vendredi 5 octobre 2018

Airbus réalise avec succès une expérience de coopération homme/machines


Airbus réalise une expérience sans précédent en Europe avec une campagne de vols en essaim pour 5 drones de grande envergure en mer Baltique, autour d'un avion. Ce vol préfigure de ce que sera l'environnement du combat aérien de demain, au sein du fameux SCAF européen.

Images: Airbus Defence & Space


La France et l'Allemagne se sont officiellement lancées cette année dans le programme du Système de Combat Aérien Futur. Le programme européen s'articulera autour d'un chasseur de nouvelle génération à l'horizon 2040 bien sûr, mais aussi d'abord, de plusieurs briques, des systèmes et "systèmes de systèmes", qui prépareront progressivement à l'environnement du SCAF, avec des drones, un C2 (Command & Control) intégré à quasiment chaque appareil, et fusionné dans le cloud de la force déployée, des éléments d'IA, etc...

Et si Dassault Aviation a obtenu son Graal avec la maîtrise d'ouvrage concernant le chasseur, c'est Airbus Defence & Space qui devra bâtir grande partie de la future architecture de combat. 


Airbus justement, a annoncé le 2 octobre avoir bouclé avec succès une campagne d'essais sans précédent en Europe. Cinq drones cibles Do-DT25 construits par Airbus (dont la ressemblance avec le V1 n'aura échappé à personne !) ont été catapultés au dessus de la Baltique dans le nord de l'Allemagne, contrôlés par une équipe au sol et un homme présent dans un avion autour des appareils.


Ainsi, les drones ont volé en formation avec l'appareil "habité", qui était en capacité d'exercer un contrôle sur eux, comme pourrait avoir à le faire un chasseur dans le futur. Ces tests annoncés comme concluants sont une grande première en Europe* dans l'expérimentation d'une interface homme-machine.

Il s'agit d'un élément clé des systèmes de combat (tous milieux confondus) du futur. Le cloud des opérations bénéficiera à terme de différents degrés d'assistance, allant du renseignement par capteurs interposés, à l'aide à la décision pour le(s) pilote(s), jusqu'à pour certains systèmes non armés - du moins en ce qui concerne la doctrine occidentale - l'autonomie complète grâce à l'intelligence artificielle. 

Pour l'être humain, au cœur du dispositif tactique, l'aide apportée par les systèmes autonomes ou semi-autonomes décuple son pouvoir de décision.


Airbus a mis à disposition une vidéo résumant son expérimentation: 


La capacité de contrôler des drones à partir d’un avion piloté est un important multiplicateur de force pour une puissance aérienne future intelligente, modulaire et connectée, selon Airbus.

On remarquera que si ces 5 drones cibles Do-DT25 ont été catapultés pour l'exercice, la présentation virtuelle les montre largués depuis un transporteur A400M. De quoi doter l'appareil déjà en service dans l'Armée de l'air d'une nouvelle corde tactique (stratégique ?) révolutionnaire.
Egalement, le chasseur de la démonstration est défini non seulement comme un avion de combat, mais aussi comme un nœud de C2 (Command & Control). 

Un élément clé de ces vols, note le communiqué, a été le système avancé de contrôle et de gestion de vol développé par Airbus pour les véhicules aériens sans pilote, qui associe guidage, navigation et contrôle entièrement automatiques, à des capacités d’essaimage intelligentes.

Les démonstrations "Airbus MUT" (Man Unmanned Teaming) ont rassemblé plusieurs programmes et produits de la société. Les principales phases de développement et de test ont été menées sur une courte période et à faible coût, avec un environnement de prototypage rapide et agile et une approche de réduction des risques.
L'expertise ainsi acquise au cours des campagnes de vols sera appliquée par Airbus au développement du système européen de combat aérien futur.

Doucement mais sûrement, l'idée du SCAF prend vie en Europe. Une feuille de route est attendue pour cette fin d'année. 



Démonstration de l'emploi d'un essaim de drones au sein du SCAF européen:

Le chasseur de "2040" repère lors de sa mission une bulle de défense aérienne ennemie "A2AD"

Un transporteur A400 resté en retrait largue alors plusieurs drones "cibles"

Les drones rejoignent le chasseur et se disposent en formation à ses côtés. Le chasseur contrôle l'essaim.

Manœuvrant ensemble, et leurrant l'adversaire, ils engagent l'évitement de la menace.

Si un des drones cibles est abattu, un autre peut venir le remplacer automatiquement dans la formation

*Si des puissances comme la Chine ou même la France ont déjà expérimenté le vol en essaim de micro-drones, seuls les USA ont pu faire la démonstration d'un niveau de coopération semblable à celle réalisée par Airbus.


1 commentaire:

  1. L'idée de porte avion volant n'est pas nouvelle: Le 747 avait à sa sortie donné des idées en matière de micro-chasseurs pilotés et récupérables en vol par le porteur.
    Le fait, à l'époque, de devoir emporter un pilote (qu'il fallait bien héberger dans le PA volant) avait sans doute été un frein majeur.
    Je m'étonnais pour ma part de ne pas voir ressortir le concept maintenant qu'on sait se passer du pilote à bord.
    Par contre, l'A400M qui génère beaucoup de turbulences, on le voit mal gérer la récupération...

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