Robotics Valley, Naval Campus... quels projets stratégiques pour la Région ?
Les élections Régionales approchent et seront l'occasion de lancer quelques nouvelles politiques d'envergure sur le territoire aquitain. Dans cette idée, deux filières en particulier attirent notre attention: la maintenance navale… et la robotique.
Ci-dessus: une application du célèbre Colossus de Shark Robotics - photo Pompiers de Marseille
Sur les questions économiques et industrielles, les six principaux candidats
aux Elections Régionales ont participé cette semaine à deux débats (liens
vidéos ci-dessous). L'occasion d'évoquer leur plan pour la relance post-covid,
la mobilité et son débat sur la LGV Bordeaux-Toulouse, l'écologie, la
formation professionnelle ou encore, pour l'aide aux entreprises, les
mécanismes de financement régionaux.
Comme on ne peut pas tout résumer ici, et que la politique n'est pas le sujet
de ce blog, je vous invite donc à visionner ces deux débats qui concentrent
une bonne partie des problématiques économiques.
Débat du 1er juin chez 20 Minutes:
Débat du 3 juin chez La Tribune:
Au global, il est assez naturellement question des filières fortes classiques
en Nouvelle Aquitaine: le tourisme, l'agriculture… la santé reviennent
souvent, l'environnement aussi bien sûr avec notamment du côté des écologistes
l'implantation d'éoliennes offshore flottantes au large de la côte
Atlantique. Chaque camp, évidemment, joue sur ses idéaux.
Mais sur le plan de la "tech" et de l'industrie, les discours sont finalement
assez peu développés, et à ce stade ne concernent pas la question des industries souveraines de défense, aéronautique (dommage car l'aéro-bashing touche la Région et est ici source d'un vrai débat) ou
spatiale. C'est pourquoi sur ce blog, et pour ce qui nous intéresse, nous
allons nous concentrer sur deux projets qui sont apparus plus clairement.
Faire de la Nouvelle Aquitaine l'étendard de la robotique
Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée en poste au ministère des Armées, et donc également candidate (MODEM) de la majorité présidentielle aux Régionales, place la robotique comme une absolue priorité de rang stratégique, car sociétale. L'idée est de créer en Nouvelle-Aquitaine la filière de référence en robotique. Au sens large: mécanique, matériaux, impression additive, électronique, mécatronique, photonique, capteur, cybersécurité, IA…
Comme l'aéronautique ou le spatial, la robotique est de ces filières qui permettent une infinité d'applications duales, avec des retombées financières et sur l'emploi. Elle intéresse autant les militaires que les chirurgiens, les agriculteurs que les pompiers… même les entreprises du New Space.
Elle pourra à l'avenir combler les manques dans les services à la personne, notamment chez les super seniors. Dans l'agriculture, les robots sont déjà capables de mener des tâches complexes et précises comme le désherbage, bientôt de lutter contre le gel la nuit. Ils y réduiront aussi la pénibilité. Pénibilité qui est à l'origine même aujourd'hui d'un déficit sans précédent des recrutements chez les producteurs, y compris en saison.
On parle en réalité ici d'une grande entreprise de structuration qui s'appuierait tout d'abord sur les forces existantes. La ministre cite d'ailleurs ouvertement Shark Robotics à La Rochelle, mais d'autres champions sont déjà prêts à embarquer, y compris dans le monde du drone… qui lui d'ailleurs a souffert d'un large défaut de structuration de sa filière dans les années 2010.
Robotics Valley serait dans la filiation directe d'Aerospace Valley (qui a le statut de pôle de compétitivité), qui est elle fortement implantée en Nouvelle-Aquitaine, mais reste une création toulousaine. Robotics Valley aurait sa propre identité territoriale.
Expérimentation dans l'armée de Terre avec la mule Barakuda de Shark Robotics
De plus, qui dit robotique dit avancées et mêmes ruptures dans la recherche, et en particulier l'Intelligence Artificielle. Robotics Valley associerait outre la R&D des entreprises, des labos de recherche, les Universités.
La principale critique contre ce projet vient de la candidate LFI Clémence Guetté (du moins, lors des débats), pour qui la
mécanisation/robotisation est une menace pour les emplois. Geneviève Darrieussecq répond à cette inquiétude par l'argument - tout à fait classique - de la création d'emplois hautement qualifiés. Mais également par sa volonté de créer un lycée de la robotique, d'instaurer son enseignement dans tous les établissements, avec des filières de formation entre les BTS, les IUT, les écoles d’ingénieurs et la formation continue.
A ce stade, logique électorale oblige, nul ne sait dans quelle mesure ce projet pourra aboutir, mais sur ce blog, nous sommes convaincus qu'il y a là, dans ce domaine précis, effectivement une fenêtre de tir stratégique pour la Région. La robotique est un secteur qui file droit vers le point de rupture technologique, dans la défense comme dans la société civile. La révolution est en cours et alors que d'autres pays européens ont lancé les grandes manœuvres de structuration (le géant allemand KMW vient de prendre 25% de l'estonien Milrem), la Nouvelle Aquitaine doit saisir sa chance et jouer les bonnes cartes dont elle a la chance de disposer aujourd'hui.
Naval Campus, un projet dans les cartons depuis plusieurs années
La formation demeure problématique en NA, et ce malgré les efforts engagés depuis plusieurs mandats. En effet, même des filières très porteuses comme l'aérospatial sont confrontées à une tension sur le recrutement. Une situation que la crise du COVID va probablement faire empirer tant les parcours de formation ont été perturbés depuis un an.
Toutefois, le Président de Région sortant, Alain Rousset (PS), compte surfer sur l'immense réussite que constitue Aerocampus Aquitaine pour réitérer dans un autre domaine que la maintenance aéronautique*: le naval. En l'occurrence, la maintenance navale. Acteurs publics et privés de l’industrie navale (c'est peu connu, mais la région concentre de superbes entreprises, y compris Naval Group dans le militaire) seront réunis autour d’un campus largement dédié à la formation professionnelle et à l'innovation, au service d'une filière d'excellence pour la nation.
Ce campus naval n'est pas une idée nouvelle, le projet a même été validé l'hiver dernier. Alain Rousset en parle depuis longtemps, mais ce prochain mandat devrait marquer l'accélération du projet, au grand profit de la Charente Maritime, sur un axe Rochefort - La Rochelle.
*citons également le projet de Ferrocampus à Saintes (horizon 2025), dédié aux métiers du ferroviaire, avec de belles perspectives en termes de nouvelles technologies.
L'armée de terre française comptait beaucoup sur l'entreprise estonienne Milrem: https://blablachars.blogspot.com/2021/01/la-journee-de-la-mule.html
Dont 25% du capital vient d'être acheté par l'allemand KMW: https://air-cosmos.com/article/drones-terrestres-lallemand-kmw-entre-25-dans-le-capital-de-milrem-robotics-24932
L'armée de terre française comptait beaucoup sur l'entreprise estonienne Milrem:
RépondreSupprimerhttps://blablachars.blogspot.com/2021/01/la-journee-de-la-mule.html
Dont 25% du capital vient d'être acheté par l'allemand KMW:
https://air-cosmos.com/article/drones-terrestres-lallemand-kmw-entre-25-dans-le-capital-de-milrem-robotics-24932