Comme pressenti, le premier ministre grec Kyriakos Mitsokasis a annoncé samedi soir que le pays se doterait prochainement de 18 avions de combat français Dassault Rafale. Cette commande apparaît comme un fort signal politique en pleine crise avec la Turquie en Méditerranée Orientale. La Grèce cherche également des frégates.
Ci-dessus: l'aube d'une série de succès pour le Rafale en Europe ? - Armée de l'Air
C'est une première qu'on espérait, malgré l’échec en Belgique (qui a choisi le F-35), voir venir en Suisse, ou peut-être en Finlande... Mais c'est bien finalement la Grèce qui devient la première nation européenne à annoncer vouloir acquérir le fleuron de l’aéronautique militaire française, le Rafale. Mieux encore, avec la Grèce, le Rafale arrive chez un membre de l'UE, mais aussi et surtout de l'OTAN !
Grande utilisatrice des Mirage (comme tous les clients du Rafale d'ailleurs), l'armée de l'Air grecque passe donc au Rafale, avec 18 appareils, acquérant ici une véritable supériorité technologique face à la Turquie, qui elle s'est vue privée de ses futurs F-35 pour avoir acheté des systèmes anti-ariens russes S-400. Car en effet, avec le Rafale F3, ses capacités et son radar, vient également toute la gamme de missiles de MBDA.
Aussi, si on parle bien ici d'une commande de Rafale que le client entend maintenir sous les 2 milliards d'euros (selon des sources françaises), il faut rappeler que la Grèce, avec un budget annuel de la défense de 4,3 milliards d'euros, reste une très bonne élève en Europe si l'on se réfère à la fameuse norme des 2% du PIB.
Enfin, un client européen du Rafale, c'est bien évidemment un potentiel partenaire pour le SCAF. A noter que la Grèce a déjà coopéré avec grand succès sur le programme de démonstrateur de drone de combat furtif nEUROn.
Commande franco-française en vue: la « cinquième tranche », enfin !
Dassault Aviation, tout comme la ministre des Armées Florence Parly, ont salué le partenariat stratégique établi de longue date avec Athènes, et récemment renforcé. Cela se traduit comme vous l'aurez constaté par une coopération active des forces françaises en Méditerranée Orientale.
Et dans ce contexte particulier, la Grèce a annoncé un large renforcement de ses moyens militaires. Modernisations multiples, recrutement de 15 000 militaires, marché à venir pour 4 frégates. Sur ce dernier, la FDI de Naval Group conserve des chances sérieuses.
Mais contrairement à l'Inde, au Qatar, ou même à l'Egypte qui elle bénéficiait de garanties financières étrangères, la Grèce ne peut se permettre une commande de Rafale excédant les 2 milliards d'euros. C'est pourquoi la solution passe par une petite quantité d'appareils neufs, 6 à 8, accompagnés d'avions d'occasion prélevés dans l'armée de l'Air.
Certains artistes se sont déjà amusés à imaginer une livrée grecque pour le Rafale |
Or, en l'état actuel des choses, Dassault possède dans son carnet de commandes 68 Rafale: 40 à l'export (Inde et Qatar) et 28 pour la France, avec des livraisons France prévues pour reprendre en 2022.
Pour le ministère des Armées, l'enjeu qui se pose est donc de satisfaire l'allié grec sans amputer ses propres moyens... ce qui devrait passer par la commande de la très fameuse "cinquième tranche" de 30 appareils qu'attend l'armée de l'Air depuis des années, et non prévue dans cette LPM 2019-2025. Cette hypothèse ne faisait d'ailleurs pas partie du plan de relance post-COVID, ce qui a déçu chez les industriels. La cinquième tranche dépend donc aujourd'hui d'une commande export et du destin de ces avions d'occasion.
Première victoire en Europe, qui en appelle d'autres ?
Plus le temps passe, plus le Rafale gagne en maturité opérationnelle, et plus il devient intéressant financièrement de se le procurer. Des clients comme l'Inde, où il est officiellement entré dans les forces la semaine dernière, lui permettent de rayonner dans des régions entières... attirant forcément l'intérêt de nouveaux prospects (Indonésie ?).
Mais on parle bien aujourd'hui d'une première exceptionnelle avec cette victoire en Europe, et dans l'OTAN, d'autant plus que c'est ici le cas d'un pays pourtant promis au F-35.
Très symboliquement, la porte est ouverte pour de nouveaux succès. Si vous suivez ce blog ou l'actualité du Rafale, vous connaissez les dossiers Suisse (votation sur la question ce 27 septembre) et Finlandais. S'y ajoute désormais la Croatie, pour une potentielle commande de 12 Rafale. D'occasion, là encore. Une tendance ?
Sur la ligne d'assemblage à Mérignac, on peut donc se réjouir avec une production pour l'instant assurée jusqu'en 2025. En attendant les nouveaux succès qui viendront assurément.
L'armée de l'air et de l'espace fait face à un casse-tête:
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/international/article/2020/09/16/rafale-la-grece-sera-servie-avant-l-armee-de-l-air-francaise_6052331_3210.html
Pour le SCAF, les américains sont en embuscade:
https://theatrum-belli.com/scaf-interrogation-sur-la-bombe-nucleaire-americaine-b61/
On a bien vu les pays européens à l'oeuvre dans la gestion de la crise du COVID-19 et derniement en méditerranée orientale avec la Turquie:
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2020/09/16/lunion-europeenne-desarmee-face-la-turquie/
https://theatrum-belli.com/le-gaz-naturel-un-des-causes-de-lagressivite-turque-en-mediterranee/