Le salon SOFINS 2019 qui se tenait du 2 au 4 avril près de Bordeaux a vu défiler un nombre conséquent de véhicules. Mais ce qui impressionne avant tout, c'est leur variété !
Ci-dessus: à droite, le Hawkei de Thalès. A gauche, la mule autonome de Shark Robotics - images Albane Photographe
Il faut dire que sur le SOFINS, on pouvait voir ce qui roule, ce qui vole, ce qui va sur l'eau, et même sous l'eau. Mais contentons nous aujourd’hui du terrestre, tant il y a à dire sur le sujet.
Si les personnels du COS présentaient chaque jour lors de leur démonstration dynamique une partie de la gamme de véhicules employés en opérations spéciales, comme les nouveaux VPS2 de Technamm désormais bien connus, les constructeurs se sont déplacés sur le salon avec une quantité impressionnante de véhicules. Tentons de dresser une liste succincte, en partant du plus léger.
Le COS emploie aujourd'hui une gamme variée de véhicules tout-terrain - photo Pax Aquitania |
Des deux roues pour la reconnaissance
En bas de notre échelle, il y a les vélos, ou plutôt les VTT. Particulièrement adaptés à la reconnaissance, discrète par nature, on en entend peu ou trop rarement parler. Pragma Fuel Cells exposait notamment son modèle électrique "Alpha", doté d'une pile à combustible offrant 100 km d'autonomie.
Ensuite vient la moto. On découvre d'ailleurs dans le dernier numéro de RAIDS (n°393 - Avril 2019) que le 13ème RDP emploie déjà des Yamaha 250 WRR afin de gagner en mobilité et flexibilité.
La tendance "buggy"
Passons aux 4 roues, qui constituent bien entendu le cœur des matériels exposés. Pour preuve, le CEMA a du s'arrêter sur quasiment chaque stand.
ACMAT, filiale d'Arquus, présentait son blindé Bastion qui est un véritable succès en Afrique (grâce notamment aux programmes de soutien américains).
Sur ce même stand, la maison mère Arquus, alignait un "Sabre" (un Sherpa version forces spéciales conçu pour l'export, globalement similaire au premier abord au VLFS tant attendu par le COS) et un "Trigger", pick-up militaire tactique misant clairement sur sa rusticité, et qui devrait par la même occasion intéresser des pays aux moyens moins "conséquents" qu'en occident.
Rusticité toujours, Technamm, qui a le vent en poupe, exposait son "Masstech", ainsi que son très léger 4x4 aérolargable "FenneC".
Vous l'aurez peut-être compris, la tendance est bien à l'ultra mobilité confondue à la rusticité, et ce en raison des missions actuelles. C'est pourquoi on pouvait voir également le grand retour des buggys, y compris sur les zones d'essais dynamiques.
Dans le genre poids lourd du buggy, Haulotte montré son HUTP-R (les images sont rares mais la presse anglo-saxonne en a diffusé). L'américain Polaris exposait lui son Dagor A1 conçu en étroite collaboration avec l’US SOCOM.
Mais l'un des coups de cœur du SOFINS 2019 selon moi, est à trouver chez le français Booxt. Le constructeur troyen développe des buggys dans le civil mais a récemment collaboré avec le COS sur le développement d'un modèle "Assaut", version militarisée de son Scorpik SRK4. Evidemment aérotransportable, la bête, que l'on croisait sur les pistes du camp de Souge, peut transporter 2 à 4 commandos (poids maximum à bord de 700 kg) à la vitesse maximale de 160 km/h. Son autonomie est annoncée à 800 km, pour un prix très abordable... si l'on compare aux standards militaires bien sûr.
Les visiteurs du salon avaient l'occasion de faire un tour pour le moins décoiffant à bord. Émotions garanties !
Le buggy "Assaut" de Booxt, une petite bombe ! - Pax Aquitania |
A noter qu'un avantage de ces véhicules légers est qu'on peut les emmener partout ou presque. Ce qui n'est pas le cas des véhicules lourds, même conçus spécifiquement pour les forces spéciales, qui doivent parfois être abandonnés dans le désert pendant plusieurs jours. Et dans ces cas il faut les camoufler. Je vous invite d'ailleurs à aller voir du côté du blog FOB une des solutions exposée au SOFINS.
Les gros véhicules ont marqué les esprits, forcément, sur ce SOFINS 2019. Le Titus de Nexter et ses 27 tonnes, déjà présent il y a 2 ans en version "police", était présent cette année pour emmener les visiteurs sur les terrains accidentés. Certaines délégations étrangères - y compris de forces spéciales -ont passé de longs moments à bord ce qui tombe bien, puisque l'avenir du blindé semble plutôt se trouver à l'étranger.
Aussi, le véhicule était présenté de façon plus classique lors d'une démonstration "guerre du futur", où le blindé faisait face à une menace d'IED, et déployait deux drones terrestres pour assurer la levée de doutes, dont le petit Nerva.
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Un des drones de Nexter Robotics pilotés depuis de le Titus - Pax Aquitania |
Outre Nexter, Centigon était de retour avec son 4x4 tactique blindé estampillé "GIGN", adapté aux zones de risque.
Avec le Titus, un autre véhicule attirait les projecteurs: il s'agit du Hawkei de Thalès. L'industriel français était venu avec 2 exemplaires, un statique, équipé pour le combat, et un autre "nu" pour les essais dynamiques (qui encore une fois ont attiré du monde).
En version armée, le Hawkei est équipé d'un lance-roquettes Thalès de 68 mm (4 roquettes) et d'une tourelle FN Herstal téléopérée de calibre 12.7 mm.
Le Hawkei de Thalès, avec le CEMA à bord ! - Pax Aquitania |
Le Hawkei, qui tire son nom d'un serpent venimeux, est assemblé en Australie, premier pays à l'avoir acheté en binôme avec le Bushmaster. Thalès compte le proposer en France, mais il faudra assurément pour cela que l'industriel français propose une chaîne de montage.
Quand à la question de savoir ce que font ces matériels lourds (6 tonnes à vide pour le Hawkey, quasiment 10 en version tactique) sur un salon des forces spéciales ? La réponse est simple: tout dépend de la mission, et les constructeurs tenaient à confirmer qu'il s'agissait bien de la clientèle visée.
Rappelons tout de même que les forces spéciales françaises (tout comme britanniques et américaines) ont dû se doter en urgence de blindés tactiques sur le théâtre irako-syrien. Pour la France en l'occurence, il s'agissait - et c'est toujours le cas - de l'Aravis. Adieu l'empreinte légère !
Et comme me confiait un opérateur, "quand on a besoin de ce type de véhicule, c'est déjà que ce n'est plus la même guerre".
Des chenillés ? Oui ! Mais dans le domaine du drone ou du véhicule autonome
Un mot pour citer la mule de Shark Robotics. Le constructeur basé à La Rochelle s'était spécialisé dans le robot terrestre de soutien aux pompiers. Il dévoilait au SOFINS "Barakuda", une mule téléopérée que l'on pouvait voir déambuler dans les allées. Pesant 350 kilos, silencieuse car électrique, cette mule dispose d'une autonomie de 10 à 12 heures. Pas plus grosse qu'un quad, elle peut justement embarquer dans un hélicoptère NH90 Caïman.
Enfin une solution française dans ce marché qui s'apprête à exploser et où l'Armée de terre s'apprête à réaliser les premières expériences.
La mule "Barakuda'" de Shark Robotics - Photo constructeur |
Concluons avec (pour les puristes) du chenillé. Toujours chez Shark Robotics (ne pas confondre avec Sharks Dynamics !), on pouvait voir une surprenante version du robot Colossus équipée d'une mitrailleuse légère. La machine fut jusque ici réservée aux pompiers, mais pourrait donc connaître un destin plus militaire.
Technamm (encore) présentait lui un 4x4 chenillé idéal pour les terrains enneigés (il n'y a pas à dire, le constructeur dispose pour le coup d'un catalogue riche, accessible et innovant).
Enfin, on ne pouvait manquer l'impressionnant Themis, monstrueux châssis de l'estonien Milrem, sur lequel était montée au SOFINS la tourelle "Impact" de MBDA. L'Estonie devrait d'ailleurs bientôt déployer ce drone de combat terrestre au Mali.
BONUS : les invités triés sur le volet lors du gala SOFINS qui se tenait dans un château du Médoc ont pu être parmi les premiers chanceux à découvrir dans une douce atmosphère tamisée le prototype du Scarabee d'Arquus (ce blog en parlait en juin 2018 durant Eurosatory). La bête, qui devrait participer à l'appel d'offres français VBAE (Véhicule blindé d’aide à l’engagement) pour remplacer les VBL, arbore en l'état un design tout à fait splendide, et incroyablement compact, capable d'entrer dans un container de taille standard. Aérolargable, le Scarabee doit encore cependant subir l'épreuve de l'intégration des systèmes, d'armes notamment, tout en n'y sacrifiant pas sa "félinité".
Ci-dessous, le Arquus Scarabee - Photo : constructeur
(Toute photo était bien entendu proscrite !)
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