L' armée de Terre veut se préparer aux conflits de haute intensité

Le Chef d'Etat-Major de l'armée de Terre a présenté ce 17 juin aux parlementaires son plan  « Supériorité opérationnelle 2030 », qui succède donc au célèbre « Au Contact ». Cette vision stratégique met l'accent sur le combat de haute intensité, dans un contexte international qui voit resurgir les tensions entre puissances.

Image ci-dessus: un Leclerc français lors de la mission Lynx en Estonie. Des chars lourds dans le froid, une image que l'on devrait désormais voir plus souvent dans la communication des armées - EMA

Devant les députés de la Commission défense de l’Assemblée nationale, c'est assez logiquement qu'en présentant sa nouvelle vision pour l’armée de Terre, baptisée « Supériorité opérationnelle 2030 », le général Thierry Burkhard (CEMAT) a défini une orientation claire du format de l'armée de Terre concentré sur la haute intensité.

Une doctrine qui rejoint celles déjà présentées par l'armée de l'Air et la Marine Nationale. Pour résumer: le contexte géopolitique international s'est largement durci durant la dernière décennie, et nos armées, qui se sont quelque peu laissées enfermer dans des opérations extérieures, de basse intensité certes, mais finalement longues, coûteuses, usantes... doivent maintenant revenir vers leur coeur de métier: l'affrontement d'Etat à Etat.

Ou la fin de la Fin de l'Histoire.

 Consulter le document ICI (20 pages) 

Ainsi pourrait on dire qu'il y a deux sortes de guerre ? On retiendra en ce sens une phrase du CEMAT: « être prêt à la haute intensité tout en continuant à faire “Barkhane” ».

Avec ce plan, il s'agit véritablement de "durcir" l'armée de Terre, avec pour objectifs principaux d'atteindre et maintenir un haut niveau technologique, notamment dans le domaine "immatériel", tout en conservant de la masse (le vrai problème des armées occidentales aujourd'hui).

4 buts sont visés:

• un haut niveau de recrutement et de formation, comprenant la réserve
• des équipements de haut niveau (et une maintenance performante)
• des entraînements plus réguliers au combat de haute intensité, comprenant la réserve
• un assouplissement des procédures, laissant libre cours à la réactivité des unités

Aussi devrait on mettre l'accent dans la décennie 2020 sur de futurs équipements lourds (CTF, MGCS, artillerie...), chenillés (??) , et la robotisation du champ de bataille, mais sans oublier les domaines du cyber et de la guerre électronique, dans lesquels nos potentiels adversaires sont déjà particulièrement... à l'aise. 

L’actualité, ne serait ce qu'au vu des événements des tous derniers jours, donne raison au CEMAT et nous conforte un peu plus sur ce blog dans l'idée que l'avenir n'est plus forcément dans les opérations extérieures, telles que nous les connaissons depuis plus d'un demi-siècle. 

Face au comportement de certains Etats, jouant sur le fil du rasoir, il apparaît important que la France démontre un haut niveau de crédibilité sur le plan militaire conventionnel. Un engagement que Paris aimerait faire suivre à ses partenaires européens. 

A noter enfin que cette doctrine s'accompagne d'un nouveau Code d'honneur du soldat !