Après un report de 24h en raison de vents capricieux, Thomas Pesquet et ses
compagnons ont décollé ce 23 avril, destination l'ISS. Ils y passeront les
six prochains mois, aventure que nous suivrons sans aucun doute avec
engouement et passion.
Ci-dessus: la Falcon9 de SpaceX sur son pas de tir de Cap Canaveral avant
le départ de Crew2.
C'est parti pour la mission Alpha ! Décollage réussi ce vendredi midi, heure
française, pour l'équipage de "Crew 2" sur la Falcon 9 de Space X en Floride.
Les 4 astronautes rejoignent l'équipage de la station spatiale internationale,
où après un passage de témoin, le Français Thomas Pesquet prendra à seulement
43 ans le commandement de la station orbitale.
Pour connaitre le détail de la mission de 6 mois de Thomas Pesquet à bord de
l'ISS, je ne saurais que vous conseiller le visionnage de cette excellente
(comme toujours) vidéo de la chaîne Hugo Lisoir:
En 2016 et 2017, Proxima, la première mission de Thomas Pesquet, avait été une
formidable réussite, pour lui comme... pour nous ! La communication (du CNES à
l'ESA, en passant par l'Elysée), suivie de la machine médiatique, s'étaient
mises en marche comme jamais auparavant, cette dernière même jusqu'à
l'overdose.
Oui oui c'est bien arrivé !
On nous annonce déjà une nouvelle campagne encore plus active, et l'ESA misant
pour commencer sur le fait qu'un de ses astronautes vole pour la première fois
avec SpaceX.
Cela, le spatial le mérite, tout comme les Français, notamment les plus jeunes
que les agences françaises et européennes ont la riche idée
d'impliquer à grande échelle. Profitons donc.
A flight-proven Falcon 9 and Dragon fly four astronauts to the @space_station pic.twitter.com/Skp4j1qbnC
— SpaceX (@SpaceX) April 23, 2021
Loin des projecteurs en revanche, le spatial français risque gros
Si l'on doit être tout à fait honnête et exhaustif sur l'activité du
monde spatial ces derniers jours (nous vivons une année formidable n'est ce
pas), ce ne sont malheureusement pas les exploits du drone Ingenuity et du
rover Perseverance sur Mars, ou le choix du Starship comme atterrisseur
lunaire, qui attirent mon attention.
En effet, loin des caméras tournées vers la Floride et désormais l'ISS, se
joue un duel industriel fratricide entre Paris et Berlin, qui concerne la
politique européenne des lanceurs.
Tandis qu'un rapport gouvernemental français tire la sonnette d'alarme sur la
pertinence des choix concernant le programme Ariane 6
(encore et toujours plombé par le principe de retour géographique et ce malgré
les progrès considérables en terme de process industriels), et prônant
l'accélération radicale des innovations permettant au plus vite la
réutilisation dudit lanceur, Berlin réfute en bloc, et avance l'argument du
retour sur investissement (c'était on se rappellera, aussi le cas sur Ariane
5).
Divergence de vue ? De politique ? Pas simplement. Car dans le même temps, là où la France - en la personne du Président Macron - appelait à la coopération européenne sur les
micro-lanceurs, l'Allemagne elle, en finançait déjà plusieurs au sein de son
écosystème.
[note à moi-même: Aïe Aïe j'ai l'impression de parler d'un programme de
défense !]
Les micro-lanceurs représentent effectivement aujourd'hui un trou dans le
catalogue d'Arianespace, mais la Commission Européenne avait annoncé
qu'ils devaient faire l'objet d'une politique de coopération. Et voilà que ce
21 avril, on apprend qu'Airbus Defence & Space
confie un lancement en orbite basse à la société allemande Isar
Aerospace, dont le lanceur léger Spectrum sera opéré à partir de 2022, avec des
lancements depuis la Norvège.
On parle de coup de tonnerre, mais ayons l'honnêteté de reconnaitre que cela
était prévisible. Plusieurs sociétés allemandes ont reçu des financements
conséquents pour le développement de leur micro-lanceur. De même en Espagne,
et au Royaume Uni. Et tous comptent pouvoir accéder à l'orbite basse depuis
des sites différents et inédits, remettant en cause la sacro-sainte suprématie
du Centre Spatial Guyanais (note : mais tous négocient aussi avec le CSG).
Si l'on tente de résumer, le spatial français, alerté par les incertitudes du
programme Ariane 6 (qui demeure un lanceur moyen/lourd absolument nécessaire),
se fait aujourd'hui brusquement doubler sur ses flancs par le New Space
européen.
Le réveil s'annonce difficile, alors que des acteurs nationaux peinent à
exister dans l'ombre du totem Ariane.
A l'ère du New Space, si quelques brillantes pépites semblent en France
émerger et venir renforcer notre leadership sur le marché satellitaire
derrière Airbus DS et Thalès AS, il semble en revanche venu
l'heure de lancer les grandes manœuvres dans le secteur des
lanceurs.
La prise de conscience est néanmoins naissante. Les grands médias semblent
d'ailleurs avoir saisi les enjeux qui entourent la nouvelle donne
géostratégique du spatial, et la presse économique a même déjà commencé à
évoquer ces dernières heures un risque de relégation en 2ème division tant pour la
France que pour l'Europe. De plus, l'absence totale d'ambition sur le vol habité
made in Europe commence à irriter. L'ESA s'est bâtie sur un idéal de
coopération qui a donné des résultats formidables. Mais dans un contexte de
concurrence stratégique exacerbée, il en faudra peu pour que ces coopérations
soient sacrifiées par nos partenaires historiques.
Bonus 1 : une note enthousiasmante,
avec la prometteuse initiative Blast, qui vise à soutenir des projets de rupture chez les start-up du secteur ASD
français.
Bonus 2 ! Thomas Pesquet et l'ESA ont délivré quelques schémas décrivant le plan de
vol:
C'est une analyse dure, mais il faut bien pouvoir la faire pour rebondir:
RépondreSupprimerhttps://www.lopinion.fr/edition/international/thomas-pesquet-espace-mauvaise-trajectoire-l-europe-242445
Le métier de rêve des enfants: devenir astronaute.
RépondreSupprimerhttps://www.rfi.fr/fr/podcasts/g%c3%a9opolitique-le-d%c3%a9bat/20210423-l-espace-champ-de-comp%c3%a9tition-ou-de-confrontation
Pendant ce temps là, l'Allemagne...
RépondreSupprimerhttps://www.challenges.fr/entreprise/aeronautique/spatial-europeen-l-inquietant-separatisme-allemand_779610