lundi 15 janvier 2018

A Cognac, l'Armée de l'air fait ses adieux au drone Harfang


Le drone Harfang quitte déjà les forces aériennes. Dix ans après son entrée en service, une cérémonie d'adieux était organisée le 8 janvier sur la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard, où réside l'escadron de drones 1/33 "Belfort". Désormais, seul le Reaper fait office de drone MALE.


Photos: Armée de l'air

Malgré bien des services rendus, le drone MALE (moyenne altitude longue endurance) Harfang aura été l'un des symboles du retard des armées françaises en la matière en ce début de 21ème siècle. Alors que la BITD européen ne proposait quasiment rien au catalogue à l'orée des années 2000, Airbus avait porté le projet de "francisation" d'une plate forme d'origine israélienne.
Ainsi naquit le drone Harfang, dont le programme prit malheureusement 5 ans de retard, en raison d'une complexité technologique "sous-estimée" (l'épisode drone devra rester en Europe une leçon à ne pas reproduire).  

Et cela impliqua naturellement... des surcoûts, d'ailleurs dénoncés dans un rapport en 2014 par le Comité des prix de revient des fabrications d’armement (CPRA). Estimé à 100 millions d’euros environ, ce furent 440 millions qui durent être dépensés afin d'intégrer les 4 appareils commandés par la France.

Quoiqu'il en soit, le drone entra en service en 2008, année tragique où l'embuscade d'Uzbin en Afghanistan allait montrer toutes les lacunes de nos capacités de soutien.


Harfang (du nom de cette fameuse chouette des neiges) a été engagé depuis en opérations extérieures, où il a cumulé plus de 5000 heures de vol en Afghanistan, en Libye en 2011, et enfin sur Serval puis Barkhane en BSS depuis 2013. 
Au total plus de 7000 heures de vol ont été réalisées au-dessus du théâtre africain avant un retour définitif en juillet 2016. Ce système aura totalisé 15440 heures de vol sans aucun accident, y compris durant de grands événements en France (Euro 2016, G8, 14 juillet...).

Après avoir connu tout de même quelques soucis de disponibilité, ce drone pourtant capable d’être maintenu dans les airs 24 heures durant à une altitude de 7000 mètres, de transmettre instantanément les images captées aux centres de commandement et aux combattants, subit désormais la concurrence d'un nouveau venu dans l'Armée de l'air, à savoir le Reaper américain.

A l'heure du retrait, une cérémonie était donc organisée à Cognac, au sein de l'escadron 1/33 "Belfort", sous la présidence du général Éric Charpentier, commandant la brigade aérienne de l’aviation de chasse (BAAC), et en présence d’autorités civiles. Les aviateurs ont rendu un dernier hommage au drone Harfang.



En attendant 2025, et un programme européen de drone MALE, place maintenant au Reaper, dont la France possède 6 exemplaires, dont 5 déployés au Niger. Le 1/33 Belfort en attend 6 de plus, qui seront très probablement armés, puisque la décision a été annoncée en septembre dernier. Le Harfang n'était pas en capacité d'emporter des armes.


La capacité drone va monter en puissance dans l'Armée de l'air, ce que confirme le général Éric Charpentier, commandant la brigade aérienne de l’aviation de chasse (BAAC), « l’escadron de drones 1/33 Belfort et le Reaper ont encore de belles pages à écrire et de nombreux défis à relever. Demain le Reaper français sera en mesure, avec son armement, de mieux protéger les troupes amies au sol et de traiter directement des cibles à caractère fugace. Le retrait du Harfang libère de la place pour l’arrivée des six drones Reaper block 5 supplémentaires à partir de 2019 et les 180 aviateurs à l’ED seront 320 au moins en 2020 ». En effet, outre les vecteurs, l'autre défi sera du côté des ressources humaines. Une mission drone occupe 4 personnels.


Des drones aussi... dans la Marine et l'Armée de terre

Un mot enfin pour signaler que l'actualité des armées nous offre deux informations, toujours en ce qui concerne les drones.

Premièrement, la Direction générale de l'armement a officialisé jeudi 11 janvier la notification à Airbus Helicopters et Naval Group d'un contrat d'études sur le futur drone embarqué de la marine française, un programme connu sous le nom de SDAM (système de drone aérien marine). Cette étude vise le développement d'un démonstrateur de drone hélicoptère à l'horizon mi-2021, qui effectuera des essais en vol depuis une frégate. Airbus et Naval Group travailleront en partenariat avec la PME Hélicoptères Guimbal, mais aussi avec Safran, Thales, et l'Onera.

Deuxièmement, l'EALAT accueille désormais à Dax dans les Landes la formation initiale des futurs télé-pilotes des drones tactiques Patroller, qui entreront en service dans l'Armée de terre d'ici 2020. La France en a commandé 14 il y a deux ans. Leur production devrait débuter cette année.


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