Le ministère des armées lançait vendredi 16 mars à Saint Cloud, au sein du siège de Dassault Aviation, l’étude « Man Machine Teaming » (MMT), qui associera l'avionneur français à Thalès, sous l'égide de la DGA, dans le but de développer l’intelligence artificielle (IA) pour l’aviation de combat. Florence Parly, ministre des Armées, en a également profité pour annoncer la création d'une agence française de l'innovation de défense.
Le constat est désormais unanime, nous sommes entrés dans une phase de grandes ruptures technologiques qui va transformer la société dans son ensemble. Les enjeux sont donc de nature stratégique dans le militaire comme dans le civil.
En ce qui concerne le militaire, où la France semble bien heureusement prendre conscience du retard qu'elle ne doit pas accumuler (difficile de le présenter autrement, quand on voit l'avance américaine ou chinoise), plusieurs programmes sont en voie de lancement, pilotés par la DGA, comme "FURIOUS" pour la robotique de combat terrestre.
Dans l'aviation, il s'agit de MMT pour "Man Machine Teaming". Et Florence Parly lançait ce plan d'étude ce 16 mars chez Dassault Aviation, en présence notamment d'Eric Trappier et de Patrice Caine, PDG de Dassault et Thales.
Le projet MMT consiste selon le MINARM à développer l’IA dans le domaine de l’aéronautique de combat en apportant réactivité et aide à la prise de décision des aviateurs et des opérateurs. Si les acteurs principaux sont la DGA, Dassault Aviation et Thales Group, des dizaines d'autres acteurs, PME ou laboratoires spécialistes de l’IA, y seront associés au travers de multiples petits groupes de travail.
MMT est conçu comme un programme de trois ans, un horizon déjà visible donc, qui permet de conserver une certain adaptabilité. Aussi, ce n'est qu'une trentaine de millions d'euros qui y sera consacré.
Si le combat aérien apparaît régulièrement tant médiatiquement que dans l'imaginaire collectif comme le grand vecteur d'innovations technologiques, il ne représente en fait bien sûr qu'une branche empruntée par la défense française. Selon les mots de la ministre elle-même, c'est l'ensemble des armées qui est à l'aube d'une révolution: "Je vous le dis aujourd'hui, l'intelligence artificielle sera bientôt dans toutes les casernes, sur tous les navires et dans tous les aéronefs, a assuré Florence Parly. La navigation autonome, le combat collaboratif, la simulation et la maintenance prédictives seront le quotidien de nos soldats, marins et aviateurs."
Chez Dassault et Thalès, on se félicite bien évidemment de cette grande marque de confiance accordée par l'Etat. Il s'agira maintenant de concrétiser les belles promesses évoquées publiquement par les industriels depuis des mois... Il en va de l'avenir du SCAF, le système de combat aérien futur, qui dès la fin des années 2020, devra faire entrer nos forces aériennes (autour du Rafale, mais aussi des drones de combat, puis d'un chasseur de nouvelle génération vers 2040) dans une nouvelle ère, et les rendre à même d'affronter les défis du conflit de haute intensité de demain.
L'innovation, encore
L'innovation est mangée à toutes les sauces, dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Et justement, l'innovation en tant que "doctrine" se veut d'autant plus mise en avant, pour une énième fois (elle est véritablement au cœur de la loi de programmation 2019-2025, et même de la Présidence Macron), qu'une véritable agence dédiée va être mise en place. Florence Parly a ainsi annoncé lors du lancement du plan MMT la création au sein du Ministère des armées d'une Agence de l'innovation de défense, avec comme cœur d'études bien entendu... l'IA.
En accord avec la LPM en passe d'être votée, cette agence devrait disposer d'un budget annuel de 100 millions d'euros. En termes de ressources humaines, l'objectif est de réunir "50 experts très rapidement".
L'agence viendra en fait dès cette année structurer les nombreuses initiatives déjà lancées récemment comme l'Innovation Defense Lab (en anglais dans le texte), qui sera d'ailleurs chargé de la veille technologique.
En accord avec la LPM en passe d'être votée, cette agence devrait disposer d'un budget annuel de 100 millions d'euros. En termes de ressources humaines, l'objectif est de réunir "50 experts très rapidement".
L'agence viendra en fait dès cette année structurer les nombreuses initiatives déjà lancées récemment comme l'Innovation Defense Lab (en anglais dans le texte), qui sera d'ailleurs chargé de la veille technologique.
Attention cependant: malgré les formules faciles, nous ne sommes en aucun cas en présence d'une DARPA (la célèbre agence américaine, dont le budget est atrocement incomparable) à la française, mais plutôt d'un écosystème dont le but est de faciliter la naissance de nombreux petits programmes d'innovation, et surtout de voir ceux-ci maturer à plus ou moins court terme, dans l'intérêt premier des opérationnels.
Côté doctrine, la ministre a précisé que d'un point de vue français, l'homme gardera la mainmise sur les systèmes, appuyé par une intelligence artificielle dite "faible": "Sur le champ de bataille, l'intelligence artificielle pose peut-être plus de questions encore", a-t-elle déclaré. "Quelle est la place de l'homme dans les attaques, dans les décisions ? Quelle est l'éthique, finalement, de cette guerre 2.0 ? Là-dessus, notre position est très claire: la France ne laissera pas émerger des robots tueurs, les systèmes respecteront les conventions internationales sur le droit de la guerre et l'homme sera à tout moment dans la boucle." Nous n'en sommes donc pas encore aux Terminators (sic !).
Enfin, notre innovation de défense se veut intégrée dans la collaboration européenne. Elle devra pour ceci pouvoir bénéficier du fonds européen de défense, et plus encore certainement du très ambitieux projet JEDI, dont le but affirmé sera l'innovation de rupture.
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