lundi 6 mars 2023

Planeur hypersonique: une base de lancement au centre d’essais des Landes

Annoncé en 2019, le développement d'un planeur hypersonique français devrait franchir une étape majeure cette année, avec un premier vol. Le programme a pris un léger retard, d'autant plus qu'il a fallu bâtir de nouvelles installations au Centre d'essais des Landes de la DGA à Biscarrosse. 

Ci-dessus: vu d'artiste du planeur HTV-2 de la DARPA (USA).


Enfin des nouvelles du démonstrateur de planeur hypersonique "V-MAX" ! La France devrait en effet, si tout va bien, faire son entrée dans le club très fermé des puissances dotées de vecteurs hypersoniques dès cette année, avec plus ou moins deux ans de retard sur le calendrier communiqué par l'ancienne ministre des Armées, Florence Parly, en 2019 (déclaration qu'elle réitèrera au printemps 2021, avec un vol prévu à l'époque "dans les mois qui viennent"). 

Le développement du V-MAX, pour "véhicule manœuvrant expérimental", a été confié à ArianeGroup. La planeur, qui devra évoluer dans les couches de la haute-atmosphère à des vitesses dépassant largement les 6 000 km/h, bénéficie de travaux réalisés en France depuis des décennies, notamment à l'ONERA. D'autant plus que depuis 2014, les armes hypersoniques sont officiellement devenues un sujet dans les armées, avec des études produites.

Face à des défenses antiaériennes de plus en plus efficaces, les armes hypersoniques sont en effet vues comme l'évolution, non plus de rupture, mais bien nécessaire pour rester dans la course stratégique. Le retex ukrainien l'a montré, ce sont aujourd'hui les armements les plus véloces, même "rustiques" (comprendre ici véloces, mais peu manœuvrants), qui passent à travers les mailles de la défense antiaérienne ukrainienne, pourtant désormais largement renforcée par les Occidentaux. 

Mais attention, avec les planeurs hypersoniques, vecteurs capables de franchir des distances considérables en peu de temps, tout en manœuvrant pour chercher la faille, nous ne parlons pas encore de dissuasion nucléaire (et ce pour diverses raisons que nous ne détaillerons pas aujourd'hui). Il s'agit bien ici de capacités dites "tactiques" qui préfigurent du missile de croisière de demain. 

En matière de dissuasion nucléaire, il faudra voir du côté de l’ASN4G, qui sera porté sur Rafale, puis son successeur le NGF, vers 2035. 


Construction d'une base de lancement à Biscarrosse

Pour atteindre l'altitude optimale où son superstatoréacteur prend le relais, le planeur a néanmoins besoin d'un premier étage lanceur, ce qui explique le rôle d'Ariane dans ce programme. La société apporte également son expertise en matière de rentrée atmosphérique. 

Le test à venir du V-MAX va donc demander une installation très spécifique. C'est pourquoi une toute nouvelle base de lancement de fusées-sondes a dû être construite au sein du centre d’essais des Landes de la DGA, à Biscarosse. C'est ce qu'a révélé le Délégué général pour l'armement, Emmanuel Chiva, en audition parlementaire à l'Assemblée Nationale.


La différence majeure entre un lancement dit "spatial" et celui d'une fusée-sonde est que ce dernier demeure suborbital, restant limité aux hautes couches de l'atmosphère. 

En opération, et bien que la France n'ait précisé aucune doctrine en la matière, cela sera transposable aux silos d'un sous-marin ou d'un navire, comme l'envisagent l'US Navy ou désormais la marine australienne.

Mais en ce qui concerne le démonstrateur V-MAX, nous surveillerons donc particulièrement les NOTAM publiés pour la côte atlantique !


A noter que pour les Bordelais, une conférence sur ce thème aura lieu le 31 mars :



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