L'arrivée sur la base aérienne 709 de Cognac des deux Avions légers de surveillance et de renseignement VADOR permet la réactivation de l’escadron 4/33 « Périgord », 78 ans après sa mise en sommeil ! Cognac se renforce comme pôle majeur du renseignement français d'origine aérienne, d'autant plus que le Vador comme le drone Reaper pourraient jouer un rôle en zone Indopacifique à relativement court terme.
Images: armée de l'Air et de l'Espace.
Le programme "ALSR" (Avions légers de surveillance et de renseignement) est un dossier qui n'aura pas connu un développement des plus harmonieux. Commandé à initialement deux, puis deux +1 exemplaires, les premiers appareils ont été livrés en 2020 à Evreux, où ils étaient basés au sein de l'escadron 1/54 « Dunkerque ».
Ces petits avions discrets, des Beechcraft 350, transformés par les industriels Thalès et Sabena pour les missions de renseignement -et donc désormais bardés de capteurs IMINT & ROEM- ont ensuite pris le nom de code « VADOR » : Vecteur aéroporté de désignation, d’observation et de reconnaissance.
Tout ne s'est pas exactement passé comme prévu cependant, avec en 2021 la constatation que les performances du système, et notamment de sa boule optronique FLIR Systems, ne donnaient pas les résultats attendus, et ce notamment en comparaison de ceux obtenus grâce aux sociétés privées avec lequel le ministère avait l'habitude de collaborer jusque là dans ce domaine. Résultat: une mise en service opérationnelle retardée pour les Vador, qui attendent toujours leur nouvelle boule optronique fournie par Safran cette fois-ci (une EUROFLIR 410D).
Aussi, signalons que si un 3ème appareil arrivera bien dans les forces en 2026, la Loi de programmation militaire 2024-2030 a fait l'impasse sur l'achat des 5 autres avions un temps prévus (la flotte Vador aurait donc été de 8). Une conséquence directe des mésaventures du programme, l'opérateur final préférant visiblement avoir directement recours à des services externalisés, et menaçant même de reléguer l'ALSR à des missions de formation…
Pour ce qui est des autres appareils de renseignement aérien attendu, le programme des Falcon Archange (sur base 8X) semble avoir pris du retard puisque les 3 appareils ne sont plus attendus qu'en 2028, 2029 et 2030. Ils viendront remplacer les 2 Transall C-160G « Gabriel » retirés du service au printemps 2022. En attendant, la solution intérimaire viendra là encore du secteur privé, avec la location chez CAE Aviation d'un Saab 340 équipé pour le renseignement.
Cognac centre névralgique de la mission renseignement en temps réel de l’armée de l’Air
Voilà donc nos 2 Vador, puis bientôt 3, à Cognac où ils ont été accueillis le 21 août. Ce mouvement est la concrétisation d'une volonté ancienne de concentrer les appareils légers de surveillance sur la BA 709. L'implantation devient ainsi, selon l'armée de l'Air et de l'Espace, « un pôle ‘renseignement’ en temps réel, favorisant ainsi la synergie et le partage d’expérience avec les équipages de drone Reaper de la 33ème ESRA » (escadre de surveillance, de reconnaissance et d'attaque).
Pour l'occasion, l’escadron 4/33 « Périgord », mis en sommeil depuis 1945 (!) est réactivé, et côtoiera donc sur place le « Belfort » et ses drones Reaper. Il aura pour mission de « recueillir, intercepter, analyser et fusionner des informations multi-capteurs afin d’éclairer les décideurs du niveau tactique au niveau stratégique », nous dit le communiqué de l'armée de l'Air.
Des drones Reaper en zone IndoPacifique ?
Et maintenant ? Quelles missions pour le Périgord, le Belfort, et la 33ème ESRA ? On sait déjà que les Vador peuvent aller renifler du côté du flanc est de l'Europe, et de la Mer Noire, mais un théâtre encore plus éloigné pourrait leur être confié.
Et il ne s'agit pas de l'Afrique… d'autant plus que la base de Niamey au Niger, où sont basés les drones Reaper au Sahel, n'est pas promise à un grand avenir si l'on en croît les récentes évolutions politique et géopolitiques dans cette région.
Dans un riche entretien mené par le journaliste Jean-Marc Tanguy auprès du Chef d'Etat-Major de l'armée de l'Air et de l'Espace, et publié par Air&Cosmos le 14 août dernier, le général Stéphane Mille a indiqué sa volonté de voir le déploiement d'ALSR, et pourquoi pas de drones Reaper, sur le théâtre IndoPacifique, et cela dès 2025 !
On le sait, la zone, qui s'étend côté français de Mayotte jusqu'en Polynésie, manque de moyens à même de renforcer la crédibilité de nos forces armées, et par la même de toute notre diplomatie/stratégie pour la région. La mise à disposition rapide de moyens Air -plus légers qu'un plot chasse pas forcément utile dans l'immédiat- pourrait en effet tenter les décideurs politiques.
Lire sur le blog: La France, puissance européenne dans l'IndoPacifique ?
L'idée serait donc selon le CEMAAE de disposer à l'Outre-Mer de vecteurs de renseignement pour « orienter le travail de la Marine Nationale », elle qui attend avec impatience de nouveaux moyens (POM, Falcon Albatros...). Des propos assez mal reçus au sein de l'écosystème marin. La Marine qui se verrait bien, d'ailleurs, plutôt recevoir ses propres drones MALE, mieux adaptés à l'environnement maritime (ce qui n'est pas forcément le cas du MQ-9 Reaper, adepte du temps sec, par rapport à ses évolutions plus récentes). Joute d'influence en vue entre Etats-Majors ?
A moins que ce ne soit des drones, oui, mais américains ?
RépondreSupprimerTrois priorités pour General Atomics en France : leasing de SkyGuardian à la marine pour surveillance maritime ; nouvelles charges utiles Reaper pour l'AAE; à + long terme, propose le SkyGuardian version STOL pour les porte-hélicoptères Mistral :
https://www.challenges.fr/entreprise/defense/drones-comment-general-atomics-veut-rester-le-numero-un_858663
Verra-t'on l'AAROK dans l'AAE à la place du Reaper, un jour ?
Supprimerhttps://www.opex360.com/2023/10/06/drone-male-francais-aarok-larmee-de-lair-et-de-lespace-est-prete-a-payer-pour-voir/
Du vent de la part de l'armée de l'air pour souffler dans les voiles de la Marine Nationale...
RépondreSupprimerhttps://www.opex360.com/2023/10/01/larmee-de-lair-pourrait-envoyer-des-avions-legers-de-renseignement-vador-dans-la-region-indo-pacifique/
L'autonomie des ALSR VADOR n'est pas bien grande: 2 600 km.
Pas de radar de recherche ou capable d’imagerie, juste de l’electro-optique. Pas de systeme de mission intégré pour la surveillance maritime;
Pas de recepteur AIS;
Pas de connexion avec les bases de données ( IMO par exemple).
Comptez 20 a 30 milles nautiques de portée par beau temps. Mais on ne fait pas une patrouille comme ça.
Imaginez examiner un tableau de David de la Grande Galerie du Louvre a travers un tuyau de 2 mètres de long et 5 cm de diamètre.
Pas facile pour localiser un personnage précis.
Enfin pour la partie communications, il y a pas mal de trous dans la raquette mais je ne détaillerai pas.
Ce sera donc plutôt les REAPER:
RépondreSupprimerhttps://www.opex360.com/2024/07/13/ocean-indien-des-drones-reaper-pourront-etre-ponctuellement-deployes-a-la-reunion/