mercredi 21 novembre 2018

Le SCAF dans les starting-blocks en 2019


La ministre des Armées Florence Parly l'a annoncé mardi 20 novembre, dans un tweet parmi d'autres, une étape décisive a été franchie avec l’accord pour entamer les études d’architecture et de conception, et le lancement de démonstrateurs (avion et moteur) d’ici mi-2019. "Ça Avance !"

Ci-dessus: un concept de chasseur imaginé par Airbus en 2017. En octobre dernier, Dassault Aviation révélait un autre concept, très différent (voir ci-dessous).


"Ça Avance !" dit la ministre. Effectivement, malgré les difficultés - et les doutes - inhérentes à ce type de projet, comme les divergences et luttes d'influences entre industriels (et les gouvernants en amont), Français et Allemands tentent, probablement pour tenter d'étouffer dans l’œuf toute polémique sur les partages du programme, d'avancer à une vitesse tout à fait... inhabituelle.
Airbus et Dassault Aviation vont donc lancer un contrat d'études d'architecture et de conception du futur système de systèmes (SCAF: système de combat aérien futur). La seconde étape se déroulera au salon du Bourget en juin, où deux contrats de démonstrateurs pour l'avion et le moteur seront conclus.


Afin de ne pas tout mélanger, on parle cette fois ici de l'avion de combat de 2040, qui remplacera à la fois le Rafale et l'Eurofighter, et fera partie intégrante d'un système de combat aérien plus global, qui ira du drone au satellite. Un avion dit de "6ème génération", ce qu'on essaiera d'ailleurs de définir rapidement sur ce blog en temps voulu.
La France s'est vue confier au printemps dernier le leadership dans ce programme, tandis qu'en "miroir", l'Allemagne obtient le rôle de leader pour le futur char lourd de combat.

Berlin et Paris vont donc passer lors du prochain salon du Bourget à la vitesse supérieure avec le développement de deux démonstrateurs qui concerneront l'avion (Dassault + Airbus), et le moteur (Safran). Sur ce dernier point, il faut s'attendre à un rapprochement logique de Safran Aircraft Engines (ex-Snecma) avec le motoriste allemand MTU.

Aura t-on le droit au Bourget à une maquette plus détaillée que celle présentée par Dassault à Euronaval ? Dans l'environnement actuel, où la communication joue un rôle fondamental, c'est fort probable, même si la définition des capacités de l'appareil n'en sera qu'à ses prémices.

Le concept "NGF" dévoilé par Dassault Aviation lors du salon Euronaval 2018

La Tribune révèle que cet accord a été validé lundi à Bruxelles par les deux ministres Florence Parly et Ursula von der Leyen à l'issue d'une réunion. "Paris et Berlin ont réussi à définir le contenu technique du programme, le calendrier ainsi que l'organisation industrielle".

L'équation à régler peut paraître impressionnante aujourd'hui, car il faudra ainsi outre l'association des maîtres d'oeuvre Dassault et Airbus, associer les motoristes, tout comme les spécialistes de l'électronique et des équipements (Thalès !!!), et cela rien qu'en franco-allemand ! Cependant, réussie [l'équation], elle rassemblerait une somme de talents assez incroyable... qu'il s'agira de faire travailler ensemble, à charge égale.
Sur le plan européen, cela laisse du monde sur la route. On pense bien sûr à BAE, Leonardo, et Rolls Royce, qui avec leur programme Tempest toujours à la recherche d'une crédibilité, semblent aujourd'hui avoir plus à perdre qu'à gagner.



L'Espagne bientôt dans le wagon de tête ? 

On s'en rappelle, Français et Allemands ont édicté un principe directeur sur le programme SCAF: celui-ci est ouvert aux partenaires, mais les grandes lignes seront définies en bilatéral (Paris ayant le lead, c'est évidemment une chance sans précédent). On peut interpréter ce message comme suivant: "plus vous tarderez à rejoindre SCAF, plus votre marge d'influence sera réduite".  

Or, très vite, dès cet été, l'Espagne qui d'autre part est membre du programme de drones EuroMale, a demandé à être observateur sur SCAF. 
Depuis, après avoir multiplié les déclarations d'intention via des hauts gradés de l'Ejército del aire (armée de l'air), dans le sens d'une étude des initiatives franco-allemande SCAF et britannique Tempest sous l'angle opérationnel et industriel, on sait maintenant que Madrid va rejoindre officiellement le programme SCAF, probablement au tournant de l'année 2019.

L'enjeu est bien entendu, dans un pays où Airbus est fortement implanté, le remplacement à horizon 2040 de la flotte de chasseurs Typhoon. La question est bien entendu de savoir si cela provoquera un effet domino en Europe de l'ouest (ou plutôt du sud: Italie ? Grèce ?) ...


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