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mercredi 8 janvier 2025

Le groupe MBDA s'est emparé de la totalité de Roxel


MBDA a annoncé le 6 janvier 2025 l'acquisition totale de Roxel, spécialiste de la propulsion solide des missiles. Cette opération de consolidation est réalisée dans un but d'optimisation des cycles industriels et de montée en cadence. 


C'est l'aboutissement d'un épisode qui débutait avec une information révélée septembre dernier: le missilier européen MBDA (Matra BAE Dynamics Alenia), acteur phare de l'armement continental, a acquis le 19 décembre les 50% de parts qui possédaient encore Safran dans l'entreprise Roxel. MBDA en est désormais actionnaire à 100%. 

Avec cette prise de contrôle, MBDA affirme son leadership sur la filière et se prépare à des années qui s'annoncent aussi fastueuses que risquées pour le groupe, alors que la demande de munitions explose partout dans le monde, et en premier lieu en Europe.  

Pour rappel, Roxel est une société franco-britannique issue de la fusion des sociétés Celerg et Royal Ordnance Rocket Motors, en 2003. Leader européen et acteur majeur au niveau mondial dans son domaine, Roxel conçoit, développe, fabrique et fournit des systèmes de propulsion solide et les équipements associés pour tous les types de roquettes et missiles tactiques et de croisière, au profit des forces aériennes, navales et terrestres. 

Elle compte quatre sites de production (un au Royaume-Uni, un en région Nouvelle-Aquitaine et deux en région Centre-Val de Loire), ainsi que des bureaux en région parisienne.

Roxel, dont le siège français est à Saint-Médard-en-Jalles près de Bordeaux, emploie 800 salariés et réalise un chiffre d'affaires annuel d'environ 200 millions d'euros, en nette augmentation dans le contexte de réarmement de l'Europe. L'entreprise propulse la grande majorité des munitions utilisées par l'armée française. 

"Roxel conserve son autonomie dans la gestion de ses activités et continuera d’honorer ses contrats avec d’autres systémiers et de développer de nouveaux marchés, notamment à l’export.", précise le communiqué publié par MBDA le 6 janvier 2025.


lundi 9 septembre 2024

MBDA s'apprêterait à acquérir la totalité de Roxel auprès de Safran


Le journal La Tribune révèle ce lundi que l'industriel de l'armement MBDA serait en négociation depuis plus d'un an pour racheter l'autre moitié des parts de la société spécialiste de la propulsion des missiles, Roxel.

Ci-dessus: la gamme d'armement équipé en propulsion solide par Roxel.


Consolidation en vue dans l'armement français. Le missilier européen MBDA (France, Royaume-Uni, Italie) serait en passe de racheter à Safran l'ensemble des parts de Roxel, leader européen de la propulsion tactique pour missiles et roquettes. Les deux groupes possèdent en effet chacun 50% de l'entreprise franco-britannique issue en 2003 de la fusion de Celerg et Royal Ordnance Rocket Motors (BAE Systems).

Selon le média La Tribune en effet, MBDA souhaiterait réaliser cette intégration dite "verticale" dans le but d'optimiser la production, en se facilitant notamment l'accélération des cadences et la réduction des cycles de développement.

Roxel, dont le siège français est à Saint-Médard-en-Jalles près de Bordeaux, emploie 800 salariés (sur ses différents sites) et réalise un chiffre d'affaires annuel d'environ 200 millions d'euros, en nette augmentation dans le contexte de réarmement de l'Europe. 

Un dossier stratégique à suivre dans les semaines qui viennent donc… 


mercredi 19 juin 2024

#Eurosatory2024 - Retour en force des missiliers sur le segment terrestre


Le conflit ukrainien tel qu'il se déroule depuis deux ans, combinant des combats de "haute intensité" et l'empêchement du déploiement à plein potentiel de la puissance aérienne, a poussé les armées occidentales à revoir leurs priorités concernant les capacités terrestres de frappe en profondeur. Et sur ce plan, le portefeuille français semble en passe de largement s'étoffer.

Ci-dessus: LRU de l'armée de Terre à la manœuvre avec des HIMARS américains - © EMACOM


Si la mode est aux drones et munitions rodeuses, que nous ne citerons pas dans ce résumé, le retex ukrainien nous montre que les résultats stratégiques sont eux obtenus lors de frappes dans la profondeur du dispositif ennemi, sur les centres de commandement, de logistique, ou de concentration de troupes. Des résultats que nous nous étions, en Occident, habitués à obtenir grâce à la puissance aérienne ou maritime. Or, que se passe t-il quand celles-ci sont empêchées ou absentes ? 

La transition est toute trouvée puisque le missilier MBDA, qui s'impose selon moi comme l'un des exposants les plus en vue lors de cette édition du salon Eurosatory puisque présent sur les munitions rodeuses, les missiles anti-char, la défense anti aérienne, et la frappe en profondeur, a dévoilé une version terrestre de son missile de croisière naval (MdCN).

Le Land Cruise Missile (LCM) repose en effet sur le système MdCN qui équipe (combat proven) les frégates et les sous-marins d'attaque de la Marine nationale française. MBDA insiste sur le fait que l'ensemble du système est intégré et rodé, conserve l'ensemble des ses performances (dont sa portée impressionnante de 1000 km), et peut être embarqué sur une plateforme mobile afin de maximiser sa survivabilité. Le LCM offre également une capacité de frappes simultanées contre une cible unique depuis des plateformes différentes, "comme l’a démontré le tir d’entraînement réalisé par la Marine nationale en avril 2024, avec le soutien de la DGA, depuis une frégate et un sous-marin immergé."

Le LCM, dont le développement n'est pas terminé, devrait permettre de disposer d'une capacité de frappe en profondeur terrestre souveraine à court terme… en attendant la suite.



Deuxièmement, il y a le programme FLT-P : Frappe longue portée terrestre. Durant les combats en Ukraine de l'année 2022, l'arrivée des lanceurs HIMARS en Ukraine est apparue comme une révélation pour les Européens, qui les uns après les autres, ont depuis passé commande auprès des Américains. D'autres, comme l'Espagne, ont temporisé, se penchant sur le marché international. Et comme souvent, la France, elle, a penché pour la solution souveraine au détriment de l'achat sur étagère… c'est le programme FLT-P, inscrit dans la Loi de programmation militaire 2024-2030.

Il s'agira donc de remplacer dans l'armée de Terre ce qu'il reste de la déjà maigre capacité de frappe en profondeur constituée par les lance-roquettes unitaires "LRU", plateforme héritée des années 1980 mais modernisée depuis. 13 lanceurs sont attendus d'ici 2030, ce qui remplace l'actuelle flotte théorique (il en reste en réalité beaucoup moins), ce chiffre passant à 26 en 2035. Les spécifications demandées par la DGA tournent autour d'une portée doublée par rapport au LRU, donc 150 km contre 70 aujourd'hui, et d'une haute précision. 

Pour répondre à ce marché de 600 millions d'euros, le groupe MBDA s'est allié à Safran pour proposer "Thundart", une version terrestre propulsée de la bombe air-sol AASM pouvant être lancée par salve de 12 jusqu'à 150 km dans un environnement électromagnétique dégradé (y compris sans GPS).

Mais sur ce programme, qui avancera dès cette année 2024, la BITD française voit s'avancer d'autres candidats. 

Force de frappe hypersonique terrestre ? 

Face à MBDA & Safran, on connait depuis plusieurs mois l'autre tandem, plus inédit, composé d'ArianeGroup & Thales, qui pour ce programme FLT-P proposent à horizon 2030 une munition balistique pouvant atteindre une cible à 150km à une vitesse avoisinant Mach 3. Ariane hérite du développement de la munition, et Thales de la conception du système de commandement et de contrôle (C2) et du système de guidage. 

A ce stade, s'il est déjà curieux de voir Ariane, surtout connue dans le militaire pour les missiles stratégiques de la force de dissuasion nucléaire, venir tenter sa chance sur le segment conventionnel -ce qu'elle fait déjà en quelques sortes avec le programme de planeur hypersonique V-MAX - le plus intéressant vient ensuite.  

En effet, pour la seconde partie du programme, Ariane et Thales poussent les curseurs en imaginant cette fois une munition pouvant frapper à 1 000 km ! Comme le LCM de MBDA ? Pas tout à fait.  La munition balistique devrait tutoyer la haute atmosphère et atteindre sa cible à Mach 5. Ou autrement dit, à vitesse hypersonique. De telles performances feraient de cette capacité, même si conventionnelle, un argument stratégique car extrêmement difficile à intercepter. 

Pour ceux qui ont un peu de mémoire, cela rappellera peut-être une tribune volontairement polémique rédigée par l'expert des blindés (et en particulier du char Leclerc, avec un ouvrage de référence paru récemment) Marc Chassillan il y a de cela un peu plus d'un an. Dans celle-ci, il ne proposait ni plus ni moins que de supprimer la composante de cavalerie lourde de l'armée de Terre afin de la remplacer par une force de frappe hypersonique… Provocateur, mais en partie prémonitoire ?


Reste la question des porteurs mobiles. Le célèbre M142 HIMARS américain assure sa haute mobilité (le "HIM"de l'acronyme HIMARS) grâce un camion porteur d'origine autrichienne. S'agissant des projets français, nous n'avons vu que des maquettes ou visuels, parfois pour montrer un camion, parfois un blindé chenillé semblable à l'actuel LRU de l'armée de Terre (comme c'est le cas sur le stand MBDA à Eurosatory). A ce stade, aucun choix ne semble avoir été fait, mais des constructeurs comme KNDS et Arquus se sont d'ores et déjà portés candidats depuis plus d'un an.   


Il existe également la solution de la plateforme fixe, Boeing et Saab proposant par exemple un lanceur GLSDB installé dans un container DRY standard.


Enfin, et pour finir ce tour des industriels français, n'oublions pas la discrète Roxel, qui fournit les systèmes de propulsion d'un impressionnant catalogue des missiles (60% du marché en Europe). Elle, dont le chiffre d'affaires augmente avec la demande, et qui investit fortement ces derniers mois sur la R&T (x3), la modernisation de ses sites en France et en Angleterre, et le recrutement, aura nécessairement un rôle à jouer dans ce futur programme FLP-T.


vendredi 19 avril 2024

Signalement stratégique dans le Golfe de Gascogne


La frégate multimissions Aquitaine et un sous-marin nucléaire d'attaque de classe Suffren de la Marine Nationale ont mené, avec succès, une double frappe vers la terre ce jeudi 18 avril. Cet exercice de tir, inédit, a été réalisé au centre d'essais des Landes 

📸 Marine Nationale / DGA


Les exercices de tir au large des Landes étant notifiés à l'avance, et largement surveillés par les passionnés (et vous le devinez, par d'autres..), nous savions qu'il fallait s'attendre à une annonce en cette fin de semaine.
Chose faite, ce jeudi 18 avril en milieu d'après-midi, quand la Marine Nationale et la Direction générale de l'armement (DGA) ont communiqué, de façon conjointe et parallèle, sur un tir de missiles de la mer… vers la terre. Au centre DGA "Essais de missiles" des Landes, c'est souvent le contraire !  

Mais le caractère inédit de ce tir vient du fait qu'il s'agit en fait d'un double tir, en effet réalisé d'une part par la FREMM Aquitaine, et d'autre part par un SNA de type Suffren (désormais deux en service). La côte Atlantique a ainsi vu le premier double tir simultané d’entraînement du missile de croisière naval MdCN.

La cible a été atteinte simultanément par les deux missiles, comme le prouve une des superbes -et rares- photos diffusées. Profitons en, ce n'est pas si souvent que la communication est si rapide et généreuse en images !

La Marine précise que les deux équipages ont mené une séquence de tir coordonnée particulièrement complexe, dans des conditions matérielles et humaines identiques à celles qui peuvent être rencontrées en opérations : ils confirment ainsi la capacité pour la Marine de synchroniser des frappes terrestres dans la profondeur et ce, dans un contexte opérationnel.
Le MdCN du fabriquant MBDA est mis en œuvre depuis une FREMM ou un SNA de type Suffren, le missile de croisière naval permet d’atteindre depuis la mer et avec une précision métrique, des cibles situées en profondeur sur un territoire adverse (portée estimée >1000 km). Il permet ainsi aux forces navales de soutenir une action aéroterrestre.

En cette période de bouleversement(s) stratégique(s), où jamais autant de missiles n'auront été tirés, et cela sur plusieurs théâtres simultanément, la Marine engrange à toute vitesse une précieuse expérience opérationnelle. Je fais évidemment mention ici de la mission de protection du trafic maritime en Mer Rouge, face la menace des drones et missiles houthis, ou des missiles Aster de défense aérienne sont tirés en conditions bien réelles de combat.
Mais dans le cas de notre exercice mer-terre du 18 avril dans le Golfe de Gascogne, et surtout dans ce contexte de tensions internationales extrêmes, il faut également ajouter le "signalement stratégique" que cela représente, la France faisant partie de ces rares puissances à pouvoir mener de telles opérations combinées, loin de ses bases. 

Un bémol cependant: il faudrait plus de navires (et donc davantage de tubes de lancement), et plus de missiles. 







vendredi 12 janvier 2024

L'Etat commande la 5ème tranche de production du Rafale

La Direction générale de l'armement a révélé ce 12 janvier par communiqué qu'elle avait notifié aux entreprises Dassault Aviation, Thales Group, Safran et MBDA la cinquième tranche de production du programme Rafale. Attendue de longue date, cette commande chiffrée à 5 milliards d'euros se traduira dès 2027 par l'arrivée dans  l'armée de l'Air et de l'Espace de 42 nouveaux Rafale au standard F4. 

Bonne année ! Enfin ! Que ce fut long, n'est ce pas ? La tranche 5 du Rafale, on en parle bien sur ce blog -comme ailleurs- depuis une décennie et trois ou quatre Lois de programmation militaire. Il aura donc fallu attendre janvier 2024, et un peu de retard puisque la signature est intervenue fin décembre 2023, pour que l'armée de l'Air soit enfin assurée de recevoir ses nouveaux appareils (des monoplaces). D'autant plus que cette tranche 5, au dernier standard F4, contribuera massivement à mener l'ADAE vers le "tout Rafale". Nous dirons en effet adieu à la famille Mirage au milieu de la décennie 2030. 

Communiqué Dassault Aviation (cliquer pour agrandir):


Il n'y avait guère de doutes sur la révélation imminente de ce marché, puisque le 22 décembre, Nexter avait communiqué sur les 49 canons 30M91 commandés par la DGA. 

A noter que sur les 42 Rafale de cette commande de 5 milliards d'euros (LPM 2024-30), 12 viennent combler le trou capacitaire laissé par les appareils de seconde main vendus à la Croatie. 

Les appareils seront livrés aux forces aériennes françaises à partir de 2027 et jusqu'à 2032 (EAU, Indonésie et notamment Inde attendront aussi leurs appareils). Le plan de charge de la ligne d'assemblage de Mérignac est assuré pour une grosse décennie. En comptant les appareils de la Marine, cela portera la somme des Rafale commandés par la France pour ses forces armées à 234. 

Deux mots enfin qui concernent l'export: l'Indonésie a bien validé début janvier la dernière tranche (18 appareils) de sa commande comprenant 42 Rafale. 

Du côté de l'Arabie Saoudite, l'Allemagne débloque l'export -britannique- de l'Eurofighter Typhoon, qui reprend donc la tête sur ce marché équivalent à une cinquantaine de chasseurs. Pour rappel, en réaction à ce blocage allemand, Ryad s'était tourné vers la France en 2023 comme solution "de repli". Nul doute que ce coup de pression aura fait son effet, même s'il faut certainement voir plus loin que cela, et se féliciter que l'Allemagne, enfin, ose faire sauter certains verrous. Un dénouement qui devrait donc nuire au Rafale (nous épargnant peut-être aussi d'atterrir sur un marché source de… déficit d'image) mais qui fait les affaires de la coopération européenne à long terme, sur SCAF par exemple.


Communiqué de presse du Ministère des Armées (cliquer sur l'image pour agrandir):


vendredi 25 mars 2022

Tir d'un missile nucléaire ASMP-A rénové à Cazaux

Après celui de décembre 2020, un Rafale a procédé pour la deuxième fois au test d'un missile ASMP-A Rénové sur la côte Atlantique. Un succès qui renforce la posture de dissuasion nucléaire française, dans un contexte international ultra sensible. 


Il y aurait beaucoup de choses à dire sur l'actualité de cette fin de semaine, que ce soit sur le conflit en Ukraine, les réunions OTAN/UE/CE, ou les accords industriels puisqu'Airbus a d'une part choisi le motoriste Avio associé à General Electrics pour son Eurodrone, et d'autre part s'est allié à Boeing sur le marché allemand des hélicoptères lourds, ouvrant la voix à une européanisation du CH-47 Chinook (on risque d'en reparler).

C'est une annonce peut-être plus discrète, mais in fine plus significative qui attire mon attention aujourd'hui, avec ce mercredi 23 mars 2022 le tir de qualification du missile stratégique Air-sol moyenne portée amélioré [ASMP-A] rénové.

Le tir du missile - dépourvu de charge militaire - a été réalisé depuis la base aérienne 120 de Cazaux, par un Rafale des FAS naturellement. Il a été suivi par les instruments de DGA Essais Missiles à Biscarrosse, ainsi que par le bâtiment Monge pour les mesures. 

Et c'est ainsi que ce succès, salué par les autorités, marque l'entrée en phase de production du missile ASMPA Rénové, qui doit entrer en service cette année. Il rejoindra l'arsenal des FAS (Forces aériennes stratégiques de l'armée de l'Air et de l'Espace)… ainsi que celui de la Force aéronavale nucléaire, qu'on a tendance à oublier !

Sur le blog (2007): Un Rafale Marine réalise un tir de missile stratégique ASMP-A


En service depuis bientôt 15 ans, le missile ASMP-A, capable d'emporter une tête nucléaire de 300 kilotonnes, fait l'objet d'un programme de modernisation à mi-vie. Son successeur, l'ASN4G, arrivera au milieu de la décennie 2030. On pense évidemment à la technologie hypersonique.

Ce tir, prévu de longue date, s'inscrit bien sûr dans un contexte stratégique très tendu, durant lequel la France fait d'ailleurs l'usage de 3 de ses 4 SNLE. Un engagement tout à fait historique. 

Lire aussi (2019): Frappe nucléaire dans les Landes


vendredi 4 mars 2022

Le Tigre au standard Mk3 pour 2029



La France et l'Espagne lancent avec Airbus Helicopters le programme d'hélicoptère de combat Tigre MkIII, pour 4 milliards d'euros. L'Allemagne devrait suivre  dans le courant de cette année. La France possède 67 Tigre.

Ci-dessus: un Tigre du 4ème Régiment d'hélicoptères des forces spéciales.


Après l'Eurodrone - et avant le SCAF ? - voici qu'une nouvelle signature vient lancer un autre programme très attendu chez Airbus: celui du Tigre "MkIII".

La DGA et la DGAM (Dirección General de Armamento y Material) ont notifié à Airbus Helicopters par l'OCCAR (Organisation Conjointe de Coopération en matière d'Armement) un contrat de 4 milliards d'euros pour le développement, de production et de soutien initial du programme Tigre MkIII. Celui doit permettre une large modernisation de l'hélicoptère de combat européen.

60 appareils sont concernés, 42 pour la France et 18 pour l'Espagne. La France dispose d'une option pour 25 appareils supplémentaires, elle qui dispose d'une flotte de 67 Tigre.
Cela a longtemps été incertain, mais l'Allemagne rejoindra bien le programme dans les prochains mois, elle qui va connaitre une hausse historique de ses investissements de défense, en raison de la guerre en Ukraine. 

Chez nous, Safran, Thales, et MBDA sont bien sûr impliqués. 

Le Tigre MkIII est prévu pour effectuer son premier vol en 2025, mais la France recevra les siens à partir de 2029, l'Espagne 2030.

Même si les évolutions sont différentes selon le pays, le Tigre, formidable machine de combat (on l'a vu en Libye, ou au Sahel), va connaitre des upgrades à plusieurs niveaux, à commencer par sa connectivité. Un peu à la manière du Rafale F4, si l'on devait faire un parallèle. 
L'hélicoptère sera pleinement intégré à la numérisation du champ de bataille, avec partage de données tactiques en temps réel, et prise de commande sur des effecteurs déportés (drones). L'armement va également être revu, avec notamment un nouveau missile Mistral, un nouveau missile Air-Sol "MHT", des roquettes guidées… 


Mais tout ou presque est détaillé dans le schéma ci-dessous communiqué par le constructeur: 

Cliquer pour Agrandir.

vendredi 18 février 2022

Une semaine charnière


Un post un peu inhabituel de rattrapage de l'actualité ce vendredi, à la fin d'une semaine encore une fois éprouvante sur le plan diplomatico-stratégique. C'est notamment la présence française au Mali qui vit son crépuscule.  


Ukraine

Commençons par l'Ukraine où tout à peu près été annoncé pour cette semaine, à commencer par la guerre. Les anglo-saxons parlent d'invasion russe imminente, les Russes de retrait sans néanmoins se retirer. Les Européens jouent la carte de l'apaisement, dans un camp occidental qui a au moins le mérite de faire front commun.

Les experts les plus sérieux préfèrent encore parler d'un bras de fer mais à ce stade, vendredi 18 février, les nouvelles ne sont pas franchement rassurantes, et les acteurs semblent toujours lancés dans une dangereuse surenchère. 

Mali

Car c'est bien sûr, après l'Ukraine, l'autre grand sujet qui nous intéresse: la situation sécuritaire au Sahel.

L'armée française au Mali, c'est donc terminé. Takuba avec (annonce effectuée en plein somme UE-Afrique)La raison pour laquelle nous ne étendrons pas d'avantage sur cette question est que ce retrait est en vérité "prophétisé" depuis deux ans (y compris sur ce blog), la situation politique malienne ne garantissant plus le niveau de confiance et de coopération nécessaire au maintien de Barkhane sur place. La pandémie, ou encore la chute de Kaboul, ont de surcroit fini de convaincre les opinions publiques comme les décideurs politiques, que la page de l'interventionnisme occidental avait été tournée.

De toute manière, 9 ans de présence, c'est déjà trop. Il était déjà planifié que Barkhane évoluerait vers une empreinte plus légère, et les annonces de cette semaine nous ramènent à l'époque pré-Serval. Est bien malin celui qui pourra prédire l'avenir des OPEX. Mais sur ces sujets lisez plutôt le dernier Michel Goya ! 

Lire sur le blog: Une rentrée tête basse


Spatial

Mais changeons de domaine, pour aborder le spatial. J'attendais, comme bien d'autres, beaucoup du discours d'Emmanuel Macron au CNES mercredi. Mais les annonces à Toulouse n'ont finalement fait que reporter à l'automne toute discussion sur l'avenir du vol habité européen. Le Président a tout de même posé quelques bases de réflexions pour les prochaines échéances (robotique spatiale, station orbitale européenne pour l'après ISS...). 

En matière militaire, on reste dans le cadre de la stratégie spatiale de défense 2019, avec d'ailleurs, l'annonce par l'armée de l'Air et de l'Espace de l'exercice AsterX 2022 pour le mois de mars. Il s'agit de la seconde édition de cet exercice du Commandement de l'Espace, qui est donc annuel. 

Au final, l'Europe a avancé cette semaine, concrétisant sa volonté de mettre un place une constellation "souveraine" pour l'internet par satellite. Une offre de connexion qu'elle entend partager avec l'hémisphère sud, et notamment l'Afrique. 


BITD

Un point armement avec la validation par le Parlement grec de la commande des frégates Belharra auprès de Naval Group, mais aussi de 6 Rafale supplémentaires, comme annoncé en septembre dernier (total de Rafale donc porté à 24: 12 neufs, 12 de seconde main). 

De son côté, le constructeur Arquus a présenté des résultats en hausse cette semaine, dans un contexte de reprise post-COVID. Le marché export est néanmoins en berne. Arquus compte aussi faire feu de tout bois sur le futur marché des camions de l'armée (9 4000 véhicules, pour l'armée de Terre principalement), et se positionner dans la robotique avec le futur appel d'offres ROBIN pour des engins  d'ouverture de convoi d'une masse de 3 tonnes. Tout cela passera par des alliances industrielles. 
En revanche, pas de programme VBAE avant plusieurs années selon la firme. Dommage pour le Scarabée…

On termine enfin avec une nouvelle qu'on n'attendait plus ! Elle est pourtant importantissime: il s'agit de la remise en marche des accords franco-britanniques de Lancaster House, ce qui se traduit concrètement par une avancée dans les travaux communs chez MBDA

 

lundi 14 février 2022

Le Rafale, miroir de la stratégie française

Les ventes à l'export du Rafale viennent avec le dernier contrat indonésien, annoncé le 10 février, de quasiment égaler celles du précédent chasseur de Dassault Aviation, le Mirage 2000. Elles le dépasseront assurément dans les mois qui viennent. Avec le Rafale, la France dispose aujourd'hui d'un formidable outil stratégique, au service de sa géopolitique.

Ci-dessus: un Rafale de l'armée de l'Air et de l'Espace à Hawaï, en 2021 - AdAE


Quasiment pas un mot (ou si peu) dans les JT du soir, jeudi 10 février, sur la vente annoncée d'avions de combat Rafale en Indonésie. Presque comme si cela était devenu si normal, banal, que ça ne méritait plus les gros titres. 

Dans la presse écrite ou radiophonique, on est en revanche un peu plus bavard, mais l'on s'attarde encore un peu trop sur le poncif de l'avion invendable, sans parler du fait que pour une partie de la société, il demeure un certain mal-être concernant la question des ventes d'armement. Sauf que le "Rafale bashing", c'était déjà il y a 10 ans ! 
Quand j'ai débuté ce blog en avril 2013, aucun Rafale n'avait été exporté. La victoire en Inde avait certes été déjà annoncée (il était alors question du marché "MMRCA" pour 126 appareils produits en grande partie en Inde) mais sa conclusion trainait. Elle arrivera finalement au printemps 2015 (contrat de 36 appareils made in France), après que l'Egypte soit finalement passée, l'hiver précédent, à la place de premier client export historique. Lors de cette année 2015 de bascule, le Qatar viendra conclure la série des acheteurs dès l'automne. 

A partir de là, on va soudain cesser de compter fébrilement les mois d'activité restants sur la chaîne d'assemblage de Mérignac, pour désormais évoquer des plans de doublement, voire triplement de la production. Pour  rappel, Dassault sortait 11 avions par an avant les commandes export. Et essentiellement pour les forces françaises. Aujourd'hui avec un carnet de commande rempli pour une bonne décennie -alors que la France doit elle-même encore s'en procurer dans les années qui viennent- c'est plutôt de conflit social touchant à la hausse des salaires dont on se préoccupe chez l'avionneur. Pas vraiment un mauvais signe.

Après une année 2021 exceptionnelle qui a vu s'enchainer des commandes grecque, croate, égyptienne (une nouvelle fois), émiratie (contrat géant de 80 appareils), puis donc indonésienne en ce début 2022, le Rafale peut revendiquer son titre de fleuron de l'industrie nationale. D'autant plus que chacun de ces contrats s'inscrit dans un cadre stratégique absolument favorable aux intérêts français. 


Le "combat proven" ne fait pas tout

Il est de bon ton de rappeler deux choses. Premièrement, on peut considérer que dans le secteur stratégique des ventes d'armes, quelques grands domaines portent en eux un enjeu tant militaire que diplomatique. On pourrait les résumer à la sous-marinade, aux navires de premier rang, et donc, à l'aviation de combat. Ajoutons y également les systèmes de défense anti-aérien ou anti-missile, voire les satellites militaires. Sur tous ces segments, peu de pays rivalisent. Et la France, puissance auto-revendiquée comme "moyenne", en fait partie. Sur chacun. Des challengers comme Israël, les pays du Golfe, ou même la Turquie choisissent eux des stratégies différentes, plus ciblées (les blindés, les drones, les équipements…), mais la France reste en pointe tout en haut du spectre.

Deuxièmement, il y a cette nécessité bien française - car elle découle directement du premier point - d'exporter les fruits de sa BITD. En effet, le modèle industriel de défense qu'a choisi notre pays repose sur l'indépendance et l'exhaustivité de son catalogue. Or, pour financer et entretenir un tel modèle, et contrairement aux Etats-Unis, la commande nationale ne suffit pas, loin de là. Pire, cette dernière est directement impactée en cas d'échec(s) à l'export, puisque d'économie d'échelle il n'y a point. 

S'agissant du Rafale, on utilise souvent l'argument du "combat proven" pour expliquer son succès soudain. La France effectivement, est un pays qui fait la guerre, mais il demeure tout de même une différence notable entre l'action d'un avion de combat moderne contre des groupes terroristes, et son entrée en premier sur un théâtre de haute intensité. 
Prenons l'exemple de l'Irak, qui s'intéresse ouvertement, d'une part au Rafale, d'autre part au système d'artillerie Caesar de Nexter. Le Rafale comme le Caesar ont été emblématiques de l'action française contre Daesh en Irak, mais il semble légitime de penser que l'effet combat proven du second - le Caesar a notamment fourni un appui significatif lors de la reprise de Mossoul - joue un rôle plus décisif qu'il ne l'est concernant le Rafale au moment de passer à la caisse. Dans un tel conflit, les frappes de drones font désormais l'essentiel du travail (cf les résultats de Barkhane des dernières années), et le petit monde de la chasse française affirme d'ailleurs ouvertement que les si précieuses heures de vol doivent être mises à contribution de l'entrainement à la haute intensité, en soit le cœur du métier. 

Non si l'on veut mettre le Rafale en valeur, c'est plutôt en citant son entrée en premier en Libye en mars 2011, où l'opération Hamilton en Syrie en 2018, toutes les deux menées depuis la métropole. Ou même encore les multiples déploiements éclairs à des milliers de kilomètres (Australie, Polynésie, Réunion…), et les exercices comme Atlantic Trident qui réunissent l'élite mondiale.  Je ne cite même pas notre Force Aérienne Stratégique !
Après 15 ans de service, le Rafale a en fait démontré sa fiabilité, sa disponibilité, confirmant toute la pertinence de son caractère omnirôle. En un mot: sa maturité. 

Enfin, le contexte. Il faut peut-être bien considérer que nous bénéficions d'une fenêtre historique sur le marché. Les concurrents du Rafale sont dans l'ensemble sur le déclin, tandis que des évolutions technologiques de l'avion français sont déjà planifiées pour deux décennies. Un message que perçoivent assurément les potentiels clients. Le seul vrai duel semble bel et bien se jouer contre le F-35, avion dit de "5ème génération". 


Des marchés clés pour la stratégie globale de la France

Justement, la question du F-35 nous amène au cœur du sujet. Puisque la France a besoin de placer ses matériels, elle se doit de jouer la carte de l'indépendance stratégique - à moins que l'on préfère employer le terme autonomie - quand bien même cela l'opposerait à ses alliés. Mais comme nous l'avons tous découvert ou redécouvert avec l'affaire AUKUS en zone indopacifique, être allié n'est pas un gage total de confiance. 

Eh bien, au moment de faire le bilan, en 2022, avec 7 clients export, nous pouvons affirmer que la "Team Rafale" s'en tire avec les honneurs. L'Egypte est la maitresse du canal de Suez, Qatar et EAU forment un très étonnant duo d'utilisateurs dans le Golfe, et surtout, l'Inde et maintenant l'Indonésie , acteurs régionaux absolument majeurs, revitalisent totalement l'axe indopacifique tracé par Paris. D'autant plus qu'un coup énorme reste à réaliser: placer le Rafale dans l'aéronavale indienne. Largement de quoi effacer le revers australien.

Avec ces partenariats, l'armée de l'Air et de l'Espace s'offre des liens stratégiques inestimables, dans des régions d'intérêt vital. Des liens qui perdurent généralement plusieurs décennies. Preuve en est, outre l'Indonésie, tous les clients du Rafale ont été des possesseurs de Mirage 2000. On oserait presque parler d'héritage. 
Ce qu'on appelle le soutien à l'export, ou "soutex", coûte cher en ressources (humaines d'abord, puis vient la question des transferts de Rafale de seconde main en Grèce et Croatie), mais est au cœur de cette stratégie. Même la Marine aujourd'hui y contribue avec les essais du Rafale M sur tremplin en Inde

Autres beaux succès, la Grèce et la Croatie l'an passé. Ces victoires sont moins flamboyantes (une partie ou la totalité des avions sont de seconde main) mais elles ont l'immense mérite, d'une part d'enfin placer l'avion en Europe et dans l'OTAN, et d'autre part de permettre l'établissement de liens privilégiés en Méditerranée, où la France a connu quelques frictions récemment.


L'enjeu européen

Malgré cela, le paradoxe, c'est bien sûr l'Europe. On ne versera point de larmes concernant l'échec du Rafale en Finlande, même si à titre personnel, je reste étonné qu'un pays neutre - puisqu'on aime à parler du sens du mot "finlandisation" ces derniers jours - comme la Finlande s'engage sur le choix quasiment otanien qu'est celui du F-35. Mais Helsinki représentait pour la France comme pour Dassault Aviation un marché difficile. Un peu à la manière du Canada où Dassault a préféré ne pas jouer les lièvres en 2018.

Les défaites en Suisse et surtout Belgique sont elles évidemment bien plus regrettables, et ce d'autant plus qu'elles se font en faveur du F-35 américain. Un appareil qui pourrait aussi se poser en Espagne (choix au demeurant logique pour leur aéronavale) et en Allemagne: les deux partenaires de la France dans le programme SCAF*.
Et il y a là un enjeu majeur, déterminant même. Plus la France vend de Rafale, plus elle est en position de force dans le programme SCAF dont elle assure la maîtrise d'œuvre du maillon principal, le "NGF", successeur naturel du Rafale. Elle est en position de force tant que le programme suit son cours, étant de loin la nation européenne la plus performante en matière d'aviation de combat. Mais elle est en position de force également si le programme rencontre des écueils, ou même échoue… accumulant via les succès du Rafale de précieuses ressources pour préparer le futur.

Le premier scénario tient toujours la corde à ce jour.


Derrière la success story du Rafale, il y a quelques 7 000 personnes qui y contribuent en France, dans 400 entreprises. Elles évoluent chez Dassault Aviation, Thales, Safran ou MBDA, mais aussi chez une multitude d'ETI et surtout PME sous-traitantes. Mais le Rafale c'est aussi désormais toute une génération d'aviateurs, bientôt dans 8 pays, et probablement plus encore. 

Tous contribuent de différente manière au déploiement de la stratégie nationale, et à sa garantie.

Le plus vertigineux dans l'histoire, est qu'il reste probablement plus de 40 ans de service opérationnel à l'appareil. Quand il aura dépassé le Mirage 2000 (un peu plus de 600 produits), le Rafale (450 commandes environ à ce jour) aura peut-être bien le temps d'aller chercher un autre record de production: celui du Mirage III (870). 

C'était d'ailleurs le rêve non-dissimulé de ses concepteurs.

 

*système de combat aérien futur.


mercredi 29 septembre 2021

Pari méditerranéen réussi pour la France


En concurrence avec de nombreux industriels occidentaux, Naval Group remporte finalement le très convoité marché des frégates grecques. Athènes choisit en effet la FDI Belharra. Un contrat estimé entre 3 et 5 milliards d’euros, assorti d'un accord stratégique de tout premier ordre entre les deux pays.

Illustrations: vues d'artiste des frégates Belharra - Naval Group


Deux semaines après l'historique déconvenue australienne - qui on l'assure à l'Elysée, ne change rien à la stratégie française pour l'indopacifique - Naval Group rebondit de la meilleure des manières avec la signature ce mardi 28 septembre à Paris d'un MOU pour la vente à la Grèce de 3 frégates de défense  et d'intervention "Belharra" (+1 en option), la petite sœur très musclée de la classe Aquitaine (FREMM).

Les navires seront fabriqués à Lorient, armés par MBDA et Thalès, et viennent s'intercaler dans le calendrier des livraisons franco-françaises (5 FDI pour la Marine Nationale prévues à ce jour). Les frégates grecques seront ainsi livrées en 2025 et 2026, tandis que la France aura eu la première en 2024, puis les suivantes à partir de 2026.

Pas d'avancée en revanche sur la possible vente de 3 corvettes Gowind, mais des négociations sont en cours.


Cette signature s'est inscrite dans le cadre du partenariat stratégique entre Paris et Athènes. Largement renforcée depuis les tensions avec la Turquie en Méditerranée Orientale à l'été 2020, cette entente se formalise aujourd'hui par un accord de défense de 5 années, établissant le cadre d'une coopération stratégique, d'une coopération en matière de politique étrangère, d'une coopération militaire, et en termes d'équipements de défense.

Ce que rappelle Emmanuel Macron sur Twitter: "Avec la Grèce, nous actons aujourd’hui un partenariat stratégique de coopération en matière de défense et de sécurité. Il vient renforcer notre sécurité collective, notre autonomie stratégique et notre souveraineté européenne".


La Grèce, qui reçoit également ses premiers avions Rafale, et en désire des exemplaires supplémentaires, vient véritablement donner une victoire à la France, cette dernière étant en effet malmenée par ses propres alliés sur le théâtre indopacifique… mais également au Sahel, où les relations avec les autorités maliennes sont ces derniers jours sur un fil ténu, alors qu'un 52ème soldat français, le caporal-chef Maxime Blasco, vient de perdre la vie sur Barkhane.

Ce partenariat méditerranéen (qui évite bien de citer le Turquie) vient de surcroît renforcer la défense européenne, sur le plan stratégique comme industriel, au moment même où le flou règne sur l'avenir du gouvernement allemand, dont les décisions seront - dans un sens ou dans l'autre - structurantes. 

mercredi 5 mai 2021

30 Rafale supplémentaires pour l'Egypte (officiel)


L'Egypte annonce une commande de 30 Rafale pour presque 4 milliards d'euros, armement compris. Avec 54 appareils commandés depuis 2015, Le Caire devient le second opérateur du chasseur français. 


Alors que les offres finales - dont l'offre française impliquant le Rafale - ont été déposées à Helsinki ce 30 avril pour le HX Challenge (marché de remplacement des chasseurs finlandais), c'est bien l'Égypte qui nous intéresse dans l'immédiat.

En effet, alors que l'on s'attendait plutôt à une commande de 12 appareils (était évoquée lors de la première commande du Caire en 2015 pour 24 Rafale une option pour 12 avions supplémentaires), l'Egypte et la France ont signé un contrat pour la fourniture de 30 nouveaux exemplaires du chasseur de Dassault Aviation.
Le montant de la commande n'est pas officiel, mais la presse évoque 4 milliards d’euros environ, armements fournis par MBDA inclus. Le paiement serait étalé sur une décennie, financé par des établissements bancaires français, et garanti à 85% par Paris. Sur cette question précise, la ministre des Armées Florence Parly a rappelé hier en audition parlementaire que l'Egypte n'avait jamais fait défaut quant au règlement des nombreux et différents contrats du passé.

Ces 30 Rafale, 18 biplaces et 12 monoplaces, seront au standard F3-R, et livrés à partir de 2024. Leur calendrier de livraison n'empiète sur aucun autre.  

30 Rafale, c'est quasiment 3 ans d'activité qui s'ajoutent pour la chaîne d'assemblage. Le Rafale se dirige bien vers une carrière export remarquable, ce que nous pouvons apprécier tant sur le plan commercial que géostratégique. D'autant plus que d'autres bonnes nouvelles pourraient suivre dans les prochains jours (en plus de la révélation d'un nouveau Falcon).


mercredi 17 mars 2021

Mise en service opérationnelle du Rafale F3-R. Le F4 pour 2022


La mise en service opérationnelle du Rafale au standard F3-R a été signée le lundi 8 mars 2021 par l’armée de l’Air et de l’Espace et la Marine nationale. C'est désormais le standard F4 qui est attendu à partir de 2022.


Nous aurons vu ici au cours des dernières années toutes les étapes de qualification du dernier standard du Rafale, appelé F3-R. Cela jusqu'à ces jours-ci encore, avec l'arrivée dans les forces du missile Meteor, comme un point final.
Sa mise en service opérationnelle (MSO) en est la dernière étape, et la ministre des Armées en a fait l'annonce ce 17 mars. 

Lire sur le blog: Le missile METEOR est en service dans l'armée de l'Air


Rafale F3-R emporte avec lui le fameux Meteor, mais aussi la munition guidée laser GBU-16, et le pod Talios (TArgeting Long-range Identification Optronic System – système optronique d’identification et de ciblage longue distance) de Thalès


F4 arrivera dès 2022

D'autre part, le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier a rappelé récemment en audition parlementaire que les études sur le prochain standard, le F4, allaient bon train et que les qualifications débuteraient, comme initialement prévu lors du lancement du programme (contrat d'études en 2017, puis contrat de développement en 2019), en 2022, pour des capacités opérationnelles dès 2023. Ainsi qu'un rétrofit de la flotte.

Le Rafale F4 doit venir combler le gap technologique qui sépare le Rafale des - tout de même rares - avions plus récents comme le F-35. Evolution des capteurs radar et optronique secteur frontal, capacités viseur de casque, nouveau calculateur moteur, maintenance optimisée grâce à des solutions basées sur le Big Data et l’intelligence artificielle... feront entrer l'appareil dans une nouvelle ère numérique, sorte de prémices de ce que sera le SCAF des années 2030 et 40. 
De nouveaux armements seront intégrés comme le missile air-air Mica NG et l'armement Air-Sol Modulaire de 1000 kg.

Certains essais sont déjà en cours, comme le révèle cette semaine la DGA, qui teste à Cazaux la compatibilité du viseur de casque Scorpion de Thales avec l’évacuation en parachute d’un pilote de Rafale. Cette campagne d’essais s’inscrit dans la démarche d’intégration de cet équipement sur le Rafale au standard F4.

Un mystère demeure quant à la dernière commande française réalisée pour le remplacement des appareils cédés à la Grèce. Elle fait état en effet de 12 Rafale F3-R, même si des bruits de couloir évoquent bien, finalement, des Rafale F4.

vendredi 5 mars 2021

Le missile METEOR est en service dans l'armée de l'Air


L'armée de l'Air et de l'Espace a annoncé le 4 mars que dans le cadre de la montée en puissance du Rafale F3-R, elle venait d’effectuer son premier vol opérationnel avec un Rafale équipé de missiles METEOR bons de guerre. La force aérienne française qualifie cet armement de "game changer".

Photos: le Rafale en configuration air/air a fière allure équipé de deux missiles METEOR (au centre)


Sur ce blog, au fil des années qui viennent de s'écouler, nous pouvons retracer presque point par point l'histoire du missile METEOR. 
Fabriqué par MBDA, ce missile air/air longue portée joue, avec sa portée "largement supérieure" à 100km dans la cour des grands. Il est d'ailleurs l'un des arguments phares vantés auprès des clients ou potentiel client du Rafale. 

On se souvient donc qu'il y a deux ans, la Marine, puis l'armée de l'Air avaient effectué leur premier tir de qualification METEOR à Cazaux (les tests avaient débuté en 2016). Désormais que le standard F3-R du Rafale est complétement opérationnel, le missile vient à point compléter la gamme d'armements à disposition de l'appareil. 

Ce jeudi 4 mars 2021 donc, photos à l'appui, nous apprenons que pour la première fois, un Rafale a emporté deux de ces missiles lors d'un vol opérationnel. L'armée de l'Air détaille que « ce vol a permis de valider les processus d’acheminement des dépôts de munitions vers la zone d’armement puis, de valider les savoir-faire lors d’une première mise en œuvre du missile par les armuriers, et de confirmer la préparation opérationnelle des équipages », (...) « Le METEOR apporte un gain capacitaire considérable au Rafale, renforçant de façon inédite notre aptitude à ‘entrer en premier ».


Destiné à des missions de supériorité aérienne, le missile air-air METEOR est propulsé par statoréacteur et capable d’intercepter des cibles à très longue portée. Acquis par la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Suède, il est doté d’une zone d'interception assurée nettement supérieure à celle des missiles de même gamme actuellement en service.

Le METEOR doit aussi équiper le Gripen et l'Eurofighter. 


lundi 25 janvier 2021

La Grèce s'offre 18 chasseurs Rafale pour 2,5 milliards d'euros


Cette fois-ci c'est officiel, la Grèce devient le quatrième Etat à se doter du chasseur omnirôle français. Après l'Egypte, le Qatar et l'Inde, Athènes signe un marché de 2,5 milliards d'euros pour la fourniture de 18 Rafale. Le fleuron de Dassault Aviation s'ouvre la porte de l'Europe, mais également de l'OTAN !

Images: la signature du contrat Rafale grec - photos Ambassade de France en Grèce 


Après l'annonce de septembre, puis les différentes étapes de validation parlementaire, les autorités grecques ont reçu ce lundi 25 janvier la ministre des Armées Florence Parly pour la cérémonie officielle de signature du contrat portant sur 18 avions de combat Rafale, maintenance et armement compris. Le montant avoisine les 2,5 milliards d'euros. 

Cette signature porte sur 3 marchés, qui concernent les appareils (6 sortis d'usine, et 12 d'occasion), les armements made in MBDA, à savoir les missiles Scalp, Mica, Exocet, Meteor (oui la Grèce envoie un message très important quant à sa supériorité aérienne nouvelle), et enfin la maintenance. 
La ministre a profité de la visite pour signaler que la France n'abandonne pas non plus l'idée de proposer la frégate FDI à la marine grecque.

Les premiers appareils, prélevés dans l'armée de l'Air, seront livrés dès la fin de l'été prochain.

On a déjà a peu près tout dit sur ce contrat, et principalement le fait que l'armée de l'Air devra s'accommoder de ce "trou capacitaire", d'autant plus qu'une proposition similaire a été faite à la Croatie. Même si une commande française de Rafale neufs va normalement suivre de façon imminente, il faudra plusieurs années pour reconstituer, puis renforcer la flotte. Mais ce sera à base de Rafale au nouveau standard F4.

Pour l'industrie française c'est évidemment une excellente nouvelle. Après cette signature, d'autres pourraient suivre rapidement dans une année 2021 qui s'annonce très très excitante pour l'avionneur: on attend la décision des Suisses avant l'été, et peut-être même avant cela des débouchés en Indonésie ou en Inde (ne pas oublier également Croatie, Finlande... voire EAU et Irak).

Une dernière chose, inédite: les forces aériennes grecques, déjà dotées de Mirage 2000 et de F-16, vont voir dans les prochains mois deux nouveaux appareils se côtoyer en leur sein, le Rafale... et le F-35 !

 

 

lundi 16 novembre 2020

La FREMM Bretagne frappe avec succès depuis le large


Presque un mois après le SNA Suffren, la frégate multi-missions Bretagne a réalisé avec succès à Biscarosse le 10 novembre un tir d’entrainement de missile de croisière naval (MdCN).

Images: Marine Nationale/DGA


Le tir d’essai du MdCN depuis la FREMM Bretagne a été réalisé ce mardi 10 novembre contre un objectif situé sur le site du centre DGA Essais de missiles à Biscarrosse, avec les moyens de mesure et de sauvegarde de la DGA. C'est ici la réalisation d’une mission représentative de la réalité, note la DGA.

Le MdCN permet à la Marine nationale de mener des opérations à terre avec une capacité de frappe depuis le large grâce aux frégates multi-missions et aux sous-marins de classe Suffren. Il pèse environ 1 400 kg et sa portée est au delà de 1000 km. On se rappellera qu'il a été utilisé pour la première fois en Syrie lors de l'opération Hamilton en 2018.

A noter que la dernière FREMM (Lorraine) vient d'être mise à l'eau par Naval Group. C'est désormais au programme des FDI, les frégates de défense et d'intervention de classe Belharra, d'être lancé.



mercredi 21 octobre 2020

Missile de croisière, futur porte-avions, nouvelles frégates de surveillance...


Finalement, le salon EuroNaval aura lui aussi été annulé, laissant la filière défense bien orpheline d'événements cette année. Cependant, l'événement, qui se tient en "digital", aura permis quelques annonces importantes pour le futur de la Marine Nationale. Dans le même temps, le Suffren a réalisé une première.

Ci-dessus: le Suffren, SNA de classe Barracuda, continue ses essais à la mer - Marine Nationale


La ministre des Armées a dans son intervention d’ouverture du salon "Euronaval-Online", confirmé que le porte-avions de nouvelle génération (PANG) arriverait en 2038: « Je confirme que ce programme sera lancé pour donner un successeur au Charles de Gaulle en 2038. Ce futur porte-avions fédèrera l’excellence de notre industrie navale dans les prochaines décennies et, par sa dimension stratégique, offrira un cadre d’emploi parfaitement adapté dès sa conception au futur avion de combat de nos armées, connu sous le nom de SCAF ».

Dans le même temps, LA LETTRE A révélait qu'Emmanuel Macron avait tranché: il s'agira - et c'est sans surprise - d'un porte-avions à propulsion nucléaire. Un seul pour le moment, la décision sur un sistership serait prise plus tard, vers 2028...

S'agissant du programme des patrouilleurs océaniques, l'Etat a pris la décision de se passer d'appel d'offres et d'impliquer non pas un, ou deux industriels, mais quatre des principaux chantiers navals. Naval Group bien sûr, mais également CMN, Piriou et Socarenam. L'objectif est de 10 patrouilleurs océaniques (90m, tonnage de 2000t, pouvant opérer hélicoptère et drones) équipés pour la lutte ASM, et de d'un canon de 40mm Rapid Fire de Thalès.


L'Etat soutient donc assez activement une filière stratégique (et nous n'évoquons pas ici les nombreux autres programmes) qui jusqu'ici s'en sort honorablement sur le plan mondial.

Les Patrouilleurs Outre-Mer, autre programme de modernisation, arriveront dès 2022



Le SNA Suffren réalise son premier tir de missile de croisière naval

Sur le plan opérationnel, la semaine est marquée par une première historique. En effet, le Suffren, premier des six sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) de la classe Barracuda, a tiré avec succès son premier MDCN (missile de croisière naval de MBDA).

L'essai a été réalisé ce 20 octobre au large du centre DGA essais de missiles de Biscarosse.

On se rappelle que le MDCN a déjà été utilisé au combat durant l'opération Hamilton en Syrie, mais par des frégates multimissions. Il s'agit d'une première pour un sous-marin nucléaire d'attaque français. Il s'agit - là encore - d'une capacité dont bien peu sont à même de disposer dans le monde.

Ce tir semble clore les essais du Suffren, qui sera livré à la Marine en fin d'année, avant une entrée en service l'an prochain.

 

lundi 14 septembre 2020

En Grèce, premier succès historique pour le Rafale en Europe


Comme pressenti, le premier ministre grec Kyriakos Mitsokasis a annoncé samedi soir que le pays se doterait prochainement de 18 avions de combat français Dassault Rafale. Cette commande apparaît comme un fort signal politique en pleine crise avec la Turquie en Méditerranée Orientale. La Grèce cherche également des frégates.

Ci-dessus: l'aube d'une série de succès pour le Rafale en Europe ? - Armée de l'Air


C'est une première qu'on espérait, malgré l’échec en Belgique (qui a choisi le F-35), voir venir en Suisse, ou peut-être en Finlande... Mais c'est bien finalement la Grèce qui devient la première nation européenne à annoncer vouloir acquérir le fleuron de l’aéronautique militaire française, le Rafale. Mieux encore, avec la Grèce, le Rafale arrive chez un membre de l'UE, mais aussi et surtout de l'OTAN !

Grande utilisatrice des Mirage (comme tous les clients du Rafale d'ailleurs), l'armée de l'Air grecque passe donc au Rafale, avec 18 appareils, acquérant ici une véritable supériorité technologique face à la Turquie, qui elle s'est vue privée de ses futurs F-35 pour avoir acheté des systèmes anti-ariens russes S-400. Car en effet, avec le Rafale F3, ses capacités et son radar, vient également toute la gamme de missiles de MBDA.

Aussi, si on parle bien ici d'une commande de Rafale que le client entend maintenir sous les 2 milliards d'euros (selon des sources françaises), il faut rappeler que la Grèce, avec un budget annuel de la défense de 4,3 milliards d'euros, reste une très bonne élève en Europe si l'on se réfère à la fameuse norme des 2% du PIB.

Enfin, un client européen du Rafale, c'est bien évidemment un potentiel partenaire pour le SCAF. A noter que la Grèce a déjà coopéré avec grand succès sur le programme de démonstrateur de drone de combat furtif nEUROn.


Commande franco-française en vue: la « cinquième tranche », enfin ! 

Dassault Aviation, tout comme la ministre des Armées Florence Parly, ont salué le partenariat stratégique établi de longue date avec Athènes, et récemment renforcé. Cela se traduit comme vous l'aurez constaté par une coopération active des forces françaises en Méditerranée Orientale.  

Et dans ce contexte particulier, la Grèce a annoncé un large renforcement de ses moyens militaires. Modernisations multiples, recrutement de 15 000 militaires, marché à venir pour 4 frégates. Sur ce dernier, la FDI de Naval Group conserve des chances sérieuses.
Mais contrairement à l'Inde, au Qatar, ou même à l'Egypte qui elle bénéficiait de garanties financières étrangères, la Grèce ne peut se permettre une commande de Rafale excédant les 2 milliards d'euros. C'est pourquoi la solution passe par une petite quantité d'appareils neufs, 6 à 8, accompagnés d'avions d'occasion prélevés dans l'armée de l'Air.

Certains artistes se sont déjà amusés à imaginer une livrée grecque pour le Rafale


Or, en l'état actuel des choses, Dassault possède dans son carnet de commandes 68 Rafale: 40 à l'export (Inde et Qatar) et 28 pour la France, avec des livraisons France prévues pour reprendre en 2022. 

Pour le ministère des Armées, l'enjeu qui se pose est donc de satisfaire l'allié grec sans amputer ses propres moyens... ce qui devrait passer par la commande de la très fameuse "cinquième tranche" de 30 appareils qu'attend l'armée de l'Air depuis des années, et non prévue dans cette LPM 2019-2025. Cette hypothèse ne faisait d'ailleurs pas partie du plan de relance post-COVID, ce qui a déçu chez les industriels. La cinquième tranche dépend donc aujourd'hui d'une commande export et du destin de ces avions d'occasion.


Première victoire en Europe, qui en appelle d'autres ?

Plus le temps passe, plus le Rafale gagne en maturité opérationnelle, et plus il devient intéressant financièrement de se le procurer. Des clients comme l'Inde, où il est officiellement entré dans les forces la semaine dernière, lui permettent de rayonner dans des régions entières... attirant forcément l'intérêt de nouveaux prospects (Indonésie ?). 

Mais on parle bien aujourd'hui d'une première exceptionnelle avec cette victoire en Europe, et dans l'OTAN, d'autant plus que c'est ici le cas d'un pays pourtant promis au F-35.

Très symboliquement, la porte est ouverte pour de nouveaux succès. Si vous suivez ce blog ou l'actualité du Rafale, vous connaissez les dossiers Suisse (votation sur la question ce 27 septembre) et Finlandais. S'y ajoute désormais la Croatie, pour une potentielle commande de 12 Rafale. D'occasion, là encore. Une tendance ?


Sur la ligne d'assemblage à Mérignac, on peut donc se réjouir avec une production pour l'instant assurée jusqu'en 2025. En attendant les nouveaux succès qui viendront assurément.