Après le New Space, au tour du New Defense ? Le complexe militaro-industriel américain subit depuis quelques années une offensive inédite de nouveaux acteurs, issus du monde de la tech. Les Palantir ou autre Anduril ont rapidement construit leurs conquêtes, et bénéficient aujourd'hui d'une puissance financière impressionnante. D'autant plus qu'ils ont su orienter l'échiquier politique dans le sens de leurs projets. La Maison Blanche désormais acquise à leur cause, ils regardent maintenant vers l'Europe et l'Asie.
Ci-dessus : un écran publicitaire Anduril Industries à Washington - crédit Anduril sur Instagram.
Comme post de rentrée, j'ai le plaisir de signaler la sortie en kiosque du Deftech #14 où je signe le dossier sur la mouvance "New Defense" (certains parleront aussi de Defense Tech), ou comment la Silicon Valley est partie à l'assaut des marchés du Pentagone face aux "big five" (Lockheed, Boeing, Northrop, RTX, General Dynamics...) du complexe militaro industriel. Une offensive technologique, reposant sur une fondation idéologique aujourd'hui puissamment ancrée.
Derrière Elon Musk, qui n'est que le sommet ultramédiatisé de l'iceberg, ces acteurs, vous les connaissez déjà pour certains: il s'agit de Palantir Technologies, Anduril Industries et quelques autres à la valorisation boursière déjà impressionnante. Ils arrivent avec la promesse -très marquée politiquement, et nourrie par les courants libertariens- de révolutionner le secteur, en bouleversant les cycles d'innovation (ils apportent avec eux l'IA), mais aussi et surtout de production. Ils entendent pour cela briser l'influence des géants de l'armement à Washington, et changer la culture d'acquisition -défaillante- du Département de la Défense. Un combat qu'ils ont en partie remporté en se rangeant derrière Donald Trump pour son second mandat, et en infiltrant patiemment les cercles militaires.
Ce dossier ayant été préparé durant tout le premier semestre 2025, les annonces récentes (au Bourget en juin notamment) concernant leur appétit sur le marché européen et les accords passés dans certains pays, comme l'Allemagne, confirment que ce train à grande vitesse est lancé, et bien lancé. Dépourvus de puissance financière comparable, certains acteurs français et européens, comme Helsing (sorte d'héritier spirituel d'Anduril), s'inscrivent dans cette stratégie et tentent de prendre le wagon (entretiens disponibles sur ces questions dans le magazine, avec HyPrSpace et Turgis Gaillard !), mais la lutte semble déjà inégale sur un continent où la notion d'indépendance stratégique est loin d'être partagée et comprise de la même manière.
Un dossier qui augure donc un suivi de long cours sur cette question.
Bonne lecture !
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