilement tenable dans notre cas, la gamme Falcon étant dépendante de plusieurs fournisseurs étrangers, notamment pour ses moteurs.  

Une chose, enfin, est à ce jour certaine. Rien n'est acté, même si les négociations existent bel et bien entre la France et la Suède. Le dossier, qui aurait normalement dû être traité pour l'après 2030, est aujourd'hui susceptible de se décanter rapidement. Les acteurs directement concernés ne souhaitant pas communiquer sur ce sujet, il faudra néanmoins se contenter des rumeurs… ou de gestes de mécontentement. 


lundi 17 mars 2025

Airbus apporte son soutien au bombardier d'eau d'Hynaero


La division Defence & Space du groupe Airbus a annoncé son soutien technique au programme de bombardier d'eau amphibie Fregate-F100 de la société Hynaero. Un coup de pouce bienvenue au moment décisif où la start-up bordelaise entame d'importantes campagnes de levées de fonds. 

Ci-dessus: vue d'artiste du Fregate-F100 - Hynaero.


Airbus Defence and Space et Hynaero ont annoncé en fin de semaine dernière la conclusion d'un mémorandum d'accord, vrai partenariat stratégique, couvrant "l’ensemble du déroulement du programme Fregate-F100 et de sa vie opérationnelle avec notamment le support à la conception, à la certification et la maintenabilité de l'aéronef, ainsi que sa promotion auprès de clients potentiels dans le monde entier"

Airbus, qui continue de mener régulièrement des tests de lutte anti-incendie, sur ses avions militaires A400M (le groupe est aussi actif dans ce domaine avec les hélicoptères et les satellites de surveillance), voit en effet le programme Fregate-F-100 comme complémentaire à ses activités. Un soutien technique sera donc apporté durant le développement de l'appareil. 

Hynaero a multiplié les annonces de partenariats ces deux dernières années (privés et publics), et l'ajout d'Airbus est assurément une marque de prestige et de confiance. Le Fregate-F-100, grâce aux technologies modernes, doit littéralement écraser les capacités de l'antique Canadair, avec notamment une capacité d'écopage de 10 tonnes d'eau contre 6. 

Mais comme tout programme de conception d'un nouvel avion, le budget nécessaire est impressionnant : un milliard d'euros. 

Coup de pression sur la région bordelaise ? 

Dans l'immédiat, Hynaero doit d'abord trouver les 15 millions d'euros qui lui permettront de vraiment débuter le développement de l'appareil (la phase de conception détaillée), dont le design a légèrement évolué à la suite des études de faisabilité. Un moteur sera aussi choisi prochainement. Les partenaires financiers sont là, et Hynaero dispose d'ailleurs de trois lettres d'intention pour des commandes. Les investisseurs seraient cependant dans l'attente d'un engagement ferme de l'Etat, alors que ce sont toujours les Canadiens de DHC, avec leur emblématique mais vieillissant Canadair, qui tiennent la corde à Paris comme à Bruxelles pour les nouveaux contrats de renouvellement de flotte(s). 

L'objectif demeure de disposer d'un prototype en 2029, afin de lancer la commercialisation en 2031.

Une interview donnée dans le journal Sud Ouest ce dimanche nous apprend par ailleurs que la start up est fortement sollicitée par d'autres collectivités (Rochefort, Pau, Nîmes, Saint-Nazaire) pour l'implantation de son futur site, qui générera selon elle 500 emplois directs et 2 000 indirects. Elle attend donc un geste de la Région Nouvelle Aquitaine, qui a été, rappelons-le, la première à lui faire confiance (300 000 euros de subvention). Un petit coup de pression -qui vise surtout la métropole bordelaise a priori- que l'on tentera tout de même de désamorcer : les autres sites évoqués ne semblent disposer, ni de l'écosystème (notamment les sous traitants), ni, surtout, de la masse mobilisable de ressources humaines qualifiées pour faire vraiment le poids avec Bordeaux sur un projet d'une telle envergure. 

Pour rappel, Hynaero dispose aujourd'hui d'un petit bureau à Mérignac, dans les locaux du "Cockpit" de Bordeaux Technowest. 


vendredi 7 février 2025

Le premier Falcon Albatros de la Marine a volé à Mérignac


Le premier des douze nouveaux Falcon 2000 du programme AVSIMAR commandés en 2020 a effectué son premier vol à Mérignac le 24 janvier dernier. Il entrera en service dans la Marine Nationale en 2026. 

Ci-dessus: le premier Falcon a volé le 24 janvier à Mérignac. C. Cosmao - Dassault Aviation


L'information a mis un peu de temps a émerger mais le premier Falcon 2000 LXS du programme des futurs avions de surveillance et d’intervention maritime (AVSIMAR) s'est envolé le 24 janvier depuis Bordeaux/Mérignac, et les usines de Dassault Aviation.

Pour rappel, ces appareils, commandés en 2020 pour 1,3 milliard d’euros (en réalité seulement les 7 premiers, les 5 autres avions devant faire l'objet d'un marché en 2025), sont attendus dans la Marine Nationale, où ils remplaceront des Falcon 200 et Falcon 50 -beaucoup- plus anciens. Ce premier Albatros, qui n'arbore pas encore sa livrée finale, intégrera les forces l'an prochain, en 2026, après une campagne d'essais et de qualifications. Les livraisons doivent s'étaler de 2025 à 2030. 

De plus, on évoquait à l'époque, en 2020, l'assemblage de 9 appareils sur 12 en Inde dans le cadre des contreparties liées au contrat Rafale de 2016 ! Il serait intéressant d'avoir une mise à jour sur le sujet (ce dont je ne dispose pas à cette heure). Mais c'est bien en France que leur transformation militaire était prévue quoiqu'il advienne, Naval Group fournissant le système de missions, Thales les radars Searchmaster, et Safran la boule optronique Euroflir.

Un autre programme est également en cours pour les Falcon, 8X cette fois, de Dassault: celui des avions de surveillance "Archange" qui équiperont l'armée de l'Air à horizon 2028/29. 



mercredi 20 novembre 2024

Dark va mener une étude de simulation d'interception en orbite pour les Armées

L'Agence de l'innovation de défense et la start-up Dark ont annoncé lundi 18 novembre avoir passé un contrat d'étude préliminaire pour la simulation d'interception d'objets spatiaux dangereux en orbite basse. Les deux acteurs se positionnent ainsi sur une question absolument préoccupante. 

Ci-dessus : vue d'artiste du concept de lanceur aérolarguée de Dark - source Dark.


Alors même, ce 18 novembre, que le commandant de l'espace, le général Philippe Adam, nous apprenait dans une longue et riche interview à La Tribune que parmi les acteurs provocateurs en orbite, il fallait désormais compter sur l'Iran, l'Agence de l'innovation de défense (AID) annonçait l'étude "Salazar". 

Salazar est une étude qui consiste à simuler via un ensemble de modèles numériques développés par la start-up Dark -à qui l'étude est donc notifiée- des missions de capture d’objets spatiaux dangereux en orbite basse (LEO).
L'AID précise qu'elle évaluera le potentiel des moyens développées par Dark pour répondre aux exigences des opérations en orbite basse (LEO) à l'horizon post-2030. Cette étude permettra aussi de tester la faisabilité du transfert et de la manœuvre de charges utiles en orbite, contribuant ainsi aux missions de caractérisation des situations critiques ainsi qu'aux opérations de surveillance et de réponse face à d'éventuelles tentatives d'ingérence spatiale. Dans le cadre de cette étude préliminaire, l’Agence de l’innovation de défense proposera à DARK une cible fictive dotée de systèmes d’évasion ou d’alerte qui, en retour, présentera plusieurs scénarios possibles.

Ce faisant, les armées françaises se positionnent publiquement sur une problématique que toutes les puissances spatiales jugent extrêmement préoccupante. Avant donc d'être active, la solution technologique n'étant clairement pas encore mature, la France se veut d'ores et déjà dissuasive. Et ce n'est pas un hasard si l'AID fait appel à Dark... 

Sur le blog: Dark achève la campagne de tirs de son moteur-fusée "Sheitan"



En effet, on connait Dark depuis sa fondation en 2021 à Paris, puis l'annonce en 2023 de son installation sur l'aéroport de Bordeaux, prévue pour 2025 (à confirmer). Aux dernières nouvelles, l'entreprise qui s'est dès le départ positionnée avec une solution réactive de micro lanceur aérolargué -via un Airbus commercial- pour des missions de désorbitation ou "nettoyage" de l'orbite basse*, a mené avec succès des essais moteur en Allemagne durant l'été 2024. 

Rappelons également qu'il s'agit d'une solution complète, qui ne se limite pas au lanceur, puisque Dark travaille tous les aspects de la missions, avec le développement de logiciels ou encore d'un bras robotisé. 

Dans le cas de l'étude Salazar, l'AID semble avoir été séduite par la solution de simulation développée par Dark, qui, basée sur les paramètres orbitaux d’une cible, propose "le meilleur scénario d’interception, en prenant en compte la stratégie, les performances et la temporalité de la mission". Dark profite également de son expérience de simulation d'interception d'urgence d'un débris spatial (un étage d'Ariane 5), menée auprès du CNES en 2023. 

On retiendra enfin notre attention sur un des modèles de simulation présenté par Dark le mois dernier, baptisé RAVEN et réalisé avec… des drones ! (source photo LinkedIn de Dark)



* dans ce domaine, deux types de mission évidents se dégagent : l'espace durable (ou dit autrement, "dépolluer" l'orbite), et bien sûr, la défense. 

lundi 18 novembre 2024

The Exploration Compagny lève 150 millions d'euros pour financer sa capsule Nyx


The Exploration Company a annoncé ce 17 novembre une nouvelle levée de fonds d'environ 150 millions d'euros. Une somme qui servira à financer son programme de cargo réutilisable Nyx. Au total, la start-up franco-allemande, basée à Mérignac, Munich, et désormais aussi implantée en Italie, a levé environ 200 millions d'euros, avec un carnet de commande qui dépasserait déjà les 700 millions.

Ci-dessus: la futur capsule réutilisable Nyx. Vue d'artiste The Exploration Company. 


Disposant d'un triple ancrage (puisque désormais installée aussi en Italie) intelligent jouant sur les forces de l'Europe plutôt que les divisions, la start-up -encore jeune- The Exploration Company (ou TEC) continue de réussir à convaincre. Elle accumule ainsi des partenariats solides qui lui permettent en conséquence d'attirer les financeurs. Ce succès dans la construction du projet est bâti sur un discours -largement incarné par sa PDG Hélène Huby- à la fois ambitieux et mesuré, avec un vrai "narratif". 
Cela dans une étonnante discrétion, presque timidité par rapport à d'autres plus… extravagants (et pas loin de disparaître pour certains). Il manque -donc- encore la communication grand public mais il ne fait guère de doute que cela viendra quand il s'agira d'entrer dans les phases opérationnelles (donc commerciales). Mais il est vrai qu'une capsule fait moins tape à l'œil qu'un lanceur ! 
En bref, la trajectoire est pour l'instant nominale, même s'il y a bien eu un échec, non imputable à l'entreprise, lorsque le démonstrateur de rentrée atmosphérique "Bikini" présent à bord du vol inaugural d'Ariane 6 en juillet dernier n'a pas pu être déployé comme prévu par l'étage défaillant du lanceur européen. 

Voici pour le recap', mais venons en donc à la grosse actualité de ce début de semaine, le financement de série B, d'un montant de 160 millions de dollars (151 M€), visant à financer le développement du vaisseau spatial Nyx.

Nyx, une capsule agnostique (de lanceur) de 8 tonnes, a été présentée dès son annonce comme pouvant évoluer, jusqu'à pouvoir mener des missions habitées, ou même lunaires. Elle sera dans un premier temps capable de transporter plus de 3 tonnes de fret sur orbite, et d'en revenir, chose que l'Europe ne propose pas aujourd'hui. 

Pour commencer, il s'agit de viser les stations spatiales, son marché privilégié. Première mission déjà prévue en 2028 pour Nyx "Earth", vers l'ISS.  

Ces 150 millions, absolument nécessaires, doivent contribuer à financer Nyx, ce qui inclut le recrutement de personnels. La grande réussite vient ici de la diversité et du prestige des financeurs impliqués, dont notamment deux fonds souverains européens, French Tech Souveraineté (France) et DeepTech & Climate Fonds (Allemagne). TEC continue d'ailleurs de se vanter qu'elle est la première entreprise spatiale au monde à s'être appuyée, et ce dès le départ, sur un financement majoritairement privé. Et à 98% européen ! 

Cela est imputable bien sûr au réseau (exemple emblématique, l'Elysée croit fort en ce projet), mais aussi nous l'avons dit, à la vision.  


Pour le moment, TEC convainc, et mène la cadence à la bonne mesure. L'ESA, qui devrait être un -bon- client, lui a confié un contrat d'étude, France 2030 la soutient, et surtout, elle a obtenu un pré-contrat majeur avec Axiom Space pour le ravitaillement de sa future station privée en orbite basse (si et seulement si le projet aboutit). Il y a aussi, dans le même domaine, des accords avec Vast et Starlab.  

Sur un plan plus concret, signalons enfin que l'équipe de conception de véhicules de TEC a récemment mené à bien la première campagne d’essais plasmatiques sur le site d'Ariane Group à Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux. Ce test visait à soutenir le compromis pour le choix du matériau de protection thermique pour Nyx Earth. En soumettant différents matériaux à des niveaux de flux de chaleur représentatifs d’une rentrée depuis l’orbite terrestre basse, le comportement des matériaux a pu être observé afin de mesurer les niveaux d’ablation.

Rappelons que des essais moteur sont aussi réalisés à Mérignac par TEC, avec un banc d'essai actif depuis cet été, et un autre, plus volumineux, prévu pour être installé en 2025 (voir le précédent article du blog). 

Capture de la vidéo de démonstration - The Exploration Company 



lundi 4 novembre 2024

AndroMach et son projet d'avion spatial s'installeront à Bordeaux en 2025


La start-up AndroMach s’installera à Mérignac au printemps 2025. Dans ses cartons, un projet d'avion spatial inédit en France. Une capacité réutilisable d'emport, et de retour, qui pourrait intéresser le monde de la recherche en microgravité, ainsi que la défense. 

Ci-dessus: vue d'artiste du drone spatial suborbital d'AndroMach. 


C'était un secret de polichinelle, puisque la start-up AndroMach disposait d'un stand bien visible -avec maquette !- sur les événements bordelais de la rentrée aérospatiale, mais c'est dans un article de La Tribune Bordeaux en date du 30 octobre que l'information a finalement été rendue publique: le premier avion spatial français devrait être conçu à Bordeaux, ou plutôt à Mérignac, puisque c'est la technopole Bordeaux Technowest qui accueillera la start-up courant mars 2025 dans les murs de son nouveau QG, le "Cockpit". 

AndroMach, qui réunit aujourd'hui en région parisienne un peu moins d'une dizaine d'employés, a pour ambition de développer un avion suborbital (200 km d'altitude) de 4 mètres de long pour 1,2 mètre d'envergure, capable d'embarquer en soute une charge utile de 10 kilos dès 2026. Pour commencer… car en cas de succès, des évolutions importantes sont d'ores et déjà prévues au sein d'une roadmap comprenant les dates de 2028 (150 kg en orbite, avec l'aide d'un microlanceur "partenaire") et 2031 pour des développements itératifs, avec notamment un aéronef plus imposant (18m) capable d'emporter 600 kg sur orbite héliosynchrone

Pour la start-up qui a mené depuis un an ses études de faisabilité, et qui vient de réaliser sa première levée de fonds, les essais de propulsion et d'aérodynamique auront lieu début 2025. Son installation au Cockpit pourrait ensuite s'accompagner de quelques recrutements. 

L'avion spatial est un sujet qui fascine autant qu'il peut décourager. La technologie intéresse un nombre assez important de start-up, mais n'est réellement maitrisée qu'au sein des armées américaine et chinoise. En France, le ministère des Armée a pu évoquer il y a deux ans la volonté de mener des études sur le sujet, qui auraient pu aboutir à ce que l'armée de l'Air et de l'Espace se dote un jour de son propre "X-37B" (le fameux drone spatial de l'US Space Force). Il semble cependant que le sujet soit au point mort. 
Ajoutons enfin, bien sûr, qu'il est de notoriété publique que Dassault Aviation est activement concerné par la question, pour des usages ambitieux qui iraient jusqu'au vol commercial habité. 

Car l'avion spatial a, sur le papier, des avantages évidents en termes de réutilisabilité, de besoins réduits d'infrastructures (une mission suborbitale pourrait être entièrement menée depuis une base aérienne), ou encore d'emport -et de retour intact- de charges utiles. 
Concernant les missions justement, AndroMach communique sur le fait que le premier véhicule suborbital pourrait trouver des usages dans le domaine des recherches en microgravité, un domaine également visé par la luxembourgeoise Space Cargo Unlimited. Quelques minutes à 200 km d'altitude et l'opportunité de développements pour le secteur pharmaceutique, biologique, ou même informatique. 

A échéance plus lointaine, sur orbite basse, et pour des missions de plusieurs jours ou mois cette fois, s'ouvrent les marchés de l'intervention sur des satellites, vaisseaux spatiaux, ou débris (maintenance, réparation, désorbitation…). Ceci dit, est ce vraiment un marché porteur ? 

Et il y a, bien entendu, la défense qui faute d'un grand programme national de drone spatial, pourrait trouver dans les projets de cette start-up une solution souveraine estampillée "new space". Ce domaine est explicitement évoqué par les fondateurs d'AndroMach.

Mais pour en arriver là, de nombreux défis techniques, qui touchent à la structure de l'aéronef comme à sa propulsion, seront à surmonter, le drone devant évoluer dans des milieux (la haute atmosphère et l'espace) où les contraintes sont intenses. Le design exposé à ce jour présente en tout cas des aspects très intéressants, tout comme la démarche itérative. 

Les centres d'essais, la pièce maîtresse du territoire Bordelais 

A ce stade, il s'agit là d'un nouveau joli coup pour l'agglomération (avec encore le travail remarquable de Bordeaux Technowest et de l'agence Invest in Bordeaux) qui attire un projet que l'on pourrait qualifier "de rupture". Après Hynaéro (projet de "Canadair" français), The Exploration CompanyHyprSpace ou encore Dark… ce ne sont pas les ambitions qui manquent.

Ce qui a convaincu AndroMach ? La proximité des sites disponibles pour mener des essais de propulsion: « Pour les essais opérationnels, propulsion et essais en vol, toutes les infrastructures sont disponibles sur le territoire », peut-on lire dans La Tribune. Outre la proximité, pratique, de l'océan, il faut dire en effet que l'ouest bordelais dispose d'un sacré héritage en matière de structures dédiées à la pyrotechnie.

Cet argument, on le retrouve d'ailleurs partout chez les pépites du spatial ces derniers mois sur le territoire. Récemment, c'est d'ailleurs The Exploration Company qui a montré son nouveau banc d'essai de Mérignac (images ci-dessous), mis en place durant l'été sur un ancien site à Mérignac. Déjà impressionnant de maîtrise, et destiné à grossir dès l'an prochain.
 


lundi 30 septembre 2024

Asman Technology présente sa solution de services ISR sur P.68 Observer


La PME charentaise Asman Technology, spécialisée dans les services de renseignement aérien, a présenté lors du salon AD2S sa solution de mission sur avion italien Vulcanair P.68.

Ci-dessus: le P.68 d'Asman Aero Services à Mérignac, le 25 septembre - photo Pax Aquitania
  

Parce qu'il n'y pas que les drones dans la vie… et qu'opérer un petit avion civil demandera généralement moins de ressources en matériel (sans parler du coût d'un drone tactique) et surtout en hommes, la discrète PME Asman Technology, basée près de Jonzac en Charente-Maritime depuis huit ans, entretient une flotte mixte dont elle loue les services pour des missions de surveillance ou renseignement.   

Présente la semaine dernière sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mériganc pour le salon AD2S, dédié aux "activités technico-opérationnelles" dans l'aéronautique de défense, l'entreprise en a profité pour présenter le tout nouvel appareil qui a rejoint ses opérations en septembre, un bimoteur six places P.68 "Observer" de la marque italienne Vulcanair (autrefois Partenavia). 

Visible sur les photos, un panel d'équipements ISR, dont une boule optronique, a été intégré sur l'avion, qui dispose encore d'emports disponibles sous les ailes. Il permet notamment la retransmission vidéo en direct vers le sol. 


Il complète une flotte constituée de drones et d'un ULM. Ces appareils sont tous consacrés aux capacités fournies par la section services d'Asman, "pour des missions stratégiques comme l'ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance), les expérimentations de nouvelles technologies embarquées, et les opérations de travail aérien".

Asman Technology dispose d'une base sur l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry, une pépinière d'entreprises située sur l'aérodrome Jonzac-Neulles.


vendredi 27 septembre 2024

Hynaero célèbre son premier anniversaire et trouve des partenaires de poids


Hynaero fête le premier anniversaire de sa création et profite du salon AD2S à Mérignac pour annoncer de nouveaux partenariats qui lui serviront dans le développement de son programme d'avion bombardier d'eau européen. 

Ci-dessus: le Frégate F-100, vue d'artiste - Hynaéro. 
 

Alors que la crise climatique rend le besoin en appareils d'intervention toujours plus prégnant (et que les autorités tout autour du monde semblent tarder à vraiment comprendre ce besoin), la start-up Hynaero, fondée à Bordeaux en 2023 par d'ex officiers généraux de l'armée de l'Air et de la Sécurité Civile, ainsi que d'anciens industriels, a pour ambition de développer un avion amphibie bombardier d’eau  moderne (avec donc des capacités plus importantes et optimisés que le Canadair, même dans sa version modernisée), et surtout européen. L'Europe dépend en effet quasi totalement des moyens de production -au ralenti voire carrément à l'arrêt- du canadien DHC, qui produit le Canadair, plateforme aussi emblématique que vieillissante (conception initiale datant des années 1960). 

Pour attaquer à horizon 2030 ce marché que l'entreprise jauge à 300 appareils, Hynaero doit trouver les quelques 900 millions d'euros qui lui permettront de mettre au point son Frégate F-100. Or, les choses avancent, puisque depuis ce printemps, « le Fregate-F100 n’est plus un projet, c’est devenu un programme.», 800 000 euros ayant été apportés pour débuter les études de faisabilité, dont 300 000 par la Région Nouvelle-Aquitaine. 
Il faut noter que le projet gagne chaque jour en popularité, un concept certes flou quand on a besoin de lever autant de fonds, mais qui se traduit par une donnée concrète: les partenariat se multiplient et ce sont une trentaine d'investisseurs privés qui sont déjà engagés.  

De plus, après l'ONERA en juin, la PME annonce lors du salon AD2S qui se tenait cette semaine sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac, qu'elle vient de signer un nouveau protocole d'accord avec une structure d'importance: Cs Group , concepteur, intégrateur et opérateur de systèmes critiques (défense, spatial, aéronautique, énergie), filiale du géant français des services du numérique Sopra Steria. La coopération portera notamment sur les systèmes de commandement et de contrôle CRIMSON de CS GROUP, les systèmes de formation immersive INSCAPE de CS GROUP, et "d’autres technologies de communication et de sécurisation des systèmes".

Passé l'étude de faisabilité, les études de conception couvriront toute l'année 2025, pour se terminer au printemps 2026. Il est aujourd'hui prévu que l'avion vole en 2029 et soit commercialisé en 2031. Durant cette période l'entreprise va grandir dans ses nouveaux locaux de l'aéroport de Mérignac. Elle est actuellement hébergée par Bordeaux Technowest. 


mercredi 25 septembre 2024

Le salon AD2S marque le grand retour du sujet MCO à Mérignac

Du 25 au 27 septembre se déroule sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac la première édition du salon AD2S, dédié aux  "activités technico-opérationnelles" dans l'aéronautique de défense. Ou en d'autres termes, au MCO, le maintien en condition opérationnelle. Une question qui a toujours été centrale, mais dont les fondements sont bousculés par l'évolution du contexte stratégique international. 


Il faut un -tout petit- peu de mémoire pour se rappeler que AD2S (Aerospace & Defence Support and Services), dont c'est officiellement la première édition en 2024, ne naît pas de rien, et se situe dans la filiation quasi directe (même thème, même lieu, certains organisateurs communs) d'un salon qui avait pris une belle ampleur durant la décennie 2010. 

Le salon ADS Show avait en effet culminé en 2018 avant que l'édition 2020 ne soit purement et simplement annulée… pour cause de pandémie. Culminé à une époque où, pour les armées françaises surengagées en opérations extérieures, la question de la disponibilité des matériels aéronautiques était devenue absolument cruciale, et sujette à d'importants travaux au niveau de l'Etat Major ou de l'Assemblée Nationale. La Députée PS de la 6ème circonscription de la Gironde, Marie Récalde -qui vient de retrouver ce poste en juillet- était d'ailleurs co-autrice d'un rapport que nous avions détaillé sur ce blog. Il en avait notamment découlé une grande réforme du MCO aéronautique, dont l'un des  principes était la verticalisation des contrats avec les industriels, réforme qui semble être largement saluée aujourd'hui.

Les chiffres de la disponibilité se sont améliorés en effet, mais il faut aussi dire que la longue parenthèse des "OPEX", africaines en particulier, est pour le moment refermée.

Mais la renaissance, pour ainsi dire, de ce salon aquitain dédié à la maintenance se déroule dans un contexte stratégique bouleversé. En 2024, la haute intensité n'est plus aujourd'hui un concept lointain, elle est réelle, et aux portes de l'Europe. 

Au milieu des centaines d'exposants et du millier de visiteurs attendu (dont le ministre des Armées Sébastien Lecornu, ce jeudi), AD2S s'ouvrait donc ce matin sur le sujet crucial de l'engagement majeur et des réponses apportées par les forces armées et les industriels en matière de support

Comme l'ont reconnu les grands commandants français du soutien aux opérations ce matin, "On ne parlait plus d'attrition dans les forces occidentales depuis des décennies". L'invasion de l'Ukraine a remis les responsables devant des réalités. Désormais, on identifie les points forts, ou faibles. On appuie là où ça fait mal, dans des exercices comme Orion, et sa déclinaison pour le MCO aéronautique Orionis. On joue (simule) en mode dégradé: un avion rentre de mission endommagé ? La force manque de munitions ? Soit. L'avion devra être de nouveau opérationnel en quelques heures. Et tant pis s'il n'est plus vraiment multirôle (au diable également les normes de sécurité aérienne). "Avec Orion nous sommes passés de soutenir l'entraînement des forces à entraîner les forces de soutien". Cette disparition d'un certain confort opérationnel en Occident impose de changer d'état d'esprit à niveau politique, militaire, industriel… mais aussi à l'échelle du citoyen (par exemple, ce dernier supporterait il des réquisitions en cas de crise majeure ?). Cette révolution doit être entretenue au quotidien désormais.



Le cycle de conférence continuera en abordant jeudi et vendredi les sujets de l'innovation et du facteur humain. Longue vie à AD2S ! 

Je note enfin qu'en bon salon néo-aquitain, AD2S est aussi l'occasion de quelques annonces qui dépassent le simple cadre du support. Mais nous en reparlerons dans les prochains jours. 

En parlant de stratégique... on est toujours bien accueilli sur la BA-106 ! - photo Pax Aquitania


jeudi 20 juin 2024

#Eurosatory2024 - Aerix Systems remporte le challenge start-up du GICAT


On les avait découverts sur ce blog début mars, et voilà qu'Aerix Systems, droniste incubé à Mérignac chez Bordeaux Technowest, se dinstingue déjà en remportant au grand salon de l'armement Eurosatory 2024 le Trophée du prix innovation du GICAT !

Ci-dessus: vue d'artiste du drone hypermanoeuvrable d'Aerix Systems


Si le drone est très à la mode sur les salons de l'armement, encore faut-il pouvoir se démarquer au milieu de la mêlée. Cela semble déjà chose faite pour la start-up Aerix Systems, qui mercredi 19 juin s'est vue remettre par le Président du GICAT (le groupement industriel de l'armement terrestre), Marc Darmon, et par le directeur de l’Agence de l'innovation de défense (AID), le Trophée du prix innovation du GICAT à Eurosatory. 

Ce concours réunissait les jeunes entreprises présentant des innovations duales dans la Défense et la Sécurité. Pour cette édition, Aerix Systems "a conquis le jury avec sa technologie disruptive de propulsion de drone omnidirectionnelle". 

L'innovation autour de la solution baptisée "AXS-M1" est la suivante: une nouvelle propulsion, inspirée d’un gyroscope, dite omnidirectionnelle, permettant de décupler les performances des drones avec des caractéristiques de vol spécifiques. Selon ses concepteurs, la plateforme omnidirectionnelle facilite le contrôle et l’intervention de part sa grande résistance aux intempéries tout en réalisant des mesures de contact de précision via sa stabilité et manœuvrabilité à 360°. La plateforme induit de nouveaux moyens d’observations et de mesures (coque de bateau, aile d’avion ou bâtiments) par l’utilisation d’une technologie passive et active insensible aux prises d’air et effets de bord.
Il est donc ainsi permis d’accroitre les méthodes d’intervention civile et/ou militaire par l’optimisation des déplacements en fonction des caractéristiques environnementales (par exemple, le mauvais temps qui limite aujourd'hui grandement le vol des drones), de terrains et de missions.

Le même jour, Aerix Systems annonçait la signature d’un MoU avec SBG Systemsfournisseur de solutions d’orientation, de stabilisation et de navigation permettant à l’AXS-M1 un haut niveau de précision et de fiabilité.


vendredi 14 juin 2024

Eos Technologie: des drones et munitions rodeuses qui vont plus vite, et plus loin


EOS Technologie a profité avec d'autres dronistes français d'un "Démo Day" précédant le salon Eurosatory pour montrer ses fameuses munitions téléopérées. Et grande nouveautés, celles-ci volent en essaim.


Avec EOS Technologie les choses vont vite, très vite. La PME qui était quasi inconnue avant sa présélection pour le programme Larinae de l'Agence pour l'innovation de défense en 2022, fait le buzz cette année depuis la présentation de sa MTO (munition téléopérée) "Veloce 330" en avril dernier. D'autant plus que grâce à sa méthodologie de travail dont la force est l'innovation rapide, elle dispose déjà de plusieurs autres solutions de drones à son catalogue, toutes développées et testées en quelques mois: Stryx 425 et 500, Endurance 1200... puis Veloce 330, Istar 330...  


Et une semaine après être apparue aux côtés de Thales Group qui présentait de son programme d'écosystème Drone warfare, la start-up dont le siège est encore à Mérignac (lire plus bas), participait en Auvergne au "démo day" préparant le salon de l'armement terrestre Eurosatory qui lui se déroule à Paris la semaine prochaine.  

L'écosystème Drone Warfare de Thales (cliquer pour agrandir)


En vidéo (cliquer sur le lecteur si elle ne s'affiche pas), les solution ISTAR/VELOCE 330 :


Outre la démonstration publique -aux journalistes et professionnels- du Veloce 330, drone et/ou munition (autrement appelée "missile low cost") pouvant être doté par KNDS d'une charge explosive allant jusqu'à 6 kg, suffisant pour aller frapper un char à 100 km sans que l'ennemi n'ait le temps de mettre en place de contremesure, tant la… vélocité du drone est impressionnante (4 à 500km/h en vitesse de pointe), le démo day a permis de découvrir une nouveauté: le vol en essaim.  

En à peine quatre mois en effet, EOS et la toulousaine Cloudskeyes ont travaillé sur la présentation d'une solution d'essaim de munitions rodeuses. Pari réussi puisque ce 11 juin, 5 drones volaient ensemble, ce chiffre pouvant monter jusqu'à 10 aujourd'hui, avec rupture de la formation aérienne pour traiter au sol des cibles d'opportunité avec une précision métrique. La technologie est embryonnaire, mais déjà prometteuse. Elle sera affinée et enrichie afin notamment d'intégrer des éléments d'intelligence artificielle. Un partenariat qui en appelle d'autres, peut-être même avec un développeur de drone qui avait fait sensation lors du dernier salon du Bourget...
 


Cette MTO capable de voler en essaim se nomme SR 200, et se base sur l'architecture du Veloce 330 et de l'ISTAR 330, tout en étant bien plus petite, "200" et "330" donnant des indications sur l'envergure en centimètres de ces engins lançables sur catapulte ou à la main. La charge tout comme l'autonomie y seraient donc moins importantes, tout cela classant le drone dans la gamme correspondant au programme COLIBRI et non plus LARINAE. Si aboutissement commercial il y a, le but sera de produire vite, et massivement: des milliers d'exemplaires par an. 

EOS, qui a été fondée par d'anciens opérationnels, semble avoir totalement cerné les impératifs imposés par le contexte stratégique actuel. 


EOS va quitter Bordeaux 

A noter que parmi toutes ces nouvelles encourageantes, il y en a une mauvaise (à relativiser puisque ce blog compte bien continuer de suivre la success story de l'entreprise) : EOS Technologie quittera Mérignac dès le mois de septembre, afin de se renforcer à Grenoble, où elle est historiquement implantée. La PME juge qu'elle y trouvera de meilleures conditions de développement: réseau, infrastructures, et même emploi. 

La greffe bordelaise n'a pas prise. Son principal avantage était de rapprocher l'entreprise alors naissante des régiments de forces spéciales du sud-ouest. Mais l'histoire se poursuivra donc en Isère. 


lundi 3 juin 2024

Photonis (Exosens) entre en bourse, et pèse désormais un milliard


Exosens, mieux connue sous le nom de Photonis, s'apprête à entrer en bourse, quatre ans après le psychodrame qui avait failli finir en rachat américain. Cette opération va permettre au spécialiste français des capteurs de haute technologie pour la défense et le nucléaire d'être valorisé à plus d'un milliard d'euros. Un bon signal pour tout le secteur. 

Images - Photonis Defense / Exosens


C'est une longue histoire, pleine de rebondissements… qui finit bien ! Objet d'un long combat pour ou contre son rachat par l'américain Teledyne en 2020 (tollé général à l'époque, et une affaire qui remonte jusqu'à Brienne & Bercy), Photonis, renommée Exosens en 2023, entrera en bourse cette semaine à Paris. L'opération est d'ores et déjà un succès, le groupe passant d'une valeur d'environ 300 millions d'euros à plus d'un milliard. 


L'épisode Photonis, pépite en vente qui ne trouvait alors pas de repreneur au sein de la BITD française (Safran, Thalès…), avait mis en émoi une bonne partie du monde économique, politique, et plus généralement stratégique. Après véto des autorités (ministère des Armées), le groupe avait finalement atterri au sein de la holding HLD pour "seulement" 370 millions d'euros, quand l'offre américaine était alors de plus de 500 millions. 

L'opération est au final gagnante pour tout le monde puisque non seulement les affaires se portent extrêmement bien (doublement du chiffre d'affaires ces dernières années, et plusieurs acquisitions en Europe, au Canada et en Israël), mais surtout, le repreneur -qui restera actionnaire majoritaire- triple sa mise de départ, avec une valorisation qui s'envolera à plus d'un milliard d'euros dès cette semaine. 

Il s'agit aussi d'un excellent signal pour le secteur de l'armement, car même si Exosens, que l'on connait principalement ici pour son portefeuille défense, comprenant ces fameux instruments de vision nocturne, s'est largement diversifiée vers le civil (tout aussi stratégique, avec les énergies renouvelables, le nucléaire, la santé), l'entrée en bourse d'une entreprise de la BITD -success story ou pas- n'a pas toujours fait l'objet d'autant d'enthousiasme de la part des milieux financiers. D'autant plus quand on sait qu'elle pourrait être aujourd'hui américaine. 


mercredi 29 mai 2024

La base aérienne 204 de Mérignac a été rebaptisée au nom de Caroline Aigle


La base aérienne 204 Mérignac-Beauséjour a été baptisée « Caroline Aigle » lundi 27 mai lors d'une cérémonie présidée par le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, le général d’armée aérienne Stéphane Mille. Un hommage mérité pour cette pionnière de la chasse française, tragiquement disparue en 2007.

Image: armée de l'Air et de l'Espace

Communiqué du Ministère des Armées:

Baptiser une base aérienne, c’est l’inscrire dans l’Histoire. Le nom et l’audace de la commandant Caroline Aigle sera désormais associé à la base aérienne 204 à l'heure où l’armée de l’Air et de l’Espace célèbre ses 90 ans cette année. 
Figure féminine emblématique de l’histoire de l’armée de l’Air et de l’Espace, Caroline Aigle a ouvert la voie à des générations de femmes. 
Née le 12 septembre 1974 à Montauban, elle rejoint à quatorze ans le lycée militaire de SaintCyr-l’École. Elle effectue ensuite sa préparation aux grandes écoles scientifiques au Prytanée national militaire de La Flèche. À l'issue de ses études à Polytechnique, elle rejoint l'armée de l'Air et débute sa formation au pilotage en ralliant la « division des vols » de l’Ecole de l’Air. 
Le 28 mai 1999, Caroline Aigle est brevetée pilote de chasse sur Alpha Jet sur la base aérienne 705 de Tours. Elle est alors la première femme pilote de chasse à être affectée au sein d'un escadron de combat de l'armée de l'Air. En 2000, elle intègre la base aérienne 115 d'Orange et effectue sa formation sur Mirage 2000. Cette même année, elle est affectée sur Mirage 2000-5 à l'escadron de chasse 2/2 « Côte-d'Or » stationné sur la base aérienne 102 de Dijon. Elle devient ensuite commandant d'escadrille de cette unité à partir de 2005 et se fait connaitre sous le surnom de « Moineau ». 
Sportive accomplie, Caroline Aigle est aussi championne de France militaire de triathlon 1997, et vice-championne du monde militaire de triathlon par équipe 1999. Elle pratique également une autre de ses passions, la chute libre et le parachutisme. Caroline Aigle rêve de devenir spationaute et est alors sur le point d'être sélectionnée par l'agence spatiale européenne. 
Elle sert la France aux commandes des Mirages 2000-5 jusqu’à ce que les médecins lui diagnostiquent un cancer. Elle décède en avril 2007. 
Caroline Aigle, est le symbole de l'excellence et de l’audace, de l'engagement et de l'abnégation. Autant de valeurs qui unissent les Aviateurs.

 

vendredi 24 mai 2024

Vaisseau européen - Thales et The Exploration Company choisis par l'ESA


L'Agence spatiale européenne a sélectionné Thales Alenia Space et la start-up The Exploration Company pour la prochaine phase du programme de service de livraison spatiale à destination de la Station spatiale internationale. Ariane et l'allemand RFA sont hors-jeu, pour l'instant. 

Images: The Exploration Company & Thales Alenia Space


Est-ce la fin du séduisant projet SUSIE chez Ariane Group ? La société spécialiste des lanceurs, tout comme sa consœur allemande Rocket Factory Augsburg (RFA) n'ont pas passé le stade de la sélection dans le programme de cargos réutilisables (objectif 2028) de l'Agence spatiale européenne. Ce sont le l'industriel Thales Alenia Space et la très ambitieuse start-up The Exploration Company qui ont en effet été choisis pour la prochaine phase, comme l'a annoncé l'Agence mercredi 22 mai, journée qui fera date puisqu'également celle où l'ESA a communiqué les noms des premiers astronautes de la nouvelle promotion européenne (2022) qui partiront à bord de l'ISS en 2026: la française Sophie Adenot (!!) et le belge Raphaël Liégeois. 

Il y avait en tout sept candidatures pour le vaisseau européen, mais quatre véritablement favorites… pour normalement trois places. Il en reste donc une de disponible, budgétée par l'Agence, et des négociations seraient toujours en cours.  

Cette prochaine phase va voir l'ESA remettre 25 millions d'euros aux deux entreprises afin qu'elles avancent durant les deux prochaines années dans le développement d'un vaisseau cargo réutilisable capable d'emporter 4 tonnes de charges utiles en orbite basse (ainsi que d'en ramener 2t sur Terre), en l'occurrence pour les missions européennes de ravitaillement de l'ISS entre 2028 et 2030, date envisagée pour la fin de vie de la station internationale.  

Cette compétition est l'une des première incarnation de la nouvelle politique de l'ESA qui doit voir les offres s'affronter avec comme résultat -espéré- que les coûts comme les délais des missions soient désormais optimisées au mieux. Et ce n'est plus vraiment un développement que l'on finance (celui-ci est finalement largement assumé par le secteur privé), mais un service, et des vols. Et il en est désormais de même au sein de toutes les agences spatiales nationales. C'est l'effet New Space... 

Concernant les candidatures, il y a, selon moi, un choix ici parfaitement consensuel, tant politiquement que médiatiquement, comme souvent à l'ESA:
  • un géant, Thales Alenia Space, historique et binational (franco-italien);
  • une start up estampillée "new space", elle aussi binationale (The Exploration Company est franco-allemande, installée à Munich et Bordeaux) dont la progression et l'ambition sont à récompensées;
  • et des sociétés plus spécialisées dans le lancement, une française (Ariane), une allemande (RFA), entre lesquelles on ne tranche pas, et qui sont poliment renvoyées à leur cœur de métier. Se posera bien entendu la question de l'état d'avancement technique -et financier- de ces deux projets, qui rappelons le ne sont pas encore morts.


La phase suivante sera financée à hauteur de 100 millions d'euros après la réunion ministérielle de 2025, et mènera donc jusqu'aux opérations qui elles débuteront en 2028. 

Mais tout cela n'est qu'un point de départ.

Premièrement, il faut bien sûr rappeler que l'ISS entame la fin d'une glorieuse carrière. Des missions de ravitaillement de 2028 à 2030, puis plus rien, donc, pour nos lauréats. Ce n'est en fait qu'un promontoire. Par la suite, il faudra, pour être viable économiquement, conquérir le marché qui s'ouvrira alors aux privés. Il y a une bonne dizaine de projets très concrets de petites stations spatiales privées, très modulaires, pour l'après ISS. La plupart sont américaines, et il faudra toutes les ravitailler (notons justement que The Exploration Company a un pré-contrat avec Axiom Space).


Deuxièmement, il faudra ravitailler ces stations en vivres et matériels, mais aussi en humains ! C'est là la probable grande rupture évidemment. L'ESA confirme que ce critère d'évolution des capsules réutilisables a été pris compte. De même chez les constructeurs qui ambitionnent très sérieusement d'aborder ce segment du vol habité.  

Troisièmement et enfin, cette analyse des candidatures a non seulement pris en compte le vol, habité ou non, vers l'orbite basse, mais également celui vers l'espace cislunaire ! 

L'Europe n'a pas de programmes lunaire (j'omets volontairement Artémis), de vol habité ou de station spatiale, n'a aujourd'hui aucun lanceur qui vole (rendez-vous pour cela début juillet !), mais elle a au moins le mérite de mettre le pied à l'étrier avec une brique, certes pas la plus onéreuse (c'est donc un choix "raisonnable"), qui s'avère fondamentale dans la future économie de la logistique spatiale qui se met en place.