lundi 19 juin 2017

LREM s'empare de la circonscription la plus "défense" de France


Ce que certains appellent la "grande lessive" a frappé partout durant ces élections législatives. En Gironde, cela est flagrant puisque La République En Marche, parti de la majorité présidentielle, remporte 10 circonscriptions sur 12. La 6ème circo, la plus marquée "défense" de toutes, n'y échappe pas. 

Illustration: l'usine d'assemblage Dassault Aviation à Mérignac, lieu emblématique sur la 6ème circonscription de la Gironde. Image tirée du reportage qui sera diffusé ce 21 juin sur France 3 Aquitaine dans Enquête de Région. La robe de ces Rafale indique qu'ils sont destinés à l'export, et plus précisément au Qatar. 


Dans la 6ème circonscription de la Gironde, l'ouest de l'agglomération bordelaise, Eric Pouillat, le candidat LREM a donc battu la députée PS sortante Marie Récalde. Conforté par son score de 44 % au premier tour, le candidat élu remporte l'élection avec 56,1 %. La députée Marie Récalde limite les dégâts du premier tour (15,8 %) en remontant à 43,99 %, mais cela restera insuffisant pour inverser la tendance.
La participation demeure extrêmement faible, de l'ordre de 40,20 %

Ce qui nous intéresse ici est la question suivante, que je posais sur le blog avant le premier tour des législatives (dont je recommande la lecture pour bien comprendre les enjeux sur cette circonscription, lien ci-dessous), la problématique défense au sens large a-t-elle joué un rôle ? Eh bien... non.

Blog: La bataille pour la 6ème circonscription de la Gironde aura t-elle lieu ?




Eric Pouillat, nouveau député LREM de la 6è Circonscription de la Gironde - photo Sud Ouest

La 6ème circonscription ne sera pas représentée à commission Défense de l'Assemblée

Dans une interview parue la semaine dernière dans le journal Sud Ouest, le futur député LREM Eric Pouillat répond à la question suivante: "Si vous êtes élu député dimanche, siégerez-vous comme vos prédécesseurs à la commission de la défense nationale et des forces armées ?"

Sa réponse fut la suivante:"Non, je pense que je romprai avec cette tradition. cela ne veut pas dire que je néglige la part de l'industrie aéronautique, spatiale, et de défense. Cette filière pèse sur la vie économique de la circonscription. Et je respecte tout ceux qui la représentent, du petit technicien au dirigeant. Mais là encore, j'estime que les choses ont évolué. La part des gens qui résident dans la sixième et travaillent dans ce secteur a fortement diminué. Le prix du foncier étant élevé, les petits salaires sont allés ailleurs, notamment dans le Médoc. D'autres, plus aisés, se sont installés sur le Bassin ou à Bordeaux. Aujourd'hui, il faut considérer le contexte plus largement. Certes, l'industrie est importante, mais elle ne permet pas d'embrasser l'ensemble de la situation économique et sociale de la circonscription. Les services, la technologie innovante, le commerce et le numérique, sont autant de secteurs pourvoyeurs d'emplois."

Dont acte. Eric Pouillat affirme en revanche sa volonté de se pencher en commission sur les affaires européennes et sociales.

Comme je le laissais penser il y a 10 jours donc, la problématique défense au sens stratégique - pour la nation - n'a pas été un enjeu, contrairement à la thématique de l'emploi, Eric Pouillat se référant en effet à l'évolution de la sociologie de sa circonscription (chez les industriels oui, mais les deux bases militaires ?).
De plus, sans présence à la commission défense à Paris, elle risque de ne jamais vraiment le redevenir.

C'est un choix personnel, politique, et légitimé par le vote de surcroît, mais il s'agira pour le nouvel élu d'être particulièrement vigilant, car avec les discussions qui arrivent autour de la nouvelle Loi de Programmation Militaire, on risque de voir émerger quelques batailles rangées au sujet des grands programmes industriels à venir. Les crédits promis par un budget à 2% du PIB devraient faire bien des envieux chez les élus... C'est une certitude. Mais en attendant, il faut déjà défendre l'actuel budget face à Bercy.
Aussi, la volonté affichée au sommet de l'Etat (et même chez les champions industriels comme Dassault ou Airbus) de courir vers l'Europe industrielle de la Défense risque de mettre en balance de grandes structures françaises face à leurs semblables, allemandes notamment.

Et alors que l'aéroparc bordelais est en plein ré-aménagement, il faudra suivre par exemple le projet à Mérignac de grande cité de l'aéronautique.

A noter que le bilan pour la précédente commission de la défense et des forces armées à l'Assemblée Nationale est assez représentatif de la révolution que vient de vivre la classe politique française. Elle apparaît en effet décimée, sa présidente Patricia Adam ayant même été éliminée dès le premier tour des législatives. Avec cette "hécatombe", c'est une certaine expertise qui disparaît. 
A priori, un homme semble sortir grand vainqueur, c'est Gwendal Rouillard (ex-PS, aujourd'hui LREM), ré-élu à Lorient et spécialiste des affaires maritimes. A seulement 41 ans, il fait maintenant figure de vétéran dans le milieu.

Nous découvrirons cet été la composition de la nouvelle commission défense.


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