lundi 22 avril 2024

Dark lève 6 millions de dollars aux USA, avant son arrivée à Bordeaux


Après cinq premiers millions en 2021, la start-up Dark réussit une seconde levée, aux Etats-Unis, à hauteur d'environ 6 millions de dollars. Les choses s'accélèrent pour celle qui s'installera cet été à Bordeaux, et qui entend développer une solution intégrée de défense orbitale face aux débris spatiaux.  

Ci-dessus: vu d'artiste du futur lanceur aéroporté de Dark.


Nous en parlions à l'automne dernier, la start-up parisienne du new space Dark sera accueillie à partir de l'été 2024 par l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, qui lui offrira du foncier (jusqu'à 10 hectares) et surtout l'accès aux pistes !
Car en effet, Dark a pour ambitieux projet, non seulement de se faire une place dans le paysage -global- des micro-lanceurs, mais aussi et surtout de développer un système de lanceur aérolargué pour une mission bien précise: l'intervention en orbite sous court préavis. 


« Défense orbitale » : tout est dit, ou presque. Pas de guerre des étoiles ici, ou du moins pas tout de suite*. Ce que Dark développe, c'est une solution réactive (comprendre sous faible préavis, et flexible) d'intervention dans l'espace, « Interceptor », qui s'appuie sur un ensemble de systèmes intégrés allant de l'avion porteur, au lanceur aérolargué, en passant par le radar et un module terminal doté de capacités robotisées et de guidage algorithmique pour capturer les débris.

Dark compte aujourd'hui 22 salariés, puis 50 à court terme. Elle en espère 500 en 2030. Dès cet été, les opérations, y compris de R&D, se dérouleront depuis Bordeaux, qui a été choisie pour son écosystème. Un joli coup aussi disons le, pour l'aéroport de Bordeaux-Mérignac et son projet économique.  

La start-up s'appuie sur des contrats de coopération déjà signés avec le CNES, participe aux réunions New Space organisées par l'Elysée et les ministères, et a d'ailleurs été récemment citée par le Président de la République lors du dévoilement des lauréats du plan France 2030 sur les micro et petits lanceurs (Dark n'en fait pas partie mais a reçu des "encouragements"). 



Cette nouvelle levée de fonds suit une première levée de 5 millions réalisée en France en 2021. Mais celle de 2024, à hauteur de 6 millions (portant donc le total à 11M$) possède le parfum du new space américain, puisque le fonds Long Journey a investi dans des réussites telles que SpaceX, ou plus proches du Pentagone, Anduril.
Le financement soutiendra  la deuxième phase du développement durant laquelle Dark exploitera de nouvelles technologies internes, notamment des capacités radar avancées pour la détection spatiale et une propulsion orbitale optimisée pour la manœuvre de gros objets et le re-contrôle.

A ce stade, pas davantage d'emphases, puisque la route est encore longue pour un projet qui nécessitera de mobiliser "des centaines de millions d'euros", comme le reconnaissent les dirigeants (deux ingénieurs trentenaires) de Dark.

Le calendrier est toutefois extrêmement ambitieux, puisqu'une première démonstration de validation de la solution d'interception est annoncée pour 2026.  


*Je profite de ce sujet pour désamorcer un peu les enjeux. La proposition de Dark visant à "nettoyer" l'orbite basse face à un risque imminent (chute incontrôlée ou collision en orbite) s'inscrit dans le cadre d'une thématique qui agite beaucoup le monde du spatial: celle de la durabilité des activités dans l'espace face au risque grimpant des collisions dévastatrices. Plusieurs acteurs, notamment français, se sont positionnés sur ce segment politiquement porteur (commercialement aussi ? il faudra le démontrer), que ce soit sur les technologies de surveillance comme sur l'intervention. Dark entend rassembler une grande partie des briques de cette mission, qui dans le contexte international de développement des conflictualités que l'on connait, revêt forcément une dimension duale. Mais laissons donc ce sujet de côté, puisqu'à ce stade, la doctrine française ne se positionne pas en faveur (et le condamne même) de tout acte hostile envers un satellite adverse. Il n'est aujourd'hui question, pour la France et sa stratégie spatiale de défense, que de défense passive.  


1 commentaire:

  1. Dark mérite d'être encouragé, comme tous les acteurs du new space. Mais il faut bien avoir à l'esprit qu'il n'y aura pas de place pour tout le monde, d'autant que le périmètre des entreprises n'est ni français, ni même européen mais mondial.

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