lundi 15 juillet 2019

La France crée son Commandement de l'Espace au sein de l'Armée de l'air


Une confirmation, peu d'annonces. Emmanuel Macron a annoncé ce 13 juillet dans un discours devant les militaires la création d'un Commandement intégré de l'espace, en septembre, à Toulouse. A terme, l'Armée de l'air, en charge de cette structure, deviendra l'Armée de l'air et de l'espace. 
Peu de détails mais un message clair: la France adoptera désormais une doctrine spatiale à la fois défensive et offensive.

Ci-dessus: Emmanuel Macron, entourée de Florence Parly et Geneviève Darrieussecq, lors de son discours aux armées à l'Hôtel de Brienne.


Le discours du Président est succinct mais néanmoins historique: « La nouvelle doctrine spatiale militaire, qui m'a été présentée par la ministre et que j'ai approuvée permettra d'assurer notre défense de l'espace et par l'espace. [...] Pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l'espace sera créé en septembre prochain, au sein de l'armée de l'air. Celle-ci deviendra à terme l'armée de l'air et de l'espace. [...] Nous renforcerons notre connaissance de la situation spatiale. Nous protégerons mieux nos satellites, y compris de manière active. »

Comme "promis", l'Armée de l'air deviendra sous peu l'Armée de l'air et de l'espace. Le rêve du général Lavigne, Chef d'Etat Major de l'Armée de l'air, et de bien d'autres aviateurs, pour qui les cieux sont un prolongement naturel du ciel, se réalise donc ! 

Lire sur le blog - Doctrine spatiale : priorité nationale, enjeu européen



Pour des raisons évidentes de simplification organisationnelle et de gouvernance, l'Armée de l'air chapeautera donc les opérations, comme l'US Air Force avec la fameuse "Space Force" voulue par Donald Trump aux Etats-Unis. Toutefois, il faudra compter évidemment sur une forte identité interarmées, le spatial étant naturellement aussi vital pour les opérations aériennes que maritimes, ou même terrestres aujourd'hui, en raison d'un niveau encore jamais atteint de numérisation du champ de bataille.


Ce commandement spatial, d'abord constitué (dès septembre) de 200 personnes, montera progressivement en puissance, développant petit à petit ses propres concepts et doctrines. 
Car en effet, les concepts de puissance aérienne façonnés en occident depuis des décennies ne pourront s'appliquer dans leur ensemble au domaine spatial. 
Nous partons aujourd'hui avec une mission simple: garantir par des moyens défensifs ET offensifs la souveraineté nationale en protégeant nos acquis, autrement dit nos réseaux satellitaires. 

La création de ce commandement devrait intervenir dès septembre, à Toulouse. Il évoluera durant au mois 5 ans, aspirant progressivement le CIE, actuel Commandement Interarmées de l'Espace, lui créé en 2010. On parle bien ici d'une restructuration, d'une optimisation des ressources existantes, et non d'une révolution. 

Malgré tout l'emballement médiatique est là, effet d'annonce oblige.

D'autres annonces suivront quant à ce qu'il reste à créer, quant à cette fameuse doctrine spatiale offensive et à ses moyens concrets, à ce jour inexistants. La ministre Florence Parly s'exprimera dans les jours et semaines qui viennent.
Il est d'ailleurs fort probable que d'ici à 2025, dans le cadre de l'actuelle LPM, cela ne se caractérise que par des plans d'études amont (PEA), avant des concrétisations lors de la prochaine Loi de programmation militaire dans 5 ans. On pense alors à "Iris" et "Celeste", programmes de satellites militaires de nouvelle génération...


Le grand Sud-Ouest, ou l'axe fort du spatial stratégique national

Le Commandement de l'espace atterrit donc à Toulouse, choix logique, car lieu d'implantation des siège Airbus et Thales Alenia Space, et surtout du CNES. Une ville qui manquait également d'une implantation militaire d'envergure.

On notera sur ce blog, que l'axe Bordeaux-Toulouse-Montpellier (-et nous pourrions pousser jusqu’à Cannes !) concentre une partie importante de l'activité spatiale stratégique, grâce notamment à l'industrie lourde représentée par Ariane Group, Airbus, Thalès Alenia Space... et ses milliers d'emplois (voire dizaines de milliers).

Du missile stratégique M-51 aux activités lanceurs Ariane, au satellitaire, en attendant l'éclosion d'un écosystème "New Space" structuré autour de projets régionaux et pôle de compétitivité comme Aerospace Valley, le grand sud-ouest dispose des armes pour pérenniser et accroître les capacités nationales en matière de défense par et depuis l'espace.   


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