Le motoriste français Safran aurait dans ses cartons un projet "T-Rex" de remotorisation du Rafale, pour son standard F5 prévu pour entrer en service dans les années 2030. Or, il faudra non seulement adapter cette évolution à la structure de l'appareil, mais surtout la financer.
C'est le retour d'un marronnier vieux de 15 ans. Le Rafale aura t-il droit un jour à plus de poussée moteur ? Même si l'appareil, "combat proven/export proven", se défend très honorablement avec ses deux moteurs M88 et leur poussée de 50 kn, ou 7,5 tonnes, dont la maintenance est facilitée et qui ont d'ailleurs passé en 2022 le chiffre symbolique du million d'heures de vol, la question s'est régulièrement posée de savoir s'il fallait lui offrir plus de puissance.
D'emblée, évacuons la question de l'avion du futur, quel qu'il soit. Le "NGF" -européen ou pas- sera un avion de nouvelle génération, avec un tout nouveau moteur. Aujourd'hui il est question du Rafale et seulement du Rafale… à moins que, peut-être aussi du futur drone de combat ? Peu probable à mon humble avis, puisqu'un drone furtif n'est généralement pas supersonique. Mais nous verrons en temps voulu.
Safran a toujours défendu l'évolutivité de son moteur, et étudierait donc avec le programme "T-REX" un moteur M88 d'une poussée de 9 tonnes. Le motoriste défend publiquement le projet depuis une décennie (avec de précédentes études très concrètes), mais se présente aujourd'hui devant le politique et militaire avec trois arguments : l'avion de nouvelle génération ne sera pas opérationnel avant 2045 ou 2050 d'une part, et il faut donc s'appuyer sur la capacité Rafale, vouée à équiper à 100% nos forces aériennes à horizon 2035. D'autre part, des clients importants comme l'Inde ou les Emirats Arabes Unis seraient demandeurs. Enfin, Safran doit maintenir ses savoir-faire avec un programme majeur et intermédiaire avant le SCAF.
Ces trois argument se valent, et surtout sont vrais. D'autant plus que le Rafale F5 s'annonce comme une belle révolution "à mi-vie" pour le fleuron de Dassault Aviation, avec cependant une prise de poids que l'arrivée d'une nouvelle motorisation pourrait compenser.
Problème: il faudra le financer, ce qui n'est absolument pas prévu à ce jour dans la Loi de programmation militaire 2024-30. Et l'on parle tout de même ici d'environ 600 millions d'euros… [Mise à jour 3 décembre : l'armée de l'Air en ferait une priorité]
De plus, du peu d'informations dont je dispose, je pense pouvoir confirmer que Rafale F5 ne connaitra pas d'augmentation de cellule (il faudra aussi arrêter avec ce mythe du Super Rafale). Il s'agit d'une ligne rouge. Si nouveaux moteurs il y a, ils devront faire avec la place qu'il reste. Et il en reste. Le challenge apparaît surmontable sur ce point.
Attention donc, car contrairement à ce qu'annoncent certains médias, il n'y a absolument rien d'acté. Le dossier, et l'opportunité, sont néanmoins sur la table.
De l'IA sur le pod Talios dès 2026
Un mot supplémentaire pour parler de concret, avec la confirmation que Thales va intégrer des logiciels d'intelligence artificielle (dont deep learning) à son module de ciblage Talios dès 2026. C'est une première pour un avion de combat français.
Le Rafale sera alors au standard F4.3, et l'arrivée de l'IA permettra de délester la charge de travail de l'équipage en matière de ciblage, le module étant à même de détecter et de classer automatiquement et en temps réel les objets d'intérêt, tels que les véhicules et les bâtiments. Les algorithmes de reconnaissance d'image ont été entrainés pour cela grâce à des banques de données enrichies en matériels miltiaires. Ils devraient même pouvoir distinguer des détails invisibles à l'oeil humain.
Détail importantissime qu'il est nécessaire de toujours rappeler. Il s'agit seulement d'aide à la décision, et c'est l'humain, in fine, qui décidera de délivrer la munition ou non.
Le titre résume tout. L'évolution T-REX du M88 est très clairement indispensable. Mais la France n'a pas les moyens de la financer.
RépondreSupprimerFin de l'histoire !
J'aimerais voir évoluer le rafale
SupprimerMais si, la fin du SCAF libérera des financements.
RépondreSupprimerOn peut rêver.
SupprimerCe sera plus simple, cette évolution est jugée primordiale au Rafale F5 pour conserver sa manoeuvrabilité avec l'ASN4G, elle sera financé sur l'enveloppe Rafale.
SupprimerEncore faudrait-il que cette "enveloppe" (dont j'ignorais l'existence) dispose de suffisamment de moyens. En ces temps incertains, il est permis d'en douter.
SupprimerPour vous convaincre.
RépondreSupprimerhttps://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20241021/etran.html#toc4
Il s'agit uniquement d'une recommandation (la 8ème) de la commission de la défense du sénat relative au programme 146 (équipent des forces). Elle traduit de fait l'inquiétude des membres de la commission de voir l''évolution T-REX du M88 non financée. Et la situation politique actuelle peut, à juste titre, susciter de graves inquiétudes.
SupprimerM. Cédric Perrin, président. - La rénovation du moteur M88 représente un coût de 650 millions d'euros, qui n'est pas prévu par la LPM, et qui ne sera peut-être pas pris en charge par Safran. Comment entendez-vous le financer ?
RépondreSupprimerGal Bellander.-C'est encore flou. Cela n'était pas prévu dans la LPM, car nous avons demandé à Safran que le Rafale soit manoeuvrant avec l'ASN4G. Cela me parait indispensable. Aussi, si nous devons réaliser des économies ailleurs dans le programme relatif au Rafale, nous le ferons pour nous assurer de bénéficier de ce moteur.
Ce ne serait pas une première, nous avons déjà eu des réductions de cible pour financer des équipements
Vous actez donc bien que le T-REX n'est pas financé. Il manque également 100 millions d'euros pour lancer le PA-NG en 2025. Notez au passage qu'il apparaît que ce PA devrait disposer de 3 catapultes et non plus de 2 comme prévu à l'origine. Sachant que la proposition initiale de General Atomics pour 2 catapultes et le système d'arrêt était de 1,2 MILLIARDS d'euros. Tout ceci pour disposer d'un PA à mi-temps dont l'utilité est plus que discutable. Il nous faudra bien faire de vrais choix et arrêter de camoufler la misère par des demi-mesures (cf. les frégates FDI limitées à 16 silos Aster alors que les mêmes frégates vendues aux grecs en disposent de 32. Et pourtant, l'actualité en Ukraine et au moyen orient démontrent sans conteste l'imperieuse nécessité d'une défense sol /air et mer / air puissante. Et la liste n'est pas exhaustive.
SupprimerDu neuf: https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/les-emirats-arabes-unis-pourraient-cofinancer-le-t-rex-le-futur-moteur-du-rafale-1014400.html
RépondreSupprimer_pas de modification majeure de la cellule
_concerne 5 modules sur les 21 que compte le M88
_demande de développer de nouveaux manchons pour les flux d'air
Demande de la France aux EAU d'un co financement du programme dans le cadre d'un partenariat avec la mise en place d'un entente plus générale avec le standard F5 en ligne de mire.