La startup The Exploration Company, basée à la fois à Munich et à Mérignac, n'a qu'un an et demi d'existence. Sa trajectoire est pourtant nominale. En effet, l'entreprise qui entend commercialiser un véhicule spatial de fret vient de lever 40,5 millions d’euros. Un record en Europe, et une exception dans le monde.
Illustration: la capsule "Nyx" de The Exploration Company.
Vous l'ignorez peut-être, mais la toute jeune The Exploration Company fera partie des premiers passagers à embarquer sur Ariane 6 (à la fin de l'année, croisons les doigts). Son démonstrateur "Bikini" fera en effet partie du voyage inaugural du nouveau lanceur lourd européen. La suite de cette roadmap devrait voir voler un second démonstrateur dès la fin 2024 (chez SpaceX cette fois), et la capsule "Nyx", dans sa version finale, en 2026, avant de peut-être envisager une mission de ravitaillement lunaire en fin de décennie.
Cette histoire n'a pourtant commencé qu'à l'été 2021, lorsque l'entreprise, qui emploie désormais une cinquantaine de personnes entre Bordeaux et Munich, est fondée par Hélène Huby, une ancienne d'Airbus Defence & Space.
Son idée est la suivante: développer, entièrement sur fonds privés, un système réutilisable de cargo spatiaux qui seront à même, à relativement moyen terme, de desservir jusqu'à la Lune. Ce véritable vaisseau de fret est composé d'une capsule et d'un module de service.
Je cite ici la Lune, mais ce sont bien avant tout l'ISS (l'Europe n'a plus de vaisseau ravitailleur depuis 2014 et l'ATV) et, surtout, le marché des futures stations spatiales (publiques comme privés) qui sont visés.
Ce mercredi 1er février donc, la start up implantée à Mérignac annonce une levée de fonds de 40,5 millions d’euros, la plus grosse série A du secteur en Europe. Cela en fait aussi et surtout le premier vaisseau au monde à être entièrement financé sur fonds privés*.
Ces fonds permettront de poursuivre le programme du deuxième démonstrateur, "Mission Impossible", et également, de recruter (sur la question RH, et la culture de cette entreprise, je recommande de visualiser l'intervention ci-dessous).
Le modèle de développement de The Exploration Company, qui en rappelle un autre, mais sans l'argent public américain cette fois, permet à l'entreprise d'envisager tous les possibles pour la suite, y compris dans les années 2030, le vol habité. Mais 2030 dans le secteur spatial, c'est déjà un autre monde.
Je vous invite à découvrir une présentation du projet, enregistrée lors du symposium européen de Way4Space à Bordeaux, en octobre dernier :
*Information pour les curieux: du côté des micro-lanceurs, les dirigeants des entreprises françaises Latitude (Reims) et HyprSpace (Bordeaux) ont donné dans les médias les chiffres des fonds qu'ils estimaient nécessaires pour mener à bien leur projet jusqu'au premier lancement commercial. Ce sera 140 à 150 millions d'euros pour Latitude. 40 millions pour HyprSpace.
Les levées de fond sont souvent en dollars...
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