mercredi 9 octobre 2024

Rafale F5, drone de combat furtif, SAMP-T NG... un mardi qui fera date

Plusieurs annonces importantes sont tombées ce mardi 8 octobre, et elles concernent en particulier l'armée de l'Air et de l'Espace, et ses systèmes futurs. Hasard du calendrier, les technologies en question sont toutes au cœur de l'actualité stratégique brulante. 


Sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier pour les 60 ans des Forces aériennes stratégiques (c'est en effet le 8 octobre 1964 qu'un Mirage IV décollait pour la première alerte des forces aériennes stratégiques depuis la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan), le -toujours- ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé une "évolution majeure pour la dissuasion nucléaire aéroportée française".

Cette évolution, c'est le nouveau standard du Rafale, le F5, qui emportera le futur missile nucléaire ASN4G. Et si l'annonce n'arrive que ce 8 octobre, cela fait en réalité "plusieurs mois" que Dassault Aviation s'est vu confier le premier contrat de développement par la DGA. Le Rafale F5 est attendu dans une dizaine d'années. 

Cette annonce ne vient pas seule, puisque le ministre a également confirmé le lancement du programme de drone de combat furtif, "qui sera opéré directement depuis le cockpit du Rafale". Ce drone constituera l'héritage du programme de démonstrateur nEUROn, mais l'appareil qui en résultera devrait être largement différent. Ce drone est attendu pour 2035, si l'on se réfère aux propos tenus lors du salon du Bourget en 2023.  

C'est probablement un pur hasard du calendrier, ce partenariat Rafale-Drone étant imaginé de longue date, mais ce programme 100% français débute officiellement alors que la Russie a perdu en Ukraine le 5 octobre l'un de ses rares drones de combat furtif Soukhoï S-70 Okhotnik-B. Le drone a visiblement été abattu à courte portée -via l'usage d'un missile IR- par l'appareil qui l'accompagnait (un SU-57 ?) car il était devenu hors de contrôle et se dirigeait de l'autre côté de la ligne de front. Trop tard puisque ses restes ont néanmoins été récupérés en zone ukrainienne... 


Premier tir réussi pour l'Aster 30 B1 à Biscarrosse 

Avant de se rendre à Saint-Dizier, le ministre était présent sur une autre implantation mardi matin, le Centre d'essais militaires des Landes (DGA essais de missiles).

Il y assistait en effet au premier tir du système franco-italien de nouvelle génération, le SAMPT-NG avec son missile Aster 30 B1 "Nouvelle technologie" (NT). La grande particularité de l'évolution du "Mamba" sera sa capacité à pouvoir intercepter les missiles hypersoniques. Une question devenue essentielle dans le contexte stratégique actuel, alors qu'Israël vient de subir deux attaques balistiques massives venues d'Iran, et que la défense sol-air ukrainienne est mise à l'épreuve quotidiennement depuis février 2022. 

Et c'est en tout début de soirée que l'on a appris (via le communiqué et la vidéo ci-dessous) que l'essai avait été mené avec succès. A ce stade, aucune information sur la cible qui a été utilisée, mais pour un premier tir, il s'agissait probablement d'un drone-cible standard. Loin de la gamme hypersonique donc… 

 

Un dernier mot sur une autre mission de la DGA, confirmée par le ministre ce mardi. Il s'agit de la modification à Cazaux chez DGA Essais en vol des Mirage 2000-5F que la France va céder à l'Ukraine au premier semestre 2025. Ils y seront équipés d'armements air-sol et d'une suite de guerre électronique renforcée. 


9 commentaires:

  1. Puisque le Rafale doit durer jusqu en 2060 que deviennent les projets Super Rafale et le SCAF ?

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    1. L'avion du SCAF, quel qu'il soit, n'est pas attendu au niveau opérationnel avant 2045, donc il y aura cohabitation, tout comme le Rafale cohabite encore avec le Mirage 2000.

      Quant au "Super Rafale", cela n'a jamais été un programme officiel. J'ai posé la question au Bourget en 2023, il m'a été répondu que la cellule du Rafale ne changerait plus.

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    2. Les teutons ont leurs entrées sur le devenir des drones grâce à AIRBUS, au point d'inquiéter les militaires...
      https://www.lalettre.fr/fr/entreprises_defense-et-aeronautique/2024/07/10/scaf--les-armees-s-inquietent-de-la-double-casquette-d-airbus-sur-les-drones,110256186-art

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  2. La question se pose aussi pour les bases militaires prépositionnées à l'étranger...
    https://mars-attaque.blogspot.com/2020/07/bases-avancees-djibouti-enjeux-militaires-ifri-morgan-paglia.html

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    1. Même si la question de la défense sol-air concerne le territoire national en priorité...
      https://meta-defense.fr/2024/09/18/samp-t-ng-mamba-7-batteries-armee-air/

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    2. En tout cas, l'expression "avoir un emploi du temps de ministre" a trouvé ce jour-là son illustration...
      https://www.forcesoperations.com/decollage-reussi-pour-le-missile-aster-30-de-nouvelle-generation/

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  3. Le NGF / SCAF doit apparaître au plus tôt en 2045 (Éric Trappier avait même évoqué l'échéance de 2050). Il n'y a donc aucune urgence à lancer ne serait ce qu'un démonstrateur de cet appareil compte tenu de la rapidité de l'évolution des technologies.
    De plus, la coopération avec l'Allemagne se révèle être un fiasco indiscutable avec laquelle les allemands nous "baladent" au gré de leurs intérêts, à savoir prendre le leadership de l'industrie défense en Europe.
    L'urgence, pour la France, au delà de la réalisation du couple Rafale F5 / drone, est d'investir autant que possible dans les technologies d'avenir (l'électronique et les capteurs quantiques en particulier), afin que le moment opportun venu, nous disposions des briques de bases indispensables à la réalisation à bref délai d'une machine up to date.
    Deux leçons sont à retenir :
    1- la remise à plat totale du NGAD par les américains.
    2- le fiasco annoncé de l'Eurodrone, "monstrueux machin" d'un autre temps, qui subsiste au gré d'une force d'inertie que personne n'a le courage de stopper.

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  4. Une évolution souhaitable qui mérite d'être soulignée.
    Le "Rafale futur" sera amélioré avec des modifications structurelles à la marge. Faire un "super Rafale" homothétique reviendrait à concevoir un nouvel appareil en tenant compte des concepts futurs et en particulier la discrétion avec un rayon d'action étendue. Improbable aujourd'hui, mais il ne faut jamais dire jamais avec le devenir du NGF.
    L'associer avec un ou des UCAV et des RC est une bonne manière de contourner la difficulté. MAIS, les emports devront aussi évoluer pour être en phase avec les performances et l'emploi attendu, dont la pénétration et neutralisation des A2/AD.
    Un guerrier avec un couteau de poche serait "sous-employé".
    La famille ASTER ne peut qu'évoluer et s'adapter aux nouvelles menaces. L'antimissile "balistique", voire "hypersonique manoeuvrant" sont des domaines vastes, coûteux et réclament des systèmes complexes qui vont jusqu'à l'espace pour l'alerte. Des sous !...
    Il manque encore l'artillerie de longue portée et les systèmes antidronew/missiles hybrides, etc... Peut-être pour la prochaine fois ? :)

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  5. Pour développer le RAFALE F5, il faut de l'argent:
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/rafale-les-emirats-arabes-unis-unis-vont-financer-le-developpement-du-standard-5-1008964.html

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