La ministre des Armées Florence Parly se déplaçait ce lundi matin sur la base aérienne d’Évreux, d'où elle annonçait divers mesures vouées à réformer le secteur du maintien en condition opérationnelle dans les armées. Avec une disponibilité des matériels en berne, plus question pour la ministre de perdre du temps... et de l'argent.
Illustration: ci-dessus un H225M Caracal. L'appareil, conçu pourtant dans les années 90, connait un taux de disponibilité dans les armées françaises qui a fondu d'années en années. 31% en 2016 contre 34 en 2015. A l'inverse, son coût à l'heure de vol explose: 19 000 € en 2012 à 34 000 € en 2016 !
Illustration: ci-dessus un H225M Caracal. L'appareil, conçu pourtant dans les années 90, connait un taux de disponibilité dans les armées françaises qui a fondu d'années en années. 31% en 2016 contre 34 en 2015. A l'inverse, son coût à l'heure de vol explose: 19 000 € en 2012 à 34 000 € en 2016 !
Le MCO (maintien en condition opérationnelle) aéronautique des armées, nous en avons souvent parlé sur ce blog, spécialité régionale oblige. Et la situation, vous le devinez, fleure bon avec la catastrophe industrielle, d'un point de vue opérationnel justement.
On ne refera pas - de nouveau - aujourd'hui l'inventaire de tout ce qui ne va pas s'agissant du MCO aéronautique, il suffit de lire par exemple l'un des articles parus ce jour dans divers médias.
Car en effet, l'heure est à la réforme selon la ministre des armées Florence Parly, présente sur la base aérienne d'Évreux ce lundi matin. Elle y annonçait les recommandations issues d’un rapport demandé à la rentrée à Christian Chabbert, un ingénieur général de l’armement.
On ne refera pas - de nouveau - aujourd'hui l'inventaire de tout ce qui ne va pas s'agissant du MCO aéronautique, il suffit de lire par exemple l'un des articles parus ce jour dans divers médias.
Car en effet, l'heure est à la réforme selon la ministre des armées Florence Parly, présente sur la base aérienne d'Évreux ce lundi matin. Elle y annonçait les recommandations issues d’un rapport demandé à la rentrée à Christian Chabbert, un ingénieur général de l’armement.
Fil ci-dessous à dérouler:
1/ Aujourd'hui sur la BA 105 d'Evreux pour annoncer mon plan de modernisation du MCO aéronautique. Mais qu'est-ce que le MCO et pourquoi est-ce important ? Tentatives d'explications dans le thread qui suit pic.twitter.com/NQDD9rIEZB— Florence Parly (@florence_parly) 11 décembre 2017
Avec 4 milliards d'euros consacrés au MCO aéronautique, un chiffre conséquent, les résultats devraient être relativement probants. Malheureusement, ce ne sont que 44% des aéronefs des armées qui sont prêts à voler chaque jour. Si ce taux est respectable en opérations, autour de 80% il s’effondre à 30% en métropole...
Ces chiffres sont alarmants certes, mais ils sont le reflet d'une époque et d'une stratégie qui voient dans les armées modernes des flottes hétéroclites vieillir d'un côté (30,40,50, 60 ans !), de nouveaux appareils ultra-sophistiqués et en manque de maturité arriver dans les forces de l'autre, et au milieu des opérations extérieures extrêmement usantes pour les matériels (de l'altitude afghane aux sables corrosifs du Sahara, le matériel conçu pour des théâtres européens souffre comme jamais).
La ministre ne compte pas remettre de l'argent sur la table (17 % du budget de la défense part en maintenance, dont 60% pour l'aéro), mais vise une réorganisation drastique. Le MCO aéronautique concerne trois entités phares au sein des armées. 16 000 personnels directement dans les forces; 1 400 à la SIMMAD, structure en charge de la maîtrise d'ouvrage; 4 500 au SIAé, service industriel de l'aéronautique et entité publique.
Problème: le MCO, cela fait 15 ans que l'on cherche à l'optimiser. C'est une bonne quinzaine d'audits et autres rapports parlementaires qui ont tenté d'en analyser les failles.
Ces chiffres sont alarmants certes, mais ils sont le reflet d'une époque et d'une stratégie qui voient dans les armées modernes des flottes hétéroclites vieillir d'un côté (30,40,50, 60 ans !), de nouveaux appareils ultra-sophistiqués et en manque de maturité arriver dans les forces de l'autre, et au milieu des opérations extérieures extrêmement usantes pour les matériels (de l'altitude afghane aux sables corrosifs du Sahara, le matériel conçu pour des théâtres européens souffre comme jamais).
Florence Parly le 11 décembre 2017 sur la BA105 d’Evreux. Crédits : Aude Borel |
La ministre ne compte pas remettre de l'argent sur la table (17 % du budget de la défense part en maintenance, dont 60% pour l'aéro), mais vise une réorganisation drastique. Le MCO aéronautique concerne trois entités phares au sein des armées. 16 000 personnels directement dans les forces; 1 400 à la SIMMAD, structure en charge de la maîtrise d'ouvrage; 4 500 au SIAé, service industriel de l'aéronautique et entité publique.
Problème: le MCO, cela fait 15 ans que l'on cherche à l'optimiser. C'est une bonne quinzaine d'audits et autres rapports parlementaires qui ont tenté d'en analyser les failles.
La volonté de Florence Parly, c'est d'acheter des matériels dans le but "de voler, pas de stocker".
L'idée de cette réforme repose donc sur trois mesures, "d’effet immédiat, qui concernent toutes les flottes d’hélicoptères et l’ensemble des contrats de MCO à échéance dans les dix-huit mois."
Une gouvernance plus efficace
Création le 1er mars de la "direction de la maintenance aéronautique" (DMAé), qui remplace de facto la SIMMAD, en tant que service interarmées relevant du chef d’Etat-major des armées (et non plus Armée de l'air donc ! CQFD). La DMAé sera concentrée sur un nombre restreint d’activités, à plus forte valeur ajoutée. Son objectif de départ sera de "supprimer les interfaces inutiles, aligner les travaux dans une logique de performance, accorder des responsabilités globales de bout en bout et sans dilution". Et la ministre de citer une exemple à ne pas reproduire, celui du MCO de l’hélicoptère Tigre qui cumule 30 contrats différents. Il s'agira donc de "généraliser le recours à des contrats de soutien longs et globaux qui responsabiliseront de bout en bout un industriel unique".
Une meilleure coordination
Le recours aux plateaux industrie-forces et aux guichets logistiques industriels sur les bases aéronautiques sera systématisé. Mauvaise gestion des stocks de pièces détachées, ou documentation pas à jour sont des mauvaises pratiques à bannir urgemment. C'est là une véritable course à l'externalisation, ou plutôt, à une plus grande responsabilité des industriels. A eux de mettre en oeuvre les process les plus efficaces qui feront voler les machines qu'ils ont œuvré à construire. Ce point fait sens dans le contexte de la transformation digitale. Big data, impression 3D, réalité augmentée, maintenance prédictive... tous ces domaines propres à l’industrie 4.0 seront d'une aide sans précédent dans les domaines du MCO, et il est fort probable que les opérateurs privés bénéficient d'une avance, d'une agilité confortable dans la maîtrise de ces technologies. Autant la mettre à profit au plus vite.
Attention, nous parlons ici du MCO en métropole. Les armées conserveront les compétences et qualifications qui leur permettent d’agir de façon autonome sur les théâtres.
Un SIAé plus entreprenant
Enfin, le SIAé restera bien une entité publique ! Le rapport Chabbert préconise une étude de la possibilité de donner au SIAé davantage de liberté d’action, en matière d’achats industriels, de partenariats ou de ressources humaines. Quelle que soit l’option choisie au final, il restera une entité publique. Véritable "garde fou", il reste le garant d'une gestion souveraine des matériels, à l'heure où l'industrie s'européanise, quand elle n'est pas américanisée...
Comme dit plus haut, ces décisions sont applicables immédiatement, avec des échéances dans les 18 mois. La ministre annonce attendre des résultats probants pour 2020, même si « le taux de disponibilité ne va pas grimper du jour au lendemain ». Restons lucides.
NB: et tant que nous y sommes, il faut rappeler qu'ADS SHOW, salon international du MCO aéronautique de défense, reviendra les 26 & 27 septembre 2018 sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac.
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