Du 25 au 27 septembre se déroule sur la base aérienne 106 de
Bordeaux-Mérignac la première édition du salon AD2S, dédié aux
"activités technico-opérationnelles" dans l'aéronautique de défense. Ou en
d'autres termes, au MCO, le maintien en condition opérationnelle. Une
question qui a toujours été centrale, mais dont les fondements sont
bousculés par l'évolution du contexte stratégique international.
Il faut un -tout petit- peu de mémoire pour se rappeler que AD2S (Aerospace
& Defence Support and Services), dont c'est officiellement la première
édition en 2024, ne naît pas de rien, et se situe dans la filiation quasi
directe (même thème, même lieu, certains organisateurs communs) d'un salon qui
avait pris une belle ampleur durant la décennie 2010.
Le salon ADS Show avait en effet culminé en 2018 avant que l'édition 2020 ne
soit purement et simplement annulée… pour cause de pandémie. Culminé à une
époque où, pour les armées françaises surengagées en opérations extérieures,
la question de la disponibilité des matériels aéronautiques était devenue
absolument cruciale, et sujette à d'importants travaux au niveau de l'Etat
Major ou de l'Assemblée Nationale. La Députée PS de la 6ème circonscription de
la Gironde, Marie Récalde -qui vient de retrouver ce poste en juillet- était
d'ailleurs co-autrice d'un rapport que nous avions détaillé sur ce
blog. Il en avait notamment découlé une grande réforme du MCO aéronautique,
dont l'un des principes était la verticalisation des contrats avec les
industriels, réforme qui semble être largement saluée aujourd'hui.
Les chiffres de la disponibilité se sont améliorés en effet, mais il faut
aussi dire que la longue parenthèse des "OPEX", africaines en particulier, est
pour le moment refermée.
Mais la renaissance, pour ainsi dire, de ce salon aquitain dédié à la
maintenance se déroule dans un contexte stratégique bouleversé. En
2024, la haute intensité n'est plus aujourd'hui un concept lointain, elle est
réelle, et aux portes de l'Europe.
Au milieu des centaines d'exposants et du millier de visiteurs attendu (dont
le ministre des Armées Sébastien Lecornu, ce jeudi), AD2S s'ouvrait donc ce
matin sur le sujet crucial de l'engagement majeur et des réponses apportées
par les forces armées et les industriels en matière de support.
Comme l'ont reconnu les grands commandants français du soutien aux opérations ce matin, "On ne parlait plus d'attrition dans les forces occidentales depuis des décennies". L'invasion de l'Ukraine a remis les responsables devant des réalités. Désormais, on identifie les points forts, ou faibles. On appuie là où ça fait mal, dans des exercices comme Orion, et sa déclinaison pour le MCO aéronautique Orionis. On joue (simule) en mode dégradé: un avion rentre de mission endommagé ? La force manque de munitions ? Soit. L'avion devra être de nouveau opérationnel en quelques heures. Et tant pis s'il n'est plus vraiment multirôle (au diable également les normes de sécurité aérienne). "Avec Orion nous sommes passés de soutenir l'entraînement des forces à entraîner les forces de soutien". Cette disparition d'un certain confort opérationnel en Occident impose de changer d'état d'esprit à niveau politique, militaire, industriel… mais aussi à l'échelle du citoyen (par exemple, ce dernier supporterait il des réquisitions en cas de crise majeure ?). Cette révolution doit être entretenue au quotidien désormais.
Allez, retour aux premiers amours, le MCO. Mais à l'époque -où je suivais régulièrement la problématique- la haute intensité c'était encore un avertissement. Aujourd'hui c'est à nos portes. #AD2S pic.twitter.com/Mcz2KmSZKK
— Thomas Schumacher (@PaxAquitania) September 25, 2024
Le cycle de conférence continuera en abordant jeudi et vendredi les sujets de
l'innovation et du facteur humain. Longue vie à AD2S !
Je note enfin qu'en bon salon néo-aquitain, AD2S est aussi l'occasion de
quelques annonces qui dépassent le simple cadre du support. Mais nous en
reparlerons dans les prochains jours.
La cour des comptes a fait un rapport assez abrupt sur le sujet...
RépondreSupprimerhttps://www.opex360.com/2024/09/10/cour-des-comptes-la-disponibilite-des-aeronefs-militaires-sameliore-mais-pas-assez-au-vu-des-moyens-engages/
"Orionis", pendant la phase 3 d'ORION en 2023 ?
RépondreSupprimerhttps://www.lepoint.fr/monde/l-armee-de-l-air-teste-la-maintenance-du-materiel-en-cas-de-guerre-de-haute-intensite-14-04-2023-2516305_24.php
Cela faisait-il 32 ans que l'on ne le jouait plus puisque "la guerre ne concernerait plus les pays européens" ?
Il n'y a pas que l'AAE, l'ALAT se souviendrait-elle pour ses 70 ans que les petits avions sont utiles comme en Indochine, alors que cela ne jurait que par le "tout hélicoptères" ces dernières décennies ?
Supprimerhttps://www.forcesoperations.com/au-9e-rsam-des-maintenanciers-du-ciel-sur-la-voie-de-loperationnalisation/
On verra bien ce que l'on retiendra de l'exercice BACCARAT en 2024...
https://www.forcesoperations.com/baccarat-revient-pour-une-premiere-edition-sous-la-banniere-du-capr/