Après
sa promulgation le 14 juillet dernier, la Loi de programmation militaire 2024-2030, inédite dans son ampleur, va
connaitre une mise en application dès l'an prochain. Dans le cadre du projet
de Loi de finances actuellement débattue à Paris, nous en connaissons
désormais les détails.
Ci-dessus: Un Rafale sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan - Armée de
l'Air et de l'Espace.
En 2024 donc, le budget du ministère des Armées s'établira à 47,2 milliards
d'euros, soit une augmentation de 7,5%. Il s'agit de la première marche d'une
montée en puissance qui s'étalonnera jusqu'en 2030. Des chiffres qui
choqueront les anciens lecteurs de ce blog (créé en 2013, période de vaches
maigres historique). Plus qu'une révolution de temps de guerre, l'enjeu, c'est
bien entendu de pouvoir renforcer la cohérence du modèle d'armée français -
que l'on soit d'accord avec cette doctrine ou non- en soignant son ossature.
Pour le muscle, il faudra patienter.
Voici donc un billet de blog très "liste au père Noël", puisque nous nous
contenterons surtout ce soir de regarder en détails les livraisons prévues pour
2024, qui représentent 13,6 milliards d'euros sur un budget équipements de 28
milliards tout de même.
Fait marquant, le Rafale revient en force dans l'armée de l'Air après des
années de disette (les livraisons pour la France n'ont repris qu'en 2023,
"faute" à l'export): 13 appareils atterriront non loin de leur site
d'assemblage de Mérignac puisqu'ils prendront ainsi la route de Mont-de-Marsan
et sa base aérienne 118, si j'en crois la documentation du ministère des
Armées.
Ces appareils viendront en partie combler le prélèvement effectué suite aux
commandes grecques (12 Rafale d'occasion sur une commande 24 avions) et croates (6
transférés cette année, 6 l'an prochain). Nous sommes donc toujours dans le
creux de la vague.
L'armée de l'Air et de l'Espace recevra également deux nouveaux A400M, 10
Mirage 2000D rénovés (à Nancy), 1 hélicoptère Caracal pour la Guyane, ainsi
qu'une dizaine de pods de désignation Talios pour ses Rafale. N'oublions pas
le satellite d'observation CSO 3, qui nécessitera cependant la mise en service
du très attendu lanceur Ariane 6.
La Marine vivra elle une année marquante car outre la livraison de plusieurs
(4?) avions de patrouille maritime Atlantique 2 rétrofités, elle admettra au service un
nouveau sous-marin nucléaire d'attaque Barracuda (à Toulon), la première frégate
de défense et d'intervention (à Brest), et des patrouilleurs pour l'Outre-mer
qui prendront la direction de La Réunion et Tahiti.
Du coté de l'armée de Terre, ce sont, entre autres, 138 Griffon (+8 Griffons
MEPAC avec mortier), 33 Jaguar, 12 Caesar, 103 Serval, 103 ambulances, 21 chars Leclerc XLR (modernisation), 2 hélicoptères NH90, ou encore 10 Tigre
passés au standard HAD qui rejoindront les forces.
A ceci s'ajoutent des radars (4), des systèmes de communication satellitaire
(57), des radios CONTACT (1350)… et autres équipements individuels comme les 8 000 fusils HK416 et, grande nouveauté,
l'arrivée sur les treillis du nouveau camouflage BME (bariolage multi environnement).
Concernant toujours les livraisons, le sujet absolument majeur des munitions
se verra attribuer 1,5 milliard d'euros: sur la liste, des torpilles lourdes
ARTEMIS, des missiles (mer) EXOCET, des missiles (sol-sol) MMP, des missiles
(air-air) MICA remotorisés… ainsi bien sûr que des munitions de petits
calibres.
Enfin, les forces spéciales sont choyées avec 170 millions et l'arrivée,
enfin, de véhicules terrestres trop longtemps attendus, que nous verrons dans les régiments du sud-ouest:
Innovation, maintenance et ressources humaines
Pour le reste de l'enveloppe (d'ailleurs, là comme partout, il faut faire avec
l'inflation), la modernisation de la composante de dissuasion nucléaire
prélève son tribut, en hausse de 750 millions. Loin d'être négligeable dans
l'addition finale.
Le renseignement obtient 500 millions, très largement à l'avantage de la DGSE,
tandis que le budget dédié à l'innovation continue doucement de grimper,
atteignant désormais 1,2 milliard d'euros, comprenant les travaux sur le SCAF (300M),
le MGCS (22M), les drones & les robots (400M cumulés)…
Le volet "Espace" obtient lui 600 millions d'euros.
Bien sûr, il y a le MCO, la maintenance: 5,7 milliards, soit une hausse de 15%
! Gros point noir : les chiffres de la disponibilité des matériels sont désormais classifiés, au prétexte que nos "compétiteurs" ne doivent pas pouvoir quantifier nos faiblesses… Il faudra donc croire l'institution sur parole désormais.
Coté RH, l'effort est portée sur la fidélisation (sujet de plus en plus
complexe) alors que semble se terminer l'ère des OPEX africaines*… jusqu'à
preuve du contraire. Il s'agira de recruter 28 300 personnels (23 000
militaires et 5 000 civils). Des augmentations salariales sont prévues.
*et mécaniquement, le budget opex s'effondre, passant de 1,2 milliard à 800
millions d'euros.
Il y a aussi d'autres petites choses...
RépondreSupprimerhttps://www.forcesoperations.com/ces-autres-jalons-capacitaires-programmes-lan-prochain-pour-larmee-de-terre/
En innovation, j'espère que celle-ci va vite être mise en avant !
Supprimerhttps://www.forcesoperations.com/darmurerie-tactique-en-atelier-universel-une-bonne-idee-prend-son-envol/
Quid de l'arrivée des C 130 H modernisés qui apparemment passent sous les radars ?
RépondreSupprimerCela prendra du temps...
Supprimerhttp://www.paxaquitania.fr/2022/09/a-bordeaux-le-premier-hercules-c-130h.html