Annoncé en 2019, le développement d'un planeur hypersonique français devrait franchir une étape majeure cette année, avec un premier vol. Le programme a pris un léger retard, d'autant plus qu'il a fallu bâtir de nouvelles installations au Centre d'essais des Landes de la DGA à Biscarrosse.
Ci-dessus: vu d'artiste du planeur HTV-2 de la DARPA (USA).
Enfin des nouvelles du démonstrateur de planeur hypersonique "V-MAX" ! La France devrait en effet, si tout va bien, faire son entrée dans le club très
fermé des puissances dotées de vecteurs hypersoniques dès cette année, avec
plus ou moins deux ans de retard sur le calendrier communiqué par l'ancienne
ministre des Armées, Florence Parly, en 2019 (déclaration qu'elle réitèrera au
printemps 2021, avec un vol prévu à l'époque
"dans les mois qui viennent").
Le développement du V-MAX, pour "véhicule manœuvrant expérimental", a été
confié à ArianeGroup. La planeur, qui devra évoluer dans les couches de
la haute-atmosphère à des vitesses dépassant largement les 6 000 km/h,
bénéficie de travaux réalisés en France depuis des décennies, notamment à
l'ONERA. D'autant plus que depuis 2014, les armes hypersoniques sont
officiellement devenues un sujet dans les armées, avec des études produites.
Face à des défenses antiaériennes de plus en plus efficaces, les armes
hypersoniques sont en effet vues comme l'évolution, non plus de rupture, mais
bien nécessaire pour rester dans la course stratégique. Le retex ukrainien l'a
montré, ce sont aujourd'hui les armements les plus véloces, même "rustiques"
(comprendre ici véloces, mais peu manœuvrants), qui passent à travers les
mailles de la défense antiaérienne ukrainienne, pourtant désormais largement
renforcée par les Occidentaux.
Mais attention, avec les planeurs hypersoniques, vecteurs capables de franchir
des distances considérables en peu de temps, tout en manœuvrant pour chercher
la faille, nous ne parlons pas encore de dissuasion nucléaire (et ce pour
diverses raisons que nous ne détaillerons pas aujourd'hui).
Il s'agit bien ici de capacités dites "tactiques" qui préfigurent du
missile de croisière de demain.
En matière de dissuasion nucléaire, il faudra voir du côté de l’ASN4G, qui
sera porté sur Rafale, puis son successeur le NGF, vers 2035.
Construction d'une base de lancement à Biscarrosse
Pour atteindre l'altitude optimale où son superstatoréacteur prend le relais,
le planeur a néanmoins besoin d'un premier étage lanceur, ce qui explique le
rôle d'Ariane dans ce programme. La société apporte également son expertise en
matière de rentrée atmosphérique.
Le test à venir du V-MAX va donc demander une installation très spécifique.
C'est pourquoi
une toute nouvelle base de lancement de fusées-sondes a dû être
construite
au sein du centre d’essais des Landes de la DGA, à Biscarosse. C'est ce qu'a
révélé le Délégué général pour l'armement, Emmanuel Chiva, en audition
parlementaire à l'Assemblée Nationale.
"La France a lancé le démonstrateur V-MAX, et l’a confié à ArianeGroup pour permettre d’acquérir des technologies pour ses planeurs hypersoniques. Le premier vol est programmé et un deuxième démonstrateur, V-MAX 2 en sera le prolongement" (président exécutif d’ArianeGroup)
— FdeStV (@Marsattaqueblog) March 7, 2023
La différence majeure entre un lancement dit "spatial" et celui d'une
fusée-sonde est que ce dernier demeure suborbital, restant limité aux hautes
couches de l'atmosphère.
En opération, et bien que la France n'ait précisé aucune doctrine en la
matière, cela sera transposable aux silos d'un sous-marin ou d'un navire,
comme l'envisagent l'US Navy ou désormais la marine australienne.
Mais en ce qui concerne le démonstrateur V-MAX, nous surveillerons donc
particulièrement les NOTAM publiés pour la côte atlantique !
A noter que pour les Bordelais, une conférence sur ce thème aura lieu le 31
mars :
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