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vendredi 30 avril 2021

Mérignac inaugure son pôle militaire de vaccination


Un pôle militaire de vaccination a ouvert jeudi 29 avril à Mérignac. La ministre des Armées était présente pour l'occasion. Le centre pourra à court terme vacciner 1 000 personnes par semaine. 


Evoquons Mérignac mais sur le plan sanitaire aujourd'hui (car il est bon de rappeler quand la vaccination est disponible près de chez vous), avec la visite jeudi 29 avril de la ministre des Armées Florence Parly, ainsi que la ministre déléguée aux anciens combattants Geneviève Darrieussecq. 

Les autorités inauguraient en effet le pôle militaire de vaccination qui se situe au Pin Galant. 

Alors que plusieurs Hôpitaux d'instruction des armées, comme Robert Picqué à Bordeaux, ouvrent leurs portes aux Français dans le cadre de la stratégie nationale de vaccination contre le COVID-19, des pôles supplémentaires sont progressivement installés sur des sites stratégiques (comme la salle du Pin Galant), sorte de mini-vaccinodromes. 

A plein régime, le centre de Mérignac pourra administrer 1 000 doses du vaccin Pfizer-BioNtech par semaine.

Il est bon de rappeler à qui voudrait voir l'armée tout faire dans ce pays (hum hum !) que le service de Santé des Armées ne représente qu'environ 1% du personnel médical français. Les forces comptent toutefois jouer leur rôle comme elles le font depuis un an (on se rappelle de la formidable logistique des premières semaines de l'opération "résilience") en administrant 50 000 doses de vaccins par semaine.

 

mercredi 21 avril 2021

Tout est à refaire pour la filière aéronautique


Le GIFAS présentait les résultats 2020 de la filière aérospatiale nationale. Comme attendu, la crise est là et seul le secteur défense semble tenir le choc.

Ci-dessus: le salon du Bourget 2021 a été annulé. La prochaine édition aura lieu en juin 2023


La crise sanitaire mondiale a sinistré l'ensemble des activités aéronautiques et spatiales, ce n'est un secret pour personne. Mais les chiffres font mal, tout de même. Une chute d'activité de 36% (ou 28% du CA des 400 membres du GIFAS) pour un secteur clé de l'économie française, habitué à performer.

Surtout, les prises de commandes se sont, elles, effondrées de 53 %, à 28,2 milliards d’euros.

Les activités de défense, essentiellement dépendantes de la commande publique, ne baissent que de 3%, à 16,5 milliards d’euros, mais le spatial français, déjà en plein questionnement sur sa stratégie, encaisse dur, avec 25% de chute de CA (,3,2 milliards).

L'emploi a tenu (-4%, 8000 postes quand même), en grande partie grâce au soutien de l'Etat, mais également car les entreprises ont dû bâtir une stratégie pour ne pas laisser filer les compétences. Toutefois, la perte représente l'effacement de 10 années fastes de recrutement. Terrible symbole.

Comme souvent dans des cas de crise, les grands donneurs d'ordres ont contracté leur activité, se sont repliés sur eux-mêmes, et les premières victimes furent les sous-traitants les plus fragiles, en vérité les plus dépendants et moins diversifiés. 
Il s'agit pourtant d'un mantra répété depuis des années, mais pas assez suivi. Le manque de clients export, le manque de catalogue et d'activité duale, devient dangereusement fatal au moment où la crise frappe. 

Deux grandes régions sont naturellement concernées: Aquitaine et Occitanie. Pas assez d'ETI, trop de PME. Une politique de regroupement pourrait rapidement revenir sur la table avec les élections régionales. 


La crise, jusqu'à quand ?

Telle que se présente la situation sanitaire, et l'on se basera essentiellement sur les campagnes de vaccination, il ne fait aucun doute, qu'au mieux, les pays industrialisés (USA, Europe et une partie de l'Asie, + les Etats insulaires à faible population) vivront un certain temps en circuit fermé, eux seuls ayant atteint d'ici l'automne une immunité suffisante.

Soyons donc clair, il n'y a aucune perspective d'amélioration pour l'aviation commerciale avant la fin de cette année. Une remontée en puissance du trafic peut être envisagée durant l'année 2022, pour un retour à la normale en 2023... au mieux.

Dans ce contexte, il y a, encore, un écueil : cette tendance - politique - désagréable qu'est l'avion-bashing. Un comble quand on connait les prouesses d'innovation du secteur aérospatial, et ce particulièrement quand il s'agit de réduire la consommation de carburant. La crise aura néanmoins permis de lancer des plans sur l'hydrogène et les batteries, en espérant des percées et ruptures technologiques.

Mais c'est peut-être bien selon moi sur le plan de l'emploi qu'il va falloir programmer un plan de relance pour la reprise à horizon 2023/24. Paradoxe, alors que la filière surperformait durant la dernière décennie, elle avait déjà du mal à recruter. Car la France ne manque certes pas d'ingénieurs non, mais elle manque en revanche d'ouvriers. Et ce massivement. 

C'est pourquoi il apparait désormais absolument stratégique de planifier une politique de recrutement et surtout de rayonnement d'envergure - a minima - régionale pour la filière.


vendredi 26 mars 2021

Les entretiens de Toulouse les 14 & 15 avril



Malgré une crise sanitaire qui dure depuis plus d'un an, le secteur de l'événementiel professionnel, largement sinistré, a su se relever, s'affranchissant notamment des barrières géographiques grâce aux conférences en ligne.
C'est ainsi que ce blog vous invite à suivre l'édition 2021 des "Entretiens de Toulouse" ces 14 et 15 avril: 68 ateliers sur 17 thématiques qui concernent aérospatial, robotique, innovation, IA, industrie... 

Inscriptions et détails sur le site de l'événement: entretiensdetoulouse.com
Attention ! Séminaire professionnel donc payant !


Programme - Cliquer pour agrandir



mercredi 10 mars 2021

Arquus tient bon en 2020, et avance ses pièces pour la décennie


Ce 10 mars, Arquus avait invité la presse (ainsi que les blogueurs) à suivre la présentation de ses résultats 2020, ses prévisions 2021, ainsi que ses ambitions pour la décennie. 

Sources et illustrations : Arquus


C'est devenu malheureusement traditionnel cette année, il convient d'analyser l'impact de la pandémie et surtout des grands confinements du printemps. 
Sur ce point, le virus n'a pas bouleversé l'activité d'Arquus, même si les résultats sont, forcément, en baisse (Arquus, filiale de Volvo, ne communique pas ses chiffres, mais la baisse s'établit à 10%, forte à l'export, mais compensée par la France), principalement en raison des difficultés à aller vers les clients export. 

L'activité a parfois ralenti, mais n'a jamais été stoppée. Le recours au chômage partiel en avril a été minime, et l'entreprise a même eu le luxe de poursuivre l'année en recrutant. 131 recrutements, et 48 nouveaux apprentis et alternants (90 en permanence).

Si Arquus avait les reins et le carnet de commande pour tenir, il a fallu tout de même venir en aide aux sous-traitants moins résilients. Un partage de R&D a également été entrepris avec Renault Trucks à Lyon pour préserver de l'activité pour une centaine de personnes.

S'agissant de la production, il s'agit en fait d'une année record en terme de services pour la France. Arquus a livré 1166 véhicules neufs, dont 1000 VT4 (sur 2000 depuis 2019).
Les rénovations de matériels (30% de la capacité industrielle d'Arquus) au profit de la SIMMT (Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres) concernent elles 508 véhicules dont 40 VAB Sanitaires, immédiatement envoyés à Barkhane. 


Sur Scorpion (coopération avec Nexter et Thalès): 2020 était l'année du Griffon, qui a d'ailleurs subi dans l'armée de Terre ses premiers test d'aérotransport, des essais à l'étranger sur divers terrains, ou encore des tests d'opérations amphibies…). Les engagements ont été tenus, avec 128 Griffon livrés conformément au plan. 119 suivront en 2021.
En revanche, léger retard sur les premiers Jaguar: 20 seront livrés cette année, plus les deux de 2020. A noter qu'une vidéo - qui ne sera pas publiquement diffusée - démontrait l'action à grande vitesse du nouveau char léger français. 

L'avenir de ce duo, c'est la production d'une nouvelle commande de la DGA passée en septembre dernier: 42 jaguar et 271 griffons dont des versions sanitaires, commandement, observation d'artillerie. La version dotée d'un mortier de 120mm viendra plus tard.

Pas de précisions sur les timides avancées des programmes très confidentiels de véhicules des forces spéciales (voir Le Mamouth).

Avec un chiffre d'affaires qui se situe autour de 600 millions d'euros, Arquus espère humblement croître de 5% par an, afin d'atteindre le milliard en 2030. Un objectif raisonnable. La répartition espérée concerne à 50% le marché domestique, 25% l'Europe, 25% le reste du monde. 

Pour cela, il compte sur des programmes français (VBMO Gendarmerie pour 45 véhicules, les 7000 poids-lourds des armées, les modules d'appui au contact du génie...), et bien entendu, l'export. 
Arquus a livré des blindés Bastion et Fortress en Afrique (ainsi qu'à la police suédoise !), des Sherpa au Koweït, des châssis pour l'Indonésie, et le Maroc lui a commandé 300 VLRA en décembre dernier. 

L'accent est mis également sur la transformation industrielle qui permet spécialisation des sites, formation professionnelle et flexibilité. Limoges notamment, constitue une base importante.


L'innovation, enfin, est pièce maitresse du devenir de l'entreprise. Arquus ne cache pas que le "Scarabee" constitue son porte-drapeau en la matière. Le 4x4, présenté au salon IDEX il y a quelques jours a récemment été testé en mode tout-électrique, afin de démontrer la pertinence de la motorisation hybride au combat. Il associe selon son constructeur puissance, mobilité, et blindage tout en gardant une masse raisonnable. Sa charge utile est de 2 tonnes, et il peut accueillir de l'armement léger à moyen, jusqu'au canon de 30mm. 
Des réflexions sont en cours sur l'armement anti-drones par exemple, mais aussi sur la conversion du Scarabee aux missions des forces spéciales ou de sécurité intérieure.
 
C'est bien le besoin français qui a guidé la conception du Scarabee, mais le programme VBAE sera lancé l'heure venue. Patience.


L'hybridation des véhicules militaires est d'un intérêt très important pour le groupe, et des avancées sont faites grâce à la puissante R&D de Volvo. S'agissant de l'hydrogène, ce n'est pas au programme, ou du moins pas pour tout de suite. 
L'innovation ne s'arrête pas là puisque des recherches sont menées en interne et en coopération concernant le concept de survivabilité des véhicules (blindages innovants, optimisation des masses, programme anti-blast avec l'Institut Saint Louis).

Enfin, la robotisation est considérée comme une des grandes innovations de rupture dans le combat terrestre, et Arquus rappelle l'avancée de ses travaux avec l'expérience de roulage en convoi menée en janvier à Satory.
Les systèmes devront également être suffisamment intelligents pour laisser à l'humain la haute valeur ajoutée.


Un mot sur les tourelleaux: Arquus en a produit 99 en 2020, et la DGA a qualifié celui destiné au Griffon. Des innovations majeures sont incluses avec une très réactive protection passive par fumigènes, et un système permettant aux opérateurs de nettoyer les optiques (boue, poussière) sans s'exposer en dehors du véhicule.
L'entreprise a enfin inauguré au salon IDEX d'Abu Dhabi sa business unit "Hornet" destinée à promouvoir les tourelleaux de la gamme éponyme.


lundi 8 mars 2021

Dassault Aviation tient la tempête, et pleure l'un des siens


Avec des profits divisés par deux en 2020, Dassault Aviation maintient un carnet de commandes honorable, et reste bénéficiaire. 25 Rafale et 25 Falcon seront livrés en 2021, niveau record pour le premier, et historiquement faible pour les seconds. Sur le SCAF, il est confirmé que les négociations sont âpres.



Comme l'ensemble du monde aéronautique, Dassault Aviation n'échappe pas aux mauvais résultats en 2020.
Avec un résultat net en chute de 51% l'an passé (396 millions d'euros tout de même), en partie expliqué par une fonte de l'activité de Thalès, dont le groupe est un important actionnaire, Dassault Aviation présente un chiffre d'affaires 2020 de 5 489 milliards d'euros contre 7 341 milliard d'euros en 2019.  A noter que le chiffre export en constitue 89% !

Côté livraisons, 2021 devrait marquer une reprise douce, tout en restant une année faible pour la gamme Falcon avec 25 appareils sortis d'usine (des perspectives régulièrement en baisse). 
Pour le Rafale en revanche, ce sont 25 appareils qui seront livrés. Un chiffre remarquable, tandis que que des victoires pourraient marquer cette année 2021. En Suisse, Croatie, en Indonésie... en Finlande ?

A ce jour, le carnet de commandes de DA comprend 62 Rafale et 34 Falcon. Si l'optimisme est de mise concernant le Rafale, les chiffres de la gamme Falcon ont amené le groupe à prendre une décision drastique: la mise en pause (ou arrêt ?) du programme 8X. 

Un nouveau Falcon devrait toutefois être présenté dans les mois qui viennent.


Mise en garde sur les programmes militaires

Coup d'œil évidemment sur les avancées - ou reculs - du programme européen SCAF (système de combat aérien futur), au centre de l'attention ces dernières semaines en raison des négociations tendues autour du programme. 
En théorie, nous attendions au premier semestre 2021 le contrat du (/des) démonstrateur(s), mais on le sait, ça bloque avec l'Allemagne et Airbus Defence & Space, qui auraient réclamé leur propre démonstrateur issus des ROI sur l'Eurofightrer. Pour Dassault Aviation, maître d'œuvre sur le "NGF" (futur chasseur du programme SCAF), il est pour le moment hors de question de céder une part non-négligeable de propriété intellectuelle, notamment s'agissant des commandes de vol. 

Le PDG Eric Trappier en profite donc pour rappeler qu'afin d'éviter les déboires du passé, il convient de respecter la règle du leader légitime (Dassault revendique ici 70 ans d'expérience dans les avions de combat), d'autant plus qu'avec l'entrée de l'Espagne dans le programme, Airbus y a pris du poids et en sort donc gagnant selon Dassault, pour qui le partage de la charge de travail est aujourd'hui prévu de façon tout à fait équitable.

Une phrase aura marqué la présentation: « Je ne crois pas que le processus vital soit encore engagé mais le malade est dans un état difficile. Les discussions sont compliquées mais nous y croyons encore. » (...) « Comme tout chef d’entreprise, nous avons un plan B pour le cas où le plan A ne marche pas ». Un plan B qui ne rime apparemment pas avec Tempest (le projet britannique concurrent): « Pas à l'ordre du jour ».

Si rien ne se débloque dans les prochaines semaines, il faudra probablement se caler sur le calendrier électoral allemand et attendre les élections en fin d'année, puis la mise en place d'une nouvelle administration qui pourrait avoir d'autres ambitions. 

Sur les autres programmes, Dassault Aviation aura une place plus secondaire, s'occupant des commandes de vol et des communications pour l'Eurodrone, programme qui s'il se concrétise pourrait voir signer son contrat de série dès cette année.

Sur le futur de la patrouille maritime européenne, Dassault se montre en revanche surpris d'être écarté du programme MAWS (Maritime Airbone Warfare System) qui devra être lancé vers 2025. L'avionneur rappelle son expérience sur la gamme Atlantique (une nouvelle fois en cours de modernisation). Airbus semble à ce jour garder la main sur ce programme MAWS.


Décès d'Olivier Dassault dans un crash d'hélicoptère

Un hommage enfin. Olivier Dassault, 69 ans et aîné des quatre enfants de Serge Dassault, était Député LR de l’Oise. L'hélicoptère dans lequel il se trouvait ce dimanche 7 mars s'est écrasé pour des raisons encore inconnues près de Deauville. Il y a deux victimes, le pilote et Olivier Dassault, son passager. 

Olivier Dassault avait embrassé une carrière politique en 2002, mais était également connu pour sa qualité de pilote, de Falcon notamment. Il était officier réserviste dans l'armée de l'Air.
 
Il a exercé de 2011 à 2018 la fonction de président du conseil de surveillance du groupe Dassault. Très apprécié, sa disparition brutale a laissé place à une grande émotion. 


mercredi 27 janvier 2021

Transport aérien en crise et défi climatique : vers de nouveaux paradigmes


L'Académie de l'air et de l'espace organise les 11 & 12 mars prochains un Webinaire sur le thème "Transport aérien en crise et défi climatique : vers de nouveaux paradigmes".


Présentation:
Le défi du changement climatique bouleverse aujourd’hui nos sociétés. Dans ce contexte, le transport aérien est fortement interpellé sur sa capacité à réduire drastiquement son empreinte carbone d’ici à 2050, alors que les perspectives de son développement apparaissent encore très importantes. Comme dans toute révolution des usages, l’exigence qui pèse sur le transport aérien lui fournit une réelle opportunité de se réinventer, lui qui, depuis des décennies, a su s’adapter et a contribué à rapprocher les peuples, leurs cultures et leurs économies.

L’Académie de l’air et de l’espace a décidé d’aborder ce sujet majeur avec indépendance, sans a priori ni tabou, afin d’éclairer les stratégies des différents acteurs. Pendant deux jours, elle réunira climatologues, experts des divers secteurs industriels concernés (énergie, aéronautique, transport,…), mais aussi sociologues et économistes de divers pays. Au-delà des professionnels et des politiques, ce colloque s’adresse à un large public et notamment à la jeune génération, dont des représentants très engagés seront parties prenantes aux débats.

Colloque professionnel (donc payant), avec tarif étudiant préférentiel à 30 euros. Le programme, copieux, est présenté sur le site de l'événement.



mercredi 13 janvier 2021

La relance passe par le spatial


Emmanuel Macron était hier en visite sur le site d'ArianeGroup à Vernon, où seront investis 30 millions d'euros sur les 500 que compte le volet spatial du plan de relance. Dans le même temps, l'Europe lance également ses grandes manoeuvres.

Ci-dessus: vue d'artiste d'un lanceur propulsé par Prometheus - Ariane Group


En France, le plan de relance économique post-Covid de l’Etat prévoit un soutien spécifique au secteur spatial, à hauteur de 515 millions d’euros. Il doit permettre de « redynamiser les entreprises du secteur sinistrées par la crise, d’investir dans l’innovation et d’améliorer leur compétitivité ». Il est constitué de deux volets, le premier devant soutenir la trésorerie des entreprises en difficulté et surtout éviter une fuite des talents, tandis que le second doit lui stimuler la recherche et l'innovation. 

C'est dans ce contexte qu'Emmanuel Macron s'est rendu sur le site Ariane de Vernon dans l'Eure, dont on sait depuis l'été qu'il fait partie du projet de production d'hydrogène vert désiré dans la stratégie étatique. 
Le Président a rappelé bien évidemment le caractère stratégique et souverain du secteur spatial, appuyant le fait que tout euro investi dans le secteur a des retombées sur l'économie globale à long terme. La France "doit rester un grand pays du spatial".

Le site recevra donc 30 millions d'euros: 15 pour la recherche sur l'hydrogène, et 15 pour une accélération du projet de moteur de nouvelle génération Prometheus, censé représenté l'avenir sur Ariane. Le démonstrateur Prometheus doit ainsi gagner un an.

Sur le blog: L'Europe démarre son programme de lanceur spatial réutilisable


Prometheus (voir lien ci-dessus) sera un démonstrateur de moteur de fusée à bas coût et potentiellement réutilisable. Son coût  doit être dix fois inférieur à celui du moteur d'une Ariane 6, en partie grâce aux nouvelles techniques de conception et d'industrialisation "4.0".

L'idée sous-jacente bien sûr, est de rattraper à toute vitesse les acteurs américains afin de rendre de nouveau compétitif le catalogue des lanceurs européens pour 2030.


L'Europe veut sa constellation internet souveraine 

Au plan européen, le Commissaire Thierry Breton le martèle depuis un an. L'Europe doit avoir ses micro-lanceurs et surtout sa constellation. 

C'est notamment pourquoi l'UE (la Conférence spatiale européenne se déroulait ces 12 & 13 janvier à Bruxelles) lance un fonds "Cassini" de 1 milliard d'euros afin de stimuler l'innovation dans le spatial. 

En outre, la renouvellement des satellites de positionnement Galileo (qui avec les constellations Copernicus et GovSatCom sont une des forces majeures de l'Union) est avancé à 2024.
Aussi et surtout, les ambitions sont clairement affichées désormais quant au lancement d'un programme de constellation satellitaire pour un internet européen souverain. Une étude de faisabilité est en cours auprès d'industriels, et le Commissaire Breton plaide pour une proposition faite au Parlement Européen en 2021.
Sont évoqués des nano-satellites, la cryptographie quantique, et la technologie 6G (horizon 2030). Une telle entreprise serait chiffrée à 7 milliards d'euros, mais viendrait répondre au déploiement des constellations privées d'Amazon ou SpaceX.

En revanche, le vol habité made in Europe n'est toujours pas au programme, les institutions préférant privilégier la stratégie d'un retour de gains vers le citoyen plutôt que celle de la "conquête" chère aux pays comme les USA, la Chine ou même l'Inde. Ceci dit, des Européens iront sur la Lune c'est une certitude, et cela se fera dans le cadre d'une collaboration au programme américain Artémis.

Lire aussi: Thalès remporte un contrat de 300 millions € pour la station orbitale lunaire


lundi 4 janvier 2021

Les pièces sont en place sur l'échiquier du monde d'après

Si 2020 fut historique au sens de la grande Histoire, nous abordons 2021 dans un véritable contexte de défis que la France, l'Europe, le monde, et avant tout nous-mêmes devront relever.

Et ça commence bien mal avec du côté des opérations extérieures 5 décès et plusieurs blessés ces derniers jours, quand par deux fois des VBL de l'armée de Terre ont rencontré des engins explosifs improvisés sur les pistes du Mali. Le brigadier-chef Tanerii MAURI et les chasseurs de 1ère classe Dorian ISSAKHANIAN et Quentin PAUCHET, puis les sergent Yvonne Huynh et brigadier Loïc Risser, du 2e régiment de hussards de Haguenau, sont tombés. Nous leur rendons hommage.

Ces morts au combat posent inévitablement la question de l'intérêt aujourd'hui de l'opération Barkhane. Quels objectifs pour quels résultats ? Alors que le déploiement au Mali depuis Serval en 2013 va sur ses 8 ans en ce mois de janvier, il était prévisible que l'agenda politico-médiatique viendrait se fracasser contre les réalités de la mission (et en fait, de la guerre, où on meurt).
Conséquence qui n'en est pas une, puisque l'annonce était prévue et préparée depuis l'automne, Barkhane devrait réduire prochainement la voilure, avec le départ de 600 hommes (sur 5 100). Les mêmes effectifs venus en renfort il y a un an pour maximiser les résultats demandés par le Président Macron. Et résultats il y a eu, avec une année 2020 exceptionnelle, en particulier grâce à l'appui (armés ou non) des drones Reaper. Tactiquement il s'agit d'une victoire, même si nous ne tomberons pas ici dans le body counting, et le recours aux IED par les groupes armés est probablement une des conséquences de cette pression exercée par les français. Ce serait donc le bon moment pour entamer un changement de stratégie. 
La Task Force Takuba, constituée d'éléments des forces spéciales de plusieurs pays d'Europe en accompagnement des forces africaines du G5 Sahel nous y aidera t'elle ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais ce partage du fardeau est néanmoins nécessaire pour responsabiliser d'avantage d'acteurs.






En fait, l'analyse des événements, ou déclarations officielles, nous donne certains indices qui tendraient à conclure au crépuscule de Barkhane, et plus généralement des OPEX, dans un grand repli occidental qui laisserait seulement place à l'empreinte légère des forces spéciales ou des drones... Quand dans le même temps, une formule s'impose dans la communication des états-majors des trois armées: la haute intensité.



Ce retour à la préparation d'une guerre dite "conventionnelle" fait désormais l'objet de tous les discours et de toutes les planifications, autant chez les décideurs politiques que chez les officiers ou industriels de l'armement. On y verra en particulier le retour des exercices d'ampleur sur le territoire national (le grand retour du terrain "centre Europe"), y compris dans l'aérien.

Sur le plan matériel donc - ce qui fait finalement le quotidien de ce blog - nous abordons la décennie des ruptures. Les nouveaux véhicules Scorpion continuent leur déploiement dans l'armée de Terre avec l'arrivée du blindé Jaguar, et se pose la question selon moi de l'accélération du programme VBAE (véhicule blindé d'aide à l'engagement) pour le remplacement des VBL après 2025. Le drone Patroller devrait enfin entrer en service.
Même sans salon du Bourget, le programme SCAF va avancer sur son démonstrateur, tandis que les capacités spatiales sont elles renforcées avec le déploiement tout récent du second satellite CSO. 2021 verra surtout si tout va bien la démonstration d'un programme tout aussi secret que stratégique de planeur hypersonique français V-max. Rappelons aussi qu'il s'agit d'une année charnière pour Ariane 6, qui décollera pour la première fois dans un peu plus d'an.

L'année pourrait enfin être exceptionnelle pour le Rafale à l'export (avec en premier lieu la Grèce ?).

A noter que dans l'aviation civile, sinistrée, le choix français d'une rupture technologique dans l'hydrogène sera intéressant à suivre. Il n'y a aucune garantie de réussite, mais les recherches pourraient amener à des évolutions majeures et bienvenues d'ici 2035, en ce qui concerne le design global des appareils futurs. Un tel défi est toujours bon à prendre pour les nouvelles générations d'ingénieurs.

Alors que la pandémie a crispé les peuples tout autant qu'elle aura cristallisé des tensions déjà existantes, la géopolitique de 2020 nous aura donné un avant goût des années qui vont suivre. La situation en Méditerranée Orientale aurait bien pu dégénérer, et la France était en première ligne face à la Turquie, pourtant une alliée dans l'OTAN.
Surtout, c'est le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan qui aura montré ce à quoi nous pourrions être confrontés à court terme. Des conflits gelés qui subitement se résolvent par les armes (anciennes ou nouvelles, et la combinaison des deux) à mesure que les puissances occidentales, USA en tête, semblent se retirer des arbitrages au profit d'autres acteurs plus régionaux (Turquie vs Russie ?). Il faudra voir quelle sera la politique de Joe Biden, mais mieux vaut ne pas s'attendre à une révolution. L'Amérique est tournée vers la Chine.

Mais cessons ici cet exercice prédictif, 2020 nous ayant appris que rien ne sert de se projeter trop en avant. Tous contextes confondus, civil ou militaire, matériel ou immatériel, l'essentiel aujourd'hui semble résider dans la bonne préparation et la robustesse de nos doctrines stratégiques. Le brouillard persiste encore néanmoins sur ce que sera véritablement "le monde d'après".

Pour finir évidemment, je vous souhaite une heureuse année 2021 à toutes et à tous, en espérant donc que celle-ci soit moins... tumultueuse que la précédente. Une pensée particulière pour ceux qui nous défendent ici ou là-bas.


mercredi 28 octobre 2020

Thalès Avionics supprime des postes à Mérignac. La branche défense épargnée ?

En raison de la crise provoquée par la pandémie de Coronavirus et son impact sur le transport aérien mondial, c'est Thalès qui va à son tour connaître un plan social qui ne dit pas son nom. A Bordeaux, Thales Avionics pourrait perdre plus de 200 emplois.


Sur ce blog, on traite plutôt généralement des bonnes nouvelles. Cela dit, l'incroyable impact de la pandémie sur le secteur de l'aéronautique finit dramatiquement par avoir ses conséquences sur tous les acteurs de la filière. Les sous-traitants les plus fragiles, et le groupe Airbus furent les premiers touchés - sans parler d'étrangers comme Boeing ou surtout Rolls Royce (le motoriste a vu son action en bourse s'effondrer de 80% en 2020) - et c'est désormais d'autres acteurs qui voient les plans sociaux arriver.

Le groupe  Thales, spécialiste dans l'aéronautique, le spatial, et la défense, prévoit (sources syndicales) de se séparer d'environ 1000 employés dans sa filiale Avionics, en évitant au possible les licenciements. 221 postes sont concernés sur le site du campus Thales à Mérignac, sur les 1250 employés par cette filiale à Bordeaux.

La mobilité au sein du groupe serait privilégiée, notamment vers l'activité Défense, y compris sur le même site à Mérignac. Car c'est bien la branche civile qui souffre de la crise... une branche qui semble avoir bien peu d'avenir désormais sur le site bordelais. 
Cette crise historique pour l'aéronautique aura en quelques mois effacé 10 ans de recrutement à cadence forcée.

Le secteur défense tient donc bon lui, protégé à la fois par son caractère souverain, mais également par un contexte géopolitique hyper-tendu qui pousse les nations à ne pas baisser la garde.

Toutefois, la menace vient d'ailleurs pour la filière. En effet, alors que les banques manquaient déjà d'allant  pour investir, soutenir et financer l'industrie de défense (une problématique montrant un certain niveau d'inculture), le nouveau contexte pousse ces dernières à bloquer un nombre encore plus important de projets.

Les parlementaires viennent de s'emparer de cette inquiétante question et une mission FLASH devrait débuter sous peu.


vendredi 9 octobre 2020

Shark Robotics et Boston Dynamics s'allient face à la crise sanitaire

C'est un coup énorme que réalise Shark Robotics. En s'alliant avec le célébrissime champion américain de la robotique Boston Dynamics, la PME basée à La Rochelle a contribué à équiper le petit quadripode jaune « Spot » de son module de décontamination maison. Une collaboration qui résonne comme un adoubement pour la pépite française.

Images: Shark Robotics


Star des réseaux sociaux, les robots de Boston Dynamics, et notamment le petit "robot-chien" jaune Spot, ont déjà fortement  marqué les esprits.
Boston Dynamics, c'est cette véritable "licorne" mondiale de la robotique terrestre, issue du MIT et collaborant avec le Département de la Défense américain sur la robotique militaire de demain.  

De notre côté de l'Atlantique, nous avons certes des moyens infiniment inférieurs, mais assez de talents et d'innovations pour tirer notre épingle du jeu (si tant est que nos institutionnels et financeurs veuillent bien accorder leur confiance).
Et c'est ici bien le cas de Shark Robotics, qu'on a pu voir crever l'écran lors de l'incendie de Notre-Dame et l'intervention du robot Colossus. En développement constant, l'entreprise vise désormais la diversification (sécurité civile, défense... espace).

Au plus fort de la pandémie et du confinement, Shark avait su se montrer hyper réactive en équipant son Colossus d'un module de décontamination (pulvérisation de solutions désinfectantes à 360°), ce qui avait immédiatement attiré l'attention de clients, y compris - et surtout - à l'international. C'est alors que la collaboration avec Boston Dynamics va discrètement s'initier.
L'Américain communique certes habilement (chaque vidéo est un événement), mais demeure très parcimonieux dans ses "alliances", et les élus sont peu nombreux ! 

En d'autres termes, c'est là une superbe reconnaissance de niveau mondial pour la start-up française. Elle que l'on pouvait déjà placer sur le podium de la robotique européenne.


Plus en détails, Shark propose désormais deux solutions de décontamination. La première est le Rhyno Protect télé-opéré, sur un châssis chenillé de 22 kilos, qui rend possible la pulvérisation sur 20 000 m² de surface en trois heures.

La seconde, c'est Spot, qui permet grâce ses capacités de franchissement avant-gardistes, de décontaminer jusqu'à 2 000 m² en 15 minutes, avec l'avantage de pouvoir progresser dans des environnements plus complexes que le Rhyno. C'est dans la vidéo ci-dessous l'exemple d'un amphithéâtre. Cela s'appliquerait bien évidemment à une salle de spectacle, de théâtre, de cinéma… mais on pense aussi à des lieux de vie plus sensibles comme les établissements de soins, ou scolaires. 

En effet, il y a dans le petit robot jaune (dont les inspirations ont d'ailleurs pu faire frissonner dans les œuvres récentes d'anticipation ou science-fiction) de l'anthropomorphisme, ce qui pourrait finalement rendre sa présence plus acceptable dans certains lieux… D'autant plus que lui dispose de potentielles capacités autonomes si nécessaire.

 


mercredi 22 juillet 2020

Quelques lectures estivales...


Après deux mois de déconfinement, les rapports sur la situation stratégique se bousculent. Dans un monde où l'incertitude est désormais de mise, accompagnée de surcroît par des ruptures technologiques, ces écrits officiels (parlementaires) ou provenant de la recherche en viennent tous ou presque à la conclusion suivante: la France doit se préparer à un accroissement des tensions mondiales, et dans le cadre immédiat de la crise économique, la relance par la défense peut servir de double-levier. 

Ci-dessus: cérémonie du 14 juillet 2020 avec en fond l'Assemblée Nationale. 2020, année stratégique ? - photo Elysée



> MISSION « FLASH » SUR LA PLACE DE L’INDUSTRIE DE DÉFENSE DANS LA POLITIQUE DE RELANCE
  • 21 juillet 2020, 28 pages - Lien ICI
  • Quelques détails ci-dessous (en cliquant puis déroulant):

> Commission de la défense : Systèmes d'armes létaux autonomes

  • 22 juillet 2020, audition en vidéo - Lien ICI

> 2040, l'odyssée du SCAF - Le système de combat aérien du futur

  • Rapport d'information de M. Ronan LE GLEUT et Mme Hélène CONWAY-MOURET, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces arméesn° 642 (2019-2020) - 15 juillet 2020
  • Lien ICI


> Enjeux géopolitiques et stratégiques des bases militaires avancées

  • Morgan Paglia (IFRI), mai 2020.
  • Lire l'entretien avec l'auteur sur le blog Mars Attaque - Lien ICI


lundi 13 juillet 2020

Défilé à minima, mais défilé quand même


Un mot sur le 14 Juillet bordelais qui se tiendra presque à huis clos, dans les jardins de la Mairie. Comme partout, il mettra à l'honneur non seulement les militaires, mais aussi les soignants. 


Communiqué:

La commémoration de la Fête nationale aura lieu le mardi 14 juillet 2020 à 18h30 dans les jardins du palais Rohan (mairie de Bordeaux), en présence du général de corps aérien Matthieu Pellissier, commandant des Forces aériennes, officier général de la zone de Défense et de sécurité Sud-Ouest, délégué militaire départemental de la Gironde et commandant d’Armes de la place de Bordeaux et des autorités civiles.

Cette cérémonie particulière mettra à l’honneur du personnel soignant civil et militaire. par ailleurs, la crise sanitaire actuelle impose que le déroulement de cette cérémonie s’effectue dans l’application stricte des règles sanitaires en vigueur : distanciation physique et accueil du public limité et uniquement sur invitation.

Durant la cérémonie, un défilé aérien avec quatre Alphajet aura lieu comme les années précédentes.A l’issue, la Musique des Forces aériennes de Bordeaux clôturera la cérémonie avec une aubade.

Unités présentes lors de la cérémonie :
  • une formation du service de santé des armées ;
  • l’école nationale des sous-officiers d’active de Saint-Maixent l’Ecole ;
  • la gendarmerie de la région Nouvelle-Aquitaine ;
  • le 13ème régiment de dragons parachutistes de Souge ;
  • un peloton de soutien cynotechnique du 17ème groupement d’Artillerie ;
  • la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac ;
  • le détachement air 204 de Bordeaux-Beauséjour ;
  • une formation interarmées du commissariat des armées.
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Et tandis que les parisiens auront droit à un défilé principalement aérien (mais tout de même réduit), et avec quelques surprises que vous découvrirez à la télévision donc,  peut-être pourrez vous profiter cette semaine du balai aérien des hélicoptères de l'US Army dans le ciel de France. Cela se passe dans le cadre de l'opération Mousquetaire.

Ce lundi, des AH-64 Apache ont déjà quitté La Rochelle en direction de Nevers, puis de l'Allemagne. Ces transit dureront toute la semaine.

En vous souhaitant une heureuse Fête Nationale !


vendredi 3 juillet 2020

Avec la suppression de la navette, Dassault va t'il revoir ses plans à Mérignac ?


Avec la fermeture de la ligne quotidienne Air France Bordeaux-Paris, c'est toute une clientèle business qui pourrait disparaître en Aquitaine. La CCI sonne l'alarme et indique même que de grandes entreprises pourraient revoir leurs plans sur l'agglomération.

Ci-dessus: le nouveau bâtiment de Dassault en construction à Mérignac, destiné aux équipes d'étude, de développement et de soutien après-vente pour les activités civiles et militaires de l'avionneur - Dassault Aviation


C'est une conséquence indirecte de la crise - certains l'appellent "tempête du siècle - provoquée par la pandémie dans l'aéronautique. 

Déjà dans le viseur des écologistes, qui ont désormais pris le pouvoir à Bordeaux (et donc énormément de poids à la Métropole), la navette Air France Bordeaux-Paris (ou plutôt Mérignac-Orly) va disparaître, sur décision gouvernementale, suite au plan d'aide de 7 milliards d'euros pour Air France. Elle n'aura donc pas survécu au printemps. 

La "navette" était fréquentée par plus de 560 000 voyageurs chaque année, en grande partie des clients business, notamment dans le secteur de l'aéronautique.

Privilège désormais à la LGV. La problématique est cependant que le poumon économique de la Région ne se trouve pas en centre ville de Bordeaux près de la gare Saint Jean (sauf bien entendu si vous êtes un touriste arrivant de Montparnasse... ou Disneyland), mais bien dans l'agglomération, notamment autour de l'aéroparc. 

Or, jeudi 2 juillet, dans un reportage traitant du sujet et diffusé durant le 20H de TF1 (vidéo avec timecode ci-dessous), les journalistes suivaient Philippe Rochet, président de Sabena Technics, constatant ses difficultés à circuler entre Paris et Mérignac, via le TGV plutôt que l'avion. 
Mais dans le même reportage, nous pouvons également voir Patrick Seguin, président de la CCI Bordeaux Gironde, y évoquer le fait que la Direction de Dassault Aviation pourrait revoir ses plans quant au rapatriement de bureaux d'études sur Mérignac.


Car Dassault comptait bien investir sur le territoire, dans une logique de rapprochement de ses cadres vers les sites de production. A compter de 2021, un bâtiment tertiaire accueillera sur le site de Dassault Aviation à Mérignac les équipes d'étude, de développement et de soutien après-vente pour les activités civiles et militaires de l'avionneur. Cela doit se traduire par un nombre non-négligeable de transferts de postes parisiens vers l'agglomération bordelaise, mais aussi des recrutements.

Eric Trappier, PDG, déclarait il y a un an lors de la pose de la première pierre: « Cette réalisation ambitieuse marque notre volonté de rapprocher une partie des équipes qui conçoivent et soutiennent nos avions de celles chargées d’en assurer la production finale. Elle favorisera le travail collaboratif, avec la mise en œuvre du bureau d’études étendu. Le principe est d’intégrer encore davantage, quand cela est nécessaire, et ce dès la phase de conception, tous les métiers qui interviennent dans le cycle de vie du produit. Plus qu’une nouvelle construction, ce bâtiment est donc l’un des moyens de repenser le fonctionnement des activités de Mérignac et de Saint-Cloud. Nous en attendons une meilleure interaction entre les compétences techniques, la connaissance des produits et le service des clients ».

La capacité totale sera de 1 500 postes de travail avec 24 espaces collaboratifs modulaires et neuf plateaux projets. Sont également prévus des espaces VIP pour les clients civils et militaires, un centre de commandement Falcon, des salles pour bancs systèmes avions, un centre de réalité virtuelle, un centre de réalité immersive et un auditorium.

Lire sur le blog: Dassault Aviation s'étend à Mérignac



Tout cela est il désormais remis en cause ? Probablement pas (la construction du bâtiment est déjà avancée), mais il est certain qu'il s’avérera encore plus difficile de faire venir des cadres sur Bordeaux. Cela l'était déjà, contrairement aux idées reçues.

Les acteurs économiques réclament donc le maintien d'une liaison quotidien minimale, avec vols le matin, et le soir.
De plus, même sans la navette Air France, et comme la nature a horreur du vide, le créneau pourrait vite être comblé par la concurrence européenne. 

C'est bien là un grand défi pour les territoires: se battre pour exister économiquement tout en respectant les engagements écologiques. 
Le tourisme, dont Bordeaux est devenue largement dépendante (trop ?), étant réduit à néant pour une période de court ou moyen terme, il s'agirait de ne pas torpiller le développement économique dans l'industrie, en particulier de l'aérospatial, pourvoyeuse d'emplois et de retombées financières non-négligeables.


lundi 15 juin 2020

Florence Parly chez Safran Helicopter Engines... pour rassurer


Jeudi 11 juin, soit deux jours après l'annonce du plan de relance étatique pour l'aéronautique, la ministre des Armées Florence Parly s'est rendue à Bordes près de Pau, chez le motoriste Safran Helicopter Engines. Pour rappel, le plan de relance comporte des dizaines d'hélicoptères, tous motorisés par l'ex-Turbomeca.

Images: Safran


La reprise. Non, la relance, mobilise grandement les ministères des Armées et de l'Intérieur, avec l'affermissement de commandes aéronautiques pour près de 800 millions d'euros. Parmi celles-ci, 8 Caracal pour l'armée de l'Air, 2 H145 pour la Sécurité Civile, et 10 H160 pour la Gendarmerie.



Ces hélicoptères, tous produits par Airbus (assemblage à Marignane), sont également tous motorisés par la filiale du Groupe Safran, ex-Turbomeca: Safran Helicopter Engines.   

20 hélicoptères, tous biturbines, c'est donc 40 moteurs Makila/Arriel/Arrano qui seront produits à Bordes, au sein de l'usine dernier cri de Safran HE. 
Surtout, pour le Gouvernement, c'est avec ce plan de relance un apport d'activité pour ces usines et leur supply chain, qui devraient assurer le maintien de plus d'un millier d'emplois qualifiés. 


Et dans le Béarn donc, à la fois l'industriel comme la ministre se sont montrés enthousiastes quant à l'avenir de la filière, madame Parly rappelant notamment que s'agissant de défense et de sécurité, les hélicoptères demeuraient une pièce maîtresse des différents dispositifs français, faisant même référence à l’élimination récente du chef d'Al Quaïda en bande sahélo-saharienne. 


mercredi 10 juin 2020

Plan de relance aéronautique: le MINARM fait de la réassurance


Partie prenante du plan de relance aéronautique de 15 milliards d'euros lancé par l'Etat suite à la crise de la Covid-19, la Défense joue son rôle en affermissant plusieurs commandes, dont le calendrier est avancé. Airbus et Safran, les plus gros employeurs du secteur en France, en sortent confortés, mais c'est bien sur la supply chain que l'attention est portée.

Ci-dessus: confirmation de la commande par le MINARM de 3 ravitailleurs MRTT supplémentaires, la cible passant de 12 à 15. Avec son kit Morphee, le Phénix a d'ailleurs rendu de fiers services durant la pandémie. 


Les observateurs auront remarqué dès lundi, veille de l'annonce du plan de relance aéronautique, que la ministre des Armées Florence Parly était annoncée présente aux côtés de Bruno Le Maire. Et si rien n'avait fuité sur des annonces concernant l’aéronautique militaire, on pouvait alors légitimement imaginer quelques pistes pour cette fameuse relance... et pourquoi pas rêver par exemple à la fameuse et toujours attendue 5eme tranche de Rafale.

Ce 9 juin donc, Bruno Le Maire présentait un -nouveau- plan de 15 milliards d’euros destinés au secteur aéronautique français, Airbus en premier lieu, qui souffre évidemment de l'effondrement total de l'activité aérienne commerciale.
Il est évidemment vital de préserver ce fleuron de l’industrie nationale, l'un des seuls domaines où la France fait jeu égal avec les USA et peut contester la place de leader mondial.


Sur ces 15 milliards, 7 vont déjà sous forme de prêts à Air France/KLM. Le reste est principalement destiné à assurer les mesures de chômage partiel afin d'éviter, au possible, les licenciements.

Si la crise a fracassé les perspectives de croissance faramineuses du secteur, ce sont surtout les sous-traitants, PME et TPE, qui risquent le plus, par manque de robustesse et de diversification. Un problème endémique du secteur. Un grand donneur d'ordre comme Airbus ou Safran revoit ses perspectives à la baisse... et c'est sur le bas de la chaîne que l'impact ressenti est le plus grand.
C'est dans ce but, soutenir la transformation des petits, qu'un fonds d’investissement de 500 millions d’euros (pour 1 milliard à terme) est créé et soutenu par l'Etat (BPI France) et les grands groupes du GIFAS (Airbus, Dassault Aviation, Safran et Thales).

Au final, le plan est assez simple et se résume par l'aide massive à la modernisation, support à la R&D, transformation digitale... avec au centre un programme phare: l'aviation (civile) décarbonée en 2035. Ceci serait réalisé via la technologie ambitieuse des carburants à hydrogène. C'est un pari... très, voire trop ambitieux certes... mais probablement nécessaire et finalement stimulant pour une génération entière d'ingénieurs. 

Plan de relance aéronautique détaillé à découvrir ICI



Et la Défense dans tout ça !?

Beaucoup d'annonces, mais peu de surprises. L'Etat affermit en fait plusieurs commandes qui devaient être passées dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire. En prenant de l'avance sur le calendrier, le MINARM fait donc dans la "réassurance" en confortant ses fournisseurs. 

Ce sont donc 600 millions d’euros qui vont alimenter ce plan de relance, avec dans le détail: 
  • 3 Airbus A330 MRTT Phoenix
  • 8 H225M Caracal pour l'armée de l'Air (en remplacement de Puma, dossier évoqué sur ce blog)
  • un 3ème ALSR (avion de surveillance)
  • 50 millions d'euros pour le programme système de mini-drone marine (SMDM)

Ceci dit, la pandémie aurait eu raison d'un autre dossier, qui nourrissait bien des espoirs: la commande, ou plutôt la location d'hélicoptères lourds Chinook. Les marges disponibles n'existeraient tout simplement plus, surtout s'agissant d'enrichir l'industrie extra-européenne.

Selon Florence Parly, « cette anticipation nous permettra de sauvegarder plus de 1200 emplois pendant 3 ans, et cela, partout en France. Ces commandes bénéficieront pour moitié aux sous-traitants des grands industriels. »
Le MINARM joue donc le rôle de garant, mais avec tout de même une exigence: le ruissellement sur toute la chaîne de sous-traitance, et le maintien de l'emploi.

Aussi, le fonds d'investissement Definvest passe de 50 à 100 millions d'euros afin de préserver des entreprises stratégiques, notamment d'une prédation étrangère. 


La surprise vient finalement du ministère de l'Intérieur qui commande: 
  • deux hélicoptères Airbus H145 destinés à la sécurité civile (en remplacement de 2 EC-145 perdus);
  • et surtout dix H-160 pour la gendarmerie. Un appareil ultra-moderne pour venir remplacer les Écureuil.







lundi 25 mai 2020

Dépistage massif à l'ENSOA de Saint-Maixent


Le Covid dans les armées, suite. On apprend ce lundi 25 mai qu'une campagne de dépistage débute aujourd'hui au sein de l'Ecole nationale des sous-officiers d'active de Saint-Maixent-L'Ecole, dans les Deux-Sèvres.


Ce sont 1 800 personnes qui vont être dépistées sur le site de l'Ecole nationale des sous-officiers d'active (ENSOA) de Saint-Maixent-L'Ecole. En effet, trois cas de Covid-19 ont été identifiés la semaine dernière, ont annoncé les autorités (Préfecture et Agence régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine).

Ces cas seraient tous asymptomatiques, mais entraînent cependant une campagne de dépistage au sein de l'institution, mais également à l'extérieur auprès de dizaines de contacts. 

Selon l'ARS, "les personnes contaminées sont des instructeurs qui avaient vocation à croiser la totalité des 300 élèves qui étaient là jusqu'au 13 mai".

Les tests seront réalisés avec l’aide des équipes de l’ENSOA, de son centre médical des armées, de l'hôpital de Niort et du CHU de Poitiers, avec le renfort d'infirmiers du Service départemental d'incendie et de secours. Les analyses seront réalisées par le CHU de Poitiers et les résultats définitifs connus en fin de semaine.

De son côté, l'armée de Terre prend toutes les mesures pour un retour à la normale progressif.


lundi 11 mai 2020

Résilience : l'EMR de Mulhouse va prendre la direction de Mayotte


L’hôpital de campagne "EMR" du Service de Santé des Armées avait été déployé à proximité de l’hôpital civil de Mulhouse au début de la crise du Covid-19. D'une capacité de 30 lits, il a accueilli jusqu'à 27 patients simultanément, soulageant les capacité de réanimation de l’hôpital public. Il n'héberge désormais plus aucun patient et s'apprête à être démantelé. Une section va cependant partir renforcer Mayotte. 


La baisse de la tension sur le système hospitalier français a un impact direct sur l'opération Résilience. En effet, n’accueillant désormais plus aucun patient, l'EMR installé à Mulhouse sera démonté dans les prochains jours. Une partie a même déjà été ôtée le 18 avril. 

C'est une information qui a été confirmé ce lundi 11 mai par la ministre des Armées Florence Parly. Auditionnée en compagnie de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, par la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée Nationale, elle a confirmé que l'Élément militaire de réanimation du Service de santé des armées n'était plus nécessaire et serait entièrement démantelé d'ici au 20 mai. 

Le dernier patient a été transféré le 7 mai. Pour rappel, l'EMR a pris en charge à partir du 23 mars jusqu'à 27 patients lourds (pour une capacité de 30 lits).

Toutefois, la mission ne s'arrête pas là pour le SSA puisqu'une partie de l'EMR, équivalente à 10 lits, va rejoindre l'île de Mayotte. L'acheminement se fera grâce à deux rotations d'A400M avant la fin du mois de mai. Mayotte est en effet aujourd'hui un cluster départemental qui inquiète. L'île bénéficie déjà d'un pont aérien militaire et du soutien du PHA Mistral de la Marine Nationale, qui multiplie les navettes avec La Réunion.