vendredi 16 février 2018

F-35, Typhoon, Rafale... la Belgique peut maintenant choisir


Afin de renouveler sa flotte de combat constituée de F-16, la Belgique devrait se trouver un nouvel avion de chasse pour 2023. Deux offres officielles, une offre "parallèle", 3,6 milliards d'euros pour 34 appareils. L’équation est désormais posée. 

C'est la fin d'une première étape qui aura été, comme rarement, pleine de surprises.  Deux candidats qui se retirent (Boeing et Saab), un autre qui ne participe pas à un appel d'offres jugé faussé... mais fait tout de même une offre (la France pour le Rafale), et au final, seulement deux agences gouvernementales, celle des Etats-Unis et celle du Royaume-Uni, pour le F-35 de Lockheed Martin et le Typhoon du consortium Eurofighter, qui dépose leur offre ce mercredi 14 février, jour des "best and final offers".

Tout cela, vous pouvez en trouver un résumé sur de précédents articles du blog traitant de l'affaire belge.


Le gouvernement belge a donc désormais deux choix. Ou il poursuit sur la voie de son appel d'offres originel, dont la crédibilité est quand même bien entamée, ce qu'une partie de la classe politique s'accorde même à reconnaître, et il choisit donc entre le F-35 et le Typhoon (avec clairement très peu de chances pour ce dernier).
Ou il sort des sentiers battus pour préférer l'offre française, s'attirant probablement les foudres politiques et surtout juridiques de Washington.


L'opération séduction du GIE Rafale

En se retirant de l'appel d'offres, la partie française a réellement déstabilisé le marché, mais est ce suffisant ? Afin d'être totalement convaincante, la nouvelle proposition française est accompagnée de promesses pour l'économie belge, à hauteur de 5 000 emplois et 20 milliards d'euros.

En effet, le 13 février, veille de la clôture de l'appel d'offres, Rafale International (en fait Dassault Aviation) annonçait la signature de 13 accords de coopération avec des industriels belges dans le cadre de la proposition de partenariat stratégique franco-belge relatif à l'aviation de combat.
Le communiqué indique que ces Memorandums of Understanding (MoU) impliquent des industries dans des domaines multiples et variés allant de la maintenance de l’avion de combat Rafale, à la formation des ingénieurs en aéronautique, en passant par la participation à des projets de Drone, l’automatisation des lignes de production, l’additive manufacturing, la maintenance prédictive, la simulation, la recherche dans les matériaux avancés et les projets de Smart City.

Une offre de coopération très large, qui va bien au delà de l'aviation de combat et même de la défense. 

Plusieurs entreprises belges sont concernées dont Sabca, Safran Aero Booster, Thales Belgium, Asco, Esterline, Flying Group, DronePort, ie-net, JDC Innovation, AKKA Belgium, Amia Systems, Ilias et Alt-F1. Elles sont en tout, plus d'une trentaine, sans compter les diverses PME potentiellement rattachées à ces contrats.
Même le monde académique y est inclus, avec deux centres de recherche», d’un centre de l’innovation dans le domaine de la maintenance prédictive, d’un centre de maintenance RAFALE, et la création d’un centre d’excellence industrielle sur l’analyse et le traitement d’image et d’un centre d’excellence industrielle cyber-sécurité.

Solide.

Cette offre presque sans précédents est particulièrement attractive dans le sens où elle consiste à générer des retours économiques et sociétaux à au moins 100% de l’investissement de la Belgique pour le programme de remplacement des F-16, selon Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation (c'est le même retour à 100% qui sera également attendu en Suisse).
Et ce sont bien 20 milliards d'euros qui sont espérés sur 20 ans, et sans doute plus importants encore, 5000 emplois.


Une offre défiant toute concurrence ?

Attention cependant, car malgré cet écrin doré, l'offre Rafale fait face aux grandes manœuvres américaines.

Lockheed Martin, lui, n'est pas non plus inactif en Belgique. Le fabricant du F-35, signait en janvier avec Sabena Aerospace et Ignition. Puis un accord avec Asco pour développer de nouveaux partenariats à long terme pour la fabrication et l'assemblage de composants de haute précision et de pièces usinées dans le cadre du marché du remplacement des F-16 belges et de F-35 en cas de victoire de ce dernier dans l'appel d'offres.

Un écosystème industriel "F-35" est donc également en projet, mais peu de chances qu'il compense pour l'instant les lourdes inquiétudes qui pèsent, en termes financiers, sur le programme américain.
En effet, on imagine assez mal comment les 34 F-35 hypothétiquement commandés par la Belgique pourraient rester dans les clous de ce contrat fixé à seulement 3,6 milliards d'euros.


Le gouvernement belge fera son choix dès cette année, un choix qui outre son aspect économique, sera lourd d’enseignements stratégiques et politiques. On regrettera d'un point de vue européen que le projet de SCAF (système de combat aérien futur qui pourrait allier les grandes puissances du continent) n'en soit qu'à ses balbutiements. Plus concret, ll constituerait un contrepoids considérable face à l'offre F-35. Mais qui sait...


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