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vendredi 25 juillet 2025

Futur avion espion français, le Falcon Archange déploie enfin ses ailes


Le premier des trois Falcon Archange, futurs avions espions de l'armée de l'Air et de l'Espace, a pris son envol. Les images nous montrent un appareil très largement modifié pour le programme de Capacité Universelle de Guerre Électronique (CUGE). 

Images : le premier vol de l'Archange - © Dassault Aviation / V. Almansa


La Direction Générale de l’Armement (DGA) et le ministre des Armées Sébastien Lecornu ont communiqué ce vendredi 25 juillet sur le premier vol du très très attendu remplaçant des Transall Gabriel (retirés en 2022 déjà), à savoir l'avion développé dans le cadre du programme Archange (Avions de renseignement à charge utile de nouvelle génération), sur la base du nouveau Falcon 8X de Dassault Aviation

Archange, qui découle de CUGE (Capacité Universelle de Guerre Électronique), est inscrit dans l'actuelle Loi de programmation militaire 2024-2030, qui prévoit que trois appareils seront livrés entre 2028 et 2030.

Ils rejoindront l’armée de l’Air et de l’Espace où ils seront opérés depuis la Base aérienne 105 d'Evreux. Equipés par Thales, ils contribueront à la capacité de la France à collecter et analyser des informations stratégiques grâce "au plus haut standard pour la détection de signaux de communication et d'émissions radar", selon le ministre. 

Ce premier vol, qui arrive un peu en retard (lors de l'annonce en 2019 en effet, on les attendait pour 2025-2027), tombe surtout à point nommé à l'heure où l'Europe n'est plus certaine de pouvoir compter sur le puissant réseau de renseignement américain. Du moins à son bénéfice. 
Cet envol nous montre également que le 8X, avion que l'on connait relativement encore mal, a subi des modifications très importantes de sa cellule… 

Le programme CUGE prévoit une flotte de trois Falcon Archange seulement. Le contexte géostratégique ayant évolué en Europe, et la France se positionnant comme leader dans le domaine aéro(&)spatial, on se dit que finalement, cinq ou six de ces avions de renseignement ITAR FREE ne seraient pas du luxe. 



vendredi 27 juin 2025

HyPrSpace va tirer depuis la France métropolitaine, et se prépare pour la Défense


La start-up bordelaise HyPrSpace, qui développe un lanceur basé sur une motorisation hybride, a annoncé au Bourget que son tir inaugural, qui aura lieu en 2026, se fera depuis un site de la DGA Essais missiles en France métropolitaine. Ce qui laisse deux options: Biscarrosse, ou Toulon. 

Ci-dessus: vue d'artiste de Baguette-One - crédit HyPrSpace.


La belle histoire continue entre HyPrSpace et la DGA, qui travaillent ensemble depuis quelques années maintenant (la DGA EM accueillant les essais moteur de la start-up à Bordeaux). 

HyPrSpace a en effet annoncé lors du Salon du Bourget la semaine dernière, qu'avant d'envisager les lancements orbitaux depuis la Guyane Française, la première étape passerait par la France  métropolitaine grâce à un accord passé avec la DGA EM. Le vol inaugural du démonstrateur Baguette-One, suborbital, se fera donc soit depuis Biscarrosse dans les Landes, soit depuis Toulon. Cet essai est toujours prévu pour 2026. 

Dans le même temps, HyPrSpace, qui se définit désormais comme une entreprise à vocation duale, une entreprise du New Defense (nous reviendrons sur cette thématique en juillet) commence à imaginer des applications militaires pour sa future gamme de lanceurs, à commencer par le lanceur suborbital Baguette-One, dont la flexibilité offerte par l'hybridité de sa motorisation offre des perspectives intéressantes en terme d'emploi (réactivité), de coûts (production, carburants), et même de mobilité (stockage, préparation).

Au Bourget, la start-up -de 90 salariés aujourd'hui tout de même- affichait même des vues d'artistes et des maquettes, illustrant par exemple un lancement de charges militaires (en image ci-dessous avec un planeur hypersonique) depuis la remorque d'un TEL, un tracteur-érecteur-lanceur. Une solution a qui attiré tout l'intérêt du ministre des Armées en personne. 


Des lancements réactifs pour la défense un jour chez HyPrSpace ?
Photo Thomas Schumacher au Bourget 2025.  

Sebastien Lecornu devant le stand HyPrSpace au Bourget 2025 - crédit HyPrSpace

mercredi 23 avril 2025

Aerix Systems dévoile son nouveau drone d'intervention AXS-µ1


La start-up AERIX SYSTEMS dévoile officiellement le 22 avril son drone AXS-µ1, un produit dont les caractéristiques ne laissent aucun doute quant à sa finalité: les interventions tactiques militaires. 

Source & images : Aerix Systems.


Nous en parlions il y a tout juste un an, Aerix Systems développe au sein de l'incubateur de Bordeaux Technowest, à Mérignac, une technologie de propulsion omnidirectionnelle pour les drones. Ces derniers deviennent ainsi plus agiles que jamais, et surtout plus robustes dans certaines conditions climatiques (en particulier face au vent). La jeune entreprise, qui continue de viser certains marchés comme l'inspection des hautes structures exposées (éoliennes, lignes haute-tension...), vise également le secteur très porteur de la défense et de la sécurité, dans lequel les drones connaissent une véritable révolution des usages dans le domaine tactique. Y compris lorsqu'il s'agit de chasser le drone adverse...  


Aerix Systems dévoile donc son nouveau produit (il existe déjà une première plateforme, l'AXS-M1) : l’AXS-µ1, une plateforme d'intervention compacte développée, assemblée et testée en France. Conçue pour s’adapter aux contraintes opérationnelles, l’AXS-µ1 combine propulsions omnidirectionnelles, architecture modulaire et interopérabilité multi-supports. Le résultat est selon la start-up une agilité tactique optimale, même en environnements complexes, pour des déploiements rapides sur tous types de théâtres d’opérations.



Les caractéristiques principales du drone, selon le communiqué, sont les suivantes :

• Vitesse : jusqu’à 200 km/h.

• Endurance : jusqu’à 20 km.

• Résistance au vent : jusqu’à 100 km/h.

• Dimensions : 40 cm x 40 cm.

• Charge utile : jusqu’à 1,5 kg (reco.750g).

• Autonomie (chargée) : 15 min.

L'appareil, seul ou en essaim, peut être contrôlé via tablette ou directement avec la vision intégrée dans un casque FPV (first personn view).  



Surtout, Aerix annonce être opérationnelle, avec des premières unités qui sont prêtes à être livrées. Elle lance donc un appel aux "intégrateurs, opérateurs, ou acteurs de la défense et de la sécurité, en France ou à l’international", se déclarant disposée à procéder à des démonstrations, PoC (preuve de concept) ou précommandes.



vendredi 11 avril 2025

L'écosystème bordelais se prépare t-il a accueillir le Global Eye de Saab ?

En regrettant publiquement l'installation d'un concurrent à Bordeaux, le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a attiré l'attention sur un dossier très stratégique, qui fait dernièrement l'objet d'un flot croissant de rumeurs. Ce dossier, c'est le remplacement des AWACS de l'armée de l'Air et de l'Espace. 

Image ci-dessus: l'avion d'alerte avancée GlobalEye - Saab. 


Résumons notre affaire. Auditionné ce mercredi 9 avril en Commission Défense de l'Assemblée Nationale, au sujet de l’Europe de la défense et des coopérations européennes, le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier, a répondu de la sorte à une question sur le possible choix par l'armée de l'Air et de l'Espace de la solution GlobalEye de Saab sur appareil Bombardier canadien: 

« Ça m’embêterait quand même que mon concurrent canadien, même si j’ai beaucoup de respect pour mes concurrents, rentre dans le domaine de la défense. En plus, si j’ai bien compris, il vient s’installer dans la région bordelaise où je me mobilise dans un contexte difficile, sur les droits de douane avec les Falcon ». 

(…) 

« Cela m’embêterait que Saab, qui n’est pas une société particulièrement française mais que j’apprécie, vienne faire du travail sur un Bombardier. Je pense qu’il serait beaucoup plus intelligent de faire travailler les gens qui travaillent déjà sur les Falcon en région Aquitaine et ailleurs plutôt que de travailler sur un avion canadien ».


Pour être plus précis, il s'agit de mentionner qu'Eric Trappier répondait ici à la question de madame Marie Recalde, Députée (PS) de la 6ème circonscription, de la Gironde, la même qui héberge le très stratégique aéroparc bordelais (Mérignac, Saint-Médard, Martignas…), un des poumons de la BITD nationale (armée de l'Air, ArianeGroup, Thales, Safran, Dassault Aviation, Sabena… sans parler des PME). Madame Recalde faisant allusion a des "rumeurs" selon lesquelles l'armée de l'Air et de l'Espace aurait d'ores et déjà choisi le GlobalEye de Saab , un système d'alerte avancée intégré sur un Global 6000 du canadien Bombardier, pour le remplacement de sa flotte d'AWACS quasiment en fin de vie. 

Et effectivement, c'est plus qu'une rumeur qui circule à Bordeaux. Plusieurs postes de professionnels sur Linkedin nous prouvent que des rencontres ont effectivement eu lieu, dans le cadre notamment d'une tournée nationale des officiels (Etat & industrie) suédois à Bordeaux… mais pas qu'à Bordeaux. Rien de très confidentiel ici, il y avait même foule.



Le contenu de ces publications ne laisse aucun doute sur le fait qu'il a été question du Global Eye, et en particulier de son soutien industriel. Saab, d'avantage que Bombardier donc, malgré les propos d'Eric Trappier, semble bien préparer le développement de ses partenariats avec la France. 

Le remplacement des AWACS pas encore acté

Nous n'allons donc pas faire de mystère, il y a en effet de fortes chance que Saab emporte la mise sur le dossier de futurs avions d'alerte avancée, tant les solutions sont limitées sur le marché. Le Boeing E-7 Wedgetail est américain, cher, et ne fait pas l'unanimité chez ses acquéreurs. Saab, qui a le mérite d'être européen (mais pas ITAR Free) multiplie les gestes de bienséance vis à vis des forces françaises. Et réciproquement…. sur plusieurs dossiers. 

Ajoutons même qu'à haut niveau politique, les relations sont au beau fixe depuis la visite très médiatisée d'Emmanuel Macron à Stockholm en janvier 2024, qui donna lieu à un renforcement des liens stratégiques entre les deux pays. 

Pour les Suédois et leur GlobalEye, doter les principales forces aériennes du continent -qui plus est porteuses de dissuasion nucléaire- serait une victoire de prestige absolument sans précédent. 

Côté français, outre le fait de se procurer une solution moderne, éprouvée, agile, et surtout disponible maintenant, ce serait également montrer un signe encourageant au reste de l'Europe, dans un contexte nouveau de coopération.  

Car la solution française, elle, n'existe pas. Ou du moins, il y avait deux possibilités : équiper un Falcon avec le système de Saab, ce que je suggérais au sortir de l'édition 2023 du salon du Bourget, ou repartir de zéro au sein de la BITD française avec une solution complète (Dassault, Thales, etc.). Dans les deux cas de figure, la note s'avère salée, les temps de développement allongés, et la volonté de mainmise des industriels français visiblement trop ferme du point de vue de l'Etat pour faire avancer le dossier. D'autant plus que l'argument du 100% français reste difficilement tenable dans notre cas, la gamme Falcon étant dépendante de plusieurs fournisseurs étrangers, notamment pour ses moteurs.  

Une chose, enfin, est à ce jour certaine. Rien n'est acté, même si les négociations existent bel et bien entre la France et la Suède. Le dossier, qui aurait normalement dû être traité pour l'après 2030, est aujourd'hui susceptible de se décanter rapidement. Les acteurs directement concernés ne souhaitant pas communiquer sur ce sujet, il faudra néanmoins se contenter des rumeurs… ou de gestes de mécontentement. 


lundi 7 avril 2025

SOFINS 2025 - Milton dévoile son drone tactique Sky Watcher


Le droniste bordelais MILTON, racheté et intégré au groupe Etienne Lacroix depuis l'automne 2023, présentait au salon SOFINS la dernier né de sa gamme de drones tactiques, le Sky Watcher. Voulu aussi polyvalent que modulaire, le système prouve que la filière française est enfin en mesure de répondre aux besoins d'un marché bouleversé depuis la guerre en Ukraine.


Projet dévoilé, mais pas vraiment montré (phase de prototypage) à Eurosatory en juin 2024, le mini-drone Sky Watcher de Milton a été présenté au salon des forces spéciales SOFINS 2025, début avril. Il s'agit du troisième drone tactique pour la PME bordelaise d'une trentaine de salariés -dont 15 ingénieurs- qui a été rachetée en 2023 par le groupe de défense Etienne Lacroix.


Bien que considéré comme un drone tactique, le quadrirotor Sky Watcher se veut avant tout compact (ses rotors sont pliables, ses patins démontables), et capable d'être opéré par un seul homme muni d'un sac à dos, en quelques minutes. 

Pour développer son nouveau produit, Milton a bien évidemment pris en compte le retour d'expérience du conflit ukrainien, avec un appareil qui se veut à la fois robuste (électroniquement parlant) et ultra fiable, tout en étant extrêmement modulaire et facile à produire. Son autonomie est d'une heure jusqu'à 10 kilomètres, avec une capacité d'emport de "plusieurs kilos" (autour de 3 a priori, en plus de la boule optronique). 

Niveau emport justement, c'est sa modularité qui doit faire sa force en termes de charges utiles tactiques : boule optronique (le catalogue est varié), charge ROEM (renseignement d'origine électromagnétique), et le fameux DLC, un dispositif de libération de cartouches capable de délivrer différents types de grenades de 40 ou 56mm, fumigènes, incapacitantes, ou même pyrotechniques.

A noter que Milton travaille d'arrache bien sur la robustesse de ses liaisons de données. Il n'est à ce stade pas envisagé de doter le drone d'un système filaire à fibre optique comme on peut le voir sur le front ukrainien, un des seuls moyens infaillibles face au brouillage.  

Des efforts de R&D, au niveau de la miniaturisation notamment, ont spécifiquement été fournis par l'entreprise afin d'intégrer des capteurs & antennes GNSS. Les équipes ont également développé un nouveau système de “batterie intelligente” avec un partenaire français (tout le système est naturellement ITAR FREE).

Comme tous les drones de Milton (LRO, SkyKeeper) le Sky Watcher sera opéré à partir de l’une des trois stations sol de la gamme GCS Milton. Les logiciels (opérations, simulation, formation) sont aussi développés par l'entreprise. Ils intègrent d'ores et déjà les cas de figure de pilotage en essaims.

Le Sky Watcher sera commercialisable dès la fin de cette année 2025. 


Une filière drones française enfin structurée ? 

Dans les allées du SOFINS, il y avait un certain nombre de drones, mais pas autant qu'on pourrait le penser, d'autant plus que finalement, ils sont peu parmi les Français à avoir atteint la maturité nécessaire en termes de R&D comme d'offre commerciale sur ce segment. Surprenant, quand on sait que la filière drones a eu plus d'une décennie pour se développer après les terrifiants constats d'échec du début des années 2010. Au tournant de 2020, elle [la filière] semblait pourtant encore se chercher, et c'est le grand bouleversement apporté par l'invasion de l'Ukraine en 2022 qui a changé la donne. 

Désormais, les objectifs, ou plutôt devrais je dire les exigences, ont changé, alors que l'Etat entend expérimenter à tout va. Les produits (et cela concerne en particulier les drones, soudainement devenus la nouvelle AK-47 du combat futur) doivent non seulement répondre à des besoins, des missions prioritaires sur le terrain des opérations, mais aussi offrir des capacités de modularités, d'évolution rapides (une technologie peut aujourd'hui être obsolète en un mois sur le front ukrainien), et bien entendu de production de masse sans précédent. S'agissant de cette dernière question, le prix devient de facto un argument clé à l'heure du low cost et du "consommable". Chez Milton, on assure ne pas être très éloigné des prix pratiqués par les Chinois. 

Et tandis que les grands de l'aéronautique, comme Thales, Safran ou Airbus ont dû s'adapter, voire se réinventer (certains d'entre eux n'ont d'ailleurs pas du tout terminé ce cheminement), des acteurs comme Milton avec Eugène Lacroix, ou tout dernièrement Hexadrone avec Rivolier, ont eu la chance d'intégrer de solides projets au sein d'ETI qui cherchaient à mettre un pied dans ce domaine forcément porteur, car stratégique, ce qui leur apporte enfin la colonne vertébrale nécessaire à un développement plus serein, centré sur l'innovation permanente.   

On pensera également à d'autres entreprises, comme EOS ou Delair, qui ont su convaincre et embarquer dans des programmes structurants de l'Agence de l'Innovation de Défense, sous la tutelle de grands comme MBDA et KNDS. La preuve avec ce dernier point que ce segment du ciel est désormais mieux appréhendé par les spécialistes du combat (aéro)terrestre que par ceux de l'aéronautique ? Nous aurons l'occasion de nous reposer la question au prochain salon du Bourget. 

Pour ce qui nous concerne sur le blog, les drones continueront de rester un sujet tout au long de cette année, puisque se déroule à la rentrée prochaine à Bordeaux une nouvelle édition du salon UAV Show, où le militaire prendra une place certaine, et même inédite pour cet événement. Nous y retrouverons quelques locaux, dont la prometteuse start-up Aeryx Systems


Ci dessous en image sur le salon, le Sky Watcher de Milton, ici replié et équipé  : 



Autre exemple de système prometteur, chez Hexadrone (source Mars Attaque blog): 



Mais aussi, la munition rodeuse Toutatis de Thales, qui se tire depuis un mortier :


lundi 31 mars 2025

SOFINS 2025 - Thales dévoile sa JVN quadritube PANORAMIC

Thalès dévoile au SOFINS 2025 la JVN PANORAMIC, une jumelle de vision nocturne à quatre tubes qui permet aux soldats d’obtenir une perception rapide de l’intégralité de leur environnement, sans le mouvement de tête nécessaire lors de l’utilisation de JVN à deux tubes. Un bijou technologique ITAR FREE. ​


Cette semaine se déroule près de Bordeaux, sur le camp de Souge (l'antre du 13ème RDP), la 7ème édition du SOFINS, salon professionnel de la défense dédié aux forces spéciales. Un événement souvent passionnant, que nous suivrons sur place, comme à l'accoutumée. 

Et ce soir, veille d'ouverture, c'est Thales Group qui ouvre le bal, en communiquant sur sa jumelle de vision de nuit PANORAMIC, qui sera donc présentée au monde pour la première fois sur le salon. 

Avec ce produit, que l'industriel annonce "révolutionnaire" car compact, robuste, évolutif, offrant un FOV de 120°; et accompagné d’une solution de maintenance "appropriée", Thales semble avoir gommé les quelques défauts généralement reprochés à cette technologique quadritube (rendue célèbre par les Navy Seals), en particulier le poids et l'encombrement. 
PANORAMIC ne pèse en effet que  740 grammes et ne dépasse pas la largeur du casque du combattant. En plus d’un relevage classique sur casque, elle permet de relever indépendamment chacun de ses deux corps latéraux. Les différents relevages sont accompagnés d’une coupure automatique des tubes, afin de ne pas compromettre la discrétion. Frugale en matière de consommation d’énergie, cette jumelle révolutionnaire est alimentée grâce à des piles ; un boîtier piles extérieur peut être ajouté pour une utilisation de longue durée.

Enfin, contexte géopolitique oblige, Thales précise dans son annonce que ses JVN sont destinées aux forces spéciales et spécialisées françaises -qui l'évaluent d'ores et déjà- et internationales, et que, surtout, l'ensemble du système est 100% français, et donc sans aucune contrainte d’exportation ITAR (relative aux composants américains).


lundi 17 mars 2025

Airbus apporte son soutien au bombardier d'eau d'Hynaero


La division Defence & Space du groupe Airbus a annoncé son soutien technique au programme de bombardier d'eau amphibie Fregate-F100 de la société Hynaero. Un coup de pouce bienvenue au moment décisif où la start-up bordelaise entame d'importantes campagnes de levées de fonds. 

Ci-dessus: vue d'artiste du Fregate-F100 - Hynaero.


Airbus Defence and Space et Hynaero ont annoncé en fin de semaine dernière la conclusion d'un mémorandum d'accord, vrai partenariat stratégique, couvrant "l’ensemble du déroulement du programme Fregate-F100 et de sa vie opérationnelle avec notamment le support à la conception, à la certification et la maintenabilité de l'aéronef, ainsi que sa promotion auprès de clients potentiels dans le monde entier"

Airbus, qui continue de mener régulièrement des tests de lutte anti-incendie, sur ses avions militaires A400M (le groupe est aussi actif dans ce domaine avec les hélicoptères et les satellites de surveillance), voit en effet le programme Fregate-F-100 comme complémentaire à ses activités. Un soutien technique sera donc apporté durant le développement de l'appareil. 

Hynaero a multiplié les annonces de partenariats ces deux dernières années (privés et publics), et l'ajout d'Airbus est assurément une marque de prestige et de confiance. Le Fregate-F-100, grâce aux technologies modernes, doit littéralement écraser les capacités de l'antique Canadair, avec notamment une capacité d'écopage de 10 tonnes d'eau contre 6. 

Mais comme tout programme de conception d'un nouvel avion, le budget nécessaire est impressionnant : un milliard d'euros. 

Coup de pression sur la région bordelaise ? 

Dans l'immédiat, Hynaero doit d'abord trouver les 15 millions d'euros qui lui permettront de vraiment débuter le développement de l'appareil (la phase de conception détaillée), dont le design a légèrement évolué à la suite des études de faisabilité. Un moteur sera aussi choisi prochainement. Les partenaires financiers sont là, et Hynaero dispose d'ailleurs de trois lettres d'intention pour des commandes. Les investisseurs seraient cependant dans l'attente d'un engagement ferme de l'Etat, alors que ce sont toujours les Canadiens de DHC, avec leur emblématique mais vieillissant Canadair, qui tiennent la corde à Paris comme à Bruxelles pour les nouveaux contrats de renouvellement de flotte(s). 

L'objectif demeure de disposer d'un prototype en 2029, afin de lancer la commercialisation en 2031.

Une interview donnée dans le journal Sud Ouest ce dimanche nous apprend par ailleurs que la start up est fortement sollicitée par d'autres collectivités (Rochefort, Pau, Nîmes, Saint-Nazaire) pour l'implantation de son futur site, qui générera selon elle 500 emplois directs et 2 000 indirects. Elle attend donc un geste de la Région Nouvelle Aquitaine, qui a été, rappelons-le, la première à lui faire confiance (300 000 euros de subvention). Un petit coup de pression -qui vise surtout la métropole bordelaise a priori- que l'on tentera tout de même de désamorcer : les autres sites évoqués ne semblent disposer, ni de l'écosystème (notamment les sous traitants), ni, surtout, de la masse mobilisable de ressources humaines qualifiées pour faire vraiment le poids avec Bordeaux sur un projet d'une telle envergure. 

Pour rappel, Hynaero dispose aujourd'hui d'un petit bureau à Mérignac, dans les locaux du "Cockpit" de Bordeaux Technowest. 


vendredi 7 février 2025

Le premier Falcon Albatros de la Marine a volé à Mérignac


Le premier des douze nouveaux Falcon 2000 du programme AVSIMAR commandés en 2020 a effectué son premier vol à Mérignac le 24 janvier dernier. Il entrera en service dans la Marine Nationale en 2026. 

Ci-dessus: le premier Falcon a volé le 24 janvier à Mérignac. C. Cosmao - Dassault Aviation


L'information a mis un peu de temps a émerger mais le premier Falcon 2000 LXS du programme des futurs avions de surveillance et d’intervention maritime (AVSIMAR) s'est envolé le 24 janvier depuis Bordeaux/Mérignac, et les usines de Dassault Aviation.

Pour rappel, ces appareils, commandés en 2020 pour 1,3 milliard d’euros (en réalité seulement les 7 premiers, les 5 autres avions devant faire l'objet d'un marché en 2025), sont attendus dans la Marine Nationale, où ils remplaceront des Falcon 200 et Falcon 50 -beaucoup- plus anciens. Ce premier Albatros, qui n'arbore pas encore sa livrée finale, intégrera les forces l'an prochain, en 2026, après une campagne d'essais et de qualifications. Les livraisons doivent s'étaler de 2025 à 2030. 

De plus, on évoquait à l'époque, en 2020, l'assemblage de 9 appareils sur 12 en Inde dans le cadre des contreparties liées au contrat Rafale de 2016 ! Il serait intéressant d'avoir une mise à jour sur le sujet (ce dont je ne dispose pas à cette heure). Mais c'est bien en France que leur transformation militaire était prévue quoiqu'il advienne, Naval Group fournissant le système de missions, Thales les radars Searchmaster, et Safran la boule optronique Euroflir.

Un autre programme est également en cours pour les Falcon, 8X cette fois, de Dassault: celui des avions de surveillance "Archange" qui équiperont l'armée de l'Air à horizon 2028/29. 



mercredi 8 janvier 2025

Le groupe MBDA s'est emparé de la totalité de Roxel


MBDA a annoncé le 6 janvier 2025 l'acquisition totale de Roxel, spécialiste de la propulsion solide des missiles. Cette opération de consolidation est réalisée dans un but d'optimisation des cycles industriels et de montée en cadence. 


C'est l'aboutissement d'un épisode qui débutait avec une information révélée septembre dernier: le missilier européen MBDA (Matra BAE Dynamics Alenia), acteur phare de l'armement continental, a acquis le 19 décembre les 50% de parts qui possédaient encore Safran dans l'entreprise Roxel. MBDA en est désormais actionnaire à 100%. 

Avec cette prise de contrôle, MBDA affirme son leadership sur la filière et se prépare à des années qui s'annoncent aussi fastueuses que risquées pour le groupe, alors que la demande de munitions explose partout dans le monde, et en premier lieu en Europe.  

Pour rappel, Roxel est une société franco-britannique issue de la fusion des sociétés Celerg et Royal Ordnance Rocket Motors, en 2003. Leader européen et acteur majeur au niveau mondial dans son domaine, Roxel conçoit, développe, fabrique et fournit des systèmes de propulsion solide et les équipements associés pour tous les types de roquettes et missiles tactiques et de croisière, au profit des forces aériennes, navales et terrestres. 

Elle compte quatre sites de production (un au Royaume-Uni, un en région Nouvelle-Aquitaine et deux en région Centre-Val de Loire), ainsi que des bureaux en région parisienne.

Roxel, dont le siège français est à Saint-Médard-en-Jalles près de Bordeaux, emploie 800 salariés et réalise un chiffre d'affaires annuel d'environ 200 millions d'euros, en nette augmentation dans le contexte de réarmement de l'Europe. L'entreprise propulse la grande majorité des munitions utilisées par l'armée française. 

"Roxel conserve son autonomie dans la gestion de ses activités et continuera d’honorer ses contrats avec d’autres systémiers et de développer de nouveaux marchés, notamment à l’export.", précise le communiqué publié par MBDA le 6 janvier 2025.


mercredi 20 novembre 2024

Dark va mener une étude de simulation d'interception en orbite pour les Armées

L'Agence de l'innovation de défense et la start-up Dark ont annoncé lundi 18 novembre avoir passé un contrat d'étude préliminaire pour la simulation d'interception d'objets spatiaux dangereux en orbite basse. Les deux acteurs se positionnent ainsi sur une question absolument préoccupante. 

Ci-dessus : vue d'artiste du concept de lanceur aérolarguée de Dark - source Dark.


Alors même, ce 18 novembre, que le commandant de l'espace, le général Philippe Adam, nous apprenait dans une longue et riche interview à La Tribune que parmi les acteurs provocateurs en orbite, il fallait désormais compter sur l'Iran, l'Agence de l'innovation de défense (AID) annonçait l'étude "Salazar". 

Salazar est une étude qui consiste à simuler via un ensemble de modèles numériques développés par la start-up Dark -à qui l'étude est donc notifiée- des missions de capture d’objets spatiaux dangereux en orbite basse (LEO).
L'AID précise qu'elle évaluera le potentiel des moyens développées par Dark pour répondre aux exigences des opérations en orbite basse (LEO) à l'horizon post-2030. Cette étude permettra aussi de tester la faisabilité du transfert et de la manœuvre de charges utiles en orbite, contribuant ainsi aux missions de caractérisation des situations critiques ainsi qu'aux opérations de surveillance et de réponse face à d'éventuelles tentatives d'ingérence spatiale. Dans le cadre de cette étude préliminaire, l’Agence de l’innovation de défense proposera à DARK une cible fictive dotée de systèmes d’évasion ou d’alerte qui, en retour, présentera plusieurs scénarios possibles.

Ce faisant, les armées françaises se positionnent publiquement sur une problématique que toutes les puissances spatiales jugent extrêmement préoccupante. Avant donc d'être active, la solution technologique n'étant clairement pas encore mature, la France se veut d'ores et déjà dissuasive. Et ce n'est pas un hasard si l'AID fait appel à Dark... 

Sur le blog: Dark achève la campagne de tirs de son moteur-fusée "Sheitan"



En effet, on connait Dark depuis sa fondation en 2021 à Paris, puis l'annonce en 2023 de son installation sur l'aéroport de Bordeaux, prévue pour 2025 (à confirmer). Aux dernières nouvelles, l'entreprise qui s'est dès le départ positionnée avec une solution réactive de micro lanceur aérolargué -via un Airbus commercial- pour des missions de désorbitation ou "nettoyage" de l'orbite basse*, a mené avec succès des essais moteur en Allemagne durant l'été 2024. 

Rappelons également qu'il s'agit d'une solution complète, qui ne se limite pas au lanceur, puisque Dark travaille tous les aspects de la missions, avec le développement de logiciels ou encore d'un bras robotisé. 

Dans le cas de l'étude Salazar, l'AID semble avoir été séduite par la solution de simulation développée par Dark, qui, basée sur les paramètres orbitaux d’une cible, propose "le meilleur scénario d’interception, en prenant en compte la stratégie, les performances et la temporalité de la mission". Dark profite également de son expérience de simulation d'interception d'urgence d'un débris spatial (un étage d'Ariane 5), menée auprès du CNES en 2023. 

On retiendra enfin notre attention sur un des modèles de simulation présenté par Dark le mois dernier, baptisé RAVEN et réalisé avec… des drones ! (source photo LinkedIn de Dark)



* dans ce domaine, deux types de mission évidents se dégagent : l'espace durable (ou dit autrement, "dépolluer" l'orbite), et bien sûr, la défense. 

lundi 18 novembre 2024

The Exploration Compagny lève 150 millions d'euros pour financer sa capsule Nyx


The Exploration Company a annoncé ce 17 novembre une nouvelle levée de fonds d'environ 150 millions d'euros. Une somme qui servira à financer son programme de cargo réutilisable Nyx. Au total, la start-up franco-allemande, basée à Mérignac, Munich, et désormais aussi implantée en Italie, a levé environ 200 millions d'euros, avec un carnet de commande qui dépasserait déjà les 700 millions.

Ci-dessus: la futur capsule réutilisable Nyx. Vue d'artiste The Exploration Company. 


Disposant d'un triple ancrage (puisque désormais installée aussi en Italie) intelligent jouant sur les forces de l'Europe plutôt que les divisions, la start-up -encore jeune- The Exploration Company (ou TEC) continue de réussir à convaincre. Elle accumule ainsi des partenariats solides qui lui permettent en conséquence d'attirer les financeurs. Ce succès dans la construction du projet est bâti sur un discours -largement incarné par sa PDG Hélène Huby- à la fois ambitieux et mesuré, avec un vrai "narratif". 
Cela dans une étonnante discrétion, presque timidité par rapport à d'autres plus… extravagants (et pas loin de disparaître pour certains). Il manque -donc- encore la communication grand public mais il ne fait guère de doute que cela viendra quand il s'agira d'entrer dans les phases opérationnelles (donc commerciales). Mais il est vrai qu'une capsule fait moins tape à l'œil qu'un lanceur ! 
En bref, la trajectoire est pour l'instant nominale, même s'il y a bien eu un échec, non imputable à l'entreprise, lorsque le démonstrateur de rentrée atmosphérique "Bikini" présent à bord du vol inaugural d'Ariane 6 en juillet dernier n'a pas pu être déployé comme prévu par l'étage défaillant du lanceur européen. 

Voici pour le recap', mais venons en donc à la grosse actualité de ce début de semaine, le financement de série B, d'un montant de 160 millions de dollars (151 M€), visant à financer le développement du vaisseau spatial Nyx.

Nyx, une capsule agnostique (de lanceur) de 8 tonnes, a été présentée dès son annonce comme pouvant évoluer, jusqu'à pouvoir mener des missions habitées, ou même lunaires. Elle sera dans un premier temps capable de transporter plus de 3 tonnes de fret sur orbite, et d'en revenir, chose que l'Europe ne propose pas aujourd'hui. 

Pour commencer, il s'agit de viser les stations spatiales, son marché privilégié. Première mission déjà prévue en 2028 pour Nyx "Earth", vers l'ISS.  

Ces 150 millions, absolument nécessaires, doivent contribuer à financer Nyx, ce qui inclut le recrutement de personnels. La grande réussite vient ici de la diversité et du prestige des financeurs impliqués, dont notamment deux fonds souverains européens, French Tech Souveraineté (France) et DeepTech & Climate Fonds (Allemagne). TEC continue d'ailleurs de se vanter qu'elle est la première entreprise spatiale au monde à s'être appuyée, et ce dès le départ, sur un financement majoritairement privé. Et à 98% européen ! 

Cela est imputable bien sûr au réseau (exemple emblématique, l'Elysée croit fort en ce projet), mais aussi nous l'avons dit, à la vision.  


Pour le moment, TEC convainc, et mène la cadence à la bonne mesure. L'ESA, qui devrait être un -bon- client, lui a confié un contrat d'étude, France 2030 la soutient, et surtout, elle a obtenu un pré-contrat majeur avec Axiom Space pour le ravitaillement de sa future station privée en orbite basse (si et seulement si le projet aboutit). Il y a aussi, dans le même domaine, des accords avec Vast et Starlab.  

Sur un plan plus concret, signalons enfin que l'équipe de conception de véhicules de TEC a récemment mené à bien la première campagne d’essais plasmatiques sur le site d'Ariane Group à Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux. Ce test visait à soutenir le compromis pour le choix du matériau de protection thermique pour Nyx Earth. En soumettant différents matériaux à des niveaux de flux de chaleur représentatifs d’une rentrée depuis l’orbite terrestre basse, le comportement des matériaux a pu être observé afin de mesurer les niveaux d’ablation.

Rappelons que des essais moteur sont aussi réalisés à Mérignac par TEC, avec un banc d'essai actif depuis cet été, et un autre, plus volumineux, prévu pour être installé en 2025 (voir le précédent article du blog). 

Capture de la vidéo de démonstration - The Exploration Company 



lundi 4 novembre 2024

AndroMach et son projet d'avion spatial s'installeront à Bordeaux en 2025


La start-up AndroMach s’installera à Mérignac au printemps 2025. Dans ses cartons, un projet d'avion spatial inédit en France. Une capacité réutilisable d'emport, et de retour, qui pourrait intéresser le monde de la recherche en microgravité, ainsi que la défense. 

Ci-dessus: vue d'artiste du drone spatial suborbital d'AndroMach. 


C'était un secret de polichinelle, puisque la start-up AndroMach disposait d'un stand bien visible -avec maquette !- sur les événements bordelais de la rentrée aérospatiale, mais c'est dans un article de La Tribune Bordeaux en date du 30 octobre que l'information a finalement été rendue publique: le premier avion spatial français devrait être conçu à Bordeaux, ou plutôt à Mérignac, puisque c'est la technopole Bordeaux Technowest qui accueillera la start-up courant mars 2025 dans les murs de son nouveau QG, le "Cockpit". 

AndroMach, qui réunit aujourd'hui en région parisienne un peu moins d'une dizaine d'employés, a pour ambition de développer un avion suborbital (200 km d'altitude) de 4 mètres de long pour 1,2 mètre d'envergure, capable d'embarquer en soute une charge utile de 10 kilos dès 2026. Pour commencer… car en cas de succès, des évolutions importantes sont d'ores et déjà prévues au sein d'une roadmap comprenant les dates de 2028 (150 kg en orbite, avec l'aide d'un microlanceur "partenaire") et 2031 pour des développements itératifs, avec notamment un aéronef plus imposant (18m) capable d'emporter 600 kg sur orbite héliosynchrone

Pour la start-up qui a mené depuis un an ses études de faisabilité, et qui vient de réaliser sa première levée de fonds, les essais de propulsion et d'aérodynamique auront lieu début 2025. Son installation au Cockpit pourrait ensuite s'accompagner de quelques recrutements. 

L'avion spatial est un sujet qui fascine autant qu'il peut décourager. La technologie intéresse un nombre assez important de start-up, mais n'est réellement maitrisée qu'au sein des armées américaine et chinoise. En France, le ministère des Armée a pu évoquer il y a deux ans la volonté de mener des études sur le sujet, qui auraient pu aboutir à ce que l'armée de l'Air et de l'Espace se dote un jour de son propre "X-37B" (le fameux drone spatial de l'US Space Force). Il semble cependant que le sujet soit au point mort. 
Ajoutons enfin, bien sûr, qu'il est de notoriété publique que Dassault Aviation est activement concerné par la question, pour des usages ambitieux qui iraient jusqu'au vol commercial habité. 

Car l'avion spatial a, sur le papier, des avantages évidents en termes de réutilisabilité, de besoins réduits d'infrastructures (une mission suborbitale pourrait être entièrement menée depuis une base aérienne), ou encore d'emport -et de retour intact- de charges utiles. 
Concernant les missions justement, AndroMach communique sur le fait que le premier véhicule suborbital pourrait trouver des usages dans le domaine des recherches en microgravité, un domaine également visé par la luxembourgeoise Space Cargo Unlimited. Quelques minutes à 200 km d'altitude et l'opportunité de développements pour le secteur pharmaceutique, biologique, ou même informatique. 

A échéance plus lointaine, sur orbite basse, et pour des missions de plusieurs jours ou mois cette fois, s'ouvrent les marchés de l'intervention sur des satellites, vaisseaux spatiaux, ou débris (maintenance, réparation, désorbitation…). Ceci dit, est ce vraiment un marché porteur ? 

Et il y a, bien entendu, la défense qui faute d'un grand programme national de drone spatial, pourrait trouver dans les projets de cette start-up une solution souveraine estampillée "new space". Ce domaine est explicitement évoqué par les fondateurs d'AndroMach.

Mais pour en arriver là, de nombreux défis techniques, qui touchent à la structure de l'aéronef comme à sa propulsion, seront à surmonter, le drone devant évoluer dans des milieux (la haute atmosphère et l'espace) où les contraintes sont intenses. Le design exposé à ce jour présente en tout cas des aspects très intéressants, tout comme la démarche itérative. 

Les centres d'essais, la pièce maîtresse du territoire Bordelais 

A ce stade, il s'agit là d'un nouveau joli coup pour l'agglomération (avec encore le travail remarquable de Bordeaux Technowest et de l'agence Invest in Bordeaux) qui attire un projet que l'on pourrait qualifier "de rupture". Après Hynaéro (projet de "Canadair" français), The Exploration CompanyHyprSpace ou encore Dark… ce ne sont pas les ambitions qui manquent.

Ce qui a convaincu AndroMach ? La proximité des sites disponibles pour mener des essais de propulsion: « Pour les essais opérationnels, propulsion et essais en vol, toutes les infrastructures sont disponibles sur le territoire », peut-on lire dans La Tribune. Outre la proximité, pratique, de l'océan, il faut dire en effet que l'ouest bordelais dispose d'un sacré héritage en matière de structures dédiées à la pyrotechnie.

Cet argument, on le retrouve d'ailleurs partout chez les pépites du spatial ces derniers mois sur le territoire. Récemment, c'est d'ailleurs The Exploration Company qui a montré son nouveau banc d'essai de Mérignac (images ci-dessous), mis en place durant l'été sur un ancien site à Mérignac. Déjà impressionnant de maîtrise, et destiné à grossir dès l'an prochain.
 


lundi 30 septembre 2024

Asman Technology présente sa solution de services ISR sur P.68 Observer


La PME charentaise Asman Technology, spécialisée dans les services de renseignement aérien, a présenté lors du salon AD2S sa solution de mission sur avion italien Vulcanair P.68.

Ci-dessus: le P.68 d'Asman Aero Services à Mérignac, le 25 septembre - photo Pax Aquitania
  

Parce qu'il n'y pas que les drones dans la vie… et qu'opérer un petit avion civil demandera généralement moins de ressources en matériel (sans parler du coût d'un drone tactique) et surtout en hommes, la discrète PME Asman Technology, basée près de Jonzac en Charente-Maritime depuis huit ans, entretient une flotte mixte dont elle loue les services pour des missions de surveillance ou renseignement.   

Présente la semaine dernière sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mériganc pour le salon AD2S, dédié aux "activités technico-opérationnelles" dans l'aéronautique de défense, l'entreprise en a profité pour présenter le tout nouvel appareil qui a rejoint ses opérations en septembre, un bimoteur six places P.68 "Observer" de la marque italienne Vulcanair (autrefois Partenavia). 

Visible sur les photos, un panel d'équipements ISR, dont une boule optronique, a été intégré sur l'avion, qui dispose encore d'emports disponibles sous les ailes. Il permet notamment la retransmission vidéo en direct vers le sol. 


Il complète une flotte constituée de drones et d'un ULM. Ces appareils sont tous consacrés aux capacités fournies par la section services d'Asman, "pour des missions stratégiques comme l'ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance), les expérimentations de nouvelles technologies embarquées, et les opérations de travail aérien".

Asman Technology dispose d'une base sur l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry, une pépinière d'entreprises située sur l'aérodrome Jonzac-Neulles.


vendredi 27 septembre 2024

Hynaero célèbre son premier anniversaire et trouve des partenaires de poids


Hynaero fête le premier anniversaire de sa création et profite du salon AD2S à Mérignac pour annoncer de nouveaux partenariats qui lui serviront dans le développement de son programme d'avion bombardier d'eau européen. 

Ci-dessus: le Frégate F-100, vue d'artiste - Hynaéro. 
 

Alors que la crise climatique rend le besoin en appareils d'intervention toujours plus prégnant (et que les autorités tout autour du monde semblent tarder à vraiment comprendre ce besoin), la start-up Hynaero, fondée à Bordeaux en 2023 par d'ex officiers généraux de l'armée de l'Air et de la Sécurité Civile, ainsi que d'anciens industriels, a pour ambition de développer un avion amphibie bombardier d’eau  moderne (avec donc des capacités plus importantes et optimisés que le Canadair, même dans sa version modernisée), et surtout européen. L'Europe dépend en effet quasi totalement des moyens de production -au ralenti voire carrément à l'arrêt- du canadien DHC, qui produit le Canadair, plateforme aussi emblématique que vieillissante (conception initiale datant des années 1960). 

Pour attaquer à horizon 2030 ce marché que l'entreprise jauge à 300 appareils, Hynaero doit trouver les quelques 900 millions d'euros qui lui permettront de mettre au point son Frégate F-100. Or, les choses avancent, puisque depuis ce printemps, « le Fregate-F100 n’est plus un projet, c’est devenu un programme.», 800 000 euros ayant été apportés pour débuter les études de faisabilité, dont 300 000 par la Région Nouvelle-Aquitaine. 
Il faut noter que le projet gagne chaque jour en popularité, un concept certes flou quand on a besoin de lever autant de fonds, mais qui se traduit par une donnée concrète: les partenariat se multiplient et ce sont une trentaine d'investisseurs privés qui sont déjà engagés.  

De plus, après l'ONERA en juin, la PME annonce lors du salon AD2S qui se tenait cette semaine sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac, qu'elle vient de signer un nouveau protocole d'accord avec une structure d'importance: Cs Group , concepteur, intégrateur et opérateur de systèmes critiques (défense, spatial, aéronautique, énergie), filiale du géant français des services du numérique Sopra Steria. La coopération portera notamment sur les systèmes de commandement et de contrôle CRIMSON de CS GROUP, les systèmes de formation immersive INSCAPE de CS GROUP, et "d’autres technologies de communication et de sécurisation des systèmes".

Passé l'étude de faisabilité, les études de conception couvriront toute l'année 2025, pour se terminer au printemps 2026. Il est aujourd'hui prévu que l'avion vole en 2029 et soit commercialisé en 2031. Durant cette période l'entreprise va grandir dans ses nouveaux locaux de l'aéroport de Mérignac. Elle est actuellement hébergée par Bordeaux Technowest. 


mercredi 25 septembre 2024

Le salon AD2S marque le grand retour du sujet MCO à Mérignac

Du 25 au 27 septembre se déroule sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac la première édition du salon AD2S, dédié aux  "activités technico-opérationnelles" dans l'aéronautique de défense. Ou en d'autres termes, au MCO, le maintien en condition opérationnelle. Une question qui a toujours été centrale, mais dont les fondements sont bousculés par l'évolution du contexte stratégique international. 


Il faut un -tout petit- peu de mémoire pour se rappeler que AD2S (Aerospace & Defence Support and Services), dont c'est officiellement la première édition en 2024, ne naît pas de rien, et se situe dans la filiation quasi directe (même thème, même lieu, certains organisateurs communs) d'un salon qui avait pris une belle ampleur durant la décennie 2010. 

Le salon ADS Show avait en effet culminé en 2018 avant que l'édition 2020 ne soit purement et simplement annulée… pour cause de pandémie. Culminé à une époque où, pour les armées françaises surengagées en opérations extérieures, la question de la disponibilité des matériels aéronautiques était devenue absolument cruciale, et sujette à d'importants travaux au niveau de l'Etat Major ou de l'Assemblée Nationale. La Députée PS de la 6ème circonscription de la Gironde, Marie Récalde -qui vient de retrouver ce poste en juillet- était d'ailleurs co-autrice d'un rapport que nous avions détaillé sur ce blog. Il en avait notamment découlé une grande réforme du MCO aéronautique, dont l'un des  principes était la verticalisation des contrats avec les industriels, réforme qui semble être largement saluée aujourd'hui.

Les chiffres de la disponibilité se sont améliorés en effet, mais il faut aussi dire que la longue parenthèse des "OPEX", africaines en particulier, est pour le moment refermée.

Mais la renaissance, pour ainsi dire, de ce salon aquitain dédié à la maintenance se déroule dans un contexte stratégique bouleversé. En 2024, la haute intensité n'est plus aujourd'hui un concept lointain, elle est réelle, et aux portes de l'Europe. 

Au milieu des centaines d'exposants et du millier de visiteurs attendu (dont le ministre des Armées Sébastien Lecornu, ce jeudi), AD2S s'ouvrait donc ce matin sur le sujet crucial de l'engagement majeur et des réponses apportées par les forces armées et les industriels en matière de support

Comme l'ont reconnu les grands commandants français du soutien aux opérations ce matin, "On ne parlait plus d'attrition dans les forces occidentales depuis des décennies". L'invasion de l'Ukraine a remis les responsables devant des réalités. Désormais, on identifie les points forts, ou faibles. On appuie là où ça fait mal, dans des exercices comme Orion, et sa déclinaison pour le MCO aéronautique Orionis. On joue (simule) en mode dégradé: un avion rentre de mission endommagé ? La force manque de munitions ? Soit. L'avion devra être de nouveau opérationnel en quelques heures. Et tant pis s'il n'est plus vraiment multirôle (au diable également les normes de sécurité aérienne). "Avec Orion nous sommes passés de soutenir l'entraînement des forces à entraîner les forces de soutien". Cette disparition d'un certain confort opérationnel en Occident impose de changer d'état d'esprit à niveau politique, militaire, industriel… mais aussi à l'échelle du citoyen (par exemple, ce dernier supporterait il des réquisitions en cas de crise majeure ?). Cette révolution doit être entretenue au quotidien désormais.



Le cycle de conférence continuera en abordant jeudi et vendredi les sujets de l'innovation et du facteur humain. Longue vie à AD2S ! 

Je note enfin qu'en bon salon néo-aquitain, AD2S est aussi l'occasion de quelques annonces qui dépassent le simple cadre du support. Mais nous en reparlerons dans les prochains jours. 

En parlant de stratégique... on est toujours bien accueilli sur la BA-106 ! - photo Pax Aquitania