lundi 24 avril 2023

Entre Djibouti et Khartoum, l'opération française Sagittaire est lancée


Après 10 jours d'affrontements armés qui ont secoué la capitale du Soudan, Khartoum, plusieurs pays de la communauté internationale jugent désormais que la situation est hors de contrôle, et ont donc déclenché les opérations d'évacuation de leurs ressortissants. La France y participe en lançant l'opération "Sagittaire". 

Images: EMA


La France a beau vouloir s'y mettre en retrait relatif sur la plan des opérations militaires, l'Afrique reste un continent instable, comme le prouve la situation extrêmement tendue à Khartoum, capitale du Soudan, ces derniers jours.
Nous y revoilà donc, plus d'un an et demi à peine après le traumatisme des évacuations de Kaboul par la communauté internationale (Amérique en tête), une nouvelle opération "resevac" est en cours, dans un pays qui sombre dans la guerre civile sous nos yeux.  

L'opération "Sagittaire" a été lancée sur ordre du Président de la République et en coordination avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, nous apprend l'armée de l'Air et de l'Espace. La France avait bien sûr anticipé cette situation en prépositionnant dès le 18 avril (mardi) trois porteurs A400M et un C130 depuis la Base aérienne 123 Orléans-Bricy, et ce afin de renforcer les Forces Françaises stationnées à Djibouti et déployées au Tchad. Des unités spéciales -ou moins spéciales- sont également mobilisées afin d'assurer la protection du dispositif.

Ces mouvements qui préfiguraient du lancement des évacuations, au moins par les occidentaux, furent largement ignorés des médias, mais très suivis par la sphère spécialisée. Ce qui nous a notamment permis d'assister à la marche arrière des Allemands, qui en milieu de semaine faisaient rebrousser chemin à trois de leurs A400M en raison des ruptures de cessez-le-feu entre belligérants. La situation n'a fait que se détériorer depuis, même si les camps qui s'affrontent ont communiqué sur leur bonne volonté de laisser les opérations d'évacuation se dérouler. 


La communication de l'Elysée… puis du Quai d'Orsay… puis de l'Etat-Major des armées est arrivée un peu tard dimanche 23 avril, dans l'attente probable que la première rotation ait été effectuée entre Khartoum et Djibouti. D'autant plus que dans la journée, les convois allant de l'ambassade jusqu'à l'aéroport choisi pour les évacuations auraient été pris dans des feux croisés, ce qui les aurait fortement retardés. 

Une rotation (par A400M, deux sont à l'œuvre) en fin d'après midi, puis une seconde en début de soirée, ont donc permis de ramener près de 200 personnes, dont des familles (de nombreux enfants sont présents sur les images qui nous arrivent ce dimanche soir). Les opérations devraient se poursuivre, au moins pendant quelques jours. Chaque évacué a droit à un accompagnement médical avant d'être rapatrié vers la métropole. Un A330 MRTT "Phénix" de l'armée de l'Air est d'ailleurs à Djibouti.

A noter que la France évacuera également des ressortissants d'autres pays, européens et africains principalement, en ayant reçu la demande de la part de ces derniers. D'autres appareils européens (essentiellement des Airbus A400M d'ailleurs !) sont à l'œuvre. Les Allemands par exemple, ont eux réalisé dimanche trois rotations par A400M entre le Soudan et la Jordanie, leur hub de repli. 


Tôt ce dimanche, les Américains, puis les Britanniques, par la voix de leur dirigeant, annonçaient avoir mené avec succès des opérations visant à extraire leur personnel diplomatique. Et c'est tout ! Il n'est donc pas exclu que des ressortissants britanniques doivent désormais être pris en charge par les forces françaises ou européennes si la Royal Air Force, qui a pourtant mobilisé 1200 personnels pour cette mission, ne mène pas d'avantage d'opérations. 

En dehors des occidentaux, l'action des puissances du Golfe et de la Turquie a été remarquée. Japon et Chine sont aussi attendus. 

Cette résevac nous rappelle enfin à quel point il est utile de disposer de bases permanentes non loin des arcs de crise. Les forces françaises sont également présentes à l'ouest du Soudan, au Tchad, mais Djibouti constitue évidemment un hub international plus "solide", même si les autorités locales regrettent que leurs installations ne puissent prendre un charge qu'un nombre limité d'évacués à la fois. 

Souhaitons bon courage aux hommes et femmes engagés dans cette opération particulièrement tendue, ainsi qu'aux civils qui subissent une nouvelles fois les affres de la guerre. 


 

3 commentaires:

  1. Bon rétablissement à l'opérateur blessé, toutes nos pensées accompagnentnos soldats...
    https://www.opex360.com/2023/04/25/soudan-lelysee-confirme-la-blessure-dun-commando-des-forces-speciales-lors-de-loperation-sagittaire/

    RépondreSupprimer
  2. Sacré bon travail !
    https://www.bruxelles2.eu/2023/04/actualite-sagittaire-eva-sierra-plusieurs-rotations-assurees-par-les-europeens-plus-de-1500-personnes-evacuees-v7/

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Après un énorme retard à l'allumage, le Royaume-Uni a évacué 2450 personnes ont été évacuées sur 30 vols:
       https://www.bruxelles2.eu/2023/05/actualite-evacuation-du-soudan-le-gros-retard-a-lallumage-des-britanniques/


      Ce conflit est à tiroirs comme toujours:
      https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230426-soudan-comment-les-int%C3%A9r%C3%AAts-du-caire-abou-dhabi-et-riyad-compliquent-le-conflit-entre-g%C3%A9n%C3%A9raux

      Avec des méthodes modernes de communication vis-à-vis de l'étranger:
      https://www.iris-france.org/175553-quand-hemetti-fait-sa-pub-en-france/

      On peut essayer d'y voir plus clair grâce à cet article:
      https://www.revueconflits.com/lor-les-armes-et-lislam-comprendre-le-conflit-au-soudan/

      Supprimer