Partie prenante du plan de relance aéronautique de 15 milliards d'euros
lancé par l'Etat suite à la crise de la Covid-19, la Défense joue son rôle
en affermissant plusieurs commandes, dont le calendrier est avancé. Airbus
et Safran, les plus gros employeurs du secteur en France, en sortent
confortés, mais c'est bien sur la supply chain que l'attention est
portée.
Ci-dessus: confirmation de la commande par le MINARM de 3 ravitailleurs
MRTT supplémentaires, la cible passant de 12 à 15. Avec son kit Morphee, le
Phénix a d'ailleurs rendu de fiers services durant la pandémie.
Les observateurs auront remarqué dès lundi, veille de l'annonce du plan de
relance aéronautique, que la ministre des Armées Florence Parly était annoncée
présente aux côtés de Bruno Le Maire. Et si rien n'avait fuité sur des
annonces concernant l’aéronautique militaire, on pouvait alors légitimement
imaginer quelques pistes pour cette fameuse relance... et pourquoi pas rêver
par exemple à la fameuse et toujours attendue 5eme tranche de Rafale.
Ce 9 juin donc, Bruno Le Maire présentait un -nouveau- plan de 15 milliards
d’euros destinés au secteur aéronautique français, Airbus en premier lieu, qui
souffre évidemment de l'effondrement total de l'activité aérienne commerciale.
Il est évidemment vital de préserver ce fleuron de l’industrie nationale, l'un
des seuls domaines où la France fait jeu égal avec les USA et peut contester
la place de leader mondial.
Sur ces 15 milliards, 7 vont déjà sous forme de prêts à Air France/KLM. Le
reste est principalement destiné à assurer les mesures de chômage partiel afin
d'éviter, au possible, les licenciements.
Si la crise a fracassé les perspectives de croissance faramineuses du secteur,
ce sont surtout les sous-traitants, PME et TPE, qui risquent le plus, par
manque de robustesse et de diversification. Un problème endémique du secteur.
Un grand donneur d'ordre comme Airbus ou Safran revoit ses perspectives à la
baisse... et c'est sur le bas de la chaîne que l'impact ressenti est le plus
grand.
C'est dans ce but, soutenir la transformation des petits, qu'un fonds
d’investissement de 500 millions d’euros (pour 1 milliard à terme) est créé et
soutenu par l'Etat (BPI France) et les grands groupes du GIFAS (Airbus,
Dassault Aviation, Safran et Thales).
Au final, le plan est assez simple et se résume par l'aide massive à la
modernisation, support à la R&D, transformation digitale... avec au centre
un programme phare: l'aviation (civile) décarbonée en 2035. Ceci serait
réalisé via la technologie ambitieuse des carburants à hydrogène. C'est un
pari... très, voire trop ambitieux certes... mais probablement nécessaire et
finalement stimulant pour une génération entière d'ingénieurs.
Plan de relance aéronautique détaillé à découvrir ICI
Et la Défense dans tout ça !?
Beaucoup d'annonces, mais peu de surprises. L'Etat affermit en fait plusieurs
commandes qui devaient être passées dans le cadre de la Loi de Programmation
Militaire. En prenant de l'avance sur le calendrier, le MINARM fait donc dans
la "réassurance" en confortant ses fournisseurs.
Ce sont donc 600 millions d’euros qui vont alimenter ce plan de relance, avec
dans le détail:
- 3 Airbus A330 MRTT Phoenix
- 8 H225M Caracal pour l'armée de l'Air (en remplacement de Puma, dossier évoqué sur ce blog)
- un 3ème ALSR (avion de surveillance)
-
50 millions d'euros pour le programme système de mini-drone marine
(SMDM)
Ceci dit, la pandémie aurait eu raison d'un autre dossier, qui
nourrissait bien des espoirs: la commande, ou plutôt la location
d'hélicoptères lourds Chinook. Les marges disponibles n'existeraient tout simplement plus, surtout
s'agissant d'enrichir l'industrie extra-européenne.
Selon Florence Parly,
« cette anticipation nous permettra de sauvegarder plus de 1200 emplois
pendant 3 ans, et cela, partout en France. Ces commandes bénéficieront pour
moitié aux sous-traitants des grands industriels. »
Le MINARM joue donc le rôle de garant, mais avec tout de même une exigence: le
ruissellement sur toute la chaîne de sous-traitance, et le maintien de
l'emploi.
Aussi, le fonds d'investissement Definvest passe de 50 à 100 millions d'euros
afin de préserver des entreprises stratégiques, notamment d'une prédation
étrangère.
La surprise vient finalement du ministère de l'Intérieur qui
commande:
- deux hélicoptères Airbus H145 destinés à la sécurité civile (en remplacement de 2 EC-145 perdus);
- et surtout dix H-160 pour la gendarmerie. Un appareil ultra-moderne pour venir remplacer les Écureuil.

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