Après le New Space, au tour du New Defense ? Le complexe militaro-industriel américain subit depuis quelques années une offensive inédite de nouveaux acteurs, issus du monde de la tech. Les Palantir ou autre Anduril ont rapidement construit leurs conquêtes, et bénéficient aujourd'hui d'une puissance financière impressionnante. D'autant plus qu'ils ont su orienter l'échiquier politique dans le sens de leurs projets. La Maison Blanche désormais acquise à leur cause, ils regardent maintenant vers l'Europe et l'Asie.
Ci-dessus : un écran publicitaire Anduril Industries à Washington - crédit Anduril sur Instagram.
Comme post de rentrée, j'ai le plaisir de signaler la sortie en kiosque du Deftech #14 où je signe le dossier sur la mouvance "New Defense" (certains parleront aussi de Defense Tech), ou comment la Silicon Valley est partie à l'assaut des marchés du Pentagone face aux "big five" (Lockheed, Boeing, Northrop, RTX, General Dynamics...) du complexe militaro industriel. Une offensive technologique, reposant sur une fondation idéologique aujourd'hui puissamment ancrée.
Derrière Elon Musk, qui n'est que le sommet ultramédiatisé de l'iceberg, ces acteurs, vous les connaissez déjà pour certains: il s'agit de Palantir Technologies, Anduril Industries et quelques autres à la valorisation boursière déjà impressionnante. Ils arrivent avec la promesse -très marquée politiquement, et nourrie par les courants libertariens- de révolutionner le secteur, en bouleversant les cycles d'innovation (ils apportent avec eux l'IA), mais aussi et surtout de production. Ils entendent pour cela briser l'influence des géants de l'armement à Washington, et changer la culture d'acquisition -défaillante- du Département de la Défense. Un combat qu'ils ont en partie remporté en se rangeant derrière Donald Trump pour son second mandat, et en infiltrant patiemment les cercles militaires.
Ce dossier ayant été préparé durant tout le premier semestre 2025, les annonces récentes (au Bourget en juin notamment) concernant leur appétit sur le marché européen et les accords passés dans certains pays, comme l'Allemagne, confirment que ce train à grande vitesse est lancé, et bien lancé. Dépourvus de puissance financière comparable, certains acteurs français et européens, comme Helsing (sorte d'héritier spirituel d'Anduril), s'inscrivent dans cette stratégie et tentent de prendre le wagon (entretiens disponibles sur ces questions dans le magazine, avec HyPrSpace et Turgis Gaillard !), mais la lutte semble déjà inégale sur un continent où la notion d'indépendance stratégique est loin d'être partagée et comprise de la même manière.
Un dossier qui augure donc un suivi de long cours sur cette question.
L'édition 2025 du Salon international de l'aéronautique et de l'espace, mieux connu sous le nom de Salon du Bourget (le 55ème), aura été marquée par une curieuse sensation. Celle d'être devenu un salon de défense.
Images - Thomas Schumacher / @paxaquitania, MINARM, industriels.
Le pesant parfum de la poudre flottait -ou plutôt soufflait vu la puissance nécessaire pour climatiser cette chaude semaine- dans les larges allées du Salon du Bourget 2025. Etonnant ? Oui en fait, car même en 2023, lors de l'édition qui suivait le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine un an plus tôt, et bien que les sujets défense soient dans toutes les discussions à l'époque déjà, nous n'avions d'une part, pas le même niveau de maturation des systèmes, et d'autre part, pas ce constat d'isolement stratégique de l'Europe résultant de l'élection de Donald Trump.
Certains parmi les 300 000 visiteurs (record absolu) l'auront d'ailleurs amèrement regretté ce climat, y compris chez les professionnels, et en particulier dans le Paris Space Hub, espace géant exclusivement dédié au spatial, mais c'est tout simplement le signe des temps (ajoutons l'ambiance délétère qui régnait autour de la présence d'armes "offensives" [sic] sur les stands israéliens).
Cette année, les projets (je n'ai pas dit programmes, mais on sent tout de même de la maturité) se présentent également de façon différente, avec une propension à l'auto-financement qui, de façon limitée attention (d'autant plus que ce n'est pas possible pour tout le monde), semble inaugurer un retour à la prise d'initiatives, et donc de risques. Ou au coup politique, on peut le voir comme ça.
Problème, même en ces temps de crises et de promesses de budget géant pour la défense, l'Etat reste avare… et se contente souvent d'observer avec une prétendue bienveillance. Il faudra bien enclencher un jour attention, sous peine de casser la machine à innover, et de voir certaines idées partir à l'étranger. Cela serait bien dommage à l'heure où le catalogue à notre disposition se remplit considérablement, et de façon parfois étonnante. Il y avait en effet sur cette édition du Bourget des propositions dont les forces françaises n'auraient pas imaginé rêver il y a quelques années à peine.
Un tour en quelques grands points 👇
Dassault Aviation maître en sa demeure (sauf pour le futur AWACS)
Pour ce Bourget 2025, l'avionneur de Saint-Cloud, qui à en constater la longue file d'attente pour monter à bord des Rafale ou Falcon, reste sans conteste la star du salon, et a choisi ses priorités. Ces dernières sont énumérés dans les sorties presse du PDG Eric Trappier, et se ressentent sur les exhibitions. Pour le court terme donc, c'est le Rafale F5 (2030+). Pour le moyen terme, le drone UCAS (héritier du Neuron en 2035), et pour le long terme un appareil de combat de sixième générationun avion spatial : VORTEX !
Dassault Aviation est enfin sorti du bois sur ce sujet. L'avion spatial habité, ici en héritage direct de feu la navette européenne Hermes, c'est le grand -et prestigieux- rêve du groupe à horizon 2050, mais l'Etat (CNES, DGA, armée de l'Air), qui manque de moyens, ne semble pas totalement convaincu par cet appareil à tout faire qu'il juge très complexe, bien qu'injectant symboliquement 30 millions d'euros dans les études de développement. Dassault devrait donc aussi aller chercher du soutien du côté de l'Agence spatiale européenne, et tenter de fonctionner par étapes (la fameuse méthode itérative du new space ?!?), avec à court terme plusieurs démonstrateurs de taille réduite, puis un drone. Nous aurons l'occasion d'en reparler, car quoiqu'on en pense, le dossier est relancé !
L'Etat apporte un soutien au projet Vortex de Dassault Aviation - Photo MINARM
Concernant le Rafale, nous avons déjà un peu tout dit sur le standard F5, mais le motoriste Safran confirme s'engager dans la remotorisation de l'avion avec le M88 T-REX (9 tonnes de poussée), et Thales prépare un pod de guerre électronique. Les réservoir conformes de 1 200 litres qui donnent un look différent au Rafale étaient visibles, non pas chez Dassault Aviation, mais sur le stand du ministère des Armées, ce qui est une nuance importante. Il n'est pas dit, que pour des questions de maintenance, cette idée n'aille beaucoup plus loin que le bricolage pour la photo.
Le Rafale avec réservoirs conformes sur le stand MINARM, et la bombe AASM XLR - Photo TS.
Mais le standard F5, c'est aussi un drone de combat partenaire de mission, l'UCAS, qui selon la maquette 1:1 dévoilée est une évolution parfaite du démonstrateur Neuron. Un Neuron "durci", "lourd", si l'on veut. Ce drone furtif fera approximativement la taille d'un Mirage 2000, et sera doté d'un seul moteur, le M88 du Rafale, ainsi que du train d'atterrissage de ce dernier. Il pourra être navalisé, mais seulement à bord du porte-avions de nouvelle génération, qui disposera de catapultes électromagnétiques.
Pour la France qui manque clairement de capacités furtives, ce programme apparaît comme structurant pour nos forces aériennes et leur capacité d'entrée en premier, notamment après les démonstrations réalisées en Iran par Israël, puis par les USA.
UCAS : unmanned combat air system - photo TS
Un mot également sur le futur des AWACS de l'armée de l'Air et de l'Espace. Comme pressenti, cela se fera bien avec le système Global Eye de Saab (sur avion porteur Bombardier), la déclaration d'intention est signée depuis le 18 juin pour quatre appareils, dont deux fermes. Probablement davantage au cours de la LPM suivante.
Je plaidais ici même il y a deux ans pour une intégration de la solution Saab sur le Falcon 10X, et il semble bien que Dassault ait eu son mot à dire avant le choix définitif de la DGA. Cette dernière n'a toutefois pas été convaincue par la proposition, car les E3 Sentry de l'armée de l'Air épuisent leur potentiel à vu d'œil. Bref, il ne fallait pas tergiverser, et l'industrie française a tergiversé. Il en ressort un beau geste de la France envers l'Europe, et pour la Suède, qui fournit en capacité d'alerte avancée une puissance nucléaire, c'est un coup absolument magnifique.
Communication politique, en France puis la réponse suédoise.
L'espace en force, et la force dans l'espace
Au delà du Vortex de Dassault, l'espace était assurément l'un des grands points du Bourget 2025, avec pour la première fois, l'imposant Space Hub, mais pas seulement puisque l'armée de l'Air et de l'Espace avait aussi son showroom dédié. Le Space Hub réunissait bien sûr le CNES et l'ESA (pour son cinquantième anniversaire), ains que les start-up qui y bénéficiaient d'une visibilité accrue. Un lieu où tout ce que le spatial européen a de personnalités est venu faire un coucou. Sauf l'astronaute française Sophie Adenot, en formation à Houston, qui assisté en visio à la révélation du nom et du logo de sa mission de 2026 ("Epsilon"), lors de la venue d'Emmanuel Macron le vendredi 20 juin, visite durant laquelle le Président de la République a tenu, au sein du Space Hub, son seul discours officiel du salon, entièrement consacré au spatial donc, et à la teneur très stratégique. S'il faudra finalement attendre octobre pour avoir la nouvelle stratégie spatiale nationale (résolument orientée vers une convergence avec les alliés que sont l'Allemagne, l'Italie, l'Inde, les Emirats, et le Royaume-Uni), le sujet central sera resté celui du spatial comme "jauge de puissance". Une formule présidentielle qui restera.
Au Paris Space Hub, derrière les Agences, on pouvait trouver le stand très central d'ArianeGroup, où en plus du produit emblématique Ariane 6, l'industriel ne se gênait pas pour promouvoir sa filiale MaïaSpace bien sûr, mais aussi de façon beaucoup plus surprenante, son futur missile balistique conventionnel MBT, sa fusée sonde Sylex capable d'emporter le planeur hypersonique V-MAX, ainsi que… le missile stratégique M-51. On ne se cache plus donc.
Mais les start-up de micro-lanceurs (qui comptent bientôt quasiment 100 employés chacune) n'étaient pas en reste, la bordelaise Hyprspace présentant même une maquette de son lanceur suborbital OB-1 adaptée à la flexibilité des missions de défense. Mais nous en reparlerons.
A deux pas, Eutelsat pouvait se targuer d'avoir été complètement rattrapé dans sa chute financière par l'Etat français, qui monte à 30% au capital afin de sanctuariser la constellation de connectivité One Web, que Paris considère comme la seule alternative souveraine au Starlink d'Elon Musk. Eutelsat se voit d'ailleurs offrir 10 ans de contrat militaire avec les forces françaises.
A noter également que le Commandement de l'Espace lançait au Bourget le 19 juin le "cercle de confiance Espace", cadre de discussion privilégié avec les entreprises du secteur, avec l'idée que l'offre et la demande se rencontrent plus directement, pour ne plus perdre de temps.
Emmanuel Macron a enfin annoncé que la France organiserait début 2026 son premier "Space Summit", afin de mobiliser, dans son sens on le devine, les partenaires internationaux.
Le salon de l'aéronautique aérobalistique
Présenter une munition a pour avantage que l'on peut se déplacer indifféremment tous les ans à un grand salon français: le Bourget ou Eurosatory (le salon de l'armement terrestre). Et les munitions ne manquaient pas cette année, à commencer par la Hammer 250 XLR de Safran (photo plus haut), une AASM turbopropulsée par microréacteur Roxel, ce qui permettra à la célèbre bombe de précision française de porter jusqu'à 150 km en 2028 quand elle sera tirée depuis un Rafale, contre 50 à 70 aujourd'hui avec son booster à poudre.
Très médiatisée, mais difficilement accessible sur stand, la fameuse munition de saturation One Way Effector (OWE) de MBDA, était présentée comme le Shahed français, ce drone iranien désormais utilisé par les Russes et qui terrorise la population ukrainienne.
OWE, développée avec un droniste, devra être produite en masse (1 000 exemplaires par mois, grâce à l'industrie automobile ?), n'être pas trop chère, et agir en essaim pour découvrir, saturer, et si possible traiter les capacités de défense aérienne adverses jusqu'à 500 km de distance grâce à une charge explosive de 40 kg. Tout cela sans être brouillée grâce au savoir faire de MBDA dans la navigation et le ciblage dynamique.
Sur le même segment ou presque des munitions téléopérées, Eos Technologie (qu'on a autrefois connu chez nous à Mérignac) montrait sa gamme à microréacteur Veloce, qui est désormais intégrée au catalogue de KNDS. La Veloce 330 va entrer en phase de test au sein des forces françaises, tandis qu'Eos travaille sur "Rodeur" pour plus de portée (500 km) et d'autonomie (8h).
MBDA dévoilait aussi une maquette de lanceur à 4 silos pour la version terrestre de son missile de croisière naval, le MDCN devenu MDCT. On parle ici de longue portée pour ce missile de 2 tonnes capable de parcourir 1 000 km en subsonique. Campagne de tir prévue à Biscarrosse chez DGA EM d'ici 2 ans et demi.
Et puisque l'on parle de lanceur, Turgis & Gaillard , qui avait fait sensation avec le drone Aarok en 2023, est de retour pour combler les trous de la raquette française avec un véhicule lanceur de roquettes, dont le démonstrateur a une fois de plus été financé sur fonds propres, sur la base d'un châssis 6x6 Renault Trucks. Le système se veut rustique, aérotransportable, et surtout agnostique de missiles. Un rapport parlementaire récent préconise l'achat de 48 lanceurs.
Le lanceur Foudre de Turgis & Gaillard - Photo TS.
Je le mentionnais avec ArianeGroup, c'est le retour potentiel des capacités balistiques conventionnelles. Ariane se différencie là de l'offre MBDA, que l'on parle de missiles de croisière ou drones comme le OWE. Chez Ariane, on mise en effet avec MBT (missile balistique tactique) sur l'extra atmosphérique comme facteur différentiant, afin de ne pas être interceptée. Cela vient donc compléter l'offre des munitions endoatmosphériques de très longue portée… où Ariane développe son démonstrateur stratosphérique V-MAX, qui lui aussi est théoriquement impossible à abattre en raison de sa vitesse et de sa manœuvrabilité. Complémentaire, ou alternatif ? Cela dépendra du portefeuille, forcément conséquent, que l'Etat décidera d'allouer à ces capacités de frappe dans la profondeur.
Pour conclure, l'on notera quelques éléments, en retrait, voire carrément absents :
le SCAF bien sûr, avec une maquette de NGF -déjà vieille de 6 ans- placée en retrait, chose remarquée avec un certain étonnement par les Européens présents (je vous le traduis : cela veut dire "pas en bien"). Dassault Aviation et son PDG Eric Trappier veulent imposer une pression monstre à Airbus Defence & Space au moment de négocier la phase de développement d'un démonstrateur de futur avion de combat dont la date du premier vol semble une nouvelle fois avoir glissé (2030 aujourd'hui). Un pari osé, très critiqué par les observateurs, mais qui je l'imagine, pourrait s'avérer payant si Airbus se retrouve poussé dans les cordes. D'autant plus qu'en Allemagne, le géant Rheinmettal multiplie les coups de couteau dans le dos, enchainant les accords de production sous licence avec les Américains de Lockheed Martin (fuselage F-35 entre autres) et Anduril (drone de combat Fury). Airbus serait désormais en quête d'alliances.
Combat collaboratif. Et le NGF, en retrait… symboliquement - Photo Thomas Schumacher
Les commandes !?! Où sont les commandes ??? Chez Embraer ! Plus sérieusement, on pouvait espérer a minima 20 Rafale Air et 10 Marine pour les forces françaises, comme cela avait été suggéré dans la presse ce printemps. Et l'accord avec la Suède et Saab pour le Global Eye n'est pas encore au stade de la commande ferme (cela viendra dans les prochains mois). Sur les drones et munitions terrestres, il s'agira aussi de vraiment accélérer, afin que l'armée de Terre s'exerce.
Concernant les retards, comme je le disais plus haut, la publication de la stratégie spatiale nationale est décalée, ce sera pour octobre à Toulouse lors de l'inauguration des nouvelles installations du Commandement de l'Espace. Et si la stratégie pour la THA (très haute altitude) a bien été présentée par le ministre Sébastien Lecornu, le fameux tir sur ballon atmosphérique qui devait se dérouler en ce mois de juin n'avait toujours pas été réalisé au moment du salon. [MISE A JOUR : succès de plusieurs tirs sur ballons en THA annoncé ce lundi 23 juin !]
Eté toujours, où l'on attend le premier vol du drone Aarok de Turgis & Gaillard. Cela s'est joué à peu pour une annonce au Bourget, mais la météo en a décidé autrement à la date prévue début juin. Une question de semaines désormais, le temps de tout remettre en place. Là encore, j'attends plus d'engagement de la part de l'Etat, T&G ne pourra pas tout faire sur fonds propres. Mais le Aarok continue bien de surfer sur la hype générée en 2023, pendant que l'Eurodrone (Airbus) et le Patroller (Safran) se montraient bien timides une fois de plus. A juste titre…
Les "territoires" : difficile en effet d'exister pour la province quand les questions qui dominent concernent la géopolitique, et donc Paris, ses centres de décisions et ses sièges sociaux. On notera d'ailleurs que les start-up ou PME qui font le plus parler sont celles qui ont été prises sous l'aile du ministère des Armées ou d'un grand groupe. Difficile également sans argent public disponible au niveau régional. Difficile enfin quand on a subi la désindustrialisation, et que ce sont des capacités de production dont on a désormais besoin (par exemple : on ne parle pas cette année de faire financer et construire des usines, mais plutôt d'utiliser celles des géants de l'automobile). A oui au fait… l'Aquitaine et Bordeaux-Mérignac ont perdu Hynaero et son projet de bombardier d'eau Fregate F-100, qui filent à Istres. Mais comme dirait l'autre: "Ce n'est pas grave on va faire des dirigeables !". Heureusement il y a Eurenco, qui signe des accords structurants avec Saab en Suède, et FN Herstal en Belgique.
L'envie d'ajouter tout le secteur civil, où le choses vont bien, très bien même, mais clairement pas sous le feu des projecteurs médiatiquement parlant, surtout quand on connait la chute vertigineuse d'attention (ou pire, d'intérêt ?) que connaissent les problématiques de RSE, en premier lieu la décarbonation. Mais dans ce dernier domaine, les choses vont tout de même bon train, en particulier chez Safran. Quant aux taxis volants, il y en a peut-être deux fois moins qu'en 2023.
Les absents: les Falcon de mission dont on parle vraiment trop peu (ce qui a laissé la place au Global Eye, sur Bombardier G6000). Pas de Mirage non plus, mais les verra-t-on encore ? Tout comme les appareils d'ancienne génération comme l'ATL-2 ? Plus étonnant, l'A330 MRTT n'était pas là non plus. Quand à l'actualité hélicoptère, elle était surtout contemplative avec les vols quotidiens du magnifique démonstrateur Racer d'Airbus, que l'on voit tout de même mal trouver un marché…
Le -magnifique- Racer d'Airbus Helicopters - Photo TS
En regrettant publiquement l'installation d'un concurrent à Bordeaux, le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a attiré l'attention sur un dossier très stratégique, qui fait dernièrement l'objet d'un flot croissant de rumeurs. Ce dossier, c'est le remplacement des AWACS de l'armée de l'Air et de l'Espace.
Résumons notre affaire. Auditionné ce mercredi 9 avril en Commission Défense de l'Assemblée Nationale, au sujet de l’Europe de la défense et des coopérations européennes, le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier, a répondu de la sorte à une question sur le possible choix par l'armée de l'Air et de l'Espace de la solution GlobalEye de Saab sur appareil Bombardier canadien:
« Ça m’embêterait quand même que mon concurrent canadien, même si j’ai beaucoup de respect pour mes concurrents, rentre dans le domaine de la défense. En plus, si j’ai bien compris, il vient s’installer dans la région bordelaise où je me mobilise dans un contexte difficile, sur les droits de douane avec les Falcon ».
(…)
« Cela m’embêterait que Saab, qui n’est pas une société particulièrement française mais que j’apprécie, vienne faire du travail sur un Bombardier. Je pense qu’il serait beaucoup plus intelligent de faire travailler les gens qui travaillent déjà sur les Falcon en région Aquitaine et ailleurs plutôt que de travailler sur un avion canadien ».
Pour être plus précis, il s'agit de mentionner qu'Eric Trappier répondait ici à la question de madame Marie Recalde, Députée (PS) de la 6ème circonscription, de la Gironde, la même qui héberge le très stratégique aéroparc bordelais (Mérignac, Saint-Médard, Martignas…), un des poumons de la BITD nationale (armée de l'Air, ArianeGroup, Thales, Safran, Dassault Aviation, Sabena… sans parler des PME). Madame Recalde faisant allusion a des "rumeurs" selon lesquelles l'armée de l'Air et de l'Espace aurait d'ores et déjà choisi le GlobalEye de Saab , un système d'alerte avancée intégré sur un Global 6000 du canadien Bombardier, pour le remplacement de sa flotte d'AWACS quasiment en fin de vie.
Et effectivement, c'est plus qu'une rumeur qui circule à Bordeaux. Plusieurs postes de professionnels sur Linkedin nous prouvent que des rencontres ont effectivement eu lieu, dans le cadre notamment d'une tournée nationale des officiels (Etat & industrie) suédois à Bordeaux… mais pas qu'à Bordeaux. Rien de très confidentiel ici, il y avait même foule.
Le contenu de ces publications ne laisse aucun doute sur le fait qu'il a été question du Global Eye, et en particulier de son soutien industriel. Saab, d'avantage que Bombardier donc, malgré les propos d'Eric Trappier, semble bien préparer le développement de ses partenariats avec la France.
Le remplacement des AWACS pas encore acté
Nous n'allons donc pas faire de mystère, il y a en effet de fortes chance que Saab emporte la mise sur le dossier de futurs avions d'alerte avancée, tant les solutions sont limitées sur le marché. Le Boeing E-7 Wedgetail est américain, cher, et ne fait pas l'unanimité chez ses acquéreurs. Saab, qui a le mérite d'être européen (mais pas ITAR Free) multiplie les gestes de bienséance vis à vis des forces françaises. Et réciproquement…. sur plusieurs dossiers.
Ajoutons même qu'à haut niveau politique, les relations sont au beau fixe depuis la visite très médiatisée d'Emmanuel Macron à Stockholm en janvier 2024, qui donna lieu à un renforcement des liens stratégiques entre les deux pays.
Pour les Suédois et leur GlobalEye, doter les principales forces aériennes du continent -qui plus est porteuses de dissuasion nucléaire- serait une victoire de prestige absolument sans précédent.
Côté français, outre le fait de se procurer une solution moderne, éprouvée, agile, et surtout disponible maintenant, ce serait également montrer un signe encourageant au reste de l'Europe, dans un contexte nouveau de coopération.
Car la solution française, elle, n'existe pas. Ou du moins, il y avait deux possibilités : équiper un Falcon avec le système de Saab, ce que je suggérais au sortir de l'édition 2023 du salon du Bourget, ou repartir de zéro au sein de la BITD française avec une solution complète (Dassault, Thales, etc.). Dans les deux cas de figure, la note s'avère salée, les temps de développement allongés, et la volonté de mainmise des industriels français visiblement trop ferme du point de vue de l'Etat pour faire avancer le dossier. D'autant plus que l'argument du 100% français reste difficilement tenable dans notre cas, la gamme Falcon étant dépendante de plusieurs fournisseurs étrangers, notamment pour ses moteurs.
Une chose, enfin, est à ce jour certaine. Rien n'est acté, même si les négociations existent bel et bien entre la France et la Suède. Le dossier, qui aurait normalement dû être traité pour l'après 2030, est aujourd'hui susceptible de se décanter rapidement. Les acteurs directement concernés ne souhaitant pas communiquer sur ce sujet, il faudra néanmoins se contenter des rumeurs… ou de gestes de mécontentement.
Les ministres des Armées Sébastien Lecornu et de l'Économie Eric Lombard étaient jeudi dernier à Bergerac pour l'inauguration de la première ligne de production de poudre gros calibre pour système d'artillerie de l'usine Eurenco de Bergerac. Un dossier emblématique du réarmement européen initié depuis 2022.
Source photo : ministre des Armées.
Je ne reviendrai pas ici sur le dossier Eurenco, société passée en trois ans du statut de petite entreprise de province inconnue à l'un des fers de lance du réarmement du continent européen. Car oui, c'est toute l'Europe qui semblait avoir oublié que, bien malheureusement, faire parler la poudre est l'apanage des puissances, ce que l'on a tous fait mine de (re)découvrir quand la pléthorique artillerie russe s'est mise à tonner sur le front ukrainien.
Le contexte étant ce qu'il est, Eurenco peut voir venir, avec une décennie de commandes au carnet. L'entreprise prévoit de produire jusqu'à 1 800 tonnes de poudre par an, afin d'alimenter jusqu'à 1,2 million de charges modulaires (il faut généralement 5 charges pour tirer un obus avec un canon Caesar). L'export constitue déjà la majorité des commandes (70%), même si les clients prioritaires sont bien évidemment l'Ukraine, et la France.
Associé à d'autres capacités françaises (comme les corps d'obus des Forges de Tarbes où la production va quadrupler, mais aussi européennes (les investissement absolument faramineux de Rheinmetall), on peut réellement dire que les choses sérieuses commencent maintenant.
D'autres chiffres concernant les munitions et l'artillerie ? Safran a produit 600 bombes AASM en 2024, et vise le triplement. KNDS France sortait 2 canons Caesar par mois en 2022, c'est - désormais, et ce sera 8 courant 2024, l'objectif étant 12 finalement. MBDA a augmenté sa production de missiles Aster de 50% depuis 2022 (France, Royaume-Uni et Italie viennent de commander plus de 200 nouveaux missiles). Quant à Thales, qui a par ailleurs augmenté la production de radars, ce sont 80 000 roquettes qui sortiront des chaînes en 2026, contre 20 000 en 2023. Et l'on commence désormais aussi à évoquer les munitions de petits calibres…
Mais il y avait, jeudi 20 mars, un élément tout aussi important et structurant à signaler, que nos deux ministres ont d'ailleurs largement commenté. Ces derniers arrivaient en effet tout droit de Paris, où s'était tenue une grande et inédite conférence sur le financement de la défense (et on le précise au cas où: le financement des entreprises, pas du budget des Armées).
Une initiative, semble-t-il, couronnée de succès et qui ne devrait pas accoucher d'une souris, au moins si l'on en croit les différences annonces (l'arrivée à la BPI et dans les banques des fameux plans d'épargne fléchés), et surtout les retours de plusieurs personnalités du monde économique, qu'ils soient entrepreneurs ou financiers. D'un coup d'un seul, la crainte mutuelle entre ces deux mondes, voire le ressentiment parfois, a disparu. Pour un temps du moins.
Le fait est que si les grands groupes n'ont pas de problème pour investir ou emprunter, ce n'est pas le cas des start-up, ou surtout des PME & ETI, notamment quand celles-ci sont sous-traitantes et ne peuvent suivre la montée en cadence demandée par les géants sans dangereusement mettre leur trésorerie en danger. L'arrivée des financeurs, soudain dévergondés (ne nous cachons pas que cela se fera probablement au détriment du "verdissement" de l'économie, le secteur des RSE risquant de tomber en décrépitude), constitue en soit bien plus qu'une bulle d'air. Une vraie rupture.
La division Defence & Space du groupe Airbus a annoncé son soutien technique au programme de bombardier d'eau amphibie Fregate-F100 de la société Hynaero. Un coup de pouce bienvenue au moment décisif où la start-up bordelaise entame d'importantes campagnes de levées de fonds.
Ci-dessus: vue d'artiste du Fregate-F100 - Hynaero.
Airbus Defence and Space et Hynaero ont annoncé en fin de semaine dernière la conclusion d'un mémorandum d'accord, vrai partenariat stratégique, couvrant "l’ensemble du déroulement du programme Fregate-F100 et de sa vie opérationnelle avec notamment le support à la conception, à la certification et la maintenabilité de l'aéronef, ainsi que sa promotion auprès de clients potentiels dans le monde entier".
Airbus, qui continue de mener régulièrement des tests de lutte anti-incendie, sur ses avions militaires A400M (le groupe est aussi actif dans ce domaine avec les hélicoptères et les satellites de surveillance), voit en effet le programme Fregate-F-100 comme complémentaire à ses activités. Un soutien technique sera donc apporté durant le développement de l'appareil.
Hynaero a multiplié les annonces de partenariats ces deux dernières années (privés et publics), et l'ajout d'Airbus est assurément une marque de prestige et de confiance. Le Fregate-F-100, grâce aux technologies modernes, doit littéralement écraser les capacités de l'antique Canadair, avec notamment une capacité d'écopage de 10 tonnes d'eau contre 6.
Mais comme tout programme de conception d'un nouvel avion, le budget nécessaire est impressionnant : un milliard d'euros.
Coup de pression sur la région bordelaise ?
Dans l'immédiat, Hynaero doit d'abord trouver les 15 millions d'euros qui lui permettront de vraiment débuter le développement de l'appareil (la phase de conception détaillée), dont le design a légèrement évolué à la suite des études de faisabilité. Un moteur sera aussi choisi prochainement. Les partenaires financiers sont là, et Hynaero dispose d'ailleurs de trois lettres d'intention pour des commandes. Les investisseurs seraient cependant dans l'attente d'un engagement ferme de l'Etat, alors que ce sont toujours les Canadiens de DHC, avec leur emblématique mais vieillissant Canadair, qui tiennent la corde à Paris comme à Bruxelles pour les nouveaux contrats de renouvellement de flotte(s).
L'objectif demeure de disposer d'un prototype en 2029, afin de lancer la commercialisation en 2031.
Une interview donnée dans le journal Sud Ouest ce dimanche nous apprend par ailleurs que la start up est fortement sollicitée par d'autres collectivités (Rochefort, Pau, Nîmes, Saint-Nazaire) pour l'implantation de son futur site, qui générera selon elle 500 emplois directs et 2 000 indirects. Elle attend donc un geste de la Région Nouvelle Aquitaine, qui a été, rappelons-le, la première à lui faire confiance (300 000 euros de subvention). Un petit coup de pression -qui vise surtout la métropole bordelaise a priori- que l'on tentera tout de même de désamorcer : les autres sites évoqués ne semblent disposer, ni de l'écosystème (notamment les sous traitants), ni, surtout, de la masse mobilisable de ressources humaines qualifiées pour faire vraiment le poids avec Bordeaux sur un projet d'une telle envergure.
Pour rappel, Hynaero dispose aujourd'hui d'un petit bureau à Mérignac, dans les locaux du "Cockpit" de Bordeaux Technowest.
La piste du F-35 se refroidit très largement au Portugal, après les déclarations dans la presse du ministre de la défense jeudi 13 mars. Le pays avait pourtant ouvertement privilégié cet avion pour le futur remplacement de ses F-16. Désormais, dans un contexte géopolitique historique, la porte est ouverte pour les avions de combat européens, dont le Rafale.
Ci-dessus: Emmanuel Macron au Portugal fin février 2025 - photo Elysée.
Cela devait arriver, commencer quelque part en Europe. Conséquence directe de la nouvelle politique diplomatique américaine, brutale, le Portugal annonce par la voix de son ministre de la défense (jeudi 13 mars dans la presse locale) qu'il ne prévoit plus de se doter du chasseur F-35 de Lockheed Martin. Le choix se fera donc en faveur de matériels fabriqués par des alliés "qui seront à nos côtés en toute circonstances". "La position récente des États-Unis, au sein de l'OTAN et sur la scène géostratégique internationale, doit nous inciter à réfléchir aux meilleures options, car la prévisibilité de nos alliés est un atout majeur à prendre en compte". Les mots sont forts.
Si le Portugal n'a encore rien signé avec les Etats-Unis pour le remplacement de ses 28 F-16, l'armée de l'air avait indiqué au printemps 2024 que le choix se porterait sur l'avion furtif américain, en raison de l'interopérabilité que ce dernier offrait avec les pays de l'OTAN. Lisbonne préparait donc cette transition sur "deux décennies", menant des ateliers sur la "cinquième génération". Le montant du renouvellement avait été chiffré à 5,5 milliards d'euros.
L'élection de Donald Trump, et surtout la conduite de son administration depuis, constituent donc évidemment un bouleversement qui mène à ce revirement majeur. Ironique, quand on sait comment un tel marché aurait pu être retourné par les Américains par le passé, au hasard, en Suisse…
Et alors que le schisme transatlantique se porte visiblement sur le terrain industriel et commercial, avec pour ce qui concerne la défense un véritable mouvement de défiance des Européens qui s'inquiètent ENFIN de leurs dépendances technologiques, en particulier s'agissant du F-35 et de ses restrictions d'utilisation, plusieurs pays dans le monde (et donc, aussi en Asie) doutent désormais du fournisseur historique. Au grand dam du complexe militaro industriel américain, dont les valeurs s'effondrent en bourse.
Le Portugal n'est certes pas la plus grande armée d'Europe, mais une trentaine de Rafale ne serait pas de trop sur le flan sud européen, d'autant plus que ces derniers seraient projetables vers l'est aux côtés des appareils et ravitailleurs français. Ce serait une façon pertinente pour Lisbonne de participer à la défense de l'Europe.
J'ajouterai enfin trois éléments:
attention, il s'agit de la décision d'un gouvernement démissionnaire. De nouvelles élections législatives sont prévues en avril. Il faudra donc voir le point de vue des partis politiques;
la compétition (non datée) sera probablement ouverte aux trois appareils européens. Sur ce point, l'Eurofighter offre une interopérabilité avec les Espagnols, et le Gripen suédois fait sens (prix et capacités);
Emmanuel Macron était en visite d'Etat au Portugal il y a deux semaines, pour évoquer notamment les sujets défense, avec par exemple la vente de canons Caesar. Hasard ?
Pour son second lancement depuis juillet 2024, et son premier tir dit "commercial", Ariane 6 a placé le satellite militaire français CSO-3 en orbite basse. Un succès aussi déterminant que rassurant, alors que l'Europe n'a jamais été aussi seule.
Images : Arianespace, Ariane Group, CNES, arrmée de l'Air et de l'Espace.
Tout est bien qui finit bien. Mais cela aura presque été interminable ! Avec plusieurs années de retard (pandémie, retards Ariane 6, guerre en Ukraine) d'abord, et deux reports ces derniers jours (pour raison technique, sur le segment sol), le satellite de renseignement français CSO-3 (composante spatiale optique) a enfin été placé sur orbite basse ce jeudi 6 mars lors du premier lancement commercial d'Ariane 6.
Une superbe réussite pour les équipes en Guyane et en Europe, notamment à Bordeaux, qui met sur de bons rails la carrière de notre lanceur de souveraineté. En théorie, il y aura cinq nouveaux lancements d'Ariane 6 en 2025, tous au second semestre, et le double en 2026. Un calendrier de montée en puissance très (trop ?) ambitieux.
Ci-dessous, présentation des capacités CSO du programme MUSIS :
Inutile de préciser que dans le bouleversement géopolitique des dernières semaines, cette nouvelle capacité française, souveraine, arrive à point nommé. Elle contribuera assurément aux objectifs d'indépendance stratégique de l'Europe (tout comme Ariane 6), à commencer, très probablement, par la contribution au soutien à l'Ukraine.
Passé au sommet des priorités suite au basculement stratégiquement américain, le renseignement spatial européen devrait largement bénéficier des mobilisations financières engagées sur le continent.
J'ajoute même un avis personnel : la "trahison" américaine pourrait même bénéficier aux Européens sur le marché international. Sur ordre du président Trump, l'Ukraine a en effet été coupée du renseignement spatial des forces américaines, mais aussi des services commerciaux comme ceux de l'entreprise Maxar...
Après le rachat de Arquus par John Cockerill en 2024, une annonce choc pour une nouvelle consolidation majeure dans l'industrie terrestre de l'armement ce 29 janvier 2025. Le Groupe franco-allemand KNDS vient en effet d'annoncer son entrée en négociations exclusives pour l’acquisition des activités défense du français Texelis. On ne connait encore ni les montants, ni les potentiels impacts qu'aura ce rachat sur le fonctionnement des entités.
Ci-dessus: le véhicule Serval, en service dans l'armée de Terre, est l'une des collaborations emblématiques de KNDS (ex-Nexter) et Texelis.
Communiqué :
Le 29 janvier 2025, KNDS et Texelis ont signé un Memorandum of Understanding (MOU) relatif à un projet d’acquisition par KNDS France des activités Défense de Texelis.
Par cet accord, les deux parties annoncent entrer en négociations exclusives en vue de la réalisation de cette opération, qui nécessitera la séparation de Texelis en deux sociétés – Texelis Défense et Texelis Transport.
L’information et la consultation des instances représentatives du personnel sur ce projet sont prévues dans les prochains jours. La réalisation finale de cette opération, attendue pour la fin de l’année 2025, reste soumise à la finalisation des accords ainsi qu’aux conditions suspensives usuelles pour ce type de transaction.
La société Texelis est une entreprise française, dont l’activité Défense est spécialiste de la mobilité terrestre et concepteur de solutions de pointe pour les véhicules blindés terrestres. Texelis est un acteur important de la BITD française avec la production de nombreuses pièces et organes de mobilité pour l’armée de Terre. Depuis le marché SERVAL, remporté avec KNDS France, Texelis est en mesure de développer, qualifier et produire des solutions de mobilité complètes pour véhicules 4x4, 6x6 et 8x8.
Entreprise innovante, Texelis est en pointe sur l’hybridation des véhicules et engins blindés de combat ainsi que sur la gestion énergétique appliquée à la mobilité.
Par ailleurs, l’activité Transport de Texelis aurait vocation à rester contrôlée par son équipe dirigeante, avec l’appui de ses investisseurs.
Texelis emploie 350 salariés pour un chiffre d’affaires global d’environ 110 millions d’euros en 2024. En complément de son site de production de Limoges, Texelis dispose d’ores et déjà d’une antenne sur le site KNDS France de Roanne.
« Ce projet structurant nous permettrait de renforcer notre croissance et d’accroitre nos compétences dans le domaine de la mobilité, avec une entreprise française performante que nous connaissons bien et qui est déjà notre partenaire au sein du GME Serval » a déclaré Nicolas Chamussy, directeur général de KNDS France.
Charles-Antoine de Barbuat, président de Texelis, a déclaré : « L’intégration à terme de l’activité Défense de Texelis dans le groupe KNDS ouvrirait de nombreuses perspectives de croissance, au-delà d’un premier succès de collaboration. Par ailleurs, l’activité Transport a tous les atouts pour poursuivre son développement de manière autonome ».
Le champion de la robotique terrestre militaire, l'estonien Milrem Robotics, a sélectionné le français Texelis comme fournisseur stratégique pour le
développement de véhicules de combat robotisés de nouvelle génération.
C'est un très joli coup que vient de réaliser Texelis. Milrem Robotics a annoncé dans un communiqué du 21 novembre avoir sélectionné le groupe limougeaud, spécialiste en systèmes de mobilité avancés pour la
défense et la sécurité (notamment sur certains véhicules du programme Scorpion), comme fournisseur stratégique pour fabriquer des
sous-systèmes de mobilité pour une nouvelle génération de véhicules de combat
robotisés (RCV) que Milrem Robotics développe.
Texelis fournira à Milrem un système de transmission électrique pour chars d'assaut afin de contribuer à la création de plateformes
robotisées modulaires de plus de 12 tonnes.
Les deux entreprises se réjouissent naturellement de ce partenariat stratégique qui met à l'honneur, non seulement la coopération européenne, mais l'innovation et la réflexion sur le champ de bataille du futur.
Pour le PDG de Milrem, Kuldar Väärsi, « le choix de Texelis comme fournisseur stratégique de sous-systèmes de
mobilité est une étape cruciale dans le développement de nos véhicules de
combat robotisés de nouvelle génération. Leur expertise éprouvée dans la
fourniture de systèmes de mobilité avancés garantira que nos plateformes sont
inégalées dans leur capacité à traverser des terrains complexes et à opérer
dans les scénarios de champ de bataille les plus difficiles » (...),« Milrem entretient déjà une excellente coopération avec l'industrie de
défense française, et la coopération avec Texelis renforcera encore cette
coopération. »
Quand à Jean Vandel, PDG de Texelis, il déclare que « Texelis est ravi d’avoir été sélectionné par une société telle que Milrem
Robotics, leader mondial incontesté de la robotique et des solutions
autonomes. Travailler sur leur nouvelle génération de systèmes de combat est
une fantastique opportunité pour nous de continuer à grandir en tant que
partenaire de choix pour la mobilité. Embarquer à bord est une étape
stratégique majeure pour nous permettre d’entrer sur le marché des véhicules à
chenilles, un nouvel univers à ajouter à notre expertise de base. Aux côtés
d’un client comme Milrem, la mobilité n’a pas de limite ! »
Cette annonce n'aura pas fait grand bruit dans nos médias, mais elle me semble pourtant relever du type de synergie dont l'Europe a cruellement besoin pour son industrie de défense, en particulier sur un axe "est-ouest" où intérêts industriels et préoccupations stratégiques se rejoignent naturellement.
Un dernier mot pour signaler, justement, que Texelis recevait le Premier Ministre Michel Barnier à Limoges ce 29 novembre.
Nous avons eu aujourd'hui le plaisir de recevoir le Premier Ministre, monsieur Michel Barnier, à Limoges. Placée sous le signe de l'industrie, cette visite a permis au PM de découvrir Texelis, ses champs de compétence et son activité duale, unique en France. pic.twitter.com/bfIlylqL6j
The Exploration Company a annoncé ce 17 novembre une nouvelle levée de fonds d'environ 150 millions d'euros. Une somme qui servira à financer son programme de cargo réutilisable Nyx. Au total, la start-up franco-allemande, basée à Mérignac, Munich, et désormais aussi implantée en Italie, a levé environ 200 millions d'euros, avec un carnet de commande qui dépasserait déjà les 700 millions.
Ci-dessus: la futur capsule réutilisable Nyx. Vue d'artiste The Exploration Company.
Disposant d'un triple ancrage (puisque désormais installée aussi en Italie) intelligent jouant sur les forces de l'Europe plutôt que les divisions, la start-up -encore jeune- The Exploration Company (ou TEC) continue de réussir à convaincre. Elle accumule ainsi des partenariats solides qui lui permettent en conséquence d'attirer les financeurs. Ce succès dans la construction du projet est bâti sur un discours -largement incarné par sa PDG Hélène Huby- à la fois ambitieux et mesuré, avec un vrai "narratif".
Cela dans une étonnante discrétion, presque timidité par rapport à d'autres plus… extravagants (et pas loin de disparaître pour certains). Il manque -donc- encore la communication grand public mais il ne fait guère de doute que cela viendra quand il s'agira d'entrer dans les phases opérationnelles (donc commerciales). Mais il est vrai qu'une capsule fait moins tape à l'œil qu'un lanceur !
En bref, la trajectoire est pour l'instant nominale, même s'il y a bien eu un échec, non imputable à l'entreprise, lorsque le démonstrateur de rentrée atmosphérique "Bikini" présent à bord du vol inaugural d'Ariane 6 en juillet dernier n'a pas pu être déployé comme prévu par l'étage défaillant du lanceur européen.
Voici pour le recap', mais venons en donc à la grosse actualité de ce début de semaine, le financement de série B, d'un montant de 160 millions de dollars (151 M€), visant à financer le développement du vaisseau spatial Nyx.
Nyx, une capsule agnostique (de lanceur) de 8 tonnes, a été présentée dès son annonce comme pouvant évoluer, jusqu'à pouvoir mener des missions habitées, ou même lunaires. Elle sera dans un premier temps capable de transporter plus de 3 tonnes de fret sur orbite, et d'en revenir, chose que l'Europe ne propose pas aujourd'hui.
Pour commencer, il s'agit de viser les stations spatiales, son marché privilégié. Première mission déjà prévue en 2028 pour Nyx "Earth", vers l'ISS.
Ces 150 millions, absolument nécessaires, doivent contribuer à financer Nyx, ce qui inclut le recrutement de personnels. La grande réussite vient ici de la diversité et du prestige des financeurs impliqués, dont notamment deux fonds souverains européens, French Tech Souveraineté (France) et DeepTech & Climate Fonds (Allemagne). TEC continue d'ailleurs de se vanter qu'elle est la première entreprise spatiale au monde à s'être appuyée, et ce dès le départ, sur un financement majoritairement privé. Et à 98% européen !
Cela est imputable bien sûr au réseau (exemple emblématique, l'Elysée croit fort en ce projet), mais aussi nous l'avons dit, à la vision.
Pour le moment, TEC convainc, et mène la cadence à la bonne mesure. L'ESA, qui devrait être un -bon- client, lui a confié un contrat d'étude, France 2030 la soutient, et surtout, elle a obtenu un pré-contrat majeur avec Axiom Space pour le ravitaillement de sa future station privée en orbite basse (si et seulement si le projet aboutit). Il y a aussi, dans le même domaine, des accords avec Vast et Starlab.
Sur un plan plus concret, signalons enfin que l'équipe de conception de véhicules de TEC a récemment mené à bien la première campagne d’essais plasmatiques sur le site d'Ariane Group à Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux. Ce test visait à soutenir le compromis pour le choix du matériau de protection thermique pour Nyx Earth. En soumettant différents matériaux à des niveaux de flux de chaleur représentatifs d’une rentrée depuis l’orbite terrestre basse, le comportement des matériaux a pu être observé afin de mesurer les niveaux d’ablation.
Rappelons que des essais moteur sont aussi réalisés à Mérignac par TEC, avec un banc d'essai actif depuis cet été, et un autre, plus volumineux, prévu pour être installé en 2025 (voir le précédent article du blog).
Capture de la vidéo de démonstration - The Exploration Company
Après des années d'intérêt affirmé, et des mois de négociations confidentielles, le contrat Rafale entre la France et la Serbie a enfin été officialisé jeudi 29 août lors de la visite d'Emmanuel Macron à Belgrade. La Serbie se dotera donc de 12 Rafale à horizon 2028-29. Un marché éminemment politique.
Dans la région des Balkans, après la Grèce, après la Croatie (rivale des Serbes), la Serbie se dote à son tour d'une flotte d'avions de combat Rafale, devenant le 8ème client export pour cet appareil conçus et fabriqué par Dassault Aviation. Le Rafale dépasse ainsi son aîné le Mirage 2000 avec quasiment 300 appareils commandés à l'étranger.
Les forces aériennes serbes, qui doivent remplacer d'antédiluviens Mig-29 et Soko J-22 Orao, recevront donc 12 Rafale au standard F3 à horizon 2028-29 (il faudra d'abord en effet fournir les Emirats, l'Indonésie ou encore la Marine indienne). Le standard des appareils serait le F-3 (-R ?), comme en Croatie. Si certains médias évoquent le standard F4.1, je me fie pour l'instant -faute de détails officiels dans le communiqué de l'Elysée ou de Dassault- aux confirmations de Michel Cabirol de La Tribune, qui fait office de référence.
La valeur du marché est de 2,7 milliards d'euros, ce qui est assez important pour Belgrade. Le contrat concerne aussi des radars de Thalès et des batteries de missiles Mistral de défense anti-aérienne. Aucun armement pour le Rafale ne semble en revanche avoir été négocié, même si le médias Air&Cosmos évoque une sous-traitance israélienne via Elbit Systems. Elbit ayant pénétré la BITD de tous les pays du continent européen sauf le nôtre, l'information est jugée crédible tout en restant à vérifier.
Mais les appareils n'arriveront que dans cinq ans. En fin de décennie donc. De quoi restreindre les fortes inquiétudes émises par certains observateurs (avant tout quelques diplomates, des universitaires et des think tankers) ?
Car en effet, outre le fait que la Serbie fasse un bon capacitaire indéniable (mais dans 5 ans je le rappelle), que la Russie perde, une fois encore face à la France, un client historique pour ses avions de combat, et que Paris s'engage dans un partenariat stratégique via ce qu'on appelle désormais très officiellement le "club Rafale"... ce marché est critiqué. Critiqué car la Serbie est une "amie" de la Russie sur le plan international (quoique cela est à nuancer car elle soutient matériellement l'Ukraine), et que sur le plan intérieur, la dérive autoritaire est palpable, à grand coup d'instrumentalisation explosive de la diplomatie régionale.
Si l'industriel se félicite naturellement, le politique lui, assume (voir la vidéo ci-dessous). Ce contrat, exercice de realpolitik, est censé arrimer la Serbie, non pas à l'Occident, mais à l'Europe. Evidemment, l'affaire des navires Mistral russes est dans toutes les têtes.
Mais revenons dans le concret, avec côté production, désormais 300 Rafale à assembler à Mérignac, soit dix ans d'activité. La cadence de trois appareils produits par mois, malgré les difficultés multiples (recrutement, matières premières, supply chain...), devrait être atteinte en 2025, tandis qu'un total de 20 Rafale aura été sorti en 2024.
Le Rafale représente aujourd'hui près de 65% de l'activité de Dassault Aviation par rapport à l'activité Falcon, soit un inversement total par rapport à il y a dix ans, époque où fut créé ce blog et où aucun Rafale n'avait encore été vendu à l'export.
L'histoire retiendra que mardi 9 juillet 2024 à 21h, l'Europe a retrouvé sa capacité autonome d'accès à l'espace. Dix ans après le lancement politique du programme, le lanceur Ariane 6 s'est en effet enfin envolé sans difficulté depuis le Centre spatial guyanais. Un moment d'intense soulagement.
Images: ESA & armée de l'Air et de l'Espace
Et soudain, tout est oublié. Ariane 6, si longtemps critiquée pour ses retards ou pour son coût (programme à 4 milliards d'euros, ce n'est finalement pas si cher), si longtemps remise en cause quant à son existence même, s'est enfin envolée. La France (qui y contribue à 50%) et l'Europe retrouvent enfin un lanceur lourd dans un contexte où SpaceX impose doucement mais sûrement son monopole commercial, mais où dans le même temps, toutes les grandes puissances spatiales (Russie, Japon, Inde, Chine) ont fait le choix de ne pas renoncer aux lanceurs de souveraineté.
Tout s'est déroulé de façon "nominale", du moins durant 1h30 puisque le 3ème et dernier rallumage du moteur Vinci en orbite n'a jamais eu lieu. Il faudra plusieurs semaines pour savoir ce qui a cloché sur premier test grandeur nature en zéro-G, ce deuxième étage devant contribuer à ce fameux service en "arrêts de bus" que permet le Vinci sur Ariane 6.
Mais cela ne devrait a priori avoir aucun impact sur le premier vol commercial, qui se déroulera normalement en décembre, pour l'envoi si important du satellite d'imagerie militaire français CSO-3.
Un peu dommage en revanche pour les deux démonstrateurs de capsules de rentrée atmosphérique perdus avec cet échec au 3ème allumage, qui portaient la marque du territoire néo-Aquitain (ArianeGroup pour l'une, The Exploration Company pour l'autre).
Il y a une donnée qu'il faut nécessairement rappeler: un nouveau lanceur a entre 50% et 70% de chances d'échouer lors de son premier tir. Et quasiment 100% si l'entreprise qui le conçoit débute, il faut s'en souvenir.
Cette réussite d'Ariane 6, qui ne faisait pas vraiment de doutes en réalité tant les responsables s'étaient montrés confiants (confiants, mais humbles), doit nous rassurer sur le formidable héritage sur lequel est assise l'Europe spatiale. Nos félicitations doivent ainsi aller en premier lieu à toutes les équipes qui ont mené ce programme au succès. Programme à qui nous souhaitons une longue vie. Mais sera t-elle si longue que ça ? Ceci est un autre débat. Il faudra avant tout pouvoir tirer 12 Ariane 6 par an d'ici 3 ans. C'est beaucoup, et si peu.
Mais ce succès si attendu, on peut le regretter, aura été étouffé médiatiquement entre une crise politique historique et divers événements sportifs d'envergure. Il n'a, de plus, étonnement fait l'objet d'aucune retransmission TV en direct (Ariane 5 y avait droit, régulièrement). Cependant, nous aurons pu noter que durant au moins 48h, l'enthousiasme aura refait surface au sein d'un écosystème du spatial européen proche de la déprime complète.
Ambiance délétère
Car il faut dire que dans un monde.. que dis-je... dans une économie du spatial qui a fondamentalement évolué, les agences (CNES, l'ESA), l'industriel ArianeGroup ou la société de commercialisation Arianespace encaissent les coups de la part d'un écosystème privé jeune et -en apparence- dynamique à qui l'on a à tort ou à raison attribué le titre de "new space européen". On ne compte plus les tribunes dans la presse, les plateaux télé, ou les invectives sur les réseaux sociaux venant contester la légitimité des acteurs historiques, coupables de ne pas avoir vu venir la révolution SpaceX.
Tout cela sans compter sur le lâchage politique en règle qui se profile du côté de Berlin (dernier épisode: la "trahison" d'EUMETSAT) et Rome. Je préfère sur ce point exprimer le fond de ma pensée dès aujourd'hui: si Ariane a un avenir au delà de 2030, il ne faudra pas avoir peur de le faire en franco-français. Et donc de le financer, mais le prix à payer n'est pas si exorbitant pour un tel instrument de hard et de soft power. La France qui est d'ailleurs bien seule, via la parole de ses dirigeants politiques, à s'exprimer sur le succès de ce vol inaugural
Face à ces discours, la réplique existe, mais elle est totalement désordonnée, et surtout hors de son temps.
D'une part, il y a les quelques représentants d'une génération de space boomers, qui de façon mal avisée, nient en bloc, à la fois l'existence d'une économie de l'orbite basse tant vantée par les études de marché (car représentant en théorie des dizaines de milliards de dollars), et les lubies de la réutilisation ou même du vol habité. Il s'agirait donc selon leur raisonnement, de simplement continuer sur la voie -raisonnable- tracée depuis les 50 dernières années en Europe, sans céder aux sirènes du techno capitalisme et des récits patriotiques américains ou chinois. Il m'importe peu ici que l'analyse soit fondée ou pas, mais le fait est que le message envoyé aux jeunes générations est désastreux, dans un monde qui a besoin de scientifiques, d'ingénieurs, de visionnaires, et surtout d'aventures humaines et technologiques.
D'autre part, il y a la communication totalement confuse des institutions qui se sont récemment mises à douter de leur propre existence (comprendre de leur éventuelle mort imminente). En témoigne la sortie récente de la part de l'ESA, affirmant que SpaceX n'est pas un concurrent. Elon Musk, lui, ne s'est jamais gêné pour déclarer qu'il mettrait à mort tout le secteur, Européens compris…
Quoiqu'il en soit, Ariane 6 a volé, nous nous sommes ébahis, et l'Europe a retrouvé son accès souverain à l'espace. Mais mercredi matin, la trêve était déjà terminée, quand plusieurs start-up se joignaient l'une à l'autre pour réclamer publiquement à l'ESA et à l'UE un "nouveau paradigme spatial" visant à offrir une alternative souple et surtout compétitive au programme Ariane: il s'agit de Latitude pour la France, Orbex pour le Royaume-Uni, et de Rocket Factory Augsburg (RFA) pour l'Allemagne. Mais avant de s'autoqualifier de relève, il s'agira de suivre l'exemple d'Ariane, et de s'envoler.
Allez, petit recap en images grâce à l'ESA. On remerciera également l'armée de l'Air et les pilotes de la 4ème escadre de chasse sur Rafale pour les prises de vue historiques :