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vendredi 7 février 2025

Le premier Falcon Albatros de la Marine a volé à Mérignac


Le premier des douze nouveaux Falcon 2000 du programme AVSIMAR commandés en 2020 a effectué son premier vol à Mérignac le 24 janvier dernier. Il entrera en service dans la Marine Nationale en 2026. 

Ci-dessus: le premier Falcon a volé le 24 janvier à Mérignac. C. Cosmao - Dassault Aviation


L'information a mis un peu de temps a émerger mais le premier Falcon 2000 LXS du programme des futurs avions de surveillance et d’intervention maritime (AVSIMAR) s'est envolé le 24 janvier depuis Bordeaux/Mérignac, et les usines de Dassault Aviation.

Pour rappel, ces appareils, commandés en 2020 pour 1,3 milliard d’euros (en réalité seulement les 7 premiers, les 5 autres avions devant faire l'objet d'un marché en 2025), sont attendus dans la Marine Nationale, où ils remplaceront des Falcon 200 et Falcon 50 -beaucoup- plus anciens. Ce premier Albatros, qui n'arbore pas encore sa livrée finale, intégrera les forces l'an prochain, en 2026, après une campagne d'essais et de qualifications. Les livraisons doivent s'étaler de 2025 à 2030. 

De plus, on évoquait à l'époque, en 2020, l'assemblage de 9 appareils sur 12 en Inde dans le cadre des contreparties liées au contrat Rafale de 2016 ! Il serait intéressant d'avoir une mise à jour sur le sujet (ce dont je ne dispose pas à cette heure). Mais c'est bien en France que leur transformation militaire était prévue quoiqu'il advienne, Naval Group fournissant le système de missions, Thales les radars Searchmaster, et Safran la boule optronique Euroflir.

Un autre programme est également en cours pour les Falcon, 8X cette fois, de Dassault: celui des avions de surveillance "Archange" qui équiperont l'armée de l'Air à horizon 2028/29. 



vendredi 19 avril 2024

Signalement stratégique dans le Golfe de Gascogne


La frégate multimissions Aquitaine et un sous-marin nucléaire d'attaque de classe Suffren de la Marine Nationale ont mené, avec succès, une double frappe vers la terre ce jeudi 18 avril. Cet exercice de tir, inédit, a été réalisé au centre d'essais des Landes 

📸 Marine Nationale / DGA


Les exercices de tir au large des Landes étant notifiés à l'avance, et largement surveillés par les passionnés (et vous le devinez, par d'autres..), nous savions qu'il fallait s'attendre à une annonce en cette fin de semaine.
Chose faite, ce jeudi 18 avril en milieu d'après-midi, quand la Marine Nationale et la Direction générale de l'armement (DGA) ont communiqué, de façon conjointe et parallèle, sur un tir de missiles de la mer… vers la terre. Au centre DGA "Essais de missiles" des Landes, c'est souvent le contraire !  

Mais le caractère inédit de ce tir vient du fait qu'il s'agit en fait d'un double tir, en effet réalisé d'une part par la FREMM Aquitaine, et d'autre part par un SNA de type Suffren (désormais deux en service). La côte Atlantique a ainsi vu le premier double tir simultané d’entraînement du missile de croisière naval MdCN.

La cible a été atteinte simultanément par les deux missiles, comme le prouve une des superbes -et rares- photos diffusées. Profitons en, ce n'est pas si souvent que la communication est si rapide et généreuse en images !

La Marine précise que les deux équipages ont mené une séquence de tir coordonnée particulièrement complexe, dans des conditions matérielles et humaines identiques à celles qui peuvent être rencontrées en opérations : ils confirment ainsi la capacité pour la Marine de synchroniser des frappes terrestres dans la profondeur et ce, dans un contexte opérationnel.
Le MdCN du fabriquant MBDA est mis en œuvre depuis une FREMM ou un SNA de type Suffren, le missile de croisière naval permet d’atteindre depuis la mer et avec une précision métrique, des cibles situées en profondeur sur un territoire adverse (portée estimée >1000 km). Il permet ainsi aux forces navales de soutenir une action aéroterrestre.

En cette période de bouleversement(s) stratégique(s), où jamais autant de missiles n'auront été tirés, et cela sur plusieurs théâtres simultanément, la Marine engrange à toute vitesse une précieuse expérience opérationnelle. Je fais évidemment mention ici de la mission de protection du trafic maritime en Mer Rouge, face la menace des drones et missiles houthis, ou des missiles Aster de défense aérienne sont tirés en conditions bien réelles de combat.
Mais dans le cas de notre exercice mer-terre du 18 avril dans le Golfe de Gascogne, et surtout dans ce contexte de tensions internationales extrêmes, il faut également ajouter le "signalement stratégique" que cela représente, la France faisant partie de ces rares puissances à pouvoir mener de telles opérations combinées, loin de ses bases. 

Un bémol cependant: il faudrait plus de navires (et donc davantage de tubes de lancement), et plus de missiles. 







vendredi 29 septembre 2023

Livraisons aux armées 2024 : un budget record, pour quoi faire ?


Après sa promulgation le 14 juillet dernier, la Loi de programmation militaire 2024-2030, inédite dans son ampleur, va connaitre une mise en application dès l'an prochain. Dans le cadre du projet de Loi de finances actuellement débattue à Paris, nous en connaissons désormais les détails. 

Ci-dessus: Un Rafale sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan - Armée de l'Air et de l'Espace.


En 2024 donc, le budget du ministère des Armées s'établira à 47,2 milliards d'euros, soit une augmentation de 7,5%. Il s'agit de la première marche d'une montée en puissance qui s'étalonnera jusqu'en 2030. Des chiffres qui choqueront les anciens lecteurs de ce blog (créé en 2013, période de vaches maigres historique). Plus qu'une révolution de temps de guerre, l'enjeu, c'est bien entendu de pouvoir renforcer la cohérence du modèle d'armée français - que l'on soit d'accord avec cette doctrine ou non- en soignant son ossature. Pour le muscle, il faudra patienter.

Voici donc un billet de blog très "liste au père Noël", puisque nous nous contenterons surtout ce soir de regarder en détails les livraisons prévues pour 2024, qui représentent 13,6 milliards d'euros sur un budget équipements de 28 milliards tout de même. 

Fait marquant, le Rafale revient en force dans l'armée de l'Air après des années de disette (les livraisons pour la France n'ont repris qu'en 2023, "faute" à l'export): 13 appareils atterriront non loin de leur site d'assemblage de Mérignac puisqu'ils prendront ainsi la route de Mont-de-Marsan et sa base aérienne 118, si j'en crois la documentation du ministère des Armées. 
Ces appareils viendront en partie combler le prélèvement effectué suite aux commandes grecques (12 Rafale d'occasion sur une commande 24 avions) et croates (6 transférés cette année, 6 l'an prochain). Nous sommes donc toujours dans le creux de la vague. 

L'armée de l'Air et de l'Espace recevra également deux nouveaux A400M, 10 Mirage 2000D rénovés (à Nancy), 1 hélicoptère Caracal pour la Guyane, ainsi qu'une dizaine de pods de désignation Talios pour ses Rafale. N'oublions pas le satellite d'observation CSO 3, qui nécessitera cependant la mise en service du très attendu lanceur Ariane 6.
La Marine vivra elle une année marquante car outre la livraison de plusieurs (4?) avions de patrouille maritime Atlantique 2 rétrofités, elle admettra au service un nouveau sous-marin nucléaire d'attaque Barracuda (à Toulon), la première frégate de défense et d'intervention (à Brest), et des patrouilleurs pour l'Outre-mer qui prendront la direction de La Réunion et Tahiti.
Du coté de l'armée de Terre, ce sont, entre autres,  138 Griffon (+8 Griffons MEPAC avec mortier), 33 Jaguar, 12 Caesar, 103 Serval, 103 ambulances, 21 chars Leclerc XLR (modernisation), 2 hélicoptères NH90, ou encore 10 Tigre passés au standard HAD qui rejoindront les forces. 

A ceci s'ajoutent des radars (4), des systèmes de communication satellitaire (57), des radios CONTACT (1350)… et autres équipements individuels comme les 8 000 fusils HK416 et, grande nouveauté, l'arrivée sur les treillis du nouveau camouflage BME (bariolage multi environnement).

Concernant toujours les livraisons, le sujet absolument majeur des munitions se verra attribuer 1,5 milliard d'euros: sur la liste, des torpilles lourdes ARTEMIS, des missiles (mer) EXOCET, des missiles (sol-sol) MMP, des missiles (air-air) MICA remotorisés… ainsi bien sûr que des munitions de petits calibres.

Enfin, les forces spéciales sont choyées avec 170 millions et l'arrivée, enfin, de véhicules terrestres trop longtemps attendus, que nous verrons dans les régiments du sud-ouest:



Innovation, maintenance et ressources humaines

Pour le reste de l'enveloppe (d'ailleurs, là comme partout, il faut faire avec l'inflation), la modernisation de la composante de dissuasion nucléaire prélève son tribut, en hausse de 750 millions. Loin d'être négligeable dans l'addition finale. 
Le renseignement obtient 500 millions, très largement à l'avantage de la DGSE, tandis que le budget dédié à l'innovation continue doucement de grimper, atteignant désormais 1,2 milliard d'euros, comprenant les travaux sur le SCAF (300M), le MGCS (22M), les drones & les robots (400M cumulés)… 

Le volet "Espace" obtient lui 600 millions d'euros.

Bien sûr, il y a le MCO, la maintenance: 5,7 milliards, soit une hausse de 15% ! Gros point noir : les chiffres de la disponibilité des matériels sont désormais classifiés, au prétexte que nos "compétiteurs" ne doivent pas pouvoir quantifier nos faiblesses… Il faudra donc croire l'institution sur parole désormais.  

Coté RH, l'effort est portée sur la fidélisation (sujet de plus en plus complexe) alors que semble se terminer l'ère des OPEX africaines*… jusqu'à preuve du contraire. Il s'agira de recruter 28 300 personnels (23 000 militaires et 5 000 civils). Des augmentations salariales sont prévues.


*et mécaniquement, le budget opex s'effondre, passant de 1,2 milliard à 800 millions d'euros. 


mercredi 19 juillet 2023

Publication - sortie du DefTech numéro 6 - « Comment survivre au combat ? »


Un bref mot aujourd'hui pour signaler la parution du dernier numéro de la revue trimestrielle DefTech, consacrée aux innovations technologiques pour la défense et la sécurité.  

Le dossier central du magazine est consacré à la survivabilité au combat, sujet traité pour un vaste nombre de domaines. C'est notamment le cas du spatial, puisque j'ai l'occasion d'y signer un article sur la "furtivité" en orbite, ou comment cacher ses satellites dans un milieu aussi transparent et scrutée que l'espace… 

Vous y retrouverez également quelques plumes connues de la sphère défense.

Le numéro 6 de DefTech est désormais actuellement en kiosque. Bonne lecture.

 

mercredi 12 juillet 2023

La Loi de programmation militaire 2024-30 votée et promulguée pour le 14 juillet


La Loi de programmation militaire pour la période 2024-30, en débat depuis environ 2 mois au sein des deux assemblées, est votée cette semaine. Le Président de la République la promulguera dans la foulée, pour le 14 juillet. Le parcours 
parlementaire aura été quasiment sans embuche, et une fois n'est pas coutume, parsemé de débats souvent très intéressants. La France affronte ainsi avec une certaine assurance (assurance à 413 milliards d'euros) la décennie 2020, tout en préparant la suivante.

Ci-dessus: à l'Assemblée Nationale, ça passe largement ce 12 juillet. Le Sénat vote le 13.


Au cœur d'une semaine tout à fait stratégique, qui voit notamment se dérouler un Sommet de l'OTAN historique à Vilnius, ainsi qu'un 14 Juillet où l'Inde, invitée d'honneur, doit annoncer la commande de 26 Rafale M et 3 sous-marins Scorpène, voilà que la structurante Loi de programmation militaire pour la période de 2024-30 va être adoptée parfaitement dans les temps, comme l'espérait l'exécutif. 

D'un montant de 413 milliards d'euros (en fait 400, plus des ressources exceptionnelles à dégager), un record, elle place la France dans la tendance globale qui anime le continent - et le monde. A noter que cet effort avait été initié par la France dès 2017, nous partions alors de très loin, très bas. A noter également que si ce chiffre de 400 milliards est impressionnant sur le papier, la somme s'étale sur une période assez longue de six ans. De quoi relativiser donc.    

Sur le blog: La France engage son "pivot" à 413 milliards d'euros



Nous ne reviendrons pas trop longuement aujourd'hui sur le contenu, et les listes (!), mais rappellerons simplement que le ministère semble avoir travaillé sa copie afin de combler des trous dans la raquette bien identifiés (la défense anti aérienne, l'artillerie longue portée, les drones..), tout en choyant quelques domaines qui ne sont pas les plus visibles, que l'on parle du spatial ou du champ immatériel avec le cyber.

Aussi, il y a les choses, très importantes, dont on parle peu, et qui ponctionnent les budgets de façon conséquente. Il y a l'inflation bien sûr, mais aussi la rénovation d'une multitude d'infrastructures, la hausse des pensions, la maintenance, l'attention primordiale qui doit être apportée à la réserve opérationnelle…

Les partisans de la "masse" -cause perdue ?- feront la mou certes, mais l'analyse en profondeur de la LPM et de ses objectifs montre une volonté claire de renforcer le squelette plutôt que le muscle. Autrement dit, on ne change pas de modèle, malgré la guerre en Ukraine, mais au contraire, on le soigne. 

On prépare également l'avenir avec les études sur le porte-avions de nouvelle génération (1 exemplaire acté, un second à l'étude), le Rafale F5 et sa collaboration avec un héritier du drone furtif nEUROn, et autres programmes plus ou moins connus qui progressent (SCAF, MGCS, EPC…).


Du côté du format des armées, il n'y aura donc pas de rupture. Si la haute intensité reste le mantra du moment, la projection demeure la clé de voute, avec au sommet de la pyramide doctrinale, une dissuasion modernisée à grand frais.

Les livraisons vont elles s'étaler au delà de 2030, ce que ne se cache pas de regretter l'industrie de l'armement terrestre, peut-être la plus lésée ici. Dans l'aéronautique en revanche, qui en doutait ? Heureusement les commandes exports viennent combler les trous (oui pour le Rafale, moins certain pour les hélicoptères). 
Les Sénateurs -de droite- ont bien tenté, en vain, d'ajouter des équipements à la liste, de compresser les calendriers de livraisons, mais la commission mixte paritaire du 10 juillet réunissant Députés et Sénateurs a finalement donné lieu, après plusieurs jours d'intenses négociations, à un accord qui fait essentiellement la part belle au lissage budgétaire dans l'exécution de la LPM. Le budget du ministère des Armées (43,9 milliards € en 2023) augmentera finalement à hauteur de 3,3 milliards d'euros par an en 2024 et en 2025, de 3,2 milliards en 2026 et en 2027, puis de 3,5 milliards par an entre 2028 et 2030. Il était en effet reproché au gouvernement actuel de reporter le plus gros de l'effort après 2027.

Plusieurs questions, comme celle, épineuse, d'un fonds d'investissement pour la défense, restent en suspens et reviendront sur le devant de la scène à court ou moyen terme. Cela nous donnera donc l'occasion de les évoquer.


En bref, et pour ne pas s'éterniser: disons que l'essentiel est là. Un effort budgétaire ambitieux (faire plus était probablement impossible) dont la trajectoire apparait maitrisée, une classe politique rassemblée - miracle !- et des débats relativement sains dans les hémicycles, ainsi que des opérationnels qui semblent avoir obtenu ce qu'ils désiraient. 

Reste désormais à tenir la ligne, car dehors, il y a tempête. 


vendredi 5 mai 2023

Opération Sagittaire: l'image de la France dans le monde


L'opération d'évacuation de ressortissants menée au Soudan par les forces françaises a été un véritable succès. Revenons ce jour sur cette opération RESEVAC nommée "Sagittaire", afin de compléter le billet publié le 24 avril, lendemain du lancement de l'opération, mais aussi afin d'en analyser les retombées. 

Ci-dessus: la frégate Lorraine à Port-Soudan le 26 avril, évacuant 398 personnes de 63 nationalités vers l'Arabie Saoudite. Notamment le personnel de l'ONU. 


Alors que le Soudan s'enfonce dans la guerre civile depuis bientôt un mois, les pays de la communauté internationale ont pris la décision durant la semaine du 17 avril d'évacuer leurs ressortissants, la plupart étant bloqués dans la capitale Khartoum, au cœur des combats. Après le prépositionnement de forces, à Djibouti notamment, pour ceux comme la France ou les USA qui peuvent jouir d'une implantation militaire sur zone, les opérations sont lancées le dimanche 23 avril. Américains et Britanniques sont les premiers à évacuer leur personnel diplomatique… et à remballer ! Après quelques dangereuses complications (voir l'autre billet) qui amèneront notamment à la blessure grave d'un opérateur des forces spéciales, l'opération française "Sagittaire" prend sa pleine mesure ce même dimanche, un C130 et trois A400M de l'armée de l'Air réalisant un pont aérien entre un aérodrome de la banlieue de Khartoum (l'aéroport international est lui pris dans les combats) et Djibouti. Plus de 500 personnes de toutes nationalités sont évacuées en l'espace de 24h, via 5 rotations. 
C'est ensuite la FREMM de défense aérienne Lorraine, qui vient d'entrer en service dans la Marine, qui se charge de recueillir un convoi routier de l'ONU à Port-Soudan, sur la Mer Rouge. 400 personnes supplémentaires seront acheminées vers Djeddah en Arabie Saoudite. Mission accomplie.

Bien entendu, l'ensemble des opérations a été suivi chez nous, mais le sujet a été relativement vite relégué au troisième plan. Dans la sphère francophone en effet, pour trouver un maximum d'infos, il fallait regarder vers l'excellent Bruxelles2, ou se tourner vers les plus généralistes RFI et France24. Des médias malheureusement peu suivis en métropole, pendant que les rédactions championnes de l'audimat se concentraient elles, au mieux sur l'Ukraine (préparatifs de la contre-offensive ukrainienne, donc des prédictions), au pire sur les concerts de casseroles. 
Du côté des spécialistes, il semble y a voir de moins en moins d'intérêt pour l'Afrique (il faut dire que par les temps qui courent, le contexte devient tendu pour un journaliste de nationalité française), en particulier l'Afrique de l'est, anglophone, ignorée de longue date dans nos médias. J'en veux pour preuve le traitement quasi inexistant en France du conflit du Tigré en Ethiopie. Il faut également noter que tout ce que les rédactions comportent comme journalistes de défense a été "mobilisé" ailleurs, pour suivre les armées sur le grand exercice Orion. 

Et c'est bien là un problème, car pour s'informer sur l'opération, il vaut mieux parler l'anglais.


L'opération Sagittaire, un modèle d'action internationale (et notamment européenne)

Au Soudan les armées françaises ont en quelques sortes accompli ce pourquoi elles s'entrainent si souvent: une entrée en premier, sur le terrain où elles font la démonstration de leurs compétences depuis plus d'un demi-siècle, le théâtre africain. A la différence que le Soudan, bien que voisin du Tchad ou de Djibouti, était un peu une terra incognita, avec tous les dangers que cela représente (on se rappellera d'ailleurs, dans la même région, l'intervention chaotique de 2013 en Somalie, mais dans un contexte très différent). Et à la manière de Serval en 2013 au Mali, la communauté internationale applaudit.

Il faut lire en effet les divers témoignages de remerciement provenant, en particulier, de fonctionnaires de l'ONU. Des témoignages louant le professionnalisme et l'accueil impeccable fourni par les militaires français. Il n'y avait que 200 ressortissants français à Khartoum. Les 7 ou 800 autres évacués étaient des Européens, des Africains, ou autre. Le contraste est saisissant quand on observe la polémique britannique sur ce qui constitue chez eu un ratage*. 

D'ailleurs, c'est aujourd'hui la presse britannique -toujours prompte à faire des comparaisons avec le voisin français- qui nous détaille le mieux l'opération française, comme en témoigne un nouvel article paru dans The Economist ce 3 mai. Intitulé "How France led the evacuation of foreigners from Khartoum", il nous décrit comment l'Elysée et le Quai d'Orsay ont négocié avec les belligérants l'utilisation d'un aérodrome, des sauf-conduits, et comment les militaires français ont sécurisé cette piste, de nuit, puis pris en charge les ressortissants, britanniques notamment, alors que leur propre gouvernement les avait laissé en arrière. “The French did everything.”

D'autant plus que cette "entrée en premier" française, instant clé de la mise en œuvre de la doctrine d'évacuation de ressortissants, la fameuse RESEVAC (votre serviteur l'a un peu étudiée lors d'un passage comme stagiaire à l'EMA), a permis d'ouvrir la voie aux forces européennes (et d'autres), présentes en nombre. Un modèle de coordination, tout étant terminé le mercredi.
Notons que sur le plan matériel, Airbus s'est offert une belle publicité, l'A400M, déployé par les Français, les Espagnols ou encore les Allemands apparaissant comme un étendard de l'action humanitaire européenne.  

L'opération Sagittaire a été menée dans un esprit tout à fait universaliste, et rendue possible par un professionnalisme de tout premier ordre, ce qu'ont salué chancelleries, diplomates, ou simples ressortissants du monde entier. Une image noble de la France et de ses armées, qui tranche radicalement avec les couacs diplomatiques entourant la communication hasardeuse sur les sujets du dialogue France/Russie et France/Chine, quelques jours plus tôt. Preuve que nous sommes décidemment meilleurs dans l'action que dans les calculs… appelons ça le french flair.

Il s'agit peut-être enfin de reconnaitre que contrairement au discours officiel, la France n'est pas une puissance d'équilibre. Elle est bien une puissance d'initiative. 


*Tandis que les Américains, qu'on sent toujours traumatisés par Mogadiscio (1993), et sûrement aussi Kaboul, ont mené une opération héliportée (3x Chinook) tôt le dimanche 23 avril pour évacuer leur ambassade, les Britanniques faisaient de même… laissant à leur sort plus de 2000 de leurs ressortissants qui désiraient quitter le Soudan. Le rétropédalage ne s'effectue que le surlendemain, mardi 25, avec des rotations par C-130 et A400M depuis Chypre. Un couac qui laisse des traces. 

mercredi 5 avril 2023

L'impact de la LPM 2024-2030 ne sera vraiment visible qu'en 2035

Le projet de Loi de programmation militaire, après arbitrages réalisés au sein de l'exécutif, entame sa vie parlementaire. Il prévoit l'octroi de 413 milliards d'euros aux armées pour la période 2024-2030. C'est néanmoins durant la décennie suivante que ses effets se feront pleinement sentir. 


Alors que l'on fête bientôt les 10 ans de ce blog, nous nous remémorerons avec une certaine émotion que ces débuts se faisaient durant les douloureux débats touchant à la publication du Livre Blanc de 2013 (puis à la LPM 2014-19, qui suivra). C'était le temps du déclassement, pourrait on dire.

Autre temps, autre contexte surtout… autres ambitions ? La nouvelle Loi de programmation militaire pour la période 2024-2030, dont le montant a été annoncé par le Président Macron en janvier (413 milliards d'euros, si tout va bien, donc sûrement un peu moins) s'inscrit dans la logique de remontée en puissance initiée en 2017. Elle doit être celle de la "transformation", et dans certains domaines celle de la "réparation", qui permettra aux forces françaises d'affronter les défis stratégiques de cette décennie et, probablement des deux suivantes: modernisation de la dissuasion, haute intensité et guerre hybride en tête. 

Nous avions déjà décrypté les annonces au mois de janvier (lire ci-dessous), mais nous disposons désormais des détails, alors que le projet de loi, qui a subi divers arbitrages, est présenté en Conseil des ministres, avant de se diriger vers les deux chambres parlementaires. 

Sur le blog: La France engage son "pivot" à 413 milliards d'euros


Il est possible de lire diverses appréciations sur cette LPM. La presse généraliste a par exemple tendance à mettre l'accent sur le montant "historique" ou la validation d'un programme de nouveau porte-avions, quand les spécialistes dénonceront eux les étalements touchant de nombreux programmes, voire les "renoncements". 

En tout état de cause, il s'agit bien d'une décennie charnière pour les armées, et cette LPM ne peut et ne doit pas être analysée sous l'angle purement capacitaire
En effet attention, la liste jointe ci-dessous ne prend en compte ici que des matériels. La LPM comprendra par ailleurs une très forte dimension ressources humaines (transferts et renforcements de certaines compétences, comme le cyber; doublement de la réserve; abandon du SNU obligatoire), ainsi que des travaux de modernisation des infrastructures, notamment à l'Outre-mer. 

La liste n'est pas non plus exhaustive. Et pour rappel, il s'agit d'une programmation pluriannuelle d'un budget qui doit lui être validé exercice par exercice. Rien n'est réellement figé dans le marbre.

Mais comme nous avons la chance de pouvoir bénéficier de données publiques et chiffrées, profitons donc des tableaux issus du rapport annexé au projet de loi. 

Sans trop entrer dans le détail, nous y voyons l'ensemble des renforcements et modernisations, mais aussi les fameux arbitrages. Par exemple, un satellite de communication Syracuse IV qui disparait, au profit d'une solution basée sur une constellation. Nous y voyons surtout qu'un grande partie des décisions actées durant cette décennie, comme le tout Rafale ou le programme HIL, n'auront qu'un plein effet dans les parcs à l'horizon 2035. Le nouveau porte-avions n'arrivera lui qu'en 2038, mais il s'agit d'une information connue depuis longtemps déjà.                                                                                                 

Liste ci-dessous, cliquer pour agrandir. Source: Légifrance.



vendredi 20 janvier 2023

La France engage son "pivot" à 413 milliards d'euros


Dans un discours qui, mine de rien, fera date, le Président Macron a annoncé les grandes lignes de la future Loi de programmation militaire qui couvrira la période 2024-2030. Une LPM dont le montant s'élève à 413 milliards d'euros. Le budget annuel de la Défense sera donc en hausse moyenne de 30% jusqu'en 2030.


Avec à sa droite un Rafale de la 30ème escadre, et à sa gauche un système SAMP/T, le Président de la République était entouré de quelques instruments d'exception ce vendredi 20 janvier sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan.
Ce déplacement qui s'inscrivait dans le cadre des vœux aux Armées a pris une toute autre ampleur puisque l'agenda législatif français (nous arrivons à la fin de la Loi de programmation militaire précédente) rencontre le contexte géopolitique de la guerre en Ukraine. Signe de l'importance de ce déplacement, le public était particulièrement fourni, et les ministres présents en nombre.

Il y avait quelque chose de presque attendu dans ce discours, qui arrive quasiment un an après le déclenchement, par la Russie, de la guerre. Fini les conjectures sur la haute intensité. Depuis l'invasion russe, nous y sommes. Le temps de la réflexion est passé, les enseignements ont pu être digérés, et finalement des arbitrages décidés (ou pas comme nous allons le voir). Mais la Revue stratégique de sécurité parue cet automne avait été si peu claire et avare en… stratégie que c'était vers cette Loi de programmation militaire 2024-2030 que tous les regards se sont tournés depuis des semaines.  

A Mont-de-Marsan donc, Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes d'une LPM de "transformation". Premier enseignement, et non des moindres, elle s'élève à 413 milliards d'euros (400 milliards + 13 de recettes exceptionnelles issues de ventes immobilières ou de fréquences) ! C'est historique puisque la précédente LPM était d'un montant de 295 milliards. On peut également apprendre dans la presse que Bercy (jamais l'allié de l'Armée) souhaitait plutôt 350 milliards, quand l'Etat-major espérait lui atteindre les 460.
Dans les faits le budget de la défense s'établira jusqu'à la fin de la décennie à environ 59 milliards d'euros, soit une hausse de quasiment 30% par rapport à aujourd'hui. Le Président Macron laissera donc sur ce plan là, un certain héritage puisque c'est depuis son élection en 2017 que les budgets sont repartis à la hause après un bas niveau historique sous les mandats Sarkozy puis Hollande (moins de 30 milliards d'euros annuels et une destructuration massive de l'outil de défense). Cette fois, enfin, le fameux standard OTAN des 2% du PIB est atteint.

Nuance : il faut néanmoins tempérer ces chiffres car le coût de l'énergie ou l'inflation viendront rogner cette marge nouvelle. Des programmes comme celui de la modernisation de la dissuasion nucléaire en prendront également une part importante.

Nous n'allons pas aujourd'hui faire la "shopping list", car l'exécutif n'a en réalité pas donné d'éléments très précis. La lecture de quelques entretiens donnés à la presse ce jour nous offre néanmoins plusieurs indices et pistes sérieuses:
  • un format de projection à 20 000H
  • le passage au "tout Rafale" (MAJ 23/01 : il s'agit bien d'un retrait prématuré des Mirage 2000D)
  • doublement des moyens de la DRM et de la DRSD
  • renforcement des forces spéciales
  • augmentation de 50% des moyens de la défense aérienne multicouche
  • des stocks de munitions
  • priorité au cyber et au spatial (avec rôle important pour le secteur privé)
  • une stratégie ultramarine (avec de nouveaux moyens comme les drones) que le Président en personne déclinera prochainement
  • un réseau d'alliances qui s'étend jusqu'au Pacifique (le Président cite l'Indonésie)
  • le respect de l'intégralité des commandes planifiées (frégates, corvettes, Falcon, A400M...)
  • … et des nouveautés: d'avantage de drones, de l'artillerie longue portée (HIMARS ?)
  • un porte-avions de nouvelle génération (en service en 2040)
  • poursuite de grands programmes structurants comme le SCAF (avec intérêt de nouveaux partenaires européens)
  • un MCO optimisé (donc moins cher)
  • des matériels moins complexes (donc moins chers), produits plus vite.

Oui la liste des "indices" est déjà longue mais des inconnues demeurent, comme ce qui entoure l'arme de cavalerie blindée lourde. Il ne s'agit pas non plus de trop espérer, de surcroît si le format global de l'armée de Terre n'évolue pas. Et nous avons été prévenus en amont, "la France n'est pas l'Ukraine".

Le Président comme le Ministre Sébastien Lecornu ont été clairs, il n'y pas de révolution mais bien une transformation. Le chef des armées a d'ailleurs beaucoup fait usage du mot "pivot". Il semble donc, et c'est mon analyse, que l'on entende miser sur nos actuels points forts, à commencer par celui de la dissuasion nucléaire, ou des forces spéciales, tout en faisant quelques "paris" comme sur le cyber, et le spatial.

Sur le plan des ressources humaines, le format ne change pas, mais un renforcement assez important de la réserve est annoncé.

Nous aurons le loisir de décliner et d'analyser le contenu de cette LPM lorsque les débats parlementaires débuteront, au printemps. En attendant, il faut constater que nous avons bien changer d'ère le 24 février 2022.


Le discours est à découvrir en intégralité ci-dessous:



mercredi 11 janvier 2023

Reprise des livraisons de Rafale… à la France


L'avionneur français Dassault Aviation a annoncé dans un communiqué du 10 janvier 2023 la reprise des livraisons d'avions de combat Rafale aux forces françaises. Ces dernières n'avaient plus reçu d'appareils neufs depuis bientôt quatre ans. 

Source & photo : communiqué de Dassault Aviation.


Baisse des budgets de la défense (jusqu'à 2017), priorité (car nécessité) faite à l'export, et même une pandémie… les difficultés auront été nombreuses ces dernières années à avoir touché le processus d'industrialisation du Rafale. 
Combinaison de tous ces phénomènes, parfois volontairement subis, les forces aériennes françaises n'ont perçu aucun appareil neuf depuis 2019, déjà.

Le 29 décembre 2022 pourtant, l’usine Dassault Aviation de Mérignac a livré à la Direction Générale de l’Armement le Rafale B359 (au standard F3R). Cet événement marque la reprise des livraisons Rafale à la France après quatre années d’interruption. 

C'est le 153ème Rafale livré à la France, armée de l'Air et Marine confondues. Les années 2023, 2024 et 2025 seront chacune marquées par la livraison de 13 appareils à l'armée de l'Air et de l'Espace.



Le Rafale B359, destiné à l’armée de l’Air et de l’Espace, fait partie de la commande dite « tranche 4 » notifiée en 2009 pour 60 avions. Il reste 27 Rafale à livrer au titre de la tranche 4, auxquels s’ajoutent 12 Rafale commandés en 2021 par la France pour compenser 12 appareils revendus à la Grèce.

De plus, on l'évoque depuis bientôt 10 ans sur ce blog, la notification de la fameuse tranche 5 (42 Rafale) est enfin prévue pour 2023 avec des livraisons entre 2027 et 2030, alors que l'appareil au succès désormais internationalement reconnu va connaitre prochainement son nouveau standard opérationnel, dit "F4".

Pour l'armée de l'Air et de l'Espace, c'est la fin de la disette, mais pas la fin de la tension sur la flotte. Une flotte qui connait en effet un trou capacitaire remarquable, dont on connaîtra le pic cette année. Il prend en compte le retrait d'anciens appareils de tout type non (encore) remplacés, le prélèvement pour des contrats export (Grèce, puis Croatie), et la cannibalisation d'un certain nombre d'appareils (14 Rafale concernés en 2021). 

Nous verrons en 2023 si la Loi de programmation militaire valide l'augmentation de la flotte de chasseurs (Mirage & Rafale, puis à terme 100% Rafale) d'un format de 185 à 225 appareils. C'est une hypothèse.

N'oublions pas enfin l'aéronavale puisqu'en effet, de son côté, la Marine peut espérer une commande indienne du Rafale Marine pour gagner quelques appareils une fois que la production de ce modèle précis, aura été réenclenchée.


lundi 3 octobre 2022

La Marine Nationale escorte un sous-marin russe dans le golfe de Gascogne

La frégate multi-missions Normandie de la Marine Nationale a escorté ce 29 septembre le sous-marin russe Novorossiysk dans le golfe de Gascogne. Ce dernier remonte actuellement vers le nord.

Cela aurait pu être une banale opération de routine, mais en ces temps particuliers, ce communiqué de la Préfecture maritime Atlantique ne passe pas inaperçu. Photos à l'appui (merci le NH90), les autorités françaises semblent ici tenir à envoyer un message sur leur vigilance. 

Le sous-marin russe est le "Novorossiysk", appartenant à la flotte de la mer Noire depuis 2014. Le submersible de type "Kilo" n'est pas à propulsion nucléaire. Il arrive de la Méditerranée et se dirige vers le nord, transitant probablement vers la Russie.

Ces missions d'escorte, menées en coopération étroite avec les autres marines européennes, ont également concerné le remorqueur russe Sergey Balk.

 

jeudi 14 juillet 2022

Fête Nationale, crise internationale

Cette fête nationale 2022 s'inscrit dans la cadre nouveau d'une Europe où la guerre est brutalement revenue. En ces instants d'incertitudes multiples, parfois d'inquiétudes, ce sont nos forces armées qui cristallisent une partie de la confiance de la Nation.


Offrons nous le luxe aujourd'hui d'illustrer non pas par une image militaire, mais bien par l'une des merveilles -ici la nébuleuse de la Carène- qui nous est offerte par le formidable télescope spatial James Webb. Un peu de rêve donc, et un tout autre genre de perspectives. Le fruit, et le symbole, d'une formidable coopération scientifique internationale.

Mais retour sur Terre.

Tout d'abord, en ce 14 juillet, une pensée et un hommage tout particulier aux autorités (pompiers, sécurité civile, gendarmes…) qui luttent au moment où je publie ces lignes contre de terribles incendie en Gironde et dans les Landes. 

Le nouveau contexte stratégique, pressenti dans une large série d'analyses depuis 10 ans, et auquel nous avions tout de même commencé à nous préparer (la fameuse "haute intensité"), est aujourd'hui prétexte à toute sorte de sorties plus ou moins crédibles sur le rôle que devrait tenir la France et ses armées dans les années qui viennent. 

Les défis sont bien là: gérer au mieux cette remontée en puissance -vraiment le bon terme ?- dans ce que l'on appelle de façon tronquée une "économie de guerre". C'est LA mission qu'incarne aujourd'hui le nouveau ministre des Armées Sebastien Lecornu. Elle se joue à tous les niveaux, et notamment celui de la BITD, alors que l'économie se contracte. Des développements intéressants seront à étudier dans les mois qui viennent.

S'agissant des opérations, le retrait d'Afrique (Mali) fait place à un renforcement de "posture" qui se fera visiblement en Roumanie, pour du long terme.

Au plan européen justement, continent redevenu théâtre de guerre, eh bien c'est l'OTAN qui a retrouvé sa pleine et entière vocation historique. Cela se fera t-il au détriment d'une Europe de la Défense, avec en premier lieu la coopération franco-allemande comme victime ? C'est une crainte légitime.

Il subsiste néanmoins chez moi le sentiment profond que l'Indopacifique n'est en aucun cas oublié, et reprendra rapidement une place prédominante dans les débats stratégiques.

Enfin, un mot spécial : les habitués de ce blog auront remarqué que le rythme des publications a chuté ces dernières semaines. Il s'agit avant tout d'un manque de temps, mais peut-être aussi que cela traduit une lame de fond plus profonde, qui voit la communication des forces armées radicalement changer depuis plusieurs années. En bref, il y a nettement moins de matière à traiter, même si les apparences pourraient laisser penser le contraire.

C'est pourquoi on risque ici de surtout se concentrer sur le fond désormais, quand les occasions se présenteront. Ce sera certes moins fréquent, mais elles se présenteront ! 


Un excellent 14 juillet à toutes et à tous ! 


vendredi 13 mai 2022

Surprise ! L'armée française abandonne le Camouflage Centre-Europe !


La Section technique de l'armée de Terre (STAT) a lancé sa campagne de communication présentant le nouveau camouflage des fantassins français à partir de 2024, ou de son petit nom le BME pour : bariolage multi-environnement.


On savait depuis quelques années déjà que le Camouflage Centre-Europe (CCE) était condamné à disparaître sur les véhicules terrestres, pour laisser place notamment au "brun Terre de France" et à des motifs géométriques amovibles au besoin. 

Mais pour ceux qui comme moi ont grandi dans les années 1990, il est donc temps de dire adieu - après le FAMAS - au camouflage emblématique qui faisait l'identité du fantassin français depuis une trentaine d'années. 

Ce 12 mai, la STAT a donc dévoilé le BME, pour bariolage multi-environnement. Un nouveau motif de camouflage plus adapté au technologies modernes (la vision thermique notamment), très travaillé, et qui viendra remplacer à la fois le Centre-Europe et le camouflage désertique "Daguet". Il aura cependant une variante arctique (voir vidéo en fin d'article).

Le BME est annoncé 25% plus efficace que son prédécesseur (c'est en fait le gain de temps avant sa détection).

Fantassins équipés du treillis doté du bariolage multi-environnement. - © STAT/ADJ Alexandre B.

Alors oui, cela ressemble basiquement au "multicam" américain qui a envahi le marché depuis la fin des années 2000 (après la période "pixels" à laquelle la France a heureusement échappé !), mais avec quelques spécificités. Les Britanniques sont d'ailleurs dans la même démarche avec leur propre camouflage, également très proche du multicam et du nouveau BME. 

Deux conséquences sur ce point:
  • l'armée régulière rejoint l'apparence des unités de forces spéciales, totalement converties au multicam ou ses variantes. Cela contribue au "désilhouettage" de ces dernières (mais la grande majorité des unités de FS dans le monde sont passées au multicam, ce qui est bien arrangeant);
  • après l'arrivée du HK416 en remplacement du FAMAS, l'armée française perd un peu plus de son identité visuelle au profit d'un plus grand confort opérationnel. C'est un détail qui comptait à l'époque des Opérations de Maintien de la Paix ou de la présence à long terme en OPEX. Ce qui ne semble plus être la tendance aujourd'hui… 

Le camo BME a pour lui le mérite d'être made in France, et intégrera progressivement les forces à partir de 2024, sur des treillis modèle F3. Le programme est évalué à 200 millions d'euros.

Une vidéo explicative de la démarche, très intéressante, a également été publiée:


lundi 31 janvier 2022

Le Rafale Marine joue de ses atouts en Inde


Depuis ce mois de janvier, le chasseur Rafale dans sa version Marine mène des essais de décollage en Inde, sur tremplin, au profit de l'aéronavale indienne. L'appareil français joue là une carte importante.

Ci-dessus: un Rafale M catapulté depuis le Charles de Gaulle, armé d'un Exocet - Marine Nationale


Après l'Indian Air Force, c'est la Navy qui se cherche aujourd'hui un nouvel appareil. Et comme nous l'évoquions au mois de décembre, ce sont en ce début d'année 2022 les capacités du Rafale de Dassault Aviation qui sont évaluées sur tremplin, cela afin de juger de son potentiel futur sur le pont des porte-avions indiens.

Sur la base aéronavale INS Hansa, Dassault Aviation, et la Marine Nationale, s'emploient donc à convaincre une nouvelle fois New Delhi de faire confiance à l'appareil français. 

Or, plusieurs photographies d'amateurs ou simples "témoins" ont montré le Rafale M s'envoler armé d'un payload assez particulier, à savoir le missile antinavire Exocet, ce qui confirme que l'appareil a été testé, avec un certain succès, dans plusieurs configurations qui comprennent donc de l'armement. 

L’appel d’offres de l’Indian Navy porte sur 57 appareils multirôles (mais l'Inde compte aussi sur une navalisation de son chasseur indigène Tejas) aptes au décollage en configuration STOBAR (tremplin) comme CATOBAR (catapulte). Face à face se retrouvent le Rafale Marine et le F/A-18 Super Hornet de Boeing
Rappelons qu'à ce jour, les essais du F-18 sur tremplin - sur lesquels Boeing communique vivement - ont eu lieu non pas en Inde, mais bien aux USA. Le chasseur américain sera en fait reçu pour ses essais indiens au printemps.

A ce stade, les experts sont plutôt très optimistes s'agissant des chances du Rafale M en Inde, le Super Hornet américain connaissant un forte chute de confiance sur le marché. Un choix qui sera stratégique pour l'Inde car l'autre puissance maritime régionale, la Chine, a dévoilé son nouveau chasseur lourd J-15T.


mercredi 26 janvier 2022

Sprint final en Indonésie pour le Rafale ?

Depuis plusieurs jours maintenant, des sources concordantes font état d'un contrat Rafale sur le point d'être finalisé en Indonésie. Ce qu'a confirmé le ministre de la Défense sur place. 

Ci-dessus: des Rafale et un MRTT survolant l'Indonésie lors du déploiement Pégase en juillet 2018.

Nous nous garderons de trop disserter aujourd'hui, mais une bonne nouvelle pourrait effectivement tomber d'ici le mois prochain avec la finalisation d'une commande de Rafale. C'est en tout cas ce qu'à laisser penser le ministre de la Défense local, Prabowo Subianto, affirmant devant la presse que ce contrat n'attendait que son activation. 

En discussion depuis plus d'un an sur un contrat de 36 appareils, un pré-accord avait été conclu entre Paris et Jakarta au printemps dernier, ce qui avait fait crier victoire à certains médias français un peu trop rapidement. Car on le sait, l'Indonésie manque de facilités de paiement, et les Américains sont également dans la course avec le F-15EX. Les garanties financières pourraient venir du Golfe. 

La question est aujourd'hui de savoir si le nombre de Rafale évoqué à l'époque (36) sera confirmé, quelques sources évoquant plutôt une première tranche (12 ou 18 appareils). Un mix Rafale / F-15 n'est absolument pas à exclure, tandis que les Russes sont définitivement hors-jeu avec le SU-35. 

La réponse nous sera probablement donnée en février, lors de la visite de la MINARM Florence Parly.

Il s'agirait bien sûr d'un coup énorme pour la France dans le cadre de sa stratégie en indopacifique. Et de quelques mois de travail supplémentaires pour Mérignac. 


lundi 20 septembre 2021

Les armées avancent sur la maintenance des aéronefs par drones


Dans le cadre des développements du standard du Rafale F, un appel à projets pour l’automatisation de l’inspection d’aéronefs avait été lancé par l'AID, la DMAé, et la DGA. On en connait déjà quelques résultats.

Sources & Images: ministère des Armées.


Rafale "F4" doit projeter le MCO dans une nouvelle ère, celui de la maintenance prédictive, qui devra contribuer, grâce au Big Data et à l'IA, à régler une partie des soucis de disponibilités des flottes d'aéronefs militaires (problème qui épargne assez largement le Rafale d'ailleurs). 

C'est dans le cadre de cette évolution qu'en juillet 2019, l’Agence de l’innovation de défense (AID) a lancé via l’Innovation Défense Lab en partenariat avec la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé), la Direction générale de l’armement (DGA) et l’Armée de l’Air et de l’Espace, un appel à projets « automatisation des contrôles non destructifs (CND) sur aéronefs ». 

En effet, comme le justifie l'administration, la maintenance des aéronefs nécessite l’inspection régulière de ses revêtements ainsi que de réguliers contrôles de l’intégrité de la structure interne de certains points critiques par des moyens dits « contrôles non destructifs ». Ce sont des tâches chronophages et potentiellement dangereuses pour les opérateurs dans le cas des aéronefs de grande hauteur. 

Dans les faits, la proposition de solutions innovantes se traduit par l'emploi de drones:


Sur une vingtaine de candidatures, l'agence a retenu deux entreprises qui ont pu développer, en un peu plus d’un an, un démonstrateur, en lien étroit avec les équipes techniques compétentes des armées:

  • DONECLE, en partenariat avec 8tree et Dassault, propose une inspection 3D automatique des revêtements aéronefs grâce à un drone 100% automatisé. Cette technique permet de détecter et mesurer les défauts de surface tels que des enfoncements, impacts ou perforations. Testée sur des surfaces métalliques et composites, la solution permet en outre des comparaisons avec la maquette numérique de l’avion et le suivi digital de l’évolution des défauts.
  • ROBOPLANET, propose un robot semi-autonome pour les mesures de contrôle non destructif par ultra-sons, qui scanne automatiquement des zones prédéfinies, avec l’assistance d'un logiciel de mise en œuvre et de suivi des acquisitions. Ce robot semi-autonome permet la détection automatique de défauts au cœur de la pièce et le format des données générées assure une continuité numérique avec le logiciel en place de génération de rapports d’inspection.


Au bout du processus, des démonstrations ont eu lieu cet été, le 9 juin, sur la BA 118 de Mont-de-Marsan. 
Des essais qui selon le MINARM "ont permis de mettre en évidence les conditions d’utilisation qui pourraient être envisagées par les forces", devant un quorum d’expert de spécialistes et de potentiels utilisateurs en provenances des armées, de la DGA, de la DMAé, du Service Industriel de l'Aéronautique (SIAé), de la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT) mais aussi de l’industrie aéronautique.

La restitution finale de cet appel à projet s’est déroulée le 7 juillet à l’Innovation Défense Lab permettant de faire le bilan tant sur le fond que sur la forme de ce projet.

Tout comme l'impression additive, il ne fait pas de doute que les drones & robots ont toute leur place dans ce MCO "4.0" qui pourrait considérablement révolutionner les missions des forces armées.


Ci-dessous: des essais avaient déjà été menés avec la Marine en 2020.



mercredi 7 juillet 2021

Le Dassault Falcon 10X devient l'option crédible pour le futur PATMAR


La désagrégation très probable du programme européen MAWS, destiné à échafauder les systèmes de Patrouille Maritime de l'après 2030, semble ouvrir la voie à un nouveau départ franco-français dans lequel le Falcon 10X, dernier né de Dassault Aviation, s'impose comme solution naturelle.

Ci-dessus: vue d'artiste du Falcon 10X, le plus grand des Falcon - Dassault Aviation


Après les mises en garde du DGA Joël Barre mi-juin à l'Assemblée Nationale, La Tribune révèle que la France devrait bien quitter le programme militaire franco-allemand d'avions de PATMAR du futur (imaginé à l'horizon 2030-35). Le programme MAWS aura donc été quasiment tué dans l'œuf par le choix des Allemands de s'équiper de cinq avions P-8A Poseidon (Boeing).

Le comportement toujours très ambivalent des Allemands dans la défense, et même s'ils annoncent le caractère transitoire de cette solution, en attendant MAWS (tout comme le fait qu'ils aient choisi des F-18 pour la transition du Tornado vers SCAF), aura cette fois eu raison de la patience des Français, qui se tourneraient donc vers une solution… nationale. 

Le plus grand des Falcon

Avec 22 Atlantique II Rénovés (nda: 18/22 en réalité) à remplacer dans les années 2030, la Marine Nationale doit donc se tourner vers une nouvelle plateforme. Selon la révélation de La Tribune, le nouveau Falcon 10X de Dassault en constituerait le cœur.
Et c'est ainsi que Dassault Aviation, qui se sentait exclu de MAWS, pourrait donc revenir dans la course, non plus comme challenger, mais bien avec ce Falcon 10X comme candidat principal apte à proposer une plateforme de PATMAR.

7 mai 2021: Dassault Aviation dégaine son imposant Falcon 10X


Révélé le 6 mai dernier, le Falcon 10X sera l'appareil le plus imposant de la gamme. Rapide (Mach 0,9) endurant (14 000 km), il est motorisé par Rolls Royce et bénéficiera des dernières technologies d'avionique, avec notamment un cockpit ultramoderne.
Il est question d'une voilure entièrement constituée de composites (fibres de carbone), permettant une solidité maximale, un poids réduit et une traînée minimale, comme sur… le Rafale.
Enfin, sa cabine de 16m, la plus spacieuse du marché d'affaires, est un autre atout non négligeable quand on connait les besoins en systèmes embarqués et personnels d'un appareil de PATMAR.

Le 10X part donc avec certains avantages qui rendent sa candidature crédible. Reste que la militarisation de cet appareil sera un véritable défi (mais de l'armement a bien déjà été vu sur des maquettes récentes de Falcon 2000). Les sources évoquent une collaboration avec Thalès. 
Cela renforcerait en tout cas une tendance allant vers la "miniaturisation" des plateformes, comme le prouve l'émergence d'avions de C2 à partir de business jets.

Avions historiques des armées, les Falcon sont déjà au cœur de programmes futurs d'ordre stratégique, puisque Dassault est déjà engagé dans le programme de SURMAR avec les Falcon "Albatros" (sur Falcon 2000 LXS), et de SIGINT avec les "Archange" (sur 8X). 

Dans ce scénario, la principale victime est Airbus, qui constituait le choix européen par excellence (et pas forcément le plus français d'ailleurs) et proposait volontiers l'ébauche d'un A320néo "MPA".


mercredi 9 juin 2021

CLS fournit à la Marine un service de surveillance satellitaire des ZEE françaises


Pour un montant non communiqué, la Marine Nationale s'est engagée avec l'entreprise CLS sur le contrat TRIMARAN III. Elle va ainsi pouvoir bénéficier sur la période 2021-25 d'une constellation de 300 satellites pour la surveillance de l'espace maritime français. Une vraie rupture.


Les progrès en matière de surveillance satellitaire font des pas de géant ces dernières années, que l'on parle d'imagerie, ou de tracking plus complexe (voir la géolocalisation des navires chez les Bretons d'Unseenlabs). Qui a oublié les images satellites (fournies par Airbus) du Canal de Suez obstrué par le cargo Evergiven en mars dernier ? 

Or en France, pays qui rappelons-le possède plus de plus de 11 millions de km² de Zone Economique Exclusive, soit le deuxième espace maritime mondial, la Marine Nationale ambitionne depuis quelques temps de recourir, non pas seulement à ses navires, ou à ses drones, mais aussi à la surveillance satellitaire.
Cela tombe bien, puisque deux domaines où le spatial français performe particulièrement, sont ceux des satellites (fabrication et opération) d'une part, et du traitement de données desdits satellites d'autre part.

Avec ce contrat TRIMARAN III, la Marine s'offre donc une double capacité, à travers un double service: 300 satellites de surveillance déjà en orbite, accompagnés d'un service de traitement des données.

Pour la constellation, la Marine fait appel à CLS (attention la constellation Kinéis, propre à CLS, n'est pas encore déployée), filiale du CNES et du CNP basée à Toulouse, qui a déployé un système inédit basé sur les données satellitaires multi-capteurs. Les données de "plus de 300" satellites (constellation Planet ?) sont désormais à la disposition de la Marine Nationale combinant l'imagerie, les données d'identification des navires (AIS satellite et terrestre), les détections RF par satellite, une base de données commerciale et les nouvelles technologies de l'information (Machine Learning et Intelligence Artificielle). 

Ainsi, CLS annonce offrir une couverture et une surveillance des zones maritimes française en quasi temps réel. 
A quoi s'ajoute l'expertise déjà acquise chez CLS en matière de renseignement maritime et d'analyse de données satellitaires avec MAS (Maritime Awareness System). Le marché comprend d'ailleurs des rapports détaillés qui seront fournis à la demande, à l'appui des opérations maritimes.



Le défi de l'analyse géospatiale

Le service TRIMARAN III ouvre un nouveau champ de possibilités selon CLS: "une plateforme unique combinant un portail de création de requêtes et un outil d'analyse de la situation maritime, l'accès à de nouveaux services d'analyse (ex : suivi des activités maritimes en zones polaires), l'accès à de nouveaux satellites radar et optique constellations d'images et intégration de nouvelles sources de données innovantes (détection RF, etc.)."

Effectivement, avec une surveillance temps réel, la Marine Nationale entre dans une nouvelle ère, où la donnée d'origine spatiale lui permet d'optimiser ses missions sur d'immenses espaces (ex: orienter une patrouille). Mais plus encore, il s'agira de pouvoir digérer une telle masse de données, une surabondance informationnelle. 

C'est pourquoi TRIMARAN III associe également Preligens (ex-Earthcube), spécialiste français de l'intelligence artificielle et de l'analyse de données géospatiales. Preligens a récemment participé au grand exercice AsterX du Commandement de l'Espace, et collabore avec plusieurs branches du renseignement français. Il se spécialise notamment dans l'identification de matériels militaires.


Externalisation de mission régalienne ?

La Marine Nationale, avant de se lancer dans ce contrat, a d'abord évalué l'ensemble du service, avant d'en ressortir conquise, tant par l'offre de données brutes que par les travaux de synthèse et d'analyse qui en découlent.

Mais une question se pose évidemment pour conclure: est-il choquant d'externaliser à tel point une mission régalienne ? Dans sa stratégie spatiale, la France avait affirmé sa volonté de recourir à des prestataires dans le but de démultiplier ses capacités en termes de surveillance depuis l'espace, et de surveillance de l'espace. De plus, le service vient en appui des moyens purement militaires, afin de les orienter au mieux. En cela, les marins l'ont jugé suffisamment efficient et "intuitif". 

Il apparaît surtout que cette solution démontre toute la pertinence de pouvoir disposer d'une ou plusieurs constellations souveraines pour la surveillance temps réel. Ce qui n'est pas encore le cas.

La GEOINT (Geospatial Intelligence) entre dans une nouvelle ère. Le recours à des services privés est aujourd'hui le seul moyen de mobiliser immédiatement une flotte considérable de satellites à même d'offrir une surveillance temps réel. D'un point de vue stratégique, il convient même de soutenir le développement d'entreprises à qui vont s'offrir de formidables perspectives sur le marché international, notamment dans les pays qui n'ont pas développé de capacités spatiales. 

L'accès à l'espace et la permanence en orbite sont la condition de succès autour d'un enjeu vital qui est celui du contrôle et de l'exploitation de la donnée d'origine spatiale.