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vendredi 22 décembre 2023

Hynaéro va s'implanter sur l'aéroport de Bordeaux-Mérignac

La jeune entreprise Hynaéro, porteuse d'un projet d'avion bombardier d'eau européen, a signé avec l'aéroport de Bordeaux-Mérignac un partenariat visant à préparer l'implantation de la société en bord de pistes. 

Ci-dessus: vie d'artiste du Frégate-F100 - Hynaéro.

On connaissait le potentiel de l'aéroport international bordelais à devenir un "port spatial", avec la présence déjà, de Novespace et de son Airbus "ZéroG", ainsi que la venue en 2024 de la très ambitieuse Dark comptant développer un microlanceur aérolargué… mais c'est un autre type d'aventure qui pourrait également bientôt décoller de Mérignac.

Sur le blog: Un nouveau projet de micro-lanceur à Bordeaux, avec Dark



En effet, Hynaéro SAS, qui rêve de développer ce qu'on nomme parfois à tort "un Canadair européen" à l'horizon 2030, a signé le 18 décembre avec Aéroport de Bordeaux un partenariat pour définir les modalités d’implantation des bureaux et de l’usine d’assemblage du Fregate-F100 en bord de pistes. Selon la jeune PME, il s'agit là d' "un pas supplémentaire vers le lancement du programme Fregate-F100."

Avec ce projet d'avion annoncé comme bien plus performant que les vénérables Canadair nord américains, même modernisés (DHC-515), Hynaéro a entrouvert la porte à la possibilité que l'Europe (l'UE compte doubler la flotte d'avion bombardier d'eau sur le continent d'ici 10 ans) puisse se doter d'un appareil conçu et produit localement. 
A ce stade, les quelques projets émergents (France, Italie, Belgique) n'existent que sur planche à dessin, ou ne concernent que l'adaptation d'appareils civils (Falcon) ou militaires (A400M) qui ne sont pas nativement conçus pour cette mission. 

Il reste désormais à trouver les financements, plutôt conséquents, pour ce programme Frégate-F100. Marché mondial potentiel estimé à 300 appareils. 

A noter enfin qu'Hynaéro, qui est incubée chez Bordeaux Technowest, rejoint également les rangs du pôle de compétitivité Aerospace Valley. L'annonce a été faite cette semaine.


mercredi 27 avril 2022

HyPrSpace lève 1 million d'euros dans le cadre du plan France 2030


HyPrSpace et BPI France annoncent la levée de plus d'un million d'euros dans le cadre du plan France 2030, dont une partie est dédiée à l'économie du New Space, ou plutôt "Nouvel Espace". La start up bordelaise spécialisée dans les micro-lanceurs va pouvoir continuer son développement.

Ci-dessus: HyPrSpace en profite pour dévoiler un nouveau logo.


HyPrSpace (aussi connue sous le nom d'Hybrid Propulsion for Space), startup spécialisée dans la conception de lanceurs spatiaux, annonce une levée de fonds de 1,1 million d’euros auprès du fonds Geodesic, du fonds French Tech Seed géré pour le compte de l’Etat par Bpifrance dans le cadre de France 2030, et d’investisseurs privés. 
Ce financement va permettre à la startup de renforcer ses équipes pour accélérer le développement de son lanceur réutilisable OB-1, et de proposer un service de mise en orbite rapide, économique, souverain et plus respectueux de l’environnement ! 

Créée en 2019 par Alexandre Mangeot, Sylvain Bataillard et Vincent Rocher, HyPrSpace a pour objectif de développer un lanceur utilisant une technologie de propulsion permettant de faciliter l’accès à l’espace : la propulsion hybride. 
Selon la start-up, cette technologie est fiable, peu onéreuse et a un impact carbone plus faible, mais souffrait jusqu’à maintenant d’un verrou technologique préjudiciable pour la puissance des moteurs, les rendant inutilisables pour les applications lanceurs. 


Nous l'avions présenté sur le blog il y a deux ans, HyPrSpace développe une architecture novatrice brevetée qui permet de lever le verrou de la propulsion hybride. Cette rupture technologique la rend utilisable pour les lanceurs, qui bénéficient alors de la simplicité et de la fiabilité de ces moteurs, permettant ainsi d’abaisser les coûts de lancement, donc d’accès à l’Espace. 
La propulsion est une hybridation entre la propulsion solide et la propulsion liquide qui sont des technologies de propulsion héritées de la Guerre Froide et que l’on continue d’exploiter sur les fusées conventionnelles, faute de mieux. L’objectif de cette innovation technologique brevetée est que l’hybridation permette de disposer d’un moteur qui bénéficie des avantages de la propulsion solide et liquide sans leurs inconvénients. 
Elle permettra à HyPrSpace de proposer au marché des microsatellites qui est en pleine expansion, un accès à l’Espace simplifié, à faible coût et avec un impact environnemental réduit. 

L'objectif opérationnel est OB-1, une fusée réutilisable (de type micro-lanceur, avec 250 kg de charge utile) utilisant la propulsion hybride, ce qui permet de diviser par deux les coûts d’accès à l’espace, tout en réduisant l’impact carbone de l’industrie spatiale. Grâce à cette levée de fonds avec Geodesic (futur Expansion Ventures), la BPI, et d’autres investisseurs privés, la startup ambitionne de renforcer ses effectifs pour poursuivre le développement de son micro-lanceur.

L’innovation développée par HyPrSpace a par ailleurs été expertisée par la Direction Générale de l’Armement et de l’ONERA. HyPrSpace est déjà soutenu financièrement par le CNES, l’agence spatiale française, l’ESA par le biais de l’ESA BIC, la DGA et la région Nouvelle-Aquitaine. Elle est également membre du pôle Aerospace Valley. 



Un dernier mot s'agissant de l'un des investisseurs, qui annonce vouloir viser spécifiquement les secteur du spatial et de la défense. 
Geodesic, créé en 2021 par Charles Beigbeder, vise notamment les start-ups du New Space. Une co-fondation a de plus été annoncée ce 13 avril avec l’accélérateur Starburst, celle du fonds Expansion, d’une taille cible de 300 M€, ayant vocation à être le 1er fonds Européen de financement des start-ups de l’Aerospace & Defence. 

Pour Charles Beigbeder, « La rupture technologique développée par HyPrSpace et sa capacité de lancement sont structurantes pour le développement de l’industrie spatiale. HyPrSpace fait partie du cœur de cible des investissements de Geodesic. »


A noter que pour la suite, HyPrSpace vise l'implantation dans de nouveaux locaux. Elle pourrait également être impliquée dans l'appel à projets pour mini & micro-lanceurs initié par le CNES et la BPI dans le cadre, toujours, de France 2030. A suivre donc… 


vendredi 4 juin 2021

Robotics Valley, Naval Campus... quels projets stratégiques pour la Région ?


Les élections Régionales approchent et seront l'occasion de lancer quelques nouvelles politiques d'envergure sur le territoire aquitain. Dans cette idée, deux filières en particulier attirent notre attention: la maintenance navale… et la robotique. 

Ci-dessus: une application du célèbre Colossus de Shark Robotics - photo Pompiers de Marseille


Sur les questions économiques et industrielles, les six principaux candidats aux Elections Régionales ont participé cette semaine à deux débats (liens vidéos ci-dessous). L'occasion d'évoquer leur plan pour la relance post-covid, la mobilité et son débat sur la LGV Bordeaux-Toulouse, l'écologie, la formation professionnelle ou encore, pour l'aide aux entreprises, les mécanismes de financement régionaux.

Comme on ne peut pas tout résumer ici, et que la politique n'est pas le sujet de ce blog, je vous invite donc à visionner ces deux débats qui concentrent une bonne partie des problématiques économiques.

Débat du 1er juin chez 20 Minutes:



Débat du 3 juin chez La Tribune:

Au global, il est assez naturellement question des filières fortes classiques en Nouvelle Aquitaine: le tourisme, l'agriculture… la santé reviennent souvent, l'environnement aussi bien sûr avec notamment du côté des écologistes l'implantation d'éoliennes offshore flottantes au large de la côte Atlantique. Chaque camp, évidemment, joue sur ses idéaux.

Mais sur le plan de la "tech" et de l'industrie, les discours sont finalement assez peu développés, et à ce stade ne concernent pas la question des industries souveraines de défense, aéronautique (dommage car l'aéro-bashing touche la Région et est ici source d'un vrai débat) ou spatiale. C'est pourquoi sur ce blog, et pour ce qui nous intéresse, nous allons nous concentrer sur deux projets qui sont apparus plus clairement.  


Faire de la Nouvelle Aquitaine l'étendard de la robotique

Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée en poste au ministère des Armées, et donc également candidate (MODEM) de la majorité présidentielle aux Régionales, place la robotique comme une absolue priorité de rang stratégique, car sociétale. L'idée est de créer en Nouvelle-Aquitaine la filière de référence en robotique. Au sens large: mécanique, matériaux, impression additive, électronique, mécatronique, photonique, capteur, cybersécurité, IA… 

Comme l'aéronautique ou le spatial, la robotique est de ces filières qui permettent une infinité d'applications duales, avec des retombées financières et sur l'emploi. Elle intéresse autant les militaires que les chirurgiens, les agriculteurs que les pompiers… même les entreprises du New Space. 
Elle pourra à l'avenir combler les manques dans les services à la personne, notamment chez les super seniors. Dans l'agriculture, les robots sont déjà capables de mener des tâches complexes et précises comme le désherbage, bientôt de lutter contre le gel la nuit. Ils y réduiront aussi la pénibilité. Pénibilité qui est à l'origine même aujourd'hui d'un déficit sans précédent des recrutements chez les producteurs, y compris en saison.

On parle en réalité ici d'une grande entreprise de structuration qui s'appuierait tout d'abord sur les forces existantes. La ministre cite d'ailleurs ouvertement Shark Robotics à La Rochelle, mais d'autres champions sont déjà prêts à embarquer, y compris dans le monde du drone… qui lui d'ailleurs a souffert d'un large défaut de structuration de sa filière dans les années 2010.

Robotics Valley serait dans la filiation directe d'Aerospace Valley (qui a le statut de pôle de compétitivité), qui est elle fortement implantée en Nouvelle-Aquitaine, mais reste une création toulousaine. Robotics Valley aurait sa propre identité territoriale.  

Expérimentation dans l'armée de Terre avec la mule Barakuda de Shark Robotics

De plus, qui dit robotique dit avancées et mêmes ruptures dans la recherche, et en particulier l'Intelligence Artificielle. Robotics Valley associerait outre la R&D des entreprises, des labos de recherche, les Universités.



La principale critique contre ce projet vient de la candidate LFI Clémence Guetté (du moins, lors des débats), pour qui la mécanisation/robotisation est une menace pour les emplois. Geneviève Darrieussecq répond à cette inquiétude par l'argument - tout à fait classique - de la création d'emplois hautement qualifiés. Mais également par sa volonté de créer un lycée de la robotique, d'instaurer son enseignement dans tous les établissements, avec des filières de formation entre les BTS, les IUT, les écoles d’ingénieurs et la formation continue.

A  ce stade, logique électorale oblige, nul ne sait dans quelle mesure ce projet pourra aboutir, mais sur ce blog, nous sommes convaincus qu'il y a là, dans ce domaine précis, effectivement une fenêtre de tir stratégique pour la Région. La robotique est un secteur qui file droit vers le point de rupture technologique, dans la défense comme dans la société civile. La révolution est en cours et alors que d'autres pays européens ont lancé les grandes manœuvres de structuration (le géant allemand KMW vient de prendre 25% de l'estonien Milrem), la Nouvelle Aquitaine doit saisir sa chance et jouer les bonnes cartes dont elle a la chance de disposer aujourd'hui. 


Naval Campus, un projet dans les cartons depuis plusieurs années

La formation demeure problématique en NA, et ce malgré les efforts engagés depuis plusieurs mandats. En effet, même des filières très porteuses comme l'aérospatial sont confrontées à une tension sur le recrutement. Une situation que la crise du COVID va probablement faire empirer tant les parcours de formation ont été perturbés depuis un an. 

Toutefois, le Président de Région sortant, Alain Rousset (PS), compte surfer sur l'immense réussite que constitue Aerocampus Aquitaine pour réitérer dans un autre domaine que la maintenance aéronautique*: le naval. En l'occurrence, la maintenance navale. Acteurs publics et privés de l’industrie navale (c'est peu connu, mais la région concentre de superbes entreprises, y compris Naval Group dans le militaire) seront réunis autour d’un campus largement dédié à la formation professionnelle et à l'innovation, au service d'une filière d'excellence pour la nation. 

Ce campus naval n'est pas une idée nouvelle, le projet a même été validé l'hiver dernier. Alain Rousset en parle depuis longtemps, mais ce prochain mandat devrait marquer l'accélération du projet, au grand profit de la Charente Maritime, sur un axe Rochefort - La Rochelle. 


*citons également le projet de Ferrocampus à Saintes (horizon 2025), dédié aux métiers du ferroviaire, avec de belles perspectives en termes de nouvelles technologies.


vendredi 14 mai 2021

Quelques rendez-vous à venir pour une carrière dans le spatial de défense

Je profite de ce vendredi du pont de l'Ascension pour rappeler le retour de deux événements remarquables touchant au spatial de défense.

On se souvient du hackhaton "ActInSpace" l'an passé. Eh bien ces 4 & 5 juin, se tiendra le hackathon DefInSpace: un exercice du Commandent de l'Espace destiné à imaginer les solutions de demain. Cela se déroule simultanément à Toulouse, Bordeaux et Brest. Attention les ateliers d'initiation ont lieu dès les 18 et 24 mai. Pas de temps à perdre donc !

Du 8 au 12 juin ensuite, c'est la Chaire Défense & Aérospatial qui renouvèle à Science Po Bordeaux son école d'été consacrée à l'Espace. Cela se passe en ligne, et c'est gratuit ! 


mercredi 12 mai 2021

Drones, IA, COBOT... nouvel appel à manifestation d'intérêt Aliénor

Le cluster Aliénor lance un appel à manifestation d'intérêt pour le développement d'innovations dans les secteurs des drones, de l'intelligence artificielle, ou encore de la cobotique. Vous avez jusqu'au 26 mai pour proposer votre projet !

Rappelez vous, le 5 décembre 2019 était fondé par la DGA et Aerospace Valley le cluster Aliénor: "Aérospatial de la défense pour Labelliser les Innovations et Etudes Nouvelles Opérationnelles de la Région Nouvelle-Aquitaine."

Ce dernier, basé sur Bordeaux, lance en ce mois de mai 2021 son second appel à manifestation d'intérêt pour des projets innovants.


Communiqué du ministère des Armées:

Le pôle innovation technique Aliénor du domaine aérospatial lance un deuxième appel à manifestation d’intérêt portant sur les sujets suivants :

Pour participer à cet appel à manifestation d’intérêt, vous devez compléter et renvoyer le formulaire de réponse télécharger ici au courriel d’Aliénor dga-em.alienor.fct@intradef.gouv.fr, copie doudies@aerospace-valley.com en y précisant le numéro de la fiche de besoins à laquelle vous répondez :
  • Drone VTOL convertible rechargeable (vertical take off and landing) ;
  • Drone d’assistance à la lutte anti-incendie (option en essaim) ;
  • OP²EX.ia outil de préparation de mission et de prévisualisation de l’environnement extérieur grâce à l’intelligence artificielle ;
  • COBOT serrage/desserrage au couple lors d’opérations de révision de turbomachines aéronautiques.
Il est possible de répondre à plusieurs fiches.

Les réponses sont attendues avant le 26 mai 2021, date de clôture de l’appel. Elles seront étudiées par l’ensemble des acteurs du cluster Aliénor : DGA Essais de missiles et DGA Essais en vol, l’atelier industriel de l’aéronautique de Bordeaux (AIA), le centre d’expertise aérienne militaire (CEAM) et le 13e régiment de dragons parachutistes.

Les projets présélectionnés seront présentés aux membres du cluster pour discussions avec les opérationnels ayant émis le besoin.

Participant : tout type de structure (start-up, TPE, PME etc.), seule ou en consortium, ayant tout ou partie d’une réponse à l’un des besoins exprimés.

Le pôle innovation technique Aliénor
Aliénor s’inscrit dans l’effort global du ministère des Armées en faveur du soutien à l’innovation, coordonné par l’agence de l’innovation de défense en lien étroit avec la DGA. Il a pour objectif de détecter, orienter et expérimenter les innovations portées par les acteurs régionaux afin de faire émerger de nouvelles solutions technologiques pour la défense aérospatiale.

Aliénor est co-présidé par DGA Essais de missiles et Aerospace Valley, et son comité de pilotage comprend un représentant de chaque membre fondateur (DGA Essais en vol, l'AIA de Bordeaux, le CEAM de Mont-de-Marsan,le 13e RDP de Martignas-sur-Jalle).

Basé en région Nouvelle-Aquitaine près de Bordeaux, Aliénor bénéficie de la richesse de l’écosystème industriel et académique local dans le domaine aérospatial, tout en restant ouvert à des partenariats avec des acteurs implantés dans d’autres régions de France. Sa mission est d’animer et de fédérer tous les acteurs régionaux et particulièrement les PME/ITE, TPE et start-up. Il associe les chercheurs du territoire (université de Bordeaux, ENSAM…) et coordonne les initiatives locales notamment en travaillant avec la région.

lundi 13 avril 2020

La propulsion hybride: un atout pour l'accès souverain à l'espace ?


Bordeaux - Entretien avec les fondateurs d'Hybrid propulsion for Space. La France, face aux nouveaux enjeux qui animent le secteur du spatial, est désormais dotée d'une stratégie qui lui offre  l'occasion de maîtriser à nouveau ses ambitions. Elle peut notamment pour cela s'appuyer sur les innovations de nouveaux acteurs de son riche écosystème. Aujourd'hui l'exemple de la propulsion hybride.

Illustrations: La propulsion hybride permet d'envisager une plus grande modularité des lanceurs avec, par exemple un décollage sans pas de tir, ici depuis une bouée (vues d'artiste HPS).


L'accès à l'espace est aujourd'hui (re)devenu une question stratégique, un enjeu de souveraineté, et même dirons-nous, une compétition. C'est une problématique que nous avons abordée de plus en plus fréquemment sur ce blog, à mesure que le monde du spatial évoluait ces dernières années, impliquant  par la même de façon croissante de nouveaux acteurs. 

Frappé d'un dynamisme renouvelé (et des défis qui l'accompagnent), le secteur doit s'adapter à l'arrivée de challengers que sont les puissances émergentes, et les acteurs du New Space. Pour les historiques du spatial, qui s'épanouissaient dans une confortable inertie, la révolution passera par l'innovation technologique, mais également l'innovation dans les process. Et bien entendu, l'investissement.

Hybrid Propulsion for Space (HPS), toute jeune start-up basée à Bordeaux (hébergée à l'ENSAM, bientôt membre d'Aerospace Valley), développe un propulseur spatial hybride innovant haute performance à coût réduit, grâce à une innovation technologique propriétaire. Entretien avec les fondateurs.




Pax Aquitania. Pouvez-vous nous présenter en quelques points la propulsion spatiale hybride ? Et notamment son intérêt quant aux lanceurs ? 


HPS. Traditionnellement, la propulsion spatiale se focalise sur deux technologies propulsives qui sont parfaitement éprouvées : la propulsion liquide consistant en un comburant et un carburant liquide, et la propulsion solide, où le comburant et le carburant sont mélangés au sein d’un même solide. Pour faire simple, la propulsion liquide favorise la performance technique, tandis que la propulsion solide favorise l’efficacité économique.

Hybrid Propulsion for Space se focalise sur un troisième type de propulsion : la propulsion hybride, où le comburant est liquide, et le carburant solide. Cette technologie réunit théoriquement les avantages de la propulsion liquide et de la propulsion solide. En pratique, la propulsion hybride souffre actuellement d’un verrou technologique qui l’empêche de délivrer son plein potentiel propulsif pour des moteurs de grande taille et de forte puissance. Hybrid Propulsion for Space cherche à lever ce verrou afin de créer un propulseur sans aucun compromis, peu cher à concevoir, produire et mettre en œuvre, mais aussi offrant un bon rendement propulsif, et la capacité de moduler la poussée ainsi que d’éteindre et de rallumer le moteur à volonté. Pour cela, HPS développe une innovation technologique permettant de lever le verrou technologique limitant le rendement et la poussée pour des propulseurs de grande taille. 

Cette innovation a déjà été testée sur un prototype lors d’essais de combustion au sol et une amélioration de 70% d’un facteur lié à la poussée a été mis en évidence. Ce qui a amené au dépôt d’un brevet. 
Une étude de l’état de l’art a de plus montré qu’aucune recherche n’a été faite dans la direction de l’innovation développée par Hybrid Propulsion for Space. En revanche on note une nette progression des dépôts de brevet sur la propulsion hybride depuis 2017, notamment en Chine.



La propulsion hybride:
La propulsion hybride consiste à injecter un ergol liquide stocké dans un réservoir dans une chambre de combustion qui contient également l'ergol solide. La chaleur dégagée par la combustion permet au bloc solide d'ergol de produire des gaz combustibles qui viennent se mélanger avec l'ergol liquide injecté. Ce processus entretient la combustion jusqu'à consommation complète d'un des deux ergols. 
L'innovation technologique d'HPS permet d'augmenter la vitesse de consommation de l'ergol solide et de favoriser le mélange des ergols. Ces deux facteurs étant nécessaires pour produire une poussée importante et efficace. Les tirs sur banc d'essais "Lily" effectués avec des prototypes ont permis de montrer un accroissement de 30 à 70 % de la vitesse de consommation du carburant.
Banc d'essais 'Lily"

Pax Aquitania. Le développement de cette technologie découle-t-elle directement des bouleversements du marché provoqués dans le cadre de la révolution du New Space ?


HPS. L'avènement du New Space dans les années 2010 a permis à des nouveaux acteurs de développer des activités spatiales. Des nouvelles applications ont demandé de nouveaux formats de satellites caractérisés par une faible masse, entre 0 et 500 kg. Ils sont si légers qu'à l'heure actuelle il n'y a pas d'offre de mise en orbite qui soit réellement adaptée à ces satellites, si bien que l'attente de lancement peut être de plusieurs années. 
Plus particulièrement, il n'y avait pas (jusqu'en 2018) de fusée ayant une capacité d'emport adaptée à ces petits satellites. Il s'est créé un déficit d'offres face à une demande grandissante. Le nombre de ces satellites a explosé, passant de 50 à placer sur orbite en 2010, à 350 en 2018. Les prévisions tablent sur un millier d'unités annuelles dans les années 2030 pour un marché de 20 milliards de dollars de lancement pour la décennie à venir, et pour une industrie spatiale dépassant le millier de milliards de dollars.

« Le développement de la brique technologique proposée par HPS permettrait à la France de disposer d’une technologie propulsive performante, peu chère, et permettre un accès à l’espace réactif »


Pax Aquitania. La technologie de propulsion hybride semble présenter une innovation qui pourrait s'avérer intéressante dans le cadre d'une stratégie spatiale de défense ? Ce que la France tente actuellement de mettre en oeuvre.


HPS. L’espace devient un champ d’affrontement et un théâtre d’opérations. Il permet en effet un support des forces armées en termes de communication, de géolocalisation et de renseignement. De plus il revêt un caractère stratégique pour la capacité d’action militaire, et plus récemment d’agir contre des menaces spatiales (satellites belliqueux). Dans le cadre de cette arsenalisation de l’espace et de l’augmentation de la  « spatiodépendance » des forces armées, une capacité de lancement dédiée aux charges utiles légères participera à la  « spatiorésilience » des nations.

La pierre angulaire de l’industrie spatiale, qu’elle soit civile, militaire ou duale, est celle de l’accès à l’espace. Un vecteur permettant d’aller dans l’espace mais aussi de s’y déplacer est la condition sine qua non du développement de cette industrie.

Et la clé de cet accès à l’espace est bien entendu le vecteur qui permet de s’y rendre, vecteur dont la performance technique et économique dépend du système de propulsion.

Le développement de la brique technologique proposée par HPS permettrait à la France de disposer d’une technologie propulsive performante, peu chère, et permettre un accès à l’espace réactif. Un microlanceur en propulsion hybride est adapté en taille et robustesse pour être transporté dans un container standard. En outre, pour les besoins militaires, le lanceur peut être transporté dans un A400M et être mis en œuvre par un porte-avions.
Cette technologie peut être implémentée bien entendu sur un lanceur de micro-satellites, véhicule ayant un marché potentiel le plus important, mais aussi au sein d’un lanceur suborbital, véhicule hypersonique ou encore un dispenser motorisé de micro-satellite, s’ils sont lancés par grappe sur un lanceur traditionnel.



Pax Aquitania. Vous avez présenté votre innovation à la Direction Générale de l'Armement, mais pour mener à bien ce projet, il faudra l'investissement de divers acteurs. Vous comptez notamment sur l'écosystème qui cimente la BITD française. 


HPS. Afin de faire ce projet en France, le soutien de la DGA Essais Missiles est nécessaire pour notre phase de R&D, afin de pouvoir effectuer nos essais propulsifs de développement et de qualification autant au sol dans un premier temps, qu’essais en vol par la suite. En effet, il est économiquement beaucoup plus favorable pour HPS d’exploiter les infrastructures existantes de la DGA EM, afin de profiter du cadre réglementaire et sécuritaire adéquat pour ces activités.

Nous avons pour l’instant détaillé notre innovation aux experts techniques de la DGA, qui ont reconnu l’avantage technique potentiel de notre innovation. Nous sommes aussi en lien avec l’Agence d’Innovation de Défense qui est la seule entité permettant de décider d’un partenariat avec la DGA EM.

Nous avons également commencé les démarches pour obtenir des financements de la part de la région Nouvelle-Aquitaine, qui demande un engagement de la DGA avant tout éventuel soutien. La DGA et l'AID sont donc les premières institutions dont nous cherchons à obtenir le soutien.

Aussi, nous avons postulé à un appel à projet organisé par l’industriel MBDA pour développer des technologies innovantes et ayant une application dans les prochaines générations de systèmes de missiles.

Une fois notre brique technologique développée, nous souhaitons nous associer avec un industriel pour concevoir le reste du véhicule.

Nous envisageons aussi la possibilité de ne pas trouver les soutiens et les financements souhaités en France, et explorons les pistes à l’étranger. Nous avons pour l’instant des contacts aux Etats-Unis, mais aucune possibilité n’est exclue.
Au vu des développements aux USA, l’industrie spatiale va connaitre un essor fulgurant dans les prochaines décennies. L’avenir est beaucoup moins certain pour les acteurs individuels européens. La faillite du britannique OneWeb et de sa méga-constellation a par exemple un impact financier direct sur Arianespace.

« Si la France n’adapte pas sa façon de considérer l’investissement dans le spatial, nous serons contraints de partir à l’étranger »

Pax Aquitania. La France (ou plus largement l'Europe), semble tarder à s'investir pleinement dans cette économie de l'innovation si déterminante en termes de souveraineté, et ce particulièrement en ce qui concerne le New Space. Le risque est-il réel que, comme dans le secteur de la défense, des innovations nationales d'ampleur stratégique soient captées par l'étranger ?


HPS. L’industrie spatiale européenne est organisée de la même façon qu’il y a 30 ans, lorsque le marché était complètement différent. L’inertie d’une telle centralisation implique une inadéquation entre les capacités opérationnelles de ce que propose l’Europe du spatial, et le marché qui évolue chaque mois.

Une révolution tant conceptuelle que structurelle est néanmoins sur le point de débuter en Europe, et nous comptons bien entendu y contribuer.  

Nos perspectives de développement en France et en Europe sont corrélées à un changement de façon de penser l’industrie spatiale. Ce constat a été fait au niveau politique (rapport Jean-Marie Bockel au Sénat, BPI France), mais tarde à avoir de d’écho chez les industriels et investisseurs du milieu.
Dans le spatial comme dans la défense d'ailleurs, trop d'acteurs restent en effet soumis au phénomène de « vallée de la mort », qui voit disparaître nombre de PME et Start-up alors qu’elles abordent la phase de financement d’un prototype ou démonstrateur. Il y a une vraie pénurie en capital développement.

Ces problématiques de financement spécifiques à l'Europe engendrent fatalement un risque majeur: celui de laisser échapper à l’étranger des compétences et technologies souveraines.
Si malheureusement, la France n’adaptait pas sa façon de considérer l’investissement dans le spatial, nous serons contraints de partir à l’étranger.



Un grand remerciement à Sylvain, l'un des cofondateurs d'Hybrid Propulsion for Space, pour cet entretien riche en enseignements !


vendredi 13 mars 2020

Space Business Innovation Day le 1er avril à Bordeaux [REPORTE]


ATTENTION: Nous continuons sur Pax Aquitania de relayer les informations de type événementiel, mais en raison du contexte épidémiologique actuel lié au COVID-19, merci de rester informé(e) sur la tenue ou non, de ces rendez-vous. Plusieurs ont d'ores et déjà été annulés ou reportés.
A ce stade, les événements réunissant plus de 100 personnes sont interdits sur tout le territoire.
Merci. 
___________________________

Le 1er avril prochain se déroulera le SPACE BUSINESS INNOVATION DAY BORDEAUX. Venez découvrir ce que les technologies du spatial peuvent apporter au domaines des drones, du bâtiment, des infrastructures connectées, de l’énergie, de la santé, ou encore de l’agriculture.

Dans le cadre du SPACE BUSINESS INNOVATION DAY*, des experts de l'ESA BIC Sud France vous présenteront les différents moyens d'accéder aux données et services du secteur spatial afin de doper vos innovations : Observation de la terre, Géolocalisation, Télécommunication et Technologies... Puis venez rencontrer les professionnels du secteur en session individuelle !

C’est dans le cadre de cet événement que les organisateurs régionaux Bordeaux Technowest, Aerospace Valley et CNES vous convient à La Source (Bordeaux) afin d'aborder les sujets suivant :

  • 13h30 Accueil des participants & café
  • 14h00 Mot d’accueil & Présentation de Bordeaux Technowest (15 min)
  • 14h15 L'accès aux données spatiales (25 min)
  • 14h40 Présentation du dispositif ESA BIC Sud France (20 min)
  • 15h00 Transfert de technologies spatiales (15 min)
  • 15h15 L'open Innovation chez Airbus (15 min)
  • 15:30 Pause-café / collation
  • 15h50 Présentation d’un Incubé de l’ESA BIC Sud France
  • 16h00 Présentation d’un Alumni de l’ESA BIC Sud France
  • 16h10 Rencontres en face à face avec les différents experts du secteur (incubateur, pôle, CNES, partenaires).
  • 18h10 Fin des rencontres



*Evènement organisé par Aerospace Valley et Bordeaux Technowest


vendredi 31 janvier 2020

SCAF: pas de signature mais une tribune


La signature d'un contrat de développement pour le démonstrateur d'avion de combat européen qui doit voler à l'horizon 2026 était attendue pour ce mois de janvier 2020. Finalement, silence radio chez les décideurs politiques comme industriels. En revanche, ce sont les armées de l'air concernées qui s'expriment aujourd’hui par la voix de leur chef d'Etat-Major.

Ci-dessus: capture du concept de NGF (next generation fighter) aperçu dans les voeux 2020 de Dassault Aviation.


Le 16 octobre 2019, à Toulouse, Emmanuel Macron et Angela Merkel avaient annoncé que les divers points de blocage (sur la répartition industrielle principalement) concernant le Système de combat aérien futur (SCAF) avaient été outrepassés et que l'on prenait le chemin d'un contrat signé en janvier 2020 pour le développement d'un démonstrateur d'ici 2025/26.

Nous sommes le 31 janvier, et visiblement, le dossier connaît encore quelques retards. Pour certains cela est préoccupant, voire très inquiétant.
Pour d'autres, il n'y a pas vraiment de surprise, un programme d'une telle envergure demandant des négociations politico-industrielles d'ordre stratégique... donc qui s'éternisent.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que des délais supplémentaires interviennent (c'était déjà le cas en octobre dernier), délais qui n'ont jamais excédé quelques jours ou semaines. Rien d'alarmant à ce stade. 
Et comme nous l'avons déjà rappelé, l'équation qui concerne aujourd'hui un partage industriel entre la France l'Allemagne et l'Espagne n'a jamais été considérée comme simple. N'a jamais non plus été prise à la légère. Patience donc.

En attendant, ce sont les opérationnels qui s'expriment ce 31 janvier. Cette date n'est probablement pas choisie au hasard, la prise de parole venant en quelques sortes cocher la case "SCAF" du mois de janvier 2020.

Intitulée « Le système d’armes de prochaine génération NGWS, pierre angulaire de la future puissance aérienne européenne », cette tribune publiée dans Le Figaro par les chefs d’État-major des armées de l’air française (général Philippe Lavigne), allemande (général Ingo Gerhartz) et espagnole (général Javier Salto) rappelle les enjeux de la modernisation de l'aviation de combat européens, des enjeux avant tout placés sous le prisme de la souveraineté face à un futur incertain.


Le NGWS/SCAF, sera composé d’un avion de chasse de nouvelle génération associé à des plateformes pilotées à distance et dédiées à des missions spécifiques. « Nous souhaitons que ce système dispose de capacités aériennes permettant d’acquérir la supériorité opérationnelle dans les opérations multi-domaines futures, afin de garantir la liberté d’action à toutes les forces, qu’elles soient terrestres, maritimes ou aériennes. » affirment les trois CEMAA, en ajoutant que les diverses études en cours devront déterminer les capacités du système de combat (agilité, furtivité, rapidité... missions).
Surtout, ils semblent tenir fermement à garantir que l'être humain gardera une place centrale au cœurs des systèmes d'armes futurs dont on sait qu'ils seront fortement numérisés, intégrant des intelligences artificielles.

Les forces aériennes françaises, allemandes et espagnoles s'engagent également à « faire converger autant que possible nos visions opérationnelles de ces besoins, en commençant par les aspects de connectivité et d’interopérabilité, qui sont des éléments structurant du NGWS et du SCAF ». 
Un document précisant cette vision commune sera signé par les 3 pays lors prochain salon aéronautique ILA à Berlin en mai 2020.

S’agissant du démonstrateur, les trois officiers généraux évoquent un « premier contrat de recherche et technologie qui est sur le point d’être signé. »

Jour de Brexit oblige, un mot sur la Grande Bretagne qui patine aussi sur son projet Tempest. Fatalement, "Global Britain" se heurte dans sa recherche de partenaires (en l’occurrence ces temps ci au Japon, qui souhaite lancer un programme d'avion de combat) à la concurrence... américaine ! 


mercredi 11 décembre 2019

« Aliénor », nouveau cluster aquitain dédié à l'innovation de Défense


Aerospace Valley organisait ce jeudi 5 décembre sur le site de l’Aérocampus de Latresne le lancement d'un nouveau cluster aérospatial régional: « Aliénor ». Le pôle de compétitivité a signé avec la DGA une convention qui permettra aux entreprises innovantes de mettre un pied dans le monde de la défense. Littéralement. 

Ci-dessus: lancement du cluster Aliénor, le 5 décembre 2019 sur le site d'Aerocampus à Latresne - photo Aerospace Valley


S'il s'agit bien d'une initiative placée sous le haut-patronage de la Région Nouvelle-Aquitaine, le ministère des Armées était présent en force jeudi 5 décembre en banlieue bordelaise, pour le lancement du cluster Aliénor.
Face aux représentants de la communauté défense du pôle Aerospace Valley étaient rassemblés ceux des 3 sites régionaux de la DGA: Essais Missiles (Saint-Médard-en-Jalles et Biscarosse), Essais en Vol (Cazaux). 

La Direction Générale de l'Armement donc, mais d'autres acteurs de l'institution devraient venir renforcer le projet, avec en premier lieu le CEAM de Mont-de-Marsan (Armée de l'air: Centre d'Expérimentation Aériennes Militaires), et l’Atelier Industriel de l'Aéronautique (AIA) de Bordeaux. 

Pour l'occasion, quelques start-up bordelaises sous la coupe d'Aerospace Valley exposaient à Latresne: HPS (Hybrid Propulsion for Space, dans les micro-lanceurs), Delfox (IA), Touch Sensity (technologies des matériaux), Rescoll (matériaux polymères)...


Un cluster de plus: pourquoi faire ?

« Aliénor », dont la convention a été signée ce 5 décembre, signifie cluster Aérospatial de la défense pour Labelliser les Innovations et Etudes Nouvelles Opérationnelles de la Région Nouvelle-Aquitaine.
Derrière cet acronyme, certes historiquement porteur, mais -vous le concéderez- tout à fait artificiel, il faut voir la volonté de la DGA de pouvoir exercer une détection, voire une captation des innovations de défense. Car l'innovation, s'il est le cheval de bataille de la région, est aussi celui de la défense comme du monde aérospatial en cette ère de ruptures technologiques.

Le partenariat se veut gagnant-gagnant, et intéresse naturellement la jeune AID: l'Agence de l'Innovation de Défense, elle qui est à la recherche de la formule magique en matière d'incubateur.

Depuis la création de ce blog en 2013, nous avons pu voir en moyenne une initiative de la sorte être lancée tous les deux ans. Tous les ans même si l'on ajoute les programmes universitaires. Or, toute la question réside dans le fait de déterminer si ce dynamisme, qui suit en réalité les tendances du milieu, ne contribue pas à la constitution d'un mille-feuille.
Pour preuve, nous nous rappellerons qu'il y a quelques années, lors d'une extraordinaire période de "buzz" autour du marché des drones, chaque Région française a créé son cluster drones, ainsi que son salon professionnel dédié... Au point fatalement de se faire concurrence. La bulle des drones a nettement dégonflé depuis.

Cependant, le cluster Aliénor vient répondre à un besoin concret, en offrant une collaboration directe entre les pépites naissantes et la DGA, ce qui d'une part permet aux premières de mieux comprendre les besoins de la Défense Nationale, et d'autre part permet un accès aux sacro-saintes zones d'essais militaires. Un Graal.
Une donnée importante quand on sait que la phase de démonstrateur est aujourd'hui au cœur du phénomène de "vallée de la mort", qui voit bien des start-up mourir avant leur 3 ans, par manque d’accès au(x) financement(s).

La méthodologie est la suivante: définir les besoins (les opérationnels des Armées). Orienter l'innovation (Aerospace Valley). Accompagner les partenaires (DGA). Reste à savoir si les financements eux, pourront être facilités par l'Etat à travers cette convention.

Mais cette association avec la DGA a d'autant plus d'importance et de potentielles vertus que le ministère a semble t-il trouvé des process efficaces s'agissant des innovations en interne. On pense ici notamment aux travaux fructueux du CEAM et des unités de forces spéciales.

Outre l'innovation de défense au sens large, un sujet stratégique est bien entendu celui du spatial. La Région étudie d'ailleurs un projet de SpaceHub bordelais, tandis qu'à Toulouse devrait se constituer un Space Campus autour de l'Armée de l'air et du CNES dans le cadre du Commandement de l'Espace.


lundi 14 octobre 2019

Un hackathon pour appliquer les technologies du spatial à la climatologie

Mieux comprendre le changement climatique grâce aux technologies du spatial, et ainsi préserver l'environnement. C'est le but de ce hackathon événement qui se tiendra simultanément à Toulouse, Bordeaux et Montpellier les 25 et 26 octobre.

Nous avions évoqué sur ce blog il y a quelques mois une tribune un peu aberrante d’un collectif de chercheurs en écologie politique, parue dans Libération, et appelant Thomas Pesquet à se prononcer contre l’exploration spatiale, dont les cerveaux et budgets seraient  plus utiles à la préservation de la planète. Aberrante en effet, tant les technologies du spatial contribue à mieux comprendre notre propre planète.

Et voilà donc une nouvelle occasion d'en apporter la preuve, la 2e édition du « Copernicus Hackathon & Climathon », proposé simultanément à Toulouse, Bordeaux et Montpellier, et auquel il est encore temps de s'inscrire : hackathons.copernicus.eu.

Organisée par le Pôle de compétitivité Aerospace Valley et Epitech, l'événement a été sélectionné par la Commission Européenne et bénéficie ainsi du "label" Copernicus Hackathon. Déja organisé à Toulouse l'an passé, il prend de plus une nouvelle ampleur en s’élargissant à deux métropoles du territoire couvert par Aerospace Valley : Bordeaux et Montpellier.

Depuis la création du dispositif en 2018, des Copernicus Hackathons ont été organisés dans 13 pays d’Europe, par 15 villes dont deux en France. L'an dernier, le Copernicus Hackhaton de Toulouse a permis de faire émerger le projet EDEN, qui vise à prévoir en amont la dégradation des sols agricoles.

Le principe d'un hackathon est de mettre au défi les participants de relever plusieurs problématiques en un temps limité. Le thème du Copernicus Hackhaton les amènera donc à imaginer des solutions qui auront un impact positif sur la planète en utilisant les données satellites. Les challenges proposés porteront sur les thèmes suivants : mobilité, retrofitting, économie circulaire, gestion de l’eau et énergie, gestion des déchets, pollution de l’air.

Pendant 24 heures, des équipes de 2 à 5 personnes constituées d’étudiants, de professionnels, de spécialistes du climat et des données spatiales, échangeront pour faire émerger des idées innovantes avec pour objectif de répondre aux enjeux climatiques.

L'objectif est bien sûr de dénicher des pépites, start-up innovantes, dont le projet pourra être  accompagné par la suite. 

Parmi les partenaires présents, Wekeo mettra disposition les données et des experts, mais on note aussi la présente d'Airbus, du CNES, de la Région Nouvelle-Aquitaine, ainsi que BIC 3M, Bordeaux TechnoWest, Bordeaux Métropole, Montpellier Métropole, Toulouse Métropole. 

Différents prix seront décernés :
  • Prix Climat (participation à la finale nationale du Climathon à Paris en novembre 2019).
  • Prix Business (soutien au développement du projet par les partenaires business locaux).
  • Prix Nouvelle-Aquitaine (soutien d’une équipe dans le cadre de sa feuille de route Neo Terra).
  • Prix Copernicus (une place au Copernicus Accelerator pour développer le projet).
  • Prix Airbus (une image satellite offerte au lauréat), 
  • Prix CNES (« accompagnement » par le « Lab’ OT » et les « experts climat » du CNES). 


Pour rappel, le programme européen Copernicus vise depuis 2001 à doter l'Europe d'une capacité autonome d'observation et de surveillance de la Terre. Avec Galileo (le "GPS" européen), il l'un des deux grands programmes phares menés pour les besoins stratégiques et souverains de l'Europe du spatial.

Grâce à son service d'imagerie, accessible à tout citoyen européen, Copernicus a des impacts dans de nombreux domaines, qui vont de la sécurité, à la gestion des catastrophes, ou la protection de l'environnement (terre, air et mer).

S’inspirant de l'exemple de la prévision météorologique dans la manière d’exploiter, de façon optimale, observations spatiales et mesures in situ, l'Union européenne et l'Agence spatiale européenne ont lancé en 2001 l’initiative européenne de surveillance globale pour l’environnement et la sécurité dite Global Monitoring for Environment and Security (GMES) dans le but de promouvoir le développement de services opérationnels d'accès aux informations environnementales.
L'objectif est de rationaliser l'utilisation de données relatives à l'environnement et à la sécurité issues de sources multiples, afin de disposer d'informations et de services fiables chaque fois que cela est nécessaire. GMES, devenu Copernicus en 2012, permet donc de rassembler l'ensemble des données obtenues à partir de satellites environnementaux et d'instruments de mesure sur site, afin de produire une vue globale et complète de l'état de notre planète.
Concernant la gestion des problématiques environnementales, Copernicus permet ainsi de suivre l'évolution de l'occupation des sols, de caractériser les variables bio-géophysiques sur les terres émergées, de prévoir l’état des océans, d’apporter une aide à la gestion de crise sur des zones affectées par des catastrophes naturelles ou industrielles, de suivre la composition chimique et la qualité de l’air, de ré-analyser des variables climatiques essentielles et de développer des outils pour la mise en place de services climatiques.


mercredi 2 octobre 2019

Appel à candidature pour le 5ème congrès MediSpace (11 & 12 décembre)


La défense, comme l'aéronautique et le spatial, sont de formidables moteurs pour l'innovation duale. Des secteurs industriels où la R&D est puissante, et d'où découlent des applications  parfois insoupçonnées pour le secteur civil. Un cas emblématique est celui de la relation entre le spatial et la médecine. C'est l'objet du Congrès MediSpace, qui a pour objectif de favoriser les transferts de technologies et le partage des expertises entre les industries du Spatial, de l’Aéronautique et de la Santé.


Organisé depuis 2013 par Bordeaux Technowest, qui s’appuie légitimement sur "la richesse et l’histoire de Bordeaux Aéroparc et de ses grands groupes industriels (ArianeGroup, Dassault, Thales, Novespace ou encore l’ESA, Aérospace Valley et l’ONERA), et sur sa fidèle collaboration avec le Centre National des Études Spatiales (CNES)", Medispace 2019, qui devient un événement annuel, se déroulera les 11 et 12 décembre au Pin Galant, à Mérignac.

Le congrès est très largement axé sur les mécanismes de transferts de technologies et les passerelles entre les mondes de l'aérospatial et de la santé, mais pas seulement. Les domaines concernés sont les matériaux, les satellites (navigation, télémédecine), l'IA et la Data, la robotique, ainsi que les technologies de 3D et d'imagerie... 

Conférences, workshops, rendez-vous "B2B" sont au programme. Un appel à candidature est également passé auprès de structures, notamment les PME et Start-up, qui désireraient participer à cette 5ème édition de Medispace. Rendez vous sur le site officiel.


mercredi 19 juin 2019

Lancement du Centre Spatial Universitaire Nouvelle-Aquitaine


Cinq écoles s'étaient donné rendez-vous ce matin au salon du Bourget pour annoncer le lancement du Centre Spatial Universaire de Nouvelle Aquitaine. Une initiative qui s’inscrit une nouvelle fois dans la logique régionale de structuration des filières aéronautiques et spatiales, en favorisant les passerelles. En parallèle, d'autres annonces ont été faites au Bourget. 


Je ne vous apprends rien, le salon du Bourget est un rendez-vous immanquable pour les deux Régions du grand sud-ouest, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, qui rassemblent à elles deux le chiffre impressionnant de 146 000 emplois dans le secteur aérospatial (soit les 2/3 des effectifs aéronautiques français et plus de 50% dans le domaine spatial et des systèmes embarqués). 

Mis à part la défense, sa force principale, le spatial compte pour beaucoup en Nouvelle-Aquitaine, avec trois sites Ariane Group et une usine du futur d’Ariane 6.

En s'associant pour créer le "Centre Spatial Universitaire de Nouvelle-Aqutaine", les acteurs locaux en première lignes (Arts & Metiers, Bordeaux INP, l'ESTIA, ISAE ENSMA et Sciences Po Bordeaux) rattrapent donc un retard que d'autres avaient déjà comblé. Toulouse, Montpellier ou encore Grenoble disposent en effet déjà d'un CSU (Centre Spatial Universitaire).

Les CSU dont les spécialités sont adaptées à l'écosystème local (ex: les nano-satellites à Montpellier) sont des centres de référence ayant pour objectif de développer et rassembler des moyens et des compétences en ingénierie, production, opération, test et applications... en impliquant des chercheurs et étudiants dans le cadre de leur stage ou projet pour favoriser le développement économique régional.

Nous resterons donc très attentifs sur ce blog aux futurs développements du CSU NA !



Autre annonce: le lancement d'Evering

Au Bourget également ce 19 juin, la création officielle d’Evering, institut dédié à la formation supérieure, la recherche et l’innovation dans le domaine de l’ingénierie aéronautique et la maintenance associée.
La création de ce nouvel institut répond aux besoins croissants en formation et innovation du secteur aéronautique et spatial, civil et militaire, et en particulier celui de la MRO (maintenance, repair, overhaul), un marché en plein développement.


L'offre de formation proposée par Evering et ses partenaires, que ce soit en formation initiale ou par apprentissage, est une réponse aux besoins importants du marché de l'emploi, et plus particulièrement celui des PME/ETI (entreprises de taille intermédiaire) de la région Nouvelle Aquitaine.



Le plan Maryse Bastié 

Toutes ces initiatives (et bien d'autres) s’inscrivent dans une grande feuille de route initiée par la Région Nouvelle Aquitaine, afin de faire face aux grands défis qui se présentent devant l'écosystème aérospatial local.

Pour cela, le plan "Maryse Bastié 2022", en référence à l’esprit pionnier et performant de l’aviatrice limougeaude Maryse Bastié (1898–1952), a été présenté au Bourget. "L’ambition de la Région est de mettre en place sur son territoire les conditions permettant de réinventer la chaîne de valeur pour une filière aéronautique et spatiale décloisonnée, innovante, agile et durable en Nouvelle-Aquitaine", annonce Alain Rousset, le président de la Région.

Le plan Maryse Bastié se divise en 4 segments: 
  • « Succès », doit stimuler la mise en oeuvre d’une filière agile et innovante basée sur des relations réinventées, une organisation performante, de nouvelles stratégies et ouverte aux marchés émergents.
  • « Excellence », pour qui l’enjeu est d’anticiper les marchés de demain et de travailler à la visibilité des compétences et atouts du territoire à l’échelle, nationale, européenne et internationale.
  • « Talents » a vocation à mettre en position les acteurs régionaux de pouvoir répondre aux besoins en compétences des marchés de demain, de renforcer l’attractivité et l’ancrage des talents et d’ouvrir la filière à de nouveaux profils. En ce sens, le Conseil régional veut doubler le nombre d’ingénieurs aéronautiques formés sur le territoire dans les 5 ans.
  • « Dynamisme », dernier chantier qui doit permettre de créer l’écosystème d’innovation attractif et agile et les outils d’innovation ouverte pour proposer les conditions favorables pour créer une filière décloisonnée, innovante, durable et agile.
Bien entendu, nous reviendrons plus en détails sur ces initiatives sur Pax Aquitania dans les jours, semaines, et mois prochains.


lundi 3 décembre 2018

2ème édition du Pharos Event, dédié à la photonique


Durant trois jours, du 5 au 7 décembre, spécialistes français et internationaux de la photonique se réunissent à Bordeaux pour le "Pharos Event". Car en effet, les technologies du laser, dans lesquelles l'Aquitaine est un champion, bouleversent les sciences et l'industrie, avec des applications souvent stratégiques.

La 2ème édition de PHAROS EVENT, organisée par les pôles de compétitivité ALPHA-RLH et Aerospace Valley, se tiendra du 5 au 7 décembre 2018 à l'Institut d'Optique d'Aquitaine à Bordeaux (Talence).
Pharos est une initiative lancée en 2014 visant à tirer parti de l’adoption massive des technologies photonique, laser et hyperfréquences dans l’industrie aérospatiale. Elle s'articule autour de l’écosystème aquitain échafaudé autour du pôle Alpha "Route des Lasers", et de la formidable vitrine que représente le laser mégajoule du CEA.

L'événement de cette semaine est un forum visant à favoriser l’émergence de nouvelles idées et technologies en optoélectronique, en photonique et en hyperfréquences.
Chercheurs, industriels, PME et start-up seront réunis pendant 3 jours pour assister à une vingtaine de conférences scientifiques et/ou technologiques sur les applications de la photonique et des hyperfréquences dans l'aéronautique et le spatial.

Des réunions scientifiques et professionnelles sont ainsi réparties sur ces trois jours, avec plus de 150 participants attendus (cadres supérieurs, responsables R & D & T du groupe Ariane, Dassault Aviation, groupe Safran, groupe Thales …), et jusqu’à 20 sessions sur l’aéronautique et l’espace.

Le programme laisse entrevoir des présentations de très haut niveau, regardant largement le monde de l'aérospatial et de la défense.

Autour de Bordeaux, et du Laser mégajoule au Barp (33), installation militaire du Centre d’énergie atomique où sont testées les capacités de dissuasion nucléaire, c'est une véritable industrie de la photonique qui a émergé au cours des dix dernières années, avec des centaines d'emplois qualifiés.

Le secteur d'activité de la photonique possède de nombreuses applications industrielles et de recherche et fait l'objet d'un soutien spécifique au niveau européen. En France, le secteur emploie directement 80 000 personnes.
La photonique est l’une des 6 technologies génériques d’avenir (KET) identifiées par la Commission européenne, qui les considère comme les principaux moteurs de l’innovation. Ces technologies se caractérisent par leur capacité à irriguer de très nombreux secteurs industriels et domaines applicatifs, ainsi que leur forte intensité de R&D ; elles permettent des cycles d’innovation rapides, entraînant des dépenses d’investissement élevées et le maintien d’une main-d’œuvre hautement qualifiée. Les technologies photoniques nourrissent des marchés très concurrentiels et en forte croissance (environnement, santé, automobile, éclairage etc.), et recouvrent des domaines tels que la fibre optique, le laser ou encore les capteurs et les composants optroniques.

Source: Tematys/ministère de l'Economie