vendredi 27 octobre 2017

Le Rafale sème la pagaille en Belgique (suite)


L'offre surprise des français pour le remplacement des F-16 de la force aérienne belge continue de faire son petit effet. Placée en dehors du cadre officiel de l'appel d'offres, elle fait face à des avis négatifs sur sa recevabilité stratégique. Cependant, les 1500 emplois à la clé suffisent à semer le doute à Bruxelles.

Nous en parlions ici au début du mois (lire l'article du 10 octobre), l'offre française pourtant sur le remplacement des F-16 belges divise la classe politique locale. Un partenariat stratégique autour du Rafale, structurant pour l'Europe de la défense, mais néanmoins en dehors du cadre juridique de l'appel d'offres prévu par Bruxelles, auquel participent le F-35 américains et le l'Eurofighter. 

Pour rappel, la raison est que ledit appel d'offres est jugé par beaucoup (euphémisme) comme très largement favorable au F-35 de Lockheed Martin. 34 avions sont en jeu.

Mais la candidature française est-elle valable sur le plan juridique ? Après un premier avis négatif mais qui laissait tout de même la porte ouverte avec le lancement par le gouvernement fédéral de nouvelles analyses juridiques, le journal L'Echo révèle aujourd'hui que la Défense et le cabinet d'avocats Stibbe, resteront visiblement sur leur position. Nouvel avis négatif donc, sur la recevabilité de l'offre française.

L'autre question à ce stade est la suivante: le gouvernement fédéral belge est-il définitivement lié à son appel d'offres ? Il semble que non, et plusieurs personnalités politiques invitent à abandonner dès maintenant la procédure. On passe alors du juridique, au politique. Sur ce point, la manœuvre française est une parfaite réussite.


1500 emplois à la clé grâce au partenariat français ?

Ces derniers jours ont été marqués par plusieurs débats (à écouter en podcast notamment) entre experts économiques, syndicalistes, hommes politiques sur la pertinence de l'offre française.

Car en effet, celle-ci a pour elle deux arguments de premier choix:

  • Un partenariat structurant pour l'Europe de la défense, à qui Emmanuel Macron espère donner le véritable coup de fouet. A Bruxelles, cet argument a vigoureusement réveillé les europhiles! Le partenariat stratégique français irait plus loin que le seul Rafale, et permettrait à la Belgique de monter dans le bon wagon.
  • Des emplois. Selon le syndicat CSC, ce sont 1500 emplois qui pourraient être créés en Wallonie (évidemment côté flamand, on penche plutôt F-35) via les filiales et partenaires de Dassault Aviation. On travaille déjà dans cette région sur les Mirage, mais après ? En comparaison, on estime que les retombées économiques du choix F-35 seront extrêmement limitées, ces dernières étant déjà pour la plupart trustées par le Royaume-Uni (les italiens, qui ont pourtant une usine d'assemblage de F-35, s'en rendent compte).

Ce qui se joue en Belgique est bien un moment déterminant dans la nouvelle impulsion donnée à l'Europe de la Défense. Plus qu'une question juridique, ce sont sur les plans économiques et surtout politiques que la question est désormais posée. 


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