mercredi 28 novembre 2018

Les universités au coeur de la recherche stratégique


La ministre des Armées Florence Parly a dévoilé lundi 26 novembre les cinqs projets universitaires pré-sélectionnés pour le lancement des labels "Centres d'excellence". Il s'agit par cette démarche de supporter financièrement la filière universitaire française d'études stratégiques.

Comme le dit très bien Madame Parly, "nous avons besoin d’une recherche stratégique vive, dense, bouillonnante. Nous avons besoin de thèses, d’articles, d’idées. Nous avons besoin d’étudiants brillants, de chercheurs exigeants, d’équipes déterminées. Nous devons nous faire connaître à l’international, faire porter la voie de la pensée stratégique française."

Et nous l'avons déjà évoqué sur ce blog, le ministère des Armées (à l'époque "de la Défense") avait lancé en janvier 2017 un grand programme de structuration des études stratégiques en France. En effet, notre pays, puissance nucléaire membre du Conseil de Sécurité, particulièrement actif sur les théâtres extérieurs... souffre (depuis fort longtemps) dans le domaine de la recherche stratégique de la comparaison avec le "puissant" domaine anglo-saxon des War Studies. 

Le Pacte Enseignement Supérieur a donc été lancé et prévoit un budget de 2,5 millions d’€ par an à plein régime, et le financement, à terme, de 40 jeunes chercheurs par an.
Le Label « Centres d’excellence » est l’une des 14 actions du Pacte Enseignement Supérieur engagées par le ministère des Armées au profit de la communauté universitaire. Créé afin de promouvoir la formation d’une filière d’études stratégiques, à l’image des War Studies à l’anglo-saxonne, il ambitionne de contribuer à l’émergence de pôles d’excellence nationaux.
La candidature au label fait l’objet d’une phase préalable de présélection d’une durée de deux ans. Celle-ci doit permettre aux lauréats d’atteindre les standards internationaux existants dans le domaine des « études stratégiques ».

Durant cette phase, le ministère accorde à chaque projet un financement de 60 000 euros par an visant à recruter un jeune chercheur qui aura pour mission de développer le projet de centre de recherche.
14 candidatures ont été reçues, regroupant 26 établissements et plus de 200 chercheurs. Elles ont fait l’objet d’une double évaluation par un jury scientifique international ainsi que par le Comité de cohérence de la recherche stratégique et de la prospective de défense (CCRP), présidé par la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) et regroupant l’État-major des armées, la Direction générale de l’armement, le Secrétariat général pour l’administration et la Direction de l’enseignement militaire supérieur.

A l'issue de cette phase où 14 projets fédérant 26 établissements et 200 chercheurs ont été présentés, ce sont donc cinq projets qui ont été pré-sélectionnés: deux à Paris (La Sorbonne et Paris VIII; un à Lyon, un à Grenoble, et finalement Bordeaux.


Les cinq projets pour cette phase de présélection:
  • Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne : « Sorbonne War Studies (emploi de la force armée au prisme des nouveaux défis sécuritaires) »
  • Université de Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis : « GEODE : Géopolitique de la Datasphère »
  • Université de Bordeaux : « DPBS : Defense & Peace Bordeaux School »
  • Université de Grenoble Alpes : « Cybersécurité et sécurité internationale – données, modélisation et visualisation »
  • Université de Lyon 3 – Jean Moulin : « L’interconnexion des fonctions stratégiques hautes (puissance aérienne, espace, nucléaire, défense anti-missiles). Conséquences politiques et opérationnelles des couplages capacitaires de haute intensité dans les espaces homogènes et les Contested Commons »


Comme sur ce blog, nous ne sommes pas chauvins... présentons donc le projet bordelais !





Comme à Bordeaux, et conscientes des enjeux, les universités et centres de recherches français ont récemment compris tout l'intérêt de (re)lancer les études stratégiques en tant que domaine majeur. Et si des spécialités émergent ici et là (le cyber est à la mode), la révolution est vraisemblablement à chercher du côté de la pluridisciplinarité. Faire communiquer, décloisonner par exemple sciences humaines et sciences "dures", et surtout sciences humaines entre elles !

Au niveau national, le plan est vaste. Il a notamment consisté en une réforme de l'IRSEM, l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire.
Certes la concurrence pour l'obtention des budgets sera rude, mais plutôt que concurrence, parlons d'émulation... 

Pour être un attentif observateur du milieu, je peux le confirmer, le vivier de talents est là, et ne demande qu'à s'exprimer.

A noter que la ministre des Armées a également  annoncé la création dans quelques semaines du « Club Phoenix » rassemblant 60 entreprises, think tanks et cabinets de conseil s’engageant pour contribuer à l’insertion professionnelle de jeunes chercheurs.

Enfin, Florence Parly compte mettre en place à Paris un rendez-vous annuel de la pensée stratégique.


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