vendredi 31 janvier 2020

SCAF: pas de signature mais une tribune


La signature d'un contrat de développement pour le démonstrateur d'avion de combat européen qui doit voler à l'horizon 2026 était attendue pour ce mois de janvier 2020. Finalement, silence radio chez les décideurs politiques comme industriels. En revanche, ce sont les armées de l'air concernées qui s'expriment aujourd’hui par la voix de leur chef d'Etat-Major.

Ci-dessus: capture du concept de NGF (next generation fighter) aperçu dans les voeux 2020 de Dassault Aviation.


Le 16 octobre 2019, à Toulouse, Emmanuel Macron et Angela Merkel avaient annoncé que les divers points de blocage (sur la répartition industrielle principalement) concernant le Système de combat aérien futur (SCAF) avaient été outrepassés et que l'on prenait le chemin d'un contrat signé en janvier 2020 pour le développement d'un démonstrateur d'ici 2025/26.

Nous sommes le 31 janvier, et visiblement, le dossier connaît encore quelques retards. Pour certains cela est préoccupant, voire très inquiétant.
Pour d'autres, il n'y a pas vraiment de surprise, un programme d'une telle envergure demandant des négociations politico-industrielles d'ordre stratégique... donc qui s'éternisent.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que des délais supplémentaires interviennent (c'était déjà le cas en octobre dernier), délais qui n'ont jamais excédé quelques jours ou semaines. Rien d'alarmant à ce stade. 
Et comme nous l'avons déjà rappelé, l'équation qui concerne aujourd'hui un partage industriel entre la France l'Allemagne et l'Espagne n'a jamais été considérée comme simple. N'a jamais non plus été prise à la légère. Patience donc.

En attendant, ce sont les opérationnels qui s'expriment ce 31 janvier. Cette date n'est probablement pas choisie au hasard, la prise de parole venant en quelques sortes cocher la case "SCAF" du mois de janvier 2020.

Intitulée « Le système d’armes de prochaine génération NGWS, pierre angulaire de la future puissance aérienne européenne », cette tribune publiée dans Le Figaro par les chefs d’État-major des armées de l’air française (général Philippe Lavigne), allemande (général Ingo Gerhartz) et espagnole (général Javier Salto) rappelle les enjeux de la modernisation de l'aviation de combat européens, des enjeux avant tout placés sous le prisme de la souveraineté face à un futur incertain.


Le NGWS/SCAF, sera composé d’un avion de chasse de nouvelle génération associé à des plateformes pilotées à distance et dédiées à des missions spécifiques. « Nous souhaitons que ce système dispose de capacités aériennes permettant d’acquérir la supériorité opérationnelle dans les opérations multi-domaines futures, afin de garantir la liberté d’action à toutes les forces, qu’elles soient terrestres, maritimes ou aériennes. » affirment les trois CEMAA, en ajoutant que les diverses études en cours devront déterminer les capacités du système de combat (agilité, furtivité, rapidité... missions).
Surtout, ils semblent tenir fermement à garantir que l'être humain gardera une place centrale au cœurs des systèmes d'armes futurs dont on sait qu'ils seront fortement numérisés, intégrant des intelligences artificielles.

Les forces aériennes françaises, allemandes et espagnoles s'engagent également à « faire converger autant que possible nos visions opérationnelles de ces besoins, en commençant par les aspects de connectivité et d’interopérabilité, qui sont des éléments structurant du NGWS et du SCAF ». 
Un document précisant cette vision commune sera signé par les 3 pays lors prochain salon aéronautique ILA à Berlin en mai 2020.

S’agissant du démonstrateur, les trois officiers généraux évoquent un « premier contrat de recherche et technologie qui est sur le point d’être signé. »

Jour de Brexit oblige, un mot sur la Grande Bretagne qui patine aussi sur son projet Tempest. Fatalement, "Global Britain" se heurte dans sa recherche de partenaires (en l’occurrence ces temps ci au Japon, qui souhaite lancer un programme d'avion de combat) à la concurrence... américaine ! 


2 commentaires:

  1. Pas de signature . Evidemment que cela est très inquiétant . L'enthousiasme , naturel , des premières équipes ne masquera pas longtemps le talon d'achille de ce projet : l'éternel double jeu industriel allemand . Vous avez dit coopération ?

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    1. Pensez vous que nos industriels soient idéalistes bienfaiteurs ou et naïfs face aux perfides allemands ?? Chacun pousse ses pions pour avoir le maximum.

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