Le droniste bordelais MILTON, racheté et intégré au groupe Etienne Lacroix depuis l'automne 2023, présentait au salon SOFINS la dernier né de sa gamme de drones tactiques, le Sky Watcher. Voulu aussi polyvalent que modulaire, le système prouve que la filière française est enfin en mesure de répondre aux besoins d'un marché bouleversé depuis la guerre en Ukraine.
Projet dévoilé, mais pas vraiment montré (phase de prototypage) à Eurosatory en juin 2024, le mini-drone Sky Watcher de Milton a été présenté au salon des forces spéciales SOFINS 2025, début avril. Il s'agit du troisième drone tactique pour la PME bordelaise d'une trentaine de salariés -dont 15 ingénieurs- qui a été rachetée en 2023 par le groupe de défense Etienne Lacroix.
Pour développer son nouveau produit, Milton a bien évidemment pris en compte le retour d'expérience du conflit ukrainien, avec un appareil qui se veut à la fois robuste (électroniquement parlant) et ultra fiable, tout en étant extrêmement modulaire et facile à produire. Son autonomie est d'une heure jusqu'à 10 kilomètres, avec une capacité d'emport de "plusieurs kilos" (autour de 3 a priori, en plus de la boule optronique).
Niveau emport justement, c'est sa modularité qui doit faire sa force en termes de charges utiles tactiques : boule optronique (le catalogue est varié), charge ROEM (renseignement d'origine électromagnétique), et le fameux DLC, un dispositif de libération de cartouches capable de délivrer différents types de grenades de 40 ou 56mm, fumigènes, incapacitantes, ou même si besoin, potentiellement létales.
A noter que Milton travaille d'arrache bien sur la robustesse de ses liaisons de données. Il n'est à ce stade pas envisagé de doter le drone d'un système filaire à fibre optique comme on peut le voir sur le front ukrainien, un des seuls moyens infaillibles face au brouillage.
Des efforts de R&D, au niveau de la miniaturisation notamment, ont spécifiquement été fournis par l'entreprise afin d'intégrer des capteurs & antennes GNSS. Les équipes ont également développé un nouveau système de “batterie intelligente” avec un partenaire français (tout le système est naturellement ITAR FREE).
Comme tous les drones de Milton (LRO, SkyKeeper) le Sky Watcher sera opéré à partir de l’une des trois stations sol de la gamme GCS Milton. Les logiciels (opérations, simulation, formation) sont aussi développés par l'entreprise. Ils intègrent d'ores et déjà les cas de figure de pilotage en essaims.
Le Sky Watcher sera commercialisable dès la fin de cette année 2025.
Une filière drones française enfin structurée ?
Dans les allées du SOFINS, il y avait un certain nombre de drones, mais pas autant qu'on pourrait le penser, d'autant plus que finalement, ils sont peu parmi les Français à avoir atteint la maturité nécessaire en termes de R&D comme d'offre commerciale sur ce segment. Surprenant, quand on sait que la filière drones a eu plus d'une décennie pour se développer après les terrifiants constats d'échec du début des années 2010. Au tournant de 2020, elle [la filière] semblait pourtant encore se chercher, et c'est le grand bouleversement apporté par l'invasion de l'Ukraine en 2022 qui a changé la donne.
Désormais, les objectifs, ou plutôt devrais je dire les exigences, ont changé, alors que l'Etat entend expérimenter à tout va. Les produits (et cela concerne en particulier les drones, soudainement devenus la nouvelle AK-47 du combat futur) doivent non seulement répondre à des besoins, des missions prioritaires sur le terrain des opérations, mais aussi offrir des capacités de modularités, d'évolution rapides (une technologie peut aujourd'hui être obsolète en un mois sur le front ukrainien), et bien entendu de production de masse sans précédent. S'agissant de cette dernière question, le prix devient de facto un argument clé à l'heure du low cost et du "consommable". Chez Milton, on assure ne pas être très éloigné des prix pratiqués par les Chinois.
Et tandis que les grands de l'aéronautique, comme Thales, Safran ou Airbus ont dû s'adapter, voire se réinventer (certains d'entre eux n'ont d'ailleurs pas du tout terminé ce cheminement), des acteurs comme Milton avec Eugène Lacroix, ou tout dernièrement Hexadrone avec Rivolier, ont eu la chance d'intégrer de solides projets au sein d'ETI qui cherchaient à mettre un pied dans ce domaine forcément porteur, car stratégique, ce qui leur apporte enfin la colonne vertébrale nécessaire à un développement plus serein, centré sur l'innovation permanente.
On pensera également à d'autres entreprises, comme EOS ou Delair, qui ont su convaincre et embarquer dans des programmes structurants de l'Agence de l'Innovation de Défense, sous la tutelle de grands comme MBDA et KNDS. La preuve avec ce dernier point que ce segment du ciel est désormais mieux appréhendé par les spécialistes du combat (aéro)terrestre que par ceux de l'aéronautique ? Nous aurons l'occasion de nous reposer la question au prochain salon du Bourget.
Pour ce qui nous concerne sur le blog, les drones continueront de rester un sujet tout au long de cette année, puisque se déroule à la rentrée prochaine à Bordeaux une nouvelle édition du salon UAV Show, où le militaire prendra une place certaine, et même inédite pour cet événement. Nous y retrouverons quelques locaux, dont la prometteuse start-up Aeryx Systems.
Ci dessous en image sur le salon, le Sky Watcher de Milton, ici replié et équipé :
Autre exemple de système prometteur, chez Hexadrone (source Mars Attaque blog):
Mais aussi, la munition rodeuse Toutatis de Thales, qui se tire depuis un mortier :
RépondreSupprimer"On en parlera quand il faudra porter quelque chose de lourd", c'est le conditionnement physique du soldat qui est bouleversé par l'évolution des drones de logistique...
De quoi bousculer les attendus du métier de soldat ?
https://audioblog.arteradio.com/blog/153024/podcast/165139/on-en-parlera-quand-il-faudra-porter-quelque-chose-de-lourd-le-conditionnement-physique-du-soldat-entretien-avec-ryan-noordally
Et fait évoluer les menaces...
"https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/04/11/pesticides-les-epandages-par-drones-autorises-en-france-pour-les-substances-a-faibles-risques_6594029_3244.html
Le leader chinois est à un emport annoncé de 30kg:
Supprimerhttps://www.aerobuzz.fr/breves-aviation-generale/dji-lance-son-premier-drone-de-livraison-a-lechelle-mondiale/
L'important c'est de résister à la guerre électronique (brouillage) comme les drones de DELAIR:
Supprimerhttps://www.lefigaro.fr/international/en-ukraine-des-drones-toulousains-resilients-qui-resistent-au-brouillage-20250413
Å l'instar de ce qu'il se passe entre l'Inde et la Chine sur leur frontière commune, il y a des drones différents pour différentes missions...
RépondreSupprimerhttps://asialyst.com/fr/2017/12/18/inde-chine-jeux-drones-himalaya/
Nous avons des nouvelles pour la munition TOUTATIS:
RépondreSupprimerhttps://www.forcesoperations.com/demonstration-et-production-a-lhorizon-pour-la-munition-teleoperee-toutatis/